Membres du jury
Madame la Professeur RICHARD Isabelle | Présidente Monsieur le Docteur CHAMPAGNE Romain | Directeur
Monsieur le Professeur CONNAN Laurent | Membre Monsieur le Docteur PY Thibaut | Membre
Soutenue publiquement le :
17 Septembre 2020
2019-2020
THÈSE
pour le
DIPLÔME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN MÉDECINE Qualification en MEDECINE GENERALE
Évaluations des pratiques concernant les tendinopathies achilléennes dans sa portion
intermédiaire et l’application de ses recommandations
VILLANI Quentin
Né le 16 décembre 1993 à Rouen (76)
Sous la direction de M. CHAMPAGNE Romain
ENGAGEMENT DE NON PLAGIAT
Je, soussigné VILLANI Quentin, né le 16/12/1993,
déclare être pleinement conscient que le plagiat de documents ou d’une
partie d’un document publiée sur toutes formes de support, y compris l’internet, constitue une violation des droits d’auteur ainsi qu’une fraude caractérisée.
En conséquence, je m’engage à citer toutes les sources que j’ai utilisées pour écrire ce rapport ou mémoire.
signé par l'étudiant le 07/09/2020
LISTE DES ENSEIGNANTS DE LA FACULTÉ DE SANTÉ D’ANGERS
Doyen de la Faculté : Pr Nicolas Lerolle
Vice-Doyen de la Faculté et directeur du département de pharmacie : Pr Frédéric Lagarce Directeur du département de médecine : Pr Cédric Annweiler
PROFESSEURS DES UNIVERSITÉS
ABRAHAM Pierre Physiologie Médecine
ANNWEILER Cédric Gériatrie et biologie du vieillissement Médecine
ASFAR Pierre Réanimation Médecine
AUBE Christophe Radiologie et imagerie médicale Médecine
AUGUSTO Jean-François Néphrologie Médecine
AZZOUZI Abdel Rahmène Urologie Médecine
BAUFRETON Christophe Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Médecine
BENOIT Jean-Pierre Pharmacotechnie Pharmacie
BEYDON Laurent Anesthésiologie-réanimation Médecine
BIGOT Pierre Urologie Médecine
BONNEAU Dominique Génétique Médecine
BOUCHARA Jean-Philippe Parasitologie et mycologie Médecine
BOUVARD Béatrice Rhumatologie Médecine
BOURSIER Jérôme Gastroentérologie ; hépatologie Médecine
BRIET Marie Pharmacologie Médecine
CAILLIEZ Eric Médecine générale Médecine
CALES Paul Gastroentérologe ; hépatologie Médecine
CAMPONE Mario Cancérologie ; radiothérapie Médecine
CAROLI-BOSC François-xavier Gastroentérologie ; hépatologie Médecine CHAPPARD Daniel Cytologie, embryologie et cytogénétique Médecine
CONNAN Laurent Médecine générale Médecine
COUTANT Régis Pédiatrie Médecine
CUSTAUD Marc-Antoine Physiologie Médecine
DE CASABIANCA Catherine Médecine Générale Médecine
DESCAMPS Philippe Gynécologie-obstétrique Médecine
D’ESCATHA Alexis Médecine et santé au Travail Médecine DINOMAIS Mickaël Médecine physique et de réadaptation Médecine
DIQUET Bertrand Pharmacologie Médecine
DUBEE Vincent Maladies Infectieuses et Tropicales Médecine DUCANCELLE Alexandra Bactériologie-virologie ; hygiène
hospitalière Médecine
DUVAL Olivier Chimie thérapeutique Pharmacie
DUVERGER Philippe Pédopsychiatrie Médecine
EVEILLARD Mathieu Bactériologie-virologie Pharmacie
FAURE Sébastien Pharmacologie physiologie Pharmacie
FOURNIER Henri-Dominique Anatomie Médecine
FURBER Alain Cardiologie Médecine
GAGNADOUX Frédéric Pneumologie Médecine
GARNIER François Médecine générale Médecine
GASCOIN Géraldine Pédiatrie Médecine
GOHIER Bénédicte Psychiatrie d'adultes Médecine
GUARDIOLA Philippe Hématologie ; transfusion Médecine
GUILET David Chimie analytique Pharmacie
HAMY Antoine Chirurgie générale Médecine
HENNI Samir Chirurgie Vasculaire, médecine vasculaire Médecine
HUNAULT-BERGER Mathilde Hématologie ; transfusion Médecine
IFRAH Norbert Hématologie ; transfusion Médecine
JEANNIN Pascale Immunologie Médecine
KEMPF Marie Bactériologie-virologie ; hygiène
hospitalière Médecine
LACCOURREYE Laurent Oto-rhino-laryngologie Médecine
LAGARCE Frédéric Biopharmacie Pharmacie
LARCHER Gérald Biochimie et biologie moléculaires Pharmacie LASOCKI Sigismond
LEGENDRE Guillaume Anesthésiologie-réanimation
Gynécologie-obstétrique Médecine Médecine
LEGRAND Erick Rhumatologie Médecine
LERMITE Emilie Chirurgie générale Médecine
LEROLLE Nicolas Médecine Intensive-Réanimation Médecine LUNEL-FABIANI Françoise Bactériologie-virologie ; hygiène
hospitalière
Médecine
MARCHAIS Véronique Bactériologie-virologie Pharmacie
MARTIN Ludovic Dermato-vénéréologie Médecine
MAY-PANLOUP Pascale Biologie et médecine du développement et De la reproduction
Médecine
MENEI Philippe Neurochirurgie Médecine
MERCAT Alain Réanimation Médecine
MERCIER Philippe Anatomie Médecine
PAPON Nicolas Parasitologie et mycologie médicale Pharmacie
PASSIRANI Catherine Chimie générale Pharmacie
PELLIER Isabelle Pédiatrie Médecine
PETIT Audrey Médecine et Santé au Travail Médecine
PICQUET Jean Chirurgie vasculaire ; médecine vasculaire Médecine
PODEVIN Guillaume Chirurgie infantile Médecine
PROCACCIO Vincent Génétique Médecine
PRUNIER Delphine Biochimie et Biologie Moléculaire Médecine
PRUNIER Fabrice Cardiologie Médecine
REYNIER Pascal Biochimie et biologie moléculaire Médecine RICHARD Isabelle Médecine physique et de réadaptation Médecine
RICHOMME Pascal Pharmacognosie Pharmacie
RODIEN Patrice Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques
Médecine
ROQUELAURE Yves Médecine et santé au travail Médecine
ROUGE-MAILLART Clotilde Médecine légale et droit de la santé Médecine ROUSSEAU Audrey Anatomie et cytologie pathologiques Médecine ROUSSEAU Pascal Chirurgie plastique, reconstructrice et
esthétique
Médecine ROUSSELET Marie-Christine Anatomie et cytologie pathologiques Médecine
ROY Pierre-Marie Thérapeutique Médecine
