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Annexe 1 : Le rôle de l’incertitude sur l’investissement privé en R&D 54

2.3 L’état d’équilibre du modèle

2.3.1 Le taux de croissance d’équilibre

Le taux de croissance d’équilibre est obtenu à partir du montant d’inves-tissement optimal dans les activités de R&D (mesuré en termes d’unités de travail). Dans le modèle, le niveau d’investissement d’équilibre est déterminé par la condition traditionnelle d’absence d’opportunités d’arbitrage entre l’in-vestissement dans une firme industrielle (sous forme de titres de propriété) et un placement au taux r. Appelons v(t), la valeur d’une firme à la date t sur le marché des actifs5. Cette valeur correspond à la somme actualisée des profits opérationnels après taxe, c’est-à-dire :

v(t) = Z t e−[R(s)−R(t)]βx(s) σ − 1(1 − T )ds (2.26) où R(t) =Rt

0 r(τ )dτ représente le taux d’actualisation cumulé de la période 0 à la période t. En dérivant (2.26) par rapport au temps, nous obtenons la condition d’arbitrage qui assure l’équilibre sur le marché du financement des unités de capital :

˙v + βx

σ − 1(1 − T ) = rv (2.27)

Avec la condition de libre entrée dans le secteur de la R&D, la valeur d’un brevet (d’une unité de capital) est égal à son coût de production noté FI. Le secteur industriel étant en concurrence monopolistique, la valeur d’une firme à l’équilibre sera égale à la valeur de son actif, à savoir, un brevet. Par conséquent, on sait qu’à l’équilibre v = FI. En différenciant l’expression (2.25), on obtient l’évolution de la valeur d’une firme industrielle :

˙v

v = −g (2.28)

5La valeur d’une firme industrielle sur le marché des actifs reflète parfaitement sa valeur

2.3 L’état d’équilibre du modèle 75 Ainsi, la valeur des firmes décroît avec le taux d’arrivée de nouvelles variétés sur le marché. Cette relation est très intuitive puisque le nombre de variétés et de firmes industrielles augmente chaque année au taux g, si bien qu’à chaque période la concurrence s’intensifie et le profit réalisé par chaque firme est de plus en plus faible. En substituant les expressions (2.19), (2.23), (2.25), (2.28) dans (2.27), on peut réécrire la condition (2.27) comme :

αLEwW (1 − T )

σ(1 − S) = ρ + g (2.29)

Pour obtenir le taux de croissance d’équilibre g, il faut substituer les conditions qui assurent l’équilibre sur le marché du travail (2.22) et un budget équilibré du secteur public (2.24) dans l’expression (2.29). Cela revient à résoudre un polynôme du second degré en g. Il existe deux solutions dont une est toujours négative. Dans le cadre de ce chapitre, nous nous focalisons seulement sur la solution où le taux de croissance peut-être positif, c’est-à-dire :

g = Λ +2+ 8ασρW LT

(2.30)

Λ = α[2W L − ρT ] − ρ(σ − α) W ≡ [sn+ γ(1 − sn)]

Cette expression du taux de croissance montre que le dynamisme de l’activité se nourrit de la concentration spatiale des activités économiques dans le pays i (dg/dsn > 0). En effet, plus la concentration spatiale des activités industrielles est forte dans le pays qui accueille les entreprises de la R&D, plus ces dernières vont pouvoir bénéficier d’externalités de connaissances ce qui va accroître la productivité du secteur. Cette hausse de la productivité va augmenter les inci-tations à investir en R&D et se traduire par une hausse du taux de croissance. Par ailleurs, on peut remarquer que le taux de croissance est croissant avec les paramètres γ, α et L alors qu’il est décroissant avec les paramètres σ et ρ. Deux remarques sur cette expression du taux de croissance méritent d’être soulignées. Tout d’abord si l’on avait supposé que γ = 1, c’est-à-dire des exter-nalités de connaissances globales, alors la géographie n’influencerait plus le taux de croissance d’équilibre. Ensuite, notre modèle fait apparaître un effet d’echelle important puisque le taux de croissance d’équilibre est croissant avec la taille de la population. Cette hypothèse est discutée dans le prochain chapitre.

