INFLUENCE DE LA TENEUR EN ISOLEUCINE DU RÉGIME SUR LA CROISSANCE
ET LA TENEUR EN ISOLEUCINE LIBRE DU SANG ET DU MUSCLE DU RAT
M. PAWLAK R. PION
Station
d’Étude
desMétabolismes,
Centre de Recherches de
Clermont-Ferrand,
1. N. R.A.,
.,63 - Saint-Genès-Champanelle
Des études effectuées
précédemment
sur rats(P AWLAK
etPION, 19 68
a,b)
ont montré que les teneurs enlysine
et thréonine libres du sang et du muscle sont en relation directe avec les teneurs en ces acides aminés desrégimes.
Cesexpériences
ontpermis
de déterminer les concen- trations enlysine
et en thréonine alimentaires àpartir desquelles
ces acides aminés s’accumulent defaçon importante
dans les tissus. Nous avons cherché à étendre cette méthode de mesure de la satisfaction du besoin en un acide aminé à un autre acide aminéindispensable, l’isoleucine,
dont le métabolisme est très différent de celui de lalysine
et de la thréonine(M EI sTER, i 9 6 5 ).
Seize lots de 8 rats
répartis
en4 expériences
successivesreçoivent
àpartir
dupoids
de 110gpendant
une durée de i4 à 17jours,
desrégimes semi-synthétiques (tabl. i)
à based’amidon, équilibrés
en minéraux et vitamines et danslesquels l’apport
azoté est assuré exclusivement par des acides aminéslibres,
enproportions
telles que les besoins sontsatisfaits,
sauf en cequi
concerne
l’isoleucine,
dont la teneur dans les rations varie de 2à 6g/kg
deMS,
soit de3 6
à1 1
0p. 100de l’estimation du besoin. Les valeurs retenues pour les besoins en acides aminés indis-
pensables
sont celles établies par RANHOTRA etC ONNOR -J OHNSON
enI9 6j,
sauf dans le cas de lalysine
et de la thréonine pourlesquelles
nous avons utilisé les résultats de nosexpériences précé-
dentes
(P AWLAK
etPION, 19 68
a,b).
Les
gains
depoids
vif des animaux et lesquantités
d’alimentsingérées
sont mesurés. A la fin de lapériode expérimentale
les animaux sont sacrifiésaprès
anesthésie àl’éther ;
le sang total et les muscles des membrespostérieurs
sontprélevés
et leurs teneurs en acides aminés libres sont déterminéesaprès
extraction(P AWLAK
etPION, 19 68 a)
parchromatographie
sur colonnes aumoyen d’un
analyseur automatique.
Les résultats suivants ont été obtenus
(tabl. 2 ).
Expérience
I : les teneurs en isoleucine des 2régimes correspondent respectivement
à3 6
et à 54p. 100du besoin. Les
gains
depoids
et lesquantités
d’aliment consommées sont faibles surtout dans lepremier
cas. Les concentrations en isoleucinesanguine
des animaux des 2lots sontvoisines,
alors que les concentrations musculaires diffèrent de 27p. 100.Expérience
II : lesgains
depoids
moyensaugmentent régulièrement
de0 ,8
à 4,0g/j lorsque
les teneurs en isoleucine des
régimes
varient de 40 à6 3
p. 100du besoin. Les croissances lesplus
élevées sont obtenues avec les animaux dont la consommation d’aliment est
supérieure
de 30 p. 100 à celle des rats dont lerégime
est leplus
carencé en isoleucine. Les teneurs en isoleucine libre du sang et du muscleaugmentent généralement
avecl’apport
d’isoleucine durégime,
les teneurs du sang restentlégèrement
inférieures à celles du muscle. Les teneurs extrêmes dans le tissu muscu-laire sont dans le
rapport 1 8 0/100 .
Expérience
III : les teneurs en isoleucine desrégimes
varient de 72à 82 p. 100dubesoin,
lesgains
depoids
et les consommations observées sontplus
élevés queprécédemment cependant
que les teneurs en isoleucine libre des tissus sont relativement
faibles,
enparticulier
dans le casdu muscle.
Expérience
IV : lesapports
d’isoleucine desrégimes
s’échelonnent de 90 à IIOp. 100 du besoin admis. La croissance obtenuelorsque
l’aliment contient au moins 5g d’isoleucine parkg
MSest voisine de celles
qui
sont habituellement observées avec desrégimes équilibrés ;
unrégime
dont la teneur en isoleucine est inférieure de 10p. 100 au besoin
généralement
admispermet
doncune croissance maximum. Des
apports
d’isoleucinesupérieurs
à cette teneur(jusqu’à
IIOp. 100 dubesoin)
ne modifient pas legain
depoids
des animaux et affectent peu la consommation d’ali- ment. Les teneurs en isoleucine libre des tissus sontplus
élevées que celles del’expérience III,
mais diffèrent peu d’un lot à l’autre.
Les croissances des animaux
qui
ont consommé lesrégimes
lesplus
fortement carencés enisoleucine sont
beaucoup plus
faibles que cellesqui
ont été obtenues avec des animaux dont laration,
à base deblé, comportait
un déficit enlysine
du même ordre degrandeur (P AWLAK
etPION, 19 68 a) ;
elles sont en revancheanalogues
à cellesqui
ont été observées dans le cas de rations à base d’acides aminés libres carencées en thréonine(données
nonpubliées).
