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Les émotions sportives – Le remaniement des concepts

III) Les émotions sportives en questions

Dans les lignes qui vont suivre, nous expliquons les grandes catégories d’émotion que nous retenons pour notre étude. Ces classes d’émotions s’inspirent de celles proposées par les psychologues. Nous y faisons référence mais nous prenons nos distances au regard de la situation sportive. Aussi, nous déclinons la fonction sportive de ce type d’émotion, les

conditions d’émergence et brièvement les manifestations de certaines expressions faciales affinitaires de ce type d’émotion puisque cela sera à des observateurs d’associer une expression faciale à une catégorie d’émotion.

a) La joie sportive

La joie est probablement l’expérience affective que les individus souhaitent le plus vivre. On peut la définir comme une expérience plaisante que l’on cherche à vivre comparée à d’autres expériences que l’on cherche à éviter. Ekman et Frisen (2003) écrivent : « This pleasure is the opposite of the

physical sensation of pain » (p 99). On peut le comprendre comme « ce

plaisir est l’opposé sensation physique de la douleur ». Les auteurs définissent également quatre types différents de joie. On peut être heureux à la suite d’une sensation physique, ressentir de la joie par anticipation d’un événement, ressentir une joie de soulagement et enfin être heureux face à tout événement qui favorise une estime de soi positive.

Les activités physiques font vivre des sensations physiques particulières aux pratiquants : sensations de vertige provoquées par la hauteur, par divers renversements ressentis par l’oreille interne ; sensations de glisse, sensations de vitesse… Nous adhérons à cette manière de ressentir de la joie dans les activités ludomotrices. C’est d’ailleurs un type de plaisirs envisagés par Haye (2007, p 44) comme des bio-plaisirs. Dans ce cas, la joie sportive sera alors consécutive à une action provoquant des sensations corporelles.

La joie sportive ressentie par anticipation du jeu, du match, serait quant à elle une émotion pré-sportive. Nous employons le conditionnel car si elle est possible, elle n’est probablement pas courante. On peut être excité à l’idée de pratiquer, de jouer mais cela semble différent de la joie. De plus, de nombreuses activités proposent victoire ou défaite. Il serait curieux pour le sportif de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Bien qu’envisageable, nous n’insisterons pas plus sur ce type de joie.

La joie de soulagement nous semble en revanche particulièrement pertinente. La souffrance ressentie lors d’un marathon laisse place à la joie

pour celui qui réussit à franchir la ligne d’arrivée. Il en va de même pour l’appréhension ressentie avant de réaliser une figure acrobatique difficile qui se conclut couronnée de succès. On pourrait multiplier les exemples. Les activités sportives font vivre à ces pratiquants des épreuves. Le soulagement

a posteriori symbolise la joie ressentie de sortir plus grand de l’adversité.

Nous insisterons plus sur ce point à travers notre analyse de la douleur sportive. C’est encore une fois une émotion qui succède l’action motrice. Elle est liée à la manière de réussir dans le jeu sportif considéré. C’est ce qu’on appelle en praxéologie motrice « l’interaction de marque » (Parlebas, 1999, p 183) La joie est soit le point final du jeu soit la fin d’une séquence motrice. Le dernier type de joie concerne tout ce qui est relatif au « self-concept » de l’individu c’est-à-dire tous les éléments qui vont favoriser la joie et qui se rapporte « au concept de soi ». On retrouve derrière cela, la joie d’être compétent dans un domaine, de vivre une expérience nouvelle enrichissante, de réussir à mener à bien un projet, de faire partie d’un groupe… C’est ce que Haye (2007, p 44-45) appelle les psycho-plaisirs et les socio-plaisirs. Rappelons pour le lecteur que le plaisir est un sentiment. Il se rapporte à la joie qui elle est une émotion. La joie sportive succède encore une fois l’action motrice. On peut également ajouter que derrière ce type de joie, on retrouve l’idée de satisfaction par rapport à autrui. Kraut et Johnston (1979) (Cités par Tcherkassof, 2008, p 73) montrent que le sourire chez des joueurs de bowling n’apparaît pas directement après avoir réussi un joli coup mais lorsqu’ils se retournent vers des amis l’accompagnant. La joie sportive a aussi pour vocation d’être partagé avec des individus qui font partie de l’entourage du sportif.

