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LA THÉRAPIE ORIENTÉE VERS LES SOLUTIONS

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Academic year: 2022

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LA THÉRAPIE ORIENTÉE

VERS LES SOLUTIONS

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La collection « Relations »

Familles, institutions, écosystèmes

fondée par Jean-Claude Benoit

dirigée par Marie-Christine Cabié

Grâce aux progrès soutenus des approches familio-systé miques, un sa voir neuf se confirme dans les actes psycho thérapeu tiques, éducatifs et préventifs les plus divers.

Notre civilisation bouleversée exige de tels progrès constants. Les liens indivi duels se tendent et se marquent de souffrances. Les mots « liens »,

« relier », « relations », transmettent aujourd’hui l’ambiguïté d’une diffé- renciation individualisante accélérée, simultanée à des proximités envi- ronnementales excessives.

Acceptant ces complexités, de nombreux cliniciens en sciences humaines utili sent aujourd’hui la théorie écosysté mique de la com muni- cation. Avec « rigueur et imagination », l’anthropologue Gregory Bateson a ou vert ce champ concep tuel aux pionniers de la thérapie fa miliale. Les écoles se multiplient. Les champs d’application se diversi fient et se déve- loppent. De nom breuses catégo ries d’inter ve nants sociaux, médi caux, psychia triques, éducatifs appuient leurs actes sur les modèles fonda- mentaux découverts dans les inter actions fami liales.

La collection « Relations » accompagne la revue Thérapie fa miliale (Genève) dans la voie d’une recherche clinique et, plus lar gement, anthropo logique, pour cette compré hension simultanée des indivi dus et de leurs environnements.

Cette série d’ouvrages spécialisés étend les apports de la revue. Avec la collection « Relations », une coévolution peut se créer entre le court et le long terme. Cette autre continuité – une série d’ouvra ges – veut apporter aux praticiens des systèmes familiaux, institutionnels ou sociaux, la lecture élargie et nuancée que permet le livre.

Voir la collection complète en fin d’ouvrage.

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Therese Steiner

LA THÉRAPIE ORIENTÉE VERS LES SOLUTIONS

avec les enfants, adolescents et leurs familles

Préface de Marie-Christine Cabié

RELATIONS

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Conception de la couverture : Anne Hébert

Version PDF © Éditions érès 2018 CF - ISBN PDF : 978-2-7492-6145-4 Première édition © Éditions érès 2018 33, avenue Marcel-Dassault, 31500 Toulouse, France

www.editions-eres.com

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Table des matières

préface, Marie-Christine Cabié ... 7

introduction ... 11

1. lacommunicationdanslathérapie orientéeverslessolutions ... 13

Organiser la consultation de manière efficace ... 13

La construction d’un entretien centré sur les solutions ... 14

Décrire plutôt que comprendre et expliquer ... 14

Répéter une seule et même question ... 17

À propos des conseils ... 18

Écoute ciblée et questionnement focalisé ... 19

Le patient peut avoir besoin de parler du problème ... 23

Cadrer la discussion et interrompre le patient ... 25

Être rigoureux dès la première question ... 27

Développer des représentations utiles ... 28

Valoriser ressources et compétences ... 30

Les émotions ... 32

Puis vient le temps de la pause et du feed-back ... 35

Reconnaître ses propres limites et lâcher prise ... 38

Conversations ordinaires et conversation dans l’entretien orienté solutions ... 40

Construire efficacement un entretien dans un contexte éducatif ... 41

Transmettre des informations ... 44

Commander, ordonner, donner des instructions ... 44

Réfléchir ensemble ... 45

2. laconsultation ... 53

Bien démarrer la consultation ... 53

Situations initiales ... 54

Construction du système d’aide... 55

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La thérapie orientée vers les solutions

Le premier entretien ... 56

Les conflits d’objectifs ... 59

L’entretien de médiation ... 60

Utilisation d’un setting différencié pour élaborer des objectifs ... 67

Respecter l’autonomie des enfants et des adolescents ... 69

Lorsque les enfants ou les adolescents sont en danger ... 72

Comment continuer après un bon début ? ... 73

Suggestions d’activités à faire ensemble ... 76

3. techniquesdecommunication ... 79

L’entretien centré sur les ressources ... 79

Un exemple illustrant comment respecter les autres tout en restant fidèle à soi-même ... 81

