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La coccinelle

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Academic year: 2022

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(1)

DES REPÈRES SOCIOLINGUISTIQUES POUR ANALYSER DES OUVRAGES SCIENTIFIQUES POUR ENFANTS

DanielJACOBI, UniversitédeBourgogne Faculté de Sciences Humaines

Centre de RecherchesurlaCulture &lesMusées

Résumé : Cet articleprésente uneméthode d'analysedepetits ouvrages docu¬

mentaires destinés aux enfants. Les exemples supports sont issus de trois

ouvrages qui popularisent les mêmes connaissances scientifiques sur la cocci¬

nellelaplus communeetparticulièrementla transformation larve-insecteparfait.

Cetteanalyse,d'orientationsociolinguistique,estcentrée successivementsurles conditionsdeproduction, sur la dimensionscriptovisuelledeces documents, sur lelexiqueetrenonciation.D nes'agitpasdeporterunjugementdéfinitifsurles livres documentaires scientifiques mais d'inciter chercheurs et formateurs à adopterdesoutilscritiquesplus objectifs.

Cetarticle présente unesérie deremarqueset d'observations sur depetits ouvrages, dits documentaires, qui ont pour objetde populariser des connais¬

sances ou desthéories scientifiques auprès de cette catégorie particulière de publics non spécialistes que sont les enfants (Béacco& Moirand, 1995). Les ouvragesdocumentairesdestinésàdejeunes lecteurs sesont multipliés depuis quelquesannées. IIyadéjà quelquetemps, unecritique deslivresscientifiques pour enfants reprochaitàce typedelittérature,toutàlafois, denepas êtredes livres,de nepas êtredestinés aux enfantset, en définitive,dene pasparler de science (Balibar& Maury, 1980).

On estimeaujourd'hui, et ce constat est contemporain de l'expansion rapide de l'édition delivres pourlajeunesse,quecette littératureafait de réels progrès. Édition plus soignée, appelàdesauteurs spécialisés,qualitéderéalisa¬

tion des illustrations,adaptation auxdifférentes classes d'âgeet, parallèlement, créationde bibliothèquesd'enfants,deBCDdanslesclassesd'écoles primaires, voire même naissanced'une critique de cettelittérature pour mieux conseiller acheteurset utilisateurs(1).Toutportedoncàcroirequelesouvrages documen¬

taires pour enfants sont maintenant plus nombreux, plus diversifiés et mieux adaptésàleurs publics. Les grandesmaisonsd'édition, qui toutes ont créé des collections de livresdocumentaires pour enfants, ne sesont-elles pas précisé¬

ment entourées de conseils éditoriauxqualifiés où siègent despédagogues(2)?

DES REPÈRES SOCIOLINGUISTIQUES POUR ANALYSER DES OUVRAGES SCIENTIFIQUES POUR ENFANTS

DanielJACOBI, UniversitédeBourgogne Faculté de Sciences Humaines

Centre de RecherchesurlaCulture &lesMusées

Résumé : Cet articleprésente uneméthode d'analysedepetits ouvrages docu¬

mentaires destinés aux enfants. Les exemples supports sont issus de trois

ouvrages qui popularisent les mêmes connaissances scientifiques sur la cocci¬

nellelaplus communeetparticulièrementla transformation larve-insecteparfait.

Cetteanalyse,d'orientationsociolinguistique,estcentrée successivementsurles conditionsdeproduction, sur la dimensionscriptovisuelledeces documents, sur lelexiqueetrenonciation.D nes'agitpasdeporterunjugementdéfinitifsurles livres documentaires scientifiques mais d'inciter chercheurs et formateurs à adopterdesoutilscritiquesplus objectifs.

Cetarticle présente unesérie deremarqueset d'observations sur depetits ouvrages, dits documentaires, qui ont pour objetde populariser des connais¬

sances ou desthéories scientifiques auprès de cette catégorie particulière de publics non spécialistes que sont les enfants (Béacco& Moirand, 1995). Les ouvragesdocumentairesdestinésàdejeunes lecteurs sesont multipliés depuis quelquesannées. IIyadéjà quelquetemps, unecritique deslivresscientifiques pour enfants reprochaitàce typedelittérature,toutàlafois, denepas êtredes livres,de nepas êtredestinés aux enfantset, en définitive,dene pasparler de science (Balibar& Maury, 1980).

On estimeaujourd'hui, et ce constat est contemporain de l'expansion rapide de l'édition delivres pourlajeunesse,quecette littératureafait de réels progrès. Édition plus soignée, appelàdesauteurs spécialisés,qualitéderéalisa¬

tion des illustrations,adaptation auxdifférentes classes d'âgeet, parallèlement, créationde bibliothèquesd'enfants,deBCDdanslesclassesd'écoles primaires, voire même naissanced'une critique de cettelittérature pour mieux conseiller acheteurset utilisateurs(1).Toutportedoncàcroirequelesouvrages documen¬

taires pour enfants sont maintenant plus nombreux, plus diversifiés et mieux adaptésàleurs publics. Les grandesmaisonsd'édition, qui toutes ont créé des collections de livresdocumentaires pour enfants, ne sesont-elles pas précisé¬

ment entourées de conseils éditoriauxqualifiés où siègent despédagogues(2)?

(2)

REPÈRES12/1995 D.JACOBI

La coccinelle

.

\x

>*'

s-

I '

V

T'«

k

4

et*

WATTS, B.-Lacoccinelle,Clind'il, Gamma- 1987.

la coccinelle

.^teneurdespucerons

*

La co elle

<

GALLIMARD /MES DÉCOUVERTES

DUVAL, C. - La coccinelle, terreurdes BOURGOING, P. de- Lacoccinelle - III.

pucerons, Patteàpatte, Milan-1989. de Pérols, S., Mes premières décou vertes,Gallimard - 1989.

REPÈRES12/1995 D.JACOBI

La coccinelle

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et*

WATTS, B.-Lacoccinelle,Clind'il, Gamma- 1987.

la coccinelle

.^teneurdespucerons

*

La co elle

<

GALLIMARD /MES DÉCOUVERTES

DUVAL, C. - La coccinelle, terreurdes BOURGOING, P. de- Lacoccinelle - III.

pucerons, Patteàpatte, Milan-1989. de Pérols, S., Mes premières décou vertes,Gallimard - 1989.

(3)

Mais prendre partiaprioripourou contre cette littérature neprésenteévi¬

demment pas d'intérêt. Nous avons essayé detester les qualités de quelques uns de ces ouvrages, pris au hasard, plutôt parmi ceux qui ont la réputation d'être de qualité(3). Pour cela, nous avons appliqué, sur cet échantillon, les méthodes utiliséesdepuisplusieursannéespourunesériede recherches surla vulgarisation, dans divers supports, et quitoutes ont encommun de proposer uneanalyse formelle de documents ayant pour thème les sciences de la vie.

Cetteanalyse, d'orientation sociolinguistique, est généralement centrée sur les conditions de production, sur ladimension scriptovisuellede ces documents, surlelexique etl'énonciation. Lescorpus étudiéslorsdecesétudessont tous construits àpartir des collections derevuesspécialisées, dites de vulgarisation scientifique. Ellesn'ont querarementconcernélespublics scolaireset enaucun cas les livres documentaires (4). Dans quelle mesure les résultats précédents valent-ils pour cette catégorie de documents ? Et peut-on utiliser une grille d'analysedecetype pour étudiercespetitslivres?

Aprèsavoirluetconsultéuncertainnombredepetits livres documentaires, nous avonschoisi àdessein la catégoriedes lecteurs débutants, de laGrande section de l'école maternelle, auCours élémentairedeuxième année del'école élémentaire(cycle2). IIeût été difficileeneffet decomparer desdocumentaires destinés à des publicstrop hétérogènes. Pourdes raisons qui trouveront leur justification ultérieurement, et pouren outre faciliter letravail d'exposition, la plupart des exemples n'ont été extraits qued'un seul ouvrage consacré à la coccinelle. Celivreestcomparé,autantqu'il estnécessaire, d'une part, àdeux autres ouvrages proposant un contrat delecture quasi identique, à propos du mêmeinsecteet,d'autre part, àd'autresquitraitent,soit des coléoptères (etau passagedelacoccinelle),soit ducasd'autres insectes,soitd'autres thèmesen rapport aveclessciencesdela vie.

