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L’Organisation mondiale de la Santé définit les MCV comme la famille des maladies qui touchent le cœur et les vaisseaux sanguins(Organisation mondiale de la santé, 2015). On peut y trouver des maladies telles que l’infarctus du myocarde ou l’accident vasculaire cérébral. Ce sont donc des maladies relativement graves, qui peuvent mener à l’hospitalisation ou au décès. La gravité de ces maladies se traduit par des coûts élevés : au Canada, les MCV sont la première cause d’hospitalisation et la deuxième cause de décès, toutes causes confondues (Daigle, 2007; Girard, 2013). Elles représentent de plus la famille de maladies qui pèse le plus sur le système de la santé, avec des coûts directs estimés à 11,7 milliards de dollars par année, selon le dernier rapport de l’agence de santé publique du Canada (Agence de la santé publique du Canada, 2013). Le Canada n’est pas le seul pays dans cette situation puisqu’aux États-Unis, entre 2010 et 2030, les coûts directs liés aux MCV sont prévus de tripler, de 272 milliards à 818 milliards de dollars (Heidenreich et al., 2011). En Europe, les coûts totaux sont estimés à 169 milliards d’euros par année (Leal et al., 2006). En fait, la situation se généralise au monde avec une

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estimation de 17,5 millions de personnes de décès par année, soit la première cause mondiale de décès (31 % des décès totaux, Organisation mondiale de la santé, 2015).

Le nombre de décès dû aux MCV est toutefois en baisse depuis les années 1960 (Agence de la santé publique du Canada, 2009). Les progrès de la médecine et des technologies médicales ont participé à cette diminution (par exemple par l’administration des statines ou l’implantation d’un stent, Law et al., 2003; Wholey et al., 2003). Si les décès de l’ensemble des MCV semblent diminuer, chaque maladie possède des taux différents (Tu et al., 2009). Les hospitalisations quant à elles semblent être en augmentation. Plusieurs explications sont proposées par la littérature. Entre autres, l’obtention de meilleurs outils de diagnostic (Jin et al., 2009; Nazerian et al., 2010) permet de diagnostiquer plus de MCV ainsi qu’une prise en charge hospitalière plus rapide. Le nombre de chirurgies semble aussi s’être accru (Lloyd-Jones et al., 2010), ce qui augmenterait le risque lié aux opérations et donc le nombre d’hospitalisations. Ces caractéristiques des hospitalisations et des décès sont observables sur les données utilisées dans cette thèse (voir la section 3).

Il existe principalement 4 classes de facteurs de risque reconnus : les facteurs génétiques (Kathiresan et Srivastava, 2012), les facteurs psychosociaux (tels que le stress ou l’anxiété; Aldana et al., 2006), les habitudes de vie (en particulier une mauvaise alimentation, le tabagisme, le manque d’activité physique et l’usage nocif de l’alcool; Daigle, 2007) et les conditions environnementales (Portier et al., 2010). Étant donné l’importance des MCV, chaque classe est grandement étudiée. En particulier, la dernière classe est d’un grand intérêt puisque les changements climatiques risquent de modifier les relations avec les MCV connues actuellement. La température influence plusieurs paramètres physiologiques du corps humain (tels que la viscosité sanguine ou les battements cardiaques; Keatinge et al., 1986). Il est ainsi

