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Utilisation de marqueurs pour la sauvegarde de la
variabilité génétique des populations
C. Chevalet
To cite this version:
C. CHEVALET
INRA Laboratoire de
Génétique
cellulaire BP 27 31326 Castanet-Tolosan CedexApports
actuels
et
futurs des
marqueurs
génétiques
dans
l’amélioration des
populations
animales
Utilisation de
marqueurs
pour
la
sauvegarde
de la
variabilité
génétique
des
populations
Résumé.
On discute unepossibilité
d’utiliser des marqueurspolymorphes
pourcontrebalancer,
dans unepopulation d’effectif
limité,
leseffets
de la dérive aléatoire desfréquences alléliques.
Le critère desélection utilisé est un index
favorisant
le maintien del’hétérozygotie
aux locus marqueurs. Dans despopulations d’effectif
petit
(moins
de 100reproducteurs efficaces)
il semblequ’un
marquage peu dense maisuniformément réparti
(3
marqueurs pour 100centimorgans)
permette
desgains
sensables pour le maintien del’hétérozygotie
sur l’ensemble dugénome
avec une intensité de sélectionfaible.
Par ailleursla
réponse
observée aux marqueurs s’avère très élevée même avec un assezgrand
nombre de marqueurssélectionnés simultanément.
En l’absence de marquage
génétique,
la variabilitégénétique
estappréciée
parl’analyse statistique
de lavariance de caractères
quantitatifs.
Contrôler cettevariabilité consiste à
estimer,
au fil desgénérations,
les variations des
composantes
de lavariance,
notam-ment de la variancegénétique
additive surlaquelle
s’appuie
la sélection.Dans une
population
enconservation,
ou unelignée
témoin non soumise àsélection,
sinon à la sélectionnaturelle,
les méthodes de calcul del’évolu-tion de la
consanguinité
permettent
deprédire
l’évo-lution descomposantes
génétiques
de lavariance,
selon les
effectifs,
ladémographie
de lapopulation,
lesrègles d’accouplements
(Cockerham1967,
Choy
etWeir
1978,
Rochambeau et Chevalet 1985). Si desmarqueurs
polymorphes
sontdisponibles
ilspeuvent
être introduits pour contrôler la
dérive,
et pourdéfi-nir un
protocole
degestion
d’unepopulation.
On peutchercher par
exemple
à maintenir la variabilitégéné-tique
dans son étatinitial,
en maintenant dans lapopulation
les allèles à leursfréquences
initiales. Des essaisthéoriques préliminaires
(Chevalet etRochambeau 1986)
suggèrent
que cetteapproche
peut
prolonger
la survie simultanée deplusieurs
allèles enplusieurs
locusindépendants,
en définissant un indexfavorisant la
reproduction
des individusporteurs
d’allèles rares. Cetteapproche
pose deuxproblèmes :
- d’une
part
il faut exercer unepression
desélec-tion
qui
induitsystématiquement
une limitation dunombre des
reproducteurs
et donc unrisque
supplé-mentaire de dérive
aléatoire ;
- d’autrepart
il faut évaluerl’impact
d’unesélec-tion effectuée en
quelques
marqueurs sur la structureglobale
dugénome.
On suppose donc
qu’on dispose
d’un échantillonuniformément distribué de marqueurs : Peut-on les
utiliser
efficacement,
selon leur densité et selon les intensités de sélectionapplicables,
pour ralentir le processus de dérivegénétique
inévitable dans unepopulation
d’effectif limité ? Peut-on exercer uncontrôle sur l’ensemble du
génome
àpartir
d’unnombre restreint de
marqueurs ?
1
/
Méthode
La
population
et legénome
On considère une
population
d’effectif limitéN,
non structurée (un seul groupe dereproduction).
Ceteffectif
correspond
au nombre d’individussuscep-tibles de se
reproduire,
et conduirait sans sélection à une diminution del’hétérozygotie
moyenne H selonla formule :
où
H(g)
estl’hétérozygotie
à lagénération (g).
On considère par ailleurs pourl’espèce
considéréeune carte
génétique simplifiée,
formée de Cpaires
de chromosomes de même
longueur,
et surchaque
chromosome un même nombre de locus marqueurs
bialléliques
observables utilisés pour unesélection ;
soit L le nombre total de marqueurs.
Caractères étudiés et critère de sélection
A
chaque génération
lapopulation
est décrite parson taux moyen
d’hétérozygotie
aux locus marqueurs,et par son taux moyen
d’hétérozygotie global
surl’ensemble du
génome.
Les individus
reproducteurs
sont sélectionnésparmi
les N individussusceptibles
de sereproduire,
selon un indexégal
au tauxd’hétérozygotie
mesuré aux LMéthode de calcul
Le
système
est étudié par une simulation aléatoiredu processus
génétique. Chaque
individu de lapopu-lation est décrit par son
génotype
sur un ensemble deT locus
répartis
uniformément sur leschromosomes,
chaque
chromosome étantreprésenté
par T/C locusavec des taux de recombinaison
égaux
entre deuxlocus
adjacents.
La méiose est simulée par un proces-sus de Poisson lelong
duchromosome,
correspondant
à la fonction de carte de Haldane (sans interférence).
A
chaque
locus,
deux allèles sontrépartis
avec desprobabilités égales
entre les individus fondateurs.Dans
chaque répétition,
lapopulation
est soumise àune évolution sans sélection
pendant
unevingtaine
de
générations
avec l’effectif de N individusreproduc-teurs, de
façon
àgénérer
des conditions initialesqui
présentent
des valeurs vraisemblables desdéséqui-libres de liaison dus au hasard. La
population
estensuite soumise à une sélection pour le taux
d’hétéro-zygotie
aux locus marqueurspendant
40générations.
