Ces points de vue rappellent l'importance d'une certaine homogénéité sociale des quartiers afin que les groupes sociaux puissent développer leur propre identité. Cependant si l'express[r]
Nous retrouvons bien nos préçédentes analyses qui monûent combien les éleveurs et les propriétaires riverains revendiquent que soient pris en compte leurs savoirs et leurs rai[r]
Les « organisations sociales » sont donc promues comme un outil de gestion et de gouvernance du gouvernement chinois, qui envisage de canaliser les dynamiquessociales dans le cadre de porteurs de projets de gestion et de services sociaux. Dans cette perspective, les dynamiques sur Internet occupent une place importante dans la politique de censure en ligne et dans la gouvernance sociale actuelle. La construction d’un environnement dit « civilisé » en ligne est de plus en plus exigée dans le cadre de la réforme sociale où plusieurs textes du Parti ont souligné que cet encadrement constitue une partie de la gestion sociale. L’ouverture affichée, de manière ostentatoire, par le Parti attire et encourage des microgroupes sociaux et de jeunes ONG illégales à envisager un avenir dans la participation à la gestion sociale et à la coopération avec le gouvernement en s’inspirant de modèles occidentaux déjà globalisés. Cependant la mise en place de cette liberté contrôlée reste en décalage avec l’idée première du gouvernement. La concurrence croissante, avec l’intervention des autorités, des organismes gouvernementaux et paragouvernementaux, des entreprises, des universités sur ce marché émergent, réduisent l’espace des ONG tout en les orientant dans une autre direction. La diversité des organisations souhaitée par le gouvernement n’est centrée que sur la ligne directrice de sa réforme. Cette réforme, qui évite de traiter les problèmes sociaux mais cherche à construire une image bienveillante du gouvernement, rencontre de plus en plus de résistance chez les acteurs, qui, inspirés par les valeurs « universelles » d’intérêt public et la notion de « société civile », sont découragés par le contrôle et le rôle du marché mis en place et renforcés par cette réforme. Sous le slogan de l’édification sociale pour l’égalité et la justice avancé par le Parti 196 , les acteurs ne retrouvent pas ces deux valeurs « universelles » dans la mise en œuvre de la réforme. Ils voient dans leur rôle plutôt un médicament qui calme la douleur mais qui ne guérit pas. Ils se questionnent sur la transformation des rapports entre l’Etat et les ONG suite à la réforme, lesquels ne sont plus des rapports entre « partenaires » (huoban 伙伴 ) avec un statut égalitaire comme la théorie de la « société civile » l’implique et comme le gouvernement l’affirme, mais des rapports de patrons à employés (huoji 伙计 ) 197 , lesquels n’auront plus désormais à redouter seulement la perte de leur autonomie et de
Les normes de genre valables au village continuent à jouer à des degrés variés un rôle sur le lieu d’installation
Malgré la disparité géographique entre les villages de la région de Kayes et les différents lieux d’installation de leurs ressortissant.e.s, les dynamiques au sein des unités domestiques des migrants continuent à être marquées par les logiques valables au village ce qui peut parfois donner lieu à des attitudes ambiguës et contradictoires. Ainsi, l’enquête à Abidjan suggère que les dynamiques familiales au sein des foyers des migrants de la région de Kayes notamment en termes de stratégies matrimoniales (l’endogamie, mariage précoce de jeunes filles), des stratégies éducatives (l’inscription des enfants dans des écoles coraniques) et par l’assignation des femmes à l’unité domestique prennent plutôt comme modèle le mode de vie au village.
Les normes de genre valables au village continuent à jouer à des degrés variés un rôle sur le lieu d’installation
Malgré la disparité géographique entre les villages de la région de Kayes et les différents lieux d’installation de leurs ressortissant.e.s, les dynamiques au sein des unités domestiques des migrants continuent à être marquées par les logiques valables au village ce qui peut parfois donner lieu à des attitudes ambiguës et contradictoires. Ainsi, l’enquête à Abidjan suggère que les dynamiques familiales au sein des foyers des migrants de la région de Kayes notamment en termes de stratégies matrimoniales (l’endogamie, mariage précoce de jeunes filles), des stratégies éducatives (l’inscription des enfants dans des écoles coraniques) et par l’assignation des femmes à l’unité domestique prennent plutôt comme modèle le mode de vie au village.
