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.qooqle
.cornLANCELOT DE LA POPELINIÈRE
HISTORIEN POITEVIN.
Premièrepartie;
LancelotVoësin de la Popelinière naquit à
Sainte-Gemme,
prèsLuçon
, on 1541.Sa famille, parfaitementhonorable,occupait dans lepays
une
positionmoyenne
, etsidepuispeu ellelançaitsesrameaux
versla noblesse, toutes ses racines plongeaient dans la bourgeoisie.Son
père avait fait avec distinction plusieurscampagnes
en Italie;lassé à lafin du harnais de guerre, il l'avait
échangé
contre l'humble pourpointdel'agriculteur; etsans ambitioncomme
on Testdansnotre pays (nospères l'ontsouvent prouvé),il se fitmodestement
fermier del'abbayedeMoureilles.Ce
n'est pasqu'en dérogeantainsi ilvoulût retenirses enfanlsdanscetteobscureposition; il s'engarda bien.Son
fils aînérepritla cuirasse et l'épée d'Italie, etquant aucadet, notre Lancelot, l'universitéde Toulouse le
compta
bientôtparmi ses éco-liers. C'étaitvraiment là
une
preuve que le sieur delaPopelinièrene reculait devantaucun
fraispourcréer à sesenfantsuneposition hono- rable.Toulouse était bien éloignée, et lesmoyens
de transport fort lents alors; n'importe, Lancelotdevaità tout prix recevoirune
bril- lante éducation,etnous verrons bientôtcomment
il sutcorrespondre à la sollicitude, peut-être aussi à la vanité paternelle.Il finissait ses étudesquand
son frère aînémourut
;dès cet instant, sa destinéefutchangée
; etpoursoutenirdignement
la noblesse defraîchedatedesa famille, il dut saisirl'épée que lamain
de son frère venaitde laisser échapper.C'étaiten
1560
qu'ilentrait ainsidanslemonde,
après avoiremployé,dit-il, tantd'annéeset tantde frais
aux
bonneslettres èspluscélèbres universités de ce temps. L'époque étaitextrêmement
critique; lesLANCELOT DE LA
POPBLINIÈRE. 511 discussions religieuses avaient déjà égaréun
grandnombre
detêtes; etleBas-Poitou enparticulier étaitenproieàune
fièvre ardenteque
levenin dela réforme lui avait inoculée. Je ne m'étendrai point sur lescausesqui ouvrirent cetteprovinceàl'envahissement desdoctrines calvinistes; quelques
mots
seulement sur cette révolution religieuse suffirontamplemént
àl'intelligencedecetteétude.Le
protestantismeentama
lePoitou par plusieurspoints à la fois,parla noblessed'abord:chez
une
grandepartie desesmembres
, les croyancesreligieusess'étaient, à cetteépoque de renaissancematé-
rialiste, singulièrementrefroidies.
