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La Grande Guerre des bretons (1914-2014)

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PROJET SCIENTIFIQUE

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Au cours des 20 ou 30 dernières années, la Grande Guerre a suscité une masse considérable de publications, portées par une demande sociale de plus en plus pressante. Dans ce foisonnement éditorial, les études régionales restent rares, car souvent perçues – non sans raisons parfois – comme trop « régionalistes » ou trop « localistes ». Il nous a semblé pourtant, pour peu que l’on prenne soin d’éviter ces travers, que l’approche régionale de la Grande Guerre garde toute sa pertinence ; mieux : qu’elle constitue potentiellement l’une des voies de renouvellement d’une historiographie partiellement figée dans des débats un temps productifs, pour une part sclérosants aujourd’hui, pour (re)penser les rapports entre le front et l’arrière, entre les différents types de combattants, pour redonner aussi une consistance sociale à l’indispensable étude des discours et des représentations, pour enfin, de façon plus globale, étudier aussi finement que possible la manière dont la guerre agit à la fois comme révélateur de certaines permanences et accélérateur du changement1.

En effet, si, entre 1914 et 1918, l’on combat bien « pour la Patrie », si l’on meurt

« pour la France », l’on ne saurait oublié que le recrutement des différents corps de l’Armée française, largement territorialisé avant la guerre, a ancré dans chaque « région » la présence de tel ou tel régiment, des « régions » conservant souvent par ailleurs une réelle identité,

1 Ce sont là quelques-unes des conclusions de la journée d’étude organisée à Rennes, le 13 novembre 2012, par le CERHIO et le CREC, avec le partenariat des Archives départementales d’Ille-et-Vilaine. Les actes de cette rencontre scientifique paraîtront à l’été 2013 aux Presses universitaires de Rennes, sous la direction des organisateurs du colloque de mai 2014.

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identité économique, sociale, religieuse, linguistique aussi. Nombreux sont les travaux qui, de La France des terroirs d’E. Weber à L’école républicaine… de J.-F. Chanet, ont montré la force de ces « petites Patries » mais aussi celle du sentiment d’appartenance mêlée à la Nation et à des entités – régionales ou autres – territorialement plus restreintes2. Les journaux et lettres des combattants de la Grande Guerre en témoignent par ailleurs, entre souhait de retrouver dans son unité des camarades du même « pays » et moqueries ou indignation face à l’attitude des soldats d’autres régions. Les « midis » en font les frais après l’échec des offensives de l’été 1914 en Lorraine3. Les Bretons – « têtus, batailleurs, insociables », certes uniquement lorsque « leur cerveau est troublé par les vapeurs de vin ou autre mixture fermentée » selon le fameux Louis Barthas… – pour une part aussi.

La Bretagne n’est bien évidemment pas la seule région concernée par ces phénomènes.

Mais, ses caractéristiques et spécificités – réelles, supposées voire fantasmées – en font sans doute un observatoire privilégié.

Ici comme ailleurs, la recherche a progressé de manière importante depuis une trentaine d’années. A y regarder de plus près cependant, celle-ci s’est très – trop ? – largement concentrée sur quelques thématiques seulement, deux principalement à dire vrai : la vie dans une région de l’arrière d’une part, d’autre part la mémoire de la guerre4. A l’inverse, un champ de recherche a, de manière assez paradoxale sans doute, été laissé très largement en friche par les universitaires : celui des combats et des combattants. L’on chercherait en vain un article sur ce thème dans les principales revues historiques régionales, seuls quelques rares travaux universitaires étant recensés, alors que, dans le même temps, fleurissaient les publications d’amateurs – au sens noble du terme – parfois très éclairés. En cela, l’historiographie bretonne est restée assez largement en marge des grands débats qui se sont fait jour depuis une vingtaine d’années, en France comme à l’étranger, sur les expériences de guerre et du combat, sur les évolutions tactiques des différentes armées et leurs conséquences pour les hommes, sur les effets du shell-shock ou sur l’analyse possible des adaptations aux nouvelles normes du combat en terme de « professionnalisation », pour n’en rester qu’à ces quelques exemples.

Autant de raisons qui nous poussent à souhaiter engager une réflexion sur la Grande Guerre des Bretons, un conflit appréhendé ici sur la moyenne durée d’un large XXe siècle qui s’étendrait de l’été 1914 à nos jours. Loin de tout « localisme », nous voudrions que ce projet s’inscrive dans un cadre clairement comparatiste. C’est la question de la banalité et/ou de l’exceptionnalité de ce que révèle l’étude de la Bretagne au regard de ce que nous donnent à voir les exemples bourguignons, limousins ou provençaux qu’il conviendra donc de poser, tout en s’interrogeant sur le rapprochement possible de cette région « périphérique » qu’est la Bretagne avec d’autres régions de ce genre, en Grande-Bretagne et en Allemagne principalement.

Pour mieux appréhender cet objet historiographique particulièrement complexe que constitue la Grande Guerre, objet susceptible de bien des approches et d’une multiplicité de lectures, nous proposons quelques grands axes qui pourront guider une réflexion préoccupée

2 WEBER, Eugen, La fin des terroirs. La modernisation de la France rurale, Paris, Fayard, 1983 etCHANET, Jean-François, L’école républicaine et les petites patries, Paris, Aubier, 1996.

3 LE NAOUR, Jean-Yves, Désunion nationale. La légende noire des soldats du Midi, Paris, Vendémiaire, 2011.

4 En témoignent, entre autres, les sommaires des principales revues historiques publiées dans la région (Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, bulletins et mémoires des différentes sociétés savantes départementales) mais aussi les bases de données consacrées à la recension des travaux d’étudiants, de la maîtrise et du master au doctorat.

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avant tout par la volonté de saisir la manière dont la Grande Guerre s’est inscrite dans le vécu, l’expérience, la mémoire des Bretonnes et des Bretons, combattants ou non.

Axe 1. Les combattants bretons

1. La mobilisation des combattants bretons

Plus que l’entrée en guerre de la Bretagne, sans doute moins mal connue ici qu’en d’autres régions grâce aux travaux de J.-J. Becker5, ce sont les « entrées en guerre » successives des Bretons mobilisés mois après mois, de 1914 à 1918, que nous souhaiterions mettre en avant.

a. Les modes de recrutement des Bretons n’ont guère été étudiés de matière systématique. Si Nivelle, en 1917, se serait écrié « Ce que j’en ai consommé de Bretons ! », la sentence a-t-elle encore une quelconque valeur à cette date ? Rien n’est moins sûr. Mais, si les pertes de l’automne 1914 et des premiers mois de 1915 contribuent indéniablement à modifier les bases du recrutement territorial des régiments des Xe et XIe Corps, reste encore à en mesurer l’ampleur et la chronologie. L’étude fine de la destination des mobilisés bretons – à l’instar de ce qu’à pu faire J. Maurin pour le Languedoc6 – d’une part, d’autre part du recrutement des régiments

« bretons » – ceux ayant leur garnison en Bretagne au moment de la mobilisation – doit encore être menée.

b. La place des inscrits maritimes dans ce processus de mobilisation reste elle aussi mal connue : quelle part des mobilisés bretons représentent-ils ? Comment servent-ils ? Sur mer, à terre, voire sur le front, dans les tranchées, comme les fusiliers-marins de Ronarc’h ? A l’instar de ce qui se passe dans l’Armée de terre, l’ampleur des pertes conduit-elle la Marine à adapter la géographie de son recrutement ? Si oui, avec quelles conséquences pour la Bretagne ?

c. La mobilisation de certains groupes, bien que plus facile à saisir, n’a pas donné lieu à ce jour aux études systématiques qu’ils mériteraient : les instituteurs et normaliens d’une part, les prêtres et séminaristes d’autre part sont sans doute deux catégories parmi les plus intéressantes à étudier. Mais on peut indéniablement en ajouter d’autres, à commencer par les étudiants.

d. Les « failles » de cette mobilisation devront, elles aussi, être questionnées.