SAULNIER Patrick Biophysique et biostatistique Pharmacie
SERAPHIN Denis Chimie organique Pharmacie
TRZEPIZUR Wojciech Pneumologie Médecine
UGO Valérie Hématologie ; transfusion Médecine
URBAN Thierry Pneumologie Médecine
VAN BOGAERT Patrick Pédiatrie Médecine
VENIER-JULIENNE Marie-Claire Pharmacotechnie Pharmacie
VERNY Christophe Neurologie Médecine
WILLOTEAUX Serge Radiologie et imagerie médicale Médecine
MAÎTRES DE CONFÉRENCES
ANGOULVANT Cécile Médecine Générale Médecine
BAGLIN Isabelle Chimie thérapeutique Pharmacie
BASTIAT Guillaume Biophysique et biostatistique Pharmacie
BEAUVILLAIN Céline Immunologie Médecine
BELIZNA Cristina Médecine interne Médecine
BELLANGER William Médecine générale Médecine
BELONCLE François Réanimation Médecine
BENOIT Jacqueline Pharmacologie Pharmacie
BIERE Loïc Cardiologie Médecine
BLANCHET Odile Hématologie ; transfusion Médecine
BOISARD Séverine Chimie analytique Pharmacie
CAPITAIN Olivier Cancérologie ; radiothérapie Médecine
CASSEREAU Julien Neurologie Médecine
CHAO DE LA BARCA Juan-Manuel Médecine
CHEVALIER Sylvie Biologie cellulaire Médecine
CLERE Nicolas Pharmacologie / physiologie Pharmacie
COLIN Estelle Génétique Médecine
DERBRE Séverine Pharmacognosie Pharmacie
DESHAYES Caroline Bactériologie virologie Pharmacie
FERRE Marc Biologie moléculaire Médecine
FORTRAT Jacques-Olivier Physiologie Médecine
HAMEL Jean-François Biostatistiques, informatique médicale Médicale
HELESBEUX Jean-Jacques Chimie organique Pharmacie
HINDRE François Biophysique Médecine
KHIATI Salim Biochimie et biologie moléculaire Médecine
JOUSSET-THULLIER Nathalie Médecine légale et droit de la santé Médecine
JUDALET-ILLAND Ghislaine Médecine Générale Médecine
KUN-DARBOIS Daniel Chirurgie Maxillo-Faciale et Stomatologie Médecine LACOEUILLE Franck Biophysique et médecine nucléaire Médecine
LEBDAI Souhil Urologie Médecine
LANDREAU Anne Botanique/ Mycologie Pharmacie
LEBDAI Souhil Urologie Médecine
LEGEAY Samuel Pharmacocinétique Pharmacie
LE RAY-RICHOMME Anne-Marie Pharmacognosie Pharmacie
LEPELTIER Elise Chimie générale Pharmacie
LETOURNEL Franck Biologie cellulaire Médecine
LIBOUBAN Hélène Histologie Médecine
LUQUE PAZ Damien Hématologie; Transfusion Médecine
MABILLEAU Guillaume Histologie, embryologie et cytogénétique Médecine
MALLET Sabine Chimie Analytique Pharmacie
MAROT Agnès Parasitologie et mycologie médicale Pharmacie
MESLIER Nicole Physiologie Médecine
MOUILLIE Jean-Marc Philosophie Médecine
NAIL BILLAUD Sandrine Immunologie Pharmacie
PAILHORIES Hélène Bactériologie-virologie Médecine
PAPON Xavier Anatomie Médecine
PASCO-PAPON Anne Radiologie et imagerie médicale Médecine
PECH Brigitte Pharmacotechnie Pharmacie
PENCHAUD Anne-Laurence Sociologie Médecine
PIHET Marc Parasitologie et mycologie Médecine
PY Thibaut Médecine Générale Médecine
RAMOND-ROQUIN Aline Médecine Générale Médecine
RINEAU Emmanuel Anesthésiologie réanimation Médecine
RIOU Jérémie Biostatistiques Pharmacie
ROGER Emilie Pharmacotechnie Pharmacie
SAVARY Camille Pharmacologie-Toxicologie Pharmacie
SCHMITT Françoise Chirurgie infantile Médecine
SCHINKOWITZ Andréas Pharmacognosie Pharmacie
SPIESSER-ROBELET Laurence Pharmacie Clinique et Education Thérapeutique Pharmacie TANGUY-SCHMIDT Aline
TESSIER-CAZENEUVE Christine Hématologie ; transfusion
Médecine Générale Médecine
Médecine
VENARA Aurélien Chirurgie générale Médecine
VIAULT Guillaume Chimie organique Pharmacie
PROFESSEURS EMERITES
Philippe MERCIER Neurochirurgie Médecine
Dominique CHABASSE Parasitologie et Médecine Tropicale Médecine
Jean-François SUBRA Néphrologie Médecine
AUTRES ENSEIGNANTS
AUTRET Erwan Anglais Médecine
BARBEROUSSE Michel Informatique Médecine
BRUNOIS-DEBU Isabelle Anglais Pharmacie
CHIKH Yamina Économie-Gestion Médecine
FISBACH Martine Anglais Médecine
O’SULLIVAN Kayleigh Anglais Médecine
PAST
CAVAILLON Pascal Pharmacie Industrielle Pharmacie
LAFFILHE Jean-Louis Officine Pharmacie
MOAL Frédéric Pharmacie clinique Pharmacie
ATER
KILANI Jaafar Biotechnologie Pharmacie
WAKIM Jamal Biochimie et chimie biomoléculaire Médecine
Mise à jour au 09/12/2019
REME RC IEM ENTS
A la présidente du jury,
Madame la Professeur Isabelle RICHARD, pour m’avoir fait l’honneur de présider cette thèse. Merci de me faire l’honneur d’accepter de juger ce travail en présidant ce jury.
Aux membres du jury,
Monsieur le Professeur Laurent CONNAN, pour avoir accepté de juger mon travail, soyez assuré de mon profond respect.
Monsieur le Docteur Thibaut PY, pour avoir accepté de juger mon travail, soyez assuré de mon profond respect
A mon directeur de thèse,
Monsieur le Docteur Romain CHAMPAGNE, pour m’avoir fait l’honneur de diriger ma thèse. Et pour l’aide accordé durant ce travail.
Aux médecins généralistes de la région des Pays de Loire qui ont accepté de répondre à mon questionnaire.
A mes parents, mes grands-parents et mes frères et sœur de m’avoir soutenu et permis d’arriver là où j’en suis actuellement.
A Claire, de m’avoir accompagné dans la vie de tous les jours et durant une bonne partie de l’internat. De m’avoir permis de voyager, et merci d’avance pour ce qui nous attend.
A mes tigrons, Caroline, Charlotte, Amélie, Cindy, Bernard, Valentin pour tous ces moments passés ensemble et tous ces moments à rire. A Caroline pour la relecture.
A tous mes amis de Rouen, Marine, Solène, Jeanne, Louise, Fede, Claire, Alicia, Océane, Emeline, Chloé, Julie, Pauline, Romain, Nico, Erwan, Richni, Alex, Eloi, Thomas B, Thomas A, Clément, Simon et tous les autres.
