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Analyse de la diffusion diffuse donnée par les cristaux de protéines

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Academic year: 2021

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(1)

HAL Id: jpa-00246616

https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00246616

Submitted on 1 Jan 1992

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Analyse de la diffusion diffuse donnée par les cristaux de protéines

J. Doucet, J.-P. Benoit, P. Faure, D. Durant

To cite this version:

J. Doucet, J.-P. Benoit, P. Faure, D. Durant. Analyse de la diffusion diffuse donnée par les cristaux de protéines. Journal de Physique I, EDP Sciences, 1992, 2 (6), pp.981-993. �10.1051/jp1:1992191�.

�jpa-00246616�

(2)

J. Phys. I France 2 (1992) 981-993 JUNE 1992, PAGE 981

Classification

Physics

Abstracts 87.15B

Analyse de la diffusion diffuse donnde par les cristaux de

protdines

J. Doucet (1,

2),

J.-P. Benoit

(I),

P. Faure (~) et D. Durand (~, 3) (1) L-U-R-E-, Bit. 209-D, Universit£ Paris-Sud, 91405

Orsay

Cedex, France

(2) Laboratoire de

Physique

des

Solides,

Bit. 510, Universitd Paris-Sud, 91405

Orsay

Cedex, France

(3) Laboratoire Ldon Brillouin

(CEA-CNRS),

91191 Gif-sur-Yvette, France

(Regu

le 3J

janvier1992,

acceptd le 13 mars J992)

Rksumd. Cet article est consacrd h

l'apport

de

l'analyse

de la diffusion diffuse de rayons X au problbme de la ddforrnabilitd des protdines cristallisdes. Nous passons d'abord en revue les

principales

dtudes

publides, puis

nous tentons d'effectuer une

synthbse

de ces rdsultats en y incluant des observations nouvelles que nous avons obtenues sur d'autres

protdines.

II

apparait

que deux types

principaux

de

ddplacements

affectent les moldcules : des

ddplacements

intramold- culaires corrdlds seulement h trbs courte distance et des

ddplacements

interrnoldculaires corrdlds

sur

plusieurs

mailles. La

possibilitd

de ddtection de diffusion diffuse provenant de

ddplacements

intramoldculaires corrdlds h l'dchelle de portions entibres de moldcules est discutde. '

AbstracL This paper is devoted to the contribution offered by the X-ray diffuse scattering

analysis

to the

problem

of

plasticity

of

crystallized protein

molecules. We first review the main

published

results, then we try to

perform

a

synthesis

of these results and of new observations that

we have obtained on various

proteins.

Two types of

displacements

emerge from this review : intramolecular

displacements

correlated at very short range and

long-range

correlated inter- molecular

displacements.

The

possibility

of

detecting

diffuse

scattering resulting

from in-

tramolecular

displacements

correlated within entire parts of

proteins

is discussed.

1. Prdsentation

gknkrale.

La

compr£hension

des

ph£nom~nes

de flexibilit£ et de d£forrnabilit£ des

prot£ines

constitue

un des

probmmes majeurs

de la

biologie

mol£culaire structurale actuelle. En

effet,

la seule connaissance de la structure tridimensionnelle des

prot£ines

foumie par la diffraction de rayons X se r£vine souvent insuffisante pour

expliquer

les m£canismes fonctionnels des mol£cules. Tr~s souvent, il faut supposer l'existence de mouvements corrd16s

supp16mentai-

res, comme dans

l'exemple

bien connu de la mo16cule de CO

qui

ne peut acc6der

jusqu'au

site

actif de la

myoglobine qu'apr~s

ouverture d'un passage

impliquant

des mouvements concert6s

de nombreux atomes de la

protdine. L'ouverture, qui ddpend

des conditions

physico-

chimiques environnantes,

sert de

systbme r6gulateur

de la r£action

biochimique [Il.

(3)

Le nombre d'atomes

impliqu6s

dans ces

ddplacements

est trbs

variable;

il s'dchelonne

entre

quelques

atomes

(comme

par

exemple

pour la fixation de la

glycyltyrosine

sur la

carboxypeptidase

A

[2]) jusqu'h

des domaines entiers comportant

plusieurs

milliers d'atomes

(comme

pour les kinases

[3])

ou mdme

jusqu'h

des mouvements entre sous-unit£s dans les

protdines composdes

de

plusieurs

chdnes

polypeptidiques.

