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Jérémie  BASTIEN   THÈSE

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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UNIVERSITÉ  DE  REIMS  CHAMPAGNE-­‐ARDENNE  

ÉCOLE  DOCTORALE  SCIENCES  DE  L’HOMME  ET  DE  LA  SOCIETE  (555)  

THÈSE  

Pour  obtenir  le  grade  de    

DOCTEUR  DE  L’UNIVERSITÉ  DE  REIMS  CHAMPAGNE-­‐ARDENNE   Discipline  :  SCIENCES  ECONOMIQUES  

 

Présentée  et  soutenue  publiquement  par  

Jérémie  BASTIEN

 

Le  5  décembre  2017  

Le  football  professionnel  européen  dans  un  système  capitaliste  financiarisé  en  crise  :   une  approche  régulationniste  des  facteurs  de  changement  institutionnel

 

Thèse  dirigée  par  Jean-­‐Jacques  GOUGUET  et  Gilles  RASSELET    

JURY  

M.  Wladimir  ANDREFF,   Professeur  émérite,   Université  Paris  1  Panthéon-­‐Sorbonne,   Président  

Jean-­‐Jacques  GOUGUET,   Professeur  émérite,   Université  de  Limoges,   Co-­‐Directeur  de  thèse   M.  Christophe  DURAND,   Professeur,     Université  de  Caen  Normandie,   Rapporteur  

M.  Thomas  LAMARCHE,   Professeur,   Université  Paris  Diderot-­‐Paris  7,   Rapporteur  

Mme  Sandrine  MICHEL,   Professeure,   Université  de  Montpellier,   Examinatrice  

     

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UNIVERSITÉ  DE  REIMS  CHAMPAGNE-­‐ARDENNE  

ÉCOLE  DOCTORALE  SCIENCES  DE  L’HOMME  ET  DE  LA  SOCIETE  (555)  

THÈSE  

Pour  obtenir  le  grade  de    

DOCTEUR  DE  L’UNIVERSITÉ  DE  REIMS  CHAMPAGNE-­‐ARDENNE   Discipline  :  SCIENCES  ECONOMIQUES  

 

Présentée  et  soutenue  publiquement  par  

Jérémie  BASTIEN

 

Le  5  décembre  2017  

Le  football  professionnel  européen  dans  un  système  capitaliste  financiarisé  en  crise  :   une  approche  régulationniste  des  facteurs  de  changement  institutionnel

 

Thèse  dirigée  par  Jean-­‐Jacques  GOUGUET  et  Gilles  RASSELET    

JURY  

M.  Wladimir  ANDREFF,   Professeur  émérite,   Université  Paris  1  Panthéon-­‐Sorbonne,   Président  

M.  Jean-­‐Jacques  GOUGUET,   Professeur  émérite,   Université  de  Limoges,   Co-­‐Directeur  de  thèse   M.  Christophe  DURAND,   Professeur,     Université  de  Caen  Normandie,   Rapporteur  

M.  Thomas  LAMARCHE,   Professeur,   Université  Paris  Diderot-­‐Paris  7,   Rapporteur  

Mme  Sandrine  MICHEL,   Professeure,   Université  de  Montpellier,   Examinatrice  

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Remerciements

   

Si elle représente incontestablement un aboutissement personnel, il n’en demeure pas moins que la thèse est un projet qui engage de nombreuses personnes dont le soutien est indispensable à sa réalisation.

Je remercie tout d’abord mes directeurs de thèse, Jean-Jacques Gouguet et Gilles Rasselet, de m’avoir accompagné durant ce projet de recherche. Sans leurs conseils avisés, leur soutien et leurs encouragements, cette thèse n’aurait sans aucun doute jamais vu le jour. Au-delà des échanges hautement stimulants que nous avons eu à propos de mes travaux, je les remercie également pour nos nombreuses discussions qui dépassaient parfois le cadre de l’économie et de l’économie du sport et qui m’ont beaucoup apportées.

Je remercie ensuite Christophe Durand et Thomas Lamarche d’avoir accepté d’être rapporteurs de cette thèse ainsi que Sandrine Michel et Wladimir Andreff d’avoir accepté d’être examinateurs. Leurs travaux ont éveillé ma curiosité d’étudiant puis mon intérêt de chercheur, ce pourquoi c’est un honneur de les compter dans mon jury de thèse et de pouvoir discuter avec chacun d’entre eux de mes recherches.

Mes remerciements vont ensuite aux membres du séminaire Dynamique Économique du Sport ainsi qu’aux membres du séminaire Régulation, Secteurs et Territoires. Par ma participation à ces deux séminaires, j’ai bénéficié de retours et de critiques constructives qui m’ont permis de faire progresser mes travaux. Par ailleurs, la qualité générale des échanges et des discussions qui y ont lieu ainsi que les relations professionnelles que j’ai nouées grâce à ces deux séminaires ont été déterminantes dans mon parcours doctoral. J’en profite pour remercier, à ce stade, mes collègues de l’Université Paris 7, d’une part, ainsi que mes collègues du Centre de Droit et d’Économie du Sport de Limoges, d’autre part, qui m’ont toujours accueilli dans les meilleures conditions et avec lesquels les échanges ont toujours été enrichissants. Je les remercie également pour leur aide.

Je remercie par ailleurs mes collègues du département GEA de l’IUT de Reims, et plus particulièrement Michèle Michalski et Jean-Francis Ory qui m’ont mis dans les meilleures dispositions pour que j’exerce ma fonction d’ATER durant deux années. Je remercie également la directrice administrative de l’École doctorale, Nathalie Le Barc’h, pour son efficacité et sa gentillesse.

Un projet doctoral implique également une vie de laboratoire intense. Je remercie tout d’abord les directeurs successifs du laboratoire Regards, Christian Barrère et Martino Nieddu, pour avoir mis à ma disposition d’excellentes conditions de travail ainsi que pour leurs conseils et leurs mots d’encouragements. Mes remerciements s’adressent ensuite à tous les membres du laboratoire avec qui j’ai pris plaisir à travailler et à échanger sur mes travaux ou sur les leurs (et sur des sujets un peu moins sérieux !). Je pense notamment à Amina, Audrey, Estelle, Nadia, Samia, Sophie, César, Chris, Fabien, Franck-Dominique, Ivan le BG, Jean-Paul,

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Maxime dit « le Professeur », Nico, Philippe et Quentin. Merci également à Françoise (mon rayon de soleil du labo !) et à Gaëlle pour leur gentillesse et pour avoir toujours répondu au mieux et avec rapidité à mes demandes administratives. Je remercie plus particulièrement Florence, Cyril, Jean-Seb et Romain, dans la mesure où leur présence au laboratoire a été fondamentale dans ma construction de chercheur, et qu’ils sont aujourd’hui plus que de simples collègues. Enfin, je ne peux conclure ces remerciements rémois sans évoquer mes trois « partenaires » de thèse, tant nos relations liées pendant ce doctorat renforcent son caractère inoubliable. Amandine, Clémence, Elsa, merci d’avoir toujours été là, dans les bons moments comme dans les moins bons. Je termine en remerciant tous ceux qui, parmi les membres du laboratoire, ont consacré du temps à la relecture de ma thèse ou ont joué un rôle de soutien actif lors des semaines qui ont précédé sa finalisation.