Ces croissancesplus
faibles sont liées en
partie
à une diminutionimportante
desquantités ingérées.
Dans l’ensemble de ces
expériences, (tabl. 2 )
laquantité ingérée,
legain
depoids journalier
et le
rapport gain
depoids/consommation
d’aliments sont d’autantplus
élevés que lerégime
estplus
riche enisoleucine ; cependant,
cesparamètres
ne semblentplus augmenter quand
lerégime
contient au moins 5 g
d’isoleucine/kg
deMS,
cequi correspond
à uneingestion journalière
de75 mg de cet acide aminé.
Contrairement aux résultats obtenus pour la
lysine
et la thréoninequi
s’accumulent dans les tissus àpartir
de la satisfaction dubesoin,
l’isoleucine reste en concentration faible dans les deux tissus étudiés. Lalysine
et la thréonine libre(fig.
1 etfig. 2 ),
du fait de leur non utilisation pour lasynthèse protéique
entraînée par le déficitimportant
enisoleucine,
s’accumulent dans le tissu musculaire des animauxqui
ont consommé lesrégimes
lesplus
déficients en isoleucine. La teneuren histidine libre du muscle
augmente
avec lesquantités
d’isoleucineingérées (fig. 3 )
et avec laquantité
d’aliment consommé. Les teneurs en valine et en isoleucine du tissu musculaire(fig. 4 )
ne sont pas sensiblement modifiées par les différences de teneur en isoleucine des
régimes.
Lesteneurs de l’ensemble des acides aminés
indispensables
du tissu musculaire diminuentlorsque
les
quantités
d’isoleucineingérées (fig. 5 )
et de matière sècheingérées (fig. 7 ) augmentent.
L’en- semble des acides aminés nonindispensables
évoluent en sens inverse(fig. 6)
et(fig. 8).
L’absence
d’accumulation de l’isoleucine dans le tissu musculairepourrait s’expliquer
par ladégradation rapide
de l’isoleucine au niveau des tissuspériphériques.
Ces résultats sont enaccord avec ceux obtenus par RICHARDSON 8E al.
( 19 65)
sur despoulets :
pour uneaugmentation
de la teneur en isoleucine des
régimes
de7 ,8
à15 ,6 g/kg
obtenue par uneaugmentation
de la concentration azotée des rations(N
x6, 25 )
de 15 à 30p. 100, ces auteurs n’observent pasd’aug-
mentation de l’isoleucine libre dans le tissu musculaire.
Ces résultats sont
également
en accord avec ceux obtenus en faisant varier la teneur enisoleucine des
régimes
de ratsde!6,o
à 9,3g/kg
de MS(P AWLAK
etPION, 1970 ) parallèlement
àcelles des autres acides aminés en
augmentant
le tauxprotéique (i 4 ,o
à 2o,g p.100 )
de rations àbase de tourteau de
tournesol,
on n’observe pas de variations des teneurs en isoleucine libre du sang et du muscle. Enrevanche,
DEAN et SCOTT( 19 66)
ont observé chez lepoulet
uneaugmenta-
tion de 192p. 100de l’isoleucine libre duplasma lorsque l’apport
alimentaire d’isoleucine passe de 100à 150p. 100du besoin et que les autres acides aminés sontapportés
enquantités équilibrées.
Il faut noter
cependant
que ces animauxreçoivent
lerégime expérimental pendant
6 heurespar
petits
repasespacés
toutes les demi-heures et que les acides aminés sont déterminés sur leplasma
30 minutesaprès
la dernière distribution d’aliment.Nous n’avons pas, dans les conditions
expérimentales
utilisées( 30
à 110p. 100dubesoin),
constaté d’accumulation d’isoleucine libre dans le sang et le muscle du rat en croissance
lorsque
la teneur en isoleucine des
régimes
estlégèrement supérieure
au besoin : par contre, nous avons constaté que les teneurs en isoleucine libre des tissus étudiés sont faibles chez les animaux dont lerégime
contient desquantités
d’isoleucine inférieures aubesoin ;
avec lesrégimes
carencés enisoleucine,
les croissances des rats sont peuélevées,
cequi peut
êtredû,
au moins enpartie,
à unediminution
importante
de la consommation d’aliment. Cephénomène
entraîne des carencesmultiples,
notamment enénergie ;
l’effet de celle-ci sur les teneurs en acides aminés libres indis-pensables
n’est pas connu. Nousenvisageons
d’enentreprendre
l’étude ultérieurerement.Reçu pour publication
en mars1971.
SUMMARY
EFFECT OF DIETARY ISOL!UCINE CONTENTS ON BLOOD AND MUSCLE FREE AMINOACIDS IN THE GROWING RAT
1
6 lots of
growing
rats were fed pure aminoacid diets ad lib. for r4 to ydays.
The dietswere balanced for essential amino-acids
except
for isoleucine which was added at ratesranging
from
3 6
to no p. ioo of therequirement (Table r).
Foodintake, growth
rate and free isoleucinecontents of the blood and muscle
(Table 2 )
were recorded.With
dietary
isoleucin rates lower than therequirement,
there was a drecrease ingrowth
rate, food
consumption
and free isoleucine contents of the blood and muscle. With isoleucine rateshigher
than therequirement,
nostorage
of isoleucine in blood or muscle was noticed under ourexperimental
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