FACULTÉ DE
MÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE BORDEAUXANNEE 1902-1903 l'« 3'i
RECHERCHES SUR L'ÉTAT
lis réflexes tendineux, des réflexes cutanés,
des réflexes pupillaires
et
k iprijnes sensibilités viscérales profondes
DANS LE DIABÈTE
THESE POUR LE DOCTORAT EN MEDECINE
Présentéeet soutenuepubliquementle 5 flêcemlire 1902
PAR
Pierre-Joseph-Félix-d'Artagnan-Louis MOYZÈS
Né à la Teste-de-Buch (Gironde), le 17 août, 1876.
MM. PITRES, professeur, président.
delaThèse• \ VERGELY, professeur, \ MONGOUR, agrégé.
j
Juges.REGIS, chargé de cours. )
Candidat répondraaux questions qui lui seront faitessurles diverses parties de l'Enseignementmédieal.
BORDEAUX
Imprimerie J. DURAND, 20, rue Condillac
1902
FACULTÉ
DEMÉDECINE ET
DEPHARMACIE
DEBORDEAUX
M. de NABIAS Doyen. | M. PITRES.
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Doyenhonoraire.
MM. MICÈ
,
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Pardélibération du 5 août 1879, la Faculté a arrêté que les opinionsémises ^^ Thèsesqui lui sont présentées doivent êtreconsidéréescommepropres à
leurs au
quelle nentend leur donnerniapprobation ni improbation.
A MON
PÈRE, A MA MÈRE
Témoignage(l'une profonde piété filiale,
etd'une reconnaissance éternelle pourleurs sacrifices.
THÈSE MOYZÈS. 1
A MA
FIANCÉE
Gage d'une affection profonde quine s'éteindrajamais.
A MON
PRÉSIDENT
I)ETHÈSE
Monsieur le Professeur PITRES
Doyenhonoraire de la Faculté de Médecine de Bordeaux, Professeur de clinique médicale,
Chevalier de la Légion d'honneur,
Membrecorrespondant de VAcadémie de médecine, Membrecorrespondant de la Société de Biologie,
Officierde VInstruction publique.
AVANT-PROPOS
Avant de quitter Bordeaux, l'aimable ville, toute pleine
pour nous de souvenirs si gais et si doux, nous ne pouvons
nousdéfendre d'une émotion profonde ; c'estavec unesincère
reconnaissance que s'adressent les remerciements de l'élève
aux éminents chefs de service : MM. les professeurs Lane- longue,Picot, MoussousetPousson, MM. les docteursDavezac, Dubourg et Gourdon, pour leur bienveillant et magistral enseignement. Mais, ce nousest unagréable devoird'exprimer
ici à notre maître éminent, M. le professeur Pitres, tous nos
nos remerciements reconnaissants pour l'amabilité, nous dirions presque l'affection qu'il a montrée à notre égard; que le clinicien si hautement apprécié reçoive aussi nos remer¬
ciements sincères pour l'éducation médicale qu'il nous a donnée.
C'est avec un très réel regret que nous disons adieu à
notre joyeuse vie d'étudiant, non pas pour les plaisirs qu'elle
nous a fait goûter, mais pour les amitiés qu'elle avait fait naître, pour les affections qu'elle avait fait éclore; le cœur sincèrement ému, nous disons adieu à tous les camarades,
—pouvons-nous dire à tous les amis? — que nous avons pu
nous créer et
fréquenter durant
notre tropcourte vie d'étu¬
diant; le docteur Moyzès espère que tous se souviendront de
lui avec autant de plaisir qu'il pensera lui-même à leurs bonnes relations.
'
.
•
— 11 —
CHAPITRE PREMIER
Les
réflexes tendineux dans le diabète.
La découverte des modifications des réflexes tendineux chez les diabétiques est de date relativement récente. La perte du réflexe tendineux chez les diabétiques fut signalée
pour la première fois par M. le professeur Bouchard (1) dans
son cours professéà la Faculté de Médecine de Paris,en 1881.
L'année suivante, en 1882, M. le professeur Landouzy (2),
fit de la perte des réflexes tendineux chez les diabétiques l'objet d'une leçon dans laquelle il rapportait cinq observa¬
tions confirmant celles de M. le professeur Bouchard.