La désertion en est la plus évidente. Nous souhaiterions cependant que la question du volontariat comme moyen d’échapper aux armes de mêlée – et en premier lieu à l’infanterie – soit ici étudiée, de même que la « fuite » vers la mer et l’engagement dans la Marine nationale. Alors que la part des inscrits maritimes n’est plus que de 30 % dans les effectifs de la « Royale » en 1913, ce mouvement prendrait à n’en pas douter, dans une région maritime comme la Bretagne, un sens particulier.

5 BECKER, Jean-Jacques, 1914, comment les Français sont entrés dans la guerre, Paris, Presses de la FNSP, 1977.

6 MAURIN, Jules, Armée, guerre, société. Soldats languedociens, 1889-1919, Paris, Publications de la Sorbonne, 1982.

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e. Les étapes de la mobilisation au front sont nombreuses, pour les combattants bretons comme pour les autres. La phase d’instruction, qui concerne les régiments de réservistes et de territoriaux à l’été 1914, puis tous les nouveaux conscrits ou engagés ensuite, n’a guère fait l’objet d’études particulières, alors même que l’on compte plusieurs camps d’entraînement de première importance dans la région, à commencer par celui de Coëtquidan. Quelles sont alors les méthodes d’instruction ? Comment évoluent-elles durant le conflit, comment s’adaptent-elles aux nouvelles réalités tactiques ? Comment, une fois engagés, les régiments

« bretons » poursuivent-ils ce processus d’instruction tout au long de la guerre ? Ce sont là quelques-unes des questions qu’il nous semble falloir poser.

2. Les combattants bretons dans la bataille : la guerre sur terre

Dans le cadre d’une histoire militaire qui s’est profondément renouvelée au contact de l’anthropologie, de la sociologie ou de l’histoire culturelle, écrire l’histoire du combat ne consiste plus seulement à décrire attentivement les mouvements des unités ou à s’interroger sur les choix stratégiques des chefs. Suivant en cela une historiographie anglo-saxonne ayant renoncé à l’approche traditionnelle – qualifiée de « drum and trumpet » ou de « good general/bad general » –, nous voudrions mettre l’accent ici sur des problématiques bien plus larges, sociales, culturelles, religieuses, anthropologiques mais aussi techniques, prenant ou essayant de prendre en compte l’ensemble des conséquences de l’évolution de la manière de faire la guerre pour les combattants bretons dont il s’agira de saisir ici l’expérience vécue7.

a. Les régiments d’infanterie des Xe et XIe Corps d’armée disposent pour la plupart, depuis les années 1920, d’Historiques régimentaires à leur gloire : il n’y aurait guère d’intérêt ici à retomber dans les travers de ces publications fort datées, non plus qu’à étudier ces unités pour elles-mêmes.

Nous souhaiterions en revanche saisir, à travers ces régiments, les conditions de la guerre en ces différentes phases. Comment les innovations tactiques sont-elles vécues par les combattants de telle ou telle unité ? Quelles conséquences a l’augmentation progressive du nombre de mitrailleuses par régiment sur les façons de combattre ? Quid de l’introduction des armes collectives d’infanterie – fusil-mitrailleur, fusil VB etc. – à l’échelle de la section ? Quels effets produisent les bombardements subis par les combattants bretons et/ou demandés pour soutenir leurs opérations ? Le rôle des 73e, 74e et 76e RIT de Guingamp, Saint-Brieuc et Vitré lors de la première attaque aux gaz d’envergure des Allemands, près d’Ypres, le 22 avril 1915, la transformation du 262e RI de Lorient en unité spécialisée dans l’accompagnement des chars de

7 Sur ce point, nous renvoyons à l’étude modèle de GOYA, Michel, La chair et l’acier. L’invention de la guere moderne (1914-1918), Paris, Tallandier, 2004 ou encore à l’analyse de trois « objets de mort » faite par AUDOIN- ROUZEAU, Stéphane, Les armes et la chair. Trois objets de mort en 14-18, Paris, A. Colin, 2009. Ce type d’approche, commun dans le monde universitaire anglo-saxon, l’est beaucoup moins en France. Il en est de même de l’étude d’une unité particulière, dont le modèle, pour la Grande Guerre, est, de façon significative, l’ouvrage de l’Américain SMITH, Leonard V., Between Mutiny and Obedience. The Case of the French Fifth Infantry Division during World War I, Princeton, Princeton UP, 1995.

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l’Artillerie spéciale à compter de 1917, la participation de la 60e DI à l’offensive interarmes « modèle » du 8 août 1918 montrent, entre autres, qu’il est possible de saisir les nouvelles réalités du combat à travers les unités bretonnes.

b. Les unités d’infanterie sont, indéniablement, celles qui ont suscité le plus d’intérêt, en raison même de leur exposition en première ligne. Il nous semble cependant important ici de prendre en considération les autres armes, artillerie et cavalerie. Qu’en est-il de la coordination de ces différentes armes, infanterie/artillerie/cavalerie, dans les divisions des Xe et XIe Corps lors de la campagne de 1914 ? Comment les régiments d’artillerie de campagne bretons vivent-ils les transformations techniques et tactiques qui leur confèrent ensuite, au fur et à mesure de l’entrée dans la guerre de position, de nouvelles responsabilités dans la bataille ? Les adaptations des régiments de cavalerie – 3e et 24e Dragons, 13e Hussards, 2e Chasseurs –face à la nouvelle donne tactique qui se dessine dès août 1914, marquant ce que l’on a pu qualifier de « crépuscule de la cavalerie », mériteraient, elles aussi, des études plus poussées.

c. Infanterie, artillerie, cavalerie ne sont pas les seules unités concernées. Au- delà des régiments territoriaux, il conviendra sans doute de tenir compte des services du train, des groupes de brancardiers, des services télégraphiques des différentes divisions des Xe et XIe Corps. La question des problèmes sanitaires – dans leur globalité – d’une division pendant la Grande Guerre est l’une de celles qui mériteraient que l’on s’y penche.