La
corruption desmœurs,
l'esprit d'indépendance,une
jalousie secrète contre la noblesse de cour, avaientjeté ledésordredansune
notable portionde l'aristocratiepro- vinciale.Dès
lors, impatientedu
jougreligieux,jalousedes richesses etdel'influencedes prêtres etdesmoines
,mécontente delacour qui l'oubliaitdanssesmanoirs, elle se jeta dans le protestantisme pour faire acte d'indépendance religieuse et politique, plutôtque
pour satisfaireun
besoindeconscience.En
outre, plusieursgentilshommes
poitevinsetdesplusinfluentsavaientsuiviJean de Parlhenay, seigneurde
Soubise,sur leschamps
debataille d'Italie; ilslesuivirent aussi à Ferrarequifutpoureux une Capoue
fatale.Soubiseavaitune sœur
à lacourdecette petite capitale, courcharmante
,pleine d'enchante- ments,où Renée
de France,filledeLouisXII
etfemme du duc
Hercule d'Esté, était parvenue à acclimater le protestantisme.La sœur
de Soubise,Anne
de Parthenay, parson esprit et sabeauté, étaitune
desfemmes
les plus séduisantesde cettecour:nouvelle Circé, elle attirasanspeinelescompagnons
d'armesdesonfrère, ettousbientôt, s'énervantdanslavoluptueusemollessedecette capitale,où
leluxe,
lesarts, lagalanterie régnaient danstoute leur splendeur, s'impré- gnèrent facilement des nouvelles idées de réforme religieuse
que
la fanatique duchesse avait mises à l'ordredu
jour dans son palais,naguère
abrideCalvin fugitif.Aussi,deretourdecettefuneste
campagne,
plusd'un gentilhomme, etSoubise entête, fit-ilde son manoirun
foyer de propagande,etde sasalled'armesmême un
prêche,où
ledogme nouveau
était offert et imposé aux vassauxd'alentour.312 LÀNCELOT
Ld
bourgeoisie,elle, futdirectement victime de Calvin lui-même.Ce
froid et orgueilleux sectaire, pendant le court séjour qu'il fit à Poitiers,sut s'insinuer dans lecœur
des plus influentsdelà
bour- geoisie; il se garda bien deleur présenter la réforme sous lemême
jour
que
laduchesse de Ferrare avaitfaitbrillerauxyeux
desgentils-hommes.
Illaleurmontra aucontraire rigide etsévère.On
faisait laCène
dans des lieuxécartés,dans des cavernes; on se passaitmys-
térieusement de petits livres, écrits à lamain
,où
le maître avait répandula fine fleurdesadoctrine.C'étaitdonc
vraimentune
réforme qu'il offrait ainsiàcesesprits raisonneurs et orgueilleux; il flattait leurscience, leurs lumières, leur puritanisme,en leuropposantl'igno- rance et la grossièreté de certainsmembres du
clergé inférieur, l'opulence et le relâchement de plus d'un dignitaire de l'Eglise.L'orgueil
une
foisému,
il fallaitbien peu de chose poureffacer lacroyance en des
dogmes que
le réveildela libre pensée repoussaitcomme
blessants et importuns : aussi, fiers de l'affranchisse-ment
de la raison, pleins de zèle pour ces nouvelles doctrines leseût-on vus tous cesnouveaux
adeptes, les Bobinot, lesLesage,
lesReigner, et cet alerte
Ramasseur,
lepremiercommis voyageur
de Calvin, les eût-on vus, organisant et mettant en jeuune immense
propagande, répandrebientôt àflots lalumièrenouvelle surle Poitou et les provinces d'alentour.Que
pouvait, dèslors, devenir le pauvre peuple, sousladouble pressiond'une partiepuissante de la noblesse et de la bourgeoisie, l'une et l'autre employant, dans l'attente de résultats différents,toutes sortes demoyens
pourlecorrompreet leséduire? Hélas,ildevait êtrebientôtvictimedesafaiblesse et de sa crédulité, et passer, par masses considérables, dans les rangs de l'erreur.
Telle était la situation morale
du
Poitou,quand La
Popelinière rentraau foyer paternel. Ilest probableque
, s'iln'étaitpas dèslors protestant,il netenait plusque
par des liensbien affaiblisau catho- licisme, puisqu'il se rangeapromptement
parmi les réformés(*). Il(t)Peut-êtreLa Popelinière, sur lesbancs del'universitétoulousaine,s'était-ildéjà laissécaptiver par ces nouvelles idées religieuses qu'unPoitevin, premierdisciple de Calvin,lezéléBobinotavaitétéprêcheraux étudiantsdeToulouse.