1. VOIROULIRE,LIRE OU VOIR? 1.1. Un

petit

livre

sur

lacoccinelle

Ouvronsunouvragedocumentairepour enfant.C'estunpetit volume de25 pages, deformat carré(21 x21 cm)intituléLacoccinelle (dorénavantdésigné: coccinelleCdO) (5). Bienentendu, ilest composé d'untexteet de nombreuses photos. L'intrication dudonnéà lire etdu donnéà voir exige quesoit conduite une analyse minutieuse et systématique. Pourne pastrop allonger ce travail, nousneleferons quepourcetexemple.

Un texte relativement bref(environ500mots) estaccompagnéd'un abon¬

dant paratexte visuel. Leparcoursdelecture, organisé uniformément, suppose toujoursunbalayage deladoublepageducahier ouvert. Eneffet,dudébutjus¬

qu'à lafin, l'unité scriptovisuellecouvrel'ensemble page degauche plus page de droite, régulièrement. Surchaque airescriptovisuelle, l'information eststruc¬

turée defaçon identique. Chaque bellepage(feuilletdedroite du cahier ouvert) est entièrementoccupée parune photographie. La page de gauchecomporte du texte et une petite plagevisuelleenvirontrois fois plus petite quela photo¬

graphiesituéeàsadroite. Letexte débute toujours parun petit énoncé isoléet Mais prendre partiaprioripourou contre cette littérature neprésenteévi¬

demment pas d'intérêt. Nous avons essayé detester les qualités de quelques uns de ces ouvrages, pris au hasard, plutôt parmi ceux qui ont la réputation d'être de qualité(3). Pour cela, nous avons appliqué, sur cet échantillon, les méthodes utiliséesdepuisplusieursannéespourunesériede recherches surla vulgarisation, dans divers supports, et quitoutes ont encommun de proposer uneanalyse formelle de documents ayant pour thème les sciences de la vie.

Cetteanalyse, d'orientation sociolinguistique, est généralement centrée sur les conditions de production, sur ladimension scriptovisuellede ces documents, surlelexique etl'énonciation. Lescorpus étudiéslorsdecesétudessont tous construits àpartir des collections derevuesspécialisées, dites de vulgarisation scientifique. Ellesn'ont querarementconcernélespublics scolaireset enaucun cas les livres documentaires (4). Dans quelle mesure les résultats précédents valent-ils pour cette catégorie de documents ? Et peut-on utiliser une grille d'analysedecetype pour étudiercespetitslivres?

Aprèsavoirluetconsultéuncertainnombredepetits livres documentaires, nous avonschoisi àdessein la catégoriedes lecteurs débutants, de laGrande section de l'école maternelle, auCours élémentairedeuxième année del'école élémentaire(cycle2). IIeût été difficileeneffet decomparer desdocumentaires destinés à des publicstrop hétérogènes. Pourdes raisons qui trouveront leur justification ultérieurement, et pouren outre faciliter letravail d'exposition, la plupart des exemples n'ont été extraits qued'un seul ouvrage consacré à la coccinelle. Celivreestcomparé,autantqu'il estnécessaire, d'une part, àdeux autres ouvrages proposant un contrat delecture quasi identique, à propos du mêmeinsecteet,d'autre part, àd'autresquitraitent,soit des coléoptères (etau passagedelacoccinelle),soit ducasd'autres insectes,soitd'autres thèmesen rapport aveclessciencesdela vie.

1. VOIROULIRE,LIRE OU VOIR? 1.1. Un

petit

livre

sur

lacoccinelle

Ouvronsunouvragedocumentairepour enfant.C'estunpetit volume de25 pages, deformat carré(21 x21 cm)intituléLacoccinelle (dorénavantdésigné: coccinelleCdO) (5). Bienentendu, ilest composé d'untexteet de nombreuses photos. L'intrication dudonnéà lire etdu donnéà voir exige quesoit conduite une analyse minutieuse et systématique. Pourne pastrop allonger ce travail, nousneleferons quepourcetexemple.

Un texte relativement bref(environ500mots) estaccompagnéd'un abon¬

dant paratexte visuel. Leparcoursdelecture, organisé uniformément, suppose toujoursunbalayage deladoublepageducahier ouvert. Eneffet,dudébutjus¬

qu'à lafin, l'unité scriptovisuellecouvrel'ensemble page degauche plus page de droite, régulièrement. Surchaque airescriptovisuelle, l'information eststruc¬

turée defaçon identique. Chaque bellepage(feuilletdedroite du cahier ouvert) est entièrementoccupée parune photographie. La page de gauchecomporte du texte et une petite plagevisuelleenvirontrois fois plus petite quela photo¬

graphiesituéeàsadroite. Letexte débute toujours parun petit énoncé isoléet

(4)

REPÈRES12/1995 D.JACOBI

typographiquement saillant : on le repère par son emplacement (en tête de page) etsescaractèrestypographiques supérieursàceux dutexte qui vient en dessous. Cetexte, nonjustifiéà droite,eststructuréen brefs paragraphesirré¬

guliers. Etil esttoujours interrompu paruneplage visuelle, c'est-à-direun des¬

sinou uneautre photo.

1.2.

L'unité scriptovisuelle

Si Tonnetientpascompte delapagetitreet deladernièredoublepage, le livreest construit en onze aires scriptovisuelles (chacune constituée d'une double page du cahier ouvert) qui découpent le livre en une série de scènes indépendantes. Parconséquent, lire l'ouvrage correspond d'abord à une suc¬

cession d'actesmoteurs: lorsquelelecteurtournelapagedu livre, ildécouvre une nouvelle scène quela page précédente lui cachait. Comment chacune de cesscènespeut-elleêtrereconnuepar lelecteur?

Organisation scriptovisuelleetparcours de lecture

Void une coccinelle.

Cetitreestaussilalégendedelaphotovisible ci-contresurtoutelabelle pageàdroite <

As-tu déjà vu une coccinelle?Tupeuxlarencontrer danslesparcsetlesJardins.Elleappartientàl'ordre descoléoptères.Regarde,celle-ciaseptpoints.

Cetexte estdestinéaux enfantsmeilleurs lecteursouàl'adulte quilitavecl'enfant Ellemange unpuceron, sonplat préféré.

Cet énoncé,misen exerguepar l'alinéa,estlalégende delaphotoplacée ci-dessous.

[Unemacrophotographiemontre unecoccinelle entrainde

dévorerunpuceron]

Aufildesimages,tudécouvriras lavied'unecoccinelle Cet énoncé,quesonemplacementmetégalement envedette, chercheàcréerunetension narrative qui inciteàpoursuivrelalecture.

[Une

macrophotographie

reproduit

en

pleine

page une

coccinelle]

pagedegauche pagededroite

La phrase-titre, en principe autonome (puisque destinée à être lue, de façon indépendante, par les plus petits), résumetoute l'information contenue dansladouble page.Envedette,à droite, relativement aiséeàreconnaitre, une

REPÈRES12/1995 D.JACOBI

typographiquement saillant : on le repère par son emplacement (en tête de page) etsescaractèrestypographiques supérieursàceux dutexte qui vient en dessous. Cetexte, nonjustifiéà droite,eststructuréen brefs paragraphesirré¬

guliers. Etil esttoujours interrompu paruneplage visuelle, c'est-à-direun des¬

sinou uneautre photo.

1.2.

L'unité scriptovisuelle

Si Tonnetientpascompte delapagetitreet deladernièredoublepage, le livreest construit en onze aires scriptovisuelles (chacune constituée d'une double page du cahier ouvert) qui découpent le livre en une série de scènes indépendantes. Parconséquent, lire l'ouvrage correspond d'abord à une suc¬

cession d'actesmoteurs: lorsquelelecteurtournelapagedu livre, ildécouvre une nouvelle scène quela page précédente lui cachait. Comment chacune de cesscènespeut-elleêtrereconnuepar lelecteur?

Organisation scriptovisuelleetparcours de lecture

Void une coccinelle.

Cetitreestaussilalégendedelaphotovisible ci-contresurtoutelabelle pageàdroite <

As-tu déjà vu une coccinelle?Tupeuxlarencontrer danslesparcsetlesJardins.Elleappartientàl'ordre descoléoptères.Regarde,celle-ciaseptpoints.

Cetexte estdestinéaux enfantsmeilleurs lecteursouàl'adulte quilitavecl'enfant Ellemange unpuceron, sonplat préféré.

Cet énoncé,misen exerguepar l'alinéa,estlalégende delaphotoplacée ci-dessous.

[Unemacrophotographiemontre unecoccinelle entrainde

dévorerunpuceron]

Aufildesimages,tudécouvriras lavied'unecoccinelle Cet énoncé,quesonemplacementmetégalement envedette, chercheàcréerunetension narrative qui inciteàpoursuivrelalecture.

