• Aucun résultat trouvé

Eric Hermès (1881-1971), l'oeuvre décoratif

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Eric Hermès (1881-1971), l'oeuvre décoratif"

Copied!
143
0
0

Texte intégral

(1)

Master

Reference

Eric Hermès (1881-1971), l'oeuvre décoratif

CHOLAKIAN LOMBARD, Lorena Denise

Abstract

Ce mémoire envisage l'oeuvre et la carrière de l'artiste-décorateur Eric Hermès entre 1896 et sa mort. Basé sur le dépouillement d'archives et l'étude des décors subsistant in situ, le travail documente et interprète un oeuvre décoratif hors du commun qui se déploie dans différentes techniques telles que peinture murale, sgraffito, mosaïque, bas-relief, vitrail, etc. Il constitue un important jalon dans l'histoire des arts décoratifs en Suisse romande.

CHOLAKIAN LOMBARD, Lorena Denise. Eric Hermès (1881-1971), l'oeuvre décoratif . Master : Univ. Genève, 2014

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:43885

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.

1 / 1

(2)

CATALOGUE

Lola Cholakian-Lombard

(3)

fiche 1 La joueuse de lyre de la villa La Belotte

Décor: peinture (murale ?)

Emplacement : cheminée, salle à manger.

Etat actuel : détruit (avant 19491) Date : ~1908

Adresse : 15, ch. des Pêcheurs, Vésenaz Architecte : Maurice Braillard

Maître d’ouvrage : Félix Wanner

Sources : Baudin 1909, pp. 184-187 ; Lob-Philippe 2003, p. 114 ; Massaglia 1991, p.86 ; El-Wakil 1994, p. 80

Crédits photographiques : 1,2. Baudin 1909 ; 3. Fondation Braillard

Une peinture représentant une joueuse de lyre ornait autrefois la hotte de la cheminée dans la salle à manger de la villa La Belotte. Cette dernière fut construite entre 1907 et 1909 par l’architecte Maurice Braillard, sous la commande de l’artisan du fer Félix Wanner.

Une source photographique unique, reproduite dans l’ouvrage Villas et maisons de campagne en Suisse2, nous montre l’image d’une femme assise de face, imposante. La joueuse, habillée d’une robe ample, se tient droite et joue de son instrument. Ses pieds nus reposent sur un sol recouvert de pissenlits éparpillés. La ligne est nette et sûre, dessine un corps robuste et volumineux. La composition qui s’ajuste à la forme pyramidale de la cheminée, et dominée par la figure de la musicienne. Au-dessus de celle-ci, le plafond est orné d’une frise peinte.

On suppose que cette décoration est la première collaboration entre Hermès et Braillard. Elle précède celle de la salle de gymnastique d’Onex, dont elle se rapproche par son style inspiré par la peinture hodlérienne.

1 Selon le récit de Mme Erika Sauter qui habite la villa La Belote depuis 1949.

2 Baudin, Henry, Villas & maisons de campagne en Suisse, Genève, Kündig, Paris, Gaulon, 1909.

(4)

Les enfants de l’hôpital Gourgas

Décor : peinture

Emplacement : dortoir des enfants

Etat actuel : détruit (dans les années 1970) Date : ~1908

Adresse : actuel parc Gourgas Architecte : Auguste Bordier

Commande : frise offerte par Félix Wanner

Sources : Dr. Revilliod 1923 (AEG); Chaillot-Calame 1995

Crédits photographiques : 4-7, Baudin, Pages d’art 1917 ; 8-10. Baudin 1917 ; 11-13. AEG

Démolie dans les années 1970, la « Maison pour les enfants malades »3 occupait jadis l’emplacement de l’actuel parc Gourgas.

Bâtie en 1872, la maison fut agrandie en 1907 afin de remplacer sa trop petite salle d’opération par un nouveau bâtiment pour le service de chirurgie.

L’un des trois dortoirs du pavillon de chirurgie était orné d’une frise peinte faisant le tour de la pièce. Elle fut offerte par l’industriel Félix Wanner4. Il s’agit d’une frise à thème enfantin, qui représente dans un style fantastique l’univers de l’enfant5. Au bord d’un long chemin parsemé de fleurs (peut-être le chemin Gourgas ?), plusieurs bébés représentés comme de gros putti s’adonnent à diverses activités. Quelques-uns dansent main dans la main, ou dorment tranquillement au pied d’un arbre. D’autres, moins sages, se bagarrent et se tirent les cheveux.

D’autres enfin sont représentés dans un monde imaginaire, où ils cohabitent avec des insectes géants : ils jouent avec des scarabées, chevauchent des sauterelles et des escargots. ..

On retrouvera cet imaginaire fantaisiste vingt ans plus tard dans la décoration de la villa Rive- Bleue, à Versoix (1927).

3 Elle fut également connue sous le nom d’hôpital Gourgas

4 Je pense qu’Hermès entre en contact avec Félix Wanner par l’intermédiaire de l’architecte Maurice Braillard. Entre 1907 et 1909, Braillard construit la villa Wanner (La Belotte) pour laquelle Hermès décore le salon avec des peintures.

5 Ce décor s’inscrit dans la grande tradition de l'Hôpital des Innocents de Filippo Brunelleschi (1419), décoré de médaillons en céramique par l’artiste Della Robbia.

(5)

fiche 3 Les gymnastes de l’ancienne école-mairie d’Onex

Décor : peinture marouflée, bas-relief sur pierre

Emplacement : salle de gymnastique, pied droit du portail de l’entrée principale État actuel : in-situ

Date : 1909

Adresse : 24, rue Gaudy-le-Fort Architecte : Maurice Braillard

Sources : Chaillot-Calame 1995, p. 100-105 ; Courtiau 2009 ; El-Wakil 1998, p. 28-31 ; Marti 2009 ; Massaglia 1991 ; Histoire d’Onex, 1984, p.118-125

Crédits photographique : 14. Marti 2009 ; 15,16, 20,21. Cholakian-Lombard ; 17-19. Baudin 1917

« Marchons pour la Patrie », « Frappons pour la Liberté » — telles sont les devises qui accompagnent les deux bas-reliefs sculptés qui surplombent le porche d’entrée de l’école-mairie d’Onex.

L’esprit patriotique qui se dégage de ces insignes est illustré notamment par la représentation de corps musclés, jeunes et dynamiques. L’un des reliefs montre un homme torse nu, qui marche d’un pas sûr et porte à la main un drapeau. L’autre relief représente un homme musclé, prêt à frapper de toutes ses forces avec une épée.

La représentation du corps viril, fort et athlétique fait penser à la statuaire grecque6 ; on retrouve cette esthétique à l’intérieur du bâtiment, sur les peintures marouflées qui décorent le plafond de la salle de gymnastique7. Douze gymnastes habillés dans une tenue de fête sont représentés au moment de l’exercice8 : il y a la lutte, le tir à la pierre, l’haltérophilie, la mesure au bâton et aussi le repos.

D’inspiration hodlérienne et proche de la stylisation du symbolisme viennois, ce décor se trouve au carrefour des influences locales et internationales.

6 La représentation du corps a été fortement inspirée par la première création des Jeux Olympiques à Athènes en 1896.

7 Cachée sous un faux plafond pendant des années, cette décoration a été redécouverte dans les années 1990. Pourtant, le décor peint était incomplet. L’une des figures de gymnaste, celle qui correspond au portrait d’Edouard Pidoux, avait disparu. Quelques temps plus tard, la mairie reçoit un colis anonyme envoyé par la poste d’Annecy: c’était la toile du gymnaste disparue !

8 L’identité des gymnastes a été révélée dans Histoire d’Onex, publié par le Conseil municipal à l’occasion du centenaire de la commune en 1951, et complété en 1984, p.122 : « En entrant dans la salle : à gauche : Maurice Braillard, Maurice Chevallier, Marc Orange et Baud (lutteurs), Edouard Pidoux, Emile Bosonnet. A droite : Eugène Cons, Alphonse Batardon, Louis Blanc, Pierre Bouvier, Éric Hermès. Au-dessous de la porte, couché : Louis Roblin. »

(6)

La fille et le caniche de l’école d’Avully

Décor : sculpture en pierre Emplacement : fontaine État actuel : in situ Date : ~1910

Adresse : 19, ch. de Meurons Architecte : Maurice Braillard Maître d’ouvrage : commune Avully

Sources : Baudin 1917; Massaglia 1991 ; « Schulhaus in Avully bei Genf » dans : Schweizeriche Bauzeitung, 1911.