Comment s’exprime la joie ? Comme nous l’avons vu précédemment, le sourire n’est pas nécessairement un indicateur fiable de la joie. Ekman et Frisen le rappellent d’ailleurs (2003, p 101-102). Ils parlent de « vrai sourire » et « faux sourire ou sourire de Duchenne ». Néanmoins, le sourire est un mouvement du visage qui permet de formuler l’hypothèse de la joie. Elle sera ensuite validée ou non par des éléments de contexte comme le suggère Frijda et Tcherkassof, (1997).

On définira la joie sportive comme une émotion qui intervient lorsqu’il y a interaction de marque favorable pour moi ou autrui. C’est une émotion qui succède l’action motrice. Elle peut également intervenir lors d’une situation fortuite, incongrue et drôle.

b) La colère sportive

On peut considérer la colère comme une émotion qui intervient lorsque nos buts et nos besoins sont mis en cause. On exprime alors de l’agressivité vis- à-vis de l’agent de notre insatisfaction, que ce soit un objet ou une personne. Elle peut également faire suite à une menace physique, à des propos injurieux ou blessant d’une personne. Elle peut apparaître lorsque nos valeurs ou nos croyances sont mises à mal. Elle existe aussi à travers les

Figure 12. La joie sportive. Conditions d’émergence.

Dans cette figure, on retrouve quatre types de joies sportives possibles. Sensations corporelles, réussite du jeu, soulagement face aux difficultés, accomplissement et affiliation sont les quatre causes possibles de joie sportive. C’est une émotion qui succède l’action motrice.

attentes contrariées que l’on a vis-à-vis de quelqu’un. Elle peut être de plus une colère réciproque. Toutes ces causes de colère sont décrites par Ekman et Frisen (2003, p 80). Ils ajoutent « These are only a few of the almost

infinite number of causes of anger ». Ce que l’on peut traduire comme « Ce

ne sont que quelques-unes des nombreuses et presque infinies causes de colère ». On retrouvera certaines de celles-ci comme l’objet de la colère de nos sportifs.

Deux fonctions sont généralement attribuées à la colère. La première est de signifier à autrui que l’individu est prêt à en découdre au sens propre et/ou figuré et que l’interlocuteur s’expose à des dommages si la situation ne change pas. La seconde occupe une fonction adaptative pour l’organisme. Darwin écrit :

« Sous l’effet de cette puissante émotion, l’activité du cœur s’accélère

beaucoup ou peut être fortement perturbé (…) Mais d’ordinaire les gestes d’un homme dans cet état diffèrent des contorsions d’un homme qui se débat inutilement alors qu’il souffre d’une violente douleur ; car ils représentent plus ou moins clairement les gestes de frapper ou de combattre un ennemi. ». (Darwin, 2001, p 101)

Sous l’effet de la colère, le corps subirait une profonde agitation dont l’objectif serait la redirection de l’énergie de l’organisme afin de produire plus de force, afin de combattre et de maximiser ses chances de victoires. Dans les jeux sportifs, on retrouve des actions motrices qui nécessitent de la force (courir plus vite, sauter plus haut, lancer plus loin), des actions motrices qui nécessitent de s’opposer (le tir au handball) et des actions motrices qui nécessitent les deux à la fois (le direct en boxe).

L’analyse de l’agressivité motrice effectuée par Collard (2004) nous apparaît comme proche de la colère sportive. Bien qu’elles ne se substituent pas, l’agressivité et la colère sont associées. D’ailleurs, lorsque l’on ressent de la colère, on fait preuve d’agressivité à notre corps défendant. L’auteur écrit :

« Lorsqu’on parle d’agressivité dans les jeux sportifs, il ne s’agit pas

forcément de conduites déviantes liées à quelconques frustrations, mais plutôt d’organisation signifiantes du comportement moteur manifestant une volonté de batailler – d’en découdre avec les

opposants -, limitée aux droits et interdits prescrits par les règles du jeu. » (Collard, 2004, p 39).

