• Aucun résultat trouvé

3 Rédaction du protocole de l’étude et pré-test

3.5 Quelques éléments d’économétrie

Après la passation des questionnaires, il conviendra d’analyser les résultats. Dans un premier temps, il faudra étudier la part de l’utilité expliquée par les différents attributs.

Pour modéliser l’utilité en fonction des réponses recueillies, il faut utiliser un modèle statistique (les modèles Logit simple ou Logit mixte sont les plus souvent utilisés, cf. annexe E).

Ce qui change entre ces modèles, c’est l’hypothèse sur la distribution des termes d’erreur dans la fonction d’utilité.

Une fois le modèle choisi, des logiciels comme R, Biogem ou Limdep donnent les valeurs des coefficients associés aux attributs qui maximisent la probabilité que le choix du modèle soit le choix effectif.

Ces logiciels permettent également de tester l’influence des valeurs socio-économiques dans le modèle. Ils sont aussi capables de donner les prix implicites des différents niveaux des attributs, ce qui correspond au consentement à payer pour ces niveaux.

Conclusion

Une préoccupation des pouvoirs publics (collectivités ou Etat) est d’optimiser les budgets alloués aux différents domaines, dont les transports. Il s’agit de répondre au plus juste aux attentes des populations. Mais des valeurs qualitatives ne suffisent pas lors de l’analyse coût-avantage de schémas de transports ou de projets d’infrastructures. Ainsi, si la valeur du temps est prise comme référence lors de ces études, d’autres comme le coût du bruit ou la valeur du paysage ont été calculées récemment grâce à des méthodes similaires (méthodes économiques directes ou indirectes).

Parmi toutes les méthodes étudiées, il nous est paru plus pertinent d’utiliser une méthode directe (évaluation contingente ou choix discrets) pour déterminer le consentement à payer pour des transports accessibles. La méthode des choix discrets a été retenue car selon de nombreux économistes, elle entraîne moins de biais que l’évaluation contingente, en introduisant de façon détournée la taxe dans les questionnaires, parmi d’autres attributs représentatifs du bien étudié.

Pour définir les attributs constituant un réseau de transports accessible, il nous a semblé plus judicieux de laisser trois groupes de personnes, présentant des caractéristiques en termes de mobilité différentes, s’exprimer sur le domaine (technique des focus groups).

Les premières limites de cette étude apparaissent lors de cette enquête exploratoire : faute de temps, seul un seul focus group par type de population a été réuni, ce qui limite la qualité et la quantité d’informations recueillies.

Afin de présenter un nombre limité d’attributs pour les choix discrets, nous avons dû opérer à des choix et regrouper en un seul attribut des caractéristiques différentes. Ainsi, nous avons sélectionné les items qui ressortaient dans tous les focus groups et ceux qui nous paraissaient essentiels et nous avons créé cinq attributs ; les trois niveaux de ces attributs devaient être concis et clairs, et présenter des différences significatives pour justifier un consentement à payer différent. Il nous était donc impossible de rentrer dans les détails et d’inclure des éléments précis comme les appuis ischiatiques, le référencement des arrêts pour les personnes malvoyantes…

D’autre part, si les deux niveaux extrêmes de chaque attribut correspondent pour l’un à l’existant (pris dans le département du Rhône et le Grand Lyon à la date de publication du rapport) et pour l’autre à une situation idéale d’accessibilité (telle que le décrit la loi française), le niveau intermédiaire n’a pas de vraie justification (il correspond parfois à des niveaux d’existant dans d’autres pays ou dans d’autres villes, mais il a été parfois construit comme un mixte entre existant et situation idéale). Le pré-test nous a permis de peaufiner les niveaux, mais sans garantir leur réelle pertinence.

Au final, nous avons donné les bases pour la construction de deux questionnaires, l’un traitant des transports en zone rurale, l’autre de tous les autres transports publics à l’intérieur de la France métropolitaine. Nous ne nous sommes pas attardés sur l’appariement des scénarios pour créer les plans d’expérience et le traitement statistique des réponses, ceci étant assez compliqué et devant être effectué avec des logiciels encore mal maîtrisés en France.

Ces questionnaires devraient pouvoir spécifier la fonction d’utilité des individus en fonction de différentes variables socio-économiques comme l’âge, le revenu, la fréquence d’utilisation des transports en commun… Cette fonction d’utilité comprend le paramètre « taxe », qui donnera ainsi une estimation du consentement à payer de la personne pour chacun des attributs.

Nous avons vu que le protocole présente de petites imperfections. Toutefois, nous avons essayé, en s’attachant notamment au maximum de limiter les biais inhérents aux méthodes d’évaluation de biens non marchands, de proposer une méthode rigoureuse. A notre décharge, il faut savoir qu’à l’heure actuelle, les méthodes d’évaluation de biens non-marchands ne sont pas très bien maîtrisées par les

chercheurs français et étrangers, d’où un certain flou en ce qui concerne par exemple la taille de l’échantillon nécessaire à une validation statistique et de façon plus générale un manque de ressources en ce qui concerne la mise en place pratique des questionnaires.

Si l’étude présente est menée jusqu’au bout, elle pourrait servir d’exemple européen voire mondial et situer la France comme moteur des recherches sur la valorisation de l’accessibilité. En effet, nous n’avons pu trouver aucune étude estimant le consentement à payer pour rendre les transports publics accessibles ; certaines études se limitaient à des composantes d’un réseau de transport (exemple : l’accès aux quais ou l’accessibilité des gares). Toutefois, cette thématique est porteuse puisque nous avons eu vent de volontés d’autres pays comme la Norvège de réaliser des évaluations similaires. Cela pourrait être une manière de montrer la bonne volonté de la France d’investir durablement et pertinemment pour le transport des personnes à mobilité réduite.