3. Les combattants bretons dans la bataille : la guerre sur mer

Au-delà des quelques grandes batailles navales, la guerre sur mer n’a intéressé les historiens – et plus encore les historiens universitaires – que de manière fort inégale : la place qu’y consacrent les synthèses publiées sous la direction d’A. Corvisier ou sous la plume de J.- P. Bertaud et W. Serman est de ce point de vue très révélatrice8. L’on sait, par ailleurs, que la part des Bretons au sein des effectifs de la « Royale » – l’on avance des chiffres de 80 %... – est considérable. Pour ces raisons même, l’étude de la Marine en guerre se confond très largement avec celle de la Bretagne maritime. Il n’en reste pas moins que de nombreux points restent à éclairer et/ou préciser en ce domaine :

a. Les pertes subies par la marine de commerce et de pêche bretonne, analysées récemment par G. Le Mer et R. Richard, indiquent bien que la Bretagne est aussi située sur l’un des « fronts » du conflit, un front maritime9. Ce sont les multiples formes de mobilisation des marins bretons au large des côtes de la région qui nous semblent devoir ici être mises en avant, des bâtiments de la Marine nationale aux flottilles de chalutiers.

8 CORVISIER, André (dir.), Histoire militaire de la France, t. 3, Paris, PUF, 1997 (2e éd.) et BERTAUD, Jean-Paul et SERMAN, William, Nouvelle histoire militaire de la France (1789-1919), Paris, Fayard, 1998.

9 RICHARD, René et al., Les navires des ports de la Bretagne provinciale coulés par faits de guerre, 1914-1918.

t.1, Plessala, Association Bretagne 14-18, 2010.

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b. La lutte anti-sous-marine a d’ores et déjà fait l’objet de plusieurs études10. C’est, de manière plus générale, la défense des côtes qu’il convient sans doute de prendre en considération désormais.

c. Le cas des fusiliers-marins à Dixmude en 1914 a été récemment bien mis en perspective par J.-C. Fichou qui montre comment nombre d’inscrits maritimes se retrouvent dans cette « infanterie de fortune »11. Pourtant, parcours et expérience(s) des marins bretons restent, de manière générale, bien plus mal connus que celle des poilus. Ce sont des dimensions que nous souhaiterions voir éclairer d’un nouveau jour.

4. Les pertes : approches scalaires

La question des pertes humaines subies par la Bretagne reste sans doute l’une des plus sensibles à ce jour, en raison notamment du mythe persistant des 240 000 morts bretons. Si toutes les études scientifiques, quelles que soient les sources utilisées et croisées, s’accordent sur un chiffre de 125 à 140 000 morts, en lui-même supérieur à la moyenne nationale une fois rapporté à la population totale, quelques points demandent encore à être éclairés. C’est à des échelles plus circonscrites qu’il nous semble falloir réfléchir désormais, dans le cadre d’approches micro-analytiques et comparatives :

a. A l’échelle des unités militaires, comment expliquer les différences parfois importantes d’un bataillon à l’autre, d’un régiment à l’autre, y compris au sein de la même division, de la même brigade ? Les régiments « bretons » se distinguent-ils d’ailleurs des autres régiments ?

b. A l’échelle d’une commune, la mortalité par classes et dates de mobilisation, par type d’affectation n’a guère été étudiée. L’échantillon

« restreint » de quelques centaines de morts pour la France offert par exemple par la plupart des chefs-lieux de canton permettrait des analyses plus fines que celles menées jusqu’ici.

c. A l’échelle d’un ou plusieurs cantons, les différences sont parfois nettes d’une commune à l’autre, une fois les pertes rapportées à la population. Les structures sociales et familiales, la structure par âge, les unités d’affectation fournissent-elles des clés de lecture de ces différences ? En ce domaine, une attention particulière sera ici portée au cas des zones littorales, afin de tenter de mesurer l’écart entre inscrits maritimes et mobilisés de l’armée de terre, les registres de matricules devant ici permettre d’utiles mises en perspectives.

d. A l’échelle des groupes sociaux déjà mentionnés enfin, les taux de pertes des prêtres et/ou des (anciens) séminaristes, des élèves de telle ou telle institution, des instituteurs et/ou des (anciens) séminaristes mériteraient d’être questionnés et analysés de manière aussi fine que possible.

10 LE ROY, Thierry, L'aéronautique maritime et la lutte anti-sous-marine en Bretagne (1917-1918), Université de Brest, Mémoire de maîtrise, dact., 1988 et LE ROY, Thierry, « Les personnel de l’aérostation maritime française (1917-1919) : l’exemple des patrouilles de Bretagne et de la Loire », Revue historique des Armées, 2008, 252, p.

104-113.

11 Voir FICHOU, Jean-Christophe, « Les pompons rouges à Dixmude. L’envers d’une légende », Guerres mondiales et conflits contemporains, 2010, n° 240, p. 5-21.

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5. Les combattants bretons dans la bataille : l’expérience individuelle

Au-delà de cette approche à l’échelle des unités constituées – régiments et divisions notamment –, la question de l’expérience de la guerre et du combat des soldats bretons reste peu étudiée.

a. Les ego-documents – correspondances, carnets, journaux mais aussi photographies, dessins ou aquarelles – permettent de se faire une idée de cette expérience de la guerre et du combat des soldats bretons, de répondre à quelques-unes des grandes interrogations sur la violence subie mais aussi donnée, sur la peur, sur les conséquences psychologiques de cette expérience, sur la force du « groupe primaire » au sein des unités bretonnes, sur la perception des différences entre secteurs « actifs » du front et secteurs plus tranquilles, conséquence d’un life and let life system dont les « fraternisations » ne sont qu’un aspect. Y a-t-il, en tous ces domaines, une spécificité bretonne ?

b. Cette question de l’éventuelle spécificité bretonne mérite indéniablement d’être posée sur bien d’autres points. En 1915, l’historien Marc Bloch, sous-officier au 272e RI d’Amiens, décrit les soldats bretons de son régiment comme « vieillis avant l’âge, [semblant] déprimés par la misère et par l’alcool »12. Que disent les combattants bretons de leur rapport à l’alcool, mais aussi, de manière plus générale, de leurs souffrances, des larmes, ou encore des effets du shell-shock chez certains de leurs camarades ? Une exploration plus systématique des sources à notre disposition reste à mener sur ces points.

c. Les travaux de F. Broudic l’ont montré13 : à quelques exceptions près – notamment de rares territoriaux, plus âgés –, les combattants bretons sont tous francophones, conséquence d’une part d’une conscription de plus en plus large, d’autre part du caractère obligatoire de la scolarité depuis le début des années 1880. La remarque du jeune Charles Gaillard, engagé volontaire au 65e RI, fils de médecin morbihannais, évoquant « les Bretons [qui] causent toujours breton entre eux », faisant implicitement référence à une « communauté » à laquelle il n’appartiendrait donc pas, celle des Bas- Bretons, nous invite cependant à questionner plus avant le rôle

« identitaire » de la langue bretonne dans certaines unités : cette « identité » ne serait-elle ainsi pas plus sociale que véritablement « régionale »14 ? d. L’on sait la place tenue par la religion catholique dans la Bretagne d’avant-

guerre, y compris sous la forme d’un « catholicisme bleu » bien décrit par M. Lagrée. La consécration du 116e RI de Vannes au Sacré-Cœur de Jésus en avril 1917, trois jours avant d’être engagé au Chemin-des-Dames en dit long sur les rapports à la religion. Il n’en reste pas moins que l’analyse des carnets de Paul Cocho, lieutenant au 74e RIT, militant catholique avant 1914 comme après-guerre, laisse transparaître une évolution des pratiques

12 BLOCH, Marc, Ecrits de guerre, Paris, A. Colin, 1997, p. 146. Sur cette question de l’alcool dans l’armée française pendant la Grande Guerre, voirCOCHET, François, « 1914-1918 : l’alcool aux Armées. Représentations et essai de typologie », Guerres mondiales et conflits contemporains, 2006, n° 222, p. 19-32.