À partir de cette définition, le chercheur décline différents types d’agressivité qui vont révéler diverses colères sportives en termes de causes, de conséquences et de fonctions.

À partir de cette analyse de l’agressivité motrice, nous distinguons plusieurs types de colères sportives. Tout d’abord, il y aurait une colère sportive qui vise à signifier à son adversaire que le joueur est prêt à lui porter préjudice et cherche à lui causer des dommages. Elle est liée soit à l’agressivité illicite Figure 13. Les différents types d’agressivité en situation motrice. (Collard, 2004)

Dans cette figure, on retrouve tout d’abord deux grands types d’agressivité. L’une est illicite, interdite par les règles du jeu et d’ordre psychologique. L’autre est motrice et prescrite par les règles du jeu. Parmi les agressivités illicites, l’agressivité affective est la conséquence d’une perte de sang-froid,

de self-control. L’agressivité instrumentale est une agressivité froide, illicite

et les dommages causés à autrui ne sont que la conséquence d’une logique de jeu contraignante où le joueur met toutes les chances de son côté pour gagner quitte à tricher. L’agressivité kinésique ou gestémique représente les mimiques, gestes non sanctionnés par la règle qui vise à intimider l’adversaire et à signifier que l’on cherche à en découdre. L’agressivité praxique comprenant les praxèmes et les contre- communications représente les actions motrices antagonistes que le joueur met en œuvre pour battre son adversaire dans le respect de la logique interne.

affective soit à l’agressivité kinésique à partir du moment où l’individu colérique ne passe pas à l’acte « physique ». Le caractère licite dépend de l’agissement et des règles du jeu. Un second type de colère sportive correspond à celles qui sont intégrées et qui imprègnent des actions (motrices ou non). Nous les attachons à l’agressivité affective, l’agressivité instrumentale et l’agressivité praxique. Le dernier type de colère sportive ne vise pas nécessairement autrui. En conséquence, elle ne s’attache à aucune agressivité motrice précédemment décrite. Elle est orientée vers le sujet qui se met en colère et cherche à décupler la force produite. C’est celle que l’on peut retrouver en haltérophilie, en athlétisme…

On définira la colère sportive comme une émotion qui intervient le plus souvent lorsqu’il y a besoin de réaliser une action antagoniste agressive et/ou une action de force. Durant le jeu, elle est attachée aux contre- communications (plaquage, charge, tir…), aux praxèmes (harcèlement, dissuasion…) (Collard, 2004) et aux actions motrices de force (poussée lors d’un sprint, impulsion lors d’un saut…). Durant le non jeu, elle vise à signifier à autrui sa détermination combative.

Figure 14. La colère sportive et ses trois fonctions.

Dans cette figure, on retrouve trois types de colère sportive. La première vise à signifier à son adversaire que l’on est prêt à en découdre. La seconde est celle qui imprègne une action qui vise un adversaire (tirer, tacler, frapper, pousser…). Cette action peut être licite ou non, en lieu avec le jeu ou non. La dernière vise à augmenter la force disponible pour l’organisme.

c) La douleur sportive

Avez-vous déjà assisté à la chute d’un sportif à skateboard, se tordant de douleur ; à la blessure d’un tennisman ; au coup reçu par un rugbyman? Peut-être avez-vous d’ailleurs ressenti une sensation fortement désagréable par empathie. Chez bon nombre d’auteurs, la douleur n’appartient pas aux catégories d’émotions discrètes c’est-à-dire aux émotions de base. Est-ce pourtant une émotion ? Si oui, est-elle pertinente pour les émotions sportives ? On retrouve chez Darwin une définition précise de cette émotion. Il écrit : « une grande douleur pousse tous les animaux, et les a poussés

pendant d’innombrables générations, à faire les efforts les plus violents et les plus variés pour échapper à la cause de cette souffrance » (Darwin, 2001, p

98). En situation sportive, voilà une fonction qui nous semble fondamentale. Face à la douleur intense, le sportif actualisera immédiatement une conduite motrice pour répondre à celle-ci. Il peut également mettre le jeu entre parenthèse, c’est-à-dire arrêter de jouer afin de se protéger. En football, le joueur demandera réparation auprès de l’arbitre après avoir reçu un coup. En judo, face à la douleur d’une clé de bras, le combattant cherchera vigoureusement à se sortir de ce mauvais pas. S’il n’y parvient pas alors face à cette affliction, il abandonnera.