14 Les savants religieux qui participent à ce frémissement de l’éducation moderne sont sensibilisés au réformisme musulman dont les promoteurs et les ouvrages circulent de part et d’autre de la péninsule, depuis Java ou Le Caire. Implantés dans les cités portuaires ou liés aux sociétés marchandes, ils entrainent des élites politiques locales à s’intéresser à l’éducation, parfois d’autant plus facilement qu’ils comptent en leur sein des personnalités à la généalogie prestigieuse, comme les oulémas hadramis dans le Hedjaz 16 . À Aden, comme le montre Ṣ. al‑Ṣafwānī, ils prennent leur place dans le débat
the survey in Abidjan suggests that family dynamics in migrant households from the Kayes Region tend to take the village lifestyle as their model, especially in terms of ma[r]
Dans le cas de l’eutrophisation côtière, sont d’abord mises en avant les incertitudes épistémiques, le caractère lacunaire des données de flux en ce qui concerne certains pays riverains (la Russie) ou de l’amont de cours d’eau importants (l’Ukraine) empêchant de renseigner de façon satisfaisante les entrées des modèles. En revanche, les documents font largement l’impasse sur les incertitudes fondamentales ou irréductibles, à part dans le cas des marées noires où l’aléa apparaît comme une donnée de sens commun. De façon ponctuelle, en ce qui concerne l’eutrophisation ou la gestion des stocks de poissons, les facteurs d’incertitude liés à la complexité des écosystèmes sont mentionnés dans les documents de travail, mais cette forme d’incertitude est globalement sous-représentée, en particulier en ce qui concerne les dynamiques socio-économiques. Le même constat est réalisé en ce qui concerne la gouvernance des problèmes environnementaux en Mer du Nord (De Jong, 2016). Au final, Udovyk et Gilek soulignent la diversité des outils permettant la prise en compte de l’incertitude, mais un manque de transparence sur son traitement et une prise en charge inégale des différents types d’incertitude dans les processus d’élaboration des objectifs politiques. Une approche sociologique plus critique de l’incertitude en Mer Baltique est proposée par Pihlajamäki et Tynkkynen (2011). Ces auteurs résument ainsi les incertitudes entourant l’eutrophisation autour de cinq thèmes: l’éternel déficit de connaissances concernant les processus écologiques en dépit du fait que la Baltique est l’une des mers les plus étudiées au monde (les dernières recherches à entreprendre concernent les sources de nutriments contenus dans les sédiments en fond de baie et la manière dont ils peuvent alimenter le phénomène d’eutrophisation ; ce qu’ils appellent « l’hétérogénéité des savoirs » ou leur labilité
tandis que sa doctrine est fortement controversée par la communauté musulmane internationale 6 , elle réussit à se faire accepter par les populations grâce à ces aides humanitaires, et par les politiques du pays qui soutiennent ses travaux de développement. Il est, certes, difficile de connaitre l’impact réel de cette popularité sur le taux de conversion des Burkinabè à la Ahmadiyya, mais il est évident que celle-ci est particulièrement appréciée par les populations assistées, et le nombre de ses adeptes semble croitre régulièrement. Pour les convertis, qu’ils viennent du christianisme ou d’autres mouvements de l’islam, il parait important de participer à une entreprise spirituelle tournée vers l’amélioration des conditions de vie : le religieux doit, pour eux, être impliqué dans le social afin d’apporter concrètement un bien être. Tout Ahmadi se considère alors tel un missionnaire, prêt à transformer la société, mais également à porter la « bonne parole » de sa communauté.
