R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
R. R AMBACH
L’étude de la qualité par le contrôle statistique
Revue de statistique appliquée, tome 1, n
o3-4 (1953), p. 145-146
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L’ÉTUDE DE LA QUALITÉ
PAR LE CONTROLE STATISTIQUE
par
R. RAMBACH
Ancien Elève de lêcole Polytechnique, Ingénieur aux Etablissements Hutchinson
Nous avons récemment
rappelé
que le ContrôleStatistique
deQualité
était bienplus qu’un contrôle,
un « control », et que cette notioncomportait
enparticulier
l’étude de laqualité.
Nous voudrions montrer
aujourd’hui,
en nousappuyant
surl’exemple
dequelques
cas con-crets, que la mise en
application
du ContrôleStatistique
n’a pas seulement lapropriété
depermettre
des études de
qualité,
mais que, bien souvent, l’on estobligatoirement
conduit à celles-ci dès laphase préparatoire
de la mise sous contrôle. Et ce n’est pas là, à notre sens, l’un des moindres attraits ducontrôle
statistique.
,A. - Une fabrication de
pièces
moulées causait de sérieux soucis à un industriel du fait que le clientexigeait
une résistance à larupture supérieure
à un certain minimum. De nombreuses livraisons étaient refusées. Il n’était paspossible
de faire d’essais nombreux de cettecaractéristique
aux diversstades de la
fabrication,
l’essai étant évidemment destructif. Parailleurs,
il n’avait pas étépossible
de trouver une autre
caractéristique physique présentant
une bonne corrélation avec la résistance à larupture
etqui fût, elle,
non destructive.Une étude de
dispersion
et de moyennes fut faite sur les lots finis avec l’intention d’en assurerle contrôle sans avoir à détruire un
trop grand
nombre depièces.
L’étudepréliminaire indiqua
unecertaine constance dans la
dispersion,
tandis que les moyennes des lots variaient defaçon importante.
Certains lots étaient excellents et d’autres franchement mauvais. Il
apparut
immédiatementindispen-
sable de déterminer la cause de ces variations dans la moyenne. Les causes
possibles pouvaient
êtredivisées en trois groupes : nature de la matière
utilisée ; préparation
et enparticulier poids
del’ébauche ;
conditions demoulage.
Des études de
dispersion
effectuées en faisant varier successivement les unes et les autres de cesdonnées ont paru
indiquer
que les conditions demoulage
avaient un rôleprimordial.
Et c’est sur lasurveillance de celles-ci
qu’a
pu êtreporté
l’effort. La mise en route encore récente des nouvelles conditions de travail et de contrôle semble donner satisfaction. Mais cequi
est certain, c’estqu’aucune
méthode de contrôle stable de l’article fini n’aurait pu être
appliquée
sans cette étudepréalable
des conditions de fabrication.
B. - Une fabrication de feuilles moulées
fabriquées
sous presse àpartir
d’ungrand
nombre defeuilles élémentaires devait être mise sous contrôle au
point
de vue de larégularité
de la surface.L’épaisseur
moyenne semblaitsatisfaisante,
maisprésentait
desirrégularités
d’autantplus
nuisiblesque ces feuilles servent au
découpage
depetites pièces qui présentaient
desinégalités d’épaisseur
du fait des
irrégularités
de lagrande
feuille d’où on lesdécoupait.
Le
premier
stade de l’étudepréalable
montra que l’étude de ladispersion
et de la moyennede
cinq épaisseurs
mesurées sur un côtéquelconque
de la feuille étaitcaractéristique
de laqualité
de l’ensemble de la feuille. L’étude
poursuivie
sur ces bases montra que si les feuillesfabriquées
pour avoir une
épaisseur
déterminéeprésentaient
bien certainspoints légèrement plus
minceset d’autres
plus épais
que la dimensionoptimum,
laquantité
despoints trop
faibles n’était pas la même que celle despoints trop forts,
et que, surchaque épaisseur,
la valeur moyenne desépaisseu rs
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obtenues était
systématiquement
fausse d’un certainpourcentage.
La raison en fut facilement trouvée etapparut
même évidente dès que le mal fut décelé. Lesconsignes
de fabrication furentmodifiées,
le résultat étant une économie de matière de l’ordre de1 %
dans unproduit
où la matière constitue l’essentiel duprix
de revient.C. - Une fabrication de
pièces découpées
dans unefeuille, puis moulées, présentait
degrandes inégalités d’épaisseurs, obligeant
àrespecter
uneépaisseur
moyenne assez élevée pour être sûr d’êtretoujours
au-dessus d’un certain minimum. Des discussions s’élevaientpériodiquement
pour savoir si lesprincipales responsabilités
incombaient autirage
de lafeuille,
à sondécoupage,
auxconditions de
stockage
avantmoulage,
ou àl’opération
demoulage
elle-même. Une mise souscontrôle des divers stades fut
envisagée.
L’étudepréalable
montra que la presque totalité de ladisper-
sion venait de la feuille elle-même. La machine
produisait
inévitablement unedispersion
assezimportante ;
celle-ci était encore accrue par le manque de soin del’opérateur.
« fut décidé de mettresous contrôle
l’opération
detirage
de la feuille pour assurer larégularité
la meilleurepossible, compte
tenu despossibilités
de la machine. On calcula d’autrepart qu’étant
donnél’irrégularité
encore assez
grande
des feuilles enquestion,
il était rémunérateur d’assurer par un tri à 100%
l’élimination des
pièces découpées
lesplus
faibles(2
à 3%
du nombretotal)
afin depermettre
d’assurer à l’ensemble une
épaisseur
moyenneplus
faible sans pour celarisquer
de tomberparfois
en dessous du minimum. Aucune
opération
de contrôle ne futjugée
nécessaire aux stades suivants.Par les
exemples ci-dessus,
nous avonsessayé
desuggérer
au lecteur des méthodessimples
d’étude de la
qualité,
mais surtout de montrer comment l’instrumentd’analyse qu’est
le contrôlestatistique
dequalité
conduit souvent à l’étude de laqualité l’ingénieur qui
n’a été mû audépart
que par un souci de contrôle.