« La douleur, si elle très vive, provoque une dépression ou prostration extrême ; mais elle est d’abord un stimulant et elle pousse à l’action, comme nous le voyons lorsque nous fouettons un cheval, et comme le montrent les affreuses tortures que, dans des pays étrangers, l’on inflige à des animaux de traits épuisés pour les exciter à renouveler leurs efforts ». (Darwin, 2001, p 109).

En somme, la douleur est vue comme « faisant partie d’un système

permettant l’homéostasie » (Belzung, 2007, p 390). Elle signifie à l’individu

qu’il doit agir pour revenir à un état « neutre ».

La douleur en tant qu’émotion sportive nous semble particulièrement en lien avec une analyse structurale du risque ludomoteur. Collard (1998) définit le risque sportif en termes d’enjeux. Il décrit les situations à risque compétitif (c’est le cas des sports de combat, des sports collectifs…) ; les situations qui

comportent des risques corporels et compétitifs (c’est le cas par exemple des sports automobiles) et les situations à risques corporels (c’est le cas des activités de pleine nature telle que l’escalade, la plongée…). Dans le cas des situations à risque compétitif, si la douleur intervient, c’est que l’enjeu compétitif est mis à mal. Le joueur ne doit pas souffrir pour mener à bien son objectif. Il sera alors protégé par les règles du jeu ou contraint à l’abandon. Dans les situations qui comportent un risque corporel (avec ou non un risque compétitif), c’est tout à fait différent. La douleur liée au risque corporel est partie prenante de ces activités. C’est justement la recherche de son absence qui façonne les conduites motrices des participants. L’auteur écrit à propos des risques corporels et compétitifs : « Il s’agit pour l’essentiel de

jeux à n joueurs et à somme non nulle dont les erreurs stratégiques peuvent affecter les corps et le score » (Collard, 1998, p 153). Les comportements

moteurs adoptés par le joueur sont en adéquation avec la recherche de conservation de son intégrité physique. Le lecteur l’entrevoit alors probablement. La peur (que nous allons décrire dans les lignes qui vont suivre) et la douleur sont les deux faces d’une même pièce. L’une cherche à éviter la mise en jeu de l’intégrité physique tandis que l’autre est la manifestation de son apparition. Voilà la fonction de la douleur en sport, informer le joueur sur la mise en danger de son corps. Un dernier type de douleur est à envisager. C’est celle qui, à faible intensité, est librement consentie. Dans les courses extrêmes, les courses à obstacles, le marathon, la musculation, le cross fitness, le triathlon, le VTT, la natation en eaux vives et bien d’autres activités, on retrouve la volonté chez le pratiquant de sortir d’une certaine zone de confort. La douleur sera d’ailleurs une information précieuse pour ces pratiquants. Elle lui signifiera à faible intensité qu’il a su repousser ses limites et qu’à forte intensité, s’il continue, il y aura des conséquences corporelles. C’est ce que titre le magazine en ligne Slate (20/10/2010) : « Sport : Comment repousser ses limites ? »6. Dans un second article7, le magazine s’appuie sur un travail scientifique qui cherche

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6!http://www.slate.fr/lien/28855/sportIeffortIdouleurIlimites!