DË LÀ
P0PEL1NIÈRE.513
estvraique
pour son malheur, il rencontrait au seuilde sa carrièreun
introducteur,un
patron puissant et qui devait avoir sur luiune
grandeetnaturelle influence;c'étaitsonparrain,Lancelotdu Bouchet, sieurdeSainte-Gemme. Ce
personnage,aussifameux
parsesprouessesde
guerreque
par sonzèle ardent pour les nouvelles doctrines reli- gieuses, occupaitun
rang très-distinguéparmileschefsmilitairesde la réforme. Il dutdonc
singulièrementflatter son jeune filleul enle prenant sous sa protection; et enéchange
de toutesles séductionsde
gloireetd'honneur qu'il fît brillerà sesyeux, ne crut-ilpas trop exiger deluisans doute,en luidemandant
l'abandon d'unefoi qu'une éducationtoutepaïenneavaitpresqueeffacéedéjà.Celte
immense
fermentation religieuse qui agitaitsourdement
leroyaume
allait bientôt éclater. L'affaire deVassy
eut lieu; ce futcomme
lapremière étincelle de l'affreux incendie qui dévasta notrepauvre
France.Le
parti protestantcourut tout entier auxarmes
; et lescalvinistespoitevins,particulièrement, furentenun
instantsur piedpour
vengerleursfrèrestombés
sous lecoutelasdes Guizards.Ilstinrent às'emparer dePoitiers,maissoit qu'ils jugeassentleurs forcesinsuffisantes,soit qu'ils craignissent l'éclatd'une entreprise à forceouverte,ilsreculèrentdevant ce
coup
demain
, et préférèrentla ruse.Pour
mettre ceplan àexécution,on
dut trouverun homme
d'une habiletéetd'uneaudacedepuislongtemps éprouvées; cefutLancelotdu Bouchet que
l'on choisit.Nul
doutequ'il n'aitétésuivi dans cette aventureusecampagne
par son jeune protégé.Ilaccomplitbientôt sa mission,car soitpar ruse,soit parviolence, il s'installaen maître à Poitiers.Mais cette place était tropimportante pour qu'il en reslât possesseurlongtemps; lestroupes royales s'approchèrent,serrèrentle siège, firent brèche, et pénétrèrent victorieusesdans lesmurs.Sans une
portedérobée qui leur permitdegagner lacampagne,
Sainte-Gemme
et ses gens eussent certainement payé deleur vie tous les méfaitsdonts'étaientrendus coupableslesprotestants,pendantque
la villeétaitenleurpouvoir.Quel début pournotrejeune héros!Toutes leshorreurs dontilfut témoin,lepillagedeséglises,la profanationdesreliqueset des
tom-
beaux (celuide sainteBadegonde
attira particulièrementla ragedes514
LANGELOT
Vandales) toutnedut-il pasluidonner
une
bien affreuse idéeduparti qu'il embrassait?mais
telleétait la fureur des factionsqu'il n'était guèrepossibledes'arrêtersur cette cruelle penteoù chacun
glissait alors.AussiLa
Popelinière continua-t-il à suivresonfougueux patron danslesexpéditionsplusou moins
périlleusesqu'ildirigea contre les catholiques,jusqu'àcequ'enfinun
édit de paix vint fairerentrer au fourreau les épées rougies àDreux
eten tant d'autres rencontres, maisquihélasdevaientenressortir bientôt.En
effet, en 1567, la guerre éclate denouveau;
les protestants entrentenlutteouverte aveclepouvoirroyal, toujours défenseur de lafoi: ilslivrent la bataille de Saint-Denys; etbien qu'à leurdésa*vantage,cette affaire n'en a pas
moins
de terribles échos en Poitou.Dans
la partiehaute, Vérac assemblelanoblessehuguenote
; ettoute celledelapartiebassevient seranger autour deSoubise.Que
de crimesfurentalorscommis
