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Validations et résultats

5.2 Écoulements compressibles non glissants

Les eets de compressibilité peuvent être importants en microuidique gazeuse. Dans ce mémoire de thèse, on considère des écoulements de gaz mono ou diatomique (Ar, N2, air) que l'on assimile à des gaz parfaits. Cette hypothèse implique que la pression du gaz à l'entrée de la conduite ne dépasse pas 5 bars.

Dans cette partie, il n'est pas nécessaire de placer une extension à l'entrée de la conduite. En eet, nous voulons faire apparaître les eets de compressibilité ce qui nécessite d'impo-ser de fortes diérences de pression entre l'entrée et la sortie de la conduite. Par conséquent, les nombres de Péclet sont supérieurs à l'unité dans ce qui suit. De plus, la condition∂T

∂x = 0 que nous appliquons en sortie de conduite n'a pas une grande inuence pour ces nombres de Péclet (nous n'avons donc pas à la corriger en la remplaçant par la condition ∂2T

∂x2 = 0). Les équations de transport décrivant ce type de problèmes sont détaillées au Ÿ2.1.1 et les conditions aux limite au Ÿ2.2.1.

Nous partons d'une étude réalisée par Hong et al. [32] pour la validation des résultats. Le schéma de la conduite est représenté sur la gure 5.13. Le gaz (de l'air) se trouve initialement dans un réservoir pressurisé dont la pression Pstg et la température Tstg sont connues (l'indicestgfait référence au terme "stagnant"). Ce réservoir est relié à une conduite ouverte sur l'atmosphère (Ps = 1 atm). Cependant, comme il est dicile de simuler le réservoir, seule la conduite est simulée. Cela implique de calculer la pression Pe et la température Te à l'entrée de la conduite, qui sont diérentes de Pstg et Tstg. Le calcul se fait itérativement et il est détaillé dans la section suivante.

5.2.1 Description du calcul itératif

La pression à l'entrée de la conduite est calculée à l'aide de l'équation (5.46). Mais la masse volumique ρe à l'entrée de la conduite n'est pas connue. Nous utilisons donc l'équation (5.45) qui fait apparaître une nouvelle inconnue : la vitesse ue à l'entrée de la

Figure 5.13  Schéma de la conduite pour l'écoulement compressible [32]

conduite. Nous avons donc 2 équations et 3 inconnues. Comme troisième équation, nous utilisons l'expression du débit massique, Eq. (5.47). Mais cette équation comporte le débit massique ˙m qui est inconnu. Nous nous retrouvons maintenant avec 3 équations et 4 in-connues et nous ne disposons pas d'autre équation.

La solution consiste à imposer initialement Te = Tstg et Pe = Pstg dans la simulation. Après une itération avec ANSYS/Fluent, un débit massique ˙m est généré. Nous nous retrouvons donc avec 3 équations et 3 inconnues. Le calcul devient possible mais seulement itérativement. Pour ce faire, nous utilisons une UDF qui fait ce calcul itératif. Comme pour tout calcul itératif, nous devons initialiser une inconnue. Notre choix a porté sur la vitesse uedont la valeur initiale doit être strictement supérieure à 0. Nous avons choisi ue = 1m/s. Le calcul itératif s'eectue selon les étapes suivantes :

1. Comme ue est initialisé (ou recalculé), nous pouvons calculer la pression Pe à l'aide du théorème de Saint-Venant [8] : Pe= Pstg=  1 − u 2 e 2γistg γ/γ−1 (5.45) où i = 1 γ−1 P ρ = γ−1r T3

2. Cette nouvelle pression nous permet de calculer une nouvelle masse volumique ρe à l'aide de l'équation suivante qui décrit les transformations isentropiques :

Pstg ργstg = Pe ργe =⇒ ρe= ρstg  Pe Pstg 1/γ (5.46) 3. Enn, cette masse volumique nous permet de recalculer une nouvelle vitesse ue à

l'aide du débit massique généré : ˙

m = ρeueh =⇒ ue= m˙

ρeh (5.47)

Cette vitesse est réinjectée dans la première étape, ce qui génère une nouvelle pression Pe réinjectée dans la deuxième étape pour calculer une nouvelle masse volumique ρe, réinjectée dans la troisièmes étape pour donner une nouvelle vitesse ue et ainsi de suite jusqu'à la convergence du calcul itératif.

Quand la convergence du calcul itératif est atteinte, l'UDF a calculé la pression Pe et la masse volumique ρe qui permettent de calculer directement la nouvelle température Te

par la loi des gaz parfaits : Te = Pe

e (5.48)

3. Dans [32], cette équation est mal écrite mais surement bien utilisée puisque nous obtenons les mêmes résultats

ANSYS/Fluent eectue sa deuxième itération. À la n de cette itération, un nouveau dé-bit massique est généré, ce qui donne naissance à de nouvelles pression et température à l'entrée de la conduite calculées par l'UDF et ainsi de suite jusqu'à la convergence de la simulation du code.

Il faut noter que les simulations sont très lentes et mettent beaucoup de temps à converger. En eet, l'UDF que nous avons écrite eectue un calcul itératif : la pression et la température à l'entrée sont recalculées à chaque itération, ce qui correspond à deux calculs itératifs emboîtés l'un (celui de l'UDF) dans l'autre (celui de ANSYS/Fluent). Sans UDF, le temps de convergence est vingt fois moindre.

