Ethnologie francaise, XLVII, 2017, 4
Femmes musulmanes dans un quartierpopulaire 685
sur les femmes, à la fois très actives et peu visibles, est un enjeu de pouvoir dans et hors du quartier. L’es‑ pace public étant préférentiellement occupé par des hommes, souvent jeunes, on voit peu les femmes dans les rues, sauf à des occasions précises (entrée et sortie des écoles, déplacement vers la mosquée, jours de marché, etc.). Ici, la notion d’intersectionnalité [Dorlin, 2012] rend bien compte du fait qu’un rapport de domination n’est pas exclusif d’un autre. L’exemple fondateur du black feminism montre comment on peut être dominée, d’une part, comme femme et, d’autre part, comme noire – chacun des modes de domination présentant des caractéristiques propres et des conflits spécifiques –, et surtout que les deux axes se poten‑ tialisent et s’organisent dans une expérience singu‑ lière de femme noire. Notre choix de privilégier les femmes et les trois entrées ethnographiques que sont la consultation, l’alimentation et l’éducation s’appuie sur la volonté d’adopter un regard le plus éloigné pos‑ sible de la logique de ghetto, constitué habituellement autour d’une population (les adolescents et les jeunes hommes) et d’un type de pratique : la délinquance [Avenel, 2016].
L’ÉTAT DES SAVOIRS
Pour saisir comment se construit et se structure 8 la relation naissante entre les familles et l’école d’un quartierpopulaire genevois, il nous faut d’abord réaliser l’état des lieux des recherches engagées dans ce domaine. Si le principe du partenariat représente aujourd’hui le mode de coopération dominant que l’institution scolaire a « fabriqué » pour chercher à réguler les rapports des familles de milieux populaires à l’école (Périer, 2005, p. 15), il n’en a pas toujours été ainsi. Nous allons dans un premier temps retracer la sociogenèse des liens spécifiques entre les familles et l’école, en portant notre attention sur la prise en charge institutionnelle de l’éducation du jeune enfant au début du processus de scolarisation (cf. point 1.1). La trame historique s’avère centrale pour contextualiser les problèmes et les enjeux qui traversent l’institution scolaire. En cela, nous suivons la pensée d’Emile Durkheim qui soulignait déjà, dans Education et sociologie publié au milieu du siècle dernier, l’indissociation des systèmes éducatifs de leurs causes historiques et sociales ([1922] 1993). Dans un second temps, nous présenterons les travaux et les approches les plus significatifs qui cherchent à définir le concept de « partenariat » (cf. point 1.2). Enfin, nous aborderons dans un troisième temps des études qui traitent l’histoire récente des relations familles-école et qui analysent de façon précise les logiques contemporaines des familles de milieux populaires à l’égard de l’école (cf. point 1.3). Nous verrons que les « interactions famille/école » (Terrail, 1997, p. 67) constituent une problématique fortement investie par les chercheurs en Europe et en Amérique du Nord depuis près d’un demi-siècle. Paradoxalement, peu de travaux scientifiques documentent
Rhizome, Bulletin national santé mentale et précarité, n° 29, décembre 2007
Le voisinage et ses troubles
Au cours d’une enquête menée en 2007 dans un quartierpopulaire d’une grande ville, nous avons été amenées à observer comment la fonction de médiation y est mise en oeuvre à de multiples niveaux. A côté d’organismes qui ont une mission explicite de médiation, nous avons rencontré d’autres instances qui incluent également une fonction (affichée ou pas) de médiation, telles que les réunions de quartier mises en place par la mairie, de multiples associations locales (particulièrement nombreuses dans ce
Des difficultés de communication entre le médecin et son patient étaient relevées dans les milieux défavorisés du fait d’une distance sociale et d’une information insuffisante délivrée aux patients. Ils n’osaient pas questionner le médecin ou ne formulaient pas les questions adéquates (18). Ils se sentaient fréquemment victimes de stigmatisation et d’humiliations au sein des administrations et des services sociaux. Ce ressenti contribuait à leur mise à l’écart des institutions et du système de soins (17). Ces mêmes difficultés ont été rapportées par les patients interrogés. Les soins et les soignants étaient perçus de façon ambivalente : relation de confiance mais obligation de suivre la prescription, soins contraignants mais permettant une amélioration des symptômes. Le dispositif IMPACT trouvait alors tout son intérêt, il proposait une approche qui différait du soin traditionnel par la mise en réseau des professionnels du secteur, associant des soins conventionnels et non conventionnels. Il était implanté au sein du quartier dans le but de diminuer le risque de rupture de soins. La prise en charge n’était pas perçue comme du soin par les patients. De ce fait, ils y adhéraient et renouaient avec le soin. Par ailleurs, ils retrouvaient un rôle social, ce qui pourrait contribuer à l'amélioration de leur santé. En effet, des travaux à l'IRDES ont montré l’effet propre de la participation sociale sur l’état de santé (19).
