Géologie du Sahara occidental et central (pdf 44 MB)

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Géologie du Sahara occidental et central

Jean Fabre

Géo lo gi e du S ah ar a occ id en tal et ce n tr al Je an Fa b re

Géologie du Sahara occidental et central

La géologie du Sahara central et occidental concerne plus de 3 milliards d’années de l’histoire de la Terre.

La zone couverte est immense, plus de 7 millions de km2, partagée par le hasard entre une dizaine de pays riverains du Sahara, s’étendant de la Libye et du Tchad jusqu’en Mauritanie et au Maroc et, vers le sud, jusqu’au Niger et en Côte d’Ivoire en passant par l’Algérie et le Mali, entre autres. Cet ouvrage comporte une étude tant des socles métamorphiques et magmatiques et des séries sédimentaires précambriennes, que de l’ensemble du Phanérozoïque y compris un développement sur le Quaternaire et le volcanisme récent.

La grande diversité des terrains considérés offre une grande variété de problèmes aux géologues tant aca- démiques qu’économiques et permet d’aborder les zones profondes modelées par les différentes orogenèses qui se sont succédé, leurs minéralisations, le dépôt et l’évolution des sédiments en fonction des variations du niveau de la mer et des climats, ou encore la morphologie du désert qui en reflète les récentes fluctuations.

Ceci implique une Géologie plurielle, imposant la convergence de plusieurs disciplines.

La première partie traite du Précambrien et de sa prolongation cambrienne, de la cratonisation éburnéenne à la formation du Gondwana. Le chapitre 1 traite du craton ouest-africain, avec l’Archéen et le Protérozoïque inférieur de la Dorsale Regueibat et de la Dorsale de Guinée, essentiellement métamorphique et magmatique, le Néoprotérozoïque sédimentaire des bassins de Taoudenni, du Gourma et des Voltas et se termine par l’Anti-Atlas, la chaîne des Mauritanides et finalement par des perspectives économiques. Le chapitre 2 traite du Précambrien du bouclier Touareg, dominé par l’orogenèse pan-africaine et ses mouvements de ter- ranes et qui comprend le Hoggar, l’Aïr et l’Adrar des Iforas ; une extension vers l’Ougarta et l’Anti-Atlas termine ce chapitre. Le chapitre 3 concerne l’enterrement de la chaîne pan-africaine au Précambrien termi- nal et au Cambrien ainsi que les glaciations qui émaillent cette période.

La deuxième partie considère les premières couvertures sédimentaires de plate-forme et comprend quatre chapitres, étudiant successivement l’Ordovicien, le Silurien, le Dévonien et le Permo-Carbonifère. Chaque chapitre se termine par des informations concernant la paléogéographie, les déformations calédoniennes ou varisques suivant les périodes et le magmatisme, peu abondant.

La troisième partie concerne la seconde couverture de plate-forme et événements associés. Le premier chapitre détaille les transgressions successives du Mésozoïque, le deuxième chapitre les dépôts souvent peu épais mais couvrant de grandes surfaces du Cénozoïque. Le troisième chapitre développe les temps moder- nes, le Plio-Quaternaire, avec non seulement les séries sédimentaires mais également des informations sur l’occupation et les activités humaines. Le dernier chapitre décrit et explique le volcanisme récent du Hoggar, objet géologique spectaculaire et souvent magnifié par des photos d’artistes.

Mot- clés – Sahara, Précambrien, Phanérozoïque, Quaternaire, socle métamorphique et magmatique, sédiments, volcanisme.

Jean Fabreest un Saharien dans l’âme. Né en 1925 à Lille, il a vécu, inspiré par N. Menchikoff, une grande par- tie de l’exploration géologique du Sahara d’après-guerre tout en étant, en 2005, un des meilleurs connaisseurs de la situation actuelle de la géologie saharienne. Il a enseigné la géologie près de 10 ans à l’Université d’Alger et a été pendant 15 ans le sous-directeur du Centre de Recherches Sahariennes / Centre de Recherches sur les Zones Arides avant de rentrer en France dans un laboratoire du CNRS à Montpellier puis à Grenoble. Il est l’auteur de nom- breux articles scientifiques, livres et cartes géologiques sur le Sahara. Il était un proche de Théodore Monod qu’il accompagna à la fin de sa vie dans ses pérégrinations sahariennes.