En 1888, dans sa thèse d'agrégation, M. Drevfous
(3),
de Paris, cite à l'appui de la théorie nerveuse du diabète troisobservations avec signe de Westphal.
Enfin, en 1884, au Congrès de Blois, M. Bouchard
(4)
com¬munique une note sur la perte des réllexes tendineux dans
le diabète sucré.
M. le professeur Bouchard signalait que : « sur quarante
et un diabétiques observés en dehors de l'hôpital, douze
avaient perdu complètement leurs réflexes rotuliens, soit une proportion de 29 %.
Dans le nombre, deux qui avaient conservé les réflexes, les
ontperdus ultérieurement et cette disparition acoïncidé avec
(1) Bouchard,Cours inédit, cité delà thèse de Drcyfous, 1883.
(2) Landouzy, Cliniquede la Charité, inédite, citée par Dieyious.
(3) Dreykous, Thèse d'agrégation: Paris, 1883.
(4) Congrèsde Blois, 1884.
— 12 —
uneaggravation de la maladie. Chez deux autres, les réflexes abolis ont reparu et cette réapparition a coïncidé avec une
amélioration de la maladie. En rapportant à 100 le nombre des malades de chaque catégorie, la mortalité est de 7% chez les diabétiques qui ont gardé leurs réflexes; elle estde 17 % pour les diabétiques qui n'ont plus les réflexes. A l'hôpital, où l'on observe une forme de diabète beaucoup plus
grave, surseptmalades, six avaient perdu leurs réflexes. Sur
ces six, deux sont morts, et les quatre autres ont quitté l'hôpital dans unétat de consomption grave.
La perte du reflexe rotulien n'appartientpas particulière¬
ment, comme on serait porté à le supposer, à ce qu'on veut appeler le diabète nerveux. En effet, la perte des réflexes
tendineux ne s'observe que dans les cas graves, ou à lafin
de la maladie. Le signe peut cependant apparaître chez les diabétiques qui ont toutes les apparences de la santé, mais il
conserve sa signification pronostique fâcheuse :
En 1884,M. Rosenstein (1), dans un travail destiné àréfuter
les dires de M. Althaus.(2), qui voit dans l'existence du phé¬
nomène du genou pendant le diabète, le signe différentiel
de
cette maladie d'avec le tabès, rapporte plusieurs observations
de diabétiques qui avaient perdu leurs réflexes
patellaires.
Mais, contrairement à M. Bouchard, il refuse au signe de Westphal toute valeur pronostique, et ajoute qu'il ne
peut
servir à diagnostiquer le corna diabétique d'avec les
états
analogues, se basant sur ce qu'il a vu les réflexes manquerdans un cas de coma urémique.
En 1886, MM. Marie et Guinon (3), publiaient une
nouvelle
étude sur le même sujet, et établissaient que le
mérite de
cette découverte, que M. Rosenstein paraissait
s'attribuer,
revenait tout entier à M. le professeur Bouchard.
(1) Rosenstein, Berl., Klin.Wochen, no8, 1805.
(2)Althaus, Useber sclérosé de Rackanmarks, p. 169.
(3) Marieet Guinon, Rev. deMéd., juillet, 1886,
— 13 —
En 1887, M. P. Revnier (1), dans une communication à la
Société de chirurgie, faisait ressortir l'importance que pou¬
vaitavoir lesigne deWestphal au point devue chirurgical
(2).
Tous ces différents auteurs ont étudié la fréquence de la perte des réflexes tendineux dans le
diabète sucré
etleurs
résultatsstatistiques viennent se confirmer les uns les autres
à cepoint de vue-là.
Landouzy (3) l'a trouvé cinq fois sur douze.
Bouchard (4)
qui en avait fait une étude plus approfondie, fixa cette pro¬portion à environ le tiers des cas (19 fois sur
66).
Pour Rosenstein (5), elle existerait dans la majorité des
cas.
D'après leurs observationspersonnelles, Marieet
Guinon(6)
constatent leur abolition trois fois sur huit.
Puis MM. Buzzard (7) et Raven (8) qui font
ensemble
paraître une étude sur cette question-là, se trouvent en
divergence d'opinions. D'après M. Buzzard, en effet, la pro¬
portion en serait très grande. M. Raven, au
contraire, estime
qu'elle l'est moins qu'on nele pense généralement.« Pour nous, dit M. Nivière, nous avons examiné douze diabétiques que nous avons rencontrés dans les divers
servi¬
ces hospitaliers que nous avons parcourus dans le
but de
chercher la fréquence de ce signe. Nous déclarons,
dès
maintenant, que ces quelques cas, à eux seuls, nesont
pas faits pour établir une proportion exacte; lesdiabétiques
(1) Rrynier P.. Bull, de laSoc. de Chir., t xm, 1887.
