Innovation en dermatologie : il est temps de changer de mentalité !

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Innovation en dermatologie : il est temps de changer de mentalité !

GILLIET, Michel, BOEHNCKE, Wolf-Henning

GILLIET, Michel, BOEHNCKE, Wolf-Henning. Innovation en dermatologie : il est temps de changer de mentalité ! Revue médicale suisse , 2018, vol. 14, no. 600, p. 659-660

PMID : 29589651

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:126306

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ÉDITORIAL

WWW.REVMED.CH

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Innovation en dermatologie : il est temps de changer

de mentalité !

Prs MICHEL GILLIET et WOLF-HENNING BOEHNCKE L’innovation est au cœur des avancées en

médecine. Elle est définie comme le processus consistant à traduire des idées en produits (dont les thérapeutiques, les outils de diag­

nostic ou les appareils) pour améliorer la santé de nos patients ou améliorer le rapport coût­efficacité et la prestation de soins de santé. Une innovation réussie est une inno­

vation axée sur la résolution de problèmes. Elle commence par l’identification d’un problème ou d’un besoin non satisfait en médecine et se poursuit par la formulation d’une idée et d’un plan pour étudier ce problème, conduisant finalement au déve­

loppement de solutions. Le succès

d’une innovation axée sur les problèmes re­

pose donc largement sur les cliniciens, qui définiront les problèmes rencontrés lors de leur pratique médicale.

Malheureusement, l’innovation axée sur la résolution de problèmes est restée en deçà des attentes et a été supplantée par une inno­

vation axée sur la technologie, qui débute avec un nouvel outil, suivi de tentatives pour déterminer comment on peut l’appliquer en médecine. Ce type d’approche est nettement moins efficace parce qu’il ne rentre pas au cœur des problèmes et n’aborde pas la nature des besoins non satisfaits. Selon une nou­

velle étude, le pourcentage de cliniciens qui travaillent avec une innovation biomédicale axée sur la résolution de problèmes a dimi­

nué depuis les 30 dernières années. Certains attribuent cette observation au fait que les cliniciens réalisent plus de tâches adminis­

tratives et prennent en charge davantage de patients. D’autres pensent que le déclin est dû au fait que les cliniciens sont intimidés par l’émergence d’outils de recherche com­

plexes. En fait, la recherche et le savoir­faire sont devenus plus complexes au point que certains cliniciens en sont arrivés à croire qu’ils n’ont pas la formation ou les connaissances nécessaires pour s’engager dans une recher che axée sur la résolution de problèmes. Les cli­

niciens peuvent également manquer d’oppor­

tunités à explorer les manières de résoudre les problèmes, ils manquent de contacts avec des chercheurs ou des experts en technologie qui écoutent leurs problèmes. Les laboratoires de recherche, de l’autre côté, igno rent ce que sont les problèmes cliniques qui restent à régler, et leurs découvertes manquent alors d’innovation. Le futur de l’innovation médicale est donc en péril si nous ne trouvons pas une manière d’augmenter l’engagement des cliniciens dans la recherche axée sur la résolution de pro­

blèmes et de les encourager à interagir avec les scientifiques et les experts en technologie.

Une initiative intéressante a été développée par le Service de dermatologie du Massachu­

setts General Hospital (MGH) à Boston.1 On a donné à tous les médecins du service une baguette magique à porter dans leur poche et on leur a dit de la sortir dès qu’ils rencontrent un problème dans leur pratique médicale. On leur a ensuite demandé de noter les pro­

blèmes et d’en parler lors d’un groupe de discussion en fin de journée en fournissant des solutions pratiques potentielles. De façon intéressante, 50 % des problèmes identifiés pouvaient être résolus lors de la discussion de groupe, alors que les 50 % restants étaient analysés pour identifier quels étaient les obstacles qui empêchaient de trouver une solution ainsi que les stratégies possibles pour les résoudre. L’étape suivante a été de Articles publiés

sous la direction de

MICHEL GILLIET Service de dermatologie et vénérologie, CHUV, Lausanne

WOLF-HENNING BOEHNCKE Service de dermatologie et vénéréologie, HUG, Genève Département de

pathologie et immunologie, Université de Genève

UNE INNOVATION RÉUSSIE EST UNE

INNOVATION AXÉE SUR LA RÉSOLUTION DE

PROBLÈMES

Bibliographie 1

Garibyan L, Anderson RR. Increasing clinical faculty engagement in problem-driven research : The « Magic Wand » Initiative at Massachusetts General Hospital. JAMA Der ma tol 2017;153:375-6.

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former des binômes entre les cliniciens qui avaient défini un problème et un petit groupe ciblé de chercheurs, d’experts en technologie et de dirigeants d’industrie qui pouvaient con­

cevoir un plan pour résoudre le problème.

Les médecins du service avaient également l’opportunité d’effectuer des stages externes dans des compagnies pharmaceutiques pour apprendre comment les idées pouvaient être traduites en produits. Ce programme s’est avéré très fructueux et a littéralement changé la mentalité des médecins du MGH, en les motivant à s’engager dans l’innovation axée sur la résolution de problèmes et même à mener une carrière entrepreneuriale.

Mais comment promouvoir de tels change­

ments sous nos latitudes ? En tant que clini­

ciens, nous devons réaliser que de nombreux problèmes cliniques, auxquels nous sommes confrontés quotidiennement, peuvent être résolus par des solutions innovantes. Ces solutions ne viendront pas des autres, nous sommes la force motrice de ce processus puisque que nous sommes ceux qui identi­

fient correctement les problèmes et pouvons donc contacter les bonnes personnes pour les résoudre. Cela exigera un changement de mentalité, mais c’est la seule manière de favoriser l’innovation dans les années à venir.

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