parlesprotestants,que deruines ilsamoncelèrentsur notrésoldésolé!Le
rôleque
jouaLa
Popelinière danscette sanglante périodedetroisannées,longuesuitedesurprises, decombats
,desiègesdevilles etde bourgades,nulne
lesait,carilneparlejamaisdelui;mais
en
lisant sonHistoiredesTroubles,dans laquelleilnecessedeselamentersurlesmalheurs des guerresciviles, onresteconvaincuque, touten combaltant pourlesuccèsd'idéesreli- gieuses qu'il n'avait pasbeaucoup
approfondies encore, il sutse défendredesmoindresexcès,et qu'ilrestatoujoursferme dansle strict devoirdu soldat.Cependantlesmeurtres detoutes sortes,et lesravages
commis
sur leséglises,les couvents,les propriétésparticulières, doivent-ils être imputés seulement àune
soldatesqueeffrénée, età ces bandes sau- vagesque
des ministres, telsque Moreau
dePouzauges
et autres, exaltaient jusqu'au crime?Malheureusement non
! des chefs, deshommes
élevésy
prirenthélasune
tropgrandepart;etceseral'éter- nelle honte de ces guerres affreuses,que
deshommes
sages,reli- gieuxmême
,se soient trouvésemportés souventmalgré eux
dans ce sanglanttourbillon.Aprèstroislonguesannées d'une guerre dviie acharnée, alors
que
les bras tombaient de lassitude, le roi
envoya un
plénipotentiaireDE LA
P0PKL1N1ËKE.auprès de Coligny pourluiparlerde paix.L'amiralquitadésirait aussi, fatigué et honteux qu'il était des crimes de ses soldats, accueillit avec
empressement
cette proposition;puisentouré de quelques con- seillersdontilconnaissaitetappréciait lessentiments(La
Popelinière avait l'honneurd'êtredu nombre),
il fit accepter ses conditions,et grâce àd'assez larges concessionsdela partdu
roi, lespartisdésar-mèrent
etlecalme
succéda àlatempête.La
Popelinière, jetépar lamort
de son frèredans la carrièredesarmes,
n'avait point oubliépourcela l'étudedesbelles-lettres;et touten
bataillant,toutenchevauchantlacuirasseau dos,etl'épée sonnant surson lourd houseau de guerre,il aimait à relire ses auteurs; etdans
sonmince bagage
de soldat,on
eût trouvésans doute lesCom-
mentaires,et la Retraite des Dix-mille. Puis le soir, aubivouac,ou dans
quelquepauvre cabane,on
l'eûtvu
prenant desnotes destinéesà quelqueouvrageque
les loisirsdelapaixdevaient voirnaitreplustard.Aussi avec quel
bonheur,
déposant ses armes, il revint à sademeure
de laDune,
prèsSaint-Michelen l'Herm, à celteDune
dontil
nous
fait en ces termes la description,lorsqu'il parledesmaraisde Luçon
: «La montagne
sur laquelle laDune
est élevée, l'un des» plaisants séjours
du
seigneurdeLa
Popelinière,et songrandcircuit»
entouréd'eaude mer,emporte
lepremierprix,pourêtrepeupléede» tels oiseaux,et si proprement embellie
déboutes
singularités qui» convient
une
personne d'aimer sonaise etrepos,que
jene m'esmer-» veille si, durantlecruelet piteuxcoursde nossanglantes
mutine-
» ries,ils'yestquelquefoisretiré pour bigarerle long travaildeses
» études d'unsiagréable plaisir
que
lelieu apportoitet à tousceux» quilui étoientde compagnie. »
Dans
cette solitudeque
troublaient seulement quelques amis fidèles (*),iltravaillait avec ardeurà la composition de sesœuvres, et « se rafraîchissant lamémoire,