(2)Nivièrk,Thèse de Paris: 1888.
(3) Landouzy. In thèse Dreyfous, 1883.
(4) Bouchard. Congrèsde Blois, 1881.
(h) Rosenstein. Loc. cit.
(6)MarieetGuinon. Loc. cit.
(7) Buzzard Anaddresson the significiance and value of tendon reflex
delivered before the Harveian Society of London,[nov. 3 th. 1887 in the Lancet,january28 1888.
(8)Raven. Discussionqui asuivi la précédentecommunication,Mèm. mèdi,
30 novembre 1887, p. 487.
— 14 —
hospitaliers étant presque toujours de grands diabétiques qui présentent une proportion beaucoup trop forte de malades ayant perdu leurs réflexes ».
De ces douze malades, six auraient perdu complètement
leurs réflexes tendineux. Parmi les cinq malades de M. Nivière qui avaient convservé leurs réflexes tendineux, troisn'avaient plus de sucre au moment où a été pratiqué l'examen, l'un
était presque guéri d'un volumineux anthrax de la nuque;
deux étaient hémiplégiques depuis plusieurs mois déjà et avaient de l'exagération des réflexes du côté paralysé seule¬
ment ; chez l'un d'eux, le diabète avait été constatécinq mois
avant l'apparition de l'hémiplégie.
En totalisanttoutes les statistiques publiées jusqu'ici eten y joignant six autres cas observés par MM. Letulle et de Fleury, on trouve que 89 diabétiques sur 210 ou 43,33 % présentaient soit une perte absolue, soit une très notable
diminution des réflexes tendineux. Nous ferons précéderdu signe — les chiffres indiquant le nombre des malades qui
offraient une diminution de réflexes, du signe + ceux
qui
indiquent le nombre de diabétiques dont les réflexes étaientnormaux.
De cette statistique (1) il ressortque les réflexes tendineux
chez les diabétiques sont abolis ou diminués dans la propor¬
tion de 42 %.
Depuis cette époque et à la suite de ces travaux, la
notion
del'abolitiondes réflexes rotuiiens dans le diabète estdevenue
MM. Bouchard (clientèle) — 51 + 90 = 141
— 6 + 6 = 12
— 5 + 7 = 12
— 7 + 2 = 9
— 3 + 5 — 8
— 5 + 5 — 10
— 12 + 6 = 18
— 89 + 121 = 210
» (hôpital) Landouzy
Rosenstein Marieet Guinon
Reynier Nivière
(1) Nivière. Thèse de 1888
— 15 —
classique ; on la trouve reproduite dans tous les manuels ou traités de médecine et, à l'occasion de ces troubles de la réflectivité tendineuse chez le diabétique, chaque auteur entreprend l'étude d'une association de symptômes observés quelquefois dans le diabète et décrits sous le nom de pseudo¬
tabès diabétique.
Charcot (1) avait déjà constaté la paralysiedu sens muscu¬
laire, le manque d'assurance de la marche dans l'obscurité
avecpicotement dans les membres inférieurs chez un diabé¬
tique.
MM. Bernard et Feré (2), Althaûs (3), etc., ont rapporté
des faits où les symptômes avaient la plus grande analogie
avec ceux du tabès. Ils notent tous, chez quelques uns de
leurs maladesdiabétiques un certain degré d'ataxie des mou¬
vements.
D'autres auteurs ont signalé une sensation de faiblesse dans les membres inférieurs, une fatigue musculaire toute spéciale avec intégrité de la force musculaire comme dans l'ataxie. Enfin, si nous ajoutons àces symptômes l'amblyopie quelquefois la paralysie de la musculature.de l'œil et aussi l'inaptitude à remplir les fonctionsgénésiques, on voit que le tableau clinique offre de grands points de ressemblance avec le tabès.
