R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
H. C. T IPPETT
Quelques plans d’expérience réalisés dans l’industrie textile
Revue de statistique appliquée, tome 11, n
o1 (1963), p. 77-86
<
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77
QUELQUES PLANS D’EXPÉRIENCE RÉALISÉS
DANS L’INDUSTRIE TEXTILE (1)
H.C. TIPPETT
Il est de nos
jours
communément admis que laplanification
desexpé-
riences fait intervenir
beaucoup plus
d’élémentsqu’il n’apparaît
dans la lit- tératurestatistique : répétitions - "confounding" - analyse
de la variance -plans factoriels,
etc. Celuiqui organise l’expérience,
etqui
est souvent unstatisticien,
doit tenircompte
de l’ensemble des conditionsexpérimentales ,
et cela
implique
des considérations de natureextra-statistique.
Celles-cin’ont pas encore été
érigées
en unsystème susceptible
des’apprendre
dansun
livre,
de telle sorte quel’ingénieur chargé
des étudesdoit,
dans une cer-taine mesure,
s’appuyer
sur sa propreexpérience
et sur celles des autres chercheurs. Sans doute bon nombre de ces considérations seront unjour systématisées,
maisjusque
là il estprofitable
d’étudier descomptes-rendus
de cas
particuliers d’essai,
pour tirer desenseignements
del’expérience
d’autrui.
C’est en contribution à de telles
études,
queje
me propose de décrire deux groupesimportants
d’essais réalisés dans l’industrie textileBritannique .
LE CONTEXTE
TECHNIQUE -
Tout
d’abord, permettez-moi
de décrire les conditionstechniques
rela-tives au
premier
groupe d’essais.Le tissu est tissé en
pièces
degrande longueur (environ
100mètres) ,
la
largeur pouvant
varier de moins d’un mètre àplusieurs
mètres(rare-
ment
plus
de troismètres),
suivantl’usage auquel
il est destiné.Le fil
longitudinal s’appelle "fil
dechaîne",
le fil transversal est le"fil
detrame".
Le fil de chaîne est amené au métier à tisser sous forme de nappecomposée
deplusieurs
milliers de fils de milleyards
delongueur
enroulés
parallèlement
sur uncylindre.
Cette nappe constitue la"chaîne" . Lorsque
les fils constituant la chaîne se déroulent côte à côte sur le métier àtisser,
le fil de trame estdisposé
entravers,
tantôt au-dessus de certains fils dechaîne,
tantôt au-dessous d’autres fils de chaîne : cetteopé-
ration est le propre du
tissage
et elleproduit
le tissu.(1) Communication présentée au Séminaire sur les applications industrielles de la Statis-
tique - Paris - Septembre 1961.
Revue de Statistique Appliquée. 1963 - Vol. XI - N’ 1
Pendant le
tissage,
des fils de chaîne serompent parfois et,
l’une despréoccupations
du technicien est de réduire le"taux
derupture"
desfils .
Un taux de
rupture
élevé -spécialement
pour des fils de chaîne -augmente
les difficultés et le coût du
travail,
diminue le rendement et amoindrit laqualité
du tissu.Afin de réduire le taux de
rupture
des fils dechaîne,
on passe cesderniers,
avant letissage,
dans un bain de colle : cetteopération s’appelle
"l’encollage".
Le baind’encollage
se composeprincipalement
d’amidonliqui-
de
(ou
autreadhésif) qui, lorsqu’il sèche,
laisse sur le fil un revêtement des- tiné à leprotéger
au cours de son passage sur le métier àtisser.
Un lot de 10 à 20
chaînes, provenant
d’une même livraison defil,
est encolléquotidiennement
avec ununique
baind’encollage.
