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CENTRE DE RECHERCHE HALIEUTIQUE DE BOUSSOURA LA PECHE ARTISANALE EN GUINEE. ENJEUX DE RECHERCHE!.

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CRHB. LA PECHE ARTISANALE EN GUINEE. ENJEUX DE RECHERCHE.

DOCUMENT PRESENTE AU SEMINAIRE SUR LES PECHES ARTISANALES EN AFRIQUE DE L'OUEST. NOUADHffiOU, AVRIL 1992, REPUBLIQUE

ISLAMIQUE DE MAURITANIE.

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CENTRE DE RECHERCHE HALIEUTIQUE DE BOUSSOURA

LA PECHE ARTISANALE EN GUINEE.

ENJEUX DE RECHERCHE! .

1. HISTORIQUE DES RECHERCHES ACTUELLES.

Devant la nécessité croissante de disposer d'informations fiables sur les ressources halieutiques de la ZEE guinéenne, le Secrétariat d'Etat li la Pêche (S.E.P.) a financé la construction d'un Centre de Recherche appliqué baptisé le Centre de Recherche Halieutique de Bousssoura (CRHB).

C'est en 1987 que la première phase des travaux de construction a été achevée. A partir de cette époque, la Division Recherche de la Direction Générale des Pêches a été transférée au CRHB.

La deuxième phase s'est achevée en 1990 et une 3ème phase est prévue; cette étape dotera le CRHB d'une infrastructure complète.

Les programmes du centre sont définis pour fournir les informations scientifiques et techniques nécessaires li l'orientation du gouvernement en matière d'aménagement et de développement des pêches en Guinée. Leur mise en place est fonction de la priorité de la politique des pêches.

Le gouvernement ayant donné lors de sa conférence nationale sur les pêches la priorité au développement du secteur de la pêche artisanale maritime, il a été mis en place dès 1985 un programme sur ce secteur en collaboration avec l'ORSTOM (L'Institut Français de Recherche Scientifique pour le Développement en Coopération) et sur financement du Fonds d'Aide et de Coopération Français.

Dans sa phase actuelle, ce programme (CRHB, 1991) a pour objectif de déterminer les capacités de développement de la pêche artisanale maritime par la mise en évidence des différentes contraintes pesant sur elle. Signalons qu'un programme est également en cours sur les ressources disponibles pour la pêche continentale. Un programme sur les peuplements d'estuaire et de mangrove et un programme sur la pêche industrielle seront mis en place courant 1992.

II. LA PROBLEMATIQUE DEVELOPPEE SUR LA PECHE ARTISANALE MARITIME EN GUINEE

Il. 1. Introduction

Les activités de pêche apparaissent de plus en plus clairement à la communauté scientifique comme le résultat, l'expression d'un champ de contraintes qui relèvent de domaines aussi divers que politique, institutionnel, social, économique ou biologique. La combinaison particulière de ces différentes contraintes, et les particularismes de chacune d'elles, déterminent la physionomie de la pêche et également son champ des possibles.

1 : Ce documentIl'té rédigé par Bouju S .• anthropologue; Chavance P.. biologiste ORSTOM ; Diallo A.• biologiste CRHB

; Ecoutin J.M .• biologiste ORSTOM et Milimono R.P .• économiste CRHB.

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La~cheartisanale en Guinée. Enjeux de recherche.

La diversité des facteurs en jeu est particulièrement forte dans la pêche artisanale par rapport aux pêcheries industrielles plus simples et où les aspects sociaux et humains sont de moindre importance.

En Guinée, déterminer les capacités de développement de la pêche artisanale implique de mettre en évidence les différentes contraintes pesant sur le secteur ; celles-ci peuvent être regroupées dans deux grands composantes : - les contraintes liées aux capacités de production des ressources halieutiques elles-mêmes, et - les contraintes liées à l'homme et à la société. Ces deux composantes correspondent respectivement aux champs disciplinaires des sciences biologiques et des sciences humaines.

L'action de pêche, quant à elle, se situe à l'interface de ces deux composantes puisqu'elle fait l'objet de contraintes variées faisant appel à la fois aux notions de disponibilité d'espèces biologiques, de techniques de pêche, de savoir-faire, de tactique de pêche et de stratégie. Son étude relève donc à la fois d'une approche biologique, technologique et des sciences humaines.

Des programmes de recherche ont été identifiés pour aborder chacune des deux composantes ainsi que l'étude des actions de pêche (CRHB, 1991). Des équipes rassemblant les disciplines scientifiques nécessaires ont été constituées. Les programmes sont les suivants:

AI Etude des variations saisonnières des ressources démersales accessibles à la pêche artisanale.

BI Etude de la composition des captures et de l'effort de la pêche artisanale.

CI Ecobiologie et dynamique des populations des principales espèces exploitées par la pêche artisanale.