Crédits photographiques : 22, 23. Baudin 1917

Adossée contre le pilier droit des arcades du porche d’entrée, la fontaine de l’école d’Avully se distingue par son bas-relief qui représente une petite fille et un caniche9. La fille est coiffée d’un chapeau rond et habillée d’une robe courte. Elle se tient debout et lit sagement un livre. À ses pieds, le caniche est assis et crache de sa gueule le filet d’eau qui remplit la fontaine.

La composition est simple et symétrique. Elle suit la verticale du pilier sur lequel elle s’inscrit, et se fond harmonieusement avec l’ensemble architectural.

Cette sculpture, qui a été taillée dans une pierre de couleur jaune, est conservée aujourd’hui in situ. Cependant, le relief a perdu ses formes à cause de l’usure du temps et des intempéries.

Nous retrouvons le motif de l’enfant qui lit sur un dessin préparatoire pour un sgraffito destiné à décorer l’horloge d’une école10. Distribués sur deux panneaux rectangulaires en position verticale, deux filles et deux garçons tiennent entre leurs mains des livres ouverts et lisent avec attention. La ligne des contours est précise et nette, et le dessin se distingue par le souci du détail et le rendu soigné des vêtements et de la coiffure.

9 Dans son livre, Marina Massaglia identifie l’iconographie de la fontaine à la « fille des champs ».

10 Ce dessin est paru dans Les nouvelles constructions scolaires en Suisse (Baudin 1917). Pourtant, nous n’avons pas pu localiser ce décor parmi les écoles genevoises.

(7)

fiche 5 Le ténor de la villa du Cygne

Décor : peinture (murale ?) Emplacement : salon hall Etat actuel : ?

Date : ~1910

Adresse : 31, route Suisse, Coppet Architecte : Maurice Braillard

Maître d’ouvrage : Charles Dalmorès

Sources : El-Wakil 1994, p. 80 ; Massaglia 1991, p.94 Crédits photographiques: 24. Baudin Pages d’art 1917

La seule image qui nous soit parvenue du décor de la villa du Cygne nous montre le portrait du ténor Charles Dalmorès, maître d’ouvrage de cette maison de campagne, dans le rôle du Lohengrin dans l’opéra de Wagner.

Le chevalier est représenté au centre de la composition, avec un cygne à sa droite. Il porte une cotte de maille métallique, surmontée d’un surcot rattaché au milieu du corps. Le heaume est orné à son sommet d’un cimier en forme d’oiseau. Une épée et un écu complètent l’armure du jeune homme, qui se tient debout au bord de l’eau. Ses mains sont levées, les yeux fermés ; l’expression du visage exprime la douleur. Sur le fond du décor, la représentation d’un saule pleureur accentue l’image de cette souffrance.

Apparemment, l’artiste a choisi de représenter le moment crucial de la pièce, où Lohengrin vient d’entendre la question interdite : Elsa, sa bien-aimée, n’ayant pas su retenir sa curiosité, rompt la promesse et lui demande: « D’où viens-tu ? ». Lohengrin est perdu pour toujours. Le cygne réapparaît sur scène pour le ramener au pays du Graal.

Le thème du Chevalier du Cygne est pertinent, car il marie le répertoire de ce ténor mondialement connu pour ses interprétations wagnériennes, avec l’environnement lacustre où se trouve la villa.

(8)

L’enfant et le diablotin de l’immeuble Gallatin

Décor: sgraffiti

Emplacement : fronton de porte Etat actuel : in situ

Date :~1912

Adresse : 1 - 3, av. Gallatin. Genève Architecte : Maurice Braillard Maître d’ouvrage : SI Av.Gallatin Sources : Massaglia 1991, p.19.

Crédits photographiques : 25, 26. Cholakian-Lombard ; 27,28. Baudin 1917

Deux sgraffiti décorent les entrées n°1 et n°3 de l’immeuble Gallatin, bâti par l’architecte Maurice Braillard entre 1911 et 1913.

Le premier est dessiné sur une dalle carrée surmontant la porte principale. Il représente le masque d’un diablotin11 cornu avec des cheveux en grappes de raisin. Ce motif fait écho à l’ornementation en ferronnerie de la grille de la porte d’entrée. Le second sgraffito décore le fronton cintré de la porte de l’immeuble n°3. Le sujet choisi est celui d’un nouveau-né couché dans un berceau rond, orné de feuilles de fougère stylisées. L’enfant12 est entouré par ses parents, qui se trouvent agenouillés à même le sol. La composition nous rappelle la thématique de la Nativité. Elle s’inscrit aussi dans un autre registre iconographique : d’une part, elle nous rapproche de l’image du paysan suisse, coiffé d’un foulard avec une faucille à la main; d’autre part, elle fait référence à l’esthétique de la céramique grecque — notamment avec les figures de profil, le dessin de la ligne de contour, la palette restreinte dans les couleurs noir et rouge brique.

Ce fronton en forme d’arc cintré porte déjà les germes des futures décorations dans le quartier des Pâquis et à Chêne-Bourg13.

11 Le diablotin a des forte ressemblances avec l’artiste Éric Hermès.

12 Une tradition orale veut que l’enfant soit Pierre Braillard, fils de l’architecte, dans son berceau.

13 Voir fiches 14-15 et 18.

(9)

fiche 7 L’ensemble du théâtre La Comédie

Décor : sculpture, peinture, tapisserie, mosaïque

Emplacement : façade, plafond et rideau de scène, sol rez-de-chaussée et 1er étage État actuel : in situ (partiellement)

Date : ~1912

Adresse : 6, bd des Philosophes Architecte : Henry Baudin

Sources : Journal de Genève, 23.01.1913 ; La Patrie Suisse 1913 p.34-35 ; Baudin 1914 ; Amsler 1995, p. 577-592

Crédits photographiques : 29-32. Baudin 1914 ; 33. Cholakian-Lombard

La campagne d’ornementation du théâtre de la Comédie donne la possibilité à Éric Hermès de déployer son art à travers différentes techniques artistiques. Pour la façade, il conçoit un décor sculpté dans une pierre de molasse verte: au-dessus des portes d’entrée, il place trois mascarons représentant le Drame, la Comédie et la Satire14 ; sur les linteaux des fenêtres, il sculpte des bouquets de fleurs, et des animaux sur des médaillons rectangulaires d’inspiration sécessionniste15 ; dans le fronton triangulaire, il taille deux pégases couchés qui contemplent le Poète.

A l’intérieur du bâtiment, Hermès opte pour la couleur. Sur le sol, il emploie une palette de tons terre pour composer la mosaïque: au rez-de-chaussée, il se sert de motifs floraux et animaliers ; sur le palier de l’escalier, il représente la Comédie et la Tragédie sous les traits d’un visage noir ; au premier étage, il montre Homère, l’Amour, Silène et la Danse16.

Pour décorer la voûte du plafond à caissons, il choisit de peindre le fond orange et les poutrelles grises, en accord avec le coloris des balcons. Il se sert de la technique du pochoir pour les garnir avec des palmettes et des couronnes de laurier, probablement dorées.

En ce qui concerne le rideau de scène, Hermès dessine les cartons, qui seront brodés par Antoinette Matthey de l’Etang. Le bas de l’étoffe en coton, très colorée, est décorée d’une frise avec cinq femmes dans un style proche à celui de Hodler17.

14 Les masques sont les portraits d’Ernest Fournier, Lily Fournier-Brélaz, et de H. Baudin.

15 Les motifs floraux sont repris d’une décoration de J-M. Olbrich (cf. Amsler 1995, note 49)

16 La mosaïque du 1er étage est recouverte après la restauration de 2012.

17 Un article paru sur le Journal de Genève (23.01.1913) nous informe sur l’iconographie et le coloris du rideau: « voici des femmes hiératiques tenant des roses jaunes, un paon, un cygne noir ; voici des oiseaux pailletés, des fleurs pourpres, des vases bleus d’où s’échappent des flammes blanches, des colchiques mauves sur fond d’émeraude (…) ».

(10)

La rythmique à la salle de gymnastique des Pâquis

Décor : peinture

Emplacement : salle de gymnastique État actuel : détruit

Date : ~1914

Adresse : 50, rue de Berne Architecte : Henri Roche

Sources : Chaillot-Calame 1995; Baudin 1917 Crédits photographique : 34-36. Baudin 1917.

Une frise peinte décorait jadis la salle de gymnastique de l’école de la rue de Berne. Elle occupait l’espace intermédiaire entre les tribunes et au-dessus de la porte d’entrée, et s’étalait sur toute la longueur du mur.