[Une

macrophotographie

reproduit

en

pleine

page une

coccinelle]

pagedegauche pagededroite

La phrase-titre, en principe autonome (puisque destinée à être lue, de façon indépendante, par les plus petits), résumetoute l'information contenue dansladouble page.Envedette,à droite, relativement aiséeàreconnaitre, une

(5)

photographiede l'insecte auxdifférentespériodes desa vie.Àgauche, untexte d'environ 50 motsqui commenteetlégende, d'une part laphoto de droite et, d'autre part,lesecond etplus petitdessin (ou photographie selonlecas)qui se glisse dans cetexte. Cetexte est destiné, soit aux lecteurs plus âgés, soit à l'adultequifeuillettelelivreetle litàunjeune enfant(6).

Comment la structure scriptovisuelle régule-t-elle l'activité de reconnais¬

sance du lecteur ? Permet-elle effectivement la partition lecteurs débutants/ autreslecteurs? Détaillonsparexemple ladisposition scriptovisuelle des pages 2-3, disposition qui sera reprise avecrégularité danstoutes lesdoubles pages (voirleschémad'organisation).

Enhautdelapagedegauche,onrepèrel'énoncéengros caractères: Voici unecoccinelle. Pourlesplusjeuneslecteurs, ceténoncéestaussi unelégende:

le déictique voici invite l'enfant à regarder l'insecteainsi nommé et désigné à son attention. Mais dequelle coccinelles'agit-il ? Decellede lagrande photo située sur labelle pageà droite ? Ou de celle plus petite, située surla même pageet endessous?

Pour lesautreslecteurs,l'énoncé Voiciunecoccinellejoueplutôtlerôlede titrecommelesoulignent plusieursindicesd'édition :brièveté del'énoncé isolé, emplacement orthodoxe, et impressionavec descaractères de taille supérieure àceux du reste du texte. Pourceslecteurs,ilnepeutpasprétendreaustatut de légende car le reste du texte peut aussi convoiter ce rôle. Et particulièrement cette phrase : Regarde, celle-ciaseptpoints. Oron nevoitde points noirs (sur les élytres rouges)quesurla grandephoto de droite. Voiciunecoccinelle serait donc plutôt untitre avec une fonction de résumé de l'information des pages 2 et3.

IIestévident par ailleurs quelelecteur(enprincipe plusjeune) qui nelit pas letexte situé sous ce titre(ou à quiunadultene leliraitpas)est privé d'informa¬

tions importantes. D'abordune questionqui l'interpelle etl'associeau projet de lecture (As-tudéjàvuunecoccinelle ?). Puisuneautreinterpellationinjunctive:

Regarde, celle-cia sept points. Le déictique(Regarde, celle-ci) l'invite à re¬

consulter la photo et à compterles points noirs bien visibles sur les élytres rouges(avec unjeuqui obligeàimaginer lesdeuxpoints noirsnonperceptibles sur l'autre élytre, àcause de la vue latérale de l'insecte posé au bord d'une feuille).

Ensuite, il ne dispose pas d'un énoncé stratégique, c'est-à-dire de celui, placé au dessus dela petite photo insérée au sein du texte réservéaux bons lecteurs, et mis en évidence parun sautde ligne. Cet énoncé(Ellemange un puceron, sonplatpréféré !) estun élémentclef. Premièrement, ilconstitue une véritable légende de la secondephotographie, c'est-à-dire une information indispensablepour interpréterla plagevisuellesituéejusteendessous.Orcette photo peut aussi bien êtreconsidéréecommelapremièreque verrait lelecteur qui respecterait l'ordre généré par lesens de lecture. D'autant que la légende Voici une coccinelle serait acceptable même si pourtant elle est incomplète.

Deuxièmement, il estfrustré de l'information la plus facile etla plus attractive, cellequimontreuneactionentrain des'accomplir. Troisièmement,ilseraitprivé photographiede l'insecte auxdifférentespériodes desa vie.Àgauche, untexte d'environ 50 motsqui commenteetlégende, d'une part laphoto de droite et, d'autre part,lesecond etplus petitdessin (ou photographie selonlecas)qui se glisse dans cetexte. Cetexte est destiné, soit aux lecteurs plus âgés, soit à l'adultequifeuillettelelivreetle litàunjeune enfant(6).

Comment la structure scriptovisuelle régule-t-elle l'activité de reconnais¬

sance du lecteur ? Permet-elle effectivement la partition lecteurs débutants/ autreslecteurs? Détaillonsparexemple ladisposition scriptovisuelle des pages 2-3, disposition qui sera reprise avecrégularité danstoutes lesdoubles pages (voirleschémad'organisation).

Enhautdelapagedegauche,onrepèrel'énoncéengros caractères: Voici unecoccinelle. Pourlesplusjeuneslecteurs, ceténoncéestaussi unelégende:

le déictique voici invite l'enfant à regarder l'insecteainsi nommé et désigné à son attention. Mais dequelle coccinelles'agit-il ? Decellede lagrande photo située sur labelle pageà droite ? Ou de celle plus petite, située surla même pageet endessous?

Pour lesautreslecteurs,l'énoncé Voiciunecoccinellejoueplutôtlerôlede titrecommelesoulignent plusieursindicesd'édition :brièveté del'énoncé isolé, emplacement orthodoxe, et impressionavec descaractères de taille supérieure àceux du reste du texte. Pourceslecteurs,ilnepeutpasprétendreaustatut de légende car le reste du texte peut aussi convoiter ce rôle. Et particulièrement cette phrase : Regarde, celle-ciaseptpoints. Oron nevoitde points noirs (sur les élytres rouges)quesurla grandephoto de droite. Voiciunecoccinelle serait donc plutôt untitre avec une fonction de résumé de l'information des pages 2 et3.

IIestévident par ailleurs quelelecteur(enprincipe plusjeune) qui nelit pas letexte situé sous ce titre(ou à quiunadultene leliraitpas)est privé d'informa¬

tions importantes. D'abordune questionqui l'interpelle etl'associeau projet de lecture (As-tudéjàvuunecoccinelle ?). Puisuneautreinterpellationinjunctive:

Regarde, celle-cia sept points. Le déictique(Regarde, celle-ci) l'invite à re¬

consulter la photo et à compterles points noirs bien visibles sur les élytres rouges(avec unjeuqui obligeàimaginer lesdeuxpoints noirsnonperceptibles sur l'autre élytre, àcause de la vue latérale de l'insecte posé au bord d'une feuille).

Ensuite, il ne dispose pas d'un énoncé stratégique, c'est-à-dire de celui, placé au dessus dela petite photo insérée au sein du texte réservéaux bons lecteurs, et mis en évidence parun sautde ligne. Cet énoncé(Ellemange un puceron, sonplatpréféré !) estun élémentclef. Premièrement, ilconstitue une véritable légende de la secondephotographie, c'est-à-dire une information indispensablepour interpréterla plagevisuellesituéejusteendessous.Orcette photo peut aussi bien êtreconsidéréecommelapremièreque verrait lelecteur qui respecterait l'ordre généré par lesens de lecture. D'autant que la légende Voici une coccinelle serait acceptable même si pourtant elle est incomplète.

Deuxièmement, il estfrustré de l'information la plus facile etla plus attractive, cellequimontreuneactionentrain des'accomplir. Troisièmement,ilseraitprivé

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REPÈRES12/1995 P.JACOBI

d'une informationtoutàfait à sa portéeet essentielle, àla fois pour connaître cetinsecte et aussi pour mieux comprendre les autres étapes dela vie de la coccinelle.

La conception scriptovisuelle vise bien à organiser et structurer la prise d'information. Etelle rendpossiblelaconstruction de différents parcoursdelec¬

ture.

1.3.

D'autres

livres

sur

lacoccinelle

Le soin de la conception scriptovisuelle est-il une caractéristique perma¬

nente danslelivredocumentaire scientifiquepourenfants ? Enconsultant deux autresouvrages surlacoccinelle, on peutremarquerque déjàlamatérialitédu livre, et sa nécessaire fragmentation enfeuillets séparés, devient source de créativité. Le cahier crée un espaceautonome à utiliser de façon unitaire. La page devient le prétexted'une scèneà découvriret à reconnaître. Lejeu des rapportstexte

/

paratextes'estconsidérablement enrichi et diversifié. La struc¬

turation scriptovisuelle est précisémentlapremièrequalitéde l'un des ouvrages que nous avons consultés (coccinelleDéc). IIest évidentquec'estelle qui afait laréputation(enviable)delacollectionMespremières découvertes.