Bien plus, dans son travail sur les accidents nerveux du
diabète, M. J. Vergely (4) cite un cas signalé par Grube (5)
de signe de Rombert dans le diabète ; ce malade revu un an après ne présentait plus ce symptôme en même temps que sonétat
diabétique
s'était très sensiblement amélioré.(1)Charcot. In Arch. de Neurologie,nov. 1882.
(2) Bernard et Feré. Des troubles nerveux observés chez les diabétiques.
Arch, deNeurol., nov, 1882.
(3) Althaus. Ueber sclérosedes^Ructkenmarks.
(4)Vergely. Archives cliniques de Bordeaux, 1898, p. 197.
G) Grube.Neurologisches Cenlralblatt, 1895, p. 5.
— 16 —
A côté des troubles de moti 1 ité, nous trouvons des troubles de sensibilité les plus variés.
Charcot, Raymond et Oulmont ont observé
de véritables
douleurs fulgurantes analogues en tous
points
àcelles
des tabétiques.N'observe-t-on pas aussi, comme symptôme prédominant,
dans le diabète, des crises gastralgiques,
Lasègue, Vulpian
et Lécorché, en ont rapporté pas mald'exemples.
Enfin, ces différents auteurs signalent aussi, chez leurs malades, des plaques d'anesthésie et
d'hypéresthésie, de
l'analgésie, de la pertede la sensibilité tactile, des sensations
de compression, de
refroidissement, de chaleur, de la dyses-
thésie même chez un malade de Dionis des Carrières qui croyait marcher sur un filet
de cordes.
Comme on le voit, les troubles de sensibilité et les
troubles
de motilité dans le diabète, ont des points de
ressemblance
très nets et très nombreux avec symptômes du même genre
quel'on observe dans
le tabès.
On comprend donc, que le
diagnostic différentiel entre
cesdeux états, soit souvent fort difficile à porter.
La perte des
réflexes tendineux, observé chez un nombre très
important
de diabétiques vient encore augmenter
hautement la diffi¬
culté.
M. le professeur Pitres, vint
jeter
unjour
nouveau,surcette
question par
l'étude
desréflexes cutanés chez les diabétiques:
Il faisait en même temps connaître, dans la séance
de la Réu¬
nion Biologiquede Bordeaux, le 11
novembre 1902, les résul¬
tats qu'il avaitobtenus par
l'examen des réflexes iriens et des
sensibilités profondes du creux
épigastrique
etdes testicules
à la pression, chez
trente-deux diabétiques qu'il avait
examinés.
Delà lecture des résultats, que
îfi.
le professeurPitres a
obtenus, il ressort : 1° que les réflexes
tendineux sont le plus
souvent abolis ou affaiblis; 2° que les réllexes
cutanés (abdo¬
minaux crémastériens et plantaires), sont plus
fréquemment
encore, abolis ou affaiblis chez les
diabétiques.
»— 1? —
Aucun ordre dans la disparition des uns ou des autres
réflexes : les uns sontaffaiblis ou abolis, tandis queles autres sont exagérés ou normaux.
Cette variabilité ne se rencontre pas seulement dans le dia¬
bète : elle s'observe, dans beaucoup d'autres cas pathologi¬
ques, notamment dans le tabès, et rend très difficile l'inter¬
prétation pathogénique et l'application de la valeurséméiolo- gique de la perte des rétlexes dans ces maladies.
« Mais, contrairement à ce qui se passe pour les réflexes
»cutanés et tendineux, les rétlexes pupillaires sont presque
» toujours intégralement conservés dans le cours du diabète.
»Dans le seul cas où je les ai trouvés abolis, il s'agissait d'un
» homme de cinquante-deux ans, fortement artério-scléreux,
)) atteint depuis plusieurs années d'un diabète gras avec
» polyurie et glycosurie modérée. Dans tous lesautres casles
» rétlexes des pupilles à la lumière età l'accommodation sont
» normaux. Jamais je n'ai constaté chez les diabétiques de
» signe d'Argyl) Robertson. »
Dans cette note, M. le professeur Pitres ajoute qu'il n'a jamais rencontré dans le diabète ni l'analgésie épigastrique profonde, ni l'analgésie testiculaire, qui s'observent si
communément dans le tabès. »
Enfin, M. le professeur Pitres conclut •: 1° que les rétlexes tendineux sont affaiblis ou abolis dans la plupart des cas, d'accord en cela avecles théories actuelles ;
2° Que les^réflexes cutanés (réllexes abdominal, testiculaire
etplantaire), sont également affaiblis ou abolis, « on ne peut pas
diagnostiquer
un tabès d'un pseudo-tabès diabétique, niparl'examen des réflexes tendineux, puisqu'ils sont abolis dans les deuxcas, ni par l'examen des réflexes cutanés abolis
ou affaiblis également dans les deux cas. »
Nous savonsbien que le symptôme pseudo-tabès se distin¬
guedu tabès par son évolution rapide et sa disparition, sous IInfluence du traitement anti-diabétique, « mais le diagnostic
peut-être faitimmédiatement par l'examen comparatif des
réflexes iriens, et des sensibilités viscérales profondes, et en
particulier des sensibilités épigastriques et testiculaires. »
L'étude des documents qui ont servi à établir ces conclusions et que nous devons à l'extrêmeobligeance de notre excellent maître M. le professeur Pitres, font l'objet de ce travail.