tous les blogs mentionnés dans son “blogroll” (le blogroll d’un blog est classique- ment interprété comme ses “favoris” d’un blog, on considère généralement que le blogroll réunit les blogs régulièrement lus par l’auteur du blog). Ces blogs si- tués dans le voisinage de notre blog initial ont ensuite été sélectionnés ou rejetés sur la base de leur activité (leur activité moyenne devait être au moins égale à un billet hebdomadaire) et en fonction des thématiques traitées (nous avons écarté les blogs qui n’étaient pas focalisés sur le commentaire de la vie politique française) ; certaines considérations techniques nous ont également parfois contraint à écarter certains sites mais ce type de cas s’est finalement limité à quelques blogs seule- ment. Cette première couronne, constituée par les blogs politiques actifs situés à un clic du blogroll de notre site initial, est constituée de 23 blogs. Elle a ensuite été complétée par une opération similaire à partir des blogs figurant dans le blogroll de cette première couronne. Au final, notre jeu de données contient un ensemble de 120 blogs notés B. Ces blogs se trouvent tous, au plus, à deux clics du blog de départ (si l’on se limite aux seuls liens de blogroll). Cependant, les liens de blogroll étant orientés, deux blogs de cet ensemble peuvent très bien, par exemple, se trou- ver à une distance 5 l’un de l’autre ; le réseau de blogroll résultant n’est d’ailleurs naturellement pas nécessairement connexe. La phase de sélection est résumée par la représentation du processus de boule de neige figure 2.3, c’est le réseau de blo- groll qui est représenté de façon à ce que l’agencement spatial des nœuds (organi- sation en deux cercles concentriques) corresponde aux deux couronnes construites en s’éloignant à distance 1 puis 2 du blog initial.
A ` l’inverse, au Ghana et au Nigeria, le riz est soumis a` des droits de douane de 35 % et on y constate un afflux de capitaux prive´s vers la filie`re. Ainsi, la socie´te´ singapourienne Olam est partenaire de l’E´tat de Be´noue´ pour la re´habilitation de la rizerie e´tat- ique ; elle est en relation contractu- elle avec 13 000 producteurs et est capable de produire un riz de qualite´ comparable a` celui qui est importe´. Cependant, l’essor de la production locale se heurte a` la revalorisation des taux de change, et aux flux trans- frontaliers provenant de pays appli- quant des droits de douane moins e´leve´s. L’application effective du tarif exte´rieur commun de la Commu- naute´ e´conomique des E´tats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), visant a` re´soudre le proble`me des incohe´rences des politiques douanie`- res des E´tats membres, se heurte a` l’impe´ratif local de re´pondre aux pressions sociales.
Au risque de tomber dans un plaidoyer pro migratoire, les experts cherchent à valoriser les apports démographique, économique et socio‐culturel des migrants latino‐américains aux sociétés d’origine et de destination (cf Canales, in Pizarro, 2011). Leur contribution à l’entendement du phénomène migratoire permit sans aucun doute de passer d’une vision humanitaire et sécuritaire (celle des réfugiés et des demandeurs d’asile) à une vision fondée sur le développement (intégral) et la protection des migrants (vus comme des travailleurs et plus globalement comme des citoyens). Les recherches menées dans le cadre des grandes instances internationales ont ainsi pris le phénomène avec la gravité et la méthode qu’il mérite, contribuant à placer le thème au cœur de la discussion publique. Sur ce point, les chercheurs, peu scrupuleux quant à la neutralité axiologique de leurs propos, s’avèrent très fortement engagés dans la perspective d’une amélioration notable des droits sociaux et politiques des migrants. Trois pays sont particulièrement visés : les Etats‐Unis, l’Espagne et le Mexique (ce dernier comme pays de transit). Ces pays sont par ailleurs les plus importants producteurs de travaux dans le domaine, dévoilant de fait les faibles capacités de recherche des pays centraméricains.