A cette occasion, Hermès reprend la thématique du gymnaste utilisée auparavant pour la salle de gymnastique d’Onex, et compose une décoration symétrique et parfaitement ordonnée – structurée en trois parties. Au centre de la composition, il place un groupe de cinq femmes, reliées entre elles par des anneaux qu’elles soulèvent de leurs bras. Elles sont habillées de longues robes, surmontées d’une cape qui tombe en formant des plis légers. Cette iconographie s’inspire de l’art du mouvement sécessionniste viennois, en particulier les allégories de Victoires qui surmontent la Caisse d’épargne de la Poste de Vienne, construite par Otto Wagner entre 1904 et 1906.

De part et d’autre de ce volet féminin, Hermès représente des gymnastes masculins, alignés les uns derrière les autres et regroupés en six groupes. Les gymnastes portent des collants blancs, qui moulent leurs corps et mettent en valeur leur musculature. L’alignement des gymnastes ainsi que la coordination des gestes et des postures nous invitent à considérer que ces derniers pratiquent la rythmique en pleine nature — l’une des nouvelles techniques corporelles introduite par Jacques Dalcroze, très en vogue à cette époque à Genève.

Pour reprendre les mots de Henry Baudin à propos de cette frise, « il se dégage une grande impression de calme, de noblesse et de beauté »18.

18 Baudin 1917, p. 116

(11)

fiche 9 Le décor sculpté à la villa L’Empereur

Décor : sculpture sur pierre

Emplacement : fontaine, médaillon de la porte d’entrée État actuel : in situ ?

Date : 1914

Adresse : 45, av. des Bosquets de Julie, Montreux Architecte : Henry Baudin

Maître d’ouvrage : Arthur Robert-Couvreu Sources: Baudin 1916 ; INSA

Crédits photographiques : 37-39. Baudin 1916

Après l’ornementation du théâtre de la Comédie à Genève (1912), la décoration pour la villa d’Arthur Robert-Couvreu à Clarens marque le début d’une suite de collaborations entre Éric Hermès et Henry Baudin dans le domaine de l’architecture privée et domestique.

Deux décors sculpturaux ornent cette villa. Le premier se trouve au-dessus de la porte principale.

Sur un médaillon carré, un gros bébé nu à la manière d’un putto est sculpté debout et cerclé par une couronne de fleurs qu’il tient dans ses petites mains. Sur chaque coin du médaillon, l’inscription « 1914 ANNO DOMINI» indique la date de la construction de la maison19.

L’autre décor est sculpté sur la fontaine de pierre face à la terrasse. Un mascaron avec le visage d’une femme est taillé dans un bloc de pierre rectangulaire. L’expression souriante du visage, la forme du front et les pommettes saillantes, le traitement des cheveux, bouclés et tressés à la hauteur des oreilles ; tout fait penser au mascaron qui représente la Comédie au théâtre du boulevard des Philosophes, dont Hermès s’est probablement inspiré.

19Le même motif, celui du poupon, se retrouve sur la frise de l’hôpital Gourgas (1908), sur le sgraffito du bâtiment 3, av.

Gallatin (1912) ; nous le retrouverons par la suite sculpté sur le bois du retable de la paroisse Sainte-Marguerite (1916), et sculpté sur pierre à la villa Rive-Bleue (1927).

(12)

Deux reliefs pour le Museum

Décor : relief en plâtre (étude pour sculpture) Dimensions : haut : 105 cm ; larg. : 142 cm.

Lieu de conservation : Musée d’Art et d’Histoire (MAH) Date : ~1915

Architecte : Maurice Braillard (Projet non réalisé)

Sources : Archives Ville de Genève, Procès Verbaux 1915

Crédits photographiques : 40. Baudin, Pages d’art 1917; 41. Archives privées Anne Hermès.

Premier prix de la mise au concours pour la décoration de la façade nord du Museum, ces deux panneaux décoratifs étaient destinés à orner la place entre les fenêtres du premier et du second sous-sol. Aujourd’hui, les deux études en plâtre se trouvent conservées au Musée d’Art et d’Histoire de Genève. La première représente une chienne lévrier avec son chiot, la seconde une antilope mâle. Cette thématique n’est pas nouvelle pour l’artiste. Il existe plusieurs exemples de décoration qui s’inspirent du répertoire animalier – les mosaïques du théâtre de la Comédie (1912), les reliefs de la villa Rive-Bleue (1927), ou la sculpture qui orne la fontaine de la villa Les Ailes (1933).

Le projet pour la construction d’un nouveau musée d’Histoire naturelle sur la place Sturm dans le quartier des Tranchées avait commencé en 1914, et suivait les plans de l’architecte Maurice Braillard. Cependant, les travaux furent très vite interrompus à cause de la crise économique occasionnée par la guerre. C’est la raison pour laquelle, en fin de comptes, ces deux reliefs sculpturaux n’ont pas été réalisés.

(13)

fiche 11 La fontaine de la villa Elfenau

Décor : sculpture en pierre Emplacement : fontaine État actuel : in situ Date : 1915

Adresse : 8, ch. Brunnadernain. Berne

Maîtres d’ouvrage : Dr. Kaspar Fischer et Emma Chevalier Sources :

Crédits photographiques : 42. Baudin 1917 ; 43- 45.Cholakian-Lombard.

Conservée in situ, cette sculpture décorait la fontaine de la villa du Dr Kaspar Fischer et Emma Chevalier, respectivement beau-frère et belle-sœur de l’artiste.

La fontaine de la villa Elfenau est ornée sur ses trois faces saillantes de bas-reliefs : celui du milieu montre deux petites filles représentées de profil, nues et agenouillées : l’une tient entre ses mains un poisson, l’autre approche délicatement sa main gauche vers l’animal ; les reliefs latéraux représentent des vases floraux d’inspiration Art nouveau.

L’organisation symétrique de l’espace sculptural confère à l’image calme et harmonie. Cette organisation va de pair avec d’autres reliefs sculptés à la même époque sur des frontons de portes de villas aux Pâquis et à Chêne-Bourg.

Aujourd’hui, cette villa est devenue une maison de retraite.

(14)

La décoration de la chapelle Sainte-Marguerite à Vérossaz

Décor : peintures, vitraux, sculpture

Emplacement : chœur, transept, retable de l’autel État actuel : in situ (restauré 1991et1992) Date : 1916-1917

Adresse : 1, Route de Eglise

Sources : Bouvier 1917, p.297-302 ; Vérossaz, ma paroisse, 1997, p. 30-35 et 55

Crédits photographiques : 46,53. Bouvier 1917 ; 47-52,55,56. Vérossaz, ma paroisse, 1997 ; 54.

Archives Carouge, fonds Cottier.

Restaurée entre 1916 et 1917 sous l’initiative du curé Gaist (1878-1955), la petite chapelle de Vérossaz a été embellie de fresques, de sculptures et de vitraux réalisés par Éric Hermès20. Il semble que la campagne de décoration fut réalisée par étapes successives. Elle commence par les peintures murales du chœur, qui représentent les Quatre Vivants. Dessinés d’une ligne hodlérienne, les évangélistes sont représentés assis sur un trône qui porte l’attribut qui les identifie21. La décoration continue sur le transept, où l’on trouve représentés le roi David jouant de sa lyre, et Moïse avec les tables de la loi. Deux anges ont été également peints à côté de ces personnages.

En 1916, le retable de l’autel est remanié. Le fronton est garni d’une sculpture d’Hermès : un médaillon avec deux putti portant un feston.

L’année suivante, les baies du transept sont décorées de vitraux : l’un représente la Vierge à l’enfant, l’autre St. Joseph. Hermès dessine les cartons, tandis que la maison Jourdin à Genève réalise les verres22.

En 1950, les fresques de la paroisse ont été recouvertes d’une couche de peinture grise. Ce n’est qu’en 1990, lors d’une campagne de rafraîchissement, que la décoration d’Hermès a été redécouverte, puis restaurée par Nicolas Martin en 1991. Une année plus tard, Cristina Guy restaurera la totalité des vitraux de la paroisse.

Aujourd’hui, la chapelle Sainte-Marguerite est classée monument historique.

20 Hermès habite à Vérossaz pendant la 1ère guerre mondiale.

21 Cette intervention artistique constitue pour l’artiste une première expérience dans le genre de l’art religieux. On peut le constater à partir d’un détail amusant : Hermès inverse les symboles de Saint Mathieu, l’ange ou l’homme, avec le symbole de Saint Luc, le taureau (Baudin, 1917). Patrick Ruddaz l’avait déjà remarqué pour la décoration du temple de Carouge (1924), où Hermès commet la même reprise.