Mes remerciements se dirigent ensuite vers ceux qui, même s’ils ne l’imaginent pas, ont été fondamentaux dans ce projet doctoral. Je fais ici référence à ceux que je considère comme étant bien plus que de simples amis et qui m’ont toujours manifesté leur soutien et leur intérêt.

Je remercie plus particulièrement Aurel, Ben et Fab, mais je n’oublie pas Bichel, Flo, Kiki, Kuku, Manu, Raph, Tom et Tony. Et merci à vous tous de m’avoir changé les idées en parlant de... sport, et plus particulièrement de foot ! Enfin, merci à KJ.

Je ne pourrais par ailleurs jamais assez remercier l’ensemble des membres de ma famille pour leur patience, pour leur confiance et pour leur soutien indéfectible. Je remercie plus particulièrement ma première lectrice, ma grand-mère. Merci également à ma marraine et à Loulou d’avoir suivi de près l’évolution de mon travail. J’ai une pensée particulière pour Manao, et je remercie également Louis et Yoann pour un soutien dont ils ne mesurent pas l’importance. Merci à Mary pour son expertise sur la crise des subprimes. Merci à Brigitte, Daniel et Niko pour leur compréhension. J’ai aussi une pensée émue pour ceux qui m’ont quitté trop tôt et auxquels j’aurais aimé présenter ce travail.

Je ne saurais trop remercier mes parents à bien des égards. Merci d’avoir toujours cru en moi.

Votre soutien sans faille a été fondamental dans mon parcours doctoral. Je vous remercie par ailleurs de m’avoir permis de faire des études supérieures et de m’y avoir encouragé.

Enfin, même si quelques mots ne sauraient suffire, je tiens à remercier celle qui a été la pièce maîtresse de ce parcours doctoral et de l’accomplissement de cette thèse. Laura, merci pour ton soutien quotidien et merci pour tout.

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Résumé

L’idée que le football professionnel en Europe est en crise fait très largement consensus parmi les économistes. Dans notre thèse, nous montrons que ce diagnostic suppose de négliger un certain nombre d’éléments constitutifs de l’inscription du football dans le monde économique. C’est pourquoi, nous défendons que, loin d’être en crise, le football professionnel européen est, depuis les années 1980, dans une phase de très forte croissance. Pour ce faire, nous adoptons une démarche mésoéconomique régulationniste et procédons à une analyse systémique et multi- niveaux du football professionnel européen. Nous aboutissons ainsi à la caractérisation d’un

« régime économique de fonctionnement » que nous qualifions de « financiarisé » compte tenu de l’instrumentalisation du football par des intérêts financiarisés et de leur influence sur les stratégies des acteurs traditionnels du football. Cette financiarisation du football engendre une forte instabilité de son régime puisque l’activité des clubs implique du déficit et du surendettement. En effet, l’incitation à la performance sportive (ligue ouverte), le fort pouvoir de négociation des joueurs (hold-up) et la souplesse de l’environnement réglementaire du football conduisent les clubs à des niveaux de dépenses élevés. Au contraire des « petits » clubs, cette situation n’est pas problématique pour les « grands » clubs, puisqu’ils sont soutenus par des agents à forte capacité de financement et tirent des revenus élevés de leur participation aux compétitions supranationales.

Dans ce contexte, le régime est donc durable : sous l’effet de l’instabilité, les acteurs nouent de nouveaux compromis qui modifient les « dispositifs institutionnels » existants et rendent ainsi pérenne la logique de croissance en vigueur. Il y a donc régulation (au sens de la théorie de la régulation) du football. Il reste toutefois que ces modalités de régulation conduisent à accroître les inégalités entre les clubs et que cela pourrait, à terme, amener à une crise économique majeure du football professionnel européen.

Mots-clés : football, crise, régulation, financiarisation, mésoéconomie, problème du hold-up European professional football and the crisis of the financialised capitalism: a study of institutional change from the French Régulation theory

Abstract

Economists argue that the European professional football is in crisis. This thesis discusses this postulate by testing the relationship between the changes in football and the transformations of modern capitalism. Our methodology is based on a meso-level analysis from the French

“Régulation theory” which provides a systemic and multilevel analysis. The thesis thus emphasizes how the progressive integration of financialised interests in football has an influence on the strategies of football traditional stakeholders. It actually shows that the financialisation process of the European professional football leads to growth since the 1980s. However, this growth is rather unstable because losses and indebtedness are part of clubs activity. The incentive for sports performance (open league), the players’ strong bargaining power (hold-up) and the flexibility of the regulatory environment are the main determinants of the clubs’ high spendings.

Contrary to the “small” clubs, this situation is not a constraint for the “big” clubs thanks to the financial contributions they obtain from their owners, from their funding partners and from their participation to supranational competitions. In this environment and despite instability, the growth regime remains nevertheless sustainable. The stakeholders create new compromises to reduce imbalances: these compromises are the roots for new institutional arrangements that finally support the growth logic which is in place. There is therefore a “régulation” in European professional football, that is to say a process that contributes to the reproduction of the sector.

However, this process paradoxically increases inequalities and may encourage the conditions for a major economic crisis.

Keywords: football, crisis, regulation, financialisation, meso-level, hold-up problem

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Sommaire

 

Remerciements ... 3

Résumé ... 5

Sommaire ... 7

Introduction générale ... 11

1. Des logiques de fonctionnement du capitalisme « financiarisé » à la financiarisation du football professionnel européen ... 13

2. Le football professionnel en Europe : une activité économique illustrative de l’accroissement des inégalités ... 19

3. De la financiarisation du football professionnel européen à sa crise ? ... 25

4. Hypothèse, problématisation et démarche analytique ... 29

5. Matériaux ... 33

6. Plan d’exposition ... 34

Partie 1 - Le système productivo-financier du football professionnel en Europe : éléments de cadrage régulationnistes ... 43

Introduction de la première partie ... 45

Chapitre 1 - Le régime économique de fonctionnement du football professionnel européen ... 49

1. Théorie de la régulation et Régulation sectorielle et territoriale : affirmation ou réaffirmation de la pertinence de l’analyse mésoéconomique ? ... 52

2. Le football professionnel européen : un champ d’analyse mésoéconomique ... 102

Chapitre 2 - Du nouveau régime d’accumulation aux mutations du régime économique de fonctionnement du football professionnel en Europe ... 139

1. La pénétration d’acteurs financiarisés dans le football professionnel européen ... 145

2. L’adaptation des acteurs traditionnels du football à la financiarisation ... 181

Conclusion de la première partie ... 225

Partie 2 - Du régime économique de fonctionnement financiarisé du football professionnel européen à sa crise ... 231

Introduction de la deuxième partie ... 233

Chapitre 3 - Structure de financement des clubs et relation salariale : les déterminants endogènes de la crise du football professionnel en Europe ... 237

1. De la généralisation à la révision de la structure de financement MMMMG ... 244

2. De la spécificité de la relation salariale à une nouvelle approche de l’inflation du coût des joueurs : Hold-up en football ... 281