Lesconcepteurs de [coccinelle Déc] ont d'abord pris leparti de renoncer au texte. Réduit au strict minimum, ilest une brève légende d'un dessin qui occupe totalementlapage (dessinnondélimité parunfiletet quis'inscrit surle

fond uniformément blanc de la page). De plus, les effets qu'il mobilisesont assezsaisissants. Ainsi ledessin engrosplan delacoccinelle est tracé sur un feuillettranslucide;ce quipermet delirel'énoncé imprimé surlapage suivante.

Le lecteur qui atourné le feuillet translucide découvre, au verso, la coccinelle vueparendessouset,surlapage,ilpeutlirelasuitedutexte-légende...qui est aussilalégended'unautredessin, jusque-làcaché parlamasse du dessin pré¬

cédent sursupporttranslucide.

Autre exemple, plus classique, de structuration visuelle dans [coccinelle PàP]où Ton distingue,sur chaquedoublepage: untitreengras, placéaudes¬

susd'untexte de50 à 70mots,trois(ouquatre)photos,chacune accompagnée d'une petite légende typographiquementtrès différente du texte. Mais avec un jeuempêchantlarégularité:letitreetletextesont soit surlabelle pageàdroite, soit sur lapage de gauche ; les photos, ici plus nombreuses, sont disposées selonladiagonaleet obliquement...

L'exemplaire que nous avons analysé en détail [coccinelleCdO] nous montre que le dispositif scriptovisuel estdonc uniforme et homogène. II aété soigneusement contrôlélors de la production pour aider le lecteur. Ce dernier devientrapidement capable de trouverune information sans pourtantqu'on lui ait enseignéà le faire. Deplus, sa régularitéinstruitimplicitement surlemodede reconnaissance à mettre en

uvre

tant vis-à-vis du texte que des plages visuelles. Si lastructuration scriptovisuelle est élaborée, prétendre pour autant que le livre convient à des lecteurs débutants, qui ne liraient queles titres du hautde lapage gauche et se contenteraient ensuite de regarder les photogra-

REPÈRES12/1995 P.JACOBI

d'une informationtoutàfait à sa portéeet essentielle, àla fois pour connaître cetinsecte et aussi pour mieux comprendre les autres étapes dela vie de la coccinelle.

La conception scriptovisuelle vise bien à organiser et structurer la prise d'information. Etelle rendpossiblelaconstruction de différents parcoursdelec¬

ture.

1.3.

D'autres

livres

sur

lacoccinelle

Le soin de la conception scriptovisuelle est-il une caractéristique perma¬

nente danslelivredocumentaire scientifiquepourenfants ? Enconsultant deux autresouvrages surlacoccinelle, on peutremarquerque déjàlamatérialitédu livre, et sa nécessaire fragmentation enfeuillets séparés, devient source de créativité. Le cahier crée un espaceautonome à utiliser de façon unitaire. La page devient le prétexted'une scèneà découvriret à reconnaître. Lejeu des rapportstexte

/

paratextes'estconsidérablement enrichi et diversifié. La struc¬

turation scriptovisuelle est précisémentlapremièrequalitéde l'un des ouvrages que nous avons consultés (coccinelleDéc). IIest évidentquec'estelle qui afait laréputation(enviable)delacollectionMespremières découvertes.

Lesconcepteurs de [coccinelle Déc] ont d'abord pris leparti de renoncer au texte. Réduit au strict minimum, ilest une brève légende d'un dessin qui occupe totalementlapage (dessinnondélimité parunfiletet quis'inscrit surle

fond uniformément blanc de la page). De plus, les effets qu'il mobilisesont assezsaisissants. Ainsi ledessin engrosplan delacoccinelle est tracé sur un feuillettranslucide;ce quipermet delirel'énoncé imprimé surlapage suivante.

Le lecteur qui atourné le feuillet translucide découvre, au verso, la coccinelle vueparendessouset,surlapage,ilpeutlirelasuitedutexte-légende...qui est aussilalégended'unautredessin, jusque-làcaché parlamasse du dessin pré¬

cédent sursupporttranslucide.

Autre exemple, plus classique, de structuration visuelle dans [coccinelle PàP]où Ton distingue,sur chaquedoublepage: untitreengras, placéaudes¬

susd'untexte de50 à 70mots,trois(ouquatre)photos,chacune accompagnée d'une petite légende typographiquementtrès différente du texte. Mais avec un jeuempêchantlarégularité:letitreetletextesont soit surlabelle pageàdroite, soit sur lapage de gauche ; les photos, ici plus nombreuses, sont disposées selonladiagonaleet obliquement...

L'exemplaire que nous avons analysé en détail [coccinelleCdO] nous montre que le dispositif scriptovisuel estdonc uniforme et homogène. II aété soigneusement contrôlélors de la production pour aider le lecteur. Ce dernier devientrapidement capable de trouverune information sans pourtantqu'on lui ait enseignéà le faire. Deplus, sa régularitéinstruitimplicitement surlemodede reconnaissance à mettre en

uvre

tant vis-à-vis du texte que des plages visuelles. Si lastructuration scriptovisuelle est élaborée, prétendre pour autant que le livre convient à des lecteurs débutants, qui ne liraient queles titres du hautde lapage gauche et se contenteraient ensuite de regarder les photogra-

(7)

phiesoulespetitsdessins,est probablement exagéré. Pouraccéderàl'informa¬

tionetauxactions décrites dansl'ouvrage, ilest évidemment nécessaire detout lire, et particulièrement la légende de la petite plage visuelle insérée dans le texte. Soulignonscependant quelastricte régularité decette organisation aide rapidement les bons lecteurs (et particulièrement les adultes)à trouver rapide¬

mentl'information qu'ilsrecherchent.

2. ILLUSTRATIONS, VIGNETTES OU POINTDEVUE ?

Cette rigoureuse organisation scriptovisuelle indiquecombien sont impor¬

tantes les plages visuelles dans les ouvrages documentaires destinés aux enfants.Illustrations,images, qualitésdudessin...onsouligne généralementque ce registrevisuel est un élément clef. Comme si Ton attribuait à l'image une fonction de substitution. Lafraction des enfants non lecteurs (parmi le public visé)pourraitainsiaccéderau sensseulementenregardantleparatexte nonlin¬

guistique, l'image palliantenquelquesortel'absence delamaitrise lexique.

C'estleprojet explicite decescollections. II est révélateur quelescouver¬

tures destrois ouvrages consacrés à la coccinelle [coccinelle PàP, coccinelle CdO,coccinelleDéc]soientparfaitementidentiques!Sousle(très sobre)titreLa coccinelle, apparaîtunephotographieengrospland'unecoccinelle. Cequicor¬

respondstrictementà undispositifdedouble représentation du même réfèrent, d'une partàl'aidedu motmuni de sondéterminant indéfini (référenceà la caté¬

gorie et non à un individu), et, d'autre part, à l'aide d'uneimage. Cedispositif élémentaireestleprincipe du dictionnaireencyclopédique(illustré)qui faitcoïn¬

ciderlemot abstraitetarbitraireet unereproductionaussifidèle que possible du monderéel.

2.1. L'utilisation delaphotographie

Mais, comme précédemment, examinons en détail les photographies de BarrieWatts [coccinelle CdO].Quellessontlesimages donnéesàvoir? Et per¬

mettent-elles, sans lire, de comprendrecommentun petit àuf jaune se trans¬

formeencoccinelle ?L'ouvrage contient31 plages visuelles, soitau moins une par feuillet (couverture comprise). Àune écrasante majorité (plus detrois sur quatre)cesont des photographies.Maisest-il suffisant, pourlesdécrire,de dire qu'ils'agit de photographiesencouleurs? L'emploitrès polyvalent delaphoto¬

graphie, comme instrument d'investigation scientifique, nous inciteà être plus attentif et davantage précis. Les photographies publiées dansce volume sont, par leurfacture,très homogènes. Elles sontlerésultatd'une minutieuseobser¬

vationetd'un travail deprise devuesystématiqueàl'aided'un matériel adapté (maisilestvrai,aujourd'huià laportéed'un amateur passionnéetpatient).

