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LOUIS XV ET LES ARTS DÉCORATIFS

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PIERRE V E R L E T

LOUIS X V

ET LES ARTS DÉCORATIFS

U

ne ère de prospérité, d'essor et de tranquillité, assez exception- nelle dans notre histoire, marque le siècle de Louis X V . Un souverain en apparence nonchalant et jouissant de la vie, intelligent et artiste, au détachement et aux finesses de grand seigneur, domine cette époque. Moins batailleur et moins orgueilleux que son prédé- cesseur, plus lucide et moins aboulique que son successeur, i l est, volens nolens, le roi qui fut à la tête de ce que l'on considère comme l'âge d'or de l'art décoratif français.

Plus que les guerres, les œuvres de paix sont source de profit pour la société de ce temps ; elles propagent fortement les arts fran- çais par tout le monde germanique, Scandinave, slave, latin bien sûr, les introduisent même en Angleterre et jusqu'en Chine. Effort de tout un peuple, bénéfices pour beaucoup, éclat qui flatte le chau- vinisme national et qui permet aux métiers de luxe de s'épanouir.

C'est de France, de Versailles et de Paris que rayonne le Siècle des Lumières.

Un art de vivre, a-t-on dit, et c'est vrai surtout pour les riches, à qui rien n'échappe du confort le plus raffiné : appartement frais pour l'été et calorifère l'hiver, glacière et même ascenseur, domes- ticité abondante, voitures rapides et meubles appropriés pour les voyages, et tout ceci fort beau, élégant, délicat. Les paysans eux- mêmes en cherchent le reflet : armoires aux jolies moulures

« Louis X V », gobelets d'argent à l'image de ce que l'on fait à Paris s'ils ont acquis le moindre bien, marabout, arrosoir ou bassi- noire de cuivre, qui font maintenant les délices de nos contempo- rains les plus huppés. Une harmonie qui nous séduit, si nous ne regardons pas l'envers du décor, souvent sordide ou inhumain.

Cette société se maintient par la force des positions acquises et dans la sécurité d'institutions séculaires. L a noblesse surtout, puis ceux qui y accèdent ou s'en rapprochent, les travailleurs aussi, dès 308

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qu'ils sont incorporés aux communautés qui les encadrent. Malheur à qui voudrait toucher à l'édifice et, tel Louis X V I à son avènement, croirait accomplir des réformes qu'il ne ferait qu'à demi ! Une stabilité presque hors du temps, d'innombrables contrastes où s'op- posent archaïsme et désir de changement, de la continuité mêlée de lentes rénovations.

Il existe des fortunes immenses, qui paraissent inébranlables et que possèdent des gens ignorant souvent l'étendue de leurs dettes ; une foule de miséreux qui ont le souci de l'épargne et pour leur roi un culte presque superstitieux ; une immoralité restée célèbre et toute une sainteté demeurée cachée ; un esprit fait de légèreté, de finesse et de grâce qui recouvre des caractères bien trempés, dans une société pleine de diversité, à la fois unie et fortement tranchée.

Louis X V règne sur cette société, l'accepte, la gouverne non sans clairvoyance, tantôt indulgent et presque paresseux, tantôt auto- ritaire. Son pouvoir de séduction est grand, bien qu'il ait de son temps suscité aussi de la réprobation et au xixe siècle de la haine.

S'il est un domaine où son prestige a continué d'être incontesté, sauf une petite éclipse que l'on peut situer des environs de 1780 à ceux de 1840, c'est bien le domaine des arts décoratifs ; là, de son vivant même, son règne s'est étendu sur presque tout le monde civilisé et n'a cessé d'attirer depuis. D'où vient ce pouvoir ?

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'exemple, pourrait-on dire, ou plutôt la réussite de ses com- mandes a fait de Louis X V le roi du style qui porte son nom.

Les sommes énormes qu'il dépense ne suffisent pas, le prestige per- sonnel non plus, qui est éphémère. Mais le goût, un intérêt passionné, une application sans défaillance, furent ses meilleurs agents. Les résultats sont là. S'est-il inquiété de ceux qui travaillent pour lui ? Assez rarement, je suppose. Mais d'un regard sans défaut juger leurs ouvrages, ce fut là, me semble-t-il, l'un de ses rôles et de ses succès.

L a main et le cerveau, le problème est dans les arts décoratifs plus aigu peut-être qu'à propos du « grand art ». C'est évoquer en même temps à l'époque de Louis X V le dualisme qui existe entre Paris et Versailles.

Le roi, la Cour, Versailles, on est à tout moment obligé d'y son- ger lorsqu'on dit Paris, la ville dont le rôle est essentiel et tant de fois séculaire. L a plupart des courtisans possèdent à Paris un palais, un hôtel, où se reposer des fatigues de la Cour, où échouer le cas échéant ; le roi lui-même y a résidé dans les années de la Régence.