13 BROUDIC, Fanch, La pratique du breton de l’Ancien Régime à nos jours, Rennes, PUR, 1995.

14 GAILLARD, Charles, Au front à 17 ans. Lettres d’un jeune Morbihannais à sa famille, Saint-Cyr-sur-Loire, Alan Sutton, 2005.

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de l’auteur, un certain détachement, au moins de surface, au fil des mois, à compter de l’été 191515. Plus que les témoignages d’attachement à la foi catholique ou, à l’inverse, de tiédeur voire d’hostilité, dont on trouvera toujours de nombreux exemples, ce sont les évolutions dues au conflit, notamment à l’échelle individuelle, que nous souhaiterions voir ici mises en avant.

e. Au-delà des changements – voire des ruptures – de nature religieuse, ce que nous disent les ego-documents des évolutions idéologiques des combattants. Réputés moins perméables à certaines thèses pacifistes en raison de leur engagement religieux, les soldats bretons n’en participent pas moins aux mouvements de protestation des années 1916-1917. G.

Pedroncini signale ainsi des actes d’insoumission au sein de la 21e DI fin mai 1916, au moment où celle-ci quitte Mourmelon pour Verdun16. L’on sait, par ailleurs, que les unités bretonnes n’échappent pas aux mutineries du printemps 1917 : le 19e de Brest, le 118e de Quimper, les 70e et 270e de Vitré, le 71e de Saint-Brieuc, le 241e de Rennes, entre autres, sont plus ou moins directement concernés17. La question du « refus du refus » mérite elle aussi d’être posée18 : la forte prégnance du catholicisme en Bretagne influe-t-il par exemple sur les réactions des combattants au cours de ces quelques semaines de crise ? Nombreuses restent ainsi les interrogations sur ces événements, sur leur simple écho parfois aussi à l’arrière : Quimper, Lorient, Vannes, Nantes par exemple sont ainsi le théâtre de manifestations pacifistes de permissionnaires sur lesquelles l’on ne sait que peu de chose à dire vrai et qui demandent à être éclairées, notamment sur ce qu’elles disent des rapports entre le front et l’arrière.

15 COCHO, Paul, Mes carnets de guerre et de prisonnier, 1914-1919, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010 et LAGADEC, Yann, « Réinvestir l’expérience de guerre : les Carnets du lieutenant Cocho (1914-1919) », ABPO, 2011-1, p. 167-192.

16 PEDRONCINI, Guy, « La bataille de Verdun. Regards sur la conduite des Français », Guerres mondiales et conflits contemporains, avril 1996, n° 182, p. 9.

17 PEDRONCINI, Guy, Les mutineries de 1917, Paris, PUF, 1967, p. 200 et 220-221 rappelle que 23 poilus originaires de Bretagne furent condamnés à mort à cette occasion, 202 autres écopant de peines plus ou moins lourdes. L’ouvrage de LOEZ, André, 14-18. Les refus de la guerre. Une histoire des mutins, Paris, Gallimard, 2010, mentionne de nombreux exemples de l’impact de ces événements sur les régiments bretons.

18 L’expression est de HADDAD, Galit, « Le “refus du refus” en 1917. Les non-mutins du 129e Régiment d'infanterie face aux soldats mutinés », Histoire@Politique. Politique, culture, société, N°6, septembre- décembre 2008.

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Axe 2. Arrière ou « home-front » breton ?

La vie à l’arrière a, fort logiquement, particulièrement attiré l’attention des historiens des dernières décennies, sous des angles d’ailleurs fort divers : au-delà des approches générales sur la vie quotidienne – paradoxalement peu nombreuses –, l’on trouvera en effet des études sur l'enfance et la jeunesse à Rennes, la Police spéciale dans le Morbihan, l’accueil en Ille-et-Vilaine des réfugiés belges et français des départements envahis, les rapports entre guerre et religion à travers le Courrier du Finistère ou le bulletin des patronages de Ploudalmézeau, pour ne retenir que quelques exemples. Parmi les travaux peut-être plus neufs dans leurs approches, il convient de noter ceux portant sur l’internement des civils étrangers dans l’Ouest.

1. De la ville aux « communautés »

Tout en nous appuyant sur ces riches apports des 30 dernières années, nous voudrions ici proposer l’ouverture de nouvelles pistes permettant de saisir en quoi cet « arrière » breton relève de ce que les Anglo-Saxons ont pu qualifier de Home-front. Plusieurs types d’approches nous semblent ici à privilégier :

a. Les très grandes villes – Paris, Londres, Berlin – ont donné lieu à des études importantes au cours des dernières années. Les villes petites et moyennes restent bien moins connues : quid de la Grande Guerre à l’échelle des villes-préfectures ou sous-préfectures, dont le cas est sans doute le mieux éclairé et par des archives municipales importantes, et par une presse d’arrondissement souvent fort prolixe ? quid des chefs-lieux de canton ? Il reste à mener, à l’échelle de la Bretagne, une étude comparable à celle de P. Purseigle sur Béziers, afin de compléter et/ou renouveler l’apport inégal des « histoires de villes » publiées chez Privat19.

b. De manière plus générale, il nous semble particulièrement intéressant d’interroger ici le jeu des « communautés », savoir comment interagissent communauté nationale et communautés de proximité, urbaines certes, mais aussi villageoises, professionnelles voire religieuses. Les conséquences de l’irruption de la guerre sont fort inégalement connues dans leurs dimensions sociales, politiques, culturelles… La micro-analyse – pour ne pas dire la micro-histoire – a sans doute beaucoup à nous apporter sur ces aspects, à travers des sources encore inégalement mises à profit dans le cas de la Bretagne : l’on pense ici à l’exploitation des livres de paroisse, souvent très précis, rédigés par les recteurs bretons, mais aussi à l’apport potentiel des archives judiciaires « ordinaires », celles des tribunaux correctionnels et des justices de paix.

c. La place des femmes dans la société bretonne en guerre ne peut pas ne pas être interrogée. Le cas de l’Ille-et-Vilaine est sans doute l’un des mieux connus, à travers le travail de C. Quignard20. L’accent a cependant souvent

19 PURSEIGLE, Pierre, Mobilisation, sacrifice et citoyenneté. Des communautés locales face à la guerre moderne.

Angleterre-France, 1914-1924, Paris, Les Belles-Lettres, à paraître.

20 QUIGNARD, Clarisse, L’image de la femme de 1914 à 1920 à travers la presse d’Ille-et-Vilaine [Le Nouvelliste et Ouest-Eclair], Mémoire de maîtrise, Rennes 2, 1992. Sur ce point, voir surtout GUYVARCH,Didier, « La

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été mis, de manière générale, sur les « femmes des villes » et les ouvrières.

Sans délaisser cette dimension essentielle, notamment en raison de sa nouveauté relative en Bretagne, nous voudrions que l’accent soit mis sur le travail des femmes à la campagne d’une part, dans les communes littorales/maritimes d’autre part. La question du travail ne saurait d’ailleurs être la seule : la place des veuves, le rôle de la correspondance entre les épouses et leurs maris mobilisés, la perception des changements introduits par la guerre dans les rapports entre hommes et femmes devront aussi être interrogés.