Il a été secondé pour cet ouvrage par plusieurs spécialistes de la géologie saharienne : Louis Latouche (†), A. Moussine-Pouchkine, N. Kazi-Tani, J.M. Dautria, F. Aït Hamou et M. Maza.

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XV PRÉFACE I

Le Sahara, terre d’accueil, d’échanges et de convoitises, a de tout temps émerveillé l’Homme. Lieu de réflexion et de confrontation d’idées, cette région fascinante a toujours été attrayante pour de nombreux scientifiques. Dans cette optique, ces immenses affleurements géologiques offrent aux géoscientifiques un magnifique pôle d’observations et de réflexions où de nombreuses questions ont trouvé des éléments de réponses même si de nos jours d’autres restent encore posées et continuent de susciter un intérêt scientifique et économique.

De nombreux ouvrages ont été alors consacrés à cette région. Qui des explorateurs, ingénieurs, étudiants ou passionnés des géosciences n’a consacré du temps pour lire et s’instruire sur la géologie du Sahara ? Les écrits de Jean Fabre sur cette région décrivant les aspects géologiques ont été très nombreux et le lecteur a toujours su trouver la curiosité recherchée.

Cet ouvrage, ô combien riche en informations et en enseignements, est le fruit d’une passion pour une région du Monde comme le Sahara, d’un travail laborieux, d’une vie dans laquelle l’auteur a passé beaucoup de temps à réfléchir, à répondre aux nombreuses questions, à la faire connaître et la faire aimer. On peut comprendre à travers sa lecture l’histoire géologique de la Terre en remontant le temps depuis le Protérozoïque à l’Actuel.

L’auteur, toujours passionné par cette belle et riche région du Monde, a su donner dans cet ouvrage à travers sa lecture une source d’inspiration à la géologie saharienne, à l’Afrique et à l’histoire tectonique de la Terre.

Ainsi, Monsieur Fabre restera toujours cet ami fidèle de ce musée à ciel ouvert qu’est le Sahara qu’il a crapahuté du Nord au Sud et d’Est en Ouest, cheveux en l’air ou barbe blanche, rien n’a changé dans la démarche du géologue et encore moins dans la passion du fidèle. Quand nous évoquions en 1992 la revisite de ce manuel de géologie saharienne, avec feu A. Boudjamâa, je savais qu’il avait déjà commencé à en asseoir les premières bases et que, pratiquement, ce livre était déjà écrit dans sa tête. Je n’ai pas eu le courage d’en préparer la partie géophysique ainsi que tu me l’as demandé, Jean, mais toi, tu l’as déjà écrite dans tous ses compartiments et nul ne peut être meilleur saharien que toi.

SONATRACH, par le biais de la Division Exploration, rend un vibrant hommage à l’auteur et c’est avec un immense plaisir qu’elle a contribué à l’édition de cet ouvrage qui restera un document de référence et de valeur.

D. Takherist

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PRÉFACE II

Jean Fabre est Européen et Saharien. C’est ainsi qu’il est perçu sur les deux rives de la Méditerranée. De famille languedocienne, mais né en 1925 à Lille où son père était pasteur dans le bassin minier, il a passé sa jeunesse dans cette grande ville flamande, tout en se nourrissant abondamment à ses racines du sud de la France. Il passait là-bas ses vacances dans la maison familiale à Nîmes, une bâtisse du 16^ième siècle dans un parc peuplé d’oliviers, construite par une branche italienne de sa famille, les Loubachini. Ce nom a disparu de la région à la révocation de l’Édit de Nantes quand, par ordre de Louis XIV, tous les mâles de cette famille, sauf un petit garçon, furent envoyés aux galères ou au bûcher par les tribunaux de Montpellier. Une grande partie de la famille de Jean Fabre a alors émigré vers la Suisse, le Danemark, la Hollande et l’Angleterre. Son arrière grand-mère, qui avait passé toute sa jeunesse à Londres, a importé dans le Nîmois des manières d’être typiquement «British». Avec une telle histoire, comment Jean Fabre aurait-il pu ne pas se sentir Européen dans l’âme? Comment aurait-il pu «être né quelque part» et y rester? Comment sa vie aurait-elle pu s’insérer dans un moule commun?