Il a été en notre pouvoir d'ajouter à la statistique précé¬
dente huit nouvelles observations, qui viennent, hâtons-nous de ledire, confirmer les conclusions précédentes :
Ce sontces deux séries d'observations que nous rapportons dans le chapitre suivant.
Les résultats obtenus par l'étude de quarante observations
nous permettront enfin de poser quelques conclusions sur
l'état, non seulement des réflexes tendineux, maisencore des réflexes cutanés, des réflexes iriens et des sensibilités viscé¬
rales dans le diabète. Elles sontde nature à aiderau diag¬
nostic du tabès vrai et du pseudo-tabès diabétique.
— 19 —
CHAPITRE II.
Quarante observations de
diabétiques
(Recherche des réflexes et de quelques sensibilités viscérales).
Dans ce chapitre nous rapportons tout d'abord les trente- deux observations qui ont servi à M. le professeur Pitres, à établir les conclusions présentées à la Réunion Biologiquede Bordeaux, le 11 novembre 1902.
Dans un deuxième paragraphe, nous donnons huit nou¬
velles observations de diabétiques, inédites et personnelles,
nous nous sommes contenté, dans les deux groupes, de rap¬
porter uniquement, avec quelques renseignements généraux
indispensables,
les données nécessaires à notre étude, alin de ne pas embarrasser nos recherches de détails que nous avons cru inutiles.Observations dues à l'obligeance de M. le Professeur Pitres.
Observation I
P...,homme, diabète à 20 grammes de glycose depuis20 ans.
Examen des réflexes :
Réflexesrotuliens : droits, très faibles; gauches, abolis.
Érections: disparues depuis cinq ou six ans.
thèsemoyzes. 2
Sensibilité testiculaire: conservée.
Quelques rares douleurs fulgurantes dans les cous-de-pied (2 ou3fois par an).
Observation II
G..., Henri, quarante-huit ans, névralgie testiculaire diabé¬
tique, 20 grammes de sucre par litre.
Examen des réflexes :
Réflexes pupillaires : à la lumière, normal; à l'accomoda-
tion, normal.
Réflexepharyngien : normal.
Réflexesabdominaux: supérieurs, vifs ; inférieurs, abolis.
Réflexes rotuliens: normaux.
Réflexesplantaires : vifs.
Observation III
P..., homme, diabète sucrée.
Examen des réflexes :
Réflexes abdominaux : conservés.
Réflexespharyngiens : conservés.
Réflexesrotuliens : faibles.
Réflexes testiculaires: faibles.
Réflexes plantaires : Planti-crural, aboli;
planti-tibial, aboli,
planti digital, aboli.
Observation IV
L..., homme,cinquante-trois ans, mélancolie
diabétique.
Examendes réflexes :
Réflexes pupillaires : normaux.
Réflexestestieulaires : abolis.
Réflexes abdominaux : abolis.
Réflexes rotuliens : normaux.
Réflexes achilléens: normaux.
Réflexes plantaires: abolis.
Observation Y
A... L..., vingt-six ans, diabète (Hôpital).
Examen des réflexes :
Réflexes pupillaires : normaux.
Réflexe pharyngien : abolis.
Réflexes abdominaux : supérieurs, très vifs; inférieurs, très vifs.
Réflexes rotuliens : abolis des deux côtés, mais réapparais¬
sentavec lamanœuvre de Jendrassik.
Réflexes plantaires : abolis.