Les

frdquences

assocides h la

plupart

de ces mouvements,

qui d£pendent

entre autres du nombre d'atomes

impliqu6s,

s'dtendent dans la gamme

10I2 Hz-10I°Hz,

mais des mouvements de

frdquences beaucoup

plus

basses existent aussi. Une bonne

description

de l'ensemble des mouvements affectant les

protdines

et de leurs

fr£quences

est donnde en

[4].

La

complexitd

structurale des

protdines

et la diversitd des mouvements dont elles sont le

sibge

rendent tr~s d£licate

l'analyse

de leur

dynamique.

Deux

grandes approches

sont actuellement

explordes.

La

premibre

est la simulation

num£rique

de la

dynamique

moldcu-

laire;

d'excellents articles de revue d£crivent les diffdrentes

techniques

de calcul

[5, 6].

Malgrd

les

progrbs

considdrables effectuds r£cemment dans cette

voie,

les limitations actuelles

des calculs n'autorisent pas h se passer de

l'approche exp6rimentale qui

reste donc

indispensable.

De nombreuses

techniques

ont £t£ utilisdes pour

analyser

la

dynamique

des

prot6ines

citons entre autres les

techniques

de R-M-N-

[7, 8],

l'E.S.R.

[9],

la

spectroscopie

Raman

[10],

la

spectroscopie

M6ssbauer

[III,

l'extinction de fluorescence

[12],

la diffusion de neutrons

[13],

les

£changes hydrogkne-deut£rium [14],

la mesure des constantes

£lastiques [15].

Chaque technique

apporte une contribution int£ressante pour une gamme de

frdquence

et un

type de mouvement donnds. C'est pour cela que

l'analyse

de la

dynamique

intramol£culaire

des

prot£ines

ndcessite

l'apport

du

plus grand

nombre

possible

de

techniques compldmentai-

res.

Ainsi,

une nouvelle

technique d'analyse,

basde sur

l'exploitation

de la diffusion diffuse de rayons X donn6e par les cristaux de

prot6ines,

est actuellement

d6velopp6e

; cette

technique devraitfournir

des

informations

sur les corrdlations entre les

ddplacements atomiques

pour des

protdines

cristallisdes.

2.

Rappels

sur la diffusion diffuse.

La diffusion diffuse est constitu6e par l'intensitd diffus£e par un monocristal en dehors des r6flexions de

Bragg,

rdflexions

qui t6moignent

de la structure

pdriodique

tridimensionnelle du cristal. En

rdalitd,

seule la structure moyenne est

rigoureusement p6riodique.

Les dcarts h

cette structure moyenne se traduisent par une diminution de l'intensit6 des r6flexions de

Bragg

: l'intensitd r6elle est

6gale

au

produit

de l'intensitd

thdorique (sans ddsordre)

par un

facteur dit

d'agitation therrnique

ou

Debye-Waller,

facteur

qui

ne

ddpend

que des

ddplacements

individuels des atomes. L'intensit6 «

perdue

» se retrouve diffusde en dehors des r6flexions de

Bragg

: on

l'appelle

diffusion diffuse. La

rdpartition

de la diffusion diffuse dans

l'espace r6ciproque ddpend

des corrdlations entre les divers

d6placements atomiques.

Plus

pr6cisdment,

en utilisant le forrnalisme de Guinier

[16], l'expression

de l'intensitd diffuse s'dcrit

ID(s)

=

iv (r~) lP~ exp(-

2 iar s

r~) (i)

oh S est le vecteur de

diffusion,

r~ la distance entre deux mailles

616mentaires,

et

4l~

est la fonction de corr£lation des dcarts q~~ des facteurs de structure h leur valeur moyenne, soit :

4l~

= (q~~

q~z~~) (* signifie complexe conjugud).

Le facteur V

(r~)

tient compte du

poids

relatif des terrnes

4l~

selon r~.

