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A Tristesse à Sérignan

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Academic year: 2022

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A

vignon (dép. part.). - J.-H.

Fabre est très malade. J.-H.

est mourant. Cette nouvelle s’est répandue hier dans Avignon et la région. Demain, dans le monde entier, elle attristera les admirateurs du grand savant. Finis maintenant les émouvants colloques avec ses insectes. Fabre a cessé de conver- ser avec ses bêtes et il ne s’inté- resse plus à ses plantes. Depuis de longs mois déjà, tout perclus de ses membres et presque incapable de se mouvoir, il n’a pas remis les pieds dans son « harmas » et là-haut le petit laboratoire ne résonne plus du bruit rythmé de ses pas.

Je suis allé à Sérignan. J’ai vu l’harmas de l’illustre vieillard, par une pluie battante. Le bon mage qui savait le langage des bestioles innombrables des champs repose, à bout de souffl e. Le docteur Gou- bert, d’Orange, qui a remplacé à son chevet son ami, médecin et his- toriographe, le docteur Legros, élu

Le centenaire de la mort de Jean-Henri Fabre (1823-1915) a donné lieu cette année à de nombreuses commémorations dans le Monde. Nous tenions à lui rendre un nouvel hommage ici, en évoquant pour une fois la période qui précéda sa disparition le 11 octobre 1915. Dans les dernières années de sa vie, Fabre est malade et diminué, un peu oublié aussi, malgré les homma- ges que lui rendent ses contemporains jusqu’au plus haut niveau de la Na- tion. Parmi quelques documents d’époque que nous avons retrouvés, voici un article1 de 1914 dont le titre nous semble résumer parfaitement l’émotion qui règne alors parmi les admirateurs du grand homme.

député de Blois, ne nous dissimule pas la gravité de son état : « Pas de mieux. État stationnaire. Le pouls bat faiblement. »

Dans la petite chambre aux ri- deaux d’indienne fanés, on n’entre pas, il est si faible ! Les trois fi lles du grand vieillard se partagent le soin de le veiller. Dans la maison calme, seul le vent hurle et la pluie crépite en rafales sur les carreaux.

Quelle tristesse, dans ce rustique laboratoire aux murs blanchis à la chaux, avec les collections des vi- trines en sapin verni, surchargées des cent vingt volumes du gigantes- que herbier, avec la grande table en noyer, les modestes appareils qui ont servis à tant de magni- fi ques expériences et grâce auxquels furent arrachés à la petite bête de si grands secrets ! L’harmas aussi est tout triste. Dans ce jardin, sauvage fouillis d’arbustes aux fortes essences, labo- ratoire en plein air où Fa- bre observait sous le ciel bleu, au chant des cigales, parmi le thym, la lavande et le romarin, il semble que tout bruit se soit arrêté.

Dans quelques jours, M. René Viviani, ministre de l’instruc- tion publique, doit inaugurer le monument de Fabre, par Fé- lix Charpentier, dans la cour de

l’école normale d’Avignon. De grandes fêtes sont organisées et le comité organisateur et la municipa- lité ont rivalisé de zèle pour les ren- dre exceptionnellement brillantes.

Mais Henri Fabre est très malade et l’on n’ose espérer un miracle. Il a quatre-vingt-quatorze ans. L’il- lustre vieillard achève silencieuse- ment sa vie dans cette même petite chambre dont on le fi t sortir il y a quelques mois pour recevoir l’acco- lade du Président de la République.

Ses pauvres yeux éblouis n’avaient pu que pleurer.

Henri Fabre est très malade, et dans son harmas, que j’ai parcouru attristé, on sent encore un peu de son âme errer dans le jardin. ■

Tristesse à Sérignan

Dans sa petite maison J.-H. Fabre agonise.

Le célèbre entomologiste a 94 ans.

1. Le Journal. Mercredi 27 mai 1914, n°7913. À lire aussi : Chez l’entomolo- giste J.-H. Fabre, en ligne à www7.inra.fr/

opie-insectes/be1913-2.htm

Jean-Henri Fabre, entre 1910 et 1915.

L’École Normale d’Instituteurs d’Avignon et la statue de Jean-Henri Fabre sur une carte postale d’époque.

IN S E C T E S

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