2. Réalités politiques, administratives et culturelles dans la Bretagne en guerre a. La vie politique bretonne des années de guerre souffre elle aussi d’une

étude inégale. Si le cas de quelques parlementaires a été mis en exergue, à l’instar de celui de Louis-Marie Turmel, l’existence d’un éventuel

« parlementarisme de guerre » breton n’a pas été questionnée en tant que telle. De manière plus générale, comme l’ont déjà suggéré D. Bensoussan ou D. Guyvarc’h, la réalité de l’Union sacrée en Bretagne mériterait une étude approfondie21. Il en va de même du développement du pacifisme en temps de guerre, bien éclairé dans le cas de l’Ille-et-Vilaine et notamment des centres ouvriers du département, mais méritant, à n’en pas douter, des comparaisons avec les foyers industriels brestois, lorientais ou de Basse- Loire22. De la même manière, la « crise de juin 1917 », marquée en Bretagne par la multiplication de manifestations – dans les gares notamment – et de grèves mériterait, à n’en pas douter, une approche spécifique.

b. Aux confins de l’histoire culturelle et politique, la mobilisation – intellectuelle – des artistes bretons, écrivains tels Théodore Botrel ou Charles Le Goffic, mais aussi peintres, sculpteurs ou musiciens pendant la guerre demande de nouvelles études éclairées par ce que l’on sait désormais de l’attitude des milieux artistiques, parisiens entre autres23. c. La place de la religion dans la Bretagne en guerre a bénéficié de toute une

série d’études plus ou moins ciblées, des travaux d’Y. Lambert à ceux de M. Lagrée, en passant par la synthèse particulièrement pertinente de D.

guerre de 14-18 et les représentations du féminin et du masculin en Bretagne », in CAPDEVILA Luc, CASSAGNES Sophie, COCAUD,Martine et GODINEAU,Dominique (dir.), Le genre face aux mutations. Masculin et féminin, du Moyen Age à nos jours, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003, p. 291-305.

21 Sur ces questions politiques, BENSOUSSAN, David, Combats pour une Bretagne catholique et rurale. Les droites bretonnes dans l’entre-deux-guerres, Paris, Fayard, 2006 et GUYVARCH,Didier, « La guerre de 1914 à 1918 et la suspension de la guerre civile : le cas nantais », Enquêtes et documents, 1995, 21, p. 205-212.

22 La question du pacifisme est notamment abordée par MOUGENET, Patrick, « 14-18 : quelles traces de pacifisme dans l’Ille-et-Vilaine en guerre ? », ABPO, 1992, 99, 2, p. 169-200.

23 Nous renvoyons, par exemple, à BEAUPRE,Nicolas, Ecrire en guerre, écrire la guerre. France, Allemagne, 1914-1920, Paris, CNRS, 2006. Sur la Bretagne, le cas du Finistérien Yves Le Febvre, étudié par LECORVE, Nadège, Etude des carnets de guerre d'Yves Le Febvre (1er août 1914-8 janvier 1918). « Les impressions d'un intellectuel au fond des campagnes bretonnes », Mémoire de maîtrise, Université de Bretagne occidentale, 2004.

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Guyvarc’h24. L’étude systématique des Semaines religieuses des différents diocèses reste à mener cependant, à l’instar de celle de la presse catholique bretonne de façon plus générale. Les livres de paroisse, déjà évoqués, offrent sur la vie religieuse un témoignage précieux permettant de saisir, au-delà du discours des autorités ecclésiastiques, une partie de la réalité des pratiques, en tout cas telles que perçues par les prêtres au quotidien.

d. Débattue dans les années d’avant-guerre, la question de la langue bretonne mérite d’être aussi posée pour la période de la guerre elle-même. Au-delà de la dimension identitaire pour les poilus – déjà évoquée –, le rôle du breton dans les correspondances entre le front et l’arrière ne semble guère avoir été étudié : en quelle langue les poilus originaires des zones où l’usage quotidien du breton est encore dominant écrivent-ils à leur famille ? En quelle langue leur répond-on ? Le breton constitue-t-il une stratégie de contournement de la censure dans les correspondances du front vers l’arrière comme de l’arrière vers le front ?

e. L’école dans la guerre a donné lieu à plusieurs études, grâce notamment aux riches descriptions laissées par les instituteurs – à commencer par ceux des Côtes-du-Nord –, aux mémoires de certains aussi25. Les documents provenant des élèves ont montré toute leur richesse, à l’instar des dessins d’enfants conservés à Nantes ou Saint-Brieuc26. Au-delà des discours patriotiques convenus et attendus des autorités rectorales et/ou ecclésiastiques, ce sont les pratiques pédagogiques, tant dans les classes de l’école laïque que dans celles de l’école privée, qui nous semblent devoir être interrogées : quelles conséquences a le départ de près de 50 % des maîtres ? comment l’absence des pères se fait-elle ressentir ? qu’en est-il de l’assiduité au cours de ces années de main d’œuvre rare ? Ce ne sont là que quelques-unes des questions qui pourront être posées.

f. La vie des administrations en guerre n’a guère été étudiée pour elle-même.

Il est vrai que les archives permettant de saisir ces données sont très inégalement conservées. Dans quelques cas – l’on pense aux riches archives de la sous-préfecture de Saint-Malo pour cette période –, il est cependant possible de saisir les mutations et adaptations liées au conflit. Et ce qui vaut pour les services de l’Etat dans la région vaut plus largement encore pour les institutions locales, conseils généraux ou municipalités, rarement étudiées pour elles-mêmes.

24 Sur ce point, voir GUYVARCH,Didier, « La foi et la guerre : 1914-1918, Union sacrée ou revanche sur la Séparation pour les catholiques bretons ? », in BALCOU Jean, PROVOST,Georges et TRANVOUEZ,Yvon (dir.), Les Bretons et la Séparation (1795-2005, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006, p. 289-299. Voir aussi, sur cette thématique, les apports de GASPARUTTO, Claire, Guerre et religion pendant la Grande Guerre à travers le 'Courrier du Finistère', Mémoire de maîtrise, Brest, 1995 et LE DALL,Olivier, On prie, vous souffrez… on les aura !, Morlaix, Skol Vreizh, 2007, sur le bulletin des patronages de Ploudalmézeau.

25 CHALMEL, Théodore, Mémoires d’un instituteur rural, 1885-1935, Saint-Père-Marc-en-Poulet, Association Th. Chalmel, 1999.

26 Sur ces questions, voir GUYVARCH,Didier, Moi, Marie Rocher, écolière en guerre, Rennes, Apogée, 1993, GUYVARCH, Didier, « Ecoles et écoliers nantais en guerre, 1914-1918 », 303, n° 28, 1991, p. 24-34 ou LAGADEC,Yann, « Une école de guerre », Mémoires du pays de Loudéac, HS n° 2, 1995, p. 30-36.

