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1929 Édouard-Léon Scott de Martinville ( plaque commémorative )

recherches et breveter son invention.

Il court après la reconnaissance des savants. Bien avisé, le 26 janvier 1857, il dépose une demande de Brevet d’invention à l’Académie des Sciences autour de la phonautographie, littéralement la voix qui s’écrit d’elle-même. S’inspirant d’expériences de physique et de l’anatomie de l’oreille humaine, il crée le phonautographe. Les tracés obtenus sur du papier enduit de noir de fumée sont des phonautogrammes. Sa demande de brevet est appuyée par le soutien moral et financier de La Société d’Encouragement pour l’Indus- trie Nationale. En 1859, en collaboration avec un constructeur d’instruments, il perfectionne son phonautographe. Jusqu’en 1861, il persévère, améliore sa technique et veut toujours convaincre. Mais, finalement par lassitude, par manque de ressources et par mépris des institutions, il abandonne son projet. L’amateur s’incline devant la science et ses savants. Il consacre le reste de son existence à la vente d’estampes et de photographies, rue Vivienne.

Cependant, l’année avant sa mort, Scott se manifeste à nouveau. En 1878, les académiciens sont enthousiasmés par la démonstration du phonographe inventé par l’américain, Thomas Edison. Cet appareil enregistre et restitue des sons. Scott publie alors un opuscule où il revendique la paternité de l’ins- trument enregistreur de la voix humaine. Il y dénonce aussi le manque de considération des amateurs par les institutions scientifiques. Dans un dernier espoir de reconnaissance, il écrit : «Je ne demande pour mes efforts qu'une seule récompense (…) de ne pas oublier de prononcer mon nom dans cette affaire…»

Pourtant, déjà de son vivant, Scott bénéficie d’une certaine renommée pour ses travaux et son invention, sans en avoir pleinement conscience. Des décennies durant, des ouvrages scientifiques citent ses travaux. Le phonau- tographe est défini dans les dictionnaires et les encyclopédies. Le 4 juin 1933, le Dimanche Illustré, lui consacre un article aux côtés des frères Lu- mière. Les lecteurs le découvrent comme le « précurseur du phonographe », dans la rubrique « Profitons de nos loisirs du dimanche pour nous instruire

cultures populaires, cultures informelles

un peu ». Scott, cet artisan de la science, a laissé son empreinte dans la science et notre quotidien. D’une part, pour être le premier à avoir enregistré les oscillations des ondes sonores transmises par l’air. D’autre part, car le phonautographe est l’ancêtre de tous les appareils enregistreur de sons que nous utilisons.

À travers cet homme, la plaque de la rue Vivienne entretient la mémoire de tous les amateurs de science. Tous ont contribué à un effort collectif pour développer la science. Elle honore le souvenir d’un ouvrier, figure populaire, qui s’est approprié le savoir et les méthodes scientifiques. Dans notre espace urbain, l’amateur est célébré au même titre que les scientifiques les plus illustres. La reconnaissance tant souhaitée par Scott lui est donnée par la ville de Paris. Elle légitime sa contribution à l’innovation scientifique et technique. Cette plaque est comme une touche mémorielle de notre patrimoine scienti- fique et technique dans l’espace public.

En 2008, des américains ravivent la mémoire de Scott auprès du public. Ils ont transcrit ses phonautogrammes en sons. L’une des pistes révèle la voix de Scott qui chante « Au clair de la lune ». Datée du 9 avril 1860, elle constitue le plus vieil enregistrement audible d’une voix humaine. Cet extrait, véritable machine à remonter le temps, est comme le témoignage d’un moment de vie du 19ème siècle : celui d’un simple ouvrier expérimentant la machine qu’il a

créé.

La prochaine fois que vous passez rue Vivienne, il est fort probable que vous entendiez la voix d’Edouard-Léon Scott de Martinville vous murmurer une douce comptine populaire.

L

a publicité est un puissant vecteur de diffusion des représentations popu- laires. Elle contribue aussi largement à les forger. À ce titre, la science est un excellent candidat pour pourvoir aux besoins de l’entreprise publicitaire. Sous couvert de promotion de ce qu’elle a à vendre, elle convoque la science, ou du moins certains de ses aspects. Elle cultive de cette façon l’associa- tion de son objet avec les notions positives de modernité, d’innovation ou de progrès. La publicité alimente en permanence l’espoir d’une science et de techniques toujours plus performantes et sophistiquées, répondant aux besoins, réels ou fantasmés, du public. Au demeurant, s’est là sa fonction principale : inviter le consommateur à s’identifier au produit tout en partageant ce qu’il véhicule de significations les plus positives. La science comme valeur, gage de progrès ou de qualité fait dès lors l’objet de traitements les plus variés. Elle est mise scène, en image, en situation de délivrer discours et messages. Les liens avec la science cependant peuvent parfois paraître bien étranges à quelques années de distance. Le présent document en est un bel exemple, évoquant la question des risques sanitaires et des dangers aux- quels les consommateurs peuvent être soumis au prétexte d’une promesse d’amélioration de leurs conditions d’existence.

Sur ce poster publicitaire de 1934, la science est explicitement convoquée. Le but ? Convaincre le consommateur de bénéficier d’une presti- gieuse découverte. D’abord au travers de l’évocation explicite au radium, élément que Pierre et Marie Curie ont isolé en 1898, valant à cette dernière en 1911 le prestigieux prix Nobel. Les propriétés du radium sont en 1934 bien connues : il est radioactif et extrêmement dangereux. Ses effets sur les