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L'égalité des (mal)chances ou l'(in)égalité des chances

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CHAMP SOCIAL CHAMP SOCIAL

Le nouvel éducateur – n° 176– Février 2006

Gilles de Robien a présenté le 13décembre 2005son plan pour l’éducation prioritaire.

« L’éducation prioritaire change d’esprit »: l’élitisme répu- blicain pour les plus méritants et les plus motivés, les PME pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas s’investir à l’école et, pour tous les autres, les établissements environ- nants de secteur qu’ils soient en éducation reconnue prio- ritaire ou non.

« Aujourd’hui,on donne trop peu,à trop de monde.D’ailleurs, on ne donne pas vraiment à des « personnes », mais à des

« zones »,qui sont définies de manière trop vague, trop hété- rogène, pour des effets qui sont, en conséquence, insuffi- sants ».Ce qui résume assez bien les objectifs de cette

«nouvelle logique » du Ministre de l’Education nationale.

Après quelques caresses envers les professeurs de ZEP saluant leur travail, reconnaissant leur fatigue, Gilles de Robien leur annonce que tout cela était vraiment peu effi- cace. «L’égalité des chances »était bafouée par les critères variables d’affectation en ZEP.« Aujourd’hui, on donne trop peu,à trop de monde »ce serait parce qu’on saupoudre qu’il y aurait autant d’élèves en éducation prioritaire (20 %).

« On ne va plus découper des zones mais définir des publics ».

Niveau I : les collèges « ambition réussite »avec les écoles de leur secteur ;

Niveau II : zone urbaine moins sensible, mixité sociale plus grande qui conserverait les moyens actuels ;

Niveau III : établissements ZEP/REP qui ont vocation à sor- tir dans les 3ans de l’éducation prioritaire.

L’éducation prioritaire de Gilles de Robien ignore et méprise la maternelle et l’école élémentaire. Dans son long exposé, quelques mots sur la première pour l’inviter à « faire parler chaque enfant »,quant à la seconde il ne l’évoque que pour lui ordonner d’apprendre à syllaber.

Tout serait joué en début de CE1avec la mise en place des premiers projets de réussite éducative (PPRE).

Quatre critères de définition sont retenus pour être collège

« ambition réussite »:une situation sociale des familles avec plus de 2/3de catégories socioprofessionnelles défavori- sées, un retard des élèves de plus de deux ans à l’entrée au collège,l’évaluation des résultats de 6èmeet le nombre d’élè- ves non francophones.

200à 250collèges particulièrement en difficulté (sur 1 098 collèges actuellement en ZEP) deviendront ainsi des collè- ges « ambition réussite ».

Pour «réduire les inégalités culturelles »,ambition pour 10% des élèves,avec les filières d’excellence,les bourses au mérite

et les tuteurs venant des grandes écoles et relégation pour les 90 % restants.

Le discours adressé aux jeunes est sans ambiguïté :

«Si tu es peu cultivé, c’est que tu le veux bien, fais un effort et tu auras une bourse et en plus si tu es motivé, tu pourras travailler avec un camarade des zones cultivées».

Pour que « les adolescents des quartiers difficiles puissent poursuivre leurs études et découvrir toutes les filières sans être arrêtés par leur origine sociale »,les élèves méritants qui auront mention « bien » ou « très bien » au brevet des collèges auront le droit de déroger à la carte scolaire et ainsi de rejoindre les lycées d’excellence. Les lycées de banlieue se verront privés des meilleurs élèves et leur ghettoïsation s’enracinera davantage.

Pour« ouvrir plus tôt les horizons des élèves en difficultés » des mesures de sortie du système éducatif avec trois heures de découvertes professionnelles dès la 4ème, cela revient à anticiper l’échec des élèves dès la 5ème.

On vide les collèges des jeunes « décrocheurs », on vide les lycées des méritants motivés. Que reste-t-il dans l’éduca- tion populaire ? Une masse de jeunes peu cultivés, adap- tables à la société et instruits des savoirs opératoires et civiques indispensables ;pour elle un «socle commun » pas encore défini mais certainement sans« humanités » qui coûtent plus qu’elles ne rapportent.

Pour « aplanir le fossé numérique »,les collectivités locales prêteront des ordinateurs avec des contenus pédagogiques numérisés. Sécurité d’une pédagogie unique et labellisée pour un vaste marché en perspective !

Quand on retire les mesures d’excellence, il reste un petit catalogue pédagogique : des études surveillées obligatoi- res ouvertes aux associations, des dispositifs d’encadre- ment éducatif parascolaires, un « livret de compétences », la mise en place de groupes de compétences pour des parcours différenciés, le bannissement du redoublement...

Quelques mesures intéressantes,déjà pratiquées,mais quel- les incidences lorsqu’elles sont mises en place sans le projet éducatif adéquat ?

Cette nouvelle logique de l’éducation populaire est cohé- rente avec celle du système éducatif, elle confirme l’édu- cation de deux jeunesses dans des temps et espaces diffé- rents. L’élitisme républicain ne voulant rien perdre des

« talents » potentiels renforce la méritocratie et l’indivi- dualisme à l’intérieur même des zones d’exclusion.

Catherine Chabrun

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L’égalité des (mal)chances

ou l’(in)égalité des chances

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