3. La crise financière du football professionnel en Europe ... 317

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Chapitre 4 - Des conséquences des crises du capitalisme financiarisé : les déterminants

exogènes de la crise du football professionnel en Europe ... 333

1. L’impact direct des crises économiques et financières sur les clubs ou l’impact via les marchés ... 337

2. L’impact indirect des crises économiques et financières sur les clubs ou l’impact via les acteurs ... 347

3. Quelle investigation empirique du double impact des crises ? Proposition d’une analyse quantitative ... 366

Conclusion de la deuxième partie ... 385

Partie 3 - La crise comme produit du processus de régulation : de la reproduction du football professionnel européen à la mutation de sa configuration institutionnelle ... 389

Introduction de la troisième partie ... 391

Chapitre 5 - Le football professionnel en Europe : un régime « instable » ... 395

1. Un processus de déréglementation renforcé ... 398

2. Fonction-objectif des clubs et formes de la concurrence ... 434

3. Des déséquilibres financiers structurels ... 455

Chapitre 6 - Régulation d’un espace méso et crise de la régulation : vers une nouvelle configuration institutionnelle du football professionnel européen ? ... 465

1. Au-delà du processus de déréglementation du football professionnel en Europe : une régulation multi-niveaux ... 468

2. Des effets d’un conflit majeur et durable sur la régulation du football professionnel européen : les tentatives de création d’une Superleague ... 502

Conclusion de la troisième partie ... 545

Conclusion générale ... 551

1. Le football professionnel européen : un instrument du capital ... 552

2. Le football professionnel européen : un espace régulé par les grands clubs ... 556

3. De l’intérêt d’une approche mésoéconomique régulationniste du football professionnel européen ... 559

Bibliographie ... 561

Table des matières ... 591

Liste des encadrés ... 596

Liste des tableaux ... 597

Liste des figures ... 598

Liste des graphiques ... 599

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Introduction générale

« Securitisation involves the capitalisation of future anticipated streams of ticket or other commercial revenue. Bonds are issued, giving the purchasers a prior claim on the designated revenue stream for interest and capital repayments. The assets against which the bonds are secured remain in the ownership of the originating company (the football club). Newcastle United was the first English club to raise finance using this method, in December 1999. £55 million was raised by means of securitisation of the club’s gate and hospitality income over the next seventeen years » (Dobson &

Goddard, 2011, p. 190-191).

Dans la poursuite de leur stratégie de financement, plusieurs clubs professionnels de football en Europe ont progressivement adopté à partir des années 1990 des pratiques de titrisation telles qu’elles sont définies dans la citation ci-dessus au travers de l’exemple de Newcastle United. L’intérêt de ce type d’opérations pour les clubs est qu’elles leur permettent de disposer immédiatement de liquidités élevées afin de faire face à leurs frais de fonctionnement et à leurs dépenses d’investissement. La pratique s’est principalement répandue en Angleterre. Entre 1999 et 2002, huit clubs anglais ont eu recours à la titrisation pour un montant total de 342 millions de livres (Gerrard, 2006). L’opération ayant contribué à la levée de fonds la plus importante a été menée par Tottenham en novembre 2002. Le club a mobilisé 55 millions de livres à partir d’une anticipation sur vingt ans de ses revenus issus de la billetterie. Parmi les huit clubs qui ont utilisé cette méthode de financement en Angleterre, tous ont adossé les obligations émises sur les marchés financiers à l’évolution de leurs recettes de billetterie, à l’exception de Leicester City qui a levé 28 millions de livres en août 2001 en garantissant ses titres sur la croissance anticipée de ses revenus sur vingt-cinq ans. En 2006, le club d’Arsenal a eu recours à une opération de titrisation d’une ampleur inédite dans le but de refinancer les dettes qu’il avait contractées dans le cadre de la construction de son nouveau stade, l’Emirates Stadium. Le club a ainsi émis sur les marchés financiers une obligation dont la valeur nominale s’est élevée à 260 millions de livres, obligation qui a été garantie par l’évolution de l’ensemble des revenus du club londonien sur les vingt-cinq prochaines années (Burns, 2007). Si elles ont connu un essor particulier outre-Manche (Buraimo & al., 2006), les pratiques de titrisation ne s’y sont pas confinées. Plusieurs grands clubs situés dans les autres ligues nationales majeures en Europe y ont eu recours. À ce titre, l’édition de février

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2008 du rapport Football Money League1 stipulait : « Securitisation of revenue streams – be they season tickets, corporate, or commercial revenues (such as naming rights) – has become more common »2. À titre d’exemple, en 2003, le club allemand de Schalke 04 a collecté plus de 80 millions d’euros par le biais d’une émission obligataire dont la valeur était garantie sur les recettes de billetterie des vingt-trois prochaines années (Dietl & Franck, 2007). Les premiers clubs qui ont utilisé des opérations de titrisation dans le football sont des clubs italiens – la Lazio de Rome en 1997 et la Fiorentina en 1999 – et espagnol – le Real Madrid en 1998. Dans ce dernier cas, les titres émis sur les marchés financiers ont été adossés aux flux des revenus de sponsoring du club madrilène (Andreff, 2012a).

Ces pratiques de titrisation adoptées par les clubs professionnels dans le football européen ne sont pas sans rappeler celles qui ont été développées par les banques étasuniennes à partir des années 1990, et dont l’objectif était principalement de transformer en titres les crédits immobiliers accordés aux ménages afin de les vendre sur les marchés. Les prêts consentis aux ménages les moins solvables, aussi appelés crédits subprimes, ont été particulièrement concernés (de Larosière, 2008). Seule la nature des créances qui sont support de l’opération de titrisation diffère : il s’agit d’une titrisation de créances futures dans le cas du football et d’une titrisation de créances hypothécaires dans le cas des subprimes. Dans l’économie globale, si les mécanismes explicatifs des opérations de titrisation et si l’ampleur de ces pratiques ont véritablement été révélés à la fin des années 2000 en raison de leur implication dans la crise financière mondiale, leur usage n’en demeure pas pour autant nouveau. En effet, la titrisation est une innovation financière qui est apparue au carrefour des décennies 1960 et 1970 aux Etats-Unis et dans les pays anglo-saxons, avant de se généraliser à l’ensemble des économies développées au début des années 1980 (de Boissieu, 2000). Son développement coïncide avec les mutations du système économique mondial (Ducos, 1989) sous l’influence du triple mouvement de déréglementation, de désintermédiation, et de décloisonnement du système financier, appelé les « 3D » (Bourguinat, 1999). C’est donc la globalisation financière qui a marqué l’essor des opérations de titrisation. D’abord utilisée par les entreprises financières avec les crédits hypothécaires, les crédits à la consommation, ou encore les prêts aux entreprises comme support, la titrisation va ensuite devenir un outil mobilisé par les entreprises non financières à partir de leurs créances futures ou encore de                                                                                                                

1 Le rapport Football Money League est publié chaque année par le cabinet d’audit et de conseil Deloitte &

Touch. Ce rapport fournit une étude détaillée de la structure financière des vingt clubs qui dégagent le chiffre d’affaires le plus élevé en Europe.

2 Deloitte – Sports Business Group. Football Money League. Gate receipts. The eleventh edition of the Deloitte Football Money League. February 2008, p. 37.