En

r£sumd, d'apr~s

la forrnule

(I),

on constate que la localisation de la diffusion diffuse

ddpend

des corr61ations entre dcarts h la structure moyenne

(c'est-h-dire

entre

d6placements

(4)

N° 6 DIFFUSION DIFFUSE DONNIiE PAR LES PROTEINES 983

atomiques

par l'interrnddiaire de la fonction de corr£lation

4l~).

Notons que la diffusion diffuse

int~gre

tous les

d6placements, qu'ils

soient

statiques

ou

dynamiques,

dtant donna que les

fr£quences

des rayons X

(typiquement

10I8

Hz)

sont au moins

106

fois

plus

£levdes que

celles des mouvements les

plus rapides

dans les

prot£ines.

L'exploitation

de la diffusion diffuse pour les cristaux min£raux et

organiques

est ancienne

elle n'en est encore

qu'au

stade de faisabilit6 pour les cristaux de

prot6ines.

Cet article a pour

but de faire le

point

SW l'6tat de la

technique

pour les

prot£ines,

en passant d'abord en revue les

principaux

travaux

publi£s

h ce

jour,

en

synth£tisant

et en discutant leurs

r£sultats,

et

finalement en essayant d'en

d£gager

les

potentialit£s

et les limites eu

£gard

au

probmme

de la mobilit£ intramol£culaire.

3.

Principales analyses

de diffusion diffuse de cristaux de

protdines.

3, I TROPOMYOSINE. Les fibres de

tropomyosine jouent

un rble clef dans les

ph£nom~nes

de

r£gulation

musculaire. Les cristaux forrn6s par ces

fibres, qui

contiennent environ 95 9b

d'eau,

ne diffractent

qu'h

15

h

de r6solution.

Philips

et al. ont

remarqud

la

pr£sence

de zones

diffuses localisdes dans la

partie

centrale des

diagrammes

de diffraction et

allongdes

dans les directions

perpendiculaires

aux fibres

[17].

Ils ont montr£ que ces

figures

de diffusion diffuse

£taient dues h des fluctuations transversales de

position

des fibres avec une

amplitude

de l'ordre de 5

A.

3.2 LYSOzYME. La

premi~re

Etude de recherche

systdmatique

de la diffusion diffuse

6manant de cristaux de

prot6ines

a 6t6 effectu6e en 1987 par Doucet et Benoit sur des cristaux de

lysozyme

de

poule (forrne orthorhombique) [18].

Elle a r6v616 l'existence de diffusions localis6es sur deux familles de

plans

r6ticulaires du r6seau

r6ciproque perpendiculaires

aux

deux directions

cristallographiques

a et c

(Fig. I).

Ces diffusions

traduisent,

dans

l'espace direct,

l'existence de

ddplacements atomiques qui

se

reproduisent

le

long

des directions a et c

avec les

p6riodes

a et c. Plus

pr6cis6ment,

les auteurs ont montr6 que les

d6placements

en

cause sont des translations simultandes

longitudinales

de mo16cules entibres

aligndes

le

long

des axes a et c. Autrement

dit,

des

rang6es

de

moldcules, longues

d'environ

cinq

h six mailles et

align6es

dans les directions a ou c, sont translatdes

parallblement

h elles-mdmes en bloc par

rapport

h leur

position

moyenne

(Fig. 2).

Ces translations sont

pratiquement inddpendantes

d'une

rangde

h une autre et leur

amplitude

a dtd estimde h environ

0,25 h.

Nous

sommes ici

en

prdsence

de translations

globales

de mo16cules corrdldes de maille h maille.

3.3 INSULINE.

L'analyse

par D-L-D-

Caspar

et al.

[19]

de la diffusion diffuse

apparaissant

sur les

diagrammes

de diffraction des cristaux d'insuline de porc est

comp16mentaire

de celle men6e sur le

lysozyme.

Les auteurs se sont

principalement

attach6s h

analyser

la diffusion non structur6e provenant de

d6placements

intramo16culaires non corr61ds de maille h maille. Ils

ont ainsi pu mettre clairement en 6vidence l'existence de mouvements

d'amplitude 0,4h

(r.m.s.) coup16s jusqu'h

des distances de 6

h.