7!http://www.slate.fr/story/149763/marathonsIpourquoiIcadresIsupIadorentI

à comprendre pourquoi des individus payent pour vivre des expériences de douleurs marketées (Scott, Cayla, Cova, 2017). Pourquoi paye t’on un prix d’inscription important, du matériel cher et sophistiqué pour souffrir ? L’article avance l’idée selon laquelle la douleur est recherchée par les cadres supérieurs afin de fuir « une conscience de soi envahissante ». De plus, dans une logique où le travail devient de plus en plus immatériel, la performance objective (distance parcourue, temps, vitesse moyenne, rythme cardiaque…) serait à associer à une sensation corporelle concrète et vivace : la douleur ! Voilà une troisième fonction de la douleur sportive : s’éprouver pour vivre, ressentir et progresser. !

Quelles sont les manifestations de la douleur ? Darwin les décrit comme telles :

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Figure 15. La douleur sportive. Utilité selon la situation sportive.

Dans ce schéma, on retrouve 3 types de douleurs sportives selon les caractéristiques du sport considéré. Les fonctions diffèrent selon la situation. Dans les activités de performance, on recherche la douleur comme indicateur du travail fourni. Dans les activités à enjeux compétitifs, elle est le signe que le jeu ne se déroule pas comme prévu. Dans les activités à enjeux corporels, chaque conduite motrice a pour vocation la préservation de son intégrité physique.

« Quand les animaux éprouvent des douleurs effroyables, généralement, ils se tordent en tout sens avec des affreuses contorsions ; et ceux qui ont l’habitude de se servir de la voix poussent des cris perçants ou des gémissements. Pratiquement tous les muscles du corps entrent violemment en mouvement. Chez l’homme, la bouche peut se fermer étroitement, ou, plus communément les lèvres se rétractent et les dents se serrent ou se frottent les uns contre les autres » (…) « Chez l’homme, les yeux sont grands ouverts avec un regard égaré, comme empli d’un étonnement horrifié, ou bien les sourcils se contractent violemment. » ((Darwin,

2001, p 95-96).

On définira la douleur sportive comme une sensation corporelle signe de la mise en jeu de l’intégrité corporelle du joueur, allant de la faible intensité acceptable à la forte intensité insupportable.

d) La peur sportive

À la suite de ce que nous venons d’écrire sur la douleur, nous envisageons la peur comme une émotion qui anticipe les dommages physiques et psychologiques que pourrait subir l’organisme. Elle prépare l’organisme à éviter ces préjudices potentiels avant qu’ils ne surviennent. Ekman et Frisen écrivent à ce propos (2003, p 47) « The harm may be physical or

psychological or both. (…) Survival depends on learning to avoid or escape from situations that cause severe pain and the likehood of physical injury. ».

On peut traduire ainsi : « Le mal peut être physique ou psychologique ou les deux. La survie dépend de l’apprentissage à éviter ou à échapper à des situations qui causent des douleurs sévères et des blessures physiques probables. » La peur apparaît comme primordiale pour le maintien de l’organisme. On peut tout de même ajouter au propos des auteurs qu’il faut avoir peur pour survivre mais avoir peur de tout est tout aussi préjudiciable que de ne pas avoir peur. Un état d’alerte excessif rendrait inefficace sinon dysfonctionnelle cette émotion.

« Quand un animal est alarmé, presque toujours il reste immobile un

moment pour rassembler ses sens et déceler l’origine du danger, et parfois pour éviter d’être découvert. Mais bientôt, il s’enfuit précipitamment, sans ménager ses forces, comme s’il allait se battre, et l’animal poursuit sa fuite tant que le danger persiste, jusqu’à ce qu’une prostration complète, avec arrêt de la respiration et de la circulation, tremblement de tous les muscles et transpiration abondante, le mette dans l’impossibilité de continuer à fuir. » (Darwin,

2001, p 105).

Dans les propos de Darwin, on peut dégager trois modes de préparation à l’action de la peur : la fuite, le combat et la prostration. La peur est une sensation passagère qui doit permettre de concevoir une réponse de réaction.

Que le lecteur ne s’y trompe pas, ce dont nous venons de parler est une description de la peur. Nous excluons de notre réflexion le terme d’anxiété. Pour ces deux émotions qui appartiennent à une famille proche, ce qui diffère c’est l’événement déclencheur. Belzung expose ainsi cette différence :

« Si on sait toujours de quoi on a peur, l’anxiété peut exister sans