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Un sanctuaire gaulois aux Châtelliers du Vieil-Auzay (Auchay-sur-Vendée, Vendée) ?
Jean-Marc Large, Bruno Boulestin
To cite this version:
Jean-Marc Large, Bruno Boulestin. Un sanctuaire gaulois aux Châtelliers du Vieil-Auzay (Auchay-
sur-Vendée, Vendée) ?. Philippe Barral; Matthieu Thivet. Sanctuaires de l’âge du Fer. Actes du 41e
colloque international de l’Association française pour l’étude de l’âge du Fer (Dole, 25-28 mai 2017),
Collection AFEAF (1), AFEAF, pp.379-383, 2019, 978-2-9567407-0-4. �hal-02891669�
Dole
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2017Les Châtelliers du Vieil-Auzay : un site exceptionnel
À cinq kilomètres au sud-ouest de Fontenay-le-Comte (Vendée), le site des Châtelliers est un éperon calcaire d’une longueur de 625 m pour une largeur de 280 m et une altitude maximum de 30 m NGF Fig. 1). Limité naturellement par la large vallée de la Vendée à l’est et une petite vallée sèche à l’ouest, il est barré au nord par un rempart dont la construction pourrait remonter à l’âge du Bronze (Large et al. 2004). La situation exceptionnelle de l’éperon, au contact d’une plaine alluviale marécageuse et d’un plateau calcaire, a favorisé l’installation des premiers agriculteurs dès la première moitié du 5e millénaire av. J-C. Principalement, ce sont six grandes périodes d’occupation du site qui ont été recon- nues : Néolithique moyen de type Chambon, Néolithique moyen
de type Auzay-Sandun, Néolithique récent du Seuil du Poitou, Bronze final RSFO, Second âge du Fer et Moyen Âge (cimetière).
Contexte de découverte des restes humains de l’âge du Fer
C’est au cours de l’intervention archéologique débutée en 1978 qu’a été découverte, sous le rempart, une diaclase surcreusée scellée par un important comblement de près de 5 m de puis- sance. Ce comblement, complexe, comprenait des niveaux datés du Néolithique moyen jusqu’à l’époque médiévale, et c’est dans une couche intermédiaire mal perçue à l’époque qu’ont été mis au jour plusieurs vestiges humains, dont un crâne complet,
(Auchay-sur-Vendée, Vendée) ?
Jean-Marc Large, Bruno Boulestin
Fig. 1. Vue aérienne du site des Châtelliers du Vieil-Auzay qui domine la large vallée alluviale de la Vendée (cl. Francis Leroy, Survol de France).
Jean-Marc Large, Bruno Boulestin
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Datations
L’absence de mobilier clairement associé aux restes humains de la diaclase a d’abord conduit à entreprendre une série d’analyses au radiocarbone directes, afin de lever tout doute sur leur attri- bution chronologique. Quatre datations ont été effectuées, sur le crâne isolé et sur le masque facial, le squelette complet et un des os de la seconde fosse. Toutes les dates obtenues renvoient à la période laténienne, avec un décalage entre les restes iso- lés, attribuables à La Tène ancienne ou moyenne, et le squelette complet, qui serait plus tardif, de La Tène finale, voire du début de l’époque romaine.
Restes humains
Ils appartiennent au total à au moins huit individus, cinq adultes ou de taille adulte, un adolescent et deux nourrissons, mais ce chiffre est probablement sous-estimé pour la tête osseuse : le bloc craniofacial est prédominant et nombre de fragments s’y rapportant et n’intervenant pas dans le calcul du NMI pourraient appartenir à des individus supplémentaires.
Une partie de ces restes présente de nombreuses modifica- tions anthropiques. Elles prédominent très largement sur le sque- lette de la tête, quoiqu’elles ne sont pas totalement absentes sur le squelette infracrânien. On peut identifier au moins trois types de traitements : l’écorchement/décarnisation, l’enlèvement de la base du crâne et la réalisation de masques faciaux (Fig. 5 et 6).
avec sa mandibule encore en connexion, et un « masque facial » (Fig. 2).