Externaliser ... 83

La solution prend forme ... 84

À quel moment la solution doit-elle prendre une forme ? ... 84

Externaliser et visualiser l’insoluble ... 88

Un exemple : la boule à problèmes aux points jaunes ... 88

La ligne du temps (Timeline) ... 91

La ligne du temps dans la thérapie orientée sur les solutions 92

Position externe ... 92

Premier exemple : description d’une image de soi positive depuis la position externe ... 93

Deuxième exemple : anorexie – solution transitoire suite à une hospitalisation ... 94

Faciliter la recherche de solutions ... 95

Premier exemple : symptôme : se mettre les doigts dans le nez/solution : l’odeur du café ... 98

Deuxième exemple : surmonter des angoisses et des blocages suite à un abus sexuel ... 99

Réflexions sur cet outil ... 102

Ambivalence ... 102

Un exemple : trouver la bonne école pour un enfant handicapé ... 103

L’équipe réfléchissante ... 104

L’équipe réfléchissante dans l’entretien centré sur les solutions ... 104

Quand les clients se coupent la parole ... 105

Un premier exemple : jeux vidéo et parents exaspérés ... 107

Deuxième exemple : des enseignantes cherchent des solutions ... 112

(7)

Table des matières

4. quefairesi…?

lesdifficultésrencontréesdanslapratique ... 115

Règles non négociables ... 115

Premier exemple : même un collégien intelligent doit respecter les règles scolaires ... 117

Deuxième exemple : mettre en perspective les avantages et les inconvénients ... 122

Le client non volontaire et le travail sous contrainte ... 126

Premier exemple : engager un entretien de médiation avec la mère ... 128

Des choses utiles dans les idées des autres ? ... 131

Deuxième exemple : rêve et réalité : l’entrée dans une institution fermée ... 132

Les conflits entre les enfants ... 134

Premier niveau ... 134

Deuxième niveau ... 135

Troisième niveau ... 135

Niveau de réflexion après un conflit ... 136

La vie quotidienne au foyer. Entretien avec deux jeunes de 12 ans ... 137

La position auteur/victime ... 143

Transgressions de règles ... 144

Les punitions ... 145

Explorer l’envie derrière la transgression ... 146

Une transgression comme tentative d’autoguérison ... 147

Les rechutes ... 149

Premier exemple : Martin réussit à maîtriser un monstre de colère ... 152

Deuxième exemple : arrêter de voler... 155

Quand les enfants volent et mentent ... 159

Obtenir de la reconnaissance d’une manière appropriée ... 162

Le vol chez les adolescents ... 165

Voler pour prouver sa supériorité ... 165

Les secrets ... 167

Les secrets dans le cadre des consultations ... 167

Questions à poser autour de la construction du « secret » ... 168

Faut-il garder secrète une grossesse ? ... 170

En résumé... 173

Manque de motivation ... 173

Qu’est-ce qui motive les personnes à faire des efforts et à vouloir changer quelque chose ? ... 174

La vie dans dix ans ... 175

(8)

La thérapie orientée vers les solutions

Manque de motivation et abondance matérielle : un exemple

pendant lequel le centre de la discussion se déplace ... 176

5. dessituationsquinousmettentaudéfi ... 183

Le savoir du professionnel versus l’expertise du patient : un équilibre à trouver ... 183

Choisir le meilleur moment pour donner un avis professionnel ... 186

Travail avec les familles venant d’autres cultures ... 190

Quand la loyauté rend difficile l’apprentissage d’une langue 191

Redémarrer des entretiens bloqués ... 194

Utilisons-nous la bonne façon de poser des questions ? ... 194

Qu’avons-nous fait d’utile jusqu’à présent ? ... 195

Avons-nous suffisamment honoré le problème ?... 196

Accordons-nous suffisamment de temps à nos patients pour réfléchir ? ... 196

Avons-nous suffisamment cherché les compétences ? ... 197

L’objectif est-il clair et encore pertinent pour le patient ? ... 197

L’objectif est-il bien formulé ? ... 198

Sommes-nous prêt(e)s à soutenir l’objectif formulé ? ... 198

Avons-nous posé les trois parties de la question-miracle ? ... 199

Faisons-nous trop d’efforts pour chercher des solutions ? ... 201

Pouvons-nous mobiliser d’autres soutiens ? ... 202

Avons-nous suffisamment tenu compte des aspects culturels ?... 202

Utilisons-nous la bonne forme de communication ? ... 203

Avons-nous utilisé le langage des solutions ? ... 203

« Je ne sais pas » : comment exploiter cette réponse ... 204

Transmettre un message difficile ... 207

Premier exemple : « Votre enfant souffre d’une débilité. Il ne s’agit pas simplement d’un retard du développement. » ... 207