Les essais
qui
vont être décrits ont pourobjet
de déterminer la for- mule de colle la mieuxadaptée
à un fil donné. Parl’expérience acquise (d’une façon
nonsystématique)
aulong
desannées,
et aussi par des essaissystématiques (parfois
insuffisamment élaborés dupoint
de vuestatistique) ,
on connaît de nombreuses
propriétés
concernant les mérites des différentes colles pour divers genres de fils de chaîne.Mais des essais sont encore nécessaires afin de déterminer :
- les meilleures conditions pour certaines
filatures, compte-tenu
de leursparticularités ;
- les bains
d’encollage
convenant à des fils de chaîne de fibres nouvellesqui apparaissent
detemps
entemps.
Des essais
d’encollage
et detissage
sont réalisés dans les ateliers de l’InstitutShirley,
où les conditionspeuvent
être biencontrôlées,
où une sur-veillance étroite est
assurée,
et où l’on n’a pas à tenircompte
desexigences
de la
production.
Ces essais fontpartie
d’un programme de recherches et les résultats ne sont pasjugés
en fonction de leursapplications pratiques immédiates,
mais pour leur contribution auprogrès
des connaissancesgéné-
rales.
Les essais
qui
vont être décrits sont de naturedifférente.
Ils sont réalisés dans ’des filatures et ont dû être effectués sansperturber
la pro- duction : les résultats ont pour but de donner à la direction desenseigne-
ments immédiats.
LES FACTEURS -
La
question posée
àl’expérimentateur
est souvent énoncée defaçon
très vague ; par
exemple :
-
"Quelle
est la meilleurecomposition
de colle pour tel fil dechaîne 9 "
-
"Est-ce
que ce nouveaucomposant
de baind’encollage donne
demeilleurs résultats que celui actuellement
utilisé ?".
Il convient de poser le
problème
sous une formeplus précise.
Unepremière étape
consiste à dresser la liste des données variables ou"facteurs"
dont le rôle
peut
êtreimportant.
Ainsi nous mettrons sur cette liste :- les
composants
du baind’encollage,
- la
quatité d’apprêt (colle)
sur les fils dechaîne,
79
- l’humidité relative de la salle de
tissage,
- le
réglage
du métier àtisser,
- les
particularités
dutissu,
- la
qualité
du fil.Parmi tous ces
facteurs,
seuls les deuxpremiers
relèventapparamment
de la
question principale,
mais touscependant
doivent êtrepris
en considé- ration. On sait que l’humidité relative de la salle detissage agit
sur le tauxde
rupture
des fils de chaîneet,
il estpossible
que la meilleure formule de colle soit remise enquestion
pour une humidité relativedifférente,
ou - enlangage statistique - qu’il
existe une interaction entre lacomposition
de lacolle et l’humidité relative.
De
même,
il estpossible
que letype
de colleprésente
une interactionavec le
réglage
du métier à tisser(facteur complexe comprenant
la tension du fil dechaîne,
lecalage
des élémentsmécaniques
ducycle
detissage , etc. ),
avec lesparticularités
du tissu(nature
et finesse dufil, espacement
entre les
fils, procédé
detissage)
etenfin,
avec laqualité
dufil.
Tout facteur
susceptible
deprésenter
des interactions avec les facteurs lesplus importants
devrait êtreconsidéré, mais,
si cela est fait conscien-cieusement,
la liste de tous ces facteursrisque
d’être d’unelongueur
rédhi-bitoire. C’est
pourquoi
il convient de la réduire à des dimensions raisonna-bles ;
la liste ci-dessus n’est pasexhaustive,
mais elle contient les facteurs essentiels et salongueur
est suffisante pour les besoins de notreexposé.
Ensuite il faut choisir les facteurs à inclure dans
l’essai,
car on pour- rait être conduit à un nombrepratiquement
irréalisable de traitements - enappelant
ainsi les combinaisons de variantes des facteursexpérimentalement
réalisés.Chaque
fil de chaîne conduit à une observation surlaquelle peut
être déterminée la valeur d’un
type d’encollage,
mais évidemment avec unegrande
marged’erreur,
de sortequ’il
faut soumettreplusieurs
fils de chaîneau même traitement.