Observation YI
Homme, cinquante-sixans, diabète, arthritisme,goitreancien, Examendes réflexes :
Réflexes pupillaires : pupilles égales; réflexe lumière, nor¬
mal;réflexe àl'accommodation, normal.
Réflexes abdominaux: vifs.
Réflexestestieulaires :vifs.
Réflexes rotuliens : faibles.
Réflexes achilléens : vifs.
Réflexes plantaires : planti-crural, faible; planti-tibial, fai¬
ble;planti-digital, nul.
22
Observation VII
Michel L..., diabète pancréatique.
Examen des réflexes :
Réflexes pupillaires : pupilles égales; réflexe à la lumière,
normal; réflexe à l'accommodation, normal; réflexe à la douleur, très net.
Réflexes abdominaux : supérieurs, vifs; inférieurs, vifs.
Réflexes testiculaires : normal.
Réflexe défécation : normal.
Réflexe miction : normal.
Réflexe érection : normal.
Réflexes rotuliens : droits, faibles; gauches, faibles.
Réflexes achilléens : nuls.
Réflexes plantaires : digital, nul; tibial, très faible;
crural,
net.
Sensibilité cutanée : normale.
Sensibilité testiculaire : normale.
Sensibilité épigastrique : normale.
Observation VIII
J...,homme,soixante-quatreans, diabètedepuisunan
environ.
Mélancolie diabétique légère.
Examen des réflexes :
Réflexes pupillaires : pupilles égales; réflexe à
la lumière,
normal; réflexe à l'accommodation, normal.
Réflexes abdominaux : supérieurs, nuls; inférieurs,
nuls.
Réflexestesticulaires : nuls.
Érectionsfaibles.
Réflexesrotuliens : abolis.
Réflexes achilléens : abolis.
Réflexes plantaires : conservés avec des nuances.
Leréflexe planti-digital est plus faible que le réflexe planti- tibial, qui lui-même estplus faible que le réflexe planti-crural.
Observation IX
Colonel, cinquante-quatre ans, diabètepolyurique.
Examen des réflexes :
Réflexes pupillaires : pupilles égales; réflexe à la lumière, normal; réflexe à l'accommodation, normal.
Réflexes abdominaux : supérieurs, abolis; inférieurs, abolis.
Réflexes testiculaires : abolis.
Réflexes rotuliens : droits, abolis; gauches, abolis.
Réflexes plantaires : abolis.
Érections : faibles.
Défécation : normale.
Miction : normale.
Lemalade rend 9 litres d'urine par vingt-quatre heures : il n'yani sucre, ni albumine dans ses urines.
Observation X
Diabète depuis huitou dix ans. Lassitude, fatigue, amaigrisse¬
ment. Le mafade rend 5 litres d'urine par jour, avec 85 à 40
grammes de sucre parlitre.
Examen des réflexes :
Réflexes rotuliens : droits, conservés; gauches, très affaiblis.
Sensibilité testiculaire : conservée.
24 —
Chute des dents.
Oreilles lisses.
Voûte palatine : normale.
Tremblementdes mains.
Observation XI
M..., homme, diabète ; phtisie diabétique.
Examen des réflexes :
Réflexes abdominaux : abolis.
Réflexes testiculaires abolis.
Réflexes rôtulièns: abolis.
Sensibilité cutanée : conservée.
Sensibilité testiculaire: conservée.
Pas de troubles trophiques ni de symptômes névritiques.
Observation XII
R.... Jean, cinquante-six ans, diabète gras.
Examen des réflexes :
Réflexes pupillaires : R. lumière : vif; R.
accomodation
normal.
Réflexe pharyngien : aboli.
Réflexe abdominal : aboli.
Réflexe testiculaire : aboli.
Réflexeplantaire : très vif.
Réflexe rotulien: conservé.
Mictions : normales.
Érections : abolies.
Sensibilité épigastrique : normale.
Sensibilité testiculaire : normale.
Observation XIII
A..., homme, quarante-six ans et demi, diabète, sucre = 50 à 100 grammes depuis huit ans.
Examen des réflexes :
Réflexes pupillaires : Pupilles égales ; R. lumière : normal ; accomodation : normal.
Réflexe pharyngien :normal.
Réflexes abdominaux : très vifs.
Réflexestesticulaires: faibles.
Défécation: normale.
Miction : normale.
Érections : faibles etrares.
Réflexes rotuliens : abolis.