2.1.1. Un

document

visuel

Des prisesdevues macrophotographiquesontdonc permis de choisirune série declichés illustrant lesdifférentsstadesd'uneseuleespèce decoccinelle (Coccinella septempunctata, L., cf. Robert & Robert). Ces macrophotos sont- ellesseulementdesvignettesdes étapesde vie delaCoccinelleàseptpoints ? phiesoulespetitsdessins,est probablement exagéré. Pouraccéderàl'informa¬

tionetauxactions décrites dansl'ouvrage, ilest évidemment nécessaire detout lire, et particulièrement la légende de la petite plage visuelle insérée dans le texte. Soulignonscependant quelastricte régularité decette organisation aide rapidement les bons lecteurs (et particulièrement les adultes)à trouver rapide¬

mentl'information qu'ilsrecherchent.

2. ILLUSTRATIONS, VIGNETTES OU POINTDEVUE ?

Cette rigoureuse organisation scriptovisuelle indiquecombien sont impor¬

tantes les plages visuelles dans les ouvrages documentaires destinés aux enfants.Illustrations,images, qualitésdudessin...onsouligne généralementque ce registrevisuel est un élément clef. Comme si Ton attribuait à l'image une fonction de substitution. Lafraction des enfants non lecteurs (parmi le public visé)pourraitainsiaccéderau sensseulementenregardantleparatexte nonlin¬

guistique, l'image palliantenquelquesortel'absence delamaitrise lexique.

C'estleprojet explicite decescollections. II est révélateur quelescouver¬

tures destrois ouvrages consacrés à la coccinelle [coccinelle PàP, coccinelle CdO,coccinelleDéc]soientparfaitementidentiques!Sousle(très sobre)titreLa coccinelle, apparaîtunephotographieengrospland'unecoccinelle. Cequicor¬

respondstrictementà undispositifdedouble représentation du même réfèrent, d'une partàl'aidedu motmuni de sondéterminant indéfini (référenceà la caté¬

gorie et non à un individu), et, d'autre part, à l'aide d'uneimage. Cedispositif élémentaireestleprincipe du dictionnaireencyclopédique(illustré)qui faitcoïn¬

ciderlemot abstraitetarbitraireet unereproductionaussifidèle que possible du monderéel.

2.1. L'utilisation delaphotographie

Mais, comme précédemment, examinons en détail les photographies de BarrieWatts [coccinelle CdO].Quellessontlesimages donnéesàvoir? Et per¬

mettent-elles, sans lire, de comprendrecommentun petit àuf jaune se trans¬

formeencoccinelle ?L'ouvrage contient31 plages visuelles, soitau moins une par feuillet (couverture comprise). Àune écrasante majorité (plus detrois sur quatre)cesont des photographies.Maisest-il suffisant, pourlesdécrire,de dire qu'ils'agit de photographiesencouleurs? L'emploitrès polyvalent delaphoto¬

graphie, comme instrument d'investigation scientifique, nous inciteà être plus attentif et davantage précis. Les photographies publiées dansce volume sont, par leurfacture,très homogènes. Elles sontlerésultatd'une minutieuseobser¬

vationetd'un travail deprise devuesystématiqueàl'aided'un matériel adapté (maisilestvrai,aujourd'huià laportéed'un amateur passionnéetpatient).

2.1.1. Un

document

visuel

Des prisesdevues macrophotographiquesontdonc permis de choisirune série declichés illustrant lesdifférentsstadesd'uneseuleespèce decoccinelle (Coccinella septempunctata, L., cf. Robert & Robert). Ces macrophotos sont- ellesseulementdesvignettesdes étapesde vie delaCoccinelleàseptpoints ?

(8)

REPÈRES12/1995 D.JACOBI

Unevignette est obligatoirement unereproduction fidèle qu'on appelleimage analogique (c'est-à-dire un dessin ou une photo qui montre le réfèrent à peu près comme

l'il

humain est capablede lepercevoir). Comme unecoccinelle mesure environ 7 mm, c'est doncque laphoto est le résultat d'un grossisse¬

mentrelativement important. Onpeutestimer(cette indicationn'est pas fournie) quel'insecte, selon les pages, estgrossi de 7 à15 fois(7). Cependant,chaque foisqu'unephoto montrelacoccinelle,petitebête parfaitement visibleà

l'il

nu etgénéralement déjàconnue del'enfant, ceschangementsd'échelleneprovo¬

quent paslamoindredifficulté d'identification.

2.1.2. Unpoint de vue

Autrement dit, la photographie donne à voir un insecte connu, mais de façon très remarquable et probablement comme l'enfant ne Tajamais vu.

L'insecteestvudetrès près. Certainstout petits détails deviennent saillants.Le type de cadrageet l'absence complète deprofondeur de champ estompent tousleséléments accessoiresetanecdotiques qui pourraientdétourner l'atten¬

tion. Leszones flouesde la photo, autourde l'insecte, lemettenten évidence sanscependant faire disparaîtretoutàfaitlecontextebiotopique(nervure, limbe foliaire, puceron...). S'installe ainsi une unité, un style photographique. La macrophotodetypescientifique construitdonc unpoint de vueplus qu'ellene constitue une simple vignette. Cepointde vueadeuxconséquences:ilconfère uneunitéexpressiveau paratextecomme onvient delesouligner.Maisde plus, par le choix de l'instant qu'elle reproduit(l'accouplement, l'envol), la photo¬

graphecherche, non pas à illustrer, mais à mettreau jourun pan deconnais¬

sance.Etcelaest encore plusmanifestelorsquelaphoto, dansle casdes deslarvesoudelanympheentraindes'extraire desonenveloppe,fournitl'oc¬

casion defairevoir aux enfants quelquechose dequasi invisible, saufau prix d'une longue périoded'attentiondirigée,etdonc qu'ilsnepeuvent trèsgénéra¬

lement pasconnaître,àcause deleur seuleexpériencedepetitcitadin.

Le problème de reconnaissance est cependant bien différent lorsque la photographie montre desobjetsinconnuscommelesnufsde coccinelle ouune larve àpeine éclose.Danscecas, seulletexte peut fournirlaréférencescalaire indispensable pour décoder l'image : Blanchesà l'éclosion, les larves virent bientôtaunoir. Chaque larve estgrosse comme une tête d'épingle (p. 6). La comparaison avecunobjet connu(comme unetête d'épingle)tentederésoudre ladifficultéqu'éprouvelelecteurà imaginerlapetitessede quelque chose... que laphoto montreentrès grosplan.

2.2. Les

plages visuelles

desautres ouvrages

Dans les deux autres ouvrages sur la coccinelle les éléments visuels du paratexte ne sont pas sans parenté avec ce que nous venons de décrire.

Certainesdes photos publiées dans[coccinellePàP] sont assez ressemblantes aveccellesde [coccinelle CdO]. Mais lesphotos, plusnombreuses, defacture hétérogène, représentent aussi d'autresespèces decoccinelles. Parcontre, on peutvoirlacoccinelle dévorerunpuceron. Etcinq clichésmontrentlacoccinelle adulteentrain dequitter sonenveloppe,ouaccrochéeàcôté deTexuvie.

REPÈRES12/1995 D.JACOBI

Unevignette est obligatoirement unereproduction fidèle qu'on appelleimage analogique (c'est-à-dire un dessin ou une photo qui montre le réfèrent à peu près comme

l'il

humain est capablede lepercevoir). Comme unecoccinelle mesure environ 7 mm, c'est doncque laphoto est le résultat d'un grossisse¬

mentrelativement important. Onpeutestimer(cette indicationn'est pas fournie) quel'insecte, selon les pages, estgrossi de 7 à15 fois(7). Cependant,chaque foisqu'unephoto montrelacoccinelle,petitebête parfaitement visibleà

l'il

nu etgénéralement déjàconnue del'enfant, ceschangementsd'échelleneprovo¬

quent paslamoindredifficulté d'identification.

2.1.2. Unpoint de vue

Autrement dit, la photographie donne à voir un insecte connu, mais de façon très remarquable et probablement comme l'enfant ne Tajamais vu.

L'insecteestvudetrès près. Certainstout petits détails deviennent saillants.Le type de cadrageet l'absence complète deprofondeur de champ estompent tousleséléments accessoiresetanecdotiques qui pourraientdétourner l'atten¬

tion. Leszones flouesde la photo, autourde l'insecte, lemettenten évidence sanscependant faire disparaîtretoutàfaitlecontextebiotopique(nervure, limbe foliaire, puceron...). S'installe ainsi une unité, un style photographique. La macrophotodetypescientifique construitdonc unpoint de vueplus qu'ellene constitue une simple vignette. Cepointde vueadeuxconséquences:ilconfère uneunitéexpressiveau paratextecomme onvient delesouligner.Maisde plus, par le choix de l'instant qu'elle reproduit(l'accouplement, l'envol), la photo¬

graphecherche, non pas à illustrer, mais à mettreau jourun pan deconnais¬

sance.Etcelaest encore plusmanifestelorsquelaphoto, dansle casdes deslarvesoudelanympheentraindes'extraire desonenveloppe,fournitl'oc¬

casion defairevoir aux enfants quelquechose dequasi invisible, saufau prix d'une longue périoded'attentiondirigée,etdonc qu'ilsnepeuvent trèsgénéra¬

lement pasconnaître,àcause deleur seuleexpériencedepetitcitadin.