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leurs stocks de marchandises (de Boissieu, 2000). En élargissant progressivement ses supports et les acteurs en étant à l’origine ou prenant part au mécanisme (le rôle des assurances y a par exemple été grandissant), la titrisation est devenue un instrument privilégié des stratégies des acteurs d’une nouvelle forme de capitalisme, le « capitalisme financiarisé » (Plihon, 2013).

Ce parallèle entre les pratiques de titrisation adoptées par les clubs de football d’une part, et plus globalement par les acteurs du capitalisme « financiarisé » d’autre part, nous amène à nous interroger sur le mouvement de financiarisation du football professionnel européen. À ce titre, nous identifions différentes pratiques et techniques utilisées par les clubs qui appuient l’idée de sa financiarisation tant elles reflètent les modalités de fonctionnement du capitalisme « financiarisé » (1). Si ce processus de financiarisation du football professionnel européen a eu pour conséquence immédiate d’accroître son dynamisme en tant qu’activité économique, il est aussi à l’origine d’inégalités qui s’inscrivent plus largement dans celles observées au niveau macroéconomique et au niveau macrosectoriel (2). Dans ce contexte, la question de la crise du football professionnel en Europe s’impose d’elle-même étant donné que l’accroissement des inégalités dans le capitalisme « financiarisé » a été un élément déterminant ayant conduit à sa crise (3). Cette interrogation étant posée, nous présentons notre question de recherche ainsi que l’hypothèse que nous formulons, tout en spécifiant notre démarche analytique (4). Nous présentons ensuite les matériaux (5) et exposons enfin le plan de la thèse (6).

1. Des logiques de fonctionnement du capitalisme « financiarisé » à la financiarisation du football professionnel européen

Comme l’illustrent les opérations de titrisation, le processus de financiarisation des économies ne se traduit pas uniquement par l’essor du secteur financier. Il correspond plus largement à l’intégration par l’ensemble des acteurs des logiques et des outils issus de la finance, ce qui les conduit de surcroît à réviser leurs objectifs stratégiques. Dans un premier temps, nous mettons ce processus en perspective des transformations contemporaines du capitalisme, en soulignant plus précisément que la financiarisation des économies s’est principalement accompagnée de la financiarisation des stratégies des entreprises non- financières et des ménages (1.1). Si elle est peu abordée, en tout cas de manière explicite, dans la littérature existante en économie du sport, nous soulignons dans un second temps que cette question de la financiarisation mérite toutefois d’être posée dans le cas du football

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professionnel en Europe compte tenu des stratégies financiarisées qui y sont adoptées par les principaux acteurs, à commencer par les clubs (1.2).

1.1. La financiarisation généralisée des stratégies des acteurs économiques Étant donné le rôle central de la finance de marché dans le processus d’accumulation du capital (Boyer, 2009) qui caractérise le « nouveau capitalisme » (Plihon, 2016) – qui a succédé au « capitalisme industriel » à la fin des années 1960 après la crise du régime

« fordiste » (Boyer, 2004) – l’usage du terme « capitalisme financier » est courant pour y faire référence (Aglietta & Reberioux, 2004 ; Batsch, 2002). En effet, le secteur finance- banques-assurances s’est particulièrement développé après la libéralisation financière de la fin des années 1970 (Philippon & Reshef, 2013), son dynamisme n’ayant cessé de croître sous l’influence des innovations financières. Toutefois, nous préférons à cette appellation l’emploi du qualificatif « financiarisé » pour le caractériser. Cette nouvelle forme de capitalisme se distingue en effet par l’intégration progressive de logiques caractéristiques de la finance dans les stratégies des acteurs non financiers, à commencer par celles des entreprises non- financières et des ménages. Autrement dit, le développement de l’activité des entreprises financières ne peut être appréhendé sans y confronter les nouvelles pratiques de ces deux autres secteurs institutionnels (Godechot, 2015). Dans cette perspective, on peut caractériser le capitalisme financiarisé par deux points principaux.

En premier lieu, le développement du capitalisme financiarisé s’est accompagné de la financiarisation des stratégies des entreprises non-financières (Orléan, 1999). Ce mouvement est apparu à partir des années 1970 lorsque la réaffirmation du pouvoir des actionnaires au sein du gouvernement d’entreprise a conduit à l’évolution de l’orientation stratégique des firmes. Face à des objectifs de rentabilité des investissements largement revus à la hausse (norme de 15 % de rémunération des fonds propres), les dirigeants d’entreprise (PDG et cadres exécutifs) ont été incités à maximiser la valeur actionnariale en échange de hautes rémunérations, ce pourquoi l’emploi de l’expression « capitalisme actionnarial » (Hoang- Ngoc & Tinel, 2005 ; Plihon, 2016) est également fréquent pour caractériser cette nouvelle forme de capitalisme. Dans cette perspective, les dirigeants d’entreprise doivent favoriser le versement de dividendes élevés aux actionnaires d’une part, et contribuer à l’augmentation du cours de l’action de l’entreprise d’autre part. Les logiques de rentabilité de court terme se substituent donc aux investissements productifs de long terme (Palpacuer & al., 2006). Les décisions de production sont orientées par les anticipations sur la richesse future, et donc par

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l’évolution du marché des valeurs mobilières, et non plus par les anticipations relatives à l’évolution de la demande comme dans le régime fordiste (Boyer, 2009)3. En résulte une précarisation du travail, la rémunération des salariés étant affectée par les nouveaux taux de rendement imposés par les actionnaires, et celle-ci devenant plus sensible aux résultats financiers des entreprises. Cela a abouti à l’éclatement du rapport salarial qui préexistait dans le régime fordiste (Boyer, 2001) et à l’accroissement des inégalités qu’il implique : aux emplois stables qui sont basés soit sur une activité ou un savoir-faire particulier (relation professionnelle), soit sur des compétences transversales essentielles à la compétitivité d’une entreprise (stabilité polyvalente), s’ajoute une forte flexibilité du travail (flexibilité de marché) et donc de nombreux emplois précaires. En outre, la financiarisation des stratégies des firmes se caractérise par le fait que les actionnaires privilégient le recours à l’endettement comme moyen de financement des entreprises. L’objectif est d’engager le moins de capitaux propres possible et de faire jouer un effet de levier. Plus globalement, les nouveaux objectifs de rentabilité des actionnaires se traduisent par une implication croissante des entreprises dans les opérations financières (Krippner, 2005), leurs démarches spéculatives allant jusqu’à les inciter dans certains cas à adopter des pratiques illicites (Aglietta & Reberioux, 2004 ; Andreff, 2013).

En second lieu, le développement de ce nouveau capitalisme s’est accompagné de la financiarisation des stratégies des ménages (Godechot, 2015). En effet, compte tenu du développement des fonds de pension d’une part, et en réaction à l’épuisement du modèle de l’État-providence dans plusieurs pays d’autre part (développement du système de retraite par capitalisation notamment), l’épargne des ménages a de plus en plus été investie dans des titres financiers. Le patrimoine financier des ménages s’est alors accru. Sous l’effet du développement du marché financier, et plus particulièrement sous l’influence du développement du marché des valeurs mobilières, ces ménages ont bénéficié d’effets de richesse positifs. Par conséquent, bien que le ralentissement de la croissance et la flexibilisation de la relation salariale aient affecté leur pouvoir d’achat (fin du compromis fordiste), les ménages ont été en mesure de maintenir un niveau de dépenses compatible avec leur niveau de vie (Streeck, 2014). D’autant plus que l’élévation du patrimoine financier des ménages leur a permis de recourir plus facilement à l’endettement, son accès ayant toutefois été progressivement élargi aux ménages les plus modestes grâce aux mécanismes portés par                                                                                                                

3 Il s’agit d’identifier de nouvelles sources de profit face à l’épuisement de la norme de production du modèle fordiste (fort ralentissement des gains de productivité).