22 En 1992, ces vitraux ont été déplacés vers la sacristie.

(15)

fiche 13 Le jet d’eau de Genève au buffet de la gare de Lausanne

Décor : peinture à l’huile

Emplacement : buffet 1ère et 2ème classe de la gare de Lausanne État actuel : in situ

Date : 1916

Adresse : 11, Place de la Gare. Lausanne

Sources : Bouvier, La Patrie Suisse, 20.09.1916 ; Gazette de Lausanne, 13.05.1916.

Crédits photographiques : 57. Cholakian-Lombard

C’est avec la représentation de la rade de Genève et de son jet d’eau que l’artiste remporte le premier prix du concours pour un panneau décoratif destiné au buffet de 1ère et 2ème classes de la gare de Lausanne23.

Il s’agit d’une vue du lac Léman, où dominent les tons bleus et verts, avec barques et bateaux sur le flot. Au loin, la rade de Genève s’étend sous une lumière crépusculaire rosâtre. Elle est dominée par la cathédrale Saint-Pierre, et adossée au Salève et au Mont Blanc.

Dans cette composition où prédomine l’horizontal, le jet d’eau marque un contrepoint vertical : c’est un jour de bise légère, il est propulsé avec force vers le haut et s’étale vers la droite en une cascade transparente. Baigné par la lumière dorée du soleil et reflété dans les eaux calmes du lac, le jet d’eau s’impose comme la figure principale du tableau, et se présente en tant que symbole et emblème de la ville.

23 La décoration de la salle du buffet est faite de six panneaux décoratifs : Hermès réalise le panneau de Genève, Oswald Pillou celui du vieux Fribourg, l’artiste Brack exécute celui de Berne, Albert Gos celui de Zermatt, le peintre Bercher celui de Montreux et Louis Vonlanthen celui de Neuchâtel.

(16)

Les vendangeuses et les lieurs de gerbes

Décor : sculpture sur pierre ? Emplacement : fronton de porte État actuel : in situ

Date : 1919

Adresse : 9, rue de la Navigation, 10, rue de Zurich Architecte : Henry Baudin

Maître d’ouvrage : Ville de Genève

Sources : Frommel, « Rue du Levant 2-4… » ; Lescaze 1994.

Crédits photographiques : 58,59. P, Pages d’art 1920 ; 60-62. Cholakian-Lombard

Le travail à la campagne, l’effort du travailleur, la vie simple des laboureurs ont été l’une des fréquentes sources d’inspiration de l’artiste. C’est le cas pour ces deux bas-reliefs qui décorent le porche d’entrée de cet immeuble à loyer bon marché, construit par la Ville de Genève entre 1917 et 1919, dans le quartier des Pâquis.

Sous un arc en plein-cintre orné de voussures, un tympan cintré surmonte les portes d’entrée n°9 rue de la Navigation, et n°10 rue de Zürich. Chaque tympan est orné d’une scène qui symbolise la vie agricole. Le premier montre deux hommes moustachus en plein travail. Ils s’occupent ensemble à lier une gerbe de blé. Celui de droite est accroupi, tandis que celui de gauche s’aide du poids de son corps pour presser les tiges. L’autre décoration représente deux vendangeuses accroupies, occupées à cueillir les grappes d’une vigne chargée de raisins. Elles sont disposées de manière symétrique, et se font face. Celle de droite travaille d’une manière plus concentrée que sa compagne, qui a déjà tourné sa tête distraitement dans l’autre direction.

Reprenant l’ordonnance classique du champ sculptural, les figures sont disposées de manière symétrique de part et d’autre d’un axe central, lui-même occupé par un élément de la nature (blé et vigne)

L’artiste reprendra en 1923 la thématique du travail aux champs pour réaliser d’autres décors dans le quartier des Pâquis.

(17)

fiche 15 Les moissonneurs au repos

Décor : sculpture sur pierre ? Emplacement : fronton de porte Etat actuel : détruit

Date : ~1919

Adresse : 46, av. Petit Senn Architecte : Henry Baudin

Maître d’ouvrage : Emile Friederich

Sources : P, Pages d’art 1920, p.96-104 ; Frommel 2004.

Crédits photographiques : 63. P, Pages d’art, 1920

Un bas-relief ornait jadis le tympan couronnant la porte d’entrée principale de la villa d’Emile Friederich, bâtie par l’architecte Henry Baudin en 1919.

Détruit probablement dans les années 197024, nous pouvons aujourd’hui connaître ce décor grâce à une photographie parue dans la revue Pages d’art en 192025.

L’image montre un couple de moissonneurs à l’heure du repos. Ils sont assis dos-à-dos, et s’appuient sur une gerbe d’épis. La jeune fille confectionne une longue guirlande de fleurs, tandis que son compagnon joue de la flûte. La composition du bas-relief est dans l’esprit du décor contemporain réalisé entre 1916 et 1918 par Gilbert Bocquet sur la porte de la Maison de Faubourg. Le thème du travail est aussi repris par l’artiste dans d’autres réalisations par exemple dans le quartier des Pâquis26.

En 1974, la commune de Chêne-Bourg acquiert ce domaine pour y construire la mairie du village.

24 Les transformations ont été réalisées probablement par la société anonyme Nussenblatt (voir : autorisation n° 58518, datée du 06.08.1970).

25 P. « Art appliqué : les vitraux de John Graz, sculptures d’Éric Hermès », dans : Pages d’art, mars 1920, p.96-104

26 Fiche 14 et 18

(18)

La vie de Saint Martin à l’ancienne chapelle d’Onex

Décor : peinture murale Emplacement : mur nord Dimensions : 10 m.

Etat actuel : détruit Date : 1921

Adresse : 16, Place Duchêne. Onex. Actuelle salle du Conseil municipal

Sources : H.Z, Journal de Genève, 21.02.1921 ; Compte 1951 ; Baertschi 1994, Ms-c 57 ; La Patrie Suisse, 21.02.1921

Crédits photographiques : 64. La Patrie Suisse 1921

Désaffectée en 1967, puis restaurée entre 1976 et 1978 pour devenir la nouvelle salle du Conseil municipal d’Onex, l’ancienne chapelle Saint Martin est aujourd’hui oubliée par toute la commune27. Jadis, un grand triptyque de 10 mètres ornait tout le mur qui fait face à l’entrée principale. Un article paru le 21 février 1921 dans le Journal de Genève nous informe sur cette peinture. Elle était composée de trois volets. Celui de gauche représentait l’épisode du partage du manteau : le saint,

« souple et solide comme un légionnaire », est accompagné d’un valet d’armes, qui tient de ses mains un « blanc cheval au galbe nerveux »28 ; sur le volet du milieu, Martin, ancien évêque de Tours, est représenté dans un style « simple et naïf » ; sur le dernier volet, la mort du saint est représentée par une figure couchée, ses mains tendues une dernière fois en geste de bénédiction.

Parmi les hommes qui accompagnent le saint mourant, on peut reconnaitre le portrait de l’ancien curé de la chapelle, Félix Aimé Bouvier.

Tous les personnages ont été représentés en taille réelle, en groupe ou isolés. Le journaliste a noté l’admirable harmonie des coloris dans la composition : « La forte et paisible cadence de la composition est comme étoffée et soutenue par la ferme constance de la tonalité. L’artiste a su choisir son thème de couleurs et répartir l’opulent jeu des nuances de façon à ménager l’antithèse dans le détail sans nuire aucunement à l’unité. Tons et lignes se composent et, d’une extrémité à l’autre, tout s’harmonise et se correspond. »

27 À commencer par la nouvelle chapelle Saint Martin qui n’a conservé ni archives ni souvenirs ! Malgré cela, Mme Gisiger, nouvelle directrice de la chapelle, m’a mis en contact avec deux habitants nonagénaires de la commune, Mme et M. Galea, qui se souviennent encore du décor !

28 H.Z. Journal de Genève, 21 février 1921.

(19)

fiche 17 Un ensemble cohérent, le décor du temple de Carouge

Décor : peintures, vitraux

Emplacement : abside, fenêtres, mur ouest, murs latéraux, voûte

État actuel : in situ (restauré entre 2001 et 2002 par l’atelier Josef Trnka) Date : 1921-1930

Adresse : 13, Place du temple, Carouge

Coût vitraux : 5000.- (Devis : 9 fenêtres. cartons : 3600.- ; peinture s/verre : 1215.-; le ¼ de fenêtre. carton : 150.-; peinture s/verre 35.-)

Sources : Archives de Carouge ; Christen 1931 ; Dreyfus 1999 ; Gamboni1989 ; Rudaz 1998 ; Borel 2008.