DI Etudes des composantes sociologiques et économiques de la pêche artisanale en Guinée.

El Adaptabilité des stratégies de pêche artisanale en Guinée. Biologie et anthropologie: deux analyses complémentaires.

Nous décrirons succinctement dans la suite de ce texte les approches retenues, après un bref rappel des principaux éléments du contexte guinéen. Pour finir nous discuterons des principales difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre de cette stratégie de recherche.

Il.2. Les contraintes liées aux Ressources

Il.2.1. Le contexte biogéographique

Le plateau continental guinéen qui s'étend le long d'une cOte de 300 km a la particularité d'avoir une pente extrêmement faible jusqu'à une profondeur d'environ 50

m,

ce qui lui donne une largeur moyenne de 80 milles marins jusqu'aux fonds de 200 m, atteignant même 110 milles au nord.

La zone réservée légalement pour la pêche artisanale qui s'étend jusqu'au 15 milles marins est donc particulièrement vaste. La surface des fonds inférieurs à

Séminaire sur les pêches artisanales en Afrique de I·Ouest. Mauritanie. Avril 1992.

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La~cheartisanale en Guin~.Enjeux de recherche.

l'isobathe 15 mètres qui la délimite approximativement est de 2500 milles2 soit 37 % de la surface du plateau continental (0-200m).

La région côtière guinéenne possède également la particularité de subir de fortes précipitations pendant la saison des pluies qui dure de mai à octobre, puisqu'il pleut 4 m d'eau par an à Conakry. Des fleuves importants (Rio Cogon, Nunez, Fatala, Konkouré, Forecariah et Mellacorée) déversent de grandes quantités d'eau douce et d'alluvions en zone côtière entraînant une dessalure notable des eaux jusqu'à 15 milles au large (fonds de

15m).

Ces particularités font qu'il existe en Guinée un grand développement des communautés démersales des sciaenidés côtiers et d'estuaire, selon la classification de Fager et Longhurst (1968).

11.2.2. Les études entreprises (programmes A et C)

Les études entreprises dans le cadre de cette composante ont pour objectif la connaissance des ressources disponibles pour les activités de la pêche artisanale. Il s'agit d'acquérir les informations concernant la composition en espèces de ces ressources, leur distribution spatio-temporelle, leur abondance et leurs caractéristiques biologiques permettant d'évaluer leur prod uctivité.

Tableau 1: Liste des campagnes CHAGUI réalisées en zone côtière de la Répu- blique de Guinée (EAS : échantillonnage aléatoire stratifié; ESS : échantillonnage systématique stratifié).

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Intitulé CHAGUI1

CHAGUI2

CHAGUI3 CHAGUI4 CHAGUI5 CHAGUI6 CHAGUI7 CHAGUI8 CHAGUI9 CHAGUI10 CHAGUI11 CHAGUI12 CHAGUI13 CHAGUI14 CHAGUI15 CHAGUI16 CHAGUI17

Date

7 - 29 mars 1985

17 octobre - 7 novembre 1985

5 - 15 mars 1986

24 octobre - 2 novembre 1986 23 novembre - 2 décembre 1987 12 - 21 avril 1988

27 septembre - 5 octobre 1988 19 - 29 septembre 1989

22 - 30 novembre 1989 29 avril - 5 mai 1990 23 - 31 juillet 1990 22 - 29 janvier 1991 27 - 5 avril 1991 22 - 2 juillet 1991 18 - 27 septembre 1991

27 novembre - 5 décembre 1991 20 - 30 janvier 1992

Observations

EAS(3 strates) et 10 radiales'avec stations 5, 8, 12, 15 et 20 m.

EAS(3 strates) et 10 radiales avec stations 5, 8, 12, 15 et 20 m.

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Séminaire sur les pêches artisanales en Afrique de l'Ouest. Mauritanie, Avril 1992.

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Lapkheartisanale en GuintJe. Enjeux de recherche.

l'approche retenue consiste en des campagnes de chalutage expérimental biannuelles dans la zone des 5-20 m, utilisant la méthode de l'échantillonnage stratifié aléatoire ou systématique et des études biologiques sur les principales espèces pêchées par la pêcherie artisanale,

les campagnes ont débuté en 1985 (tableau 1) et se poursuivent actuellement depuis début 1991 par une série de campagnes trimestrielles afin de mieux suivre un cycle annuel. Une première exploitation des résultats a été publiée en 1989 concernant les campagnes 1985-1988 (Domain, 1989). Ces résultats ont pu : - illustrer les mouvements côte-large des différentes communautés en fonction de l'extension des eaux dessalées, - démontrer la diminution sensible des rendements de certaines espèces suite

a

l'intensification de l'exploitation et enfin - fournir une estimation du potentiel exploitable des communautés

a

sciaenidés (côtiers et d'estuaire) qui constitue la référence actuelle en matière de planification du développement de l'effort de pêche dans la zone côtière.