Paris a reconquis sa place de capitale de l'Occident et de cité merveilleuse, industrieuse, unique, qui fut la sienne au x i V siècle.

Paris a détrôné Rome, n'a pas encore été rejoint par Londres, appa- raît comme le lieu où i l faut venir pour connaître le goût le plus fin ou les débauches les plus rares, la ville que l'on envie et qui détient bien des records : 600 000 habitants, 15 000 carrosses, 30 000 pros- tituées, le reste à l'avenant. Une administration prévoyante établit

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de nouveaux quais, éclaire le Cours-la-Reine, embellit les Champs- Elysées, restaure les monuments et construit de superbes fontaines, bâtit la plus belle place du monde sous le nom de Louis X V . Une grande église, Sainte-Geneviève, va bientôt dominer la cité de son dôme classique ; le roi en personne est venu en poser la première pierre en 1764 ; quelques années plus tard, i l s'intéresse à la cons- truction au bord de la Seine d'un nouveau palais pour sa Monnaie.

Des boulevards célèbres, bien plantés d'arbres, ont remplacé l'antique rempart. Aux quartiers nouveaux de la périphérie s'ajoute, à l'inté- rieur des murs, tout ce que l'on reconstruit ou rebâtit. « Quiconque a quitté Paris pendant vingt ans, écrivent Hurtaut et Magny dans leur Dictionnaire pittoresque publié en 1779, et qui y revient ensuite a peine à s'y reconnaître ; les marais, les champs, etc. qui l'environ- noient, sont aujourd'hui des cantons superbes, où brille le luxe de l'architecture la plus exquise. »

Le Paris de Louis X V est aussi celui des métiers d'art ; i l en est la capitale aux yeux de l'Europe entière. Les hôtels du faubourg Saint-Germain ou ceux du faubourg Saint-Honoré sont restés fameux ; leur histoire est connue ; leur façades et souvent leurs boiseries évoquent de grands noms. On devrait s'intéresser aussi à bien des demeures qui sont encore debout dans le Vieux Paris, maisons modestes, souvent délabrées et dans des rues sordides, d'architecture avenante et sobre, de jolies proportions, aux balcons de fer forgé tout empreints d'une grâce « Louis X V ». Merciers de la rue Saint- Honoré, orfèvres, bijoutiers et horlogers de la place Dauphine et des quais voisins, menuisiers de la rue de Cléry, tapissiers de la rue Quincampoix, tourneurs de la rue aux Ours, sculpteurs ou doreurs de la rue Saint-Denis, ébénistes de la rue de Charonne, fondeurs ou ciseleurs de la rue des Canettes, de la rue Princesse ou de la rue de la Verrerie, on pourrait, on devrait, avec un peu d'effort, identifier, signaler ou sauver telle ou telle maison, d'où sont sortis quelques-uns de ces beaux ouvrages aujourd'hui si prisés.

L a vente et l'exploitation des objets d'art sont encouragées, mais ceux qui les produisent sont gardés avec une sorte de jalousie et comme protégés malgré eux. Le monde officiel, ambassadeurs, surin- tendant des beaux-arts, aide les nombreux seigneurs anglais qui, à la fin du règne, commandent aux Gobelins des suites de tapisseries à se soustraire aux taxes, mais un artisan habile demande-t-il la permission de s'expatrier, l'inquiétude paraît. Je citerai, pour le bronze, une lettre inédite de Gabriel, qui fait rompre en 1742 un contrat établi avec le comte de Tessin par le bronzier Levasseur ; celui-ci, qui a travaillé à Versailles, a été sollicité de « passer en Suède » ; Gabriel intervient ensuite auprès de Louis X V pour faire loger au Louvre ce mouleur-fondeur, « homme très rare dans cette espèce », et il ajoute, non sans un peu d'excès nous semble-t-il,

« nous manquons totalement de mouleurs et fondeurs ».

Paris est fier de sa suprématie. Versailles, de son côté, aide Paris à conserver sa prééminence, à assurer et maintenir son renom.

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Louis X I V avait agi dans ce sens. Louis X V fera de même. Les moyens en sont le travail et l'argent, des ouvriers émérites, mais aussi le gouvernement, une direction personnelle et royale. Une partie du secret et de la réussite du xviir siècle me paraît résulter du double effort accompli dans ces deux centres, dans ces deux creusets.

L'art décoratif et mobilier de Paris au xvnr siècle, les métiers parisiens du siècle de Louis X V . On est souvent tenté de substituer le nom de Versailles à celui de Paris. A-t-on raison ou tort ? Il y a « le Bien-Aimé », comme i l y aura plus tard « la Reine » et comme i l y eut « le Grand Roi » ; affectant de dédaigner Paris, peu importe, mais ne pouvant s'en passer. Paris, de même, a besoin de cette autre capitale qu'est Versailles.