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3. Economie en guerre, économie de guerre…

a. L’économie bretonne dans la guerre – et pour la guerre… – n’est que fort inégalement connue. Les travaux restent ainsi particulièrement peu nombreux sur l’agriculture, pourtant le principal secteur économique de la région. Il en va de même de toute l’activité maritime – pêche et cabotage notamment –, largement perturbée par la mobilisation mais aussi par les conséquences de la guerre sous-marine. Bien évidemment, le cas de l’industrie, mieux connu, reste à éclairer sur certains points, tant en ce qui concerne les industries d’armement – à Rennes, en Basse-Loire, dans les arsenaux de la Marine aussi – que dans les secteurs en apparence moins directement connectés à la situation de guerre : l’agroalimentaire, le vêtement, la chaussure.

b. En Bretagne comme ailleurs, la guerre engendre ses « profiteurs », d’envergures fort variables. Etudiés par F. Bouloc à une autre échelle27, ces profiteurs restent mal connus dans la région, à l’exception du cas des conserveurs de sardines étudié par J.-C. Fichou28. D’autres secteurs demanderaient à l’être, dans l’industrie mais aussi dans l’agriculture ou le secteur agro-alimentaire.

4. Une Bretagne ouverte sur le monde ?

a. La guerre se traduit, on l’oublie trop souvent, par une irruption du monde combattant – et plus seulement militaire – en Bretagne. Plus que la présence en tant que telle de ces soldats français et alliés – jeunes conscrits mobilisés à l’instruction, blessés et convalescents dans les nombreux hôpitaux, temporaires ou non, mais aussi soldats américains à Brest ou Saint-Nazaire29 –, ce sont ses impacts économiques, sociaux, culturels que nous souhaiterions voir mis en avant. Il en va de même de la place des permissionnaires, dont la connaissance a été récemment renouvelée par les travaux d’E. Cronier, centrés sur Paris cependant30.

b. La guerre se traduit aussi par l’irruption de « l’étranger », d’un autre désormais clairement identifié comme tel : prisonniers de guerre, notamment dans les campagnes, internés civils, réfugiés font sans doute

27 BOULOC,François, Les profiteurs de guerre, 1914-1918, Bruxelles, Complexe, 2008.

28 FICHOU,Jean-Christophe, « La Grande Guerre et les conserveurs de sardines », Guerres mondiales et conflits contemporains, 2005, n° 219, p. 71-86.

29 La question des rapports avec les soldats américains à Brest, Saint-Nazaire ou Nantes a donné lieu à de multiples publications, la plus récente étant l’article de NOUAILHAT,Yves-Henri, « Soldats américains et civils français dans la région de la Basse-Loire pendant la Première guerre mondiale », ABPO, 2002, 109, 4, p. 177- 190.

30 CRONIER,Emmanuelle, L’échappée belle. Permissions et permissionnaires à Paris durant la Première Guerre mondiale, Paris Belin, à paraître. Voir aussi, de la même, « Permissions et permissionnaires pendant la Première Guerre mondiale », in BECKER, Jean-Jacques, AUDOIN-ROUZEAU, Stéphane (dir.), Encyclopédie de la Grande Guerre, Paris, Bayard, 2004, p. 591-599 et « Les permissions (anticipation, expérience et remémoration), un ressort du moral combattant français », in CAZALS,Rémy, PICARD,Emmanuelle et ROLLAND,Denis (dir.), La Grande Guerre. Pratiques et expériences, Toulouse, Privat, 2005, p. 301-310.

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partie des catégories les mieux étudiées en Bretagne31. Des ego-documents attendent cependant encore une étude plus fine.

Sur tous ces points, à défaut de synthèses sans doute encore prématurées, des études de cas, des monographies dûment problématisées seront les bienvenues.

31 Outre la thèse, malheureusement non publiée, de RICHARD, Ronan, La nation, la guerre et l’exilé.

Représentations, politiques et pratiques à l'égard des réfugiés, des internés et des prisonniers de guerre dans l'Ouest de la France durant la Première guerre mondiale, Université de Rennes 2, thèse d’histoire, dact., 2004 retenons, du même, « "Etrangers" et "indésirables" en temps de guerre : représentations, politiques et pratiques à l'égard des populations nouvelles dans l'Ouest de la France en 1914-1918 », ABPO, 2002, 109, 4, p. 147-161.

Voir aussi l’étude de GRANDHOMME,Jean-Noël, « Internment Camps for German Civilians in Finistère, France (1914-1919) », The Historian, 2006, 68, 4, p. 792-810. Les réfugiés ont quant à eux été étudiés par LE ROCH, Christophe, Les réfugiés de Loire-Atlantique de 1914 à 1919, Mémoire de maîtrise, Nantes, 1974 et LEFEBVRE, Luc, L'accueil en Ille-et-Vilaine des réfugiés belges et français des départements envahis ou évacués de 1914 à 1921, Mémoire de maîtrise, Rennes 2, 2000 et CHOUAT, Romain, « L’accueil des réfugiés dans le pays de Loudéac en 1917-1918 », Mémoires du pays de Loudéac, HS n°2, 1995, p. 20-24.

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Axe 3. Les lendemains de guerre bretons

1. Sorties de guerre en Bretagne

Les « sorties de guerre » – celles des combattants, des civils – ont fait l’objet de renouvellements historiographiques récents particulièrement importants32. Si de trop rares études portent spécifiquement sur la Bretagne33, la situation bretonne est éclairée par le travail de B. Cabanes qui a dépouillé une partie de la presse locale du Morbihan et d’Ille-et-Vilaine.

Il n’en reste pas moins que nombre d’aspects demanderaient à être étudiés de manière plus poussée :

a. La question de la démobilisation des combattants, à l’échelle individuelle notamment, reste mal connue dans le cas de la Bretagne. La réinsertion des hommes dans le tissu social et économique local demanderait à être questionnée. Les sources judiciaires – à commencer par les fonds des tribunaux correctionnels et des justices de paix –, les faits divers évoqués par la presse pourraient apporter de nouveaux éclairages sur ce point.

b. Le retour des régiments dans « leur » ville a donné lieu à quelques pages particulièrement éclairantes de B. Cabanes dans le cas de Rennes, Vitré, Dinan, Saint-Malo ou Lorient notamment. L’étude demande à être systématisée, à être étendue aux Côtes-du-Nord et au Finistère, à croiser les rares ego-documents évoquant l’année 1919 en Bretagne avec les sources plus communes (articles de presse, délibérations municipales etc.). En ce domaine comme en d’autres, l’exploitation plus complète des livres de paroisse, souvent très précis, reste à faire.

c. Alors qu’il constitue une question centrale pour les autorités et la population en 1945, le retour des prisonniers est rarement décrit dans le cas de la Grande Guerre : de manière significative, les anciens prisonniers eux- mêmes, à l’instar du lieutenant Paul Cocho, du 74e RIT de Saint-Brieuc, taisent ce retour dans leur récit34. Au-delà des conditions de rapatriement, c’est bien évidemment la question de la réinsertion de ces prisonniers dans la société qui se pose, et notamment pour les plus anciens d’entre eux, ceux capturés en 1914 et qui ont ainsi assez largement échappé aux tranchées…

tout en ayant connu les combats les plus meurtriers du premier été du conflit.

d. Le retour des corps – de certains corps – dans la commune d’origine des combattants décédés ne semble pas avoir été étudié dans le cas de la Bretagne. Si les questions qui se posent en ce domaine ne sont, pour une large part, en rien propre à la région, il conviendra sans doute de

32 CABANES,Bruno, La victoire endeuillée. La sortie de guerre des soldats français (1918-1920), Paris, Seuil, 2004 ; CABANES,Bruno et PICKETTY,Guillaume (dir.), Retour à l’intime au sortir de la guerre, Paris, Tallandier, 2009 ;AUDOIN-ROUZEAU,Stéphane et PROCHASSON,Christophe (dir.), Sortir de la Grande Guerre. Le monde et l’après-1918, Paris, Tallandier, 2008.