Crédits photographiques : 65,67. Rudaz 1998 ; 66,69,70,74,75,78 Christen 1931 ; 68. Archives Carouge ; 71-73,76,77. Cholakian-Lombard

En 1921, Hermès propose de peindre derrière la chaire du temple de Carouge une grande fresque représentant une Nativité. Le sujet fait contrepoint à l’iconographie de la Passion et de la Résurrection représentées sur les portes de la sacristie, sculptées par le pasteur Ernest Christen.

Réalisée en six mois, cette grande peinture marouflée est composée selon un ordre rigoureux: les riches et les humbles se placent de part et d’autre d’un axe central, et ils sont dominés par le Couple à l’Enfant29.

Sans plan préalable, la décoration du temple avance par étapes successives. En 1923, Hermès place face à la Nativité une huile sur toile représentant la parabole du Bon Samaritain, encadrée d’une moulure sculptée par Christen30.

Ensuite, entre 1924 et 1924, il collabore avec Charles Wasem à la réalisation d’un cycle de vitraux.

Hermès dessine les cartons et peint les grisailles, tandis que la mise sur fonte sera exécutée par l’artisan de Veyrier. .

La dernière intervention décorative a lieu entre 1929 et 1930. L’artiste orne les murs latéraux ainsi que la voûte du temple. Il recouvre le plafond bleu avec des étoiles, et rajoute quatre bandes dorées, où figurent des anges musiciens, le tétramorphe31 et d’autres personnages tirés de l’Ancien Testament. Les murs latéraux ont été recouverts de fleurs d’inspiration fortement byzantine32.

29 Tous les personnages de la Nativité sont identifiables. Voir : Rudaz, 1998, p.91

30 L’architecte Antoine Leclerc a servi cette fois de modèle pour le samaritain. Une esquisse du tableau a été repérée par D.

Ripoll dans la maison privée de l’architecte.

31 Comme l’a remarqué Patrick Rudaz, Hermès inverse les symboles de deux évangélistes, Luc et Mathieu.

32 Voir : Rudaz 1998, p. 111

(20)

Les paysans à la place de la Navigation

Décor : sculpture en pierre ? Emplacement : fronton de porte Etat actuel : in situ

Date : ~1923

Adresse : 4, Place de Navigation Architecte : William Henssler Maître d’ouvrage : Ville de Genève Construction : 1923

Sources : Archives Ville de Genève, Mémoriaux 1923-1924 ; AEG, TP 1923 /618 Crédits photographiques : 79, 80 Cholakian-Lombard

Cet immeuble à quatre étages se trouve à l’angle entre la rue du Léman et la place de la Navigation, dans le quartier des Pâquis. Le bâtiment abrite deux porches d’entrée surmontés d’un fronton cintré. Chaque fronton est décoré d’un bas-relief qui symbolise le travail à la campagne.

L’un représente un homme agenouillé, torse nu, et flanqué de deux branches de vigne qu’il s’efforce de couper avec une hache ; l’autre nous montre une femme à genoux, et fauchant les épis de blé avec sa faucille.

Dans les deux cas, la composition est simple et la lecture directe. Les figures sont centrées, et elles se détachent sur un fond neutre. La position des paysans à genoux, avec leur dos voûté, accompagne la forme en demi-cercle de l’arc du fronton. Cependant, cette position du corps ne joue pas simplement un rôle formel. Elle suggère aussi l’effort du paysan qui se trouve proche de la terre qu’il est en train de travailler. Leurs pieds sont nus, ce qui renforce le caractère humble et simple de leur tâche.

Cette décoration n’est pas sans analogie avec celle de l’immeuble situé à l’ancienne rue du Nord, à quelques rues de distance. Elle s’en rapproche par la thématique, le style et le caractère simple de la composition.

(21)

fiche 19 L’ensemble décoratif de Rive-Bleue

Décor : vitraux, mosaïque, sculpture en bois, en fonte, et en pierre.

Emplacement : vestibule, salle à manger, living-room, escalier, entrée et murs extérieurs.

Etat actuel : in situ Date : 1927-1928

Adresse : 392, Route de Lausanne. 1290 Versoix Architecte : Henry Baudin

Maître d’ouvrage : Marc Birkigt

Sources : AEG TP1926/640 ; IAUG, VIN13; Archives privées Marc Birkigt ; Baudin 1909 ;

« Château Sans Souci (Bartholoni) », dans : www.patrimoine.versoix.com; 25 ans de la Société Hispano Suiza

Crédits photographiques: 81-93. Cholakian-Lombard ; 94. Archives privées Marc Birkigt.

Animé d’un désir d’unité et harmonie inscrit dans le courant idéologique d’œuvre d’art total, l’architecte Henry Baudin réalise ici son dernier ouvrage : la villa Rive-Bleue, bâtie entre 1926 et 1928 sur le terrain de l’ancien château Bartholoni. Pour décorer Rive-Bleue, l’architecte choisit Éric Hermès, qu’il estime le mieux à même d’assurer cette tâche.

Très retenue, la décoration extérieure de Rive-Bleue comprend néanmoins de petits reliefs sculptés en pierre et en bois, avec des motifs animaliers inspirés du paysage environnant.

C’est à l’intérieur de la villa que le décor se manifeste le plus généreusement. Le « bel étage », en l’occurrence le rez-de-chaussée, est la partie publique de la maison ; il comporte plusieurs éléments décoratifs de grand intérêt, notamment : une mosaïque dans le vestibule d’entrée, un dressoir dans la salle à manger, une cheminée dans la salle de billard, et cinq vitraux sur le palier intermédiaire de l’escalier principal.

Déployant sa large palette artistique, Hermès passe du bois sculpté à la pierre taillée, de la mosaïque à l’art des vitraux. À Rive-Bleue, l’artiste a su faire d’une maison de campagne un ensemble décoratif riche et cohérent, s’inspirant de la beauté des rives du Léman et de la nature environnante.

(22)

Le monument funéraire pour Henry Baudin

Décor: haut-relief en marbre (marbre Anthonioz) Emplacement : non localisé

Date : 1929

Sources : Amsler 1995

Crédits photographiques : 95. CIG, fonds Jullien

Rehaussé par un socle, un ange sculpté en haut-relief est adossé à un bloc de marbre rectangulaire. Il se tient debout, la tête légèrement inclinée vers la gauche ; les traits du visage sont doux et délicats. L’ange est vêtu d’une longue robe à encolure triangulaire et manches évasées, qui tombe en plis sur ses pieds33. Il porte entre ses mains la maquette d’un bâtiment dont la façade se compose d’un soubassement à trois grands arcs, et surmonté de pilastres sur deux niveaux, et sommé d’un fronton triangulaire. Ce petit édifice parfaitement symétrique symbolise l’idéal classique de l’architecture : harmonie, équilibre et stabilité. Ce motif est donc bien approprié pour décorer le monument funéraire d’un architecte – celui de l’architecte Henry Baudin (1876- 1929) ! Cependant, si on regarde attentivement cette maquette, on comprend qu’il ne s’agit pas d’un bâtiment quelconque. Il est la représentation du théâtre de la Comédie en miniature. Cet édifice représente non seulement l’œuvre maîtresse de l’architecte (pour lequel Hermès avait réalisé les décors), mais il symbolise aussi l’étroite amitié qui liait l’architecte Henry Baudin et l’artiste Éric Hermès.

33 Hermès reprend sans doute le modèle des anges musiciens représentés sur la voûte du temple de Carouge.

(23)

fiche 21 La pierre tombale de la famille Mermod

Décor: haut-relief sur pierre

Emplacement : cimetière de Chêne-Bougeries Etat actuel : in situ

Adresse : ch. Louis Segond Date : 1929

Maître d’ouvrage: Marie Caroline Mermod-Dorier.