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'est-il pas excessif d'attribuer à Louis X V sur son style une trop large part ? U n style qui se manifesta dès les environs de 1700, avant même que le souverain fût né, et qui se développa au temps de la Régence avec des courants souvent inconnus de la famille royale, avec des techniques parfois créées ou recréées à la fin du x v i r siècle, peut-il être raisonnablement considéré comme le sien ? Le mou- vement de réaction contre le « Louis X I V » fut accepté avec un enthousiasme juvénile par Louis X V aux alentours de 1735 ; le vieux Fleury a peut-être quelque part de responsabilité là-dessus, préférant voir le roi s'occuper à de nobles loisirs plutôt qu'au gou- vernement. Quel succès tout aussitôt ! Prendre la tête d'un style qui compte parmi les plus heureux de l'art décoratif français ne fut pas une erreur. Style de longue stabilité, à l'aire très étendue, à l'originalité presque totale et parvenant à se confondre avec son règne.

Ce qui nous séduit aujourd'hui dans cet art tout de fleurs, léger, spontané, jeune et comme amusé, marqué d'une noblesse et d'une me- sure qui demeurent constantes, c'est bien ce qui plut à Louis X V . Il eut peu d'attrait pour la peinture de chevalet ou la grande sculpture, à moins que de portrait ; beaucoup pour l'architecture, intérieure autant qu'extérieure. Partout le souci du détail dans la distribution, la composition, l'exécution : du mesquin, du petit, du nid à rat, pro- testent les intellectuels ; Y Encyclopédie, à qui l'on doit tant pour l'exposé des techniques, regrette avec ceux-ci l'abandon de l'antique ; c'est peut-être là, où le bât les blesse, que nous voyons une qualité.

Se complaire dans le nouveau, l'arabesque, le caprice, de jolies lignes courbes, des décorations fantasques qui ne signifient rien que le plaisir de vivre, d'onduler, de s'épanouir. Quel heureux moment, où l'on oublie les leçons trop apprises du passé sans être infidèle à quelques grands principes. Le règne de l'objet d'art, pour lui- même, pour la joie des yeux, non pour les réflexions trop profondes.

De là, le succès des fleurs. Elles forment le thème privilégié : partout on les rencontre, sur les boiseries, les encadrements des

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tapisseries ou les tapis, sur les soieries, sur le bois des sièges ou dans les marqueteries, dans le bronze, l'or ou l'argent, la porcelaine.

Magnifiées, à peine interprétées. Une inspiration fraîche, toujours nouvelle. Le Roi-Soleil avait montré la voie avec ses superbes jar- dins. Louis X V préfère les enclos plus secrets de ses Trianons, les cultures rares dont on suit le développement : jardin fleuriste, jardin français, jardin botanique. Parmi ceux qui travaillent pour les maisons royales, les frères Martin, le peintre François Boucher, l'orfèvre-ornemaniste Duplessis, réussissent entre beaucoup d'autres à traduire ce qu'il aime.

Rocailles qui se rattachent à l'art des jardins, courbes et contre- courbes qui s'entremêlent dans des abstractions aimables et savantes ne font qu'offrir d'autres aspects de cet art tout de liberté. L'inspi- ration venue de l'Orient ajoute son piment et provoque bien des fantaisies. Le théâtre y prend sa part aussi ; des décorations passa- gères, qui font rêver, où tout est permis, laissent des traces pro- fondes. Louis X V dépense pour les spectacles beaucoup d'argent.

Sous toutes ses formes, l'art décoratif en bénéficie et puise à cette source un renouveau d'imagination. Servandoni, Meissonnier, Lajoue, les Slodtz, comment délimiter leur influence, notamment pour ceux qui sont dessinateurs de la Chambre et des Menus-Plaisirs du Roi, selon que Louis X V veut du théâtre ou veut de l'orfèvrerie, du décor mural, du mobilier ?

Les femmes sont là aussi pour servir de prétexte à l'aimable, au joli. L a reine, M™' de Mailly, Mm < > de Pompadour, Mesdames de France, les dauphines, M M Du Barry, ont contribué par les com- mandes que Louis X V fit pour elles à l'embellissement des châteaux ou pavillons royaux, ne l'oublions pas.

L'éclectisme n'empêche pas de faire appel à l'archéologie, mais les choix du roi sont typiques : abandon de l'archéologie classique, penchant, non sans romantisme, pour le Moyen Age. Les bénédic- tins de Saint-Germain-des-Prés ont commencé d'étudier sérieuse- ment l'ancienne histoire de notre pays et l'un d'eux a publié au début du règne les Monumens de la Monarchie française, dont les cinq volumes se trouvent dans les bibliothèques du roi aussi bien que de Mesdames à Versailles. Faire entrer dans les collections de la Couronne l'armure de Philippe V I de Valois ou un couteau aux armes de Bourgogne que l'on imagine avoir servi à l'assassinat de Jean sans Peur à Montereau, et dans le même temps renvoyer à Paris tous les petits bronzes classiques des collections de Louis X I V et les gemmes de la Renaissance ou faire vendre les grands cabinets, eux aussi de composition classique, hérités du Grand Roi, n'est-ce pas assez caractéristique ?