Si l’on considère que seulement 10 à 20
"chaînes" peuvent
êtrequoti-
diennement
encollées,
on voit que les traitements nepeuvent
pas être très nombreux. Lescomposants
de la colle et leursproportions respectives
ontune
importante
interaction et doivent être inclus dans l’essai. Les autres facteurs sontgénéralement
exclus del’essai,
bien que l’onpuisse
en tenircompte
dans une série d’essais.SPECIFICATION DES FACTEURS INCLUS -
L’étape
suivante consiste àspécifier
les facteurs inclus. Les compo- sants d’un baind’encollage
sontgénéralement
des adhésifs(par exemple
del’amidon naturel ou
modifié,
de l’alcoolpolyvinylique,
ou une combinaison de deux ouplusieurs
de cescorps),
et un lubrifiant(souvent
dusuif),
laproportion
entre le lubrifiant et l’adhésif étantdéfinie.
Là nous trouvons ungrand
nombre depossibilités quant
aux variables et l’on doitopérer
une sé-lection. Une
expérience généralement
utile consiste à comparer deux adhé-sifs,
le lubrifiant étant considéré comme une variableexclue,
que l’on con- serve constante en nature et enproportion.
Des essais réalisés à l’Institut
Shirley
ont montré quesi,
pour une certainecolle,
le taux derupture
des fils de chaîne estporté
enordonnées ,
les
quantités
de collefigurant
enabscisses,
lespoints
s’ordonnent suivantRevue de Statistique Appliquée. 1963 - Vol. XI - N’ 1
une courbe
légèrement
convexe vers l’axe desquantités.
Il existe donc unequantité optimale
decolle,
et ils’agit
de déterminer le taux derupture
cor-respondant
pourchaque type
de colle. L’intervalle entre lesquantités
extrêmesfigurant
dans l’essai devra contenir laquantité optimale.
Si des essais anté- rieurs(par exemple,
dans d’autresfilatures)
ont eu lieu avec des filsquelque
peu
similaires,
ainsiqu’avec
des tissus et des collessemblables,
un inter-valle étroit de variation pour les
quantités
de colle estsuffisant ;
dans lecas
contraire,
la série devra être suffisamment étendue pourqu’à
ses extrê- mités les fils aient des taux derupture
élevés. Il y a une limite que les directeurs de filaturestolèrent,
c’estpourquoi
le choix doit être fait avecsoin.
La
quantité
de colledéposée
sur les fils de chaîne nepeut
être con-trôlée avec une
grande précision ;
elle doit donc être déterminée ultérieu- rement paranalyse.
Ceci relève alors del’analyse
des résultats.FACTEURS EXCLUS -
Que
doit-on faire d’un facteur exclu ? En gros, onpeut,
soit lui assi- gner un niveau constantjugé optimum, qui peut
être différent pourchaque
niveau des facteurs inclus
(si
nous avons l’informationnécessaire),
soit luipermettre
de varierplus
ou moins auhasard,
en s’en remettant àl’analyse
finale pour l’évaluation des erreurs résultantes.Dans ses
grandes lignes,
l’essai devraits’adapter
aux conditions de la filature en cequi
concerne les facteurs exclus ; alors les résultatspeuvent
être
appliqués
avec confiance auprocédé
deproduction
de la filature. Maisdes difficultés
surgissent.
Par
exemple,
si l’humidité relative n’est pas contrôlée : elle varieavec la saison
et,
un essai effectué enété, peut
neplus
être valable pour laproduction
en hiver.La
proportion
de lubrifiant du baind’encollage
est une variableexclue ,
et l’état actuel des connaissances est tel que le technicien décidera de la maintenir constante. Mais que
signifie "constante" ? -
Est-ce une propor- tion parrapport
aupoids
d’adhésif ou parrapport
aupoids
du fil de chaîne ?- Est-ce le
premier
ou le second des tableaux suivants ?En
fait,
lepremier
tableau est choisi.Les
réglages
des métiers à tisser affectent considérablement le taux derupture
des fils dechaîne,
mais il n’est paspossible
de lesspécifier
etde les contrôler avec exactitude dans la filature. Bien que l’on
emploie
deplus
enplus
des métiers à tisser construits avec une hauteprécision,
desjauges
et autres instruments de mesure, ainsi que desdispositifs
d’auto-81
régulation,
leréglage
des métiers à tisser tient encorebeaucoup
de l’art.Chaque régleur
a desopinions différentes
sur cequi
est leplus adéquat,
et les métiers à tisser varient.