Sources : Kathari, Rillet 2009, p.168 ; Olivier Mermod

Crédits photographiques : 96. CIG, fonds Jullien, 97. Cholakian-Lombard

Un ange ailé assis sur un petit nuage rêvasse en regardant le ciel. L’être céleste est modelé à l’image d’une jeune fille, habillée d’une longue tunique et les cheveux tressés en nattes. De son dos se déploie une paire d’ailes emplumées. Tel est le motif qui décore la pierre tombale de la famille Mermod à Chêne-Bougeries. Le haut-relief a été sculpté sur une stèle rectangulaire dressée à la verticale ; elle est occupée aux deux tiers par la figure de l’ange. Les lignes courbes de la composition, notamment les plis de la robe, la position du corps et la forme des ailes, s’ajustent au cadre rectiligne de la stèle. On pourrait dire que le décor se réduit à la figure d’un cercle dans un carré – ce qui révèle le caractère éminemment simple et clair de la composition.

Au cours de cette même année 1929, l’artiste réalise une sculpture pour le tombeau de son ami et collaborateur l’architecte Henry Baudin (1876-1929). Ce dernier était bien connu dans la commune de Chêne-Bougeries pour ses constructions de maisons familiales sur le plateau de l’Ermitage ; celui lui qui réalisa la villa à l’avenue du Petit-Senn (Chêne-Bourg), dont Hermès orne le tympan sur le fronton de la porte d’entrée.

On peut s’imaginer que c’est par le monument funéraire de Baudin que l’artiste s’est fait connaître par Caroline Mermod-Dorier, commanditaire de la stèle.

(24)

La frise peinte du square Montchoisy

Décor : peinture murale Emplacement : hall d’entrée Etat actuel : in situ

Date : ~1928

Adresse : 7, av. Ernest Henstch Architectes : M. Braillard, L. Vial

Sources : Pallini Strohm, « Immeuble … », 2012, p. 46-47 Crédits Photographiques : 97-103. Cholakian-Lombard

Dès 1927, le quartier des Eaux-Vives s’agrandit d’un nouveau quartier rationnel et moderne, sur l’ancien domaine de Montchoisy.

Le plan initial, conçu par les architectes Maurice Braillard et Louis Vial, prévoit un ensemble d’immeubles formant quatre squares ouverts. Seul le premier square (square A, 1927-1929), considéré comme l’une des œuvres maîtresses de Braillard, ainsi que le premier immeuble du deuxième square (square B, 1930-1933) seront réalisés.

Parmi les nombreuses entrées du square A, le hall d’entrée n° 7 de l’avenue Ernest Henstch a retenu notre attention. Un décor peint se déroule tout au long des murs, au-dessous du plafond. La frise est composée de panneaux rectangulaires qui représentent en alternance une vigne faite de grappes stylisées, et divers personnages en costume typique — évoquant la vie campagnarde.

Bien que l’ouvrage ne soit pas signé, certains éléments du décor suggèrent fortement l’art d’Hermès. Par exemple, le berger et son chevreuil ressemblent beaucoup à ceux qui figurent sur la cage d’escalier à l’hôtel du Rhône (1950) ; le geste du travailleur avec une pelle à l’un des vitraux du temple du Carouge (1924) ; les grappes de raisin géométrisées aux raisins du temple de Saint- Jean (1933).

Toutes ces ressemblances nous encouragent à attribuer la paternité de ce décor à Éric Hermès.

(25)

fiche 23 Le relief sculpté au n°9 de la rue de Saint-Jean

Décor : sculpture sur pierre ? Emplacement : fronton de porte Etat actuel : in situ

Date : ~1929

Adresse : 9, rue de Saint-Jean Architectes : M. Braillard, L. Vial Sources : Brulhart 1993

Crédits photographiques : 104,105.Cholakian-Lombard

Contemporain du square Montchoisy, le bâtiment n°9 de la rue de Saint-Jean partage avec le premier bloc d’immeuble du square B (66-72, rue de Montchoisy) le « crépis Braillard » sur la façade, des locaux commerciaux saillants au plein pied, et un même type de décor au-dessus de l’entrée principale.

Sculpté par Éric Hermès vers 1928, le décor représente une jeune femme dénudée à formes pleines. Elle est assise, une jambe repliée sur sa poitrine. Son bras droit serre une gerbe de blé, tandis que sa main gauche soulève une grappe de raisin. Sa tête, tournée vers la droite, laisse flotter ses cheveux au vent, et accentue l’air lointain de son regard.

En référence aux moissons et aux vendanges, cette déesse porte dans ses bras la richesse de la terre.

(26)

Les reliefs sculptés du square B Montchoisy

Décor : sculpture

Emplacement : fronton de porte Etat actuel : In situ

Date : ~1933

Adresse : 66-72, rue de Montchoisy Architecte : Maurice Braillard

Sources : Massaglia 1991, p. 149-157 ; Brulhart 1985, p. 160

Crédits photographiques : 107.CIG, fond Jullien ; 106.Cholakian-Lombard

Surplombant les portes d’entrée n°66-72 de la rue de Montchoisy, une série de reliefs sculptés orne cette première barre d’immeubles du square B Montchoisy, érigés par Maurice Braillard entre 1930 et 1933. Ce décor sculpté est dans une ligne tout à fait similaire à celle qui a été proposée sur l’immeuble n°9 de la rue de Saint-Jean (1927-28).

Tout d’abord sculptés sur un bloc en pierre carré, ces reliefs ont été par la suite incorporés au mur et entourés d’un crépi gris et épais, caractéristique de l’architecture de Braillard.

Les bas-reliefs montrent quatre jeunes filles nues, représentées de profil et assises sur une dalle rectangulaire. La première est coiffée de tresses, et elle est auréolée. La jeune fille est assise sur un socle, et elle porte entre ses mains un élément circulaire, probablement un tambour. La deuxième incline sa tête pour manger une grappe de raisin. Sa chevelure est traitée de manière stylisée, et les ondes de ses cheveux forment des plis parallèles. La troisième porte de longs cheveux ondulés. On devine derrière ses jambes les plis d’un tissu. La quatrième se repose ; elle a les yeux fermés et porte une étoffe entre ses mains. Comme la première jeune fille, elle est assise sur un socle. Au premier abord, ces jeunes filles se présentent comme des baigneuses.

Cependant, si on regarde plus attentivement les éléments qui les accompagnent, notamment le tambour et la grappe de raisin, une question nous vient à l’esprit : Hermès aurait-il voulu représenter des Ménades 34?

34 Hermès a déjà représenté Bacchus au n°1, av. Gallatin (1911-1913)

(27)

fiche 25 La fontaine de la villa Les Ailes

Décor : sculpture en pierre Emplacement : fontaine État actuel : in situ.

Date : 1933

Adresse : 17-19, ch. du Pré-Langard

Architecte : Jean-Jacques Honegger, Louis Vincent Maître d’ouvrage : SI Les Ailes

Sources : Graf 2010, p.31

Crédits photographiques : 108.Cholakian-Lombard

Dominant le jardin en terrasses, une sculpture en pierre décore la fontaine de la villa Les Ailes, bâtie en 1933 par les architectes Jean-Jacques Honegger et Louis Vincent.

A l’image d’une gargouille médiévale, Éric Hermès sculpte un lion ailé, la gueule grande ouverte en train de sauter dans le vide.

Pour accentuer l’illusion de mouvement, l’artiste inscrit l’animal dans un bloc de pierre en forme d’arc : les pattes en arrières restant collés au sol, le corps de l’animal se déploie et accompagne la forme de la pierre.

L’image presque cinématographique s’adapte au dénivelé du terrain, qui s’ouvre magnifiquement sur le lac.

(28)

Les vitraux et les reliefs du temple de Saint-Jean

Décor : vitraux, reliefs sculptés en plâtre Emplacement : fenêtres, galerie de l’orgue État actuel : in situ

Date : 1933

Atelier : Charles Wasem

Dimension : 10 baies de 350 X 92 cm, 1 rosace env. 200cm Adresse : 24, route de Saint-Jean

Architecte : Jean-Louis Cayla, Henri Gampert Coût : vitraux 4000.-, reliefs sculptés 500.- Construction : 1931-1933

Sources : archives privées du temple de Saint-Jean ; Courtiau 2009 ; Bouvier 1937 ; Journal de Genève, 10.04.1933.

Crédits photographiques : 109-113. Cholakian-Lombard

Dix vitraux et une rosace baignent d’une lumière douce et colorée le temple de Saint-Jean, dédié au « disciple bien aimé ».

