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Cet équilibre dynamique des liens entre conduite technique et commercialisation vérifie la conception classique de l’analyse du fonctionnement des systèmes d’élevage où les pratiques

sont analysées à la fois du point de vue de leurs effets et de leurs déterminants (Milleville, 1987 ;

Landais, 1987, Landais et al., 1988). Dans la représentation graphique, chaque item, en

particulier ceux de type « pratiques » ou « performances », peut avoir plusieurs raisons à sa

source, d’une part, et peut être la source de plusieurs autres items. Ceci est valable pour les

items décrivant la commercialisation, qui sont donc plurifactoriels.

Cet équilibre dynamique entre la conduite technique et la commercialisation a été caractérisé

pour l’ensemble des 8 élevages du suivi (Annexe 8). Il donne à voir les pratiques d’élevage mises

en œuvre par l’éleveur à l’échelle d’une campagne, leurs modalités, leur efficacité et leur

opportunité, telles qu’elles concourent et sont induites par un mode de mise en marché. Une

telle représentation nécessite une compréhension fine du fonctionnement de l’exploitation qui

se constitue dans le temps avec plusieurs passages en élevage, et l’itération de discussions avec

l’éleveur suivies de phases de mise en forme et prise de recul sur les données collectées. Enfin, si

cette forme de représentation rend compte du fonctionnement à l’instant t d’une campagne dans

ce qu’il a de dynamique, elle ne rend pas compte des mouvements à l’œuvre dans la succession

de campagne.

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Figure 6-1 : Liens entre « conduite technique » et « mode de mise en marché » pour EL-4

Alimentation conservée pr MB déb-allait

Aliment agneau à volonté jusqu’à la

vente des légers

puis les autres : pas trop poussés Nés au printemps: pas trop poussés Vallée cévenole Conduit à Oblige à Rend tendu Entraine

Proximité du Rayon de Roquefort

Conduit à Brebis rouges Rend possible Rend tendu Oblige à Conduit à Rend possible Conduit à

2/3 des agneaux: légers maigres À forte vitesse de croissance Vendus déb Nov Vente en CL

Allaitement en oct Tarissement début nov

Entraine

Rend possible Conduit à

Récolte de fourrage limitée mais le + importante possible (25-30 T)

Rend possible et rend tendu Rend possible Oblige à Rend tendu Boutique Paysanne Rend possible Conduit à Béliers rouges

Estive du 20 juin au 30 aout Garde en Nov et Fev sur parcours Garde hivernale sur prés de fauche, en bas ( à St Julien de la Nef)

Garde au printemps sur des vergers et/ou des terres ONF

Adjonction d’1 bélier

« viande », surtout pour L de sept-oct

Ne garde pas d’agnelles

de R nées au printemps possibleRend

Parcours Prés de fauche Vergers Rend possible Charge de Travail Rend tendu Rend possible (de manière informelle)

Dans une zone peuplée Les habitants ont l’habitude de

manger de la viande ovine Tradition d’achats informels d’agneaux, qui jouent un rôle de maintien d’un tissu social, de sécurisation des échanges

15 avril –15 juin -> 15 sept- 30 oct : 1,5 mois « Rattrapage » : 15 sept-15 oct -> avril-mai: 1 mois Tôt pour que seules les 1ères agnelées prennent

Luttes et MB

Sevrage à la vente des maigres, des plus lourds issus de la MB de Sept

Génétique

1/3 des agneaux : Lourds

Etalé sur l’année

Circuit Court

A l’automne: Allotement, Alimentation plus

énergétique et Conduite à l’intérieur,

différents pour les brebis « à fort besoin »

Règles de composition des lots qui évoluent dans la période

Conduit à

Sevrage des agneaux de printemps?

Oblige à Rend possible

MOYENNE pour le lot d’avril-mai REDUITE pour le lot de sept

Conduit à

REDUITE pour la vente des maigres en nov, MOYENNE pour les autres et ceux nés en avril

Hétérogénéité biologique - à la vente Entraine

Rend possible

Rend possible

Autonomie alimentaire non assurée, Dépendance que partielle aux intrants

Achat de foin de Crau (25 T) + Maïs + orge Paille de la litière achetée, pr alim hivernale

Oblige à Oblige à Entraine Conduit à Rend possible Rend possible Conduit à Rend tendu Flushing (alim conservée) fin mars- avril

Entraine

Oblige à

Conduit à

Hétérogénéité biologique - fin de la période de MB

Entraine

Légende: Items liés

---- à la reproduction

---- à la gestion des ressources alimentaires

---- à la conduite des jeunes ---- à la conduite des agnelles

---- au mode de mise en marché

----à l’environnement ---- aux moyens de production ----aux choix d’orientation stratégique

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Quelques éléments de description de la représentation graphique de l’équilibre dynamique construit au cours d’une campagne

et conduit par EL-4

Les attributs qui permettent de décrire la commercialisation

EL-4 vend 2/3 de ses agneaux en agneaux légers maigres « à forte croissance », début novembre, en circuit long. L’autre tiers est vendu en agneaux lourds, en circuit court (vente directe à la ferme ou en boutique paysanne). Ces ventes sont étalées sur l’année.