dit-il, del'ancienne pratique des(0L'abbédeSaint Michelen l'Hermétaitcertainement du nombre,carilenporteen ces termes,aproposdelamort de deuxfrèresdecetabbé, tuésl'unausiègede Poitiers, l'autreàlajournéedeBassac:« L'abbédeSaint-Michel,dil-il,estsibienpourvu detoute exquise lillcrature qu'ilenestrecommandépar tous ceuxquile connaissent:cequela versionlatinede Grégoiredettaziancetémoigne,etquelquesautresdocteurs grecs ecclé- siastiques qu'il arenduslatinsdepuisqu'ilestabbédeSaint- Michel. »
516
LANGELOT
armes
qu'ila suiviependantplusde douze ans(ilécrivaitcelaen15721),il mitledernier sceau à la revueet augmentation deses
non moins
doctes qu'ingénieuses Entreprises etrusesde guerre,que
lanoblesse Française etmême
l'Allemandeetl'Italiennecaressentsichèrement.»La
Popelinière venaiten effetdefaireparaîtreson premierlivre inti- tulé:v«
Des
Entreprises etrusesdeguerre, ou leVrai portraitdu gé-
néral d'armée. »C'estaussiàlamême époque
àpeu
prèsqu'il publia sonHistoire des Troubles.Mais
lapaixet lesdoux
loisirs,qui avaientpermisàLa
Popelinière delivrercesdeux
ouvrages àla publicité,devaient encoreune
fois être interrompus.La
Saint-Barthélemy, cecoup
terrible destiné à abattreleprotestantisme,ne fit au contraire qu'en raviverlafureur.De
tous côtéslesCalvinistes se préparèrentàlaguerre,et se refusant à rendre les villesque
le roi leur avait laisséescomme
garantiepen- dantdeux
ans,ilsdéployèrentencore l'étendarddela rébellion.La
Popelinièredutrejoindre ses coreligionnaires derrière lesmurs
deLa
Rochelle,investispar les troupesduduc
d'Anjou.Aprèsavoir partagélesdangerset les fatiguesd'unedéfense acharnée,ilputres- pirerunmoment,
alorsque,pourmonter
surletrône dePologne
,leduc
d'Anjou leva lesiège meurtrier et inutiled'une cité qu'il s'était promisd'humilier;mais cereposfutdecourtedurée,etTon
seruadenouveau
danslescombats.Pendant
cettepériodedeguerre,La Pope-
linière
commandait
le poste importantde Charronàl'embouchure de laSèvre,etnousl'y trouvonsrecevantdeLa Noue
l'ordredeprendre, pourlanourriture deses soldats,lesfruits*desbénéficesquidépendent dudit lieu. Bienheureuxalorsquand on
ne prenaitque
les fruits! Il est vrai que cet ordre venait deLa Noue,
et qu'il étaitdonné
àLa
Popelinièreson digne lieutenant,et certes tout fait penserque
cetordre futexécuté sans meurtresetsanssaccages.La Noue
lecom-
prenait ainsi, etil savaitquele capitaineLa
Popelinière n'étaitpashomme
àméconnaîtreses intentions.La
Popelinière était,nous
levoyons
, capitainecommandant un
poste.Qu'était-cealorsqu'un capitaine? Soldat de fortune, porteur d'unnom
roturier leplus souvent, lecapitaine avaitconquisson grade etsaréputationd'homme
de guerre à lapointede sonépée.IlarrivaitDE LA
POPELINIÈRE.517
même
souventàce grade sanspasserparla filièreordinaire,Rèmarqué
d'unchef, ilrecevaitune
mission plusou moins
difficile,et s'il s'en tirait avec succès, sa position désormaisétaitconquise. Tantôtcom- mandant une
simple escouade,tantôt à là têtede plusieurs cornettes, d'une brigademême
,ilallait dirigerun
siègeou
bien envahirune
province.Puisl'expédition terminée, ilrentraitdans lerepos jusqu'à ce qu'on eûtbesoinde
lui pourune
expédition nouvelle.Souvent
il levaitlui-même
satroupe,l'organisait,etse lançaitavecelledansles>aventures.C'étaitson métier, métierpeulucratif.