Après une licence en sciences à l’Université de Lille, couronnée du Prix de Licence de la Faculté des Sciences, Jean Fabre, entame une carrière d’ingénieur géologue au Bureau de Recherches Géologiques et Géophysiques (BRGG). Il s’y consacre de 1947 à 1958 à l’étude de la Zone Houillère de Maurienne et Tarentaise dans les Alpes, sur laquelle il soutiendra en 1958 à Paris une Thèse d’État honorée du Prix Joseph Labbé de l’Académie des Sciences et du Prix Pierre Pruvost de la Société Géologique de France. Grâce à Pierre Pruvost, qui fut son premier maître, il développe un grand sens de l’observation et une faculté de représenter par le dessin les objets géologiques. Il sera par ailleurs toujours intransigeant dans la rigueur du raisonnement sous une expression écrite très agréable et souvent fleurie. François Ellenberger et Jean Goguel, chacun à leur manière, lui montrent pendant sa thèse l’importance de l’approche pluridisciplinaire en l’initiant à la géologie structurale et à la géophysique, une approche qui ne le quittera plus et dont témoigne le présent livre.

La vie de Jean Fabre prend un tournant quand en 1959 il entre au CNRS et est détaché à la Faculté des Sciences d’Alger. Nommé chargé de cours de Géologie Historique et de Géologie appliquée en 1964, il y reste jusqu’en 1972. De 1959 à 1974, il est également le sous-directeur du Centre de Recherches Sahariennes / Centre de Recherches sur les Zones Arides et responsable de l’activité scientifique de la station de la jolie oasis de Béni Abbès dans la Saoura, centre scientifique toujours en activité actuellement. Cette responsabilité, confiée par Nicolas Menchikoff (Jean Fabre devint un nouvel «Ouled Ben Chikouf» – fils de Menchikoff – pour la population de la Saoura), lui ouvre les portes du Sahara où il rêvait d’aller depuis sa lecture à l’âge de 13 ans de «Méharées» de Théodore Monod. Il accompagnera ce dernier à la fin de sa vie dans ses pérégrinations mauritaniennes, extraordinaire aboutissement!

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Pendant ces années algériennes, il travaille essentiellement dans les terrains sédimentaires phanérozoïques sahariens, en particulier ceux du Permo-Carbonifère de Béchar à Regane. Jamais il ne se départit de son approche globale et il devient rapidement un grand spécialiste reconnu de la géologie algérienne. Il publie en 1976 un ouvrage de plus de 400 pages intitulé «Introduction à la géologie du Sahara algérien» accompagné d’une carte synthétique de la géologie de l’Afrique de l’Ouest dont les 5000 exemplaires furent épuisés rapidement.

En 1972, il rentre en France au Centre Géologique et Géophysique de Montpellier qu’il quitte en 1982 pour l’Université de Grenoble jusqu’à sa retraite officielle, qui n’a guère affecté son activité géologique. A Montpellier, il fut l’un des leaders du grand programme géologique sur l’Adrar des Iforas, toujours au Sahara mais dans le nord du Mali cette fois. Il en étudia en particulier les séries sédimentaires précambriennes et, avec Russell Black, les granitoïdes de cette région quasi inconnue à l’époque. Il fut le maître d’œuvre en 1982 de la carte géologique au 1/500.000ième de cette région touarègue et de sa notice explicative. Il publia également en 1983, un autre volume intitulé «Afrique de l’Ouest: introduction géologique et termes stratigraphiques». Il est l’auteur de nombreuses publications, souvent à caractère synthétique, dans des revues internationales. Ces vingt dernières années, il n’a cessé de parcourir le Sahara algérien et mauritanien en encourageant ses jeunes collègues, surtout algériens, à trouver les moyens de faire de la bonne géologie.

Par sa gentillesse, son humanité et son désir de relations vraies dans un respect mutuel, Jean Fabre s’est toujours parfaitement intégré dans les régions où il a vécu et travaillé, que ce soit au Sahara, où il est considéré comme d’abord Saharien ou dans les Alpes, où ce Languedocien de Lille est devenu maire de son village d’adoption.