33 Voir par exemple DANIEL, Caroline, La vie quotidienne à Rennes et en Ille-et-Vilaine de juillet 1918 à juin 1919, Mémoire de maîtrise, Rennes 2, 1980 et BREHERET, Ulrich, Novembre 1918-novembre 1919 : le patriotisme français et la victoire en Loire-Inférieure, Mémoire de maîtrise, UCO, 1999.

34 COCHO, Paul, Mes carnets de guerre et de prisonnier, 1914-1919, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.

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s’interroger si les rapports particuliers à la mort entretenus par nombre de Bretons n’impliquent pas ici des pratiques spécifiques.

e. La réadaptation de l’économie bretonne au lendemain de la guerre n’a guère fait l’objet d’études spécifiques. Si l’on sait combien souffrent certains ports, tels ceux de Saint-Malo ou Saint-Nazaire – dont le trafic passe de 3,7 millions de tonnes en 1918 à 1,1 en 1926 et 400 000 tonnes en 1934 ! –, la reconversion des industries de guerre est mal connue. L’on n’en sait guère plus sur les effets sur l’agriculture de la fin du conflit : tout autant que les conséquences du retour de la main d’œuvre masculine, ce sont les effets de l’introduction de nouvelles techniques inspirées de ce que certains soldats-paysans ont pu observer lors de leur captivité en Allemagne ou en traversant d’autres régions françaises qui pourront ici être éclairés.

2. La mémoire, entre civils et combattants

La mémoire de la Grande Guerre est l’un des aspects sans doute les plus étudiés en Bretagne. Abordée principalement à travers l’étude des monuments aux morts érigés dans l’immédiat après-guerre – ceux de la région de Vitré, du Morbihan, des cantons de Rennes, de Pont-Croix, Pont-l'Abbé et Plogastel-Saint-Germain dans le Finistère35 etc. –, c’est sans doute sur les « enjeux » de cette mémoire « disputée » qu’il nous semble désormais falloir s’interroger. En ce domaine, les analyses de F. Le Moigne sur Sainte-Anne-d’Auray et de P.

Gourlay sur les monuments aux morts de Ploujean d’une part, la stimulante synthèse de D.

Guyvarc’h sur le mythe des 240 000 morts bretons et sa construction mémorielle nous semblent indiquer les pistes à suivre désormais36. Quelques thèmes permettant de saisir ces mémoires « concurrentes » voire « confrontées » seront privilégiés :

a. Les vitraux « patriotiques » mériteraient une étude parallèle à celle des monuments aux morts. L’on sait que ces derniers ont engendré une véritable « économie de la mémoire » : en est-il de même pour les vitraux ? L’initiative de ces transformations du décor des églises est, on l’imagine, largement locale. Quel regard y portent cependant les autorités religieuses, notamment diocésaines ? Tous les évêques bretons adoptent-ils, en ce domaine, une attitude similaire ? Nous n’en savons rien. De manière plus générale, ces vitraux diffusent-ils un message mémoriel redondant, concurrent ou complémentaire à celui des monuments ? L’image du poilu et de son sacrifice en est-elle confortée ou troublée ? Les quelques

35 Dans la longue liste des mémoires sur ce sujet, retenons, de manière arbitraire, COULON, Jean-Yves, La statuaire commémorative des monuments aux morts de la Première Guerre mondiale en Ille-et-Vilaine, Université de Rennes 2, mémoire de DEA, dact., 1991 et LE GALL,Laurent, Les monuments aux morts de la guerre 1914-1918. Etude sur trois cantons du sud-ouest du Finistère, Université de Brest, mémoire de maîtrise, 1988, ou encore l’article de CARRE,Bernard et MEVELLEC,Annick, « Les monuments aux morts des Côtes d’Armor : contribution à l’histoire de leur érection », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 2009, p. 309-357.

36 LE MOIGNE,Frédéric, « Le mémorial régional de la Grande Guerre de Sainte-Anne-d’Auray. Monument de la commémoration de masse catholique (1921-1937) », ABPO, 2006-4, p. 48-76 ; GOURLAY,Patrick, « Un exemple de mémoire “disputée” : les deux monuments aux morts de Ploujean », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 2002-1, p. 129-145 ; GUYVARCH, Didier, « La mémoire bretonne de 1914-1918 », Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine, 2010, 114, p. 219-235.

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publications bretonnes sur ce point, purement descriptives, ne permettent guère de conclure pour l’instant37.

b. L’odonymie bretonne reste un domaine peu étudié. Deux types d’approches permettraient sans doute de mieux saisir l’impact de la Grande Guerre en la matière. Ainsi, tout d’abord, de l’évolution des noms de rue durant le conflit lui-même et, plus encore peut-être, dans l’immédiat après-guerre : quels noms retient-on par exemple dans les villes bretonnes des années 1919-1930 ? La mémoire de la guerre est-elle d’emblée présente et, si oui, sous quelle forme ? Par ailleurs, seconde approche, peut-on mesurer, à l’échelle cette fois du siècle séparant 1914 de 2014, les principales scansions de la diffusion d’une odonymie renvoyant à la Grande Guerre ? Quelle mémoire ces noms de rue véhiculent-ils ? Peut-on saisir de nettes différences entre villes de traditions politiques ou religieuses différentes ? Les questions sont nombreuses, et concernent d’ailleurs aussi les éventuelles évolutions négatives de cette odonymie : des rues « général Philippe Pétain » étaient-elles apparues avant 1940 ? Que deviennent-elles après 1944-1945 ?

c. Les conditions d’érection des monuments « bretons » situés hors de Bretagne – l’on pense ici, par exemple, à ceux de Maissin ou de Boesinghe en Belgique, mais aussi à la plaque de la galerie de la cour d’honneur des Invalides, la seule plaque « régionale » – n’ont pas été étudiées pour elles- mêmes. Elles le méritent pourtant, indéniablement.

d. Ces monuments sont bien évidemment érigés bien moins à destination des gens du cru qu’à celle des anciens combattants bretons, de leurs familles, de celles des morts et des disparus. L’on ne sait rien ou presque du

« tourisme des champs de bataille » des Bretons après-guerre : le

« pèlerinage » à Verdun, au Chemin des Dames ou à Charleroi, individuel, familial mais aussi associatif, les commémorations organisées sur place à l’occasion des anniversaires successifs restent méconnues.

e. Les anciens combattants, au cœur de la thèse devenue classique d’A. Prost, n’ont été qu’inégalement étudiés dans le cas de la Bretagne38. Le dépôt récent des archives de certaines associations devrait permettre de compléter nos connaissances, de mieux saisir les rivalités entre UNC, conservatrice et majoritaire en Bretagne, UFAC, proche des radicaux, et ARAC, proche des communistes. La réalité de ces associations d’anciens combattants est cependant plus large encore, combinant ces fédérations nationales à des associations régimentaires tout aussi actives dans la défense des « intérêts matériels et moraux » individuels ou collectifs de leurs membres que dans celle de la mémoire de leurs combats. Les anciens du 19e RI œuvrent par exemple à la collecte des informations perdues en même temps que les JMO de l’unité lors de l’offensive allemande du 27 mai 1918 sur le Chemin des Dames. Les territoriaux de la 87e DT disputent encore au 418e RI, à

37 GALESNE, Norbert, Les vitraux patriotiques en Ille-et-Vilaine, Rennes, éd. P’tit Louis, 2008 et GALESNE, Norbert, Les vitraux patriotiques en Côtes-d’Armor, Rennes, éd. P’tit Louis, 2009.