A toutes les nouvelles rencontres faites durant cet internat à Angers, Marie, Camille, Eve, Nina, Séverine, Julie, Cécile, Ines, Sami, Youssef, Antoine et tous mes autres co-internes.
A tous mes coéquipiers du Hand pour ces supers années de sport.
REME RC IEM ENTS
A tous mes amis de Rouen, Marine, Solène, Jeanne, Louise, Fede, Claire, Alicia, Océane, Emeline, Chloé, Julie, Pauline, Romain, Nico, Erwan, Richni, Alex, Eloi, Thomas B, Thomas A, Clément, Simon et tous les autres.
A toutes les nouvelles rencontres faites durant cet internat à Angers, Marie, Camille, Eve, Nina, Séverine, Julie, Cécile, Ines, Sami, Youssef, Antoine et tous mes autres co-internes.
A tous mes coéquipiers du Hand pour ces supers années de sport.
A Bastien, de m’avoir conseillé et fourni son aide pour la réalisation de cette thèse.
Liste des abréviations
Cs Consultation
AINS Anti Inflammatoire Non Stéroïdien PRP Plasma Riche en Plaquettes ORL Oto-Rhino-Laryngologie
IRM Imagerie par Résonance Magnétique MTP Massage Transverse Profond
PLAN
REMERCIEMENTS ABREVIATIONS INTRODUCTION METHODES
A/ Hypothèse
B/ Design de l’étude C/ Population étudiée D/ Questionnaire
E/ Analyse des données
RESULTATS
A/ Réponses aux questionnaires
B/ Évaluations des pratiques concernant la tendinopathie calcanéenne C/ Traitement de la tendinopathie calcanéenne aiguë
D/ Traitement de la tendinopathie calcanéenne chronique E/ Application des recommandations
DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE FIGURES
TABLE DES MATIERES
ANNEXES
Introduction
La tendinopathie correspond à une altération de la structure des fibres tendineuses, généralement en lien avec une surcharge mécanique1. C’est un motif fréquent de consultation en médecine générale, avec une incidence de 1,85 pour 1000 habitants dans la population générale2. Elle est notamment très fréquente chez le sportif d’endurance (50 % des cas), mais retrouvée également dans 30 % des cas chez des sujets non sportifs2. Le tendon est un tissu conjonctif fibreux formé de collagène et de fibres
élastiques, et est mécaniquement responsable de la transmission de la force des muscles vers les os. Il constitue une entité dynamique qui, en fonction des contraintes, se restructure en permanence grâce à diverses modifications
métaboliques et mécaniques. Il exerce un rôle important dans la proprioception grâce à la présence de récepteurs sensoriels1.
Le tendon calcanéen, ou tendon d’Achille, est la terminaison du triceps sural, composé du muscle soléaire et des muscles gastrocnémiens médial et latéral. Il est le plus volumineux des tendons de l’organisme3. La portion tendineuse située 2 à 6 centimètres au-dessus du bord postérieur du calcanéum est une zone moins vascularisée et plus étroite, elle constitue le siège électif des
tendinopathies et des ruptures tendineuses. Dans ce tendon vertical, les fibres ne sont pas rectilignes mais enroulées en spirale, les fibres les plus distales se
prolongent avec celles de l’aponévrose plantaire, constituant le système de propulsion suro-achilléo-calcanéoplantaire3.
Figure 1 : Anatomie du tendon calcanéen4
La tendinopathie, est une pathologie d’origine multifactorielle pouvant survenir à la suite de différentes agressions. Il en résulte soit des microlésions du tendon avec altération du tissu collagène (par des charges mécaniques répétées), soit des phénomènes inflammatoires des structures péritendineuses, ou encore des lésions plus conséquentes (lors de surcharge aiguë) comme une rupture
tendineuse1.
Figure 2 : Structure anatomique d’un tendon5
Les tendinopathies peuvent toucher les différentes structures anatomiques du tendon1,6. L'entésopathie représente l'atteinte de la jonction ostéotendineuse.
Pour le corps du tendon, la tendinopathie sera qualifiée de « corporéale ». La ténosynovite définit l’inflammation des structures péri tendineuses (les gaines), et l'atteinte des bourses séreuses est appelée ténobursite. Il peut aussi exister une atteinte de la jonction myotendineuse.
Il n’existe actuellement pas de recommandation en France pour orienter la prise en charge de cette pathologie.
Cependant, il existe des recommandations de bonne pratique Anglo-saxonnes7, révisées en 2018, permettant de proposer une conduite à tenir. Ces
recommandations ne concernent que la tendinopathie calcanéenne dans sa portion intermédiaire (soit 2 à 6 cm de l’insertion distale du tendon). Elles ont été réalisées via une revue de littérature par des experts (kinésithérapeutes, médecins et chirurgiens). Ils ont pu classer par niveau de preuve : les méthodes diagnostiques, les diagnostics différentiels, l’imagerie, l’évaluation par l’examen clinique et les différentes interventions thérapeutiques.
Grâce à ce travail, ils ont pu élaborer un tableau proposant une prise en charge diagnostique et thérapeutique pour encadrer cette pathologie7.
Figure 3 : Tableau (1ère partie) des recommandations.
Figure 4 : Tableau (2ème partie) des recommandations
L’objectif de notre travail est de comparer les pratiques des médecins généralistes exerçant dans la région des Pays de Loire avec ces
recommandations, afin d’identifier des éléments de divergence.
Nous pourrions également communiquer un résumé de la prise en charge de cette pathologie (tableau ou fiche).
L’intérêt serait pour les médecins généralistes de proposer une prise en charge basée sur ces recommandations.
Méthodes
A/ Hypothèse :
La prise en charge diagnostique et thérapeutique des tendinopathies n’est pas codifiée en médecine générale, les résultats attendus permettraient de
déterminer les habitudes des médecins concernant cette pathologie et d’évaluer si les recommandations sont réalisables en pratique.
Le critère de jugement principal est : L’évaluation des pratiques thérapeutiques actuelles concernant la tendinopathie calcanéenne aiguë et chronique en
médecine générale dans les Pays de Loire.
B/ Design :
Ce travail est une enquête observationnelle, descriptive, de pratique réalisée dans la région des Pays de Loire. Le recueil de données a été effectué du mardi 7 janvier 2020 au dimanche 31 mai 2020.
Les données ont été récupérées à l'aide d'un questionnaire, numérisé via l'outil de travail Google Forms© pour être envoyé par mail.
C/ Population étudiée :
Le questionnaire a été envoyé aux médecins généralistes thésés, dans la région des Pays de Loire.
Le questionnaire a été diffusé via la plateforme numérique du Conseil de l’ordre des médecins de Maine et Loire, ainsi que de Loire Atlantique.
Les conseils de l’ordre des médecins de Mayenne et de Vendée ont accepté d’envoyer le questionnaire aux médecins généralistes inscrits.