Deuxième exemple : le thème de l’obésité ... 211

6. desressourcesetcompétences pourlathérapiecentréesurlessolutions ... 215

Les parents ... 215

Parents surmenés ... 215

Utiliser les expériences de l’enfance des parents ... 220

Quand les parents veulent protéger leurs enfants des actions d’un tiers ... 221

Se centrer sur les réussites dans le cadre scolaire ... 223

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Table des matières

L’auto-efficacité ... 230

La pensée ... 232

La motivation ... 232

Les émotions ... 233

Choix du contexte de vie et des activités ... 233

L’auto-efficacité et l’approche orientée solutions ... 233

Résumé ... 237

Jouer ... 237

L’importance du jeu... 238

Critères pour choisir un jeu ... 239

Ballons de jeu ... 243

Fiches cachées ... 247

Dessiner en tandem ... 248

Histoires à jeter ... 248

Communiquer à l’aide d’un crayon ou d’un pinceau ... 249

Communication avec la voix chantée ou avec des instruments ... 250

Pâte à modeler ... 251

Expérience avec l’eau ... 251

bibliographie ... 253

remerciements ... 257

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Préface

Les ouvrages francophones sur la thérapie orientée vers les solutions traitent essentiellement de la thérapie de patients adultes. Cela tient sans doute à l’importance du langage dans ce modèle, même s’il s’agit du langage dans son sens le plus large incluant le verbal et le non-verbal. Le questionnement est l’un des principaux outils du thérapeute pour amener le patient à préciser ce qu’il souhaite et ce qui lui permettra de voir qu’il progresse. Les enfants et les adolescents viennent en thérapie à la demande d’adultes qui s’occupent d’eux, qu’il s’agisse de leurs parents, de leurs enseignants, d’édu- cateurs. Eux-mêmes préfèreraient souvent être ailleurs. Leurs

« je ne sais pas », leurs silences peuvent décourager certains thérapeutes. L’adaptation de la thérapie orientée vers les solutions aux enfants, aux adolescents et à leurs parents est indispensable.

Il y a une vingtaine d’années, j’ai eu l’occasion de discuter avec Insoo Kim Berg de la mise en œuvre de la thérapie orientée sur les solutions avec les enfants et les adolescents.

Elle me parla alors de Therese Steiner, pédopsychiatre suisse, et de son travail. Leurs échanges et son amitié lui étaient très précieux. Par la suite, elles ont publié ensemble Children’s Solution Work (Steiner et Berg, 2002).

J’ai rencontré Therese Steiner plusieurs années après, lors d’un séminaire à Bruges. Nos routes se sont ensuite croi- sées à de nombreuses reprises. Les qualités de thérapeute et de formatrice de Therese Steiner m’ont toujours beaucoup impressionnée. Ces qualités vont de pair avec beaucoup de rigueur, de clarté, de créativité, mais aussi avec une grande humilité, une curiosité insatiable et un grand respect de l’autre.

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La thérapie orientée vers les solutions 8

Il est devenu évident pour moi que cette grande dame de la thérapie orientée sur les solutions était la mieux placée pour partager son expérience clinique avec les enfants, les adolescents, leurs familles. Je la remercie d’avoir accepté de le faire dans ce livre. Cet ouvrage s’adresse à des thérapeutes, des éducateurs, des enseignants et peut également être utile à des parents.

Avant de laisser le lecteur se plonger dans cette passion- nante lecture, je ferai quelques remarques d’ordre général sur la thérapie orientée vers les solutions.