Enfances populaires et spirale socio-spatiale de l’ouverture/fermeture
53 Les analyses précédentes mettent en lien des éléments techniques, sécuritaires, spatiaux
et relationnels. Il convient de souligner que chaque dimension est en lien avec les autres au sein d’une dynamique systémique, qui finalement n’évolue que lentement. Le dispositif d’apprentissage du vélo permet de relativiser le niveau à vélo. Il n’augmente guère le sentiment de sécurité, ne modifie pas les modes de perception et d’utilisation des espaces publics et ne transforme pas les configurations familiales, basées sur des limitations contraignantes. Tout ce système pénalise davantage les filles que les garçons. La division par sexe est interdépendante des configurations familiales. Elle est à mettre en lien avec les statuts d’enfants et de parents, de frères et de sœurs. Elle doit donc être finement analysée en dépassant la simple hiérarchie entre les hommes et les femmes. La place de la mère, voire des sœurs, est primordiale et leur position renforce souvent un ordre de genre populaire. Dans ce cadre, les filles peuvent subir, dans certains cas, une véritable spirale de fermeture articulant faible aisance technique, sentiment d’insécurité, assignation dans le quartier et dépendance familiale. Et le dispositif d’apprentissage du vélo semble conforter cette logique délétère. Au contraire, pour les garçons, dans une dynamique vertueuse, les animations cyclistes encadrées développent une spirale vertueuse d’ouverture, renforçant le sentiment d’aisance technique et celui de sécurité, associés à une pratique du vélo hors du quartier.
Pour cela, nous avons cherché à mettre au jour l’impact de la transition politique dans les rapports des usagers dans et avec l’espace public. Dans cet article, nous proposons une lecture sensible d’un quartierpopulaire de Tunis, Cité Ettadhamen, l’un des premiers quartiers à s’être soulevé contre le régime de Ben Ali en janvier 2011.
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des valeurs du pays d’origine cependant empreint de nouveautés. Cette inclination au métissage est interprétée comme une des étapes nécessaires d’une assimilation aléatoire mais cependant inéluctable. Park et Burgess 516 déclinent un cycle d’assimilation en quatre étapes. La compétition est l’étape qui permet l’accès aux ressources pour les migrants, elle précède celle de conflit qui représente une phase de prise de conscience de la compétition. Cette étape passe par l’identification à un groupe et à sa culture minoritaire par opposition à d’autres et vise l’acquisition ou le maintien d’un statut social. Elle représente donc une phase de socialisation importante des migrants, notamment politique. La mise en opposition d’intérêts divergents lors du conflit aboutit à un changement dans les rapports de domination et débouche sur des ajustements divers – consensus, régulation politique, nouvelles normes, etc. – qui traduisent une phase d’accommodation. L’assimilation correspond au processus d’ajustement ultime – partage de la langue, de l’histoire du pays. etc. – et suppose un temps nécessairement long – trois générations pour eux. Pour autant cette phase ultime ne peut avoir comme présupposé la suppression de la mémoire des migrants. Elle ne peut donc être contrainte. Cette analyse du processus, envisagé uniquement comme collectif, a le mérite de lire l’assimilation comme le résultat d’un mouvement qui engage les deux parties – société de départ, société d’accueil – et plusieurs générations. Louis Wirth 517 , au travers de sa monographie du quartier Juif de Chicago, ou Charles Johnson 518 , dans son étude de la communauté noire de la même ville, mettent en lumière les déterminants sociaux et familiaux à la base des conditions de réussite ou d’échec scolaire, en somme les raisons endogènes de l’inclusion ou de l’exclusion
