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IDIS NOUVELLES
mPdecine/sciences 1 994 ; 1 0 : 1 048-9
D es anomalies de la L 1CAM à l'origine d'hydrocéphalies et d'autres syndromes cérébraux
Pl usieurs encéphalopath ies recon
naissent une hérédité récessive liée au sexe, éventuel lement due à un même gène . C 'est ainsi que dans une nouvelle récente [ 1 ] , P. Saugier
Veber et A. Munnich mon traient que deux maladies, celle de Pel i
zaeus-Merzbacher et l a paraplégie spastique SPG2, sont toutes deux associées au gène PLP ( protéine pro
téolipide) , en Xq2 1 -22. Un nouvel exemple, celui-ci de trois maladies, il est vrai cliniquement voisines, dues à l 'atteinte d'un même gène localisé en Xq28, vient d'être présenté par deux équipes. Il s'agit d'une forme d ' hyd rocé p h al i e avec sténose d e 1 'aqueduc d e Sylvius ( H SAS) , d u yn
drome d i t MASA-retard m e n t a l , démarche traînante (shuffiing gait) e t pouce e n adduction, e t d'une paraly
sie spastique, SPG l . Dans un pre
mier temps, Rosenthal et al. (Cam
bridge U K) avaient mis en cause , dans le seul HSAS [2] , une molécu
le d'adhérence appelée L l CAM ou L l . C'est une glycoprotéine de surfa
ce cellulaire, exprimée avant tou t par les axones des neurones postmi
totiques, au cours du dével op pe
ment. La L l CAM a été clonée à par
tir de plusieurs ti sus et espèces ; celle de cerveau h umain com pte 1 256 acides aminés [ 3 ] ; elle res
semble aux molécules d'adhérence de la superfamille des immunoglo
b u l i n es ; elle com porte ainsi six domaines immunoglobulines, suivis de cinq domaines du type fibronecti
ne type III, qu'un unique domaine transmembranaire relie à une termi
naison cytoplasmique (figure 1).
Des travaux récen ts publiés dans Nature Genetics [ 4, 5] permettent de mieux com prendre la nature des a n o m al i e s . Deux g ro u p e s , l ' u n
lg type C2 Fn type Ill TM
Figure 1 . Structure de la L 1CAM. lg : immunoglobuline ; Fn : fibronectine ; Tm : domaine transmembranaire ; C : cystéine. (D'après [4])
anglo-américain, déjà à l'origine des travaux initiaux [ 4] , l'autre formé de chercheurs américains et de plu
sieurs pays d'Europe [5] , ont analysé le gène LJCAM, en criblant la totali
té des 28 exons. Des mutations ont été trouvées pour les trois syn
dromes ; nous allons ten ter de les résumer en nous servant de tous les cas publiés [2, 4-7] .
Nous avo ns en tou t c o m p i l é six mutations faux-sens, un non-sens simple, un décalage par délétion de deux bases, un autre par délétion d'une seule base, une duplication de 1 ,3 kb et une délétion de 2 kb.
Les six m utations faux-sens sont toutes situées dans les limites des domaines immunoglobulines ; il en est de même du codon stop en 485.
Seules sont situées au-delà les muta
tions d'épissage, celles qui s'accom
pagnent d'une terminaison différen
t e , de sorte que l e u r extré m i té C-terminale est modifiée. Le syndro
me HSAS est considéré comme plus grave que les autres ; or les muta
tions faux-sens qui lui donnent nais
sance siègent en de" positions très conservées, alors que la mutation
His 2 1 0 Tyr ne l'est pas et s'accom
pagne d ' un syndrome MASA. En revanche, avec deux mutations par anomalie d ' épissage affectant les parties C-terminales, on observe un cas de HSAS et un de SPG. Il serait donc excessif de prétendre que nous pouvons actuellement corréler cor
recte m e n t c l i n i que et molécule.
L ' ensemble des mutations est en effet très divers, tant dans ses locali
sations le long de la molécule que dans la nature des anomalies. Il est possible d'ailleurs que des facteurs secondaires influent sur le phénoty
pe puisq u ' i l existe une variabilité intrafamiliale. Il existe en outre une possibil ité d 'anomalies de L l CAM suscep t i b l e s de p rovo q u e r des formes dégradées de ces maladies, par exemple des retards intellectuels isolés, et c'est là une voie pour des recherches futures. Il restera, enfin et surtout, à mieux comprendre les interactions de Ll CAM avec d'autres protéines d'adhérence, ainsi que son rôle précis dans la morphogenèse du système nerveux, cen tral comme périphérique.
J.C.D.
m/ s n • 10, vol. 10, orlobrr 94
1 . Saugier-Veber P, Munnich A. La maladie de Pelizaeus-Merzbacher et une forme de paraplégie spastique liée
à
l'X sont toutes deux associées au gène PLP. médecine/sciences 1994 ; 10 : 487-8.2. Rosenthal A, jouet M, Kenwrick S. Aberrant splicing of neural ce il adhesion molecule
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CAM in a family with X-linked hydrocephalus. Natu•·e Genet 1992 ; 2 : 107- 1 2 .3. Hlavin ML, Lemmon V. Molecular structure and functional testing of human l . l . Genomics 1991 ; I l : 4 1 6-23.
4. jouet M, Rosenthal A, Armsu·ong G, McFarla
ne J, Stevenson R, Paterson J, Metzenberg A, lonasescu V, Temple K, Kenwrick S. X-linked spastic paraplegia (SPG 1 ) , MASA syndrome and X-linked hydrocephalus result from mutations in the
LI
gene. Nature Genet 1 994 ; 7 : 402-7.5. Vits L, Van Camp G, Coucke P, et al. MASA syndrome is due to mutations in the neural cell adhesion gene
LICAM.
Nature Genet 1 994 ; 7 : 408- 1 3.6. Van Camp G, Vits L, Coucke P, et al. Ouplica
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7 . J o u e t M, Rose n t h a l A, M c Farlane
J ,
Kenwrick S , Donnai O. A m issense m u tation confirms the L I defect in X-linked hydrocepha- 1 us. Nature Genet 1 993 ; 4 : 3 3 1 .
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