Steve de Shazer et Insoo Kim Berg ont créé le Brief Family Center de Milwaukee. Ils y ont développé la thérapie orientée vers les solutions avec d’autres collègues. La notion de système a toujours été très prégnante dans leur travail, même s’ils ne l’ont que rarement explicitée. Steve de Shazer faisait remarquer que si un sous-système change, le système auquel il appartient change aussi. Dès lors, il lui était indifférent de travailler avec un individu, un couple, une famille, ou avec des membres d’autres systèmes impliqués. L’important pour le thérapeute est de prendre en compte ces différents systèmes dans le processus thérapeutique. Cela apparaît également dans le travail de Therese Steiner. En tant que pédopsychiatre, elle reçoit des enfants et des adolescents en difficulté et les situe toujours dans leur contexte de vie. Ainsi elle se centre sur les interactions du jeune avec sa famille, ses enseignants, ses éducateurs, ses copains. Elle peut être amenée à rencontrer les uns ou les autres en fonction des contextes et des patients.

La thérapie orientée sur les solutions est une thérapie systémique, dans la mesure où elle considère individu, couple, famille, comme des sous-systèmes appartenant à des systèmes plus larges. L’accent est mis sur les interactions. De même, la fonction du symptôme est prise en compte. Le symptôme et les interactions autour du symptôme sont souvent la moins mauvaise solution que le patient (qu’il s’agisse d’un individu, d’un couple ou d’une famille) a trouvée pour faire face aux difficultés. S’intéresser aux bonnes raisons que le patient a pour continuer permet de mettre en lumière intentions posi- tives, besoins et enjeux. En revanche, certaines notions comme celle de patient désigné ne sont pas utiles dans ce modèle

(12)

Préface 9

centré sur ce que souhaitent les patients pour leur avenir et sur leurs ressources.

L’orientation vers les solutions s’est dessinée en partie à la suite d’une séance de thérapie familiale au cours de laquelle de nombreux problèmes avaient été mis en avant par les membres de la famille. Steve de Shazer n’arrivait pas à ce qu’ils se mettent d’accord sur un problème à travailler. Revenant dans la salle de thérapie à la suite d’une discussion avec l’équipe de thérapeutes derrière le miroir sans tain, il a proposé aux membres de la famille de prendre du temps chaque soir pour réfléchir à ce que chacun voulait garder de ce qui s’était passé dans la journée. Lors de la séance suivante, la famille dit avoir fait des progrès. Steve de Shazer a passé le reste de l’entretien à s’intéresser à ces progrès, à la façon dont ils avaient été accom- plis, aux prochains pas que la famille pourrait réaliser. Il n’était plus question des problèmes !

Le terme « solution » peut être à l’origine de malen- tendus. Qu’appelle-t-on « solution » ? Il s’agit de ce que les patients veulent faire de leur vie, de leur quotidien. Comment imaginent-ils une vie plus agréable, une vie qui leur convienne mieux ? Que font ils déjà qui va dans ce sens ? Le plus souvent, les solutions n’ont pas de liens avec les problèmes.

Pour autant, cet intérêt pour les solutions ne rend pas les thérapeutes phobiques des problèmes. Leur regard sur les problèmes est différent. Ils y perçoivent les exceptions, c’est- à-dire les moments où le problème est moins prégnant, et les capacités de résilience, les façons dont les patients font face aux difficultés de la vie. Cette perception facilite l’affiliation à la souffrance du patient et permet de co-construire d’emblée un socle de compétences.

Therese Steiner évoque à de nombreuses reprises l’exper- tise du patient. Je voudrais reprendre, dans le livre de Barry Duncan et Scott Miller Le client, héros de la thérapie (2009), une citation de Molly, 10 ans : « Nous avons les réponses, nous avons juste besoin de quelqu’un qui nous aide à les mener au premier plan dans notre tête… C’est beaucoup mieux de demander aux gens ce qu’ils veulent faire et ce qui, d’après eux, les aiderait. »

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La thérapie orientée vers les solutions 10

Lorsque nous parlons de solutions, il ne s’agit pas de solutions amenées par les thérapeutes, mais de solutions découvertes et mises en œuvre par les patients grâce au questionnement du thérapeute. Cela suppose que le théra- peute prenne un positionnement de « non-savoir ». Cela ne veut pas dire que nous niions tout savoir, toute connaissance.