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les innovations financières (dont la titrisation principalement). Ainsi, la progression de l’endettement des ménages explique en partie le maintien de leur niveau de consommation.

Toutefois, la financiarisation des stratégies des ménages est génératrice d’un accroissement des inégalités. En effet, les ménages riches profitent de placements beaucoup plus rémunérateurs tout en disposant d’emprunts bancaires qui leur coûtent moins chers que ceux obtenus par les ménages modestes (Godechot, 2015)4.

1.2. La financiarisation des stratégies des acteurs du football

Dans cet environnement macroéconomique changeant, et au-delà de l’étude spécifique du secteur finance-banques-assurances (Godechot, 2012 ; Philippon & Reshef, 2013 ; Rajan

& Zingales, 2001a), de nombreux travaux se sont appliquées à évaluer les effets de la financiarisation dans certaines industries – e.g. l’industrie culturelle (Pradié, 2005) et l’industrie pharmaceutique (Montalban, 2007) – et dans certains secteurs – e.g. le secteur agroalimentaire (Burch & Lawrence, 2013 ; Palpacuer & al., 2006) et le secteur aéronautique (Lagasse, 2010). Dans le sport en général et dans le football professionnel plus particulièrement, ces problématiques de financiarisation ne constituent pas un objet de recherche à part entière. Seuls Patrice Bouvet et Christophe Lepetit (2015) identifient une pratique comptable spécifique des clubs comme étant un élément de la financiarisation du football : le passage des contrats de joueurs à l’actif de leur bilan (Gerrard, 2006). Autrement dit, les joueurs sont considérés comme des immobilisations incorporelles qui viennent accroître les actifs non-courants des clubs. En outre, bien que l’auteur ne traite pas directement des questions relatives à la financiarisation des stratégies d’acteurs, Wladimir Andreff (2007a) assimile les pratiques des acteurs du sport – l’auteur se focalisant essentiellement sur le football – à celles plus largement adoptées dans l’économie globale en réalisant un parallèle entre les dérives observables dans le football et les dérives du capitalisme financiarisé : opacité comptable et financière, manipulation comptable, transferts occultes, etc. En plus de cette comparaison, l’intérêt de cette étude est qu’elle ne rend pas uniquement compte des stratégies des clubs. W. Andreff met aussi en avant l’implication des joueurs dans les dérives financières, notamment par le biais des phénomènes de corruption.

Nous soulignons par ailleurs que ce travail a été précédé par d’autres dans lesquels sont identifiés les facteurs ayant contribué à la progression des dérives dans le football (Andreff, 1999 ; Andreff & Staudohar, 2000). Un versant de la financiarisation du football y est                                                                                                                

4 Nous revenons sur les éléments caractéristiques du capitalisme financiarisé, et notamment sur la financiarisation des stratégies des acteurs le composant, dans l’introduction du chapitre 2.

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implicitement mis en évidence lorsque sont évoqués ses problématiques de financement. Sur ce point, Éric Barget et Jean-François Brocard (2015) notent que les nouvelles modalités de financement des clubs peuvent les soumettre aux aléas conjoncturels. Les auteurs réalisent en ce sens un parallèle similaire au précédent en étudiant les effets des crises du capitalisme financiarisé sur le football professionnel en Europe, principalement axé sur quatre pays (Angleterre, Espagne, France et Grèce).

De nombreuses autres études, encore plus distantes des questions relatives à la financiarisation, s’appliquent néanmoins à rendre compte des évolutions récentes du football professionnel en Europe et dégagent en cela un faisceau d’éléments appuyant l’idée de sa financiarisation, plus précisément au regard des stratégies des clubs. Les économistes du sport soulignent plus particulièrement le caractère spéculatif des pratiques adoptées par les clubs sur le marché des transferts5 (Bourg & Gouguet, 2007 ; Bouvet & Lepetit, 2015 ; Gouguet &

Primault, 2004a ; Poli, 2007). En effet, un joueur n’est pas uniquement recruté pour sa valeur

« d’usage » (Brocard, 2010), i.e. sa valeur sportive, mais aussi pour sa valeur de « non- usage » (ibid.), i.e. sa capacité à attirer les financeurs (e.g. sponsors, télévisions, ménages) et donc à « faire vendre » (Bolotny, 2004). De même, la nature spéculative d’une opération de transfert est encore plus expressément mise en avant lorsqu’un club recrute un joueur sous- évalué pour le revendre à un prix supérieur à celui du montant de l’acquisition (Drut, 2011)6. Les arrangements entre les clubs autour des opérations de prêt de joueur sont également mis en évidence (Gerrard, 2006). Face à un besoin de liquidités immédiat, un club peut être amené à vendre un de ses joueurs pour le réintégrer instantanément dans son effectif sous forme de prêt (Player Sale-and-Leaseback Arrangements)7. Dans un but similaire d’obtention de                                                                                                                

5 La relation d’emploi dans le football professionnel est spécifique (Schotté, 2016) : lorsqu’un club souhaite acquérir un joueur déjà engagé par contrat dans un autre club, il doit verser une compensation financière (appelée « indemnité de transfert ») à ce dernier. Au contraire, un joueur sans contrat peut rejoindre un club sans que celui-ci n’ait à verser une indemnité. Cette question est approfondie dans le chapitre 3 (section 2).

6 Par exemple, le club de l’AS Monaco a réalisé une plus-value s’élevant à plus 110 millions d’euros durant l’été 2017 (transfermarkt.fr) avec les seules ventes de Benjamin Mendy (acheté 13 millions d’euros en 2016 et revendu 57,5 millions d’euros en 2017), de Bernardo Silva (acheté 15,75 millions d’euros en 2015 et revendu 50 millions d’euros en 2017) et de Tiémoué Bakayoko (acheté 8 millions d’euros en 2014 et revendu 40 millions d’euros en 2017). Par ailleurs, nous verrons dans le chapitre 3 (sous-section 2.3) que les clubs cherchent à peser sur la valeur de revente d’un joueur afin que l’indemnité de transfert couvre les pertes subies par le club dans le cadre d’une situation de « hold-up ».