Quand j’ai rencontré Jean Fabre en 1980, j’ai été frappé par son abord aisé, sa grande modestie malgré ses connaissances encyclopédiques, son enthousiasme dès qu’il était question de géologie saharienne et la manière extraordinaire qu’il avait, sans en voir l’air, de motiver son interlocuteur à y faire progresser les connaissances. En contrepartie, Jean Fabre était intransigeant sur la rigueur intellectuelle, l’honnêteté et la clarté des propos. Toutes mes rencontres et mes discussions avec lui ont été non seulement extrêmement productives mais tellement agréables. Au Sahara central et occidental, Jean Fabre est considéré comme un père bienveillant par les géologues sahariens, qu’ils soient africains ou européens. C’est donc avec un plaisir non dissimulé que je lui ai proposé de faire publier son œuvre magistrale au Musée Royal de l’Afrique Centrale. De son côté il m’a dit sa satisfaction d’être édité par une Institution scientifique centenaire du cœur de l’Europe tournée entièrement vers l’Afrique. Mes collègues, Magda Geyskens et Jacques Delhal m’ont souvent dit leur plaisir à travailler à la mise en page et à l’édition de cette somme scientifique remarquable par son apport, par sa présentation et par la personnalité de son auteur. Je suis certain que les lecteurs comprendront.

Jean-Paul Liégeois Chef de Section MRAC, Tervuren

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Jean Fabre est Européen et Saharien. C’est ainsi qu’il est perçu sur les deux rives de la Méditerranée. De famille languedocienne, mais né en 1925 à Lille où son père était pasteur dans le bassin minier, il a passé sa jeunesse dans cette grande ville flamande, tout en se nourrissant abondamment à ses racines du sud de la France. Il passait là-bas ses vacances dans la maison familiale à Nîmes, une bâtisse du 16^ième siècle dans un parc peuplé d’oliviers, construite par une branche italienne de sa famille, les Loubachini. Ce nom a disparu de la région à la révocation de l’Édit de Nantes quand, par ordre de Louis XIV, tous les mâles de cette famille, sauf un petit garçon, furent envoyés aux galères ou au bûcher par les tribunaux de Montpellier. Une grande partie de la famille de Jean Fabre a alors émigré vers la Suisse, le Danemark, la Hollande et l’Angleterre. Son arrière grand-mère, qui avait passé toute sa jeunesse à Londres, a importé dans le Nîmois des manières d’être typiquement «British». Avec une telle histoire, comment Jean Fabre aurait-il pu ne pas se sentir Européen dans l’âme? Comment aurait-il pu «être né quelque part» et y rester? Comment sa vie aurait-elle pu s’insérer dans un moule commun?

Après une licence en sciences à l’Université de Lille, couronnée du Prix de Licence de la Faculté des Sciences, Jean Fabre, entame une carrière d’ingénieur géologue au Bureau de Recherches Géologiques et Géophysiques (BRGG). Il s’y consacre de 1947 à 1958 à l’étude de la Zone Houillère de Maurienne et Tarentaise dans les Alpes, sur laquelle il soutiendra en 1958 à Paris une Thèse d’État honorée du Prix Joseph Labbé de l’Académie des Sciences et du Prix Pierre Pruvost de la Société Géologique de France. Grâce à Pierre Pruvost, qui fut son premier maître, il développe un grand sens de l’observation et une faculté de représenter par le dessin les objets géologiques. Il sera par ailleurs toujours intransigeant dans la rigueur du raisonnement sous une expression écrite très agréable et souvent fleurie. François Ellenberger et Jean Goguel, chacun à leur manière, lui montrent pendant sa thèse l’importance de l’approche pluridisciplinaire en l’initiant à la géologie structurale et à la géophysique, une approche qui ne le quittera plus et dont témoigne le présent livre.

La vie de Jean Fabre prend un tournant quand en 1959 il entre au CNRS et est détaché à la Faculté des Sciences d’Alger. Nommé chargé de cours de Géologie Historique et de Géologie appliquée en 1964, il y reste jusqu’en 1972. De 1959 à 1974, il est également le sous-directeur du Centre de Recherches Sahariennes / Centre de Recherches sur les Zones Arides et responsable de l’activité scientifique de la station de la jolie oasis de Béni Abbès dans la Saoura, centre scientifique toujours en activité actuellement. Cette responsabilité, confiée par Nicolas Menchikoff (Jean Fabre devint un nouvel «Ouled Ben Chikouf» – fils de Menchikoff – pour la population de la Saoura), lui ouvre les portes du Sahara où il rêvait d’aller depuis sa lecture à l’âge de 13 ans de «Méharées» de Théodore Monod. Il accompagnera ce dernier à la fin de sa vie dans ses pérégrinations mauritaniennes, extraordinaire aboutissement!

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Le relief (ombré) de l’Afrique de l’Ouest

(Source: GTOPO30, EDC, US Geological Survey. Traitement d’image: J. Lavreau) 051023B_Katern04_40 23-11-2005 08:48 Pagina 2

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