En 1989, l’ouverture d’un second secteur de fouille à l’exté- rieur du rempart a permis d’identifier un tracé plus précis de la diaclase qui avait été vidée au Néolithique récent puis reprise à partir du Bronze final (Fig. 3). À cet endroit, le comblement supé- rieur, composé d’un ensemble empierré important dans ce qui était devenu une grande fosse, a livré plusieurs autres vestiges humains, principalement le squelette complet d’une jeune femme (couches 4 et 5). Elle reposait à plat ventre, dans une position totalement désorganisée, ce qui permet d’évoquer un corps jeté et non pas soigneusement déposé (Fig. 4). Aucun mobilier n’était associé aux restes humains, mais leur position stratigraphique, au-dessus des niveaux du Bronze final IIb/IIIa (couche 3) caracté- risés par la présence de céramiques typiques (Large et al. 2004), fournissait pour leur datation un terminus post quem. Toujours dans l’emprise de la diaclase, dans une seconde fosse contiguë à la précédente, près de 200 restes humains appartenant à au moins quatre individus ont été recueillis dans un comblement caillouteux, là encore sans aucun mobilier associé. Certains os étaient isolés, entiers ou fragmentés, mais quelques parties ana- tomiques isolées en connexion ont également été retrouvées.
L’étude des restes humains provenant de la diaclase, succinc- tement entamée au moment de leur découverte, n’a été reprise en détail qu’en 2015, à l’occasion de la relance des recherches sur le site.
Réf. labo Donnée
brute BP δ13 C (‰) Date calibrée 95,4 % probabilité Crâne complet
(isolé) LTL 16328A 2305 ± 45 - 23.0 ± 0,2 490-200 av. J.-C.
Masque facial
(isolé) LTL 16329A 2109 ± 45 - 18.4 ± 0,3 360-1 av. J.-C.
Squelette
complet LTL 16339A 2050 ± 40 - 21.6 ± 0,2 180 av. J.-C.- 60 apr. J.-C.
Os de la
seconde fosse Beta -
427887 2190 ± 30 - 19.8 360-170 av. J.-C.
Fig. 2. Crâne complet (A) et « masque facial » (B) présents dans un niveau de comblement de la diaclase (cl. P. Birocheau).
Un sanctuaire gaulois aux Châtelliers du Vieil- Auzay ?
Plusieurs arguments convergent pour interpréter en première approche l’occupation du Second âge du Fer des Châtelliers à Auzay comme sanctuaire ou, pour le moins, comme lieu à voca- tion cultuelle :
– le caractère remarquable du site, sur un éperon ; – l’absence de toute trace d’habitat laténien ;
– les modalités de dépôts des restes humains, leur compo- sition, avec prédominance de la tête osseuse, et, surtout, leurs traitements, qui s’observent à l’identique dans les sanctuaires de cette période (Boulestin, Duday 2012 ; Rousseau 2012).
Cette interprétation devra être confirmée par les recherches à venir, mais si elle se trouve validée, Les Châtelliers du Vieil- Auzay sera un site fondamental pour relancer l’étude des fort mal connus sanctuaires de l’âge du Fer à restes humains d’extrême Occident fouillés anciennement (Faye-L’Abbesse et Bessines dans les Deux-Sèvres, Andard dans le Maine-et-Loire ou, un peu plus éloigné, Saint-Jean-Trolimon dans le Finistère) (Bouvet et al.
2003 ; Gomez de Soto, Lejars 2009 ; Villard-Le Tiec et al. 2010).
Fig. 4. Squelette complet présent dans le comblement supérieur d’une grande fosse (couche 5) (cl. P. Birocheau).
Fig. 3. Coupe de la diaclase recreusée avec son comblement. La couche 5 est concernée par les dépôts osseux humains (cl. et DAO J.-M. Large).
