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Patrick Meyer, Nothalten (Bas-Rhin) : les couverts sont un carburant pour le sol – A2C le site de l'agriculture de conservation

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Academic year: 2022

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enherbement temporaire semé

viti - septembre 2015

Patrick Meyer, Nothalten (Bas-Rhin)

Les couverts sont un carburant pour le sol

Les couverts végétaux n’ont presque plus de secrets pour ce viticulteur alsacien. Loin d’être une contrainte, il en a fait un véritable outil pour développer la fertilité naturelle de ses sols, sans péna- liser la production de raisins, bien au contraire.

P

atrick Meyer, du domaine viticole alsacien Julien Meyer, est en viticulture biologique depuis la fin des années 1980, en biodynamie depuis 1998 et en travail du sol simplifié également depuis 1998.

La couverture végétale des sols (« enherbement ») a suivi naturel- lement ce cheminement et toutes les parcelles (8,5 hectares) sont ensemencées chaque année.

«  Nous suivons les mêmes prin- cipes que les couverts végétaux en grandes cultures. Par cette couver- ture, nous cherchons à protéger la surface du sol, à améliorer l’effi- cience de l’eau dans le profil, à dé- velopper l’activité biologique et la transformation des matières orga- niques (surtout l’humification)…

Mais si, en grandes cultures, les paysans cherchent à maximiser la biomasse produite du couvert, en viticulture, ce serait insensé d’avoir un tel objectif. Il faut pen- ser avant tout à la qualité des rai- sins, ce qui passe par le contrôle de la production du couvert  », souligne le viticulteur.

5 à 12 espèces en méLange Patrick Meyer, qui commence à avoir une certaine expérience de la couverture végétale, se fixe ainsi quelques règles. Il ne sème que des mélanges, composés de cinq à dix, voire douze espèces. Il tient à se procurer ses semences

en local, auprès de paysans voi- sins. Il complète au besoin avec des semences du commerce.

Ses compositions varient donc chaque année.

Il tient ensuite à avoir un certain pourcentage de légumineuses ; cette proportion variant notam- ment en fonction de l’historique de la parcelle et de sa vigueur. S’il s’agit d’une très jeune plantation (entre un et deux ans), il va semer jusqu’à 100 % de légumineuses.

« Je les vois comme un vrai car- burant du sol », précise-t-il. Une fois la vigne démarrée, le viticul- teur va quelque peu tempérer le pourcentage de légumineuses avec une moyenne de 60 %. En cas de « survigueur », il va inverser

la proportion entre légumineuses et graminées avec plutôt 60 % de ces dernières dans son mélange.

« Dans ce cas bien précis, les légu- mineuses sont juste là pour nour- rir les graminées », complète-t-il.

semis direct de grosses graines

Bien entendu, toutes les es- pèces choisies sont adaptées au contexte alsacien, « pas question d’utiliser des espèces “exotiques” ! » Elles sont aussi non gélives. Parmi les légumineuses, Patrick Meyer utilise notamment du pois ou de la féverole. Dans les graminées, le seigle, le triticale et le blé d’hiver conviennent bien. Enfin, parmi les autres familles, la phacélie, le sar- Opération de roulage du couvert au printemps.

photos : p. Meyer

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Deux DVD pour préserVer et améliorer les sols par les couverts végétaux

Pour réduire les applications d’herbicides, de nombreux viticulteurs ont développé le travail du sol des interrangs, mais ce qui accroît les risques d’érosion. Or, des enherbements permanents judicieusement conduits ou des couverts végétaux temporaires bien choisis les pré- servent de ce danger, améliorent la structure des sols, leur réserve utile et fertilité naturelle, sans faire concurrence à la vigne.

Deux DVD produits et réalisés par Stéphane Aissaoui en collabo- ration avec l’IFV (Institut français de la vigne et du vin), expliquent comment réduire le désherbage chimique sans le remplacer par du travail du sol, et même diminuer ses coûts de production.

Ces DVD sont à commander sur www.agrovideo.fr à 35 euros l’unité.

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rasin ou encore les radis chinois et fourrager s’immiscent favora- blement. Le viticulteur privilé- gie les grosses graines pouvant être semées en direct à 3-4 cm de profondeur. « De plus petites semences, implantées à 1-2  cm nécessiteraient un travail de sol plus fin, pas de SD car nous avons un fort passé prairial et dès qu’on remue la terre, les espèces natives ressurgissent rapidement. » Le semis du couvert se fait à l’opti- mum en août, de manière à obte- nir un couvert d’une dizaine de centimètres à l’entrée de l’hiver.

Au printemps, la gestion de la couverture est fonction de l’activi- té biologique du sol, directement liée à l’humidité. En cas de prin- temps sec, le couvert est roulé et il va rester en place un moment. Si le printemps est humide, « du fait d’une grosse activité biologique, les résidus peuvent disparaître en trois semaines ! » Il est aussi arrivé au viticulteur alsacien de devoir faire un sursemis, déjà pour ne pas que la « prairie » ne reprenne le dessus mais aussi pour assurer une production de fleurs pour les pollinisateurs.

Couvert avec une bonne proportion de graminées tout en n’oubliant pas les légumineuses dans le cas d’une jeune vigne.

Pour finir, un petit conseil pour un viticulteur qui démarrerait dans les couverts végétaux : « Je met- trais déjà tout à plat afin de partir d’une situation saine au niveau du salissement. Durant les deux premières années, je retournerais le sol un rang sur deux à l’au- tomne pour, au printemps, semer le couvert de manière conven- tionnelle. Le semis direct n’est à réserver que lorsque le salissement de départ est géré et lorsque le sol commence à mieux fonctionner. » Cécile Waligora

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