Qu'on n'aille pas voir là défaut de noblesse ou faiblesse de goût.

Le roi sait, discutant avec Gabriel, garder souci de magnificence. Il préside à des dosages subtils qui arrivent à associer le souvenir et la majesté du « Louis X I V » au « Louis X V » le plus pur ; quelle belle ordonnance et quelle harmonie nouvelle que celles de sa 312

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A P O T H É O S E D E L O U I S X V

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Petite Galerie du second étage de Versailles dans son état de 1736, quel tact et quelle grandeur dans les boiseries du Cabinet du conseil à Versailles ou de la Chambre du roi (actuelle salle du Trône) à Fontainebleau. Il se laissera peu à peu entraîner, par lassitude à la fin de ses jours, vers des concessions aux partisans du « retour à l'antique », acceptant sans le savoir de contribuer aux côtés de sa dernière maîtresse, Mm* Du Barry, à la naissance d'un style

« Louis X V I ». Mais dans le grand « Louis X V », sensuel et tendre, l'ampleur des formes est d'une perfection jamais atteinte, là où des esprits superficiels retiennent seulement les fioritures de l'ornement.

Ses goûts, ceux qui ont marqué plus d'un demi-siècle, furent

« Louis X V ». Sans se croire infidèle à la mémoire de son arrière- grand-père, i l fut « moderne », créateur de neuf, partisan d'un art décoratif original. Les grandes commandes de Louis X V montrent assez le besoin qu'il eut d'être de son temps. Dans ce domaine, qui est vaste et touche aux techniques les plus diverses, i l fut véritable- ment, sans renier complètement le siècle précédent, à la tête d'un art tel qu'il l'aimait.

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énover une partie de Versailles en maintenant l'essentiel, dans un esprit qui ajoute à celui du x v i r siècle, n'était pas facile ; y vivre en homme du xvin" siècle, non plus ; d'où ce château Louis X I V , dont Pierre de Nolhac a remarqué qu'il était surtout Louis X V . Là, comme à Fontainebleau, ses appartements personnels, ceux de la reine et ceux de ses enfants ont conservé largement son empreinte. Si Compiègne a été renouvelé plus tard pour Louis X V I , si la Muette et Choisy ont disparu ainsi que Bellevue, où les der- nières décorations confiées à Gabriel semblent avoir préludé à une manière plus sévère, l'ultime création de son règne, le Petit Trianon, nous est restée : une élégance un peu hautaine dans sa perfection architecturale ; à l'intérieur, des boiseries aux courbes mesurées, chargées de fleurs, que Marie-Antoinette elle-même hésitera à modi- fier.

Les tapisseries lui servent, selon la vieille tradition française, à rénover un décor dont on ne veut ou ne peut changer les murs.

Pour moderniser ses appartements de Marly, Louis X V fait appel à l'histoire de Don Quichotte, dont les « tableaux » paraissent secon- daires tant les fleurs ont la vedette, répandues sur des fonds imitant le damas ; de toutes les tentures tissées aux Gobelins de son temps, ce sera peut-être la plus fréquemment répétée. Pas de grande Histoire du roi comme sous Louis X I V , mais on songe un moment à une suite autrement pittoresque, l'ambassade turque. Considérons comme acces- soires les vastes compositions demandées par tradition aux peintres de l'Académie, Ancien ou Nouveau Testament, Jason, etc. L a véri- table et la plus heureuse expression de ses commandes à sa manu- facture de tapisseries me paraît être la suite des Chasses de Louis X V :

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vie quotidienne et fastueuse du monarque sur un fond de superbes verdures. Dans la composition des portières, même les armes de France s'inscrivent dans un entourage de fleurs plutôt que d'attributs guerriers.

Louis X I V , Robert de Cotte, Monnoyer avaient montré la voie, que Louis X V , le duc d'Antin, Blain de Fontenay, Oudry, Desportes et Perrot exploitent avec succès, notamment à la Savonnerie. Cette manufacture, dont la renommée s'était imposée en de vastes compo- sitions classiques, transforme son style : tapis jonchés de fleurs, par- courus de guirlandes, de bouquets, aux coloris délicats (quoique sou- vent assez passés maintenant), que soutiennent et accompagnent des arabesques, des ailes de chauve-souris, des palmes, des fleurs de lis.

Les commandes de Louis X V ne se démentent pas tout au long du règne, et toujours dans le même mode clair et enjoué, le chef- d'œuvre étant probablement le tapis en camaïeu vert qu'il fait tisser pour le Salon-frais de ses jardins de Trianon.