Co-production entre politiquessociales et culturelles en milieu métropolitain
Une deuxième piste de réflexion à explorer vise la qualité de la coopération productive entre les politiquessociales et culturelles dans le milieu métropolitain. L’analyse compara- tive des dynamiques métropolitaines montre que la fragmen- tation des politiques et, en particulier, la compartimentation entre politiquessociales et politiques culturelles constitue un obstacle majeur à la création d’un contexte institutionnel fa- vorable au développement d’une citoyenneté métropolitaine. À cet égard, le cas de Barcelone est tout à fait intéressant. Cette ville, à partir des années 90, a soutenu l’essor d’une grande quantité de quartiers et districts au travers de la connaissance et de la créativité dans le but explicite de sou- tenir la croissance de la new economy, mais les contradic- tions, désormais visibles, de cette formule ont poussé l’ad- ministration à redéfinir l’échelle spatiale de ces mêmes politiques. Moins concentrées qu’auparavant, ces politiques ont aussi valorisé l’expérience de groupes locaux qui utili- saient l’animation artistique en tant que moyen de redéfini- tion des politiquessociales. Mais encore une fois, il ne s’agit pas de considérer le cas de Barcelone comme une best prac- tice : ce cas spécifique est surtout intéressant en raison de ses contradictions et donc des indications que l’on peut en ressortir. Le cas de Barcelone a été largement célébré pour sa capacité à associer des formes de renouvellement urbain et des politiques culturelles susceptibles de faire face à de nombreux problèmes sociaux. Le modèle de gouvernance des politiques culturelles a cependant beaucoup changé ces dernières années : le résultat est une forme “double” de gou- vernance, dans laquelle les modalités participatives et inclu- sives de gouvernance des politiques culturelles et sociales se réduisent dans le centre de la ville pour s’amplifier dans la région métropolitaine dans son ensemble.
En outre, au sein des classes, des dynamiquessociales spécifiques sont à l’œuvre, qui creusent les écarts. Selon la compo sition sociale du public, l’instruction délivrée varie en quantité et en qualité, parce que les enseignants modulent les pratiques pédagogiques en fonction du niveau supposé des élèves. Avec un public favorisé, la culture et les normes de conduite des élèves étant plus proches des attentes de l’institution, les enseignants peuvent avoir un niveau d’exigence plus élevé et mieux couvrir les programmes. A l’inverse, avec un public populaire, l’exposition aux apprentissages est moins intense, la couverture des programmes moins complète, et les tâches de maintien de l’ordre empiètent sur le temps disponible pour les activités d’enseignement (Van Zanten, 2001). Les enseignants y ont de plus tendance à sous- estimer le niveau de compétences des enfants. De manière générale, sur ces deux paramètres fondamentaux de l’efficacité que sont la gestion des contenus et du temps d’une part, les attentes d’autre part, les pratiques prévalant en milieu populaire sont plus souvent moins favorables.
Les contributions non program m ées
Il se trouve que Brian Hayden, de l'Université Simon Fraser à Burnaby (Canada), a effe ctu é un séjour à la MAE. Il a a b o rd é de fa ço n très originale les problèmes propres à ce tte catégorie des sociétés, au cours d'une com m unication intitulée : Les moyens d'a cquérir du pouvoir dans les sociétés transégalitaires (sociétés intermédiaires entre les sociétés dites égalitaires de chasseurs simples e t les chefferies stratifiées). Il a d 'a b o rd passé en revue les approches majeures utilisées en archéologie pour expliquer la concentration d e pouvoir politique et économ ique sur certains individus e t familles, pour souligner que les inégalités socioécon om iques caractérisent les sociétés de chasseurs-collecteurs complexes qui vivent aussi exclusivement dans des régions aux ressources très riches, tandis que les sociétés de chasseurs-collecteurs simples (généralistes) ne montrent pas d'inégalités marquées et sont associées aux ressources les plus pauvres et les plus exposées à la surexploitation. En conséquence, les théories politiques et de contrôle des ressources semblent être les meilleures pour expliquer la concentration du pouvoir politique et socio-économ ique. Notre collè g u e canadien a ensuite présenté ses recherches sur les moyens utilisés par les personnalités ambitieuses. Ses recherches montrent que plusieurs stratégies sont utilisées, et que les plus ambitieux peuvent utiliser plusieurs stratégies au choix, selon les circonstances. Certaines, com m e les festins et les objets de prestige, sont extrêm em ent répandues. Il constate aussi des tendances à sélectionner certaines stratégies selon le niveau de productivité des ressources et la complexité des communautés.