Aussi en nous appuyant sur la définition d’Erving Goffman nous avons sou- tenu une observation empirique au plus près du terrain où les manifestations de racismes étaient capturées (avec une caméra) in situ là où elles explosaient. Le quartier d’Arba Wa Nus était, en raison de sa marginalité, le centre d’expérimen- tation de l’irruption des agressions sociales dans l’espace public. C’est au moyen d’une caméra que nous avons capturé ces gestes meurtriers dans le contexte de la vie ordinaire. La rue a été appréhendée comme espace d’accoutumance par excellence et lieu de la répétition de l’agression. L’originalité de l’approche de E. Goffman se rapporte à l’importance donnée aux répétitions ordinaires comme cadre fondamental des rapports sociaux (Goffman, 1975 : 12). Cette routine des mises en contact mixtes entre Égyptiens et Soudanais permet de faire émerger l’identité sociale des stigmatisés dans des moments anodins de pure quotidien- neté. La rue, comme expression de cet habitus, a été le théâtre de ces observations quotidiennes. Les espaces publics ont été ainsi sélectionnés en fonction de leur « centralité » de la densité de leur fréquentation comme lieu d’agrégation com- munautaire. La caméra a donc été plantée au cœur de ces lieux essentiels dans le quartier d’Arba Wa Nus. L’objectif de la caméra balayait le terrain de rencontres le plus densément fréquenté, « l’agora » élue par les Sud Soudanais comme point de rassemblement. Trois sites se sont imposés de manière mesurable et arithmétique comme croisement des mobilités. Ces lieux sont matérialisés par les bâtiments occupés par les centres religieux : l’église soudanaise, la mosquée et l’église copte égyptienne. Les trois institutions se trouvent sur l’axe central d’Arba Wa Nus ; une ligne qui traverse le quartier de haut en bas.
L’atelier cuisine est donc un lieu de formation qui stimule les soignés dans la poursuite des apprentissages au domicile, par les questionnements qu’il induit : « C’était peut-être ce[r]
Cette gentrification exerce des pressions sur les populations déjà en place (Bélanger, 2010). Le réaménagement récent du secteur de Griffintown a modifié l’équilibre social, mais, nous l’espérons, sonnera l’alarme sur l’importance de la mixité sociale et de l’initiative communautaire. Dans ce cas précis, le mouvement est initié par des acteurs économiques privés dont l’objectif est de marchandiser un territoire. En effet, pour des raisons à la fois historiques et économiques liées au développement et à la planification du territoire, le secteur de Griffintown est depuis quelques années le théâtre d’une transformation en profondeur. Dans Griffintown : son histoire et son cadre bâti, David Hanna (2007) souligne certains éléments symbolisant ce qu’était le quartier. Il parle, entre autres, des églises qui, construites entre la moitié du XIXe siècle et la moitié du XXe siècle, étaient les symboles des communautés irlandaises catholiques, francophones catholiques et anglophones protestantes. Il mentionne dans son ouvrage que ces lieux qui ont marqué l’histoire du quartier furent presque tous démolis. Dans le passé, l’arrondissement a pris des décisions qui, aujourd’hui, nous sembleraient non-éthiques. Hanna (2007) écrit que « les résidents pauvres de Griffintown ne comptent tout simplement pas aux yeux de la Ville » (Hanna, 2007 : 26). Les autorités municipales ont préféré la fonction industrielle en votant en faveur d’un changement de zonage en 1963. Suite à cette décision, la population de Griffintown est « en chute libre. De 1 600 personnes en 1966, on en passe à 800 en 1971 et la chute continue » (Ibid. : 27). Toutefois, les efforts mis en place pour revitaliser le secteur semblent bien fonctionner. La population de Griffintown est passée en2001 de 1 118 à 6 446 habitants en 2011 (Boulanger, 2015) 23 , c’est-à-dire une augmentation de 477 % en 10 ans (Poitras, 2017 : 120). Cette augmentation de la population est due aux nombreuses constructions, sur le bord du canal, de tous offrant de l’habitation en copropriété.