Chaque vitrail se compose d’une baie en plein cintre, divisée en 14 parties où des figures peintes en grisaille se mêlent à une décoration abstraite de style art déco. La presque totalité du répertoire biblique est représentée sur ces fenêtres ! Des scènes de l’Ancien et du Nouveau testament font le tour de la paroisse : la Genèse, les évangélistes et leurs symboles, les paraboles des évangiles, les scènes de la vie du Christ, les miracles, la Passion et la Résurrection…Tout y est représenté en couleurs vives et saturées – il y a du bleu, du jaune, du rouge, de l’orange et du vert. Deux anges avec des trompettes sont représentés sur la rosace qui domine l’orgue. Ils annoncent l’arrivée de l’Esprit Saint.

Face à la table de communion, sur la tribune de l’orgue, sept reliefs carrés ont été réalisés en pâte de verre dans l’atelier Wasem35 – d’après le modèle en plâtre réalisé par Hermès. Ici, trois symboles chrétiens sont représentés : le blé et la grappe de raisin évoquent la Sainte Cène et la présence mystique du Christ, tandis que l’aigle symbolise l’évangéliste Jean, patron de la paroisse.

Nous retrouvons les mêmes motifs sur l’un des vitraux de la nef.

35 L’atelier de Charles Wasem à Veyrier réalise les vitraux et les reliefs.

(29)

fiche 27 Le « Bon Samaritain » du temple de Genthod

Décor : peinture marouflée Emplacement : abside

Etat actuel : détruit (ou recouvert lors de la restauration de 1970) Date : 1938

Adresse : 2, route de Rennex, Genthod

Sources : Fatio 1943 ; Journal de Genève, 27.08.1970.

Crédits photographiques : 114. CIG, fonds Boissonnas ; 115. esquisse, courtoisie de M. Jean-Marc Yersin.

Quinze ans après Carouge, Éric Hermès revient sur la thématique du Bon Samaritain pour décorer la paroisse de Genthod. À cette occasion, il réalise une peinture marouflée sur la niche de l’abside.

L’artiste choisit de représenter le moment où le samaritain, portant l’homme blessé dans ses bras, arrive à l’auberge où un serviteur et une femme s’empressent de les secourir. Deux anges musiciens encadrent la composition centrale36. Le tout est surmonté d’une bible ouverte et des Quatre Vivants. En bas de la composition, l’inscription « Aime ton prochain comme toi-même » souligne l’idée de l’amour et de la charité, véhiculée par la parabole.

La palette de l’artiste se compose de nuances de bleu, ocres et verts, en accord avec la décoration intérieure du temple réalisée en 1926 par Edmond Fatio : des murs peints en rouge pompéien, et recouverts de feuilles vertes et d’un rideau vert, peint jusqu’au deux tiers de la hauteur de la niche.

Tombé dans un état de vétusté dans les années 1970, l’intérieur de la paroisse fut rénové en grande partie grâce au travail des paroissiens : toute la décoration fut recouverte suivant les instructions des architectes B. Dunant et M. Favre – les murs décorés par Edmond Fatio ont été entièrement repeints d’une couleur claire, et la fresque d’Hermès fut recouverte par un panneau en bois37.

36 L’esquisse de cette décoration a été offerte à Mlle. M. Monnachon, qui a sans doute servi de modèle.

37 On pourrait imaginer que cette décoration se trouve cachée derrière le panneau de bois. Pourtant, selon le témoignage de Mme Claire-Lise Leuba, elle serait partielle ou inexistante. Les paroissiens ayant essayé de décoller la peinture du mur n’ont pas réussi, et celle-ci se serait décomposée « comme de la poussière».

(30)

Le « Bon Berger » du temple de Dardagny

Décor : peinture mural Emplacement : mur ouest État actuel : in situ Date :~ 1942

Adresse : 2, chemin de la Côte. Dardagny

Sources : Archives de la Fondation pour la conservation des temples genevois construits avant 1907.

Crédits photographiques : 117. Archives F. Chevallier ; 116. Cholakian-Lombard ; 118. Archives privées Anne Hermès (photographe : Kettel)

Placée face à l’autel sur le mur ouest, une peinture murale représentant le Bon Berger orne le temple de Dardagny.

Un jeune homme aux cheveux courts et bouclés se tient debout, le visage légèrement tourné vers la gauche. Il est habillé d’une longue tunique surmontée d’une cape, attachée par une broche au niveau du cœur.

À la manière des images paléochrétiennes, le pasteur porte une canne et la brebis sur ses épaules.

Cette décoration murale a probablement été peinte à l’huile, d’une touche nerveuse, courte et rythmée par de petits traits. La palette se compose d’un choix restreint de couleurs terre : ocres, jaunes et oranges avec un brin de gris et de vert pour modeler les plages d’ombre.

Le modèle qui a servi pour le berger est en effet identifiable : l’artiste recours comme à son habitude aux membres de sa famille, ici François Chevalier, filleul de l’artiste.

L’artiste ajoute à sa décoration les symboles des quatre évangélistes – aujourd’hui disparus.

Quarante ans plus tard, en 1981, la paroisse entreprend des travaux de rénovation, et la peinture murale est sur le point de disparaitre. C’est grâce à l’opposition des paroissiens que le Bon Berger a pu être sauvé de la destruction. En revanche, les quatre évangélistes ont été supprimés à cette époque.

(31)

fiche 29 Le « Semeur » du temple de Cointrin

Décor : sculpture

Emplacement : pignon (au-dessus de la porte principale) État actuel : détruit

Date : ~1944

Ancienne adresse : 6, ch. Terroux

Sources : Geisendorf 1955 ; Eglise Protestante de Genève (EPG)

Crédits photographiques : 120. Geisendorf 1955, photographe : Ernest Rouiller ; 119. Archives privées Anne Hermès (photographe : Boissonnas).

Inauguré en 1944, ce petit temple de la campagne genevoise a été décoré d’un bas-relief qui représente la parabole du Semeur.

Placé au-dessous de l’auvent en tuiles qui abrite la porte de l’église, le semeur est sculpté sur un bloc de pierre rectangulaire. Il est représenté debout, habillé d’une tunique courte et légèrement tourné vers la gauche. D’un geste ample, il étend son bras droit et sème les grains. En accord avec le texte biblique38, des oiseaux et des épines sont représentés au bord du chemin.

Pour donner un caractère monumental à son œuvre, Hermès dégage du bloc de pierre un tiers de la figure du semeur, selon la technique de la ronde-bosse. Le reste de la figure, des épaules jusqu’aux pieds, est adossée à la roche et réalisée en bas-relief. Derrière le semeur, une rangée de tuiles est taillée à même le rebord supérieur du bloc de pierre. Cette représentation rappelle sans doute, de manière simplifiée, l’auvent du porche d’entrée du temple.

En 1975, la parcelle sur laquelle avait été bâtie la chapelle de Cointrin fut vendue. Dans les années 1990, elle fut occupée par une église évangélique portugaise. Démolie en 2001, elle laisse la place aux villas qui s'y trouvent actuellement.

38 Matthieu XIII, 1-23; Marc IV, 1-20, Luc VIII, 4-15

(32)

La pêche miraculeuse, le repas à Emmaüs et l’agneau de Dieu

Décor : peintures murales, sculpture (en stuc ?) Emplacement : mur sud

État actuel : in situ Date : 1945

Adresse : 1, Place Petit-Saconnex

Sources : archives de la Fondation pour la conservation des temples genevois construits avant 1907.

Crédits photographiques : 121, 125. CIG, fond Boissonnas ; 122-124. Cholakian-Lombard ; 126.

Archives privées François Hermès ; 127,128. Archives privées Anne Hermès.

Suite à son rattachement à la Ville de Genève, la commune du Petit-Saconnex procède au morcellement de sa paroisse en 194039. Ce fut l’occasion de restaurer l’intérieur de la paroisse, et de l’embellir de nouveaux décors.

De part et d’autre de la chaire en bois sculptée par le pasteur Ernest Christen40, Éric Hermès réalise deux peintures murales. L’une représente la Pêche miraculeuse, l’autre illustre le Repas à Emmaüs. Dans un style proche des gravures de Gustave Doré, Hermès représente ses personnages exécutant des gestes dramatiques. La palette se compose de couleurs terre, où prédominent les teintes chaudes — orange et jaune. On trouve également des tons pastels, rose et bleu ciel. La touche est courte et nerveuse, ce qui a tendance à durcir et aplatir le modelé des corps et des drapés.

La décoration se complète d’un bas-relief de plâtre ou de stuc, en forme de médaillon irradiant des flammes et des rayons. Il est situé au-dessus de la chaire et porte l’inscription « Voici l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ». L’Agnus Dei (l’Agneau accompagné d’une croix haute et d’une bannière) est représenté au centre du médaillon, et se détache sur le fond doré. Par sa composition, et aussi une certaine naïveté dans la réalisation, ce médaillon s’inspire de la sculpture médiévale – notamment de la clé de voûte de Cluny III.

