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équations de flux sédimentaire transporté en fonction de la vitesse de cisaillement (d'après

Pye, 1994).

L'évolution du littoral résulte donc de la combinaison de dynamiques naturelles, mais aussi de l'impact grandissant d'un certain nombre de facteurs anthropiques. En Europe, l'érosion côtière induite par les activités humaines serait même plus importante que l'érosion provoquée par les processus naturels (rapport EUROSION, 2004).

I.3- Impacts de l'anthropisation

L'intérêt croissant porté aux zones côtières résulte essentiellement des forts enjeux socio-économiques qu'elles représentent. En effet, le littoral est un espace très convoité, offrant de nombreuses ressources (pêche, matériaux...), attractif et propice aux différents flux (commerciaux, touristiques). Aussi, la densité de population des communes littorales françaises est-elle près de trois fois supérieure à la moyenne nationale (Grasso, 2009 ; Deboudt, 2010). Dans le même temps, en France, plus de 1700 km de linéaire côtier, soit 24,2% du littoral métropolitain, sont affectés par l'érosion (Observatoire du littoral, 2004).

La préservation de cet espace passe donc par l'identification et la compréhension des processus en jeu, processus naturels mais aussi anthropiques. L'érosion côtière induite par l'homme provient principalement d'impacts cumulés de projets, d'exploitations, d'aménagements ayant des conséquences plus ou moins directes sur le domaine littoral, notamment la diminution des volumes sédimentaires côtiers et la modification des processus hydrodynamiques sous l'effet des activités humaines (Paskoff, 1998 ; Solomon et Forbes, 1999 ; rapport EUROSION, 2004 ;Miller, 2007).

En effet, la construction barrages et retenues sur les fleuves et les rivières jouent le rôle de piège à sédiments et limitent considérablement les apports sédimentaires (Grasso, 2009). De même, les ports, les digues et les conquêtes de terres sur la mer bloquent les sédiments charriés par la dérive littorale. En outre, les constructions industrielles (exemple : Eureka, Californie - Pinot, 1998) et l'installation humaine au plus proche des côtes au détriment des dunes bordières tendent à diminuer encore les réservoirs sédimentaires terrestres et déstabilisent les plages.

D'autre part, les activités de dragage et d'extraction de matériaux de construction (action des sabliers) concourent au déficit de sédiments marins de la cellule sédimentaire, mais aussi, en augmentant la profondeur, à modifier les processus hydrodynamiques locaux. Ponctuellement, la dégradation des fonds marins et la pollution peuvent également influer sur la dynamique littorale.

Enfin, l'activité touristique s'accompagne généralement d'aménagements de front de mer (routes, parkings, poste de secours...) et d'une régression de la végétalisation de l'arrière plage (oyats) impliquant arasement ou déstabilisation des dunes.

Dans le cas des zones de plages, les "risques" associés à l'aléa côtier sont directement liés au caractère "meuble" du sédiment, certes très attractif, mais très instable. Ainsi, la variation d'un des processus précédemment évoqués peut provoquer une évolution complètement inattendue du littoral et souvent dommageable pour les usagers.

De nombreux organismes et collectivités se sont préoccupés de ce problème des risques côtiers. Afin de protéger les zones les plus sensibles, des politiques d'aménagement littoral ont été

en l'amplifiant de par la modification des modalités de transport sédimentaire. De plus, ces constructions prennent rarement en compte la variabilité des processus et les scénarios extrêmes.

Aussi, actuellement, la vision à long terme sur l'impact des défenses "dures" et la prise de conscience environnementale inciteraient plutôt à la mise en œuvre de nouvelles approches (Dubois-Maury, 2001 ; rapport EUROSION, 2004), cherchant un meilleur compromis entre l'efficacité, le coût opératoire et l'impact environnemental (rechargement sableux, drainage de plages...)

Ces nouvelles stratégies de gestion impliquent un approfondissement, à une échelle régionale, de notre compréhension des mécanismes de l'évolution littorale, des risques induits sur les territoires côtiers, de la variabilité de ces mécanismes du global au local sur le temps court et le long terme afin d'appréhender ainsi la réponse du littoral à tel ou tel phénomène (ferec, 2004 ; Meur-ferec, 2008 ; Almar, 2009 ; Vinchon et al., 2009).