alentours accolés à la ville et desservis par les transports en commun lyonnais : Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Bron, Saint-Priest, Vénissieux, Oullins, la Mulatière, Sainte-Foy[r]
très défavorisés et structuré par une centralité populaire et immigrée dont la portée dépasse largement l’échelon local, cet espace constitue l’un des derniers quartiers populaires de Paris. Il figure d’ailleurs à ce titre en bonne place parmi les quartiers bien identifiés par les Parisiens.
Néanmoins, le quartier tel qu’il s’individualise au sein de l’espace parisien ne correspond pas aux limites historiques ou administratives de Belleville et regroupe en fait le Bas-Belleville et le faubourg du Temple. Comme tout l’Est parisien, Belleville est travaillé depuis plusieurs décennies par de profonds changements à la fois sociaux et urbains, qui ont contribué au déplacement du noyau de ce quartierpopulaire vers le bas des pentes. La rénovation engagée dans les années 1960 a en partie déstructuré le tissu faubourien et amorcé d’importantes mutations dans la composition sociale de la population résidante. Le processus de gentrification a poursuivi ce mouvement, en transformant dans un premier temps les hauteurs de Belleville. Ainsi, des portions entières de l’ancien Belleville, situées dans les 19 e et 20 e arrondissements, ont aujourd’hui un profil très différent de celui du quartier
73 CONCLUSION
Depuis la création du PQDS, en 2003, un ambitieux projet de quartier culturel se déploie au centre-ville de Montréal : le QDS. Celui-ci s’inscrit dans la stratégie globale de positionnement de la ville comme Métropole culturelle et forme un amalgame d’objectifs multiples. Il vise notamment à revitaliser un secteur qui était hautement dégradé et, de surcroît, à en faire une destination touristique unique. Il fournira de plus les infrastructures nécessaires au déploiement de grands évènements extérieurs et intérieurs, tout en favorisant la concentration d’organismes oeuvrant dans le milieu culturel. Enfin, il a aussi pour objectif d’assurer l’animation du quartier à longueur d’année et la cohabitation harmonieuse des multiples fonctions présentes sur son territoire : résidentielle, commerciale et culturelle. En plus de se positionner comme un pôle majeur de diffusion culturelle, la vision du QDS le présente comme un foyer important de création. Nous constatons ainsi que les arguments justifiant l’implantation du QDS sont conformes à la logique sous-jacente au déploiement des quartiers culturels de manière générale. À partir du début des années 1990, ces projets urbains se sont multipliés à l’échelle mondiale et sont devenus monnaie courante pour les administrations municipales. Si le terme quartier culturel est imprécis en lui-même et désigne des pratiques diverses, son omniprésence témoigne toutefois de l’approche de plus en plus territorialisée des politiques culturelles. Alors qu’ils poursuivent généralement des objectifs de nature économique, touristique et sociale, les quartiers culturels soulèvent de nombreux enjeux quant à l’instrumentalisation de la culture. Tel que le relèvent Bellavance et Latouche « selon que l’on se place dans la perspective des promoteurs, des décideurs, des sociologues ou des défenseurs des arts, le regard porté sur eux varie énormément. » (2008 : 234) Il est de plus à noter qu’une voix brille généralement par son absence, celle des artistes et créateurs, dont la position à l’égard de ces stratégies a été peu explorée (Bellavance et Latouche, 2008; Evans, 2009; Mommaas, 2004).