Par ailleurs une campagne sur l'ensemble du plateau continental a permis l'élaboration d'une carte sédimentologique en cours d'édition (Domain, en préparation).

En ce qui concerne la biologie des espèces, des échantillons concernant 10 espèces principales des communautés

a

sciaenidés sont collectés à la fois lors des campagnes de chalutage expérimental et lors d'opérations hebdomadaires d'échantillonnage sur un navire école. Un laboratoire d'analyse a été mis en place et procède aux analyses classiques (longueur, poids, sexe, stade sexuels, poids des gonades, adiposité et prélèvement de pièces dures).

Ces données sont gérées sur base informatique. Des études de croissance sont entreprises par âgeage individuel sur la base des pièces dures collectées et sont réalisées sur chacune des espèces au fur et

a

mesure de l'avancement des travaux.

11.3. Les contraintes liées à l'Homme et à la Société

la recherche en sciences humaines au CRHB a démarré en 1988

a

partir d'enquêtes très ouvertes sur les débarcadères de la capitale. Ces premières enquêtes, sans échantillonnage préalable, étaient conçues afin de prendre contact avec les acteurs de la production (armateurs/pêcheurs), de la transformation (fumeuses) et de la vente du poisson (commerçants), et de tester leur réceptivité aux types d'investigation que le CRHB souhaitait développer. les acteurs de la pêche n'étaient pas habitués

a

ce type d'investigation qui, pour eux, ressemblait à des méthodes d'enquêtes policières de l'ancien régime dont les séquelles demeurent.

Ces enquêtes ont été limitées aux sept principaux débarcadères de la presqu'île de Conakry (Bonfi, Boussoura, Boulbinet, Dixinn, Landréah, Kaporo et Nongo) - débarcadères disséminés sur l'ensemble du territoire sud, nord et l'extrémité ouest de la presqu'île, assurant ainsi une bonne couverture de la capitale. Elles ont donné des résultats riches en enseignements qui ont permis de définir plus précisément et ainsi de hiérarchiser les thèmes que le CRHB entend développer pour expliquer les déterminants économiques et sociaux du développement de la pêche artisanale maritime en Guinée, et adapter en conséquence les méthodologies aux réalités du milieu.

l'exploitation de ces enquêtes (lootvoet

et al,

1989, Diallo, 1990) a permis de poser un regard panoramique sur l'ensemble des activités,

Séminaire sur les pêches artisanales en Afrique de l'Ouest. Mauritanie. Avril 1992.

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La~cheartisanale en Guinée. Enjeux de recherche.

repérage sommaire des types de matériel et des techniques de pêche, évaluation du nombre d'emplois créés, premières indications sur l'origine des investisseurs, les circuits de commercialisation, le degré de motorisation .... Elle a donc suscité un questionnement sur l'origine socio-professionnelle et géographique des acteurs de la pêcherie (armateurs, équipage, transformatrices, vendeuses) - entre le quart et le tiers sont originaires de Conakry - sur les stratégies migratoires (quels sont les motifs qui guident les migrants ?) , la rentabilité de l'activité de pêche et le processus d'accumulation du capital, la formation des prix, la transformation et la commercialisation du poisson.

Différentes actions de recherche ont été mises en place dans le cadre du programme 0 intitulé: "Etude des Composantes Sociologiques et Economiques de la Pêche Artisanale en Guinée" (CRHB, 1991), ayant pour objectif la recherche des déterminismes propres à la société et au marché qui contribuent à dynamiser ou, au contraire, à entraver les activités halieutiques (production, transformation, commercialisation du poisson) et celles qui leur sont connexes (charpenterie de marine, réparation de moteur, approvisionnement en matériels divers, ... ).

Les actions de recherche ont ainsi été définies :

11 Etude sociologique et économique de la transformation du poisson.

21 Contraintes sociales et gestion d'une pêche monospécifique l'exemple de Landréah.

31 Contraintes sociales et spatiales, gestion d'une pêche diversifiée:

l'exemple de Bonfi - Dabondy.

41 Valorisation de la production des activités liées à la pêche artisa- nale à partir des processus de détermination des prix.

51 Repérage des circuits de commercialisation du poisson sur l'ensemble du territoire guinéen.

Ces actions ont pour objectif premier de pallier le manque de données sur les activités socio-économiques (constitution d'une base de données) et, en deuxième lieu : d'élaborer une typologie des modalités pratiques, techniques et financières de la transformation du poisson, de comprendre les différents modes de gestion des unités de pêche à travers la reconstitution de leur comptabilité, d'analyser la structure et la répartition spatiale des circuits de commercialisation, d'étudier les dynamiques de l'occupation spatiale autour des débarcadères et leur influence sur les activités halieutiques.