Le sel fu t historiquement l'une des ressources les plus contrôlées par le pouvoir politique. Il est ainsi em blém atique des bénéfices politiques permis par son contrôle. Olivier Weller a m ontré que l'exploitation de c e tte denrée vitale a fa it l'o b je t d e contrôles à des niveaux variés, p e n d a n t le Néolithique européen : un niveau très local, vraisem blablem ent insignifiant socialement, lorsque l'exploitation dem eurait occasionnelle, ou bien un niveau indirect, dans le c a d re d 'u n pouvoir territorial plus large, en cas d'e xploitation régulière. Il est intéressant d e noter que le contrôle s'effe ctue moins sur le gisement lui-même que sur la circulation du produit. Il a fallu, semble-t-il, a tte n d re la fin de l'â g e du Fer pour que cela change. En oufre, le contrôle en question a pu être exercé par des sociétés à faible niveau d'intégration, c'est-à-dire où le pouvoir pouvait être relativem ent diffus e t acépha le. D'autres variables é taient par conséquent impliquées dans les dynamiquessociales ; c e q u e notre program m e d e réunions a précisém ent pour ob je ctif de passer en revue.
Le projet réaffirme donc la volonté de maintenir un style d'équipe de chercheurs « engagés dans la transformation du réel », soit par « leur dimension d'experts », soit « par leur participation à l'élaboration des politiques publiques ».
L’unité a su transformer profondément ses axes et intégrer une équipe d'économistes tout en le faisant autour de son patrimoine et de ses marqueurs identitaires propres, dans lesquels ses nouveaux membres se reconnaissent manifestement. La comparaison entre le document déposé il y a quelques mois et la présentation du projet, lors de la journée de visite du comité d’experts, a montré que ce projet est une matière vivante et en évolution, mais aussi que cette évolution se fait dans la dynamique que l'organisation des axes dessinait.
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sens a évolué en fonction des époques et des conjonctures. Il n’est pas réservé aux populations les plus pauvres et toutes les zones pauvres ne sont pas des ghettos (Wacquant : 2005). Ce que les auteurs perçoivent à travers la « ghettoïsation » est plus un processus qui passe par les individus et par les pratiques et peut ou non faire communauté. Après avoir discuté cette thèse défendue par Kokoreff, un trait transversal reliant les deux modèles (modèle des grandes banlieues françaises d’une part et celui des anciens quartiers ouvriers en Belgique en situation de déclin, d’autre part) m’est toutefois apparu. Au bout du compte, l’un et l’autre pays nous livrent une vision assez discontinue de l’espace et du rapport à l’espace. Un espace perçu avant tout comme étant - je cite - un « réseau à géométrie variable », constitué de « poches de pauvreté », offrant une grande diversité des quartiers, le tout, s’appuyant dans l’écriture de Kokoreff et de Lapeyronnie, sur un recours fréquent au pluriel tandis que le singulier était par contre de mise pour décrire l’Institution (surtout quand il s’agissait de l’Ecole). La perception et la représentation de l’espace se déclinent sur le mode de la fragmentation, le territoire apparaissant comme une « peau de léopard » qui serait constituée de « poches de pauvreté discontinues et d’espaces plus dynamiques et attractifs » (2013 : 61). Et cette discontinuité se traduirait au niveau des espaces locaux par des écarts sociaux, des tensions, des violences, des inégalités. Comme le notent Bresson et ses collègues (Bresson, Colomb, Gaspar, 2015), « territorialisation veut dire à la fois, proximité et inégalité des territoires aux sens de ressources offertes, d’accès aux droits » (2015 : 241).