L’hétérozygotie globale
estapprochée
par sa mesu-re sur les T locus tandis que la sélection porte sur letaux mesuré sur les L marqueurs.
Pour
chaque
série deparamètres,
100répétitions
ont été effectuées.
2
/
Résultats
Les calculs ont été effectués pour les valeurs
sui-vantes des
paramètres :
C = 10
paires
de chromosomes de 100 cM delongueur ;
T = 110 locus (10 cM entre locus
adjacents) ;
L = 20 (
2 marqueurs
par chromosome ),
ou 30 (
3 marqueurs
parchromosome ) ;
N =
25,
50 ou100 ;
Taux de sélection
(proportion
s des individusadultes retenus pour la
reproduction) :
s
=0,50
à1,00.
Les résultats concernent les taux
d’hétérozygotie
globale (figures
1 à 3). Lesgains
réalisés par lasélec-tion sont
exprimés
en pourcentage par rapport auxvaleurs attendues sans
sélection, après
20 ou 40générations,
pour les 3 valeurs considérées dunombre total d’individus
disponibles,
et pour les 2densités de marqueurs.
3
/
Discussion
Ces résultats
préliminaires
montrent une influencede la densité des marqueurs sur l’efficacité de la
méthode
envisagée.
Avec 2 marqueurs par chromoso-me, la diminution de la dérive aléatoireglobale
estfaible sur l’ensemble du
génome
alors que la méthodede sélection semble très efficace sur les marqueurs
contrôlés,
peu liés. Legain global
est faible et unesélection assez intense induit
rapidement
un effet accru de ladérive,
caractérisé par des valeursinfé-rieures à celle obtenue sans sélection. Avec 3
mar-queurs par chromosome uniformément
répartis
sur une centaine decentiMorgans,
l’efficacitépourrait
devenir non
négligeable,
à condition que lapression
Il
apparaît
sur lesfigures
que l’efficacité relativeest d’autant meilleure que l’effectif de la
population
estplus
faible. Cette différence doit être enpartie
attribuée aux conditions initiales différentes. Dans les
différents cas une
phase
d’évolutionpréalable
sanssélection a été
simulée,
pendant
20générations,
pourchacun des effectifs
(25, 50,
et 100reproducteurs).
Ce même délai induit desdéséquilibres
de liaisonaléa-toires d’autant
plus importants
en valeur absolue quel’effectif est
plus faible,
à nombre degénérations égal
(Weir et Cockerham 1974). Les effets d’entraînement
qui
permettent
de contrôler l’ensemble dugénome
àpartir
des marqueurs sont donc d’autantplus
fortsque la
population
est de tailleplus
restreinte. Selon ceprincipe,
les résultats obtenus en 40èmegénération,
avec N =
100,
etaprès
unephase
d’évolution sanssélection de 40
générations
devraient êtreanalogues
àceux obtenus en 20ème
génération
pour N =50,
après
20
générations
sans sélection(figure
2) : cetteprédic-tion est vérifiée pour des taux de sélection
relative-ment forts
(proportion
sélectionnéecomprise
entre 50et 80
%),
ainsi que pour la valeur del’optimum
desélection,
mais l’accroissement de la taille de lapopu-lation rend
plus
efficace des intensités de sélectionplus
faibles (résultats nonprésentés).
Sauf pour detrès
petites
tailles de lapopulation
(N=25),
l’intensité de sélectionoptimale
est voisine de 85%,
avec unevariation faible des résultats entre 80 et 90
%,
etd’autant
plus
faible que la taille de lapopulation
estplus grande.
Une autre
façon
de mesurer legain
obtenu est decomparer les nombres de
générations correspondant,
avec ou sans
sélection,
à une mêmeperte
devariabili-té
génétique.
Ainsi,
avec N=50 et Ns=42 (casoptimal),
la sélection
permet
de maintenirjusqu’à
la 15èmegénération
le niveau attendu sans sélectionaprès
10générations,
oujusqu’à
la 40ème le niveau attenduaprès
25.L’efficacité de la sélection sur les
régions marquées
est en revanche très
grande, malgré
le nombre demarqueurs considérés simultanément (20 ou 30). Sur
l’ensemble de ces marqueurs, et pour des
proportions
d’individus sélectionnés de 50 à 80
%,
le tauxd’hétéro-zygotie
atteint entre les 20ème et 40èmegénérations
est de l’ordre de
0,36
à0,42
pourN=25,
de0,475
à0,485 pour
N=50,
etsupérieur
à 0,495 pourN=100,
c’est à dire des valeurs
proches
du maximum de0,50,
etqui
se maintiennent trèslongtemps
malgré
la déri-ve. Cette efficacité locale du contrôlepermet
d’envisa-ger un contrôle
spécifique
dequelques
segments
chro-mosomiques
portant
desgènes
importants
pour des caractères deproduction.
L’investigation
de conditionsplus générales
estnécessaire pour
préciser
l’intérêt de cetteapproche.
L’influence de la densité du marquage mérite une
étude
plus
détaillée,
en considérant desstratégies
combinant
progressivement plusieurs
ensembles demarqueurs. La combinaison d’un contrôle assisté par
marqueurs avec les méthodes de
gestion
par famillesdevrait aussi être abordée.
Références
bibliographiques
Chevalet C. et de Rochambeau H., 1986. Variabilité génétique et contrôle des souches non consanguines. Sci.
Tech. Anim. Lab., 11 : 251-257.
Choy S.C. and Weir B.S, 1978. Exact inbreeding coefficients
in populations with overlapping generations. Genetics, 89 : 591-614.
Cockerham C.C., 1967. Group inbreeding and coancestry. Genetics, 56 : 89-104.