Jean-Marc Large, Bruno Boulestin
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Fig. 5. Tête complète B7a avec sa mastoïde tranchée. A. Vue latérale droite (1. Section du processus ; 2. Entailles sur la branche droite de la mandibule) ; B. Portion détaché du processus (vue postérieure) (cl. B. Boulestin).
Fig. 6. « Masque facial » C8 : vues antérieure et postérieure (cl. B. Boulestin).
Bibliographie
Boulestin B., Duday H., 2012. Acquisition, préparation et autres trai- tements de la tête chez les Gaulois : aspects anthropologiques. In Boulestin B., Gambier D.-H., Crânes trophées, crânes d’ancêtres et autres pratiques autour de la tête : problèmes d’interpréta- tion en archéologie. Actes de la table ronde pluridisciplinaire, 14-16 octobre 2010, Musée national de Préhistoire, Les Eyzies- de-Tayac (Dordogne). p. 139-157.
Bouvet J.-P., Daire M.-Y., Le Bihan J.-P., Nillesse O., Villard-Le Tiec A, avec la participation de Batt M., Bizien-Jaglin C., 2003. La France de l’Ouest (Bretagne, Pays de la Loire). In : Arcelin P., Brunaux J.-L., dir. Cultes et sanctuaires à l’âge du Fer, Gallia, 60, p. 75-105.
Gomez de Soto J., Lejars T. coord., 2009. Les lieux de culte des Âges du Fer en Centre-Ouest. In Bertrand I., Duval A., Gomez de Soto J., Maguer P., dir. Les Gaulois entre Loire et Dordogne. Actes du 31e colloque international de l’AFEAF, 17-20 mai 2007, Chauvigny (Vienne, Fr). Chauvigny, APC, p. 227-244. (Mémoires ; 34)
Large J.-M., Birocheau P., dir., 2004. Les Châtelliers du Vieil-Auzay : une archéologie d’un site exceptionnel de la Préhistoire récente.
La Roche-sur-Yon, Groupe vendéen d’études préhistoriques.
Rousseau É. 2012, Pratique des têtes coupées chez les Gaulois : les données archéologiques. In Boulestin B., Gambier D.-H., Crânes trophées, crânes d’ancêtres et autres pratiques autour de la tête : problèmes d’interprétation en archéologie. Actes de la table ronde pluridisciplinaire, 14-16 octobre 2010, Musée natio- nal de Préhistoire, Les Eyzies-de-Tayac (Dordogne). p. 117-138.
(BAR Int. Ser. ; 2415).
Villard-Le Tiec A., Gomez de Soto J., Bouvet J.-P., coord., 2010.
Pratiques funéraires du Second âge du Fer en Gaule de l’Ouest.
In Barral P. et al., dir., Gestes funéraires en Gaule au Second âge du Fer. Actes du 33e colloque de l’AFEAF (Caen, mai 2009), Besançon. Presses Universitaires de Franche-Comté, p. 85-106.
Auteurs
Jean-Marc LARGE, archéologue associé UMR 6566 CReAHH Rennes 1, F – 85000 La Roche-sur-Yon ; jlarge2@wanadoo.fr
Bruno BOULESTIN, Université de Bordeaux, UMR 5199-PACEA ; F – 33615 Pessac Cedex ; bruno.boulestin@u-bordeaux.fr
Abstract
The excavations carried out by P. Birocheau and J.-M. Large at Les Châtelliers du Vieil Auzay between 1978 and 1993 have testified, among other things, to the existence of depressions created using natural diaclases in the limestone substratum. Their filling indicates that they have been built and re-used over a long period of time. In two zones within the excavated area, human bones have been found either in the form of a whole skeleton, or as fragments of skeletons or of cut skulls. The earliest attribution to the Final Bronze age did not make sense (Large 2004) and a new examination of the human bones has come up with a fresh dating to the La Tène period, as confirmed by radiocarbon analyses. Owing to the nature of the bone modifications on the human remains and the context of discovery, the place might possibly have been intended for a religious purpose.