Les premiers résultats connus de ce programme (Goujet et al, 1992) concerne la première action de recherche. Ces résultats révèlent la complexité, la subtilité et la nature parfois contradictoire des déterminants de J'activité de fumage et de commercialisation à partir d'éléments d'analyse sur J'histoire du peuplement de Dixinn-port et les rapports de pouvoir ou de principes de négociation entre offreurs et demandeurs. Le choix du quartier de Dixinn-port tient à diverses considérations. Ce quartier, situé sur la façade nord de Conakry, comprend deux débarcadères dont l'un est entièrement phagocyté par le bâti à usage d'habitation et, l'autre, promu à un avenir relativement meilleur, est l'objet actuellement d'un vaste aménagement à vocation halieutique. Ce document privilégie les fumeuses et les maréyeuses-fumeuses

Séminaire sur les pêches artisanales en Afrique de l'Ouest. Mauritanie, Avril 1992.

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La~che artisanale enGuin~e. Enjeux derecherche.

qui sont les principales opératrices économiques situées à différents maillons de la chaine de commercialisation du poisson.

l'augmentation des coûts de certains intrants (carburant, glace, ... ) étant une donnée sur laquelle les pêcheurs ne peuvent agir, ceux-ci, dans la recherche du maintien d'une rentabilité de leur activité , peuvent être amenés à remettre en cause d'anciens rapports de production tels que la suppression du rOle des mareyeuses afin de récupérer la rente par elles créée et le remplacement d'un équipage par un autre plus qualifié, Ce type de processus contribue donc à donner au secteur une certaine instabilité notamment dans son organisation sociale et économique. Tels sont les quelques aspects de la gestion des unités de pêche que cherchent à analyser les actions de recherche 2 et 3.

En ce qui concerne la méthodologie d'approche, après identification de l'ensemble des agents économiques dont l'activité se rapporte à la pêche, la transformation et la commercialisation du poisson, un protocole d'enquêtes a été établi consistant en un important relevé quotidien sur toute l'année du volume des débarquements par espèce, des modalités et prix de vente par espèce, des frais d'exploitation des sorties, de la répartition de la va- leur de la production des unités de pêche, du mode de fonctionnement des acti- vités de pêche, des prix et quantités de poisson achetés par les mareyeuses, de la valeur de leur produit transformé (fumage), etc.

Sur le plan qualitatif, des enquêtes ouvertes sont aussi menées sur les aspects sociaux des activités connexes à l'activité de pêche artisanale. Une étude a été entreprises par le programe E sur l'historique et les traditions des populations littorales.

Il.4. Les contraintes liées à l'Action de Pêche

11.4.1. les pêcheries actuelles

la pêcherie artisanale maritime guinéenne qui exploite la zone cOtière jusqu'à 12 milles marins au large doit être subdivisée en deux pêcheries : d'une part la pêcherie artisanale dite traditionnelle qui s'exerce à partir de plages-débarcadères au moyens de pirogues motorisées ou non et sur laquelle se focalisent principalement les recherches, et d'autre part, d'une pêcherie artisanale dite "avancée" qui constitue plutôt une pêche semi- industrielle qui s'exerce à partir du port de Conakry au moyen de petits chalutiers de 14 m.

la pêcherie artisanale traditionnelle est une pêcherie dispersée puisqu'elle s'exercait, en 1989, à partir de 89 débarcadères réparties tout le long du littoral (figure 1). Elle concerne 6200 pêcheurs et 1880 pirogues.

Les types d'engins et d'embarcations sont assez diversifiés (tableau 2). le taux de motorisation est de 37 % en moyenne sur l'ensemble du littoral mais est beaucoup plus important dans la presqu'île de Conakry où il atteint 63 %. Bien qu'en modernisation rapide dans certaine région, une part encore importante des activités de cette pêcherie est orientée vers l'auto-consommation. On estime la production de cette pêcherie à 40 000 tonnes par an dont environ 50

% d'espèces pélagiques cOtières (ethmaloses et sardinelles surtout) et 50 % d'espèces démersales cOtières (sciaenidés, ariidés, polynaemidés, mugilidés ... ) (FAO, 1991). l'accès à cette pêcherie n'est pas limité.

Séminaire sur les pêches artisanales en Afrique de l'Ouest. Mauritanie. Avril 1992.

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Figure 1 : Carte du littoral guinéen avec indication des débarcadères de la pêche artisanale traditionnelle.

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Tableau 2: Résultats du recensement sur la pêche artisanale traditionnelle de 1989 (Source: Domalain et Malais, 1989 a et b). FME, filet maillant encerclant, FMD, filet maillant dérivant, LI-PA, ligne ou palangre, DIV, divers.