Or, aujourd'hui, dans nombre de communautés, on observe une décomposition du tissu social. Les dispositifs traditionnels de socialisation que sont la famille, le réseau de voisinage, l'école, la paroisse et le quartier sont ou ont été en crise. On constate aussi que l'enjeu de l'exclusion s'est déplacé des groupes ayant un handicap (physique, intellectuel ou comportemental) vers le monde du travail et sa crise. Le chômage massif n'est plus un simple problème socio-économique, il est devenu un problème politique (Perret, 1995: 63-70). L'égalité ne passe pas que par la consommation de services, elle passe d'abord par l'emploi, et donc par la place que l'on occupe ou non dans le système de production. La question de l'insertion n'a pas trait uniquement aux conditions socioéconomiques (au sens de niveau de revenu), le travail étant un vecteur d'aménagement social et culturel du temps et de l'espace (il produit et accompagne un mode de vie). Le travail conditionne aussi la vie dans le champ politique, il est une condition, certes non suffisante mais indispensable, de citoyenneté active, de participation sociale dans une démocratie. L'ampleur du chômage d'une société met sa démocratie à l'épreuve. Ce qui revient à dire qu'on ne travaille pas que pour gagner sa vie (pour disposer d'un revenu). Le travail a une valeur autre tout aussi significative, celle d'un engagement qui confère une reconnaissance.
par ses habitants ». L’approche est nettement phénoménologique et psychologique : « ce quartier vécu, espace connu, approprié, intime, tient son unité de l’égocentrisme de chacun » [Metton, 1969]. Ces quartiers-territoires diffèrent donc d’un individu à l’autre. Ils échapperaient, plus ou moins selon les auteurs, à l’influence de facteurs sociaux, économiques ou culturels. Dans le dialogue qui s’instaure entre l’individu et le quartier ou plus exactement, entre le sujet et la ville, les facteurs sociaux ne créeraient que quelques perturbations, dans la mesure où ils limitent les déplacements de l’individu. Mais d’autres assimilent la perception de l’espace urbain à la production des images de la ville : « en fonction de son savoir, de son imagination, de sa mémoire, de son expérience personnelle, chacun a sa propre image, sa mental map de la ville […] l’espace perçu diffère de l’espace réel en ce qu’il est, grâce à un stock d’informations apprises, une construction de l’esprit en réponse à des questions, à une attente. » [Vant, 1981]. Les perceptions dépendent alors très fortement des caractéristiques démographiques, de la position dans un groupe social et de la situation géographique de chacun dans la ville [Bertrand, 1978b]. On trouve donc sur le rôle des facteurs sociodémographiques dans la constitution du quartier, les approches les plus diverses et parfois contradictoires. Mais tous soulignent l’importance de la relation subjective, personnelle, qui forge le rapport spatial et réduit souvent la dimension collective du quartier (parce que les pratiques de l’espace s’individualiseraient de plus en plus) à une stricte médiation entre le citadin et la ville.
Visions d’insécurité
Lorsqu’une bataille éclate, le Jakartanais qui se trouve non loin de là en prend conscience par un embouteillage encore plus long que d’habitude, un flot de voiture peu nourri de l’autre côté, des autobus ayant fait demi- tour. A cela s’ajoute la rumeur qui se propage et les signes d’inquiétude croissante des conducteurs. A mesure qu’on se rapproche, une nouvelle forme d’animation se développe : ce sont des jeunes du quartier qui profitent de cette “ aubaine ” non seulement pour informer les automobilistes de ce qui se passe mais également pour les aider à faire demi-tour et donc obtenir une rémunération, pendant que la bataille se déroule une centaine de mètres plus loin. Le lendemain, quand les combats ont été livrés sur de grands axes, les journaux titrent sur les embouteillages résultant de ces heurts, alimentant ainsi la peur de tels phénomènes.