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compréhensible qu’elle soit omniprésente dans la littérature et qu’elle entraine des décès et hospitalisations de toutes causes (Kovats et Hajat, 2008). Les MCV ne font pas exception, et l’effet des températures chaudes ou froides est régulièrement rapporté, au Canada (Goldberg et al., 2011; Lavigne et al., 2014; Chen et al., 2016), aux États-Unis (Barnett et al., 2012), en France (Laaidi et al., 2006), en Chine (Guo et al., 2013) ou encore en Espagne (Linares et al., 2015). Il est toutefois à noter que l’influence des températures est différente selon le type de climat. Par exemple, Goldberg et al. (2011) observent une influence accrue des températures élevées sur les décès par MCV à Montréal (Canada), tandis que Khanjani et Bahrampour (2013) trouvent une influence accrue des températures froides à Kerman (Iran). Cette différence est probablement due à l’adaptation physiologique des populations. La plupart des études indiquent une relation non-linéaire entre la température et la santé, en forme de U, de V ou de J (Martens, 1998; Gouveia et al., 2003; Doyon et al., 2008). En effet, le corps humain possède une zone de confort thermal en dehors de laquelle il lui est plus difficile de fonctionner normalement. L’influence des températures froides et des températures chaudes se traduit ainsi par des influences non-linéaires. De plus, Gasparrini et al. (2015) et Ryti et al. (2016) notent que les températures froides ont un plus grand effet que les températures chaudes. En ce qui concerne les MCV, les relations semblent non-linéaires sans nécessairement présenter de formes particulières (Bhaskaran et al., 2010).

D’autres variables météorologiques telles que l’humidité relative (Abrignani et al., 2012), la pression atmosphérique (Danet et al., 1999) et la quantité de neige au sol (Modarres et al., 2012) ont montré une influence sur les MCV. Les variables de pollution de l’air influent aussi les MCV (Zanobetti et al., 2000). Ce ne sont pas des variables météorologiques à proprement parler, mais elles sont directement liées aux conditions météorologiques et sont souvent étudiées

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conjointement avec celles-ci (Ren et al., 2011; Mustafic et al., 2012). En fait, l’effet des variables de pollution est potentiellement majeur et a motivé la création d’une nouvelle sous-discipline en santé publique, la cardiologie environnementale (Bhatnagar, 2006).

Considérant l’effet des variables météorologiques, il est important de prendre en compte les changements climatiques observés depuis plusieurs décennies. En effet, ces derniers touchent l’ensemble du globe, et le Canada n’y échappe pas. Au Québec en particulier, les températures journalières moyennes n’ont cessé d’augmenter depuis 1950 (entre 1 et 3 °C selon la zone étudiée du Québec). Ces changements vont vraisemblablement persévérer et même s’accentuer dans un futur à court et moyen termes (IPCC, 2014). Autant de variables météorologiques qui vont ainsi être modifiées (voir la Figure 0-2), avec pour conséquences des relations avec la santé humaine différentes de celles d’aujourd’hui. Dans ce contexte, encore bien des questions restent ouvertes quant aux effets précis du changement climatique sur la santé (Patz et al., 2005; Knowlton et al., 2007; Watts et al., 2015) et plus particulièrement sur les MCV (Costello et al., 2009; Hajat et al., 2014; Watts et al., 2015), qui, rappelons-le, sont la première cause de décès dans le monde. Entre autres, l’effet exact de l’augmentation de la fréquence et de la durée des canicules sur les MCV n’est pas connu. En effet, si plusieurs études sur les canicules passées ont déjà été menées en rapport avec les MCV, l’incertitude liée aux changements climatiques ne permet pas de conclure quant à l’évolution des MCV durant les canicules futures. Par exemple, il est connu que les températures chaudes sont associées à de plus hauts taux de pollution de l’air, qui en retour influencent l’apparition de MCV (Spickett et al., 2011). Cependant, malgré le réchauffement prévu, il est possible que le nombre des décès par MCV durant l’hiver ne diminue pas nécessairement. Ebi et Mills (2013) indiquent que la mortalité globale (dont par MCV) due à des températures plus douces durant les hivers n’aura pas pour conséquence de réduire les décès pour

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équilibrer la balance avec les étés. Ainsi, afin de pouvoir prévoir les relations futures entre les MCV et les variables météorologiques, il est crucial de les modéliser de façon adéquate.

Figure 0-2: Changements possibles et implications dans la distribution de la température et des précipitations sous les effets du changement climatique (Zwiers et al., 2013).

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