Même rénovation du style des soieries à Lyon, même appui royal nettement affirmé. Commandes massives lorsque des menaces de chômage apparaissent chez les ouvriers. Les vieux courtisans sont parfois surpris de certaines audaces, les fabriques de Lallié ou de Charton ne s'en plaignent pas ; une impulsion « Louis X V », versaillaise, transforme la production lyonnaise.

L'appétit de renouvellement, de perfectionnement de ses installa- tions intérieures, qui tient Louis X V attaché à d'innombrables

« détails », se manifeste par l'ampleur des commandes de meubles.

Deux chiffres en situeront l'importance : les meubles d'ébénisterie et ceux de menuiserie inscrits au Garde-Meuble de la Couronne étaient respectivement arrêtés au n° 565 et au n° 2 141 à la mort de Louis X I V ; ils le seront au n° 2 742 et au n° 4 368 à la mort de Louis X V . Citer ceux qui furent créés pour sa chambre et son cabinet de Versailles en 1739 ou pour le grand-appartement en 1743, c'est donner seulement deux exemples d'une activité jamais rassasiée. Les Goncourt ont fait avec justesse la remarque « de cette main-d'œuvre répandue sur toutes choses et promenant sa caresse sur chaque objet, de tant d'or dépensé sans compter dans le luxe, la recherche, le goût d'art inconnu jusque-là de l'habitation . ».

Vers la fin de son règne, une autre étape est marquée par la lente et laborieuse mise au point du « bureau du roi ». dont la place s'imposera plus tard avec bon sens au Louvre parmi les chefs- d'œuvre de l'art français. Et quel soutien vneral autant que financier pour les menuisiers et les ébénistes de Paris que sentir auprès d'eux ce goût royal et cette attention !

Même sollicitude envers le travail des bronziers. L'homme qui observe en 1754, voyant la nouvelle installation de son cabinet- intérieur, que la dorure de la boiserie est trop vive et celle des bras de bronze mal accordée n'est pas un indifférent. Il n'avait certaine- ment pas tort. Marigny s'inquiète, s'empresse à rectifier les tons, puis se félicite de la satisfaction du roi. Quelle leçon à méditer pour

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certains de nos décorateurs ou conservateurs d'aujourd'hui ! L'harmo- nie, la couleur juste, la finesse...

Pour les orfèvres, quel client aussi ! Comme Louis X I V , Louis X V veut avoir une vaisselle d'or. Il n'a de cesse qu'il l'ait obtenue, utilisant principalement les jetons d'or que la Ville de Paris lui offre chaque année le premier janvier. A Thomas Germain, en 1747, i l commande les fameuses girandoles d'or de sa chambre et à Jacques Roëttiers, dix ans plus tard, les sucriers d'or qu'il place à côté des précédentes, non pour s'en servir, mais en dilettante, pour jouir de leur vue, les faisant soigneusement protéger sous des « cages >

vitrées. C'est à tous les grands orfèvres de son temps, ou qui devien- nent par sa protection les premiers, qu'il demande la ciselure de sa vaisselle d'argent, Delaunay, Claude II Ballin, Besnier, les Germain, les Roëttiers.

Sèvres lui doit tout. Mme de Pompadour a compris sa passion pour cet art nouveau, que tout de suite on appelle « la porcelaine de France » ; elle pousse au transfert de la jeune manufacture, d'abord privée, de Vincennes à Sèvres, plus près de lui (et près d'elle à Bellevue), et encourage une mainmise de plus en plus forte jusqu'à la transformation en manufacture royale. Parmi la suite d'initiatives et de créations ininterrompues dont Louis X V est à Sèvres le grand arbitre, je citerai deux exemples illustrant son état d'esprit. Le service bleu céleste, que je crois être le premier grand service livré par la manufacture et qui me paraît être celui, sans cesse recomplété, conservé aujourd'hui dans les collections royales d'Angleterre, fut pour lui un objet d'impatience et de curiosité ; le duc de Croy soupait le 11 février 1754 dans les petits-cabinets et i l note : « // nous occupa à déballer son beau service bleu, blanc et or, de Vincennes, que l'on venait de renvoyer de Paris, où on l'avait étalé aux yeux des connaisseurs. C'était un des premiers chefs- d'œuvre de cette nouvelle manufacture de porcelaines qui prétendait surpasser et faire tomber celle de Saxe. » D'autre part, le roi ne croit pas déchoir en devenant en quelque sorte vendeur de sa propre porcelaine ; depuis 1758 environ, chaque année à la fin de décembre, il propose les dernières créations de Sèvres à ses courtisans, empres- sés à se faire bien voir et à acheter largement ; cet usage sera pour- suivi par Louis X V I , même aux Tuileries en 1789 et dans les années suivantes. Ainsi, de tous côtés, se perçoivent les préoccupations de Louis X V : s'entourer dans ses châteaux des objets d'art les plus précieux et les plus rares, conformes à son goût, assurer en même temps les débouchés les plus vastes à la production française.