7 À titre d’exemple, le club de l’ES Troyes Aube Champagne a vendu Corentin Jean à l’AS Monaco le 1er juillet 2015 en échange d’une indemnité de transfert de 4 millions d’euros. Le 02 juillet 2015, le joueur était prêté par l’AS Monaco à l’ESTAC (transfermarkt.fr). Nous ajoutons que les prêts sont également utilisés dans le cadre d’un autre type d’arrangements entre les clubs. Ils peuvent effectivement être mobilisés afin de différer dans le temps le paiement de l’indemnité de transfert d’un joueur. Le récent prêt avec option d’achat fixée à 180 millions d’euros de Kylian Mbappé au Paris Saint-Germain (en provenance de l’AS Monaco) en est une

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ressources financières supplémentaires, certains clubs européens ont eu recours ces dernières années à la third party ownership (TPO). Concrètement, cette pratique permet à un investisseur (appelé tierce partie) d’obtenir une partie des droits économiques d’un joueur en versant au club dans lequel il évolue une somme correspondant à la valeur des droits acquis sur le joueur (Brocard, 2015). Les droits de propriété d’un joueur sont ainsi divisés entre le club et la tierce partie. Cette pratique permet au club concerné d’obtenir des liquidités supplémentaires. La tierce partie anticipe quant à elle que la revente future du joueur à un autre club lui permettra de réaliser une plus-value lorsqu’elle obtiendra une partie de l’indemnité de transfert en proportion des droits acquis sur le joueur. Par conséquent, la TPO rend compte de l’accélération de la logique de mutation des joueurs en actifs financiers qui s’est ouverte avec le développement des pratiques visant à convertir les contrats de joueurs en immobilisations incorporelles. Par ailleurs, puisqu’il s’agit d’une forme relativement simple de titrisation, cette technique confirme la vague de transposition au football professionnel de ce type d’opérations et plus largement des mécanismes financiers. En considérant les joueurs comme des produits financiers qui, au-delà d’être échangés sur un marché, peuvent être morcelés et simultanément détenus par plusieurs investisseurs, la TPO constitue un élément explicite de la financiarisation du football. Enfin, au-delà des stratégies qu’ils poursuivent sur le marché des transferts et des opérations de titrisation (cf. supra), une méthode de financement adoptée par certains clubs européens depuis les années 1980 confirme le mouvement de financiarisation du football. Il s’agit du recours au financement direct par émission d’actions et introduction du titre en bourse (Aglietta & al., 2008 ; Gerrard, 2006).

Au regard de ces éléments, force est de constater que le processus de financiarisation du football professionnel européen s’apprécie principalement au travers des mutations des stratégies des clubs. Ces dernières ont néanmoins eu des conséquences sur la relation d’emploi, qui soutiennent in fine l’intégration du football professionnel européen au processus plus global de financiarisation des économies.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         

illustration. Si nous ne traitons pas directement du cas de ces joueurs, nous revenons en détail sur les mécanismes des prêts et sur leurs implications dans le chapitre 5 (sous-section 1.2.3).

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2. Le football professionnel en Europe : une activité économique illustrative de l’accroissement des inégalités

Comme le mettent en évidence les pratiques et les mécanismes évoqués dans la section précédente, la financiarisation des stratégies des clubs professionnels de football en Europe s’est en partie traduite par une intensification de leur activité sur le marché des transferts. La progression générale des indemnités de transfert et des rémunérations salariales qui en a découlé cache néanmoins des déséquilibres concurrentiels (2.1) et sociaux (2.2), le football professionnel européen subissant les effets de la financiarisation tout en participant plus largement au développement du processus.

2.1. Le marché des transferts : un marché alimenté par les « grands » clubs

Compte tenu des nouvelles stratégies adoptées par les clubs, la financiarisation du football professionnel en Europe s’est accompagnée d’une mutation de leur structure de financement voire plus largement d’une mutation de leur structure financière (Andreff, 2006b). Cela s’est principalement traduit par une augmentation du chiffre d’affaires des clubs (Ascari & Gagnepain, 2006 ; Baroncelli & Caruso, 2011 ; Baroncelli & Lago, 2006 ; Bolotny, 2004 ; Dietl & Franck, 2007 ; Frick & Prinz, 2006). Dès lors, la financiarisation du football professionnel européen s’est traduite par une évolution de la relation d’emploi puisque les dépenses de transfert des clubs se sont accrues (Dobson & Gerrard, 1999 ; Szymanski, 2013).

Ainsi, le niveau des indemnités de transfert a progressivement augmenté à partir des années 1980, la valeur des meilleurs joueurs évoluant en Europe s’étant plus particulièrement élevée (Gouguet & Primault, 2004a). Les transferts de Diego Maradona8 au SSC Napoli en 1984 et de Jean-Pierre Papin9 à l’Olympique de Marseille en 1992 pour une somme équivalant à 12 millions d’euros environ en sont des exemples marquants10. Le prix d’acquisition des meilleurs joueurs a ensuite augmenté par à-coups dans la seconde moitié des années 1990 : Denilson (31,5 millions d’euros en 1998/99), Christian Vieiri (46,5 millions d’euros en 1999/2000), Nicolas Anelka (35 millions d’euros en 1999/2000), Luis Figo (60 millions d’euros en 2000/01), Zinédine Zidane (73,5 millions d’euros en 2001/02), ou encore Rio                                                                                                                

8 L’argentin est considéré comme l’un des plus grands joueurs de l’histoire du football. Il a notamment remporté la Coupe du monde en 1986 (pour laquelle il a été élu meilleur joueur), ainsi que deux titres de champion d’Italie (1987 et 1990) et une coupe de l’UEFA (1989) avec le SSC Napoli.

9 Jean-Pierre Papin a été quatre fois (1989-1992) champion de France avec l’Olympique de Marseille (et vainqueur de la Coupe de France en 1989) avant de rejoindre le Milan AC, club avec lequel il a notamment remporté la Ligue des Champions (1994) et les championnat d’Italie à deux reprises (1993 et 1994). Il a remporté la distinction de meilleur joueur de football de l’année (le ballon d’or) en 1991.

10 Les données relatives aux transferts cités dans cette section sont issues du site de référence transfermarkt.fr. Il s’agit des montants de transfert hors bonus. Ce point est traité dans le chapitre 5 (sous-section 1.2.3).

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Ferdinand (46 millions d’euros en 2002/03). Plus généralement, cette période correspond à la fois à une intensification de la fréquence des transferts et à un accroissement du niveau moyen des indemnités de transfert (Andreff, 2006a ; Lanfranchi & Taylor, 2004 ; Primault, 2004).

Autrement dit, l’augmentation de la valeur de transfert des joueurs s’est étendue au-delà des joueurs de tout premier plan. Par exemple, les dépenses de transfert cumulées des clubs de première division anglaise (Premier League) sont passées de 88 millions de livres à 266 millions de livres entre les saisons 1993/94 et 1998/99, avant d’atteindre 690 millions de livres lors de la saison 2008/09 (Szymanski, 2013). Dans ce contexte d’inflation du prix des transferts (Brocard, 2015 ; Frick, 2007), la progression de la valeur de transfert des meilleurs joueurs est néanmoins restée plus particulièrement forte, le niveau des indemnités de transfert de ce type de joueurs avoisinant les 100 millions d’euros depuis la fin des années 2000. À titre d’exemple, le Real Madrid a recruté Cristiano Ronaldo en 2009 et Gareth Bale en 2013 pour respectivement 94 millions d’euros et 101 millions d’euros. De même, en 2015, Paul Pogba a été acquis par Manchester United en échange d’une indemnité de 105 millions d’euros. Au regard de l’évolution du marché des transferts, le récent transfert (août 2017) du brésilien Neymar da Silva Santos Junior (dit Neymar) du FC Barcelone au Paris Saint-Germain (PSG) en échange d’une indemnité de 222 millions d’euros – et dans une moindre mesure le transfert du français Ousmane Dembélé la même année du Borussia Dortmund au FC Barcelone contre une indemnité de 105 millions d’euros – est peu surprenant du point de vue des économistes du sport. Si ce transfert marque une nette hausse de la valeur maximum attribuée à un footballeur professionnel, il ne constitue pas une rupture au sens où il s’inscrit dans une tendance longue d’inflation du prix des transferts des meilleurs joueurs en Europe.