2.3.2 Inégalités de revenu et revenu réel

Avant de déterminer l’état d’équilibre du modèle, nous devons mettre en évidence une dernière relation d’équilibre. Nous avons déjà montré comment la localisation du secteur industriel était influencée par l’inégalité de revenu (2.18) et comment le taux de croissance était influencé par la localisation d’équilibre du secteur industriel (2.30). Il nous reste donc à spécifier le lien entre le taux de croissance (g) et l’inégalité de revenu (se). On sait que les revenus nominaux des consommateurs sont stables à l’équilibre puisque ˙Ew = ˙Ei = ˙Ej = 0. Le revenu des consommateurs est constitué des revenus du travail et du capital. Chaque consommateur perçoit un salaire de 1 à chaque période. Concernant le revenu du capital, on sait que le stock de capital par tête augmente au taux g à chaque période mais aussi que la valeur d’une unité de capital décroît au taux g à chaque période (2.28). Par conséquent, la valeur des actifs détenus est stable au cours du temps et donnée par la distribution initiale du capital (Ai(0) et Aj(0)) multipliée par la valeur initiale du capital v(0). Ainsi, le revenu d’un consommateur représentatif dans chacun des pays est donné par :

Ei = 1 + ρAi(0)v(0)

L Ej = 1 +

ρAj(0)v(0) L

En utilisant le fait que v(0) = FI(0), on peut écrire les revenus nominaux comme : Ei = 1 + ρsA(1 − S)

LW Ej = 1 +

ρ(1 − sA)(1 − S)

LW (2.31)

où sA = Ai/Aw représente la part du capital mondial détenue par les consomma-teurs du pays i. Finalement, en utilisant les expressions (2.24), (2.30) et (2.31), nous pouvons exprimer la relation d’équilibre entre l’inégalité de revenu (se) et le taux de croissance (g) comme :

se= 1 2+

αρ(2sA− 1)(1 − T )

2σ(g + ρ) (2.32)

Ainsi tant que sA > 1/2 et que T < 1, le revenu nominal des consommateurs du pays i est plus élevé que celui des consommateurs du pays j. L’expression (2.32) montre qu’il existe une relation décroissante entre l’inégalité de revenu et le taux de croissance. Cette relation est liée au fait qu’un taux de croissance plus élevé implique une compétition plus forte dans le secteur industriel et des profits individuels plus faibles. Puisque la valeur d’une unité de capital (d’un brevet) est égal aux flux actualisés des profits après taxe, il suit qu’un taux de croissance plus important s’accompagne d’une valeur plus faible du capital. L’inégalité de revenu entre les consommateurs étant liée à une dotation inégale

2.3 L’état d’équilibre du modèle 77 en capital, toute réduction de la valeur du capital se traduira par une réduction de l’inégalité de revenu.

Notons que si les revenus nominaux sont stables à l’équilibre, les revenus réels évoluent. En effet, les indices de prix CES des biens différenciés évoluent avec l’accroissement du nombre de variétés produites. Ces indices de prix CES sont donnés par : Pi = Nw1/(1−σ)  βσ σ − 1  [sn+ φ(1 − sn)]1/(1−σ) (2.33) Pj = Nw1/(1−σ)  βσ σ − 1  [(φsn+ (1 − sn)]1/(1−σ) (2.34) Le revenu réel des consommateurs est égal à leur revenu nominal divisé par le niveau des prix. Etant donné les préférences des consommateurs données par les expressions (2.1) et (2.2) et la normalisation des prix pour le bien homogène, le niveau des prix est donné par :

Pi = Piα et Pj = Pjα

Il suffit de calculer l’évolution de Ei/Pi et de Ej/Pj en fonction du temps pour connaître l’évolution du revenu réel. On peut montrer que le revenu réel dans chaque pays évolue au rythme :

˙ E

E = α

σ − 1g (2.35)

L’expression (2.35) indique que plus les biens industriels représentent une part importante de la consommation totale (α), plus le revenu réel croît rapidement. De manière similaire, plus les biens seront différenciés (σ → 1) plus le revenu réel augmentera.

2.3.3 L’état d’équilibre

Pour déterminer l’état d’équilibre du modèle, il faut déterminer le triplet (sn, se, g) qui satisfait les trois relations d’équilibre du modèle. En insérant les expressions (2.32) et (2.30) dans l’expression (2.18), l’équilibre de localisation du secteur industriel doit vérifier la relation suivante :

sn = 1 2 + αρ(1 − T )(2sA− 1) ρ(α + σ) +pΛ2+ 8W LT ασρ + α(2W L − ρT )  1 + φ 1 − φ  (2.36)

avec

W = [sn+ γ(1 − sn)]

L’équation (2.36) peut se réécrire sous la forme f (sn) = asn3+ bsn2+ csn+ d = 0 ce qui implique que snest la solution d’une équation du troisième degré. Il existe trois solutions réelles à une telle équation. Les simulations réalisées à partir de l’équation (2.36) montre que deux des trois solutions sont aberrantes. Par conséquent, la concentration spatiale du secteur industriel à l’état d’équilibre est donnée par :

sn= 2 r −p 3cos arccos3q2pq3 p  + 4π 3 ! − b 3a (2.37) avec p = c a − b 2 3a2 q = d a + b 27a 2b2 a29c a !

Les expressions de a, b, c et d sont présentées en annexe 2. Pour déterminer les valeurs d’équilibre de g et se, il suffit de remplacer l’expression (2.37) dans les expressions (2.32) et (2.30) respectivement.

2.4 Défaillances de marché et effets de la