L

ouis X I V a tracé le chemin. L'institution solidement ordonnée des Présents du roi, le rayonnement personnel du monarque, ont attiré vers Paris déjà de son temps les commandes de l'étranger.

Poursuivant cette politique, Louis X V amplifie même le mouvement.

Les archives du Quai d'Orsay conservent aujourd'hui une suite 316

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de registres, intitulés Présents du roi, qui commencent au règne du Grand Roi et se poursuivent bien au delà de l'Ancien Régime. Je souhaite parvenir à publier ceux des XVII" et xvnr8 siècles, car ils intéressent à la fois l'histoire diplomatique et l'évolution qui s'opère dans le domaine des arts décoratifs. Sous Louis X V , que voit-on ? Des tapisseries des Gobelins et de plus en plus souvent de Beauvais, des tapis de la Savonnerie, rarement des médailles ou de l'orfèvrerie, mais des bijoux, montres, boîtes d'or avec ou sans diamants, avec ou sans le portrait royal en miniature ou en émail, quelques meu- bles, pour la Russie notamment, et surtout, dès le milieu du siècle, des porcelaines de Sèvres, vases et garnitures de cheminée, bientôt des services complets, vaisselle et biscuit. Si l'on usait de termes de commerce, on dirait que les Présents du roi formèrent de superbes échantillons de l'art de la Cour de France et constituèrent la plus directe et la plus sûre des propagandes. On en verra l'effet se répercuter sur les commandes.

L a fascination personnelle du roi de France est à son zénith.

Louis X V est un autre Roi-Soleil. Un exemple entre mille : pour connaître le trône, composé de palmes et de rocailles, sculpté pour le Salon d'Apollon à Versailles en 1743, on peut avoir recours à des dessins et à d'anciennes descriptions ; on peut aussi regarder le trône du Palais Royal de Stockholm, qui en est l'image presque exacte et qui fut dessiné par Rehn, venu en France étudier ce qu'était l'art français.

Eclat de Versailles, artisans de Paris, cette association a permis à l'art décoratif « Louis X V » de dominer l'Europe. Pas de meilleur témoignage que nommer les principaux fournisseurs du roi de France et voir avec quelle confiance et quelle prodigalité l'étranger s'adresse à eux ; même si le dessein est souvent avoué de les recopier ou de les imiter ensuite sur place, c'est rendre quand même hommage à leurs créations.

Le courant qui s'était établi pour les bâtiments à la fin du règne de Louis X I V et dont Robert de Cotte fut le plus brillant repré- sentant se poursuit avec un succès grandissant. Les architectes du roi de France, soit directement par les plans qu'ils fournissent, soit par leurs élèves, répandent au loin l'art de Versailles et renouvellent toutes les demeures princières de l'Europe. E n voyant aujourd'hui ces grandes résidences ou de plus petites qui se nomment Mon Plaisir, Mon Repos, Mon Bijou, la Favorite ou Sans Souci et qui sont nées alors un peu partout, nous sommes séduits par l'élégance qui les a marquées et qui, même déformée ici ou là, ne parvient pas à se détacher d'un « Louis X V » avidement voulu.

Par les dessins, par les estampes, les décorateurs de Paris et de Versailles sont connus et admirés. Les noms de Du Goullon et de Verberckt deviennent presque familiers aux princes. On attire cer- tains, si on le peut. On se fait envoyer trumeaux et cheminées ou, telle Catherine II en 1761, on achète massivement à Paris miroirs et 317

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consoles de bois doré. Partout aussi, les tapisseries et les boiseries contribuent à rajeunir le décor et à le mettre à la mode de France.

Ce ne sont plus les ateliers de Bruxelles qui donnent le ton en tapisserie, mais les Gobelins, pour le grand genre, et surtout Beau- vais. Cette dernière manufacture connaît un essor extraordinaire grâce à la protection donnée par Louis X V à ses métiers, grâce à des directeurs et à des artisans habiles, grâce aux Présents du roi. Elle plaît, à en rendre jaloux les lissiers des Gobelins. De France et de l'étranger, on achète ses tentures et ses meubles ; on rivalise avec sa manière aimable et claire, de Stockholm à Naples, de Fulham à Saint-Pétersbourg, en passant par Aubusson, non sans maladresse le plus souvent, ni grosses déceptions.

Succès semblable de la Savonnerie. Le roi se réserve ici presque toute la production, ne permet guère qu'on en achète, mais en offre volontiers, diffuse par là le style des tapis, paravents, banquettes, tabourets ou écrans que l'on admire dans ses châteaux, suscite des imitations, flatteuses lorsque certains centres de Turquie modifient le dessin de leurs tapis, mais ailleurs presque toujours médiocres, faute de bons modèles et d'artistes de valeur.

