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a perspective, déjà abordée dans la Revue médicale suisse en septembre 2009,1,2 des modifications des règles de financement et des forfaits liés aux prestations, prévue dès 2012 par la LAMal, exerce une pression considérable sur les institutions psychiatriques. En tout cas sur celles qui en perçoivent déjà les enjeux.
A vrai dire personne ne sait trop comment anticiper et comment effica
cement se coordonner sur le plan national, tant nos structures et nos mo
dèles d’organisation diffèrent entre cantons.
En mars 2010, le postulat Staehlin, conseiller aux Etats PDC argovien, con
cernant l’avenir de la psychiatrie, a pré
cipité le trouble en Suisse alémanique.
Il demande un rapport au Conseil fé
déral sur la limitation des durées de séjour et coûts hospitaliers, une tran
sition «managée» vers l’ambulatoire, un système de financement moniste et une réévaluation des «cas» dépendant des autorités de justice ou de l’AI. Nos sages ont refusé ce postulat en rai
son des nombreuses initiatives déjà en cours, mais certains craignent que ce texte constitue le credo des politiques pour l’organisation intégrée des soins à l’avenir.
En Suisse romande, nous pouvons nous sentir relativement plus à l’aise, car la coordination hospitaloambulatoire et les soins communau
taires sont déjà largement présents ; nous avons d’ailleurs créé une plate
forme latine pour partager les questions de financement, mais aussi celles du recrutement, de la formation et de la relève.
Enfin, nous avons des représentants actifs dans les différentes com
missions faîtières suisses. Le défi reste de taille puisqu’il s’agit de plani
fier l’ensemble du champ de la santé mentale selon les exigences de la LAMal : déterminer les besoins de la population, adapter les pratiques et les instruments pour y répondre et évaluer l’efficience.
L’ensemble du processus vise à l’établissement d’une gouvernance institutionnelle et clinique ; tous nos services devraient travailler à la qua
lité et à la continuité des soins centrés sur le patient, à l’anticipation des besoins, à la modélisation et à la traçabilité des prestations, la gestion des risques, le retour sur les résultats et l’allocation de moyens qui en dé
coule. Espérons que nous serons prêts pour affronter 2012.
Espérons aussi que nous ne nous retrouverons pas, comme les entre
prises et les laboratoires de recherche, pris dans le piège de la compéti
tion pour ellemême entre institutions, de l’obligation de productivité pour rester dans la course selon un benchmarking généralisé plutôt que pour améliorer la qualité des soins, comme le proposent les passionnants articles sur la psychothérapie de ce numéro. C’est peutêtre bien la dispa
rition de la finalité au profit de la dictature des moyens qui risque d’être la vraie victoire de la LAMal.
Avenir de la psychiatrie :
dictature des moyens ?
«… Espérons que nous ne nous retrouverons pas pris dans le piège de la compé- tition pour elle-même entre institutions …»
éditorial
Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 22 septembre 2010 1747
Bibliographie
1 Bonsack C, et al. Processus intégratifs et gouvernance clinique dans la psychiatrie institu- tionnelle. Rev Med Suisse 2009;5:1822-5.
2 Bonvin E, et al. Psychiatrie sous double con trainte, enjeux de la planification en santé mentale. Rev Med Suisse 2009;5:1837-41.
Editorial
P. Guex
Patrice Guex
Chef de département Département de psychiatrie CHUV, Lausanne
Panteleimon Giannakopoulos
Chef de département Département de psychiatrie HUG, Genève
Articles publiés
sous la direction des professeurs
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