PREFECTURES BOKE BOFFA CONAKRY DUBREKA COYAH FORECARIAH TOTAL

Nbre de débarcadères 6 19 29 9 9 17 89

Nbre d'embarcations 184 542 685 126 88 256 1881

Kourous 0 1 3 0 0 1 5

Gbankenis 128 188 135 86 88 71 696

Salans 38 300 436 40 0 179 993

Flimbotes 9 36 77 0 0 3 125

Botis 3 0 2 0 0 2 7

yolis 5 17 29 0 0 0 51

Autre 1 0 3 0 0 0 4

Total 184 542 685 126 88 256 1881

Motorisation

% 26.6 23.8 62.6 19.8 0.0 28.5 37.5

Nbre 49 129 429 25 0 73 705

Engins de pêche

FME 41 105 320 24 0 77 567

FMD 65 277 225 54 15 98 734

LI-PA 64 158 108 30 11 66 437

DIV. 13 1 22 16 62 12 126

Indet. 1 1 10 2 0 3 17

Total 184 542 685 126 88 256 1881

Nbre de marins 591 1772 2744 247 122 704 6180

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Lap~cheartisanale enGu;n~e. Enjeux de recherche.

La pêcherie artisanale avancée est constituée en 1991 d'une dizaine d'unités chalutières de moins de 100 tjb effectuant des marées journalières et produisant à des fins commerciales de l'ordre de 1000 TIan. dont essentiellement des espèces démersales côtières (sciaenidés, ariidés, polynaemidés, mugilidés ... ). L'accès à cette pêcherie est soumis à délivrance de licences de pêche dont le nombre tend à être réglementé.

11.4.2. Le contexte ethna-historique

Comme nous l'avons vu, le littoral guinéen bénéficie de grandes potentialités pour l'exploitation des ressources halieutiques par la pêche artisanale mais cela n'a pas donné lieu à une spécialisation ethnique dans la pratique de l'activité de pêche (Bouju, 1992). Ceci peut être expliqué par l'exploitation des riches terres littorales par les populations qui furent les premières à s'installer sur les côtes de Guinée.

Les Baga et les Soussou se spécialisèrent dans la riziculture et ne s'intéressaient à la pêche que comme complément à des activités agricoles. Seule la proche frange côtière était exploitée à l'aide de petites pirogues monoxyles. Jusqu'au début du XXè siècle, les lignes, les éperviers et les filets barrages, installés dans les bras de mer s'enfonçant dans les entrelacs de la mangrove, constituaient la panoplie technologique caractéristique des pêcheurs guinéens.

A partir des années 50, sous l'influence des pêcheurs ghanéens fante, la physionomie de "activité a grandement évoluée, tout particulièrement à Conakry. L'exode rurale, la monétisation de l'économie, le développement urbain ont amené de nombreux acteurs, d'origine ethnique très diverse, à s'intéresser à ce sous-secteur économique.

L'utilisation des grandes pirogues de type ghanéen, la motorisation des embarcations, les nouveaux filets encerclants ont transformé I"organisation statutaire de l'activité de pêche sur ce type d'unité dont la production était destinée à la commercialisation.

Si les Baga, sur l'ensemble du littoral, n'ont que peu changé leur panoplie technologique, les autres acteurs, toutes ethnies confondues se sont réappropriés les techniques et technologies qui jusqu'alors étaient l'apanage des pêcheurs étrangers migrants. L'adoption de ces nouvelles techniques alla de pair avec l'exploitation de nouvelles zones de pêche.

L'année 1984 marque un second tournant dans l'activité de pêche artisanale maritime en Guinée. La mort de Sekou Touré, leader de "ancien régime, laisse place à un gouvernement qui libéralise l'économie, quelques guinéens exilés rentrent au pays dont certains ont été formés aux métiers de la mer dans les pays voisins. La possibilité d'investissements privés, la multiplication des projets d'aide des organismes internationaux dynamisa I"activité et l'on vit apparaître de nouveaux acteurs particulièrement actifs, originaires d'autres secteurs économiques, et qui cherchaient à faire fructifier leur capital sur le court terme.

Les pirogues du type flimbote, inspirées des grandes pirogues ghanéennes, équipées de filets encerclants et de sennes tournantes furent les unités privilégiées de ce "boum" économique, mais les savoirs et savoir-faire correspondant à ce type d'unité étaient principalement détenus par les pêcheurs Sierra-Léonais. Le recrutement de l'équipage se fit hors du réseau

Séminaire sur les pêches artisanales en AfriQue de l'Ouest. Mauritanie, Avril 1992.

