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Élaborer un outil de fertilisation précis et respectueux de l’environnement

Le défi de la fertilisation d’une plantation consiste à recommander annuellement, pour chaque unité de fertilisation, les doses de nutriments nécessaires pour satisfaire les besoins des palmiers sans limiter le rendement. Les doses préconisées doivent aussi être ajustées au plus près pour des raisons économiques et environnementales (bilan carbone des pratiques, risques liés aux excès de N, K, etc.). Il y a donc une double nécessité d’accroître la précision du diagnostic et des recommandations : d’une part, avec la définition des teneurs de référence à atteindre pour chaque sol et chaque matériel végétal et, d’autre part, dans les recommandations pour atteindre ces objectifs sur toutes les surfaces plantées.

Précision des recommandations et des tables de fertilisation

D’une manière générale, la précision des recommandations et des tables de fertilisation est très dépendante de la qualité des résultats d’analyse des sols et des tissus végétaux. Il faut donc s’appuyer sur un excellent laboratoire, qui garantisse à long terme la stabilité et la répétabilité des résultats. Ce laboratoire doit être accrédité pour l’analyse des sols et des végétaux et participer régulièrement à des enquêtes inter-laboratoires nationales ou internationales. Il doit pouvoir justifier en toute transparence de son bon fonctionnement en partageant des valeurs statistiques sur la précision des analyses (valeurs moyennes et écart-types obtenus pour des échantillons de référence). Cette précaution est indispensable pour fournir des données fiables et construire un outil d’aide à la décision basé sur des analyses foliaires et des analyses de sol. Une teneur foliaire de référence est un indicateur synthétique simple et bon marché qui garantit un état physiologique correct ne limitant pas le potentiel de rendement. Cet indicateur est calibré au moyen d’essais rigoureux et précis, pour chaque élément, en fonction du climat et du matériel végétal propre à chaque plantation.

Le diagnostic foliaire fonctionne sur des périodes d’environ trois années successives pour corriger les teneurs qui dévient par rapport aux valeurs recommandées. Mais les réseaux d’essais agronomiques montrent toutefois qu’il existe aussi des variations interannuelles des teneurs qui ne s’expliquent pas par les traitements appliqués.

Elles sont probablement dues à des variations temporelles des flux d’éléments absorbés ou à des rééquilibrages entre organes. Ces variations seraient déterminées par le fonctionnement physiologique du palmier et les facteurs qui agissent sur la produc-tion de biomasse. Il peut s’agir d’une variaproduc-tion discontinue de la biomasse foliaire (épanouissement de plusieurs feuilles consécutives pour les climats montrant une saison sèche), de la biomasse des racines ou de cycles de production de régimes. Les variations interannuelles de rendements sont connues et elles induisent probablement des flux d’éléments qui se répercutent sur les teneurs foliaires. Il faut donc interpréter les brusques variations que l’on observe certaines années avec beaucoup de prudence. À l’avenir, le diagnostic foliaire devra évoluer vers un outil qui tienne compte de ces variations interannuelles. Il devra intégrer les variables que l’on utilise pour les modèles de prédiction de rendement et l’absorption des éléments. Ce sont principalement les variables qui agissent sur l’activité photosynthétique (données climatiques et réserves en eau des sols). L’évolution vers un outil générique à plusieurs variables devra s’appuyer sur des bases de données robustes (données météorologiques, productivité mensuelle par unité de fertilisation, rapports d’épandage d’engrais, propriétés des sols des unités de fertilisation) pour tester des hypothèses qui permettent d’accéder à la compréhension de la nutrition minérale en tant que facteur de rendement.

Précision spatiale de l’échantillonnage foliaire et de l’apport d’engrais Le premier niveau de précision spatiale pour le diagnostic foliaire est le prélèvement des échantillons. C’est pourquoi la constitution des unités de fertilisation et la sélec-tion des palmiers qui alimentent les échantillons foliaires sont deux étapes clefs pour obtenir une recommandation précise pour une partie significative de chaque unité de fertilisation. Des échantillons spéciaux complètent ce dispositif pour détecter les dérives éventuelles sur les faciès minoritaires de chaque unité. On peut donc envisager une précision à une échelle inférieure à celle de l’unité de fertilisation, mais cela demande de maîtriser parfaitement des applications d’engrais spécifiques au sein des parcelles. La limite de la précision spatiale est celle du palmier planté. L’épandage individuel différencié en fonction de la position géographique de chaque palmier est technique-ment possible lorsque l’épandage peut être mécanisé et asservi à un relevé de position par un GPS. Cette mécanisation est difficile et parfois non recommandée (protection des sols) lorsque le relief est accidenté : or c’est probablement avec ces hétérogénéités intra-parcellaires marquées, qu’il semble indiqué d’adapter les recommandations (variations des potentiels de rendement et donc de la demande, variation de l’effi-cience de la fertilisation). On peut cependant espérer pouvoir délimiter au sein des unités de fertilisation des populations de palmiers qui recevront une fertilisation différenciée si l’on dispose d’un outil d’aide à la décision suffisamment précis pour intégrer cette variabilité.

Il n’est pour l’instant pas possible d’accéder à une recommandation précise pour chaque palmier. Des essais ont testé l’analyse d’images satellitaires pour traduire une composition supposée du feuillage via sa signature spectrale, en un besoin en éléments

nutritifs, mais aucun algorithme efficace n’a été trouvé pour décrypter les valeurs spectrales des pixels qui représentent chaque palmier. À cela s’ajoute les difficultés à disposer régulièrement d’images de bonne qualité en raison de l’abondance des nuages dans les régions de culture du palmier à huile. À ce stade, cette technologie ne semble donc pas, dans l’immédiat, adaptée aux besoins.

pour optimiser la fertilisation