I.4- Problématique du suivi en zone littorale

L'accroissement des enjeux humains et économiques en zone littorale s'accompagne d'une augmentation des enjeux du risque côtier. Depuis les années 60, la France définit donc le cadre d’une « politique du littoral ». Les bases d’une gestion intégrée sont ainsi progressivement jetées (Miossec, 1998 ; Meur-Ferec, 2008). Actuellement, la tendance serait plutôt à la mise en œuvre d’une politique de gestion intégrée du littoral dans la perspective d’un développement durable. En tâchant de concilier les intérêts des différents acteurs de la zone côtière, ce processus vise avant tout à privilégier les choix à long terme.

Il est communément admis que le "littoral" désigne la zone d'interface qui relie la terre à la mer. Il n'existe cependant pas de définition unique de ce territoire, ni de délimitation géographique précise. L'interprétation des termes de "zone littorale" dépend pour beaucoup du domaine concerné : géographique, juridique, biologique, économique, etc. La géomorphologie littorale à laquelle nous nous intéresserons dans ce travail privilégie la dimension physique du littoral, à travers une approche dynamique et systémique (Dauvin et al., 2001). Une telle approche suppose un suivi morphosédimentaire qui constitue un élément essentiel en matière d'aide à la décision pour une gestion intégrée et durable (Koster et Hillen, 1995).

Nous appréhenderons le littoral, et plus particulièrement les plages, comme un milieu physique particulier et hétérogène, dépendant à la fois d’influences terrestres, marines et atmosphériques, une interface où s’affrontent et s’interpénètrent la terre et la mer. Dans ce contexte, la notion de "durabilité" s'appuie essentiellement sur la connaissance et l'anticipation du transit des matériaux côtiers. Il est donc nécessaire de connaître, à un instant donné, le stock sédimentaire émergé et immergé et d'effectuer un suivi temporel des variations de ce stock afin de caractériser le mode d'évolution de la côte (érosion, engraissement ou stabilité) et d'évaluer le volume de sédiments susceptibles d'être déplacés en réponse à tel ou tel processus.

Concrètement, il est impératif d'adopter des référentiels et de mesurer des indicateurs morphodynamiques communs afin de favoriser la compatibilité des informations entre les différents acteurs du suivi littoral (Fig. I.17). Or le choix de limites de référence pose des problèmes de définition. En effet, les délimitations peuvent varier selon le type de côte (sableux, falaises, anthropisé), l'échelle de travail et les besoins des producteurs ou utilisateurs des données. De plus, la frange littorale est une zone très dynamique et par conséquent à "frontières variables" et dont les figures sédimentaires caractéristiques sont continuellement en mouvement (Boak et Turner, 2005).

côte n’est pas figé et fluctue en réponse notamment aux agents dynamiques et aux variations du niveau marin relatif. D'autre part, les traits de côtes de référence (BDTopo® IGN et Histolitt) ne sont plus conformes à la réalité à des échelles supérieures à 1/10000, respectivement 1/15000 et nécessiteraient des adaptations locales.

Par ailleurs, une des particularités des côtes sableuses est que la zone influencée par les processus littoraux est plus étendue que l’estran au sens strict. En effet, le profil de la plage est dans la continuité et la complémentarité du profil d'avant-plage et de la dune (Fig. I.17). L'étude de l'évolution de la plage est indissociable de celle de la zone sub-tidale et de l'arrière-côte. Aux grandes échelles, il apparaît donc plus pertinent non pas de suivre l'évolution d'un indicateur morphologique mais plutôt d'une portion du continuum terre-mer dans sa globalité.

La notion de variabilité morphodynamique des systèmes littoraux dépend donc largement des échelles spatio-temporelles de l'étude. La caractérisation de cette variabilité à différentes échelles de temps et d'espace et la compréhension des couplages entre ces échelles supposent de décrypter les forçages hydrodynamiques à l'origine de ces variations. Or, du fait de la superposition spatiale et temporelle de ces forçages, il est difficile d'identifier quelle "part" de la réponse morpho-sédimentaire est associée à chaque processus. Cette "déconvolution" des différents forçages et de leurs conséquences peut s'envisager moyennant une approche intégrée entre mesure et modélisation à l'échelle spatio-temporelle de chaque processus en jeu. En effet, la modélisation (physique et/ou numérique) permet d'isoler et de comprendre en détails les mécanismes. A partir de là, des simulations de phénomènes à long terme ou des prévisions sont possibles. En contrepartie,