Ces

d6placements

constituent la composante la

plus importante

des ddsordres

rdgnant

dans le cristal. Ce r6sultat prouve

qu'h temp6rature

ambiante,

la moldcule d'insuline n'est pas un

objet rigide,

sa conformation rdelle fluctuant

autour d'une conformation moyenne bien d6terrninde. D'autre

part, l'analyse

de la diffusion

localis6e au

pied

des r6flexions de

Bragg

prouve l'existence de

d6placements

de mo16cules enti~res

d'amplitude 0,30 h (r.m.s.), d6placements qui

sont

coup16s

de maille ~ maille sdr environ

30h,

mais les directions

privi16g16es

de corr61ations n'ont pas £t6 d6terrnin£es

comme dans le cas du

lysozyme.

3.4 MYOGLOBINE. La diffusion diffuse donn6e par les cristaux de

myoglobine

a £t6

analys6e

par

spectroscopie

M6ssbauer. En combinant deux

techniques

de r£sonance

M6ssbauer,

la

spectroscopie d'absorption

M6ssbauer et la diffusion

Rayleigh

de r6sonance

(5)

W ~'a~

%4-

~g

~ .].W

?'

%

O .

*

M

o »

'

" *

~

*

~

w J

" o

~

«~ ~

" @

~'

~

,

w .

, ~ *

'

O , w

*

~mw

,

~

«

Fig.

I.

Exemple

de

figures

de diffusion diffuse donndes par les cristaux de

lysozyme

de

poule,

forrne

orthorhombique.

Les diffusions sont concentrdes sur des plans

parallbles

aux axes

rdciproques

a* et c*

(resp,

vertical et horizontal), ce

qui

donne sur le film des trAindes diffuses passant par Ies deux familles de

rang£es

de rdflexions de Bragg. Le film a >t> obtenu h L-U-R-E-, sur le poste D16, en

g£om£trie

fixe

(film photographique perpendiculaire

au faisceau incident), avec une

longueur

d'onde de 1,61

A.

[Example

of diffuse

scattering

features

given by

hen

lysozyme

orthorbombic

crystals.

The features are concentrated along

planes perpendicular

to the

reciprocal

axes a* and b*

(resp.

vertical and

horizontal).

On the pattem the

scattering

is visible along rows joining Bragg reflections. The ram has been obtained

on station D16 at L-U- R-E-,

using

a still geometry (film

perpendicular

to the incident beam,

wavelength

1.61

A),j

M6ssbauer,

Nienhaus et al.

[20-22]

ont conclu h l'existence de deux types de

d£placements

:

des

ddplacements

corr£I£s h courte distance

(fluctuations

de conformation

mol£culaire)

et des

ddplacements

corrd16s de maille h maille

impliquant

des moldcules entibres. Les

ddplacements

corr61ds h

longue distance, d'amplitude 0,13h (r.m.s.)

h

300K, persistent

h basse

temp6rature,

au moins

jusqu'h

100K

(amplitude 0,08h (r,m.s.)) (remarquons

que ce

paramdtre

est obtenu par la

technique

de diffusion

Rayleigh

de r6sonance

Mbssbauer, technique qui

ne

requiert

pas la

prdsence

d'un atome de fer dans la

moldcule).

Au

contraire,

les fluctuations de conformation semblent

disparfltre

au-dessous de 200 K environ.

Grfice h la tr~s faible

largeur

de bande en

6nergie

6mise par une source

~?Fe

de rayons

y

(=4,7

x

l0~~eV),

il est

possible

de

s£parer

la diffusion

£lastique

de la diffusion

indlastique

et ainsi d'affirrner que les deux types de

ddplacements

d£crits ci-dessus font

intervenir des vibrations dont les

fr£quences

sont

supdrieures

h 10? Hz. La

spectroscopie

M6ssbauer perrnet donc d'obtenir certaines inforrnations concemant les

fr6quences

assoc16es h la diffusion

diffuse,

ce que ne perrnettent pas les sources de rayons

X,

mais son utilisation

est limit6e par la trbs faible intensitd des sources.

(6)

N° 6 DIFFUSION DIFFUSE DONNEE PAR LES PROTEINES 985

~ 2"

3"

4' 2'

hi

3'- 1'

~ -

a

Fig.

2.