Le problème de reconnaissance est cependant bien différent lorsque la photographie montre desobjetsinconnuscommelesnufsde coccinelle ouune larve àpeine éclose.Danscecas, seulletexte peut fournirlaréférencescalaire indispensable pour décoder l'image : Blanchesà l'éclosion, les larves virent bientôtaunoir. Chaque larve estgrosse comme une tête d'épingle (p. 6). La comparaison avecunobjet connu(comme unetête d'épingle)tentederésoudre ladifficultéqu'éprouvelelecteurà imaginerlapetitessede quelque chose... que laphoto montreentrès grosplan.

2.2. Les

plages visuelles

desautres ouvrages

Dans les deux autres ouvrages sur la coccinelle les éléments visuels du paratexte ne sont pas sans parenté avec ce que nous venons de décrire.

Certainesdes photos publiées dans[coccinellePàP] sont assez ressemblantes aveccellesde [coccinelle CdO]. Mais lesphotos, plusnombreuses, defacture hétérogène, représentent aussi d'autresespèces decoccinelles. Parcontre, on peutvoirlacoccinelle dévorerunpuceron. Etcinq clichésmontrentlacoccinelle adulteentrain dequitter sonenveloppe,ouaccrochéeàcôté deTexuvie.

(9)

2.2.1. Ledessin

Letraitement visuel de [coccinelle Déc] est plusdifficileà décrire. Il s'agit d'unrendudetypedessinanalogique,précis ettrèsfidèle,proche decertaines photos numérisées et détourées. Les scènes sont assez proches : accouple¬

ment, ponte, adultequittantsonenveloppe... Cesplagesvisuellessonttoujours disposéessurunfondblanc etlisse,commeaseptisé etqui seprêtemerveilleu¬

sementà des effets detype décoratif : une petite ronde de six coccinelles, toutes de couleurs différentes, un cercle de 50 (?) pucerons, sur un support translucide et qui s'inscrivent,àgaucheautourd'unecoccinelle,tournée vers le haut, entrain de dévorerun puceron, et àdroite, autourd'une coccinelle, tour¬

néevers le bas etcachant lalégende : Ellepeuten dévorer cinquanteen une seulejournée.

II est intéressant,à ce stadede notre analyse, de dire un mot des autres plagesvisuelles de [coccinelleCdO], celles qui ne sontpas des macrophotos.

Ce sont des dessins analogiques très sobres, réalisés au trait, proches du schéma (notamment ceux des pages 8 et 10 qui sont munis d'un fléchage d'identification de détails anatomiques, commelesmandibules). Ledessindela page4 (cf.reproduction ci-dessous) montre combien ce mode de reproduction analogiquepeutfournir une efficace aideàl'interprétation.

B.WATTS,Lacoccinelle,Clind'il, Gamma-1987.

Cedessinestd'abord attrayant (toutendemeurantscientifiquement exact) carilmontreunecoccinelleaccrochée,têteenbas, à lanervured'une feuille. En outre,il comporteunedimension narrativepuisque, commel'indiquelalégende (Huitjours plus tard, la femellepond ses c'est un instantané d'une femelle, agrippée, tête en bas, comme pour cacher sa ponte au revers de la feuille. Enfin,puisquelacoccinellelesdéposetoujourslàoùil yadespucerons, sont dessinés,àcôtédessixufs déjàpondus,trois pucerons. Ainsi ce dessin fournit visuellement, et sansambiguïté, les rapports de taille coccinelle/ uf / puceron. Le dessin, mobilisé éventuellement ici parce qu'on nedispose pasde laphoto attendue,fournitunancragepeut être encoresupérieur.

2.2.1. Ledessin

Letraitement visuel de [coccinelle Déc] est plusdifficileà décrire. Il s'agit d'unrendudetypedessinanalogique,précis ettrèsfidèle,proche decertaines photos numérisées et détourées. Les scènes sont assez proches : accouple¬

ment, ponte, adultequittantsonenveloppe... Cesplagesvisuellessonttoujours disposéessurunfondblanc etlisse,commeaseptisé etqui seprêtemerveilleu¬

sementà des effets detype décoratif : une petite ronde de six coccinelles, toutes de couleurs différentes, un cercle de 50 (?) pucerons, sur un support translucide et qui s'inscrivent,àgaucheautourd'unecoccinelle,tournée vers le haut, entrain de dévorerun puceron, et àdroite, autourd'une coccinelle, tour¬

néevers le bas etcachant lalégende : Ellepeuten dévorer cinquanteen une seulejournée.

II est intéressant,à ce stadede notre analyse, de dire un mot des autres plagesvisuelles de [coccinelleCdO], celles qui ne sontpas des macrophotos.

Ce sont des dessins analogiques très sobres, réalisés au trait, proches du schéma (notamment ceux des pages 8 et 10 qui sont munis d'un fléchage d'identification de détails anatomiques, commelesmandibules). Ledessindela page4 (cf.reproduction ci-dessous) montre combien ce mode de reproduction analogiquepeutfournir une efficace aideàl'interprétation.

B.WATTS,Lacoccinelle,Clind'il, Gamma-1987.

Cedessinestd'abord attrayant (toutendemeurantscientifiquement exact) carilmontreunecoccinelleaccrochée,têteenbas, à lanervured'une feuille. En outre,il comporteunedimension narrativepuisque, commel'indiquelalégende (Huitjours plus tard, la femellepond ses c'est un instantané d'une femelle, agrippée, tête en bas, comme pour cacher sa ponte au revers de la feuille. Enfin,puisquelacoccinellelesdéposetoujourslàoùil yadespucerons, sont dessinés,àcôtédessixufs déjàpondus,trois pucerons. Ainsi ce dessin fournit visuellement, et sansambiguïté, les rapports de taille coccinelle/ uf / puceron. Le dessin, mobilisé éventuellement ici parce qu'on nedispose pasde laphoto attendue,fournitunancragepeut être encoresupérieur.

(10)

REPÈRESN"12/1995 D.JACOBI

C'est cette veine qu'utilise presque exclusivement l'illustratrice de [cocci¬

nelleDec]. Un dessin(pagedegauche) condense surunefeuilleverte,quisert defond coloré, des pucerons,lacoccinelleet ses

ufs

jaunes.Àdroite, surun support translucide,on retrouvelamêmefeuilleverte, leseufs et lespucerons.

Au verso lesjeunes larves, toujoursdessinées surlafeuilleverte garniede ses pucerons, sortent des et surla page dedroite, lafeuille encore accueille des larvesplus grosses qui entreprennent dedévorerlespucerons. Elleparvient ainsi à résoudrehabilement et defaçon implicite lesproblèmes d'échelle. Et la dessinatrice, par cestyle(qui n'estpassans rappelerl'école de peinture hyper- réaliste), n'apas demal à créerunerégularité expressive quiconfère une par¬

faite homogénéité au livre. En outre, les dessins sursupport translucide transformentlegestedetournerla page en unjeudedessus-dessous,dehors- dedansou en unedynamique commeailesdépliées-pliées,

ufs-larves

àpeine écloses. Reconnaîtrece livre est d'abordunjeu.

2.2.2 Hétérogénéité visuelle

Àla différence des deux autres, [coccinelle PàP] contient, d'une part les macrophotos de ses propres auteurs, et d'autre part, en nombreaussi grand, desclichés achetésàdes agences d'images. Malgrél'unification delastructure scriptovisuelle adoptée, l'hétérogénéité despoints devue,très perceptible, crée un certain malaise. Et comparativement laqualité visuelle s'en ressent beau¬

coup. IIesttoutàfait évident quelaconstruction du répertoirevisuelestunélé¬

mentclef delaproduction de cespetrtslivres.

Dans lecasde[coccinelleCdO], il estmanifesteque laréunionducorpus photographique original représenteletravailpréalable.C'est donc probablement levisuel quiautorisela productiondel'écrit, et non pas,selonleschématradi¬

tionnel, des images qui viennent illustrer secondairement un récit déjà écrit.