Le
capitaine,quand
il
ne
restait pas sur lechamp
de bataille,revenaitpauvre, vieilliet désabusé de lagloire,passer ses derniers joursdans quelquebourgade
de province; peu ambitieux, il se trouvait heureux avec quelques voisins amateurs desesrécits.Un
vieuxserviteur,quelques chiens,un roman
dechevalerie,un
grandverre,ou
bienun
livreascétiqueetune
haire, tels étaient souvent la société et les consolationsdu
vieuxsoldat.Bien quelaguerre dût affliger la France pendant quelques années encore,
La
Popelinière n'ypritpastoujours part;croyant,comme
ille dit,s'acquérirplusdegloireennequittantpaslaplume
pourl'épée.Il estàsupposer que,pourcomposer
les différents ouvrages qu'il fitparaître en
1581-82
et 1585, tous fruitsde longues études etde
pénibles labeurs, il lui fallut parfois s'éloigner
du
théâtre de la guerre, soit pour rechercher desdocuments
nécessaires, soitpour mûrir sesœuvres
danslecalme
et lasolitude, à l'abridesclameurs despartis etdu
bruitdes combats.En
1581 ,ilfitparaîtreson« His- toirede France,enrichiedes plus notablesoccurences survenues ès- provincesde l'Empire depuis1550
jusqu'à1577.»Cette Histoire, aussi bienque
celledes Troubles, publiéeen 1572, sedistingueparune
im- partialitéetun
sentimentdejusticevraiment digne del'homme
sage assezmaîtrede lui-même,—
chosebien rareàcelteépoqued'efferves- cence—
'pourne
pas abandonnerceshautes sphèresque
les passions n'atteignentjamais.La
Popelinière sutdonc, danscetteœuvre
histo- rique,évitertoute récrimination,toute injure,toute appréciation en- tachée de partialité.Ce
mérite lui futun
crime auxyeux
des chefs religieux du parti. Ceshommes
intolérants furent particulièrement518 LANCBLOT
scandalisésdesespagessurlaSaint-Barthélémyetsurle massacre de
Vassy
qu'il réduit à d'assez mincesproportions; il l'accusèrentalors de s'êtrevendu
à lareine-mère, et d'avoiroutragéleséglises;ilsledénoncèrent au prince
de
Condé,au roideNavarre,comme
ayant cherché ànoircir lamémoire
de plusieurs princesde leurmaison
;on
le cita devant lesynode delaRochelle,
où
ses accusateurs furent ses juges;etleroideNavarre envoya, de Nérac, Sainte-Mesme,un
deses gentilhommes, pourfairechâtierLa
Popelinièreetson imprimeur.Le
pauvreLa
Popelinière,devantune
telleattaque,dutavoir recoursà
ladéfense; ilécrivit lettressur lettresaux
princeset àThéodore
deBèze,
pour lessupplierdene
pasajouter-foiàces accusations,mais d'examiner plutôt son ouvrage etde lejuger avec connaissance de cause, bien sûrqu'il étaitque
devantun examen
impartial touteaccu- sationtomberaitànéant; sansl'entendrecependant,lesministres,ces prétendus libérateursdela penséeetdelaraisonhumaine
, lecondam-
nèrent publiquement dans leurs,assemblées synodales deLa
Rochelle etde Saint-Jean-d'Angely.La
Popelinière indigné écrivitau corps de villeune
lettreoù
ilse plaintamèrement
decet inique procédé,ainsique du
peu desoucipourlajusticeque
lesautoritésonttémoigné dans cette circonstance; «Jeme
persuadois,dit-il,que mes
servicesenvers la ville,etplusencoreledésird'ycontinuer,feraientque
vousadou-
ciriez
ou du moins
alentiriezlachaude
ettropaigre poursuitedemes-
sieurs lesMinistres contre moi. Davantage,jesuisbourgeoisdevotre ville,etcomme m'en
avezdonné
le droiten faveurde quelquesser- vicesque