Projection

de la structure du

Iysozyme

de

poule,

forrne

orthorhombique

sur le

plan

(a, b) [40]. La maille dldmentaire contient quatre moldcules : 1, 2, 3, 4. La structure peut Etre ddcrite

comme la

juxtaposition

de

rang£es

altemdes de moldcules de type (3-1-3'-1'.. ) et (4-2-4'-2'...)

parallbles

h l'axe a. Ce sont les translations de ces

rangdes parallblement

h elles-mEmes

qui

sont h

l'origine

de la diffusion diffuse sur les

plans perpendiculaires

h l'axe

rdciproque

a*. A noter que les

rangdes parallbles

h l'axe b (1-2-1"-2"...) et

(3-4-3

"-4". .) n'existent

qu'en projection

car les moldcules 3 et 4 ne sont pas h la mEme cote, il

n'y

a pas contact entre ces deux moldcules.

[Projection

onto the (a, b)

plane

of the hen

lysozyme

orthorhombic stricture [40]. The unit cell contains four molecules : 1, 2, 3, 4. The stricture can be described as the

juxtaposition

of altemated rows of

molecule of type (3-1-3'-1'...) and

(4-2-4'-2'...) parallel

to a. The diffuse

scattering along reciprocal planes perpendicular

to a*

originates

in translations of these rows in a direction

parallel

to a. Let us note that the rows

parallel

to the b-direction

(1-2-1"-2"...)

and

(3-4-3"-4"...)

are

only

apparent since

molecules 3 and 4 have not the same

height,

no contact exists between these molecules.]

Ces travaux sur la

tropomyosine,

le

lysozyme,

l'insuline et la

myoglobine

soul~vent un

certain nombre de

questions

que nous pouvons forrnuler de la

fagon

suivante :

la diffusion diffuse donn6e par les cristaux de

protdine

ne

provient-elle

pas d'un artefact?

quel

est le

degrd

de

g£n£ralit£

de ces observations ?

se

d£gage-t-il

un modme couvrant l'ensemble des observations ?

avons-nous affaire ~ des d6sordres

statiques

ou

dynamiques

?

peut-on avoir acc~s par cette

technique

aux mouvements corr£16s h l'int6rieur d'une mdme mol£cule

(par exemple, d6placements

d'£I£ments de la structure secondaire les uns par rapport aux

autres).

4. La diffusion diffuse

provient.elle

d'un artefact ?

Plusieurs artefacts

possibles

ont 6t6

invoqu£s

au

sujet

de l'existence de la diffusion diffuse donn6e par les cristaux de

prot6ines.

Il a tout d'abord 6t6

sugg6r6

que la diffusion diffuse

provenait

de

ph6nomknes

de r6sonance entre les modes de vibration de

prot6ines

cristallis£es

et la structure

temporelle

discr~te des faisceaux

synchrotrons

de rayons X

(fr£quence

de

l'ordre de 106

Hz).

Cet argument est imm6diatement r6fut6 par le fait que les mdmes

diffusions sont observables et

identiques

en tout

point

en utilisant comme source un

g£n6rateur classique

de rayons X.

(7)

Le second artefact

possible

est

beaucoup plus

subtil. Il est bien connu que les rayons X

d£gradent plus

ou moins

rapidement

les

prot£ines

; la

question

se pose donc de savoir si la diffusion diffuse ne serait pas le

signe

d'une

d6gradation

des cristaux. Nous avons

remarqud qu'il

faut en rdalitd

distinguer

deux types de diffusion. Le

premier

type,

qui

est celui

qui

a dtd

analys£

dans les articles rdsumds

ci-dessus,

est

pr£sent

dds la

premi~re irradiation,

aussi

courte

soit-elle,

et a tendance h

disparaitre

en mdme

temps

que la r£solution des

diagrammes

se ddt£riore. Au

contraire,

le deuxikme

type

de diffusion

n'appardt qu'h

un stade

relativement avanc£ de la

d6gradation

des cristaux sous l'effet des

photons

X ; la diffusion est alors localis£e essentiellement dans la

partie

centrale de

l'espace r6ciproque.

Il faut donc fake attention de ne pas confondre les deux

types

de

diffusion,

seul le

pemier type

fait

l'objet

du

pr£sent

article.