Rayonnement identique de nos soieries. Louis X I V , dans son désir de propager les manufactures françaises de la soie, avait par- tagé sa protection entre Lyon, Paris, Tours ou Nîmes, pour ne citer que les principales. Louis X V n'hésite pas : c'est Lyon presque uniquement. Conséquence de ses commandes et de son patronage, pour l'habillement aussi bien que pour la décoration, c'est à Lyon que s'adressent les Français les plus riches et tous les grands de l'Europe, les tsarines Elisabeth et Catherine notamment. Le style même des soieries italiennes s'en trouve modifié. Lyon devient sans rivale et c'est vers Lyon que se tourne Stanislas-Auguste Poniatowski, quelque forte qu'il trouve la dépense, lorsqu'il meuble son palais de Varsovie.

Il suffit de parcourir l'ancienne Europe pour saisir, par ce qui est demeuré en place depuis l'époque même, le succès du mobilier Louis X V . Achats et commandes, copies et interprétations. Limitons- nous aux fournisseurs de la Couronne, encore que l'apparition tar- dive de l'estampille restreigne nos exemples à la seconde moitié du règne. Les Foliot, et particulièrement Nicolas-Quinibert, furent les menuisiers habituels de Louis X V depuis les environs de 1750.

Lire l'estampille N . Q. Foliot sur des chaises appartenant au château de Dampierre et commandées vraisemblablement par le quatrième duc de Luynes, le mémorialiste, à l'image des chaises livrées par le même menuisier pour les salles à manger du roi ; relever la même estam- pille sur des fauteuils du plus beau style versaillais commandés par Bernstorff, rentrant de son ambassade en France, pour son palais de Copenhague ; retrouver, ainsi qu'il est arrivé récemment à M . Ake Setterwall, une signature que je crois être celle du sculpteur en sièges de Louis X V , Toussaint Foliot, sur une facture du Garde-Meuble

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royal de Suède de 1754, est-ce là constater des phénomènes dus seulement au hasard ?

On obtiendrait des résultats semblables à propos de l'ébénisterie, si les deux principaux ébénistes de Louis X V entre 1726 et 1774, Gaudreaux, qui n'a jamais estampillé ses meubles, ensuite Joubert, qui s'en est presque toujours abstenu, avaient mieux contribué à nous renseigner. Il n'est pas indifférent toutefois de noter l'estampille de Joubert sur une jolie table à jeu ayant fait partie du mobilier du fermier général Perrinet. Et que dire de la dispersion des meubles marqués B.V.R.B. ? On sait maintenant que la production de Bernard Van Rysen Burgh passa presque toute par les mains de Lazare Duvaux, mercier qui devint fameux grâce à ses deux plus importants clients, Louis X V et Mm e de Pompadour ; la présence de ces initiales, aujourd'hui célèbres chez les collectionneurs, sur des meubles ayant appartenu à la maison de Saxe ou sur une com- mode de Peterhof (Petrodvoretz) s'explique, à mon avis, de façon très simple.

Le bronze d'ameublement, domaine encore plus essentiellement parisien, conquête presque personnelle d'un Louis X I V et d'un Louis X V . Les noms des Caffiéri qu'on lit sur des bronzes à Parme ou à Varsovie, celui de Passemant à Munich et de Roque à Gênes, sur des mouvements de pendules, ne doit-on pas d'abord les cher- cher auprès de Louis X V ? Les bronziers et les horlogers de Paris ont assuré le succès de leur art, c'est entendu ; n'oublions pas leur plus riche client, leur grand patron.

De tels exemples ne font que se répéter à propos de nos orfèvres : Nicolas Besnier, Thomas Germain et son fils François-Thomas, Robert-Joseph Auguste, orfèvres des cours européennes ? Oui, mais d'abord de Louis X V . Les poinçons du premier sur des ouvrages faits pour l'Angleterre, du second à Copenhague, du troisième à Lis- bonne, du quatrième à Pétersbourg, apparaissent comme naturels.

Si l'on connaissait mieux l'orfèvrerie que Louis X V commanda pour lui-même au long de son règne, on verrait probablement des rap- prochements plus étroits encore, des imitations plus poussées. Le hasard seul d'une ancienne description m'a permis de reconnaître sur des fourchettes à terrine de très grand style, portant les poin- çons de J.-N. Roëttiers et de 1770, provenant du fastueux service de table que j'appelle pour l'instant Penthièvre-Orléans, le modèle même de celles qui avaient été livrées à Louis X V par le même orfèvre quatre ans plus tôt.