mouvance “éveil et loisirs scientifiques” se mélange assez peu avec le GLACS, elle va agir en complémentarité, fertilisant des réseaux de jeunesse et d’éducation populaire extrascolaire ou périscolaire avec de nouvelles pratiques de découverte voire d’investigation scientifique. » (Las Vergnas, 2012, p. 16.) La dynamique ainsi créée nourrit un rapprochement entre diverses logiques de découverte des sciences par la pratique adossée à une affirmation de la culture comme devant avoir une dimension scientifique. Ainsi, diffuser une culture et des savoirs scientifiques en s'appuyant sur des pédagogies et des principes d'échanges nourris des expériences d'éducation populaire alimente à partir des années 1980 un maillage territorial d'activités tournées vers les jeunes. Cela produit des pratiques variées basées sur le rapport entre science, technique et culture. Comme le souligne Olivier Las Vergnas (2012, p. 18), les acteurs définissent progressivement un sens à leur action mais la dynamique d'ensemble est plus difficile à délimiter tant la dimension territoriale a son importance. Il en résulte une diffusion de pratiques qui s'ancrent dans une culture scientifique et technique dont la définition alterne entre la culture de l'individu et la culture de la société 14 . « Le double qualificatif “scientifique et technique” est aussi source de problèmes : malgré les efforts du courant de “culture technique” pour revendiquer une place autonome pour la part technique de la culture, cet amalgame est compris comme signifiant que la science n’est autre que de la technoscience, non séparable de la dimension technologique, voire industrielle. Il en résulte de fait une confiscation de la “culture technique” et un déni de la spécificité des “pratiques techniques” au sens traditionnel du terme, comme si elles n’étaient qu’indignes d’intégrer la CST distinguée. A contrario, à partir du moment où il y a modélisation, induction, déduction, observation, métrologie, certaines pratiques techniques de nos concitoyens, celles qui consistent à observer, modéliser, tirer des conclusions, ne pourraient-elles pas être considérées comme des pratiques culturelles scientifiques, justement profanes ou d’amateurs ? Vis-à-vis de cette question, beaucoup d’acteurs ont une conception restrictive du signifié CST comme une alphabétisation scientifique descendante plutôt que comme la valorisation des dimensions scientifiques et techniques de la culture vécue par chacun. » (Las Vergnas, 2012, p.20)
happenings cagiens, qui définissent l’œuvre musicale comme un ici et maintenant.
2.2. Musique contemporaine et musique “ extra-européenne ”
On pourrait donc estimer que la musique “ savante ” se voudra pure de toute contamination commerciale et donc, étant donné la situation extrême, de toute trace de musique “ populaire ”. Les choses ne sont pourtant pas si simples. Car, dans les années 1950- 70, l’élan avant-gardiste de la musique contemporaine l’empêche de vivre son isolement comme un retrait. Le besoin permanent de renouveler sa pensée, ses techniques, la poussera vers la recherche d’un “ autre ”. Puisqu’il ne peut être question de musique “ populaire ” au sens de la musique américaine ou européenne qui tend vers le commercial, ce sera un “ autre ” géographique : on assistera à une réelle, quoique faible en termes quantitatifs, ouverture vers les musiques d’autres pays. Les emprunts et références ne viseront pas un exotisme, mais un renouvellement structural ou sonore. Aussi, ressurgit ici, en un sens, la problématique
effet avec la loi de 1971 sur la formation professionnelle (dont l’initiateur, J. Delors, est d’ailleurs lui-même issu de la JOC). Prenant le relais d’une loi précédente qui avait promu le congé pour l’éducation populaire, cette loi ouvre la possibilité de congés ouvriers pour la formation professionnelle, dans une optique d’éducation permanente qui lie droit à l’éducation des adultes et formation professionnelle organisée par les employeurs. C&L s’en empare pour renforcer son secteur de formation, s’adressant aux syndicalistes ou aux animateurs de structures associatives en leur proposant des modules de formation construits dans l’optique de l’éducation populaire.
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possession par les djinns constitue le phénomène majeur. Le trouble mental de nature convulsive reste vécu par l’individu et par le groupe comme un état de possession par les djinns. En effet il existe deux conceptions du djinn dans la croyance populaire : une conception traditionnelle, ayant existé dans la société préislamique et une conception islamique. Ainsi, les djinns, dans la conception populaire, se divisent en croyants "moumnines" et mécréants, "kofar", un monde invisible qui nous entoure, peuplé d’hommes et de femmes vivant comme nous. La famille perturbée par l’état de son malade, consulte un taleb capable d’éloigner le djinn du malade (14) . Le taleb doit lire des