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de parenté, la différenciation statutaire entre individus engagés dans une même unité s'accentua, les outils de production échappant â la maîtrise des producteurs qui ne firent que louer leur force de travail. Par ailleurs, les équipages plu ri-ethniques se sont multipliés offrant ainsi la possibilité aux pêcheurs nationaux de s'initier â ces nouvelles techniques de pêche.

l'ensemble de la commercialisation et de la transformation du produit subit de grands bouleversements. les ententes sortirent du réseau de parenté ou de la relation famille d'accueil/pêcheurs migrant. Elle se formalisèrent sur des bases de complémentarité économique et de confiance mutuelle (système d'avance et d'aide en échange d'une partie, garantie, de la production) .

les autres pêcheurs guinéens, en adoptant progressivement les filets maillants dérivants ou encerclants, les moteurs et les embarcations â membrure de type salan, exploitèrent des zones de pêche de plus en plus éloignées des côtes et qui jusqu'alors n'étaient investies que par les pêcheurs étrangers. Il existe parallèlement des groupes de pêcheurs agriculteurs qui n'ont pas changé leurs techniques ancestrales de capture des produits halieutiques et qui opèrent exclusivement sur la proche frange côtière.

Nous avons donc en Guinée une population de pêcheurs très hétérogène dont une partie importante est constituée d'individus d'origine étrangère. la pêche maritime n'est pas le fruit d'une ancienne tradition mais son dynamisme s'explique en partie par les communautés étrangères qui se sont succédées depuis le XVlllè siècle et qui ont été le vecteur principal des transmissions et évolutions des savoirs, pratiques et techniques de pêche.

L'appropriation progressive par les populations locales de ces techniques pouss2 les pêcheurs étrangers â rechercher sans cesse de nouveaux technotopes exploitables sans conflit ni trop rude concurrence, il s'ensuit une dynamique continue tant dans la recherche des techniques et technologies que dans l'appropriation de nouvelles zones de pêche (figure 2).

Nous sommes en présence d'un sous-secteur économique très jeune (fort développement à partir de 1985) en pleine expansion (multiplication continue des unités sur les débarcadères), particulièrement instable du point de vue technique pour certaines de ses composantes telles que les unités localisées dans les zones urbaines (fréquent changement de type de pirogue, d'engins embarqués) et très diversifié quant â la composition humaine des unités (équipage à fort taux de roulement, revente des embarcations à de nouveaux propriétaires, composition ethnique des équipages très variée et mouvante en fonction du type d'unité de pêche, de la localisation des débarcadères, de l'historique de la pêcherie).

11.4.3. les études entreprises

Deux programmes sont intimement impliqués dans l'étude des contraintes liées à l'action de pêche.

2 : Un technotope est la combinaison d'un lieu et d'une technique de p6che déterminée, pour une période donnée des cycles biologiques du poisson et des cycles écologiques du milieu (Fav. 1989. Repères technologiques et repères d'identité chez les p6cheurs du Macina (Mali), multigraphiél.

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Péch~urs guinéens

Niveau Capitalistique des Moyer.'. Je Production (N.e.M.p.l: faible.

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Pêcheurs guinéens migrants et étrangers

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Figure 2 Relations entre réponses adaptatives, technotopes et groupes de pêcheurs.

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Lap~che artisanale en Guinf}e. Enjeux de recherche.

Le programme B (Etude de la composition des captures et de l'effort de la pêche artisanale) qui s'intéresse à la relation espèces pêchées·

dynamique des ressources. En effet, les activités de la pêche artisanale, quelque soient les motivations et les stratégies mises en oeuvre, ont un effet direct, d'ordre biologique, sur les ressources cÔtières. Dans la mesure où celles-ci sont limitées et sont exploitées par différents types d'exploitation ayant des modes de fonctionnement et des dynamiques différentes, il est nécessaire de bien connaître et de suivre la composition des prélèvements effectuées par les différentes composantes fonctionnelles de la pêcherie afin d'évaluer leur impact respectif sur les ressources. L'acquisition de ces données constitue l'objectif d'un système de collecte de données statistiques que le CRHB s'efforce de mettre en place en collaboration avec l'administration. La recherche est fortement impliquée dans cette phase de conception, de mise en place et de formation des cadres qui seront chargés du suivi de ce système.

Dans cet esprit, un certain nombre d'actions a déjà été réalisées et particulièrement sur la pêche artisanale traditionnelle, on citera notamment:

- deux recensements du parc piroguier, un concernant la ville de Conakry (Lootvoet, 1987) et l'autre, l'ensemble du littoral (Domalain, 1989 a, b)

- l'élaboration d'un dictionnaire des débarcadères, (Domalain et Malais, 1989)

- une description des principaux engins de pêche utilisés en Guinée (Salles, 1989).

- un suivi des activités de pêche dans quelques débarcadères de 1989 à 1990.