Puis le questionnaire a été envoyé aux adresses mails personnelles de 317
médecins généralistes, via la liste de la Faculté de santé d’Angers des maitres de stage universitaire.
Au total, le questionnaire a été envoyé directement à au moins 973 médecins généralistes. Le nombre total de médecins ayant consulté le questionnaire via les plateformes ne peut pas être connu.
Les critères d’inclusion étaient : être diplômé d’un doctorat en médecine générale et exercer dans la région des Pays de Loire.
Il n’y avait pas de critère d’exclusion.
D/ Questionnaire :
Le questionnaire comportait 22 questions, et permettait d’évaluer différentes composantes en 4 parties :
1ère partie : la prise en charge diagnostique et thérapeutique de la tendinopathie calcanéenne aigue.
2ème partie : la prise en charge diagnostique et thérapeutique de la tendinopathie calcanéenne chronique.
3ème partie : Le recours ou non à d’autres professionnels de santé.
4ème partie : présentation et possibilité d’application des recommandations de bonne pratique.
Il a été créé à partir des recommandations Anglo-saxonnes7.
E/ Analyse des données :
Les logiciels Google Forms ©, Google Sheets © et Microsoft Excel © ont été utilisés pour le recueil des réponses et l’analyse statistique.
Résultats
A/ Réponses aux questionnaires
Au total, 143 médecins généralistes ont répondu au questionnaire.
Les caractéristiques socio-démographiques des médecins interrogés et
répondeurs (âge, sexe, lieu d’exercice) n’ont pas été recherchées, ne faisant pas partie des objectifs de l’étude.
B/ Évaluation des pratiques concernant la tendinopathie calcanéenne
1/ Nombre de cas et prise en charge
Question 1 : Dans votre exercice, combien de tendinopathie achilléenne rencontrez-vous environ par an ?
Sur 143 réponses : plus de 3/4 des médecins généralistes déclaraient voir moins de 20 patients pour une tendinopathie calcanéenne par an.
Figure 5 : Estimation par les médecins du nombre de tendinopathie calcanéenne par an, dans leur pratique
109 (76,2%) 28 (19,6%)
6 (4,2%)
<20 20-50 >50
Question 2 : Vous sentez-vous à l'aise avec la prise en charge des tendinopathies achilléennes ?
Sur 143 réponses : une majorité de médecin était à l’aise avec la prise en charge d’une tendinopathie calcanéenne.
Figure 6 : Aisance à la prise en charge d’une tendinopathie calcanéenne
2/ Le diagnostic
Question 3 : Concernant le diagnostic (choix multiples) : - La clinique est suffisante
- L’échographie - L’IRM
- Radiographie - Autre
Sur 143 réponses : 75 (52,4%) ont répondu la clinique est suffisante, 36
(25,2%) la clinique et l’échographie, 22 (15,4%) l’échographie seule, 3 (2,1%) l’échographie et l’IRM, 2 (1,4%) l’IRM seule, 2 (1,4%) la clinique, l’échographie et l’IRM, 1 (0,7%) l’échographie, la radiographie et l’IRM, 1 (0,7%) la clinique et l’IRM, 1 (0,7%) l’échographie et la radiographie.
La clinique seule et l’échographie avec la clinique sont les deux méthodes diagnostiques les plus représentées.
100 (69,9%) 43 (30,1%)
<20 20-50
Figure 7 : Pourcentage de médecins utilisant chaque méthode diagnostique
3/ Classification
Question 4 : A partir de quelle chronologie classeriez-vous, la tendinopathie comme chronique ?
- < 1 mois
- Entre 1 et 3 mois - Entre 3 et 6 mois - Autre
Sur 143 réponses : la majorité des médecins classaient la tendinopathie calcanéenne comme chronique entre 3 et 6 mois d’évolution.
Figure 8 : Classification d’une tendinopathie calcanéenne chronique selon le temps d’évolution
114 (79,7%)
65 (45,5%)
9 (6,3%)
2 (1,4%) 0
10 20 30 40 50 60 70 80 90
Clinique Echographie IRM Radiographie
6 (4,2%)
51 (35,7%) 83 (60%)
3 (2,1%)
Chronologie
<1 mois 1 à 3 mois 3 à 6 mois >6 mois
C/ Traitement de la tendinopathie calcanéenne aiguë
1/ Évaluations des traitements en trois intentions
Question 5 : Concernant la tendinopathie aiguë, quels traitements préconisez- vous en 1ère intention ?
Même question pour la 2ème et 3ème intention.
- Repos
- PARACETAMOL
- Anti inflammatoire non stéroïdien (AINS) - Kinésithérapie
- Ondes de choc
- Infiltration corticoïdes
- Sclérothérapie par injection (polidocanol)
- Infiltration par facteur de croissance plaquettaire autologue (PRP) - Iontophorèse avec Dexamethasone
- Consultation podologie +/- semelles orthopédiques - Avis spécialisé
- Autre
Figure 9 : Pourcentage d’utilisation des traitements de la tendinopathie aigue
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Mésothérapie Talonnette AINS local Auto exercice Avis spécialisé Cs podologue Iontophorèse PRP Sclérothérapie Infiltration corticoide Ondes de choc Kinésithérapie AINS Paracétamol Repos
1ère intention 2ème intention 3ème intention
En 1ère intention : sur 143 réponses : 130 médecins (90,9%) préconisaient le repos, 76 (53,2%) le PARACETAMOL, 77 (53,9%) les AINS oraux, 53 (37%) la kinésithérapie, 15 (10,5%) les ondes de choc, 1 (0,7%) une infiltration de corticoïde, 33 (23,1%) la consultation podologique, 1 (0,7%) l’auto-exercice, 2 (1,4%) AINS locaux, 7 (4,9%) la prescription de talonnette, 3 (2,1%) la
mésothérapie. Aucun ne préconisait la sclérothérapie, la iontophorèse, l’injection de PRP ou l’avis spécialisé.
En 1ère intention les médecins prescrivaient majoritairement le repos, le PARACETAMOL, les AINS oraux et la kinésithérapie.
En 2ème intention : sur 143 réponses : 32 médecins (22,4%) préconisaient le repos, 21 (14,7%) le PARACETAMOL, 23 (16,1%) les AINS oraux, 83 (58%) la kinésithérapie, 49 (34,3%) les ondes de choc, 18 (12,6%) une infiltration de corticoïde, 5 (3,5%) l’injection de PRP, 48 (33,6%) la consultation podologique, 8 (5,6%) demandaient un avis spécialisé, 3 (2,1%) la mésothérapie. Aucun ne préconisait la sclérothérapie, la iontophorèse, auto-exercice, les AINS locaux ou les talonnettes.
En 2ème intention les médecins prescrivaient majoritairement la kinésithérapie, les ondes de choc et la consultation avec un podologue.