On a rappelé les efforts accomplis par Louis X V pour le succès de la porcelaine en France et la renommée que Sèvres a connue grâce à lui. On a dit l'importance des Présents du roi, ici plus encore qu'ailleurs. Mais i l faut ajouter aux encouragements d'ordre finan- cier, à la protection active, aux commandes considérables de la cour de France, les regards de convoitise qui convergent de l'étranger. Un service ou des vases commandés à la manufacture royale par un duc anglais ou par un prince du Saint-Empire, ce n'est pas négli-

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geable. Meissen, Naples ou Chelsea imitant le style de Louis X V , ce n'est pas non plus sans signification. Hommage à Louis X V et à ceux qui travaillent pour lui.

Je ne crois pas que l'on doive considérer comme une défaite l'abondance des plagiats et des copies qui, dans toute l'Europe, furent pratiqués avec désinvolture et cynisme, avec des résultats assez divers. Le droit d'auteur n'existe pas au XVIII" siècle ; notre optique est différente. Restons dans un monde à la fois plus pratique et plus irrationnel, pour nous devenu presque irréel. Qu'il est curieux ce siècle de Louis X V , pacifique par essence et tourné vers l'élégance ! L'espionnage s'applique à percer les secrets de fabrication de la por- celaine ; i l débauche en sous-main des artisans des Gobelins, de Sèvres ou de la Savonnerie pour les attirer à l'étranger ; la police surveille ces transfuges comme des déserteurs, ouvre leur correspondance, s'inquiète de leurs moyens de passage. Des ambassadeurs adressent à leur maître des rapports sur les dernières commandes artistiques du roi de France. U n prince n'hésite pas à envoyer à Versailles un émissaire spécial, chargé de l'informer discrètement sur les créations les plus nouvelles. De grands seigneurs anglais piaffent d'impatience et aspirent à la paix pour venir à Paris acheter en meubles et baga- telles ce qui est du dernier genre. Le règne de Louis X V a conduit à son sommet, on ne peut le nier, l'artisanat de Paris, l'art de Versailles.

T 1 est équitable de songer avec gratitude à ceux qui ont produit les objets d'art que nous admirons, d'essayer de les mieux connaître, de se représenter leurs mains habiles et la vie de leurs ateliers, mais i l faut aussi évoquer le climat qui les accompagna, les dessinateurs qui leur donnèrent des modèles, les clients qui les ins- pirèrent et les soutinrent. Qu'on me permette, en achevant ces pages, de dire quelle reconnaissance je porte sur ce point à Louis X V . L'art décoratif français du x v i i r siècle, c'est à lui que nous le devons pour une large part.

A étudier Versailles et l'ancien mobilier des châteaux royaux, j'ai peut-être appris à connaître un peu moins mal celui qui, dans le secret de ses appartements, mystérieux même pour ses contem- porains, a « signé » la création d'innombrables chefs-d'œuvre, qui eux-mêmes, en France ou en Europe, engendrèrent d'autres beautés.

Je l'imagine dans son cabinet d'angle de Versailles, aux boiseries modifiées par ses ordres à trois reprises au moins, accueillant Ange- Jacques Gabriel pour ce que celui-ci appelait « le travail du roi ».

Je le vois assez nettement, ayant peu à peu retrouvé l'essentiel des meubles dont il s'était entouré.

Deux seulement des principaux meubles de son cabinet me man- quent, probablement pour toujours : le fauteuil de bureau, que Louis X V I vendit au marchand Mala et qu'il sera difficile, sinon impossible, d'identifier ; le nécessaire de bureau ou « table de cam- 320

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pagne », que Gaudreaux lui livra en 1740 et agrandit en 1745, dont les compartiments bien étudiés et gainés de tabis cramoisi renfer- maient des papiers, des cachets gravés par Duvivier, des accessoires sortis des mains de Germain. Je me le représente devant son fastueux bureau de laque rouge, prenant dans ce nécessaire de simple noyer des crayons, des pinceaux, un compas, un pied d'ébène garni d'ar- gent, prêt à suggérer de quelques traits une idée, une solution origi- nale, sur le projet qui lui est présenté.

Gabriel reparti, i l reprend la plume et écrit à son petit-fils, le duc Ferdinand de Parme. Il ne connaît pas ce jeune prince. Par des images qu'il a reçues, par les descriptions précises que lui a données Madame Infante elle-même au cours de leurs conversations, il a saisi le charme et l'élégance du « Versailles » de Colorno. A u milieu des conseils les plus sages et les plus variés, de considérations sur le temps, les moissons, ses chagrins de famille ou ses chasses, il laisse soudain échapper sa contrariété : « Votre portrait est arrivé à bon port, avec une seule tache au cordon bleu comme si c'était écaillé. Il me fait le plus grand plaisir surtout vous m'assurant qu'il est bien ressemblant. » Souci du détail, exigence de la perfection atténuée de courtoisie, n'est-ce pas ainsi que Louis X V a souveraine- ment, assidûment servi les arts décoratifs de son temps ?

P I E R R E V E R L E T

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