je puis avoir faitspar lepassé, aussime
semble-t-ilqu'en faveurde
cegrade,etpourinciterun chacun
àlemériter,vousne me
devezabandonneràlapassion de ceuxqui se sont plussouvent éloi-
gnés
deleur devoirque
moi.... J'aidèslongtemps
aperçuque mon humeur
ne sympathysoit en rien à plusremuant que
moi. »Je
me
plais à citer quelques passages decettelettre,parcequ'ils caractérisent bien l'esprit droit et pacifique deLa
Popelinière, et l'humeurintolérante,emportée,vindicativedes ministres protestants;deces ministresqu'il peint bienencoredans
une
autre lettre écriteà sonfrère,enmême
temps qu'ilydévoile clairementlepeu d'estimeet d'affection qu'ilapoureux: «0
labelle censuredes réformés! dit-il:DE LA
POPELINIÈRE. .519 parainsi, ils m'avaientdonné
assez d'occasions dem'escarmoucher
sijen'avais plusde sagessequ'eux. Dieuseul
a mon âme
en sapuis- sance;et jenelairai pour cela d'êtrede son église,non
deleur as- semblée;nosRabbins
se plaignent de ceque
j'ai découvert quelque chose en droit historiographe; etque
diraient-ils s'ils voyaient de secretsmémoires que
j'ai,qui leur feraient rougirlaface?maisjeneveux
user devengeance; mon
naturel est tropbon
et trop gé^- néreux. »Quoi
qu'ilensoit,après plusieursannées detracasseriesd'unepartet derésistancedel'autre,La
Popelinière,parlassitude, plutôtque
par soumission,se prêtaàune
sortederétractationausujetdecertains pas- sages de sonlivre,danslesquels,comme
ilappertdestermesmêmes
de lacensure, l'historiena offensé toutesles églises, etparticulièrement celledeLa
Rochelle «tantàcauseque
l'histoirea étéimprimée
etpre-mièrement
lueen celieu,qu'aussipour cequ'ellecontientbeaucoup
de points contre véritéetl'honneurdecettevilleet église.La compagnie
est
donc
d'avis (continueleprocès-verbal)que
dedimanche
prochain en huit jours, le frèreministre qui prêchera à Saint-Yon au
matin déclareraàl'assemblée,leditsieurdeLa
Popelinière présent,larecon- noissancequ'il afaitedevantcesdeux
colloques,cequ'ilavouera,etmoyennant
cela,ilserareçu à lapaixdel'église.—
J'approuvetoutceque
dessus (lit-onau bas de ceprocès-verbal);enfoide
quoi l'aisigné dema main
etseingaccoutumé,
L.Voesin
(*). »En
signantainsisacondamnation,La
Popelinière achetaitleloisirdevivreenpaix aumilieudesesamis de
La
Rochelle;il achetaitde plus saréhabilitationauprèsdeseschefsmilitairesqui lenégligeaient depuis quelque tèmp3. Aussi cefutpourluiune douce
compensationà l'humiliationqu'il avaitsubie,derecevoirde M.
deSégur
Pardeillan, familierdeHenri de Navarre,une
lettreainsiconçue:«J'aiéprouvéun
grand plaisiren
apprenantque vous
étiez réconcilié avec l'église.Ce
sera occasion qu'onvous
emploieraen
chose quivous
sera agréable;etsivous
pensezque
jevous y
puisseservir,employez-moi(i)Ceslettres font partiedes manuscrits delaCollectionde Dupuyque possèdela Bibliothèque Impériale;nous en devonslacommunicationàl'obligeancede H.B.Fillon,qui ena pris copie.'
520
LANGELOT
aussi librement qu'ami
que vous
ayez;je ferai entendre au roi de Navarre qu'on vousalaissétroplongtempsoisif. »Cettelettre fut
une
véritableconsolationpourLa
Popelinière; mais pardonna-t-il à cesRabbinsintolérants?mais resta-t-il decœur
au milieudecetteassemblée qui s'intitulait église?Non.