En 3ème intention : sur 138 réponses : 20 médecins (14,5%) préconisaient le repos, 10 (7,3%) le PARACETAMOL, 6 (4,4%) les AINS oraux, 24 (17,4%) la kinésithérapie, 29 (21%) les ondes de choc, 21 (15,2%) une infiltration de corticoïde, 1 (0,7%) la sclérothérapie, 9 (6,5%) l’injection de PRP, 3 (2,2%) la ionotophorèse, 27 (19,6%) la consultation podologique, 55 (39,9%)
demandaient un avis spécialisé, 1 (0,7%) les talonnettes, 3 (2,1%) la mésothérapie. Aucun ne préconisait les auto-exercices ou les AINS locaux.
En 3ème intention les médecins demandaient majoritairement un avis spécialisé, et prescrivaient de la kinésithérapie, des ondes de choc et une consultation avec un podologue.
2/ Autres traitements proposés.
Question 8 : Y a-t-il d'autres traitements que vous utilisez, non cités ci-dessus ? - Non
- Autre
Sur 138 réponses :
121 médecins (87,7%) n’utilisaient pas d’autres thérapies que celles proposées dans le questionnaire, 4 (2,9%) utilisaient la physiothérapie par glaçage, 4 (2,9%) le port de talonnette, 5 (3,6%) la mésothérapie, 2 (1,4%) l’auto-
rééducation, 1 (0,7%) la recherche de foyer infectieux ORL, 1 (0,7%) la prise de corticoïde oral.
3/ Le temps de repos
Question 9 : Quel temps de repos relatif prescrivez-vous ? - <15 jours
- 15 à 30 jours - >30 jours
Sur 143 réponses : la majorité des médecins prescrivaient un repos relatif de 15 à 30 jours.
Figure 10 : Estimation du temps de repos relatif prescrit
4/ Le type de kinésithérapie
Question 10 : Prescrivez-vous un type de kinésithérapie précis ? Si oui, laquelle ? (Réponse courte)
Sur 102 réponses : la moitié des médecins ne précisaient pas la kinésithérapie souhaitée, l’autre moitié prescrivaient majoritairement les ondes de choc et les massages transverses profonds (MTP).
27 (18,9%)
77 (53,8%) 39 (27,3%)
<15 jours 15-30 jours >30 jours
Figure 11 : Protocole de kinésithérapie prescrite
5/ L’orientation vers le spécialiste
Question 11 : A partir de quel moment, adressez-vous le patient vers un spécialiste ?
- Je n'adresse pas les tendinopathies achilléennes aiguës - Traitement de 2ème intention
- Traitement de 3ème intention - Autre
Sur 142 réponses : 27 (18,9%) n’adressaient pas leurs patients à un spécialiste pour une tendinopathie aiguë, 25 (17,6%) en 2ème intention, 82 (57,7%) en 3ème intention. Aucun médecin ne demandait l’avis d’un spécialiste en 1ère intention.
8 médecins (5,6%) ont répondu autre : 1 (0,7%) si indication chirurgicale, 1 (0,7%) si rupture partielle, 1 (0,7%) selon le contexte, 1 (0,7%) après échec des traitements (repos, PARACETAMOL, kinésithérapie et podologue), 1 (0,7%) si l’origine de la tendinopathie est inflammatoire ou si tendinopathie chronique, 1 (0,7%) si durée de plus de 6 mois, 1 (0,7%) si échec des traitements après plusieurs mois, 1 (0,7%) si absence d’amélioration après 2 à 3 mois d’évolution.
55 (53,9%)
13 (12,7%) 12 (11,7%) 8 (7,8%)
6 (5,9%) 7 (6,9%) 1 (0,9%)
Non Ondes de choc MTP
Etirements excentriques Protocole Stanish Physiothérapie Laser
Figure 12 : Pourcentage des médecins demandant un avis spécialisé selon le degré d’intention d’une tendinopathie calcanéenne aiguë
D/ Traitement de la tendinopathie calcanéenne chronique
1/ Évaluations des traitements en trois intentions
Question 12 : Concernant la tendinopathie chronique, quels traitements proposeriez-vous en 1ère intention ?
- Repos
- PARACETAMOL - AINS
- Kinésithérapie - Ondes de choc
- Infiltration corticoïdes
- Sclérothérapie par injection (polidocanol)
- Infiltration par facteur de croissance plaquettaire autologue (PRP) - Iontophorèse avec Dexamethasone
- Consultation podologie +/- semelles orthopédiques - Avis spécialisé
- Autre
Même question pour la 2ème et 3ème intention.
27 (18,9%)
25 (17,6%) 82 (57,7%)
8 (5,6%)
N'adresse pas 2ème intention 3ème intention Autre
Figure 13 : Pourcentage d’utilisation des traitements de la tendinopathie calcanéenne chronique
En 1ère intention : sur 142 réponses : 66 médecins (46,5%) préconisaient le repos, 48 (33,8%) le PARACETAMOL, 24 (16,9%) les AINS oraux, 97 (68,3%) la kinésithérapie, 47 (33,1%) les ondes de choc, 4 (2,8%) une infiltration de
corticoïde, 1 (0,7%) la sclérothérapie, 2 (1,4%) l’injection de PRP, aucun la iontophorèse, 60 (42,2%) la consultation podologique, 6 (4,2%) demandaient un avis spécialisé, 3 (2,1%) préconisaient la mésothérapie, 1 (0,7%) les auto-
exercices.
En 1ère intention la majorité des médecins prescrivaient la kinésithérapie, le repos, une consultation avec un podologue et le PARACETAMOL.
En 2ème intention : sur 140 réponses : 19 médecins (13,5%) préconisaient le repos, 15 (10,7%) le PARACETAMOL, 8 (5,7%) les AINS oraux, 31 (22,1%) la kinésithérapie, 42 (30%) les ondes de choc, 36 (25,7%) une infiltration de corticoïde, aucun la sclérothérapie, 11 (7,9%) l’injection de PRP, 1 (0,7%) la iontophorèse, 36 (25,7%) la consultation podologique, 35 (25%) demandaient un avis spécialisé, 2 (1,4%) préconisaient la mésothérapie, aucun les auto- exercices.
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80%
Mésothérapie Auto exercice Avis spécialisé Cs podologue Iontophorèse PRP Sclérothérapie Infiltration corticoide Ondes de choc Kinésithérapie AINS Paracétamol Repos
1ère intention 2ème intention 3ème intention
En 2ème intention la majorité des médecins prescrivaient des ondes de choc, une infiltration de corticoïde, la kinésithérapie, la consultation avec un podologue et demandaient un avis spécialisé.
En 3ème intention : sur 134 réponses : 15 médecins (11,2%) préconisaient le repos, 12 (9%) le PARACETAMOL, 3 (2,2%) les AINS oraux, 13 (9,7%) la kinésithérapie, 13 (9,7%) les ondes de choc, 11 (8,2%) une infiltration de corticoïde, 2 (1,5%) la sclérothérapie, 7 (5,2%) l’injection de PRP, 2 (1,5%) la iontophorèse, 13 (9,7%) la consultation podologique, 95 (70,9%) demandaient un avis spécialisé. Aucun ne préconisaient la mésothérapie, ni les auto-exercices.