La

possibilit6

de

d6gradation

des cristaux de

prot6ines

par les

photons

X rend hautement souhaitable l'utilisation des

synchrotrons

comme source de rayons X. En

effet,

les

ddgrada-

tions

n'apparaissent qu'apr~s

un certain

temps, qui

est variable selon les

protdines

mais

qui

ne

d6pend

que peu de l'intensit£ du faisceau de rayons X. Il y a donc tout int6rdt h travailler le

plus rapidement possible,

avec les sources les

plus

intenses.

5.

Analyse gdndrale

de la diffusion diffuse.

Les observations sur les cristaux de

tropomyosine

ne sont pas en fait

reprdsentatives

du comportement de la

majorit6

des

prot£ines.

Il existe en effet tr~s peu de fibres

qui

cristallisent

(la majorit6

des

prot6ines qui

cristallisent sont de forrne

globulaire)

et le contenu des cristaux

en solvant

(95 9b)

est tr~s

sup£rieur

aux contenus habituels

qui

sont de l'ordre de 30 9b ~ 60 9b.

En

revanche,

nous allons montrer que les observations sur les cristaux de

lysozyme, d'insuline,

et de

myoglobine

semblent dtre

caract6ristiques

de la

plupart

des cristaux de

protdines,

et que les diffusions

correspondantes

conduisent h deux sortes de

d6placements

bien diff6rents : translations de moldcules entibres corr616es de maille ~ maille dans la structure

cristalline,

et fluctuations de conformation moldculaire

qui

ne sont corr61des

qu'h

trbs courte distance

(d£placements

de

type liquide).

S-I DtPLACEMENTS DE MoLtcuLEs coRRtL#Es DE MAILLE A MAILLE. Les observations

que nous avons effectudes sur

plus

d'une

vingtaine

de

protdines (entre

autres

fragments

FAB

d'immunoglobuline [23], d£soxyh£moglobine [24] (Fig. 3),

16cithine de

soja [25],...) indiquent

la

pr6sence

pour tous ces

composds,

h une ou deux

exceptions pr~s,

de diffusions

diffuses localis6es de la mEme

fagon

que dans le

lysozyme,

h savoir sur diffdrentes « familles » de

plans r6ciproques.

Nous n'avons pas

analys6

dans le ddtail ces diffusions pour tous les

compos6s

mais le modme des translations d'ensembles de

plusieurs

moldcules

align6es

dans des directions

cristallographiques simples explique 6galement

convenablement les observa- tions sur la

ddsoxyhdmoglobine.

Tout porte h croire en fait que ce

type

de d£sordre est une

caractdristique

presque

g6n6rale

des cristaux de

prot6ines.

Deux remarques sont h forrnuler au

sujet

de ce type de ddsordre. La

premi~re

conceme la sensibilit6 de

l'analyse

de la diffusion diffuse. La localisation des diffusions sur des ensembles de

plans r6ciproques paralmles, implique

sans

ambiguit6

l'existence de

d6placements atomiques

se

rdpdtant

selon la

p6riode

caract6risant l'axe

d'alignement

des moldcules. La

d6terrnination de la nature des

d6placements

en cause et des atomes

impliqu6s

ne peut se faire

qu'h partir

de

comparaisons

entre les

diagrammes expdrimentaux

et des simulations

numdriques.

Nous avons tests la sensibilit6 de cette m6thode

d'analyse

dans le cas du

lysozyme

de

poule

en simulant diff£rents

types

de

ddplacements

: translations

globales

de mol£cules

(c'est l'exemple qui correspond

le mieux aux

observations)

et oscillations de moldcules autour de leur centre de

gravitd.

Les simulations sont calcul£es h

partir

de la

(8)

N° 6 DIFFUSION DIFFUSE

DONN(E

PAR LES

PROTfINES

987

~

' ~

~

*._- h

.f »'I

»

~ -

O ©'

~ +- ~

~ * r ~ .~~( '

, *_.

~ O ~

~,

', ]

(

-_~ *~ 'i

W

*

,~ ~$'(

.

4 W~~ '~

,, '~

~-t*

$ ~~ ~

h e ~

~

*

~

~~ )~~~

fi h ~ ~

_~ ~

)~*

m~ ) ' 1' #

'~4 Y *

~ 0

~ ~'

'

W' '~ l

~ * *

gi /

~ .~

'~

#

~~. ~

l'°_' +.~/~

'~ W ~ , dJ'b~"' t

f ij

'

~ n 2

~'~

~

~

~

Fig.