Nous nous considérons comme des experts en thérapie, nous sommes responsables du processus. Et nous ne savons pas ce qui va être spécifiquement bon pour le patient. Comme nous le disons avec Luc Isebaert (Cabié et Isebaert, 1997), « Le thérapeute est expert en thérapie, le patient est l’expert pour sa thérapie ».

Enfin, je souhaite insister sur le fait que la thérapie orientée vers les solutions a été construite et se construit toujours de façon pragmatique et déductive. Il ne s’agit pas de l’applica- tion d’une théorie à la thérapie. Therese Steiner nous montre bien dans son ouvrage comment elle s’est appropriée les prin- cipes généraux du modèle, la façon dont elle les a confrontés et adaptés, mais aussi comment elle a intégré de nouvelles techniques venues parfois d’autres champs. Chaque praticien souhaitant appliquer ce modèle a à faire la même démarche.

La thérapie orientée vers les solutions évolue sans cesse, s’enrichit à partir des échanges des thérapeutes sur leur pratique et sur les résultats des recherches effectuées. L’ebta (Association européenne de thérapie brève) a été créée en 1993 à Paris et organise tous les ans des conférences. D’autres asso- ciations ont vu le jour depuis dans de nombreux pays à travers le monde. Tous les trois ou quatre ans, les thérapeutes se réfé- rant à l’orientation solution se retrouvent lors d’une conférence mondiale.

Marie-Christine Cabié Psychiatre, psychothérapeute, chef du pôle de psychiatrie Paris 11 aux hôpitaux de Saint-Maurice.

(14)

Introduction

Dans mon cabinet de pédopsychiatre, je travaille en utili- sant l’approche orientée vers les solutions avec les enfants et les adolescents depuis de nombreuses années. Dans le livre Children’s Solution Work (2002), Insoo Kim Berg et moi-même décrivions en quoi cette approche convient aux besoins des enfants et comment ils peuvent être impliqués dans un processus de changement d’une manière simple et ludique, même lorsque leurs aptitudes langagières sont une capacité pas encore très élaborée.

Ces dernières années, je me suis aussi engagée comme consultante dans un contexte éducatif en foyer et comme formatrice pour l’ong Terre des hommes Bâle avec des enfants et adolescents vulnérables dans différents pays. J’ai pu ainsi développer un travail de soutien des jeunes par leurs pairs (Steiner, 2010).

Ce livre rassemble des réflexions et des outils thérapeu- tiques que j’ai développés depuis la parution de l’ouvrage écrit avec Insoo Kim Berg en 2002. Lors de sa rédaction, la collabo- ration avec Insoo Kim Berg et Steve de Shazer m’a manqué et j’ai regretté nos échanges et leurs réflexions stimulantes. Pour honorer leur mémoire, j’ai cité autant que possible leurs méta- phores et les points de vue qu’ils ont partagés avec les parti- cipants pendant les nombreux ateliers que j’ai eu la chance de suivre.

Les façons d’aborder la pensée et le travail solutionnistes sont nombreuses et leurs descriptions multiples. Chaque nouvelle description ouvre de nouvelles perspectives. J’espère que ce livre pourra aider les professionnel(le)s à stimuler et soutenir les enfants, les adolescents et leurs parents afin qu’ils puissent améliorer leur vie d’une manière utile et durable.

(15)

Note au lecteur

Nous utiliserons les termes client et intervenant lorsque les situations auxquelles nous nous référons ne sont pas du ressort strictement thérapeutique. Cela inclut les conseillers, consultants, coachs, éducateurs, etc.

(16)

La communication dans la thérapie 1 orientée vers les solutions

La communication de la thérapie centrée sur la solution suit des règles spécifiques. Ce chapitre donne un bref aperçu du déroulement d’une séance et de la manière de poser des questions. Il souligne combien la valorisation des ressources et des compétences encourage le patient et met l’accent sur l’in- fluence du langage sur le processus thérapeutique. Les diffé- rentes sortes de conversations dans le contexte pédagogique sont aussi discutées.

organiserlaconsultationdemanièreefficace

« Ce sont nos idées et ce que nous présupposons des possibilités de changement des êtres humains et de la façon de les soutenir pour améliorer leur situation qui influencent la méthode et la technique de la consultation » (Hargens, 2004).