Réflexesplantaires : conservés.
Sensibilité testiculaire : conservée.
Sensibilité épigastrique : faible.
Observation XIV
C..., Fernand, trente-quatre ans, vigneron. Diabète maigre.
Examen des réflexes:
Réflexes pupillaires : Pupilles égales ; R. lumière : normal ; Raccomodation : normal.
Réflexe pharyngien : conservé.
Réflexesabdominaux : faibles.
Réflexes testiculaires : conservés.
Miction : normale, fréquente.
Érections : rares.
Défécation : normale.
Réflexes rotuliens : abolis.
Réflexesplantaires : abolis.
Sensibilité cutanée : normale.
Sensibilité testiculaire : normale.
Sensibilité épigastrique : modérée.
Observation XV
J..., homme, trente-sept ans. Diabète depuis cinq ans, de 80à 86 grammes de sucre par litre, deux litres etdemiparjour.
Neurasthénie concomitante. Obsession: peur d'aller en che¬
min de fer, en bateau.
Examen des réflexes :
Réflexes pupillaires : pupilles égales; R. lumière: normal;
R. accomodation : normal.
Réflexe pharyngien : conservé.
Réflexes abdominaux : vifs.
Réflexes testiculaires : faibles.
Défécation:normale.
Miction: normale.
Érectionsnormales.
Réflexes rotuliens : très faibles, même avec le signe de Jen-
drassik.
Réflexesplantaires : conservés.
Sensibilité cutanée : normale.
Sensibilité épigastrique : normale.
Sensibilité testiculaire: normale.
Sensibilité osseuse: normale.
Sensibilité articulaire: normale.
Pas de douleurs àtype fulgurant.
Pas detroubles trophiques.
Observation XYI
F..., homme, cinquante-huit ans, horloger. Glycosurie abon¬
dante.
Dilatation ethypertrophie du cœur.
Examen des réflexes:
Réflexes pupillaires: Pupilles égales; R. lumière : normal;
R. accommodation : normal.
Réflexe abdominal : aboli.
Réflexetesticulaire: aboli.
Défécation: normale.
Miction: normale.
Érections : supprimées depuis deux ans. Il faut noter une atrophie des deux testicules.
Réflexes rotuliens: conservés.
Réflexes plantaires : conservés.
Sensibilité testiculaire: conservée malgré l'atrophie.
Sensibilité épigastrique : vive.
Observation XVII
A..., homme, quarante-trois ans, diabétique depuis cinq ans;
de 20 à 40 grammes de sucre par litre, quantité d'urine,
2litres 1/2.
Examen des réflexes :
Réflexes abdominaux : exagérés.
Réflexes testiculaires : nuls.
Défécation : normale.
Miction : normale.
Dre étions : normales.
■
MM■
„
Réflexos rotuliens : abolis.
Réflexes plantaires : conservés.
Motilité normale.
Sensibilité normale <lais Ins membres inférieurs.
Sensibilité (Spi^astri<|un : faible, mais existe.
Sensibilité testieiilaire : très vive.
Jamais de douleurs à type fulgurant.
<MlHKIt VATlON XVIII
H... René, dix ans et demi, diabète depuis deux ans ; 60 à.
72 grammes do sucre par litre, (juantité d'urine, 2 litres 1/2 à
3 litres parjour.
Examen des réflexes :
Réflexes abdominaux : très vifs.
Réflexes tosticulairos : très vifs.
Défécation : normale.
Miction : normale.
Erections : ??
Réflexes rotuliens : abolis.
Réflexes plantaires : très vifs.
Sensibilité testiculaire : normale.
Sensibilité épigastrique : normale.
Sensibilité cutanée : normale.
Pas de troubles de la motilité, ni de l'intelligence.
Observation XIX
M..., homme, diabète maigre depuis neuf mois; 65 grammes
de sucre par litres, 5 litresparjour.
Examen des réflexes :
Réflexespupillaires : réflexe accommodation,
normal; réflexe
lumière, normal.
— 20 —
Réflexes abdominaux : très vifs.
Réflexes tostieuljiiPGN : très exagérés.
Miction : normale.
Défécation : normale.
Érections : faibles.
Réflexes rotiilioiis : faibles.
Réflexes plantaires : abolis.
Sensibilité cutanée : normale.
Sensibilité tosticulairo : normale.