Chaque plage visuelleapporteunefortequantitéd'informations et exige du lec¬

teuruneobservationattentivepour percevoir et décodertous lesdétailssignifi¬

catifs qui seront confirméset soulignés dansletexte.Letextueln'estcependant pas, comme on pourrait lecroire en feuilletant [coccinelle Déc], au service du document visuel. II est, en tant quethéorie déjà publiée et communiquée, ou savoir diffusé par des manuels,unematricedeconnaissance(8).

3. MOTS

À

LIREOU MOTS POUR LIRE ? 3.1. Un

texte pour débutants

?

Si Ton colle ensemble les petites lignestitres, en imaginant un lecteur débutant qui, comme on le lui conseille, neconsulterait queces énoncéset la photo vedette delabelle page, onobtientuntexte-collage très court et facileà lire (cf.tableau ci-dessous).

Letexte pour lecteurs débutants de [coccinelle CdO]

Cetexte estun collagedesphrasesdehautdepage. Enregarddechacunedesphrases, nousindiquonslamacrophotoderéférencequ'elle légende.

REPÈRESN"12/1995 D.JACOBI

C'est cette veine qu'utilise presque exclusivement l'illustratrice de [cocci¬

nelleDec]. Un dessin(pagedegauche) condense surunefeuilleverte,quisert defond coloré, des pucerons,lacoccinelleet ses

ufs

jaunes.Àdroite, surun support translucide,on retrouvelamêmefeuilleverte, leseufs et lespucerons.

Au verso lesjeunes larves, toujoursdessinées surlafeuilleverte garniede ses pucerons, sortent des et surla page dedroite, lafeuille encore accueille des larvesplus grosses qui entreprennent dedévorerlespucerons. Elleparvient ainsi à résoudrehabilement et defaçon implicite lesproblèmes d'échelle. Et la dessinatrice, par cestyle(qui n'estpassans rappelerl'école de peinture hyper- réaliste), n'apas demal à créerunerégularité expressive quiconfère une par¬

faite homogénéité au livre. En outre, les dessins sursupport translucide transformentlegestedetournerla page en unjeudedessus-dessous,dehors- dedansou en unedynamique commeailesdépliées-pliées,

ufs-larves

àpeine écloses. Reconnaîtrece livre est d'abordunjeu.

2.2.2 Hétérogénéité visuelle

Àla différence des deux autres, [coccinelle PàP] contient, d'une part les macrophotos de ses propres auteurs, et d'autre part, en nombreaussi grand, desclichés achetésàdes agences d'images. Malgrél'unification delastructure scriptovisuelle adoptée, l'hétérogénéité despoints devue,très perceptible, crée un certain malaise. Et comparativement laqualité visuelle s'en ressent beau¬

coup. IIesttoutàfait évident quelaconstruction du répertoirevisuelestunélé¬

mentclef delaproduction de cespetrtslivres.

Dans lecasde[coccinelleCdO], il estmanifesteque laréunionducorpus photographique original représenteletravailpréalable.C'est donc probablement levisuel quiautorisela productiondel'écrit, et non pas,selonleschématradi¬

tionnel, des images qui viennent illustrer secondairement un récit déjà écrit.

Chaque plage visuelleapporteunefortequantitéd'informations et exige du lec¬

teuruneobservationattentivepour percevoir et décodertous lesdétailssignifi¬

catifs qui seront confirméset soulignés dansletexte.Letextueln'estcependant pas, comme on pourrait lecroire en feuilletant [coccinelle Déc], au service du document visuel. II est, en tant quethéorie déjà publiée et communiquée, ou savoir diffusé par des manuels,unematricedeconnaissance(8).

3. MOTS

À

LIREOU MOTS POUR LIRE ? 3.1. Un

texte pour débutants

?

Si Ton colle ensemble les petites lignestitres, en imaginant un lecteur débutant qui, comme on le lui conseille, neconsulterait queces énoncéset la photo vedette delabelle page, onobtientuntexte-collage très court et facileà lire (cf.tableau ci-dessous).

Letexte pour lecteurs débutants de [coccinelle CdO]

Cetexte estun collagedesphrasesdehautdepage. Enregarddechacunedesphrases, nousindiquonslamacrophotoderéférencequ'elle légende.

(11)

Énoncé-titre delapagegauche

2Voici une coccinellela recherched'unefemelle 6Leslarveséclosent

8Leslarvessedéveloppentrapidement 10Leslarvesont toujoursfaim

22Lalarvesetransformeennymphe 14 Lanymplieaunecarapace rigide 16Delanymplieàlacoccinelle 18Lacoccinellefaitsécliersesailes 20 Sonpremier vol

22Lacoccinellesommeillel'hiver

Macrophotographiedelabellepage 3Une coccinelleadulte

5Deuxcoccinelles accouplées 7Desufs sur unefeuille

9Deslarvesàpeineécloses 11Unelarveadulte 13Unelarve quasinymphe 15Unenymphe etsacarapace 17Unecoccinellesortdel'enveloppe 19Unecoccinellefaitséchersesailes 21Unecoccinelle envol

23Unecoccinelle poséesur unefeuille

On constate effectivement une certainecoïncidence entre ce qu'annonce chaque petite ligne et l'image photographique qui lui correspond sur la belle page. Certes l'action prévue page4 estdéjàaccomplie page 5, mais cela est moins gênant que lorsque, page 6, Téclosion annoncée ne renvoie qu'à des ufs en page7 ! Ce qui confirmeceque nous avions pressenti en parlant du découpageentableauxopéré parlastructuration scriptovisuelle. De plus,cette structure coïncide exactementavec une action découpée en étapes : chaque double page estuneétape delanaissanceet delamétamorphosedelacocci¬

nelle.

En fait, seul [coccinelle CdO] faitainsi presque coïnciderles stades de la vie et les aires scriptovisuelles. Dans [coccinelle Déc], lavie de la coccinelle n'occupe que quelques pages, moinsnombreuses(10entout),maisquicepen¬

dant s'enchainent lesunes auxautres. De même, les étapes delatransforma¬

tion des coccinelles apparaissent avec même davantage de détails dans [coccinellePàP]. Ellessont également moins nombreuses(8)etelles nestructu¬

rentpasaussinettementundécoupagepartableauxsesuccédant pageàpage.

Revenonssurlespetits énoncés de [coccinelleCdO]etsurletexte. Ilscor¬

respondent à une action, généralement marquée par une syntaxe simple et homogène, dutype actant+verbe:/eslarves éclosent, ... sedéveloppentrapi¬

dement, ... ont toujours faim... (6 cas sur 11). Les autres constructions sont nominales maisindiquentcependantune dynamique dechangementd'état (De lanympheàlacoccinelle)oucontiennentunverbe latent nominalise(rechercher dansA larecherched'unefemelle,volerdansSonpremiervol)

3.2. Lesdifficultés lexicales

Cependant, en dépit de leurapparentefacilité, iln'est pas certain que ces énoncés soient tous spontanémentcompris par des lecteurs débutants. Du reste, au fildu texte, lescripteur lui-même s'empressed'avertirseslecteurs de difficultés lexicales prévisibles (9). Letexte comporte en effet, de temps en

Énoncé-titre delapagegauche

2Voici une coccinellela recherched'unefemelle 6Leslarveséclosent

8Leslarvessedéveloppentrapidement 10Leslarvesont toujoursfaim

22Lalarvesetransformeennymphe 14 Lanymplieaunecarapace rigide 16Delanymplieàlacoccinelle 18Lacoccinellefaitsécliersesailes 20 Sonpremier vol

22Lacoccinellesommeillel'hiver

Macrophotographiedelabellepage 3Une coccinelleadulte

5Deuxcoccinelles accouplées 7Desufs sur unefeuille

9Deslarvesàpeineécloses 11Unelarveadulte 13Unelarve quasinymphe 15Unenymphe etsacarapace 17Unecoccinellesortdel'enveloppe 19Unecoccinellefaitséchersesailes 21Unecoccinelle envol

23Unecoccinelle poséesur unefeuille

On constate effectivement une certainecoïncidence entre ce qu'annonce chaque petite ligne et l'image photographique qui lui correspond sur la belle page. Certes l'action prévue page4 estdéjàaccomplie page 5, mais cela est moins gênant que lorsque, page 6, Téclosion annoncée ne renvoie qu'à des ufs en page7 ! Ce qui confirmeceque nous avions pressenti en parlant du découpageentableauxopéré parlastructuration scriptovisuelle. De plus,cette structure coïncide exactementavec une action découpée en étapes : chaque double page estuneétape delanaissanceet delamétamorphosedelacocci¬

nelle.