L’idée forte du modèle solutionniste est la suivante : le client est l’expert de ce qui doit changer et de la manière dont cela doit se passer. Les intervenants sont les experts de la conduite des entretiens. Cette expertise présuppose une connaissance approfondie des règles de communication qui régissent l’entretien orienté sur les solutions. Celles-ci, à leur tour, constituent les compétences clés de l’intervenant solutionniste.

(17)

La thérapie orientée vers les solutions 14

La construction d’un entretien centré sur les solutions

La construction d’un entretien centré sur les solutions suppose de :

– définir un objectif ;

– explorer des moments dans la vie du client dans lesquels le comportement et les compétences souhaités sont déjà présents, au moins en partie, autrement dit, rechercher les exceptions au comportement problématique ;

– rechercher les ressources qui lui permettront d’atteindre son objectif ;

– demander au client de se situer sur une échelle de 0 à 10 par rapport à l’objectif visé ;

– demander aux personnes concernées de décrire ce qui leur indiquerait que la situation s’est déjà un peu améliorée ; – formuler, sur la base de cette description, la plus petite action à entreprendre.

Malgré leur simplicité, plusieurs aspects de cette construc- tion m’ont assez longtemps échappé. Surtout, je n’avais pas prêté assez attention à ces petites nuances fondamentales pour mener l’entretien afin qu’il puisse être utile au client.

Voici les éléments les plus importants qui, selon ma compréhension actuelle, définissent et rendent efficace un entretien solutionniste.

Décrire plutôt que comprendre et expliquer

Steve de Shazer n’a cessé de souligner que la thérapie centrée sur les solutions reposait sur une description co-construite d’une situation souhaitée. Il s’agit donc, en partant de sa situation actuelle, de discuter avec le client de ses souhaits de changement, de façon à obtenir la description la plus détaillée possible de ce qui pourrait se produire à la place du problème. Notre contribution consiste principale- ment à poser les questions utiles à cette construction. Chaque nouvelle question doit se baser sur la réponse donnée par le client à la question précédente. Nous ne pouvons donc pas

(18)

La communication dans la thérapie orientée vers les solutions 15

préparer et imaginer les questions à l’avance. L’intervenant doit écouter attentivement et se laisser guider par le récit, les pensées et les impressions du client. Nous ne construisons pas d’hypothèses à vérifier en posant des questions. Ces dernières sont entièrement déterminées par le récit du client et par son souhait de changement.

Quel est l’intérêt de cette description ?

Steve de Shazer utilisait une métaphore. Il encourageait les intervenants à se comporter comme des Martiens qui observeraient, par exemple, un match de football. Un Martien essaierait d’abord de décrire ce qu’il voit, sans comprendre précisément de quoi il s’agit. Il prendrait donc note, sans préjuger, sans comparer et sans établir de catégories. Il ferait beaucoup d’observations et, si possible, poserait des questions et se forgerait progressivement une image.

Décrire demande d’observer, non pas de construire des relations causales. Le langage descriptif permet au client d’éla- borer une autre représentation, souvent complémentaire, de la situation présente et de créer ainsi une nouvelle réalité pouvant servir d’objectif pour l’avenir. Steve de Shazer disait :

« Décrire signifie regarder une fois de plus » (« Describe means see once more »).

Pour lui, un intervenant solutionniste doit fonctionner comme corps de résonance pour les mots de son client :

« Laisse-toi traverser par les mots du patient, comme par un instrument de musique, et invente, avec lui, une nouvelle mélodie. Et n’oublie jamais : occupe-toi des mots pendant que le patient parle, tâche d’en attraper chaque petit détail. Faire cela est complètement différent que de se concentrer sur la signification de ces mots. »

Grâce aux nouveaux aspects qu’ils ont ainsi découverts, les clients peuvent assouplir ou changer leurs vieux schèmes perceptifs. Cela laisse la place à un nouveau centre d’intérêt et les aide à utiliser d’autres façons d’agir et de réagir.