En 3ème intention la majorité des médecins demandaient un avis spécialisé.
2/ L’orientation vers un spécialiste
Question 15 : A partir de quel moment, adressez-vous le patient vers un spécialiste ?
- Je ne l’adresse pas vers un spécialiste - Traitement de 2ème intention
- Traitement de 3ème intention - Autre
Sur 137 réponses : la quasi-totalité des médecins interrogés demandaient un avis spécialisé en 2ème et 3ème intention.
Figure 14 : Pourcentage des médecins demandant un avis spécialisé selon le degré d’intention d’une tendinopathie calcanéenne chronique
5 (3,6%) 3 (2,2%)
68 (49,6%) 61 (44,5%)
N'adresse pas 1ère intention 2ème intention 3ème intention
3/ Le type de spécialiste
Question 16 : Vers quel spécialiste : - Rhumatologue
- Chirurgien orthopédiste
- Médecin du sport (si pratique liée au sport) - Médecin rééducateur
- Autre
Sur 136 réponses : près de la moitié des médecins interrogés adressaient leur patient à un chirurgien orthopédiste, près d’un quart vers un médecin du sport ou rhumatologue.
Figure 15 : Orientation suivant les spécialités
60 (44,1%)
33 (24,3%) 32 (23,5%)
8 (5,9%) 3 (2,2%)
Chirurgien orthopédique Rhumatologue
Médecin du sport Médecin rééducateur
Rhumatologue ou médecin du sport
E/ L’application des recommandations
1/ Présentation des recommandations
Question 17 : Voici un tableau traduit des recommandations, connaissiez-vous l'existence de celle-ci ?
- Oui - Non
Ce tableau est un tableau simplifié (Annexe I, question 17) et traduit des recommandations anglo-saxonnes2.
Sur 141 réponses, la majorité des médecins interrogés ne connaissaient pas ces recommandations.
Figure 16 : Connaissance des recommandations
2/ Classification de la tendinopathie en aiguë ou chronique par l’examen clinique
Question 18 : Vous parait-il envisageable de classer les tendinopathies selon les critères d'examen clinique ci-dessus ?
- Oui - Non
Sur 142 réponses : la majorité des médecins interrogés pensaient que ces critères pouvaient être utilisés en pratique.
Figure 17 : Adaptation pratique du diagnostic de tendinopathie aiguë ou chronique
127 (90,1%) 14 (9,9%)
Non Oui
121 (85,2%) 21 (14,8%)
Applicable Non applicable
3/ Orientation vers spécialiste
Question 19 : Auriez-vous besoin d'orienter votre patient vers un spécialiste au début de la prise en charge ?
- Oui - Non
Sur 142 réponses : la majorité des médecins interrogés n’avaient pas besoin d’avis spécialisé en début de prise en charge.
Figure 18 : Orientation vers un spécialiste au début de la prise en charge
4/ Applicabilité des recommandations en pratique
Question 20 : Vous semble-t-il envisageable d'utiliser ces recommandations dans votre pratique ?
- Oui - Non - Autre
Sur 143 réponses : la majorité de médecins interrogés seraient prêt à modifier leurs pratiques habituelles et utiliser ces recommandations.
123 (86,6%) 19 (13,4%)
Non Oui
Figure 19 : Avis sur l’applicabilité des recommandations en pratique courante
5/ Mise en pratique des recommandations
Question 21 : Quels seraient les freins à la mise en œuvre de ces recommandations selon vous ?
Sur 79 réponses :
17 médecins (21,5%) répondaient que les recommandations pourraient être utilisées en pratique.
33 (41,8%) estimaient que les freins étaient la disponibilité du kinésithérapeute et l’absence de matériel (iontophorèse) pour mettre en place les pratiques recommandées, 17 (21,5%) manquaient de connaissance par rapport aux techniques utilisées.
15 (19%) étaient freinés par l’accès aux spécialistes, 6 (7,5%) pensaient que la compliance du patient pouvait affecter la prise en charge.
5 (6,3%) aimeraient une évaluation de ces recommandations en pratique, 5 (6,3%) manquaient de temps pour les appliquer, 5 (6,3%) ne voulaient pas changer leurs habitudes, dont 2 préférant utiliser la mésothérapie. 2 (2,5%) estimaient qu’il n’y avait pas assez d’explorations complémentaires avant la prise en charge, 1 (1,3%) pensait que ces recommandations concernaient surtout le kinésithérapeute.
112 (78,3%) 25 (17,5%)
6 (4,2%)
Oui Non Ne sait pas
6/ Fiche pratique
Question 22 : Seriez-vous intéressé par une fiche récapitulative concernant cette prise en charge ?
- Oui - Non
Sur 143 réponses :
118 (82,5%) aimerait bénéficier de celle-ci.
25 (17,5%) n’étaient pas intéressés.
Discussion
L’objectif de cette étude était de comparer les pratiques concernant la tendinopathie calcanéenne aiguë et chronique des médecins généralistes exerçant dans la région des Pays de Loire avec ces recommandations, afin d’identifier des éléments de divergence et proposer une conduite à tenir concernant cette pathologie.
On constate que la tendinopathie calcanéenne dans sa portion intermédiaire n’est pas une pathologie fréquemment rencontrée en médecine générale, avec moins de 20 patients par an pour une majorité des médecins interrogés. Néanmoins sa prise en charge ne semble pas être une difficulté, pour la majorité des médecins.
Concernant la confirmation diagnostique de cette pathologie, les
recommandations7, ne préconisent pas d’examen complémentaire. Un peu plus de la moitié des médecins utilisaient la clinique seule, alors que les autres médecins s’aidaient d’examens complémentaires. Il pourrait donc être
envisageable de limiter les examens complémentaires pour cette pathologie.
Les recommandations7, définissent la tendinopathie aiguë pour une durée
d’évolution de moins de 3 mois, et la tendinopathie chronique à partir de 3 mois d’évolution. La majorité des médecins interrogés utilisaient cette définition, mais un tiers d’entre eux ne la considérait chronique qu’à partir de 6 mois, tandis que quelques-uns avaient une définition inférieure à 3 mois. Cela peut avoir une implication dans la prise en charge thérapeutique, les traitements à considérer n’étant pas les mêmes entre les deux stades d’évolution. Les symptômes sont aussi à considérer pour définir une tendinopathie aiguë ou chronique.
Concernant les traitements de la tendinopathie calcanéenne aiguë, les
recommandations7 proposent l’utilisation de la iontophorèse, du stretching ou l’utilisation de strapping, selon l’examen clinique. Les médecins interrogés
préconisaient le repos, les antalgiques (PARACETAMOL et AINS) et la rééducation par un kinésithérapeute. Mais de nombreuses autres possibilités thérapeutiques étaient utilisées.
Concernant la tendinopathie chronique, les recommandations7 proposent les exercices de mise en charge, le stretching, le strapping et les exercices
neuromusculaires en cas de trouble de la cinétique des membres inférieurs. Les médecins interrogés proposaient pour leur part la prescription de kinésithérapie, la consultation avec un podologue, les ondes de choc, et la demande d’un avis spécialisé.
