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Les établissements informent-ils tous les enseignants et les élèves ......... du règlement

5. Analyse

5.1. Les règlements scolaires

5.1.3. Les établissements informent-ils tous les enseignants et les élèves ......... du règlement

Concernant des consignes données par la direction aux enseignants, au sujet des punitions ou des sanctions, il ressort des interviews que cela varie d’un établissement à un autre. Ce sujet peut être abordé lors de la conférence des maîtres avant la rentrée scolaire d’août ; ou encore dans un « petit journal » ou « feuillet » distribué aux enseignants avec une brève indication au sujet d’un quota. Il y serait expliqué qu’une punition ou sanction peut être donnée lorsqu’il y a des arrivées tardives ou des oublis multiples, et est construit en respectant une gradation. Deux enseignants expliquent que dans leur école ils sont libres de gérer les élèves, de leur attribuer des punitions ou des sanctions.

36 A partir de nos interviews, nous ne pouvons pas affirmer que tous les enseignants connaissent le règlement interne ni la LEO et son règlement d’application. Toutefois, nous avons pu observer une certaine incohérence entre ce qu’il a été dit en interview, et ce qui se trouve réellement dans le règlement interne ou non. Par exemple, Thomas et Melina sont enseignants dans la même école. Ce sont eux qui parlent du « petit journal » ou d’un feuillet. Or, en lisant ce document, nous nous sommes rendues comptes qu’il n’y avait aucune référence, ni à l’un ni à l’autre de ces termes, et qu’il n’était pas non plus question de gradation de types 3 oublis ou arrivées tardives égales à une punition, et 6 à une retenue. Les hypothèses que nous pouvons faire alors, si nous observons également leurs années d’expériences, plus de 20 ans chacun, sont les suivantes : soit il a été question une fois, il y a longtemps, d’un document destiné aux enseignants dans lequel il était indiqué un quota, et que pour Thomas et Melina il reste encore d’actualité ; soit les sanctions ont été abordées durant la conférence des maîtres, oralement, et qu’ils sont persuadés que ces informations figurent dans le document qu’ils n’ont pas lu.

Bien que chaque établissement informe ses employés de manière différente, il ressort des interviews que tous les élèves ont été avertis de l’existence d’un règlement scolaire. Avertis mais pas forcément informés ; car pas tous les enseignants ont pris la peine, en début d’année, de lire avec les élèves les différents points du règlement scolaire. Certains l’ont fait coller dans l’agenda, d’autres l’ont distribués ou affichés dans la classe. Seule Melina a fait un bref rappel à la rentrée avant de le faire coller dans l’agenda également. Les enseignants pensent-ils réellement que s’pensent-ils distribuent un document aux élèves, ces derniers vont le lire de leur propre initiative ? Les élèves savent qu’il y a un règlement interne. Cela ne signifie pas qu’il a été lu et compris. Dans son livre « sanctions et discipline à l’école », Defrance (1993) s’est renseigné auprès de ses élèves :

Je pose la question pratiquement dans toutes les classes (entre six et dix classes de terminales techniques par an depuis quinze ans…) : il n’y a pas un élève sur cent qui ait effectivement lu le règlement intérieur du lycée, même parmi les délégués ou anciens délégués (je n’ai pas fait l’enquête chez mes collègues, mais je crains fort que le résultat ne soit à peu près le même ! (p.114)

Est-ce que pour les enseignants toutes ces règles sont évidentes ? Eux-mêmes ont été à l’école donc ont été confrontés à des punitions ou des sanctions, et en tant qu’enseignant, ils ont peut-être réfléchi à quand et comment punir un élève. Et c’est comme s’ils partaient du principe que l’enfant, à l’école depuis son plus jeune âge, connaissait ce règlement et le comprenait. Mais est-ce qu’un enseignant, durant toute sa scolarité, a déjà pris le temps de faire ce travail

37 de lecture et de compréhension? De plus, dans ces règlements internes il n’est pas toujours fait référence aux punitions ou aux sanctions ; prendre le temps de fixer ceci avec les élèves en début d’année permettrait de poser un cadre, de savoir ce qui les attend en cas de non-respect, et ceci indépendamment de l’humeur de l’enseignant.

5.1.4. Y a-t-il des règles de vie dans chaque classe ?

Certains enseignants instaurent des règles de vie dans leur classe. Celles-ci semblent avoir davantage de sens pour les élèves car elles peuvent être discutées et élaborées ensemble. Elles peuvent aussi servir de support à un travail supplémentaire lorsqu’un élève n’a pas respecté une des règles de vie par exemple, et un paragraphe sur les conséquences à la suite d’oublis et d’arrivées tardives peut être ajouté. Les élèves ont ainsi une idée précise de ce qu’ils ont ou non le droit de faire en classe, et parfois ce qu’ils risquent en ne les respectant pas. Désobéir aux règles de vie semble être un peu comme désobéir à certains éléments du règlement interne. Alors que ce dernier n’est pas forcément lu avec les élèves, les règles de vie semblent être un moyen d’adapter ce règlement en classe en le synthétisant et en le rendant plus accessible aux élèves.

Sur les 6 interviewés, la moitié a des règles de vie en classe. Thomas, qui a plus de 30 ans d’expérience, prétend que sa seule présence suffit. Son statut de doyen a certainement une influence, mais, comme il l’explique en interview, il est régulier dans sa manière d’être et d’agir avec les élèves, ces derniers savent ce qui est permis ou non avec lui :

Dans mes classes ils me connaissent moi, ca suffit. Ils savent comme je réagis, ce qui est permis. Normalement ils devraient savoir ce qui est permis ou pas, assez clairement. (l.30-32)

Donc implicitement, il y a des règles. Elles ne sont pas écrites quelque part dans la classe, certes, mais il les leur communique oralement. En revanche, pour Lahire (2001) les règles de vie devraient être explicitées et affichées en classe. Il accorde même une mission aux enseignants qui est :

D’expliciter les tâches, les cadres, les objectifs, les critères d’évaluation, les consignes des exercices, les règles de vie commune et de veiller à ce que les élèves : 1) les comprennent et 2) les appliquent ou les respectent. (p.154)

Pour deux autres enseignants, des règles de vie pourraient être utiles dans des classes plus problématiques, qui ont besoin d’un règlement restreint à la classe et non à l’école.

38 En résumé, toutes les classes ne disposent pas de règles de vie, cela dépend de l’enseignant et parfois de la classe. Pourtant, ce système pourrait être un moyen facile d’informer les élèves du règlement interne auquel ils sont soumis. Car finalement sans compréhension ni explicitations de celles-ci, les élèves ne savent pas ce qui est ou non permis de faire (Lahire, p.155). Partant du constat de Lazar (2007) selon lequel les punitions ont perdu de leur sens, comment attendre des élèves qu’ils comprennent le sens de la sanction si en amont les règles ne font pas sens pour eux ? Donc pour que la sanction fasse sens, comme le conseille Prairat11, il faut d’abord que les règles fassent sens pour les élèves.

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