Exemples de pratiques de conduite retenues pour EL-4

Afin d’obtenir des agneaux mieux conformés pour le CPA « agneaux lourds en vente directe », EL-4 introduit, avec les béliers Rouge du Roussillon, un bélier typé « viande », de race Ile-de-France pendant quelques années, et depuis peu de type génétique croisé « Lacaune × Berrichon du Cher ». Ceci est surtout vrai pour la lutte de septembre. En effet les agneaux de printemps partent tous dans le CPA « agneaux de boucherie en vente direct », aucun dans le CPA « agneaux maigres en circuit long » et surtout El-4 ne conserve aucune agnelles de renouvellement issues de cette lutte.

D’autres pratiques sont certes liées à la commercialisation, mais pas seulement. EL-4 adopte une mise-bas principale centrée sur la fin septembre, à la fois parce que la ressource hivernale, rare, incite à conserver uniquement des animaux à faibles besoins à cette période et donc à tarir les brebis en fin d’automne, mais aussi parce que les agneaux issus de cette période de mise-bas sont vendus en un seul gros lot d’agneaux légers maigres destinés à être engraissés dans les bergeries du Rayon de Roquefort. Or ce débouché n’est intéressant que si les agneaux sont vendus avant l’arrivée des agneaux laitiers

i.e. au plus tard début novembre.

Exemples d’éléments de milieu / structure retenus pour EL-4

L’élevage d’EL-4 est situé en vallée cévenole. Ce milieu possède de fortes contraintes pédo-climatiques : intempéries fortes au printemps, sécheresse

estivale, démarrage du printemps très aléatoire d’une année sur l’autre, mais aussi pentes fortes, étroitesses de fonds de vallées. Ceci implique, en particulier, l’estive obligatoire à partir de la mi-juin de l’estive, mais aussi la garde le reste de l’année sur des surfaces qui ne peuvent pas recevoir de clôtures.

EL-4 utilise trois types de surfaces : des parcours, des prés de fauche et des vergers. L’ensemble de ces surfaces, que l’éleveur a progressivement réuni, contribue à minimiser, dans la mesure du possible, la dépendance de l’élevage aux intrants. Néanmoins la qualité médiocre de ces ressources ne permet pas à l’éleveur de conduire ses brebis en fin de gestation et début de phase d’allaitement de telle manière que la vitesse de croissance des agneaux soit élevée et ceci l’incite à acheter du foin de Crau et des céréales (orge et maïs) pour assurer une lactation qui maximise la vitesse de croissance des agneaux. Cette médiocrité/rareté et cette incertitude autour de la ressource ne permettent pas non plus à l’éleveur d’avoir beaucoup de brebis en lactation au printemps et le conduit donc à ne mettre le bélier à l’automne qu’un mois seulement, et assez tôt, pour que seules les premières agnelées de septembre reprennent le bélier. Enfin, cette incertitude sur la ressource, en particulier au printemps, conduit l’éleveur à réaliser un flushing fin mars – début avril (avec un fourrage de qualité et 200 g d’avoine).

Exemple de performances retenues pour EL-4

Chez El-4, l’autonomie alimentaire, non assurée, est recherchée avec une dépendance minimisée aux intrants, restreints dans la mesure du possible aux intrants nécessaires pour la conduite de la lactation et la sécurisation de la croissance d’agneaux vendus très jeunes. Néanmoins l’absence d’autonomie alimentaire le conduit aussi à restreindre le nombre de brebis qui reprennent le bélier en septembre pour ne pas avoir trop de brebis en fin de gestation à nourrir en janvier-février-mars. Ce qui, même si la prolificité liée à cette mise-bas en saison est très bonne, limite le nombre d’agneaux nés et, par voie de conséquence, le nombre d’agneaux vendus.

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6.2. QUELS SONT LES LIENS ENTRE ORGANISATION DE LA