Concernant le conseil et l’éducation thérapeutique :
L’item de « repos » était majoritairement prescrit dans ce type de pathologie, cependant, le type de repos prescrit de façon précise n’était pas évalué (relatif ou strict). Le repos a surtout été évalué pour la phase chronique de la
tendinopathie dans les articles utilisés pour réaliser les recommandations.
Néanmoins, celles-ci proposent une éducation du patient pour la tendinopathie aiguë et chronique, avec comme conseil la poursuite d’une activité physique adaptée à la douleur. La littérature démontre l’intérêt d’un repos relatif8, alors qu’un repos strict est potentiellement délétère9. Il est donc nécessaire de proposer aux patients une adaptation de l’activité aux symptômes dès la phase aiguë, plutôt qu’un repos complet.
Concernant les auto-exercices de stretching, recommandés en cas de diminution d’amplitude articulaire7, seulement un médecin en 1ère intention proposait des auto-exercices à ses patients. Ce type d’exercice peut également être proposé par le kinésithérapeute. Les études montrent une satisfaction du patient, une réduction de la douleur, ainsi qu’une diminution de la raideur articulaire.
Cependant les études évaluant le stretching n’étaient pas significatives10,11 avec une étude rétrospective, et une étude cas-témoin avec un échantillon faible.
Parmi les thérapeutiques en lien avec le kinésithérapeute :
Concernant la prescription de kinésithérapie, un peu plus de la moitié des
médecins ne précisaient pas le type de kinésithérapie souhaitée. Pour la plupart des patients, le traitement proposé était donc dépendant du kinésithérapeute en charge du patient.
La mise en charge mécanique du tendon calcanéen est le traitement avec le plus haut niveau de preuve, plusieurs revues de la littérature avec méta analyse démontraient un intérêt sur la prise en charge initiale 9,12. Un essai clinique contrôlé et randomisé comparant le travail excentrique et un entraînement concentrique à charge lourde démontrait une efficacité sur la douleur et la sévérité des deux techniques13. Récemment une étude a évalué le travail concentrique à charge lourde seul comme pouvant être inférieur aux autres exercices comme le travail excentrique14. Le traitement par mise en charge mécanique excentrique du tendon est donc le traitement de référence des tendinopathies calcanéennes chroniques.
Certains médecins proposaient notamment le protocole de Stanish®, ce protocole propose des étirements, un travail concentrique et excentrique. Ils existent 3 protocoles de ce type : Alfredson®, Stanish et Curwin®,
Silbernagel®15. Il n’y a pas d’études évaluant ces protocoles en particulier en les comparant à d’autres. Cependant ils font parties à part entière de la prise de la tendinopathie avec la possibilité d’éducation et d’auto-exercice à domicile. Il est également possible de le réaliser chez le kinésithérapeute, permettant
l’observance thérapeutique.
Pour le strapping, aucun médecin n’utilisait cette technique. Certains médecins interrogés avaient signalé comme frein l’absence de formation à la réalisation d’un strapping pour ce type de pathologie. Les recommandations suggèrent de ne pas l’utiliser pour diminuer la douleur ou améliorer les performances mais pour essayer de diminuer la tension sur le tendon. Cela peut être réalisé par le kinésithérapeute.
Les ondes de choc étaient largement proposées par les médecins interrogés, notamment en 2ème et 3ème intention de la prise en charge de la tendinopathie aiguë. La littérature retrouve des preuves contradictoires, avec certaines études démontrant un intérêt antalgique à court terme16,17, mais sans efficacité à long terme18, entrainant un risque de reprise d’activité sans avoir permis la guérison complète. D’autres études proposaient cette thérapie dans un second temps quand les techniques initiales n’ont pas été concluantes12,18. Une étude clinique placebo contre ondes de choc, en double aveugle, randomisée, contrôlée, retrouvait initialement une amélioration sur le score de la douleur entre 4 et 12 semaines, puis secondairement, ne retrouvait pas différence significative sur le score de la douleur à 24 semaines19. L’échantillon était cependant faible (31 patients). Une revue systématique de littérature proposait l’utilisation d’ondes de choc comme une alternative intéressante12, mais avec des résultats divergents sur l’amélioration clinique (douleur et fonction du patient). Les ondes de choc de font pas partie des recommandations de prise en charge de la tendinopathie calcanéenne aiguë.
La thérapie par laser basse fréquence est peu connue, et n’est pas présente dans tous les cabinets de kinésithérapie, uniquement un médecin interrogé la
proposait dans le protocole de kinésithérapie. Une revue de littérature avec méta-analyse12, proposait ce traitement comme intervention complémentaire au travail excentrique. Deux autres études démontraient un effet bénéfique (contre placebo), à la phase initiale du traitement et associé au travail exentrique20,21. La iontophorèse avec DEXAMETHASONE, peut être réalisée par le
kinésithérapeute. Cette technique repose sur l’application de deux patchs sur la peau avec l’application sous l’un d’eux de DEXAMETHASONE. Ces patchs sont reliés à un courant électrique qui permet la diffusion de la substance active sur la zone visée. Les médecins ne prescrivaient jamais cette méthode en 1ère et 2ème intention, et seulement quelques-uns la proposaient en 3ème intention. Cependant elle peut être utilisée par le kinésithérapeute qui est largement prescrit en 1ère, 2ème et en 3ème intention. Les preuves sont modérées concernant cette méthode, et on ne retrouve que peu d’études l’évaluant22,23, mais elle est recommandée en cas de douleur et d’inflammation.
Parmi les thérapeutiques médicamenteuses :
Les AINS étaient largement utilisés par les médecins interrogés à tous les stades de la pathologie. La littérature démontre que la phase inflammatoire d’une
tendinopathie, quand elle est présente, est bénéfique et permet une
reconstruction du tendon24,25,26. Une étude suggère que l’origine inflammatoire d’une tendinopathie n’est pas la plus fréquente et qu’il faut adapter le traitement à l’histopathologie, la tendinopathie par surcharge mécanique par exemple ne présenterait pas d’inflammation27. L’utilisation des AINS pourrait freiner la
guérison tendineuse en altérant les mécanismes de réparation du tendon. Ils ont une utilité uniquement antalgique lors de la phase hyperalgique8.
Parmi les thérapeutiques par injection :
L’injection de PRP (plasma riche en plaquettes) est une thérapeutique utilisée depuis quelques années. Une revue de littérature comparait l’injection de PRP avec travail excentrique contre une injection de solution saline avec travail excentrique28 : les résultats ne retrouvaient pas de différence significative sur le score de sévérité VISA-A (critère de jugement principal) ni sur les critères de jugement secondaires (épaisseur du tendon, activité doppler). D’autres études de haut niveau de preuve appuyaient ces résultats, dont une revue de littérature avec méta-analyse29 avec comparaison contre placebo, ainsi qu’une étude
comparant l’injection de PRP contre placebo dans la modification de la structure tendineuse et sa néovascularisation (par échographie). Elles ne démontraient pas de différence significative30. Les injections de PRP ne sont donc pas
recommandées dans la prise en charge de la tendinopathie calcanéenne.