Ce qui peut cependant susciter l’interrogation des économistes du sport à travers ce transfert, c’est que le PSG ait été en mesure de recruter un joueur qualifié d’« intransférable 11 » par Josep Maria Bartomeu, le Président du FC Barcelone. Dans cette perspective, l’ancien Président du FC Barcelone, Sandro Rosell, avait d’ailleurs inclus une clause libératoire au contrat de Neymar lors de son arrivée dans le club espagnol en 2013.

Une telle clause prévoit un montant minimum que doit verser un club s’il souhaite acquérir un joueur sous contrat. Ces clauses sont de plus en plus courantes, les clubs qui les utilisent souhaitant s’assurer du versement d’une indemnité minimum en cas de départ d’un joueur. À titre d’exemple, le contrat d’Edinson Cavani au SSC Napoli était assorti d’une clause                                                                                                                

11 https://www.lequipe.fr/Football/Actualites/Bartomeu-neymar-est-intransferable/649670, consulté le 22 août 2017.

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libératoire de 64 millions d’euros, montant qui a finalement été versé par le PSG au club italien en 2013 afin d’acquérir l’attaquant uruguayen. Toutefois, depuis quelques années, ce type de clauses est surtout utilisé par les grands clubs européens afin de conserver durablement un grand joueur. L’idée est de décourager les clubs concurrents qui auraient pour objectif de recruter le joueur. Le contrat liant l’argentin Lionel Messi au FC Barcelone est, par exemple, complété d’une clause libératoire s’élevant à 300 millions d’euros12. Avec le transfert de Neymar, l’efficacité de ces clauses a été remise en cause – ou à tout du moins du niveau où elles sont opérantes – et cette transaction a bouleversé le cadre stratégique global du football professionnel européen. En réaction à ce transfert, le Real Madrid a immédiatement augmenté le niveau de la clause libératoire d’un de ses principaux joueurs afin d’éviter une possible acquisition par un autre club dans l’avenir : la prolongation du contrat de l’espagnol Francisco Román Alarcón Suárez (plus couramment appelé Isco) s’est ainsi accompagnée d’une clause libératoire d’un montant de 700 millions d’euros13. Pour les mêmes raisons, le Real Madrid prévoit d’inclure une clause libératoire de 500 millions d’euros au contrat du jeune joueur Marco Asensio14. Seul Cristiano Ronaldo, considéré comme faisant partie des deux meilleurs joueurs du monde avec Lionel Messi15, dispose d’une clause libératoire d’un niveau supérieur car fixée à 1 milliard d’euros.

L’évolution du marché des transferts, le montant atteint par les récentes transactions de joueur ou encore les réponses stratégiques du Real Madrid au transfert de Neymar, nombreux sont les signaux qui soulignent que le football se résume aujourd’hui à une

« affaire de riches » (Manzella, 2002, p. 41). Afin d’obtenir de meilleurs résultats sportifs que leurs concurrents, notamment en compétition européenne, les « grands » clubs entrent dans ce que l’on a pu appeler une « course à l’armement » (Sanderson, 2002) afin d’obtenir les meilleurs joueurs, ce qui influe sur la valeur de transfert de ces derniers. Dès lors, le mécanisme s’auto-entretient : compte tenu du prix des meilleurs joueurs de football, seuls les plus grands clubs européens sont en mesure de les acheter (Gouguet & Primault, 2004a). À ce                                                                                                                

12 Nous reviendrons plus précisément sur les clauses libératoires dans le chapitre 3 (sous-section 2.3.1).

13 https://www.lequipe.fr/Football/Actualites/Real-madrid-isco-prolonge-avec-une-clause-faramineuse/824779, consulté le 23 août 2017.

14https://www.lequipe.fr/Football/Actualites/Le-real-voudrait-prolonger-asensio-jusqu-en-2023-avec-une-clause- a-500-millions-d-euros/826807, consulté le 23 août 2017.  

15 Cristiano Ronaldo a été désigné vainqueur du ballon d’or en 2008, 2013, 2014 et 2016. Il a remporté la Ligue des Champions avec Manchester United en 2007/08 et avec le Real Madrid en 2013/14, 2015/16 et 2016/17, puis le titre de champion d’Europe avec le Portugal en 2016. De son côté, Lionel Messi a obtenu cinq fois le ballon d’or (2009, 2010, 2011, 2012 et 2015) et il a remporté quatre fois la Ligue des Champions avec le FC Barcelone (2005/06, 2008/09, 2010/11 et 2014/15).

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titre, le « prix » de Neymar est supérieur au chiffre d’affaires de plus de 97 % des clubs européens de première division. De même, la valeur de transfert de Yuri Berchiche (16 millions d’euros), seconde recrue du PSG lors du marché estival des transferts 201716, représente la moitié du budget estimé pour la saison 2017/18 des clubs de Caen et de Dijon, et davantage dans le cas de cinq autres clubs17. En Europe, seul Manchester City a réalisé des dépenses de recrutement plus élevées que celles du PSG. Le club anglais a recruté sept joueurs pour près de 245 millions d’euros. Par conséquent, le développement du marché des transferts sous-tend une « dualisation inter-clubs » (ibid., p. 133), qui est d’autant plus forte que le recrutement de ce type de joueurs s’accompagne du versement d’une rémunération salariale élevée. Si la financiarisation du football s’est accompagnée d’une inflation généralisée des salaires18, cela résulte de la très forte augmentation des salaires des meilleurs joueurs, en parallèle de leur valeur de transfert (Franck, 2015 ; Franck & Nüesch, 2012 ; Frick, 2007). Avec une rémunération salariale annoncée autour de 30 millions d’euros nets par an19, Neymar rejoindrait Lionel Messi20 en tête du classement des joueurs de football les mieux rémunérés sur le continent européen21. À titre de comparaison, en 1985, la Juventus de Turin versait une rémunération salariale annuelle d’environ 670 000 euros à Michel Platini (Bouvet, 1996), qui comptait alors parmi les meilleurs joueurs de football en Europe.

2.2. Un marché du travail segmenté

Étant donné le montant atteint par les indemnités de transfert et le niveau actuel des salaires des joueurs, il n’est pas étonnant que la relation d’emploi dans le football professionnel soit un objet d’étude privilégié pour les économistes du sport (Andreff, 2014a, 2015a ; Buraimo & al., 2015 ; Frick, 2006, 2010, 2011 ; Frick & al., 2007 ; Frick &

Simmons, 2014). De manière générale, l’objectif de ce type de travaux est d’identifier les                                                                                                                

16 Depuis 2001, l’activité du marché des transferts dans le football européen est limitée à deux périodes par saison : une période estivale et une période hivernale (on parle du mercato estival et du mercato hivernal). Par conséquent, les mutations de joueurs ne peuvent être réalisées que lors de ces deux périodes.