Cependant, puisque
cela constitue le cadre danslequel
les résultats devront êtreappliqués,
il est normal que de telles variations interviennent dans l’essai.On sait que le contremaître
s’occupant
d’un métier à tisser fait unréglage particulier
pour untype
de fildonné,
afin de réduire au minimum le taux derupture
des fils dechaîne ;
dans la mesure où sonappréciation
est
juste,
il réalisera desréglages optimaux
pourchaque
sorte defil.
C’estune bonne attitude à
prendre,
à condition que le contremaître n’accorde pasdavantage
de soin aux filsqui
fontl’objet
de l’essaiqu’aux
fils de la pro- duction courante. Une desconséquences
de cettefaçon
de faire est de ré-duire l’effet des variations de
l’encollage ;
elle estdifférente
de celleadoptée
dans les travaux de l’institut derecherches,
où lesréglages
sont contrôlésà des niveaux constants.
Il est utile de
garder
constantes lesparticularités
du tissuet, géné- ralement,
de se servir d’une mêmequalité
de fil au cours d’un même essai.Dans une série
d’essais,
différentesqualités
de filpeuvent
être utilisées.LES OBSERVATIONS -
L’élément le
plus important qui
entre enligne
decompte
pour l’évalua- tion du meilleur"bain d’encollage"
adéjà
été mentionné - c’est le taux derupture
du fil de chaîne. Mais d’autres éléments interviennent.Les
composants
de la colle diffèrent considérablement enprix,
et ilest
possible qu’une
collecoûteuse,
donnant leplus
bas taux derupture, ne
conduise pas au coût total le
plus faible.
Ils’agit
là d’une éventualité peuprobable,
mais dans d’autres domaines leprix
de revientpourrait
être dé-termiant !
Ultérieurement, l’apprêt (colle)
doit souvent être enlevé du tissu ter-miné,
et différentsproduits
sedistinguent
par leuraptitude
à cetteopération.
Les conclusions doivent être basées sur une vue d’ensemble de la situation et les observations doivent être faites en fonction de cet ensemble.
Il est conseillé aussi de faire des observations secondaires au cours
de l’essai. Tout incident
qui
survientpendant
le processus de fabrication doit êtrenoté ;
les concentrations du baind’encollage
doivent être vérifiéespériodiquement ;
les métiers àtisser,
les tisserands ycompris
les contre-maîtres,
le fil de chaîneparticulier
dont ilss’occupent,
doivent aussi être notés. Il est encore conseillé de diviser lapériode
detissage
pourchaque
fil de chaîne -qui peut
s’étendre surplusieurs
semaines - ensous-périodes
et
d’enregistrer séparément
lesruptures
pour chacune de celles-ci. De telles observationspermettent
d’identifier lesirrégularités exceptionnelles, qui risqueraient
de fausser les conclusions.Cette information additionnelle
peut
souvent fournir d’utilescomplé-
ments à la connaissance. Par
exemple,
lors- de certains essais effectués dans lepassé,
les causes derupture
de fils de chaîne et leurspositions
ontété
enregistrées.
L’information était de peu d’intérêt àl’époque,
mais elles’est révélée très utile au cours de recherches ultérieures.