3,

Exemple

de

diagramme

de diffusion diffuse, obtenu h L.U.R.E., donnde par un cristal de

ddsoxyhdmoglobine

humaine. On remarque encore les traindes diffuses passant par les rdflexions de

Bragg.

[Example

of diffuse

scattering

pattem

given by

a human

deoxyhemoglobin

crystal (obtained at

L-U-R-E-)-

Diffuse

scattering joining Bragg

reflections rows are

again clearly

visible.]

forrnule suivante

qui

n'est valable que

lorsque

les groupes de

mol£cules,

dont les

d£placements

sont

corr£16s,

sont

ind6pendants

entre eux, ce que l'on peut presque

toujours

supposer:

ID(S)

=

(i~fl~) l~f) l~ (2)

ok lF est le facteur de structure du groupe de mo16cules corr61£es et oh la valeur moyenne

porte

sur l'ensemble des groupes constituant le cristal. Dans le cas de trarJslations

globales

de

moldcules, l'expression

de l'intensitd diffuse

prend

la forrne tr~s

simple

:

ID(S)

=

(lF(~(l -exp(-4 ar~S~(u~))) (3)

oh u est le vecteur de translation. Darts les autres cas de

d6placements,

notamment ceux

faisant intervenir des

rotations,

il n'existe pas de forrnule

analytique simple

et il faut alors

d6composer

les

trajectoires

en

d6placements

61dmentaires et effectuer

num£riquement

des moyennes.

L'analyse

s'effectue en recherchant les ensembles d'atomes ou de mol£cules dont les

d6placements

peuvent dtre corr616s. Les

param~tres

h ddterrniner par

comparaison

entre les films

expdrimentaux

et les simulations sont : la direction des

rang£es

de

corr£lation,

leur

longueur (dgale

h l'inverse de

l'dpaisseur

des

plans diffus),

la

composition

mol£culaire des ensembles et les

d£placements

mis en

jeu (g£omdtrie, direction, amplitude).

(9)

o

.

~

»

, ~

,

,

~

o

'

4 1 a S ~

j~

' ,

«

»

i t

+

° -+ '

W

&

~

f

W ' *

' f '

f'

]

,

e , i - e

j

a) b)

Fig.

4.

Comparaison

de deux simulations de diffusion diffuse

correspondant

au quart

supdrieur

droit de la

figure

I. La

figure

4a est obtenue avec Ie modble de translations de files de moldcules

parallbles

aux axes a et c, l'accord avec le film est assez bon. La

figure

4b est obtenue avec le modble d'oscillations de dimbres (moldcules de type 2~l et 4-3") autour de l'axe c. L'intensit£ diffuse est tout h fait diff6rente de celle observde

expdrimentalement.

[Comparison

between two simulated diffuse

scattering

pattems of the upper and

right

part of

figure

I.

Figure

4a is obtained

assuming

a model with translations of entire rows of molecules

parallel

to the a and

c~axes ; the agreement is rather

good. Figure

4b is obtained

assuming

a model with oscillations of

« dimers » (molecules of type 2-1 and 4-3'i around the c~axis. The simulated diffuse

scattering

features

are

quite

different from the observed ones.]

La

figure

4 montre diffdrentes simulations

correspondant

au film de la

figure

I obtenues

avec des translations

(4a)

ou des oscillations

(4b).

Les simulations sont suffisamment diffdrentes les unes des autres pour perrnettre d'affirrner que l'on a bien affaire h des

translations et non h des oscillations. Les oscillations

analysdes

sont en fait des oscillations de

couples

de moldcules lifes entre elles par un axe 21

parallme

h l'axe c. A I'£chelle de ces

dimbres

l'empilement

moldculaire est de

type

«

herringbone packing

», h savoif constitu£ par

des colonnes

parallkles

h l'axe c, formdes de dim~res

empilds

les uns sur les autres,

altemativement orientdes selon deux directions autour de leur axe de

fagon

h conduire h

l'empilement

le

plus compact possible.