Bibliographie

Armstrong, R. J. and D. A. Rodriguez (2007). "An evaluation of the accessibility benefits of commuter rail in Eastern Massachusetts using spatial hedonic price functions." Transportation 33: pp. 21-43.

Baumont, C. (2004). Spatial effects in housing price models. Do housing prices capitalize urban development policies in the Agglomeration of Dijon, Université de Bourgogne: 26 p.

Borras, S. D., L. Baumstark, et al. (2008). L'attachement à un tarif social : le cas de la carte Familles Nombreuses, une approche micro-économique par la méthode des préférences déclarées. Journées de Microcéconomie Appliquée: 28 p.

Boucq, E. (2008). Quelles retombées économiques et fiscales d'une infrastructure de transport ? L'exemple du T2 Val de Seine, Thèse en cours à l'Université de Sciences et Technologies de Lille.

Crédoc (2007). Enquête conditions de vie et aspirations des Français.

Dachary-Bernard, J. (2004). L’évaluation économique du paysage par la méthode des choice experiments : une application aux préférences des touristes pour le paysage rural des Monts d’Arrée (Finistère): 19 p. Dejoux, V., Y. D. Bussiere, et al. (2008). Projection of the daily travel of an ageing population: The Paris and Montreal case, 1975-2020, Travail en cours de l'INRETS.

Desiderio, M. (2005). Les transports à la demande aux Etats-Unis, Travail de fin d'études de l'ENTPE pour la Mission économique de Washington: 87 p.

DRE, L.-R. (2005). «Transport Urbain – l’Essentiel», Exemple du Languedoc-Roussillon.

Faburel, G. and S. Luchini (2000). "La méthode d’évaluation contingente appliquée aux déchets urbains." Région et développement: pp. 55-77.

Flachaire, E. and G. Hollard (2005). Une approche comportementale de l’évaluation contingente, Université de Marne la Vallée: 15 p.

Godet, M. and M. Mousli (2006). "Vieillissement, activités et territoires à l'horizon 2030." Conseil d'analyse économique: pp.13-16.

Hauet, E. and J.-F. Ravaud (2002). Handicap, gênes ou difficultés ressentis par les personnes dans le cadre de leurs déplacements en dehors du domicile, Contrat de Recherche APF: pp. 5-8.

Hermelin, M. and D. Hengoat (1997). Déplacements des personnes en situation de handicap en Ile-de- France, IAURIF.

Hiron, B. (1999). L’évaluation du coût du bruit en milieu urbain : méthode des prix hédonistes et méthode d’évaluation contingente à l’épreuve, Thèse pour l'Université Lumière Lyon 2: 338 p.

Hoa, J.-J., J.-T. Liu, et al. (2005). "Preferences for the removal of physical pain resulting from permanently disabling occupational injuries. A contingent valuation study of Taiwan." Accident Analysis and Prevention 37: pp. 537-548.

Kah, E. (2003). "La méthode d’évaluation contingente appliquée aux déchets urbains." Espace Géographique 2003-1: pp. 47-59

Krueger, R. A. and M.-A. Casey (2000). Focus groups: a practical guide for applied research.

Le Masurier, P., L. Hunt, et al. (2007). Understanding the true benefit of improved Public Transport to the Mobility Impaired. European Transport Conference.

Maynard, A. (2007). The economic appraisal of transport projects: the incorporation of disabled access Thèse pour la Cranfield University: 367 p.

Ménétrieux, L. (2005). Entre accessibilité aux personnes à mobilité réduite et lutte contre le tout-automobile en ville : le tramway français, un révélateur des ambitions de la société contemporain. Lyon, Mémoire de master pour l'Université Lyon 2: pp. 63-128.

Molin, E. J. E. and H. J. P. Timmermans (2006). "Traveler expectations and willingness-to-pay for Web- enabled public transport information services." Transportation Research PART D 14: pp. 57-67.

Mormiche, P. (2000). "Le handicap se conjugue au pluriel." INSEE Première n°742: pp. 1-2.

Nguyen, F., M. Nora, et al. (2007). Révélation des préférences individuelles pour un bien de santé : la méthode des choix discrets appliquée au choix du Traitement Hormonal Substitutif de la ménopause. Journées de l'AFSE. GRESAC, GATE and U. 5824-CNRS. Lyon.

Persson, U. (2004). Valuing Reductions in the Risk of Traffic Accidents Based on Empirical Studies in Sweden, Thèse pour la Lund University: 101 p.

Pierron, M. (1989). "Deux nouveaux systèmes de transport urbain à grande accessibilité : premier bilan du VAL et du TAG." Transport sans handicap: pp. 27-31.

Poisson, F. (2001). Elaboration d’une méthode d’évaluation économique de l’intrusion visuelle des autoroutes, Université Paris I: 260 p.

Robin, S., A. Rozan, et al. (2007). Mesurer les préférences du consommateur pour orienter les décisions des pouvoirs publics : l'apport de la méthode expérimentale, GATE: 27 p.

Suzuki, Y., K. Kodama, et al. (2007). Study on application of the socioeconomic evaluation technique to traffic barrier-free improvement/development project. TRANSED. Montréal.

Travers, M., A. Nassiri, et al. (2007). Evaluation des bénéfices environnementaux par la méthode des prix hédonistes : une application au cas du littoral.

Vasselin, F. (2005). Prix hédonistes et marchés implicites : le cas des produits d’information, Université Paris I.

Vernhes, N. (2004). Handicap et accessibilité, Définitions et statistiques, Ministère de l'Equipement. W3C (1999). Web Content Accessibility Guidelines 1.0.