« Trous » et discontinuité spatiale
J’avais été invité en mai 2014 au XIV e congrès de l’Association Internationale des Criminologues
de Langue Française à débattre avec Michel Kokoreff et à discuter avec lui de son ouvrage Refaire la cité, publié aux éditions du Seuil avec Didier Lapeyronnie (2013). M’appuyant sur mes travaux effectués dans le cadre du Master plan social de la Ville de Seraing ainsi qu’avec la Fondation Roi Baudouin 6 , j’insistais sur les différences entre la France et la Belgique. Si on ne peut parler en Belgique d’espace comparable aux banlieues à la française, nous sommes toutefois également traversés par des phénomènes liés à ce que les auteurs placent dans le concept de « ghettoïsation ». La clôture des quartiers, l’isolement, la rupture, la perte de la sémantique des classes sociales, l’insécurité, la crainte, le racisme, la xénophobie, les petits trafics, les vols, la pauvreté, font également partie du quotidien des quartiers défavorisés. Contrairement à ce qu’avancent les auteurs, le ghetto, comme on l’entend très souvent au sens historique, ne dessine pas en soi les limites d’un territoire confiné ou d’une enclave urbaine qui ferait communauté. Le concept est plus large et son sens a évolué en fonction des époques et des conjonctures. Il n’est pas réservé aux populations les plus pauvres et toutes les zones pauvres ne sont pas des ghettos (Wacquant, 2005). Ce que les auteurs perçoivent à travers la « ghettoïsation » est plus un processus qui passe par les individus et par les pratiques et peut ou non faire communauté. Après avoir discuté cette thèse défendue par Kokoreff, un trait transversal reliant les deux modèles (modèle des grandes banlieues françaises d’une part et celui des anciens quartiers ouvriers en Belgique en situation de déclin, d’autre part) m’est toutefois apparu. Au bout du compte, l’un et l’autre pays nous livrent une vision assez discontinue de l’espace et du rapport à l’espace. Un espace perçu avant tout comme étant - je cite - un « réseau à géométrie variable », constitué de « poches de pauvreté », offrant une grande diversité des quartiers, le tout, s’appuyant dans l’écriture de Kokoreff et de Lapeyronnie, sur un recours fréquent au pluriel tandis que le singulier était par contre de mise pour décrire l’Institution (surtout quand il s’agissait de l’Ecole). La perception et la représentation de l’espace se déclinent sur le mode de la fragmentation, le territoire apparaissant comme une « peau de léopard » qui serait constituée de « poches de pauvreté discontinues et d’espaces plus dynamiques et attractifs » (2013 :
DU CONTRÔLE DES MOYENS AU PILOTAGE STRATEGIQUE DES POLITIQUESSOCIALES
Les politiquessociales éprouvées par le NPM
Pour Bouquin (1996), le pilotage est un système permettant de prendre des décisions. Pour cela, il peut s’appuyer sur le cadre de l’évaluation (Gibert, 2010 ; Bouckaert et Halligan, 2007) qui analyse la mise en œuvre de l’action publique en mettant en relation les objectifs fixés, les moyens mis en œuvre, les résultats obtenus et les impacts (Fouquet, 2010). Du point de vue de l’outil qui nous intéresse, l’ABS est porteuse d’une logique évaluative pour deux raisons principales. D’une part, la loi déclare que « l’action sociale générale doit être basée sur ce rapport » (décret n°2016-824), ce qui signifie que c’est un outil de pilotage dont la finalité ultime réside dans la transformation des comportements et des actions. D’autre part, elle pousse le CCAS/CIAS à regarder son environnement pour être en mesure d’analyser l’écart entre les besoins des usagers et l’offre de service. En théorie seulement. En effet, les CCAS/CIAS n’échappent pas à la règle : le contexte financier contraint dépeint en introduction pousse ces collectivités territoriales à limiter leur pilotage au seul suivi budgétaire. Un changement de paradigme dans la gestion de ces institutions, et plus largement des organisations publiques, semble nécessaire et inévitable.