Revue de Statistique Appliquie. 1963 - Vol. XI - N’ 1
Les
ruptures
de fils de chaînesurviennent,
dans letemps, approxi- mativement "au hasard"(1)
et l’onpeut
être tenté de transformer la variable utilisée pourl’analyse statistique
entravaillant,
parexemple,
avecV taux
moyen derupture
en chaîne.Je doute de la validité de ce
procédé,
notamment pour la raison que c’est le"taux
moyen derupture" -
et non sa racine carrée - auiapparaît
dansles formules mises en
jeu
pour le calcul duprix
de revient et de lacharge
du
personnel
affecté à ce travail.LE DISPOSITIF EXPERIMENTAL ET L’ANALYSE -
Il est utile et conseillé de réaliser un essai sur une série de 10 à 20
"chaînes"
encollées au cours d’unejournée
etprovenant
d’un même stock defil.
Si les résultats ne sont pas assezprécis, l’expérience peut
être ré-pétée
sur une ouplusieurs
autres séries de"chaînes"
à volonté.Le
changement
de bain dans la machine à encoller demande untemps appréciable,
de sorte que toutes les"chaînes"
pourchaque composant
doivent être encollées à lasuite,
parexemple
5 à 10 chaînes pour chacun des deuxcomposants
que l’on compare.Les différentes
quantités
s’obtiennent en diluant la colle dans la machine à encoller. Certaines dilutions seproduisent
d’unefaçon incontrôlée,
de sortequ’en pratique
lesquantités
de colle serontréparties inégalement
sur toutela série des 5 à 10 chaînes : il
n’y
aura passystématiquement
tellequantité
de colle sur 2 ou 3
"chaînes", puis
telle autrequantité
sur les 2 ou 3 chaînessuivantes,
etc.Les 10 à 20 chaînes
prendront plusieurs
semainespour être
tissées.Du
point
de vuestatistique,
il serait utilequ’elles puissent
être tisséessur un nombre limité de métiers à tisser suivant un
plan préétabli,
afin quel’"effet"
des variations demétiers, qui
estconsidérable, puisse
être éli-miné des
comparaisons.
Cela entraînerait une interférence inadmissible avecla
production
courante de lafilature,
et enpratique
les chaînes sont assi-gnées
au hasard aux métiersqui
se trouventdisponibles.
La
majeure partie
de la variance d’erreur dans uneexpérience provient
du
tissage,
et pour unegrande part,
son influence a pu êtrechiffrée(2) ;
il est connu
qu’une expérience
del’ampleur indiquée peut
conduire à des ré-sultats
utiles, particulièrement
si ellepeut
êtrerépétée,
comme il est sou-haitable.
L’analyse
des résultats n’estgénéralement
pas très élaborée. Il est bon deporter
sur uncroquis
le taux derupture
du fil en fonction de la quan- tité de colle.Exceptionnellement
une courbe standardpeut
être discernée . Si on ledésire,
deuxparaboles peuvent
êtreajustées,
une pourchaque
com-position
du baind’encollage,
et les écarts despoints
parrapport
à leurparabole respective peuvent
être utilisés pour estimer une varianced’erreur,
à
partir
delaquelle
lasignification statistique
de la différence entre les deux(1) Suivant la loi de Poisson (N. d. T)
(2) Voir : Experimental Technique for Mill
Investigation
ofSizing
ansWeaving"
par E.Bradbury
et H.Hacking,
Journ. Text. Inst. 1949 - 40, p. 532.83
paraboles peut
être testée. Ceci est rarementprofitable (si
ce n’est pourapprendre
lastatistique).
Généralement lespoints
sontéparpillés
sansaligne-
ment
évident,
saufpeut
être avec des valeurs élevées du taux derupture
pour les
quantités extrêmes,
si l’intervalle entre celles-ci estimportant.