Les injections de corticoïdes dans le traitement de la tendinopathie permettent un effet bénéfique à court terme, cependant ce bénéfice n’est pas maintenu à moyen terme et long terme. Elles présentent des risques telle que la rupture du tendon, la douleur post injection, l’atrophie sous cutanée et la dépigmentation cutanée7. Les études l’évaluant ne permettent pas de proposer cette
thérapeutique pour la tendinopathie calcanéenne9,31,32.
La sclérothérapie par POLIDOCANOL consiste dans l’injection d’un produit sclérosant en extra-tendineux pour diminuer la néovascularisation et la
neuroprolifération. La littérature ne montre pas d’effet bénéfique significatif en comparaison à une solution saline9,32. Cette thérapeutique n’est donc pas recommandée.
Parmi les autres thérapeutiques proposées :
Les talonnettes étaient plusieurs fois citées dans les réponses proposées, ainsi que la consultation avec un podologue. Les études concernant les orthèses
plantaires en général ne démontraient pas d’intérêt dans la tendinopathie aiguë ou chronique33,34,35. Au total les talonnettes et les orthèses ne font pas partie des recommandations.
La mésothérapie était également une thérapeutique proposée et pratiquée par certains des médecins interrogés dans la tendinopathie aiguë ou chronique.
Aucune étude n’a évalué cette pratique pour la tendinopathie calcanéenne. Une revue de la littérature démontrait l’absence de preuves de son efficacité dans les douleurs mécaniques en générale36. La revue de médecine générale « Prescrire » mettait en garde concernant le risque infectieux et de différents effets
secondaires37. Au total la mésothérapie ne fait pas partie des recommandations.
Concernant les avis spécialisés et la chirurgie :
La plupart des médecins adressaient leur patient en seconde ou troisième intention, avec comme premier choix le chirurgien orthopédique, ensuite le rhumatologue, le médecin du sport, puis le médecin rééducateur. Les
recommandations ne précisent pas vers quel professionnel de santé adresser son patient.
Dans les recommandations7, la chirurgie faisait partie des critères d’exclusions.
La chirurgie de la tendinopathie calcanéenne, lorsque celle-ci est chronique, permet une meilleure réponse et récupération chez le sportif38. D’autres
études39,40 retrouvaient des résultats divergents, avec une amélioration et une satisfaction initiale, mais la nécessité fréquente d’une reprise chirurgicale, voir une aggravation des symptômes chez une minorité de patients.
Concernant les limites de cette étude :
Concernant le questionnaire, il avait pour but d’estimer les thérapeutiques par étape de prise en charge, cependant beaucoup de médecins ne vont pas jusqu’à la 3ème intention du traitement. Le temps nécessaire à atteindre le traitement de 2ème et 3ème intention peut être plus ou moins long d’un patient à un autre
(suivant la fréquence des consultations), la tendinopathie pouvant alors être classée comme chronique, sans avoir eu l’occasion de réaliser les traitements de 2ème et 3ème intention.
Cette étude concernait la tendinopathie achilléenne dans sa portion
intermédiaire, il est parfois difficile en pratique de caractériser les différents types de tendinopathie, tel que l’atteinte de la jonction myotendineuse, la tendinopathie calcifiante et kystique, la péritendinopathie, la boursopathie, l’enthésopathie et les tendinopathies en lien avec une maladie inflammatoire
(spondylarthrite ankylosante)3. Les recommandations utilisées dans ce travail ne s’appliquent pas autres types de tendinopathie calcanéenne.
Concernant la mise en pratique des recommandations7, elle est limitée par le manque de connaissance de certaines techniques par les praticiens (iontophorèse et technique de strapping par exemple), par la disponibilité du kinésithérapeute, notamment lors de la phase aiguë (nécessité d’un rendez-vous rapide) et par le nombre insuffisant de praticien dans les zones sous dotées. Pour la iontophorèse, il est également nécessaire que le kinésithérapeute soit formé à cette technique et qu’il dispose du matériel thérapeutique.
Les médecins interrogés précisent que la demande d’un avis spécialisé peut être également un frein suivant les départements, par manque de disponibilité.
Cette étude présente plusieurs biais :
Il existe un biais de sélection par non-réponse ou réponse blanche à plusieurs questions, notamment parmi les questions ouvertes, ce qui est souvent le cas lors des études par questionnaire. Ce biais ne limite que peu les résultats statistiques.
L’utilisation d’un questionnaire pour le recueil de données provoque un biais de déclaration.
Enfin, ce travail observationnel permet une première approche d’évaluation des pratiques sur une pathologie précise, et l’ouverture à de nouvelles
recommandations peu utilisées en pratique. Nous avons pu constater que la prise en charge des médecins généralistes de la région des Pays de Loire différait des recommandations proposées, que la iontophorèse est une thérapeutique non connue et que le strapping demande une formation spécialisée.
Nous avons constaté pour la tendinopathie calcanéenne aiguë, que les
recommandations proposaient l’utilisation de la iontophorèse, du stretching ou l’utilisation de strapping, selon l’examen clinique alors que les médecins
interrogés préconisaient le repos, les antalgiques (PARACETAMOL et AINS) et la rééducation par un kinésithérapeute. Pour la tendinopathie chronique, les
recommandations proposent les exercices de mise en charge, le stretching, le strapping et les exercices neuromusculaires en cas de trouble de la cinétique des membres inférieurs. Les médecins interrogés proposaient pour leur part la
prescription de kinésithérapie, la consultation avec un podologue, les ondes de choc, et la demande d’un avis spécialisé.
Ce travail pourrait permettre une approche différente de cette pathologie, et diminuer l’utilisation de traitement potentiellement délétère. Des études montraient que la présentation de recommandations aux médecins permet la modification de pratique41,42. Une autre étude évoquait cependant la possibilité de prédisposition au changement de pratique mais sans incitation ou suppression des pratiques habituelles, la plupart des médecins poursuivaient leurs
pratiques43.
Nous constatons par la présentation des recommandations, que celle-ci sont très peu connues. Cependant les médecins généralistes seraient prêts à les utiliser dans leur pratique, si les conditions techniques le permettent.
Une étude à la plus grande échelle pourrait avoir un intérêt pour évaluer la possibilité d’application de ces recommandations en France. Il serait également intéressant de réaliser des recommandations sur les autres types de
tendinopathie calcanéenne.
Conclusion
On peut constater que les pratiques diagnostiques et thérapeutiques sont variables d’un médecin à un autre, et qu’elles différent des recommandations.
La comparaison des pratiques des médecins à celles des recommandations montre qu’elles ne sont pas utilisées actuellement en pratique courante. Ce travail a permis de donner une première approche aux médecins pour adapter leurs pratiques. Pour faciliter l’application de ces recommandations une fiche récapitulative de prise en charge leur sera fournie.