38 PROST,Antoine, Les anciens combattants et la société française, 1914-1939, Paris, Presses de la FNSP, 1977 et, sur la Loire-Inférieure en particulier, BOUCAULT, Pascal, Les anciens combattants à Nantes durant l'entre- deux-guerres (1919-1939), Mémoire de maîtrise, Nantes, 2001.

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l’automne 1928, « l’honneur » d’avoir été les premiers gazés. En 1955, 40 ans après les faits, des anciens des 19e et 118e RI protestent auprès de Ouest-France après la publication d’un article dénigrant leur rôle afin de mieux mettre en avant l’action du colonel Desgrées-du-Lou à la tête du 65e RI lors de l’attaque du 25 septembre 1915. Ces associations œuvrent aussi – pour certaines au moins – à la réhabilitation de « fusillés pour l’exemple », à l’instar de l’UFAC des Côtes-du-Nord dont l’action conduit à réhabiliter François Laurent en décembre 1933. Ce sont tous ces

« combats » d’après-guerre que nous voudrions aussi mettre en lumière.

f. Les structures d’aide aux anciens soldats, et notamment en faveur des blessés et mutilés, se développent en Bretagne comme ailleurs. L’action de l’Office des mutilés et réformés, pupilles et combattants y est tout aussi mal connue qu’ailleurs en France. La question des écoles de reconversion professionnelle, à l’instar de l’école Jean-Janvier à Rennes, reste peu abordée et mériterait indéniablement que l’on s’y penche.

3. La mémoire : la guerre, un « trauma » ?

a. La mémoire est, très vite, portée en Bretagne comme ailleurs par les

« monuments de papier » que sont les historiques régimentaires mais aussi les livres d’or. Les premiers, bien étudiés dans le cas du Canada, ne semblent guère l’avoir été pour eux-mêmes en France : quand sont-ils publiés ? par qui ? qui en sont les « commanditaires », les rédacteurs ? quelle en est/sont la/les réceptions ? Ces questions restent assez largement sans réponses dans le cas de la Bretagne. Quant aux livres d’or, s’ils ont été largement utilisés pour les listes qu’ils fournissent, rares sont les historiens qui y ont traqué le discours mémoriel que véhiculent ces publications. Dans un cas comme dans l’autre donc, c’est bien ce que disent ces documents de la mémoire de la Grande Guerre, souvent au lendemain même du conflit, que nous voudrions voir étudié.

b. Au-delà de l’œuvre de quelques grands sculpteurs qui se font des monuments aux morts une spécialité dans les années 1920, à commencer par Quillivic, c’est sur le poids de la guerre dans la création des artistes bretons – et notamment des artistes anciens combattants – qu’il nous semble falloir interroger. Le cas du peintre Jean-Julien Lemordant est sans doute le plus emblématique, même s’il reste bien moins connu que celui de Mathurin Méheut39. Quant à l’écrivain Louis Guilloux, il a fait l’objet d’une étude de N. Beaupré40. Il reste cependant beaucoup à dire sur nombre de leurs contemporains.

On le voit : c’est sur les « recompositions » de la société bretonne – ou, selon le point de vue, sa « déstabilisation » par la guerre… – qu’il nous semble falloir s’interroger ici. Les

39 JUDE, Elizabeth et JUDE, Patrick, Mathurin Méheut, 1914-1918. Des ennemis si proches, Rennes, Ouest- France, 2001.

40 BEAUPRE, Nicolas, « Louis Guilloux et la Première Guerre mondiale », Guerres mondiales et conflits contemporains, 1994, n° 175, p. 3-19.

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recompositions politiques de l’entre-deux-guerres ont été bien éclairées par les travaux, entre autres, de J. Sainclivier sur l’Ille-et-Vilaine, C. Bougeard sur les Côtes-du-Nord, de D.

Bensoussan sur la droite catholique bretonne41 etc. Il en va de même du second emsav et de la

« question régionale », qui mériteraient cependant d’être étudiés dans cette perspective particulière. D’autres chercheurs ont insisté sur les recompositions religieuses, à l’instar de F.

Le Moigne qui mesure les effets de la guerre au sein de l’épiscopat breton. Y. Lambert a noté, à Limerzel, l’irruption de toute une série de changements dans la société rurale vers 1920, apparemment anodins mais ô combien révélateurs, de l’abandon de la coiffe par les femmes à l’adoption de robes de mariées blanches42. Tout ces changements – « ce monde qui s’en va » selon l’expression de M. Lagrée – demandent à être éclairés et, plus encore peut-être, mis en relation.

D’une façon générale – et pour autant que les sources utilisées le permettent –, on s’efforcera de replacer le cas de la Bretagne dans le contexte plus global de la France et/ou de l’Europe des années 1914-2014, afin de mieux faire ressortir à la fois les spécificités et/ou la banalité du cas breton.

41 La question d’un modèle breton de sortie de l’Union Sacrée – si tant est qu’elle ait jamais existée ici – est notamment ouvertement posée par BENSOUSSAN, David, Combats pour une Bretagne catholique et rurale. Les droites bretonnes dans l’entre-deux-guerres, Paris, Fayard, 2006. Voir aussi SAINCLIVIER, Jacqueline, L’Ille-et- Vilaine, 1918-1958. Vie politique et sociale, Rennes, PUR, 1996 et BOUGEARD, Christian, Le choc de la guerre dans un département breton. Les Côtes-du-Nord des années 1920 aux années 1950, Thèse, dact., Rennes 2, 1985.

42 LAMBERT,Yves, Dieu change en Bretagne. La religion à Limerzel de 1900 à nos jours, Paris, CERF, 1985.

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Le colloque : aspects pratiques

Comité d’organisation :

Mickaël BOURLET (CREC,Ecoles de Coëtquidan) Yann LAGADEC (CERHIO-UMR6258)

Erwan LE GALL

Date du colloque : 14-15 mai 2014

NB : une 5e demi-journée pourrait avoir lieu le 16 mai si le nombre – et la qualité – des propositions de communication l’imposent.

Lieux du colloque : Ecoles de Saint-Cyr-Coëtquidan, Guer (56) et Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, Rennes (35)

Forme des propositions de communication : texte de 2 à 3 000 signes

Date limite de soumission des propositions de communication : 15 septembre 2013

Contacts :

yann.lagadec@univ-rennes2.fr legallerwan@ymail.com

michael.bourlet@st-cyr.terre-net.defense.gouv.fr

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