À ce propos, un entretien d’Insoo Kim Berg à Milwaukee me revient en mémoire. À la question de savoir à quoi la patiente verrait qu’un miracle avait eu lieu, celle-ci répond :

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La thérapie orientée vers les solutions 16

« Mon mari serait décédé et je pourrais visiter mon fils au Texas, aussi souvent que j’en aurais envie. » À la séance suivante, Insoo demande, comme d’habitude : « Qu’est-ce qui va mieux, qu’est-ce qui a changé dans la bonne direction ? »

« Eh bien, dit la femme, j’ai rendu visite à mon fils au Texas. » Insoo Kim Berg se lève et lui exprime ses condoléances : « Je suis tellement désolée pour votre mari. » La femme sourit :

« Vous savez, lorsque je vous ai décrit ce que je ferais après le miracle, sur le chemin du retour, j’ai réalisé que je n’avais ni besoin ni envie d’attendre que mon mari meure pour aller visiter mon fils. J’ai tout bonnement décidé d’y aller et ça a été une bonne chose, pour moi, pour mon fils et pour mon mari. »

Pour prendre une autre image, on pourrait dire que de décrire les choses de cette manière, c’est comme permettre au patient de faire le tour de sa propre maison. Étant toujours entré par l’entrée principale, il ne connaît pas l’arrière de la maison. Dans l’entretien solutionniste, l’intervenant invite le client à explorer la maison de fond en comble et, en plus, à prendre conscience de ce qui l’entoure, de la manière dont elle est reliée aux autres maisons et comment elle se situe dans le paysage. L’intervenant invite le client à observer comment le tout se transforme, selon le point de vue adopté. Ainsi, à partir d’une situation donnée, se construit la possibilité d’une réflexion et d’une solution alternatives.

Être doté d’une curiosité naturelle est très utile pour faire émerger une nouvelle description qui soit la plus aidante possible. Citons Max Frisch : « Si vous pensez à un défunt, voudriez-vous que ce soit lui qui vous parle ou préfére- riez-vous lui dire encore quelque chose ? 1 »

Un thérapeute ou un intervenant solutionniste répon- drait ainsi : « Je voudrais savoir ce qui lui est arrivé. » Une écoute curieuse est bien plus importante que le fait de parler soi-même. La curiosité est une vertu utile dans la conduite d’entretiens solutionnistes. Ce sont la curiosité et l’intérêt portés à la singularité de chaque situation, aux caractéristiques

1. « Wenn Sie an einen Verstorbenen denken, wünschten Sie dass der Verstorbene zu Ihnen spricht, oder möchten Sie lieber dem Verstorbenem noch etwas sagen? »

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La communication dans la thérapie orientée vers les solutions 17

spécifiques des clients qui aident à poser toujours d’autres questions et à ne pas laisser échapper de détails.

Répéter une seule et même question

Dans l’entretien solutionniste, l’intervenant répète souvent la même question. Cela peut sembler étrange et peu adapté à une consultation brève et efficace. Ce n’est pourtant pas ce que nous apprend l’expérience.

La répétition d’une seule question s’avère nécessaire pour les patients qui jusque-là n’avaient jamais réfléchi en détail à ce qu’eux-mêmes et d’autres feraient différemment une fois résolu le problème qui les a amenés en consultation. Nous pouvons reposer les questions en utilisant les mêmes mots ou en choisissant des formulations légèrement différentes. Nous ne proposons pas de réponse. Les questions répétées donnent au client le temps de construire pas à pas une description de la solution souhaitée.

Des enquêtes menées à la fin d’entretiens solution- nistes montrent que les patients, dans leur grande majorité, trouvent utile qu’on leur pose beaucoup de questions et que, bien souvent, ils ne sont pas conscients que celles-ci ont déjà été posées. Pour ma part, il a été très précieux de savoir que reposer une question déjà formulée était plus une difficulté pour moi que pour mon patient.

Les intervenants disent fréquemment ne pas vouloir irriter les patients en répétant les questions. Ils craignent aussi d’être perçus comme ennuyeux ou comme ayant de la peine à les comprendre. Toutefois, ces réflexions en disent plus sur leurs propres craintes que sur celles de leurs clients. Elles sont néan- moins compréhensibles : pendant toutes les années de notre formation, nous avons été entraînés à devenir de savants experts et à faire des liens. Ce savoir est sans doute utile et joue aussi un rôle dans l’entretien solutionniste 2. Cependant, il n’est pas utile pour élaborer une nouvelle description.

2. Cf. chapitre 5 dans cet ouvrage.

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