39 La paroisse du Petit-Saconnex se divise en trois paroisses : Saint-Jean, Servette et Petit-Saconnex.

40 Le pasteur Ernest Christen et Éric Hermès collaborent à la décoration de plusieurs temples genevois : Carouge, Saint- Jean, et ici au Petit-Saconnex.

(33)

fiche 31 L’enfant, le citoyen et les escargots à Meyrin

Décor : sgraffito, sculpture Emplacement : façade, fontaine Etat actuel : in situ

Date : ~1949

Adresse : 6-8, rue de Vaudagne

Architecte : Maurice Braillard, Virginio Malnati Coût : sgraffito 3000.- ; sculpture 350 .-

Sources : Courtiau 2009, Journal de Genève 10 et 12.09.1949 ; Archives de Meyrin ; Archives privées Alain Hermès.

Crédits photographiques : 129,130.Cholakian-Lombard ; 131. Archives privées Anne Hermès (photographe : Kettel) ; 132-134. Archives de la mairie de Meyrin.

En 1949, Éric Hermès est appelé par l’architecte Maurice Braillard pour décorer l’école-mairie de la commune de Meyrin. A cette occasion, Hermès intervient à deux reprises : il réalise un sgraffito sur la façade principale, au-dessous du clocher, et il sculpte aussi deux escargots sur la fontaine située sur le préau de l’école.

La thématique du sgraffito réunit les acteurs principaux du nouveau bâtiment, école et mairie : y sont représentés « l’enfant et le citoyen ». La composition s’organise sur trois niveaux : la partie inférieure montre une église et un groupe de femmes autour d’un nouveau-né; la partie du milieu représente des enfants en train de jouer, tandis que le niveau supérieur nous fait voir une scène de vote. Parmi les différents personnages, on peut identifier : deux petits-fils de l’artiste, Alain et Daniel jouant à saute-mouton, ainsi qu’un autoportrait d’Éric Hermès – représenté assis dans le coin droit de la table de vote.

Le dessin a été réalisé sur un mortier frais (jurasite) selon la technique traditionnelle du sgraffito.

La palette est restreinte à deux tons de brun : l’un foncé presque noir, l’autre plus clair, ocre-beige.

De facture simple, le style de ce décor fait penser à celui des livres d’enfant de l’époque, ou bien à celui des images d’Epinal.

(34)

Le fleuve à l’hôtel du Rhône

Décor : sgraffiti

Emplacement : cage d’escalier

Etat actuel : in situ (recouvert en blanc) Date : 1950

Adresse : 1, quai Turrettini Architecte : Marc Saugey

Sources : Courtiau 1991, p.29-33 ; Le Courrier de Genève, 16.07.1950 ; plaquette souvenir IIème anniversaire de l’hôtel du Rhône, 1952, p.75

Crédits photographiques : 135. IAUG, fond Saugey (photographe : Mandanis) ; 136,137. CIG, (photo : Boissonnas) ; 138,139. Cholakian-Lombard ; 140,141. Archives privées de l’hôtel du Rhône.

Badigeonnés de blanc, les sept sgraffiti qui ornaient jadis les paliers intermédiaires de l’escalier ont laissé une trace sur les murs qu’ils décoraient, grâce à la ligne du dessin, encore visible en creux sous la peinture blanche qui les recouvre41.

Aujourd’hui, nous pouvons suivre ce qui reste de cet ensemble décoratif en parcourant les différents niveaux du bâtiment. Au rez-de-chaussée, nous sommes accueillis par le dieu des fleuves Neptune, qui remonte à cheval les eaux douces du fleuve, trident à la main. Au premier étage, un homme à cheval traverse un champ de blé labouré au bord d’une rivière, sur laquelle le soleil se lève. Au deuxième sont dessinées une colonne cannelée et une sculpture antique sur les vestiges d’une arène romaine. Au troisième, un marin est debout sur un bateau dont l’inscription,

« 1950 Lyon », nous indique la date du décor. Au quatrième, nous rencontrons un pêcheur qui marche au bord de l’eau, un filet sur les épaules, et portant un gros poisson dans sa main. Au cinquième, nous trouvons un berger au bord d’une rivière tumultueuse. Il tient d’une main un long bâton, et de l’autre une corne ; à ses pieds, une chèvre se repose. Au dernier étage se termine notre parcours : la décoration représente un coucher de soleil au bord d’un rivage parsemé de pierres, où coule un fleuve tranquille.

Comme on peut le constater, l’iconographie de la décoration est entièrement consacrée au Rhône.

D’une part, le fleuve est représenté dans son parcours à travers les grandes villes qui le bordent – Arles et Lyon. D’autre part, il est montré en tant que ressource qui permet les cultures, la pêche, l’élevage et le transport.

41 Une source photographique nous renseigne sur le coloris disparu : bleu-gris, ocre jaune, rouge-oxyde et blanc.

(35)

fiche 33 Les fables de la Fontaine à Malagnou Parc

Décor : sgraffito

Emplacement : hall d’entrée et cage d’escalier Etat actuel : in situ

Date : ~1951

Adresse : 36, av. Weber Architecte : Marc Saugey Sources : Devanthéry 1991

Crédits photographiques : 142,143. IAUG, fonds Saugey ; 144,145. Cholakian-Lombard

Après la décoration de l’hôtel du Rhône, l’architecte Marc Saugey fait à nouveau appel à Éric Hermès pour décorer l’immeuble n° 36 de l’avenue Weber42 – ce dernier fait partie du complexe de logements de Malagnou Parc43.

A cette occasion, Hermès orne le hall d’entrée d’une peinture murale représentant un jeune homme assis sur un tronc d’arbre, des feuilles mortes à ses pieds, en train de jouer du banjo. On imagine que le musicien est en train de chanter les fables de La Fontaine représentées sur les paliers intermédiaires de la cage d’escalier du bâtiment.

Les six niveaux de l’immeuble sont décorés par des sgraffiti qui relatent les fables suivantes : le renard et la cigogne ; la cigale et la fourmi ; le cerf se mirant dans l’eau ; les poissons et le cormoran ; le corbeau et le renard ; le renard et le bouc.

Ces derniers sgraffiti ont la particularité d’être inscrits sur des panneaux individuels verticaux, et non directement à même le mur selon l’habitude de l’artiste. Ils conservent encore leurs couleurs d’origine : du noir, du blanc, d’ocre jaune et du rouge brique – contrairement au décor du hall d’entrée, qui est aujourd’hui dans un mauvais état de conservation.

42 Le hall d’entrée n°34, av. Weber est décoré par Georges Aubert. Il est intéressant de mentionner trois occasions où les deux artistes collaborent à une décoration: en 1932 à la villa Les Ailes en collaboration avec Honegger-Vincent ; dans les années 1950 à l’hôtel du Rhône et à Malagnou Parc , en collaboration avec Marc Saugey.

43 C’est grâce à son fils Luc, chef d’atelier de Marc Saugey, qu’Hermès rencontre l’architecte.

Références

Documents relatifs

Transformation d’un modèle économique et d’occupation en Italie centrale de l’Antiquité tardive au Moyen Âge. Webinar organisé par le Centre d’Étude des Mondes

Jean: Tarte au citron, tarte aux pommes, tarte aux poires et tarte aux griottes.. La serveuse: Bonjour, qu’est-ce que

Éric Hermès s’engage sur les deux fronts: d’une part dans le domaine social, comme on l’a déjà vu, notamment avec la sculpture de tympans sur des immeubles ouvriers,

Basé sur le dépouillement d'archives et l'étude des décors subsistant in situ, le travail documente et interprète un oeuvre décoratif hors du commun qui se déploie dans

Pour vérifier la validité de cette théorie du critique littéraire, engageons une étude de ce mythe dit de la ‘Connaissance’ dans l’œuvre romanesque de Amélie Nothomb

Analyse du total des informations correctes produites au Questionnaires Q1 et Q2 Nous analysons, tout d’abord, le total des réponses correctes aux questions portant sur la base de

10-11, résume ainRi le résultat de ses recherches sur l'évolution ùu style des mosaïques gallo-romaines: « La première période, allant jusqu'au début du ne siècle

En raison des risques de troubles à l'ordre public, elle ne souhaite pas mettre à disposition ses infrastructures.. Il ne sera fait aucun autre commentaire sur