Alors les valeurs élevées
peuvent
êtreomises,
non parcequ’elles
sont éle-vées,
mais parce que lesquantités
de colle sont extrêmes. Apartir
des élémentsqui restent,
onpeut
calculer une moyennepermettant
de comparer lescompositions
des divers bains. Si on le désire un testt peut
être effec- tué.Ainsi
l’analyse statistique
orthodoxe nejoue
pas un trèsgrand
rôlelorsqu’il s’agit
de tirer les conclusions. L’aideprincipale
estapportée
parun
jugement
de bon sens sur lesrésultats,
ainsi que pardue
modificationpériodique
desprocédés
defilature,
commeconséquence
des essais succes-sifs. Il se
peut qu’à
un certainmoment,
leprocédé
ne soit pasidéal,
maisil sera raisonnablement bon et tendra
progressivement
à être meilleur. Ceciévidemment est l’idée
générale
de la méthode"evolutionary operation"
duDr. Box.
UN ESSAI DANS UNE FILATURE -
Mon second
exemple
diffère dupremier
en ce sensqu’il
ne concernepas l’une des nombreuses
expériences
destinées à fournir à la direction des donnéesopérationnelles.
Ils’agit
d’un essai destiné à fournir une informa- tiontechnique
d’intérêtgénéral.
L’expérience
concerne le passage auxbancs( 1)
àbroches,
etplus
par- ticulièrement aux bancs en gros,qui
est uneopération
intermédiaire du pro-cessus de filature. Une des
pièces mécaniques
du banc à broches est l’ailette . Un nouveautype
d’ailettesayant
été mis aupoint,
on souhaitait faire unecomparaison
avec letype
d’ailettes habituellement utilisé. Un facteur de l’essai était évidemment letype
d’ailette(nouveau
modèle et modèle habi-tuel).
D’autres facteurs furent considérés : il fut décidé que la torsion fournie à la
mêche(2)
durant le passage au banc était un facteur à retenir. Desexpériences
antérieuressuggéraient
deprendre
pour cette torsion(exprimée
en tours par
pouce)
trois niveaux :ailette ordinaire :
1, 69 (A) 1,78 (B) 1, 90 (C)
ailette
spéciale : 1,63 (D) 1,69 (E) 1,78 (F)
Ces 6
"traitements"
furent référencés de A à F.On devait tenir
compte
des conditionsexpérimentales
suivantes : unbanc à broches
possède
environ 200broches,
chacune munie d’une ailette(qui
est unepartie
de labroche).
Le banc entier doit avoir au cours d’un essai le mêmetype
d’ailette sur toutes ses broches et doit travailler avec(1)
"banc",
synonyme de "métier à filer". Suivant les stades de la petitepréparation
enfilature on utilise le "banc en
gros",
le "bancintermédiaire",
le "banc fin" (N.d.T.).(2)
"mêche",
elle est constituée de fibres de coton parallélisées antérieurement par les"cardes" ;
elle agrossièrement
la forme d’uncylindre
de quelques centimètres de diamètre et n’a qu’une très faible torsion ce qui la rend trèsfragile (N.d.T.).
Revue de Statistique Appliquée. 1963 - Vol. XI - N’ 1
une torsion maintenue constante. Chacun des essais - dont l’ensemble cons-
titue
l’expérience -
dure une"levée"(1).
Les bancs à
broches,
du fait des variations dans letemps
- de la matière
première
utilisée et- de leur
réglage,
introduisent
d’importantes
erreurs dans lesrésultats,
et unplan d’expérience
en carré
latin,
commeindiqué ci-dessous,
s’avéraparticulièrement indiqué.
En accord avec ce
tableau,
il y avait 6 bancs à brochesutilisés,
unelevée étant filée sur chacun
plus
ou moinssimultanément,
et ceci devait êtrerépété
pour 6 levées .L’inconvénient de ce
dispositif
est que 6 bancs auraient dû être utilisés pourproduire
la mêmequalité
de mêche sansinterruption
durant letemps
nécessaire à l’exécution de 6 levées. La direction de la filature ne
put s’enga-
ger à
respecter
ceplan
et on dutplutôt adopter
unplan d’expérience
par"blocs
auhasard" (ou "blocs randomisés"), plan
danslequel chaque
banc(métier)
constituait un blocindépendant,
à l’intérieurduquel
levée et traite-ment étaient
répartis
au hasard. Dans cesconditions, si,
au cours del’expé- rience,
laqualité
du coton filé venait à semodifier,
ou siquelque
incidentsurvenait sur un ou
plusieurs métiers,
les blocscorrespondants pouvaient
être abandonnés sans
compromettre
l’ensemble de l’étude. Des métiers com-plémentaires (blocs) pouvaient
aussi êtreincorporés
à tout moment durantl’expérience.