17 https://www.lequipe.fr/Football/Actualites/Les-classement-des-budgets-de-ligue-1-2017-2018-le-psg-c-est- vingt-deux-fois-amiens/823131, consulté le 20 septembre 2017.

18 À titre d’exemple, les dépenses salariales cumulées des clubs de Premier League sont passées de 117 millions de livres à plus de 1,3 milliard de livres entre les saisons 1993/94 et 2008/09 (Szymanski, 2013).

19 http://www.eurosport.fr/football/ligue-1/2017-2018/visuel-superstar-planetaire-salaire-astronomique-les- chiffres-du-contrat-de-neymar_sto6276208/story.shtml, consulté le 24 août 2017.

20 Lionel Messi a obtenu une revalorisation salariale au début du mois de juillet 2017, le FC Barcelone lui versant désormais un salaire net annuel estimé à plus de 30 millions d’euros. La question des mécanismes de revalorisation salariale est traitée dans le chapitre 3 (section 2) au prisme du problème du hold-up.

21 À la fin de l’année 2016, le club du Shengai Shenhua (Chine) a recruté l’argentin Carlos Tevez pour deux ans avec un salaire net annuel de 38 millions d’euros hors primes. Une politique de recrutement agressive a été mise en place par certains clubs chinois ces deux dernières années afin de développer le football au niveau national, celui-ci restant toutefois peu populaire.

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déterminants de la valeur de transfert des joueurs et de révéler les conditions de fixation de leur rémunération salariale (Frick, 2007). Autrement dit, l’idée est de rendre compte des mécanismes contribuant à la progression générale des indemnités de transfert et des salaires des joueurs. Les études de cette nature sont d’autant plus intéressantes que leur champ de pertinence dépasse les seules frontières de l’économie du sport. En effet, leurs problématiques sont liées à des questions qui se posent plus largement quant au fonctionnement des économies développées. C’est notamment ce qui explique que les principes d’économie du travail se sont rapidement transmis à l’étude du football professionnel (Bourg, 2008)22. Selon nous, la convergence de ces travaux est d’autant plus pertinente dans le cadre du processus de financiarisation des économies. L’accroissement général des inégalités dans les sociétés contemporaines ayant été directement associé, et pour tout dire causalement lié, au processus de financiarisation auquel elles ont été soumises (Duménil & Lévy, 2011 ; Godechot, 2015), il est cohérent de s’interroger sur des effets similaires dans le football compte tenu de sa financiarisation. Nous retenons plus particulièrement que le football ne fait pas exception à la montée des inégalités de salaires, de revenus et de richesses qui caractérisent plus globalement les économies développées contemporaines (Atkinson & Piketty, 2010 ; Milanovic, 2016 ; Piketty, 2013) pour deux raisons :

- D’une part, le décalage entre le niveau moyen des salaires dans le football professionnel et le niveau moyen des salaires tout secteur d’activité confondu est représentatif du fort accroissement des inégalités intersectorielles depuis les années 1970. Les rémunérations moyennes sont plus élevées dans certains secteurs d’activité que dans d’autres. L’industrie du divertissement (Benhamou, 2002), dont fait partie le football professionnel en tant que sport spectacle (télévisé), et l’industrie de la finance (Bell & Van Reenen, 2013 ; Godechot, 2012 ; Philippon & Reshef, 2012) en sont deux parfaites illustrations. À titre d’exemple, le salaire mensuel moyen des joueurs évoluant en première division française (Ligue 1) a atteint 47 000 euros bruts (Duhautois, 2015) en 2013, alors que le salaire mensuel moyen en France s’élevait à 2912 euros bruts (Chaput & al., 2015). L’évolution des rémunérations dans le football professionnel européen participe ainsi à amplifier les inégalités de revenus observées à l’échelle mondiale.

                                                                                                               

22 Comme le souligne Jean-François Bourg (2008), l’analyse économique du sport s’est partiellement construite à l’aide des outils issus de l’économie du travail, tant aux Etats-Unis (Gregory, 1956 ; Rottenberg, 1956) qu’en Europe (Sloane, 1969, 1971).

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- D’autre part, le football n’est pas épargné par la montée des inégalités intra-sectorielles.

Des écarts croissants de salaires et de revenus sont observables au sein même du football professionnel européen. Dans le cas français, Richard Duhautois signale par exemple que :

« En 2002, les 25 % de footballeurs les mieux payés recevaient 70,4 % des salaires bruts distribués, contre 74,8 % en 2009. L’augmentation est encore plus forte pour les très hauts salaires (les 10 % les mieux payés), car leur part a progressé de près de huit points en sept ans (elle est passée de 40,5 % à 48 %) » (Duhautois, 2015, p. 3).

À partir des salaires de la première division italienne (Serie A), Bastien Drut et Richard Duhautois (2014) notent, par ailleurs, que les inégalités de revenus perceptibles dans le football professionnel sont similaires à celles observées plus globalement dans le pays.

Ainsi, en 2010/11, les 2 % des joueurs les mieux payés (soit 8 joueurs) percevaient 10 % des salaires versés en Serie A, alors que les deux tiers des joueurs les moins bien rémunérés (environ 330 joueurs) ne percevaient que le quart des salaires de Serie A. D’autant plus que ces données ne tiennent compte que des salaires versés par les clubs et que la prise en compte des revenus dits « annexes », c’est-à-dire des revenus individuels qui complètent la rémunération salariale d’un joueur, comme les revenus issus des contrats individuels de sponsoring et de publicité, contribue encore à creuser les écarts de revenus entre les joueurs. À titre d’exemple, en 2016, les revenus totaux de Cristiano Ronaldo (salaire brut, primes et revenus publicitaires) ont atteint 87,5 millions d’euros (dont un salaire brut estimé à 44 millions d’euros). La même année, ceux de Lionel Messi et de Neymar se sont respectivement élevés à 76,5 et 55,5 millions d’euros (dont un salaire brut de 40 et 32 millions d’euros)23. Les superstars du football (Dobson & Goddard, 2011 ; Lucifora &

Simmons, 2003) – telles qu’elles sont appelées depuis l’application au sport de la théorie de Sherwin Rosen (1981) - obtiennent donc de très hautes rémunérations (Steiner, 2011) qui font écho à celles des superstars culturelles, i.e. issues des stars jobs (Menger, 2010), ou encore des super-managers (Malmendier & Tate, 2009) et des super-cadres (Piketty, 2013) de nombreux secteurs parmi lesquels la finance (Godechot, 2011).

L’accroissement des disparités salariales entre les joueurs, sans oublier l’amplification de l’écart entre les indemnités de transfert les plus élevées et les indemnités les plus faibles, sont rapidement devenus des préoccupations majeures des économistes du sport. Ainsi, en                                                                                                                

23 https://www.francefootball.fr/news/A-lire-dans-france-football-cette-semaine-notre-dossier-salaires-des-stars- domine-par-cristiano-ronaldo/788437, consulté le 25 août 2017.

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