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II_ÉTAT DES LIEUX ANALYSE DE LA SITUATION ACTUELLE DES DYNAMIQUES TERRE CRUE EN GALICE

2. L’ÉTAT DU PATRIMOINE EN TERRE

Les techniques de construction en terre crue en Galice ont une grande importance au moins depuis le Ve siècle av. J.-C. et étaient utilisées par la

population jusqu’aux premières années du XXe siècle, étant, en général,

liées aux constructions vernaculaires des classes populaires et moins aux constructions du pouvoir (même si il y a quelques exceptions notables comme des châteaux et quelques grandes maisons y compris en contexte urbain).

Photo: bâtiment en pisé avec soubassement en pierre au rez-de-chaussée á Bóveda. 2011. Source : AFP

Les techniques présentes dans le territoire sont principalement le pisé et le gazon, avec une distribution géographique bien définie, et le torchis, présent sur toute la région. A part ça, on retrouve aussi la terre comme mortier dans les murs de maçonnerie, la terre excavée des adegas au sud- est, la terre comme enduits intérieurs, la terre comme clôtures et il existe aussi des exemples de murs de forteresses militaires réalisés en bauge. Ce patrimoine souffre de la méconnaissance de son existence et de l’image réductrice d’anomalie historique, résultant de la pauvreté et de la précarité des temps anciens, par opposition à la vraie construction autochtone en pierre.

Photo: Situation actuelle d’une des neuf dernières constructions en gazon de l’Alta Limia. 2013. Source : AFP

Le patrimoine existant a une grande valeur pour raconter une partie méconnue de l’histoire de la région et il mérite d’être protégé. Son état actuel est vraiment alarmant. Aujourd’hui c’est un patrimoine risquant de disparaitre à cause du manque de valorisation (ce qui n'est pas le cas de la construction en pierre qui est de mieux en mieux conservée).

Seul le nouvel intérêt pour la construction contemporaine et durable a fait resurgir l’intérêt pour la construction en terre et pour ce patrimoine. Ce nouveau regard a été très positif, car il a ramené dans le débat ces techniques et matériaux à une société qui regarde encore avec méfiance tout ce qui semble rustique et/ou rural.

Photo: Bancob, banc construit en bauge á l’université d’A Coruña. 2015. Source: AFP.

Le manque de références et de documentation sur la culture constructive en terre en Galice a fait que les personnes intéressées par la terre regardent uniquement des références externes liées à d’autres endroits et pas aux constructions vernaculaires présentes sur leur territoire.

3_ LES AUTRES ACTEURS. LE RÔLE DE L'ADMINISTRATION

Les représentants des services de l'administration régionale de Galice interpellés ne considèrent pas, en général, la construction en terre comme un élément patrimonial à conserver.

Seuls quelques fonctionnaires à titre individuel manifestent de l’intérêt face à la conservation des éléments constructifs en terre tels que l'Oficina técnica de Monforte de Lemos, la Subdirección Xeral de Conservación e Restauración de Bens Culturais da Xunta de Galicia, l'Oficina de Rehabilitación de Santiago de Compostela et le Consorcio de Santiago de Compostela, mais ils ne peuvent pas obliger à conserver les éléments en terre aux propriétaires particulaires ou même publics à cause de la législation actuelle, qui ne prend pas en considération les éléments bâtis en terre.

La situation est la même que pour le reste des professionnels. Le manque de connaissance et de valorisation de ce patrimoine empêche sa protection et aucune initiative n’a été prise par les différents organismes publics avec la seule exception du centre d’As Corcerizas, impliqué dans le secteur de l’éco-construction qui se consacre notamment à la sensibilisation écologique. La manque de connaissances des techniques et des matériaux traditionnels, la difficulté de trouver des fournisseurs de ces matériaux et le manque de spécialistes à tous les niveaux limite les possibilité de restauration, de conservation ou de simple maintenance des architectures de terre. Il n’existe pas d’aides ou programmes publics à leur protection et leur conservation.

Photo : Centre d’As Corcerizas. 2014. AFP Photo : As Corcerizas. 2014. AFP

Photo : Exemple de réhabilitation avec enduits en ciment des murs en pisé du Pazo Muíños de Antero. Source: AFP

Photo. Pazo Muíños d’Antero. Monforte de Lemos. 2013. Source: AFP

Les contrexemples

On trouve quelques contrexemples, comme la restauration du “Pazo Muíños de Antero” ou différentes maisons traditionnelles qui, bien qu’étant des réhabilitations conseillées par l'administration régionale, n’ont pas fait usage de la terre pour la restauration, appliquant des enduits ciments, ou en interdisant toute intervention sur l’extérieur (empêchant sa restauration), mais en permettant des travaux de rénovation à l'intérieur avec revêtement de polyuréthane projeté sur le mur en torchis. Cette ignorance est un problème répandu en Galice qui concerne les professionnels, les architectes, les artisans qualifiés et les différentes administrations locales et régionales. C’est l'ignorance de ce patrimoine dans l'imaginaire général, qui

empêche de le valoriser en tant que tel. Nous présentons ci-dessous quelques exemples d’actions.

Photos. Travaux de rénovation avec revêtement de polyuréthane projeté à l'intérieur. 2015. Source: AFP

4_ LES AUTRES ACTEURS. LE RÔLE DES PARTICULIERS. LE FAÇADISME.

Les particuliers, les petits propriétaires et le public en général ne valorise pas la terre et lorsqu’ils ont l'opportunité de restaurer les maisons en terre soit ils remplacent les parties en terre par des murs en briques, soit ils pratiquent le façadisme, en faisant une construction neuve devant le mur de façade ancien en terre. Une pratique déjà connue dans la ville d'Ourense depuis le XIXe siècle.

Photo. Château urbain en Ourense. Casa de Cadórniga du XVIe siècle, réalisé en torchis avec

Photo. Nouvelle façade en brique cachant le mur en pisé. Monforte de Lemos. 2009. Source: AFP

Photo. Substitution du mur en torchis par un mur en briques. San Lourenzo. Parade de Sil. 2015. Source: AFP

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