S’il est facile de modifier la torsion sur un
métier, changer
les ailettes des 200 brochesprend
untemps
nonnégligeable
et cela fait baisser le ren-dement. C’est
pourquoi
il semblapréférable
de modifierl’organisation
inté-rieure des blocs de
façon
àréduire
au strict minimum leschangements
d’ailettes. On arriva ainsi au schéma ci-dessous où un seul
changement
d’ailettes par bloc fut
envisagé :
(1)
"levée",
temps que mettent pour se vider les bobines alimentant les broches du banc(N.d.T.).
85
Cette
disposition
est connue des agronomes sous le nom de"split- plot".
Elle entraîne en moyenne 11 changement
d’ailettes par bloc(en
sup-posant
les ailettes ordinairesdéjà
enplace) ;
encomparaison
avec les 3changements
nécessités par ledispositif
en"blocs randomisés",
celarepré-
sente un
gain
de 45 minutes deproduction,
par métier et par semaine. Cegain
ne fut pasjugé
compenser lacomplication supplémentaire
d’unedispo-
sition en
"split-plot",’
aussiadopta-t-on
finalement leplan
par"blocs
ran-domisés".
La dimension de l’essai fut calculée en gros, à
partir
del’erreur
standard que les techniciens
peuvent
tolérer dans l’évaluation du taux moyen derupture
du fil(qui
est la variable retenue pourapprécier
les influencesdes facteurs
"torsion"
et"métiers"),
et dequelques
estimationsapprochées
de la variance d’erreur
probable.,
Ce calcul conduisit à 56blocs,
cequi
auraitexigé
un essaitrop important
ettrop long
pour une réalisationcommode,
eton se limita à 13 blocs dont les résultats furent
analysés.
La variance d’erreur s’avéra moins
importante
queprévu,
et les di-verses influences
purent
être évaluées avec uneprécision
satisfaisante.Voici les taux moyens de
ruptures
obtenus(nombres
moyens deruptures
ramenés à 100 livres de
mêche) :
L’analyse statistique( 1)
montra que ces résultatspouvaient
êtreajustés
à une fonction linéaire liant le taux de
rupture
à latorsion,
lapente
desdroites étant sensiblement la
même,
mais le niveau de la droite étantplus
élevé pour les ailettes ordinaires.
CONCLUSION -
Il est
possible
que certains lecteurs soient un peudéçus
en constatantque les méthodes
statistiques
tiennent aussi peu deplace
dans monexposé.
Mais il est de fait que les nombreux
statisticiens, chargés
del’organisation
des
expériences
dansl’industrie,
consacrentplus
detemps
à des thèmestechniques qu’à l’analyse statistique proprement
dite.De
plus,
desplans simples
sont souventpréférables
auxplans compli- qués,
même s’ils sontstatistiquement
moinsefficaces.
Ils sontplus
facilesà réaliser dans
l’agitation
de la vie d’uneusine,
et leurs résultats sontplus
facilement accessibles au technicien et au directeur. Cette dernière consi- dération est
importante
car les résultats ne doivent pas seulement être éta- blis correctement, mais ils doivent êtreintelligibles
et utilisables pour lesnon-
statisticiens.
(1)
Voir"Planning
an Experiment in a CottonSpinning
Mill" R. E. Peake,Appl.
Statist.1953, 3, 184.
Revue de Statistique Appliquie. 1963 - Vol. XI - N’ 1
Cependant,
la formationacquise
par l’étudestatistique
desplans d’expé-
rience est très utile pour
analyser
les conditionstechniques
del’expérience ,
et pour que le