En 1992, est programmée une action visant à actualiser le recensement de 1989 de façon à apprécier les changements quantitatifs et qualitatifs survenus dans la pêcherie artisanale traditionnelle. On procédera également à une étude typologique des débarcadères visant à identifier des groupes de débarcadères présentant vis à vis de la pêche des similitudes géographiques, physiques et organisationnelles. Cette étude a pour objectif une meilleure compréhension des facteurs déterminant la physionomie de la pêche dans les différents débarcadères. Cette typologie servira de base à l'élaboration d'un plan d'échantillonnage des activités des pêche.

Dans une première phase l'approche biologique s'attache par conséquent à évaluer les interactions de type technologique entre les différentes unités fonctionnelles constituant la pêcherie côtière. Des simulations de différents régimes d'exploitation (modifications de l'importance relative des types de pêche, des maillages, des zones de pêche ... ) viseront à éclairer les décideurs sur les conséquences biologiques de leur choix d'aménagement de l'espace halieutique côtier.

Le programme E (Adaptabilité des stratégies de pêche artisanale en Guinée) constitue la clef de voûte de la problématique générale du C.R.H.B et fait le lien entre les études menées sur les contraintes liées à l'homme et à la société et celles liées aux ressources. Il se propose de saisir, à travers les actions de recherche conjointes de l'anthropologue et du biologiste, les divers types d'adaptabilité technique, les diverses stratégies mises en oeuvre par les groupements de pêcheurs sur l'ensemble des unités de pêche. A cette

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fin, deux approches distinctes mais complémentaires et simultanées ont été privilégiées. D'une part, un regard allant du pêcheur vers la ressource en passant par les différentes technologies utilisées, d'autre part un regard partant de l'organisation sociale globale des différents groupes sociaux vers le pêcheur, son savoir et son savoir-faire, les modalités d'appropriation sociale des différents espaces halieutiques. Ces deux approches convergent vers un objet de recherche privilégié et commun aux deux diciplines : l'unité de pêche. Nous entendons par unité de pêche l'ensemble constitué par le propriétaire, l'équipage, la pirogue et son moyen de propulsion, les engins utilisés à bord, les savoirs et savoir-faire, la ressource et l'espace halieutique exploité par l'unité de pêche. Vulgairement schématisé, notre objectif est de répondre à la question:

qui pêche quoi, comment, où, quand et pourquoi? Dans ce cadre, on s'intéresse tout particulièrement au phénomène de migration des pêcheurs (Bouju, 1991), à la dynamique des innovations techniques, aux zones de pêche (Guilavogui, 1992), aux technotopes et à l'appropriation sociale de l'espace halieutique.

Cette étude de l'adaptabilité et des stratégies de pêche est articulée avec les problématiques des deux autres composantes dans la mesure ou elle ne peut faire l'économie d'une mise en perspective socio-historique des contextes dont dépendent à différents niveaux et en différents lieux les acteurs sociaux impliqués dans l'activité, et d'une analyse précise de l'écologie des ressources halieutiques.

C'est l'ensemble de ces facteurs endogènes et exogènes à l'activité qui conditionnent notre approche pluridisciplinaire de l'activité. Chaque facteur trouve sa place dans un schème explicatif global qui ne tend pas à figer et stabiliser la réalité mais plus à rendre compte du sens, des logiques du changement et des instabilités à travers l'analyse des tensions, des équilibres provisoires, des déséquilibres soudains, des feed-back qui s'agencent et se réagencent au gré de l'environnement général (politique économique, sociologique écologique, biologique).

III. LES DIFFICULTES RENCONTREES

La mise en oeuvre de cette stratégie de recherche présente un certain nombre de difficultés. On distinguera d'une part les difficultés de recherche d'ordre général sur la pêche artisanale, qui ne sont pas spécifiques au contexte du Centre de Recherche Halieutique de Boussoura et, d'autre part, les difficultés plus particulières à la Guinée.

Parmi les premières, soulignons que si j'enrichissement respectif des disciplines du fait de leur association au sein d'une problématique globale est très sensible, il existe d'indéniables difficultés à mettre en oeuvre une réelle recherche pluridisciplinaire.

Le décalage entre les regards portés par les différents chercheurs sur le même objet d'investigation les oblige à argumenter, à justifier davantage leur point de vue alors que celui-ci peut être totalement

"institutionnalisé" dans leur discipline. Il y a par conséquent souvent prise de conscience du caractère relatif de sa perception de la réalité et de la prééminence accordée au modèle conceptuel lié à sa discipline. Ce processus prépare de façon évidente l'émergence d'une véritable pluridisciplinarité qui reste cependant à construire. En effet, celle-ci ne sera véritablement garantie et le repliement des disciplines sur elles-mêmes évité, que lorsque des objectifs de recherche précis auront pu être identifiés conjointement et reconnus de façon explicite par les différentes disciplines. Une avancée dans ce sens existe dans le