5.2.2 Résultats des simulations numériques

Les simulations ont été eectuées en utilisant les mêmes paramètres que dans Hong et al. [32] qui sont reportés dans le tableau 5.8. Les propriétés thermophysiques sont celles de l'air à Tstg = 300 K et sont supposées indépendantes de la température. La largeur de la conduite est H = 10 µm et sa longueur est L = 2000 µm. La comparaison porte sur quatre simulations : deux valeurs de densité de ux, qp = 103W/m2 et qp = 104W/m2, et deux valeurs de pression stagnante, Pstg= 150 kP aet Pstg = 500 kP a. Notons que, pour un ux de chaleur donné, le nombre de Reynolds, Re = 2 ˙m/µ, ne dépend que de Pstg alors que le nombre de Mach dépend de Pstg mais varie aussi dans la direction de l'écoulement.

r (J/kg.K) γ µ (kg/m.s) Cp (J/kg.K) kf (W/m.K)

287 1,4 1, 862.10−5 1006,43 0,0261

Table 5.8  Propriétés thermophysiques de l'air à 300 K utilisées pour les comparaisons avec Hong et al. [32].

Le nombre de Mach local est calculé par : M a(x) = qum(x)

γPm(x) ρm(x)

(5.49) Les diérences relatives entre les simulations de [32] et les nôtres sur les nombres de

Rey-Pstg qp Re M as

(kP a) (W/m2) Simulation [32] Diérence (%) Simulation [32] Diérence (%)

150 103 17 17 0 0,040 0,040 0

104 10 10 0 0,037 0,036 2,8

500 103 280 287 2,4 0,614 0,631 2,7

104 273 281 2,8 0,614 0,630 2,5

Table 5.9  Nombres de Reynolds et de Mach à la sortie de la conduite pour Pstg = 150 kP aet 500 kP a et pour qp = 103W/m2et qp = 104W/m2(H = 10 µm, L = 2000 µm). nolds et de Mach sont reportées dans le tableau 5.9. Ces diérences sont inférieures à 3%, ce qui nous permet de valider nos résultats.

(a) Pstg= 150 kP a (b) Pstg= 500 kP a

Figure 5.14  Variation longitudinale du nombre de Mach Ma pour : (a) Pstg= 150 kP a, (b) Pstg= 500 kP a(Dh = 20 µm).

La gure 5.14 montre l'évolution du nombre de Mach le long de la conduite en fonction de la coordonnée axiale adimensionnelle dénie conventionnellement par X = x/Dh

P e = Gz−1. Nous constatons qu'à faible pression stagnante (faible nombre de Mach), le ux imposé à la paroi inue non seulement sur la thermique mais aussi sur la dynamique. En eet, les eets de compressibilité étant faibles, il n'y a que le ux de chaleur imposé à la paroi qui agit sur le champ de température, relié à la masse volumique par la loi des gaz parfaits. De ce fait, la dynamique est aussi modiée. Si on augmente le ux de chaleur, la température sera plus importante mais le nombre de Mach, inversement proportionnel à la température, sera plus faible. C'est ce que nous pouvons observer sur la gure 5.14(a).

Figure 5.15  Chute de pression le long de l'axe de la conduite pour Pstg = 500 kP a et qp = 104W/m2 (P e = 196, Dh = 20 µm).

À plus grande pression stagnante (Pstg = 500 kP a), l'inuence du ux de chaleur sur le nombre de Mach devient négligeable (Fig. 5.14(b)). Les eets de compressibilité étant dominants dans ce cas, le uide subit une détente, ce qui entraîne son refroidissement. Nous remarquons que la détente se situe à proximité de la sortie de la conduite. Ceci s'explique

Figure 5.16  Température adimensionnelle de la paroi le long de la conduite pour Pstg= 500 kP a et qp = 104W/m2 (P e = 196, Dh = 20 µm) : T p(0) = 0, 1355, T p,max(0, 472) = 1, 728, T p,s(0, 510) = 1, 271.

à l'aide de la gure 5.15 qui représente la chute de pression le long de la conduite. Nous constatons que la pression varie quasi-linéairement, sauf à la sortie de la conduite où elle chute brutalement. Cette chute de pression se traduit par une détente qui transforme une partie de l'énergie interne en énergie cinétique. De ce fait, le gaz accélère en refroidissant. La gure (5.16) représente l'évolution de la température adimensionnelle le long de la conduite, présentée avec celle reportée dans Hong et al. [32], avec :

T= Tp− Te

qpDh/k (5.50)

Pour les données de la gure 5.16, la température de la paroi (en K) s'obtient en fonction de T par la relation :

Tp(x) = Te+ (qpDh k ) T

= Te+ 7, 663 T avec Te= 297, 15 K (5.51) La gure 5.16 montre que la variation maximale de Tp est Tp,max − Te = 11, 2 K en xmax = DhP eXmax = 1810 µm et que la chute de température due à la détente est Tmax− Ts = 3, 5 K. Ces faibles variations de température justient l'hypothèse de proprié-tés physiques constantes.

5.3 Écoulements compressibles avec glissement dans des conduites