S'ily restadefaitpendant quelques années encore, sa raison, son
cœur
s'en étaient détachés pourjamais.En
dépitdestracasetdessoucisque
cettemisérableaffaire luiavait suscités,La
Popelinièrefitparaître successivement Les TroisMondes
et
L'Amiral
deFrance;
et—
fut-ce pour narguer encore sespersécu- teurs?—
il dédia le premier àHuraut
de Cheverni,Garde
desSceaux
deFrance,et lesecondauduc
de Joyeuse.Cependant les discordes qui troublaient depuis si longtemps la Franceallaiententrerdans des phasesnouvelles;le
duc
d'Alençon,frère et héritierdu roi,venaitde mourir,etpar samort
Henri de Navarre chef desprotestants,devenaitl'héritierdesroistrès-chrétiens»C'était,ilfauten convenir,
une
complication deplus àun
étatde chosestrès- compliqué déjà.Pour La
Popelinière, protestantet royaliste,cefut aucontraireune
simplification.
Profondément
attaché à Henri deBourbon
,c'est avecun dévouement
plus ardentque
jamaisqu'il lesuivramaintenant.Car lesguerresdanslesquellesilva
s'engagerà sa suiten'aurontpluspour but le succès d'unefoi dont ildoute,maisle triomphe d'undogme
politique qu'il juge indispensable au
bonheur
de son pays. Il n'en- tendradonc
plusque
lavoixdu
vieuxsang
français bouillantdansses veines,et luicriantque
ledroit, la justice,sontducôtédelalégitimité représentée parHenri de Bourbon.Et
si, àl'ombredu
blancpanache du
hérosde Coutrasetd'Ivry,ilvase battreencorecontre descatho- liques, c'estque
ces catholiques, cesLigueurs nesontdésormais pourla plupart
que
des factieux enrôlésau service d'ambitions coupables plutôtque
d'intérêts religieux.Il n'hésitedonc
pas,etpourservirune
causequi lui est si chère il quitte son repos, ses-douceshabitudes littéraires;il sejettedenouveau
dans lescombats.Son
héros,sonroi,sortenfinvictorieuxidelalutte, ilmonte
surle trônede ses pères;La
Popelinière ne luidemande
rien: modesteetDE LA
POPELINIÈRE. 521 désintéressé, le vieux capitaine n'ambitionne plusque
la paix du cabinetet lesloisirs del'homme
delettresetdu
philosophe.Cependantl'expéditionde Savoie s'organise; leroi a besoinencore
de
sesvieuxcompagnons, La
Popelinièrerépondàsonappel; etbien mieux, aux instancesdeSully,ily
courtnon-seulement avec son épéepour
assurerla victoire,maisaussiavecsaplume
pourlatransmettre à la postérité.Au
retourdecettecourteetglorieusecampagne, La
Pope- linièreavaitsoixanteans;iln'aspiraitplus désormais qu'aureposetà l'obscurité; ils'y plongea tout entier; et ledirai-je—
aublâme
deceux
qui auraientdû
récompenserlesservices rendusetrémunérer lemérite,
— on
luilaissa toutleloisird'exécuter sarésolution.Entouré
de quelques vieuxcompagnons
d'armes et d'un petitnombre
d'amis aimantleslettres, iloublialemonde
oublieux. Il étaitpauvre
,son patrimoine s'étaitpeu à peu dissipé dansles guerresetdans
les voyagesà lapoursuitededocuments
etde livres.Retiréau faubourgSaint-Germain,àParis,ilsuccomba
àune
crise d'asthmedans
legrandhiverde 1608.Germain
dela Faille,danssesannalesde Toulouse, assurequeLa
Popelinièremourut
catholique;nous aimons
àle croire.Dieu, danssa miséricorde,ne pouvaitabandonner un homme
qui,bien qu'entraînédans
l'hérésieparlemalheur
des temps, s'appliquatoujoursnéanmoins
à suivre lessentiers de la justice et de la modération;il devaitlalumière pure dela foià celui qui,dansses
nombreux
écrits,n'abusant jamaisdeslumièreshumaines
qu'ilavaitlargementreçuesen partage,
ne
s'en servitaucontraireque
pouréclairer etréchaufferlesesprits et lescœurs.Alfred DE CHATEIGNER.
(Lasuiteprochainement).