Sensibilité épigaNtrique : affaiblie.
ouskuvation XX
II..., homme, soixante-sixans. Diabète depuis isso, a In suit»»,
d'uneperte d'argent. 22 grammes de sucrepar litre (1804).
Kxanien desréflexes: Réflexeabdominal : aboli.
Réflexe testiculaire : aboli.
Défécation : normale.
Mictions: normales.
Érections: frigidité absolue depuis cinq ans.
Réflexes rotuliens : conservés.
Réflexes plantaires: conservés.
Sensibilitétesticulaire : normale.
Sensibilité épigastrique:faible.
Sensibilité cutanée: normale.
Pas detroubles de la motilité.
Oreillesnormales.
Pas detremblementdes mains.
Pas detremblement des paupières.
Pas de tremblement de lalangue.
Voûte palatine : normale.
— 30 —
Observation XXI
I)..., colonel, cinquante-neuf ans. Diabète depuis trois ans au moins. Artério-selérose concomitante. Grande quantité de
sucre.
Examen des réflexes :
Réflexes pupillaires: Pupilles égales; R. lumière: aboli;
R. accomodation : aboli.
Réflexepharyngien: aboli.
Réflexe abdominal : aboli.
Réflexe testiculaire : aboli.
Défécation : normale.
Mictions : normales.
Érections : faibles.
Réflexes rotuliens: abolis.
Réflexesplantaires : abolis.
Sensibilité testiculaire : conservée.
Sensibililô épigastrique : conservée.
Observation XXII
J..., homme, cinquante ans. Diabète depuis un an. 30 à
40 grammes desucre parlitre.
Examen des réflexes :
Réflexes abdominaux : abolis.
Réflexes testiculaires : vifs.
Réflexes rotuliens: conservés, mais faibles.
Érections : normales.
Sensibilité cutanée : normale.
Sensibilité épigastrique : normale.
Sensibilité testiculaire : normale.
— 31 —
Observation XXIII
B..., homme, soixante-huit ans. Diabète sucré.
Examen des réflexes :
Réflexes pupillaires-: Pupilles égales ; R. lumière : normal ; R. accomodation: normal.
Réflexepharyngien : aboli.
Réflexe abdominal : supérieur: aboli ; inférieur : aboli.
Réflexetesticulaire : aboli.
Mictions : polyurie; pollakurie.
Défécation : normale.
• Erections : supprimées depuis deuxans (soixante-six ans).
Réflexes rotuliens : conservés.
Réflexes plantaires : abolis.
Sensibilité épigastrique : conservée.
Sensibilité testiculaire : conservée.
Oreilles : normales.
Voûte palatine : normale.
Pas de tremblementdes mains.
Pas detremblement de la laiigue.
Pas de tremblementdes paupières.
Observation XXIV
L..., homme, cinquante-neuf ans. Diabète gras. De 20 a 50 grammes de sucre par litre, depuis quatre ou cinq ans.
Examen des réflexes:
Réflexes abdominaux : abolis.
Réflexes testiculaires : abolis.
Défécation: normale.
Mictions : normales.
Érections : abolies depuis longtemps.
Réflexes rotuliens : abolis.
Réflexesplantaires : faibles.
Sensibilitéépigastrique : conservée.
Sensibilité testiculaire : conservée.
Légère sensation de fourmillement dans le domainedu cubital droit.
La percussion du nerf cubital dans la gouttière est peu
perçue. A
Observation XXV
Th..., quarante-trois ans, industriel, diabète.
Réflexes pupillaires : pupilles égales; réflexe à la lumière,
normal ; réflexe à l'accommodation, normal.
Réflexes abdominaux : supérieurs, faibles; inférieurs, faibles.
Réflexe à la défécation : normal.
Réflexe à la miction: normal.
Réflexe à l'érection: normal.
Réflexes rotuliens : normaux.
Réflexes achilléens : normaux.
Réflexes plantaires : abolis.
Sensibilité oculaire : normale.
Sensibilité trachéale : normale.
Sensibilité épigastrique : normale.
Sensibilité testiculaire : normale.
Observation XXVI
H..., homme, quarante-huit ans et demi,
propriétaire à
Sainte-Foy. Névralgie diabétique.
Examen des réflexes :
Réflexes pupillaires:pupilles égales; réflexelumière,
normal,
réflexe accommodation : normal.