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cadre du programme spécifique du CRHB : "Adaptabilité des stratégies de pêche, biologie et anthropologie: deux approches complémentaires". Cette voie doit être approfondie, précisée et étendue à l'ensemble des programmes car il reste qu'actuellement il y a plus identité de l'objet de recherche que des objectifs de recherche.

l'identification, la reconnaissance de ces objectifs et par conséquent l'émergence d'une véritable pluridisciplinarité nous paraissent être confrontés à deux défis principaux :

1. La bonne formulation du problème. Nous l'avons vu la pêche artisanale peut et doit être considérée comme un système complexe composé d'un ensemble interactif et organisé d'unités actives, ou microsystèmes (l'Etat, la société, l'individu, le groupe d'individus, l'unité de pêche, la flottille, l'écosystème, les populations halieutiques, etc.), pouvant avoir des fonctionnements, poursuivre des buts et subir des évolutions propres.

Une fois reconnue cette nature complexe des processus mis en oeuvre et la diversité des niveaux actifs, on se doit d'admettre le caractère multiple voire infini des possibles regards sur l'objet de recherche ainsi que des variables mesurables pour suivre, comprendre, expliquer et, éventuellement, prévoir le fonctionnement du système. En fait, il n'y a pas de pertinence absolue ; l'approche retenue par le chercheur ne sera pertinente que par rapport au niveau adopté par celui-ci pour porter son regard (l'Etat, l'individu, le groupe familial, la région, le poisson, ... ) et également par rapport au projet que le chercheur attribue à son objet d'étude.

Comme il n'y aura de bonne réponse qu'à une bonne question, la formulation correcte du véritable problème est indispensable à une recherche appliquée efficace. Objectifs et priorités identifiés, la recherche peut se positionner et formuler ses propres questions scientifiques. Il est notoire, et la Guinée ne fait pas exception, que les politiques des pêches sont en général trop imprécises et les objectifs et priorités affichées souvent contradictoires ; il Y a là par conséquent un travail préliminaire de première importance que doivent entreprendre en collaboration la recherche, les décideurs mais aussi les acteurs de la pêche.

2. L'élaboration d'un modèle conceptuel. Parallèlement à ce travail sur la nature du projet et l'identification des questions scientifiques qui en découlent, la recherche pluridisciplinaire nécessite l'élaboration d'un modèle conceptuel. Ce modèle est une représentation abstraite (mentale, verbale, graphique ... ) du système réel étudié permettant de replacer les uns par rapport aux autres les différents processus mis en oeuvre, de rendre intelligible le fonctionnement du système perçu et reconnu complexe. Disposant d'un tel un outil, la recherche pluridisciplinaire est à même de progresser dans la mesure où il lui permet:

- d'identifier les disciplines nécessaires à ses objectifs et permet à celles-ci de se positionner les unes par rapport aux autres,

- d'identifier les variables pertinentes à étudier et leur degré de précision nécessaire,

et enfin,

- de formaliser les connaissances déjà acquises, de les rendre intelligibles et donc de les communiquer entre les différentes disciplines.

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Signalons pour finir que cet ensemble de défis qui se posent à la recherche sur la pêche artisanale et sur les systèmes complexes en général ne pourront être relevés que si des chercheurs de différentes disciplines, qui devront être expérimentés et particulièrement ouverts aux recherches pluridisciplinaires, se penchent sur la question. Or rassembler ces chercheurs est une difficulté malheureusement supplémentaire compte tenu du privilège que les systèmes de recherche publique accordent encore, de façon sensible, aux approches disciplinaires par rapport aux approches thématiques.

Parmi les difficultés de recherche sur la pêche artisanale plus spécifiques à la Guinée, nous signalerons:

- L'accès difficile à l'information : - pour des raisons logistiques du fait de la grande dispersion des points de débarquement de la pêche artisanale, se rendre dans certains débarcadères est parfois difficile, certains n'étant accessibles Que par barque, et - pour des raisons historiques et politiques du fait d'un lourd passif de l'ancien régime qui laisse encore les acteurs de la pêche très méfiants vis à vis de toute collecte d'informations sensibles (ethnies, historique dans la pêche, rémunération, entente ... ).

- Le secteur de la pêche artisanale traditionnelle est dans certaine de ses composantes extrêmement dynamique et en perpétuel recherche de novation et d'équilibre. Il est donc ici, plus qu'ailleurs, nécessaire de faire un suivi régulier et ouvert des activités permettant l'appréhension des ces changements.

Signalons pour finir l'urgente nécessité de renforcer les capacités de recherche du pays qui doit faire face aux défis posés par la maîtrise de son dévéloppement. En effet, la Guinée ne dispose actuellement que d'un effectif très limité de chercheurs véritables. L'environnement de la recherche présente des défaillances considérables notamment en matière de communication (téléphone, fax, réseaux informatiques), d'équipement et de documentation qui maintiennent l'enclavement des chercheurs travaillant en Guinée.

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