En fait, seul [coccinelle CdO] faitainsi presque coïnciderles stades de la vie et les aires scriptovisuelles. Dans [coccinelle Déc], lavie de la coccinelle n'occupe que quelques pages, moinsnombreuses(10entout),maisquicepen¬

dant s'enchainent lesunes auxautres. De même, les étapes delatransforma¬

tion des coccinelles apparaissent avec même davantage de détails dans [coccinellePàP]. Ellessont également moins nombreuses(8)etelles nestructu¬

rentpasaussinettementundécoupagepartableauxsesuccédant pageàpage.

Revenonssurlespetits énoncés de [coccinelleCdO]etsurletexte. Ilscor¬

respondent à une action, généralement marquée par une syntaxe simple et homogène, dutype actant+verbe:/eslarves éclosent, ... sedéveloppentrapi¬

dement, ... ont toujours faim... (6 cas sur 11). Les autres constructions sont nominales maisindiquentcependantune dynamique dechangementd'état (De lanympheàlacoccinelle)oucontiennentunverbe latent nominalise(rechercher dansA larecherched'unefemelle,volerdansSonpremiervol)

3.2. Lesdifficultés lexicales

Cependant, en dépit de leurapparentefacilité, iln'est pas certain que ces énoncés soient tous spontanémentcompris par des lecteurs débutants. Du reste, au fildu texte, lescripteur lui-même s'empressed'avertirseslecteurs de difficultés lexicales prévisibles (9). Letexte comporte en effet, de temps en

(12)

REPÈRES12/1995 D-JACOBI

temps, des mots soulignés en grascomme, dès la page2, coléoptèresdans :

Elle [lacoccinelle]appartientàl'ordredescoléoptères.

Or certains termes spécialisés, marqués en gras, apparaissent dans les lignesdestinées auxtoutpetitspourtant (volontairement) rédigées dansun lan¬

gage simple. Ce sont les mots : éclosent, nymphe et carapace auxquels il convient d'ajouterlarve mêmesi sapremièreoccurrencen'est passituéedans un titre. Cette marque de surfaceinvite le lecteur à consulter un Petitlexique (treizeentrées)situéenfinde volume, page 25(bienquecette ressourcenesoit nulle part annoncée). II estévidemment exclu que les enfants les plus jeunes aient recoursà lui.Àquidonc est-il destiné?

3.3. La

gestion

des

difficultés lexicales

vis-à-visdesdifficultés lexicales,lesautres ouvrages emploient desstraté¬

gies fort différentes. La solution utilisée par [coccinelle Déc] est radicale. Non seulement letexteesttrès réduit mais,de plus, lescripteur s'efforce den'em¬

ployer que des mots usuels, appartenant à la langue commune. Le terme nymphen'est jamais utilisé. Au lieud'élytres, il écrit :sesailes rouges. Aucune allusionàl'éclosion ;ontrouveà laplace:les larvessortent.Larègleestlasui¬

vante : si un terme spécialisé est employé (c'est le cas pourlarve, puceron, mandibules)c'estqueleréfèrent estdessiné àproximité.

Larédaction de[coccinelle PàP]estplus classique. Letexteestplus long, avec unesyntaxe souple. Lelexiquespécialiséyaunedensitésupérieure, non seulementàcausedela présencedetermescommeexuwe,mueouenveloppe nymphale, qui sont situés dans les petites légendes des macrophotos, mais aussi à caused'un cortège de lexies, apriori peuconnues par de jeunes lec¬

teurs, comme : féconder, sécréter, cochenilles, miellat, colonies, chrysalide...

Certes, ilestévident que certains decestermes peuvent être compris(en parti¬

culier avec l'aide d'un adulte ... compétent !), mais prudemment les scripteurs des deux autres ouvragessurlacoccinellesegardentbiendelesemployer.

Pourtant, seulsdetrès rarestermesspécialisés sont sobrementparaphra¬

sésparlescripteurde[coccinellePàP](etceà l'exclusion deleursoccurrences dansleslégendes). En réalité, ilpréfère lesignorer; ilsecontentede les utiliser dans desphrasesvolontairementrédigéesdansunfrançais presque relâché:

Regardons-la deplus près. Tiens! Cen'estpas une carapace ce qu'elleasur le dos puisqueça s'ouvreau milieu. Cesont deuxailes dures, desélytres, quilaprotègentdes parasites et deladéshydrata¬

tion. Mais oùest-elle? Pfutt, en unclin

d'il

la coccinelleadisparu.

(p. 8).

Comme si l'auteurtentait, en écrivant dans une languefamilière, de faire avaler au passageà l'enfant des termescomme élytres (quant à lui muni d'un synonyme) mais aussi carapace, parasites et déshydratation. À cause de son texte plus long, plus richeen termes spécialisés et malgré cet effet délibéré d'emploi d'une syntaxesupposée proche de celle de l'enfant, [coccinellePàP]

est évidemment un ouvrage plus difficile ou destiné àdes lecteurs plus âgés.

REPÈRES12/1995 D-JACOBI

temps, des mots soulignés en grascomme, dès la page2, coléoptèresdans :

Elle [lacoccinelle]appartientàl'ordredescoléoptères.

Or certains termes spécialisés, marqués en gras, apparaissent dans les lignesdestinées auxtoutpetitspourtant (volontairement) rédigées dansun lan¬

gage simple. Ce sont les mots : éclosent, nymphe et carapace auxquels il convient d'ajouterlarve mêmesi sapremièreoccurrencen'est passituéedans un titre. Cette marque de surfaceinvite le lecteur à consulter un Petitlexique (treizeentrées)situéenfinde volume, page 25(bienquecette ressourcenesoit nulle part annoncée). II estévidemment exclu que les enfants les plus jeunes aient recoursà lui.Àquidonc est-il destiné?

3.3. La

gestion

des

difficultés lexicales

vis-à-visdesdifficultés lexicales,lesautres ouvrages emploient desstraté¬

gies fort différentes. La solution utilisée par [coccinelle Déc] est radicale. Non seulement letexteesttrès réduit mais,de plus, lescripteur s'efforce den'em¬

ployer que des mots usuels, appartenant à la langue commune. Le terme nymphen'est jamais utilisé. Au lieud'élytres, il écrit :sesailes rouges. Aucune allusionàl'éclosion ;ontrouveà laplace:les larvessortent.Larègleestlasui¬

vante : si un terme spécialisé est employé (c'est le cas pourlarve, puceron, mandibules)c'estqueleréfèrent estdessiné àproximité.

Larédaction de[coccinelle PàP]estplus classique. Letexteestplus long, avec unesyntaxe souple. Lelexiquespécialiséyaunedensitésupérieure, non seulementàcausedela présencedetermescommeexuwe,mueouenveloppe nymphale, qui sont situés dans les petites légendes des macrophotos, mais aussi à caused'un cortège de lexies, apriori peuconnues par de jeunes lec¬

teurs, comme : féconder, sécréter, cochenilles, miellat, colonies, chrysalide...

Certes, ilestévident que certains decestermes peuvent être compris(en parti¬

culier avec l'aide d'un adulte ... compétent !), mais prudemment les scripteurs des deux autres ouvragessurlacoccinellesegardentbiendelesemployer.

Pourtant, seulsdetrès rarestermesspécialisés sont sobrementparaphra¬

sésparlescripteurde[coccinellePàP](etceà l'exclusion deleursoccurrences dansleslégendes). En réalité, ilpréfère lesignorer; ilsecontentede les utiliser dans desphrasesvolontairementrédigéesdansunfrançais presque relâché:

Regardons-la deplus près. Tiens! Cen'estpas une carapace ce qu'elleasur le dos puisqueça s'ouvreau milieu. Cesont deuxailes dures, desélytres, quilaprotègentdes parasites et deladéshydrata¬

tion. Mais oùest-elle? Pfutt, en unclin

d'il

la coccinelleadisparu.

(p. 8).

Comme si l'auteurtentait, en écrivant dans une languefamilière, de faire avaler au passageà l'enfant des termescomme élytres (quant à lui muni d'un synonyme) mais aussi carapace, parasites et déshydratation. À cause de son texte plus long, plus richeen termes spécialisés et malgré cet effet délibéré d'emploi d'une syntaxesupposée proche de celle de l'enfant, [coccinellePàP]

est évidemment un ouvrage plus difficile ou destiné àdes lecteurs plus âgés.

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