Ce

type d'empilement

est trbs

frdquent

pour les moldcules

organiques [26]. Remarquons

que nous avons dcartd a

priori

le mod~le consistant

en des

ddplacements

de

type ouverture-ferrneture,

autour d'une

chami~re,

des deux lobes

constituant la moldcule de

lysozyme.

Ce type de

d£placement

est en effet interdit par

l'empilement

des moldcules dans le cristal :

chaque

moldcule a un lobe

pris partiellement

en tenaille entre les deux lobes d'une moldcule voisine

qui

est

grossikrement perpendiculaire

h la

premikre,

et l'autre

pris

en tenaille entre deux moldcules

contiguds

le

long

de l'axe c. Il en rdsulte que les

ddplacements

des lobes sont

pratiquement compl~tement bloquds

par les

mol£cules voisines dans le cristal.

La deuxidme remarque est relative h la vraisemblance

physique

de ces translations

(10)

N° 6 DIFFUSION DIFFUSE DONNEE PAR LES PROTEINES 989

corr61£es. Pour que les translations soient corrd16es de moldcule h moldcule il est n6cessaire que celles-ci soient li£es de

fagon

relativement forte les liaisons

correspondantes

sont trbs

certainement assurdes par les contacts interrnoldculaires. L'examen de ces contacts montre en

effet que les directions de corrdlation

correspondent

bien aux directions oh les contacts interrnoldculaires sont les

plus nombreux, typiquement

une demi-douzaine de liaisons inf£rieures h 4

h accompagndes

de formations de liaisons

hydrogkne.

Par

exemple,

l'absence de contacts selon la direction b

explique,

dans le cas du

lysozyme,

l'absence de translations corrdldes selon

b,

ce

qui

n'61imine pas

cependant

la

possibilit6

de translations individuelles des mo16cules dans cette direction.

Une

approche

diffdrente de

l'analyse

des corr61ations h

grande

distance a 6td

pr6sent6e

par

Caspar

dans l'6tude de l'insuline

[19]

elle est bas6e sur

l'analyse

des halos de diffusion

qui

entourent les r6flexions de

Bragg.

La localisation

p6riodique

de ce

type

de diffusion diffuse

indique

que le d6sordre

qui

est h son

origine

respecte

partiellement

la structure

p6riodique,

c'est-h-dire que l'on a affaire ~ des

d6placements

non

compl~tement ind6pendants

de maille h maille. Ce

ph6nomkne,

tout h fait

g6n6ral,

se retrouve pour tous les cristaux. Dans le cas des cristaux «

classiques

», la

rigidit6

de la structure cristalline perrnet aux vibrations

atomiques

de se propager dans le cristal sous forrne d'ondes

harmoniques (phonons).

La diffusion

qui

en

r6sulte est concentr6e en halos autour des r6flexions de

Bragg

et son intensit6 vane en

I/q~

oh q est la distance par

rapport

au centre de la rdflexion

[16].

Dans le cas de

l'insuline,

cette ddcroissance en intensitd est

plus

lente

(I/q~

avec 1~ <

2),

ce

qui

traduit l'existence de vibrations

anharrnoniques

dont la

port£e

des corr61ations est limit6e

(environ 30h

pour

l'insuline,

soit un h deux diamktres

mo16culaires).

Autrement

dit,

les

ddplacements globaux

des mol£cules d'insuline ne se transmettent, dans le

cristal,

que sur une h deux mailles en moyenne.

Un comportement

analogue

a £t6 observ£ avec les cristaux colloidaux

[27]

et certaines

m6sophases smectiques [28]

pour

lesquels

une d£croissance de l'intensit£ au

pied

des rdflexions de

Bragg

du mdme

type

a £t£ observ£e.

Ainsi,

bien que les cristaux de

protdines pr£sentent g6n6ralement

des forrnes caract6risdes par des faces

planes

et des

angles vifs,

et donnent des

figures

de diffraction tr~s bien

d6finies,

ils constituent en r6alit6 des

objets

« mous », au sens oh les corr61ations des

d6placements

sont de courte

port6e.

Contrairement h la m6thode

d'analyse adoptde

dans l'dtude du

lysozyme,

la

pr£sente

approche

des corr£lations des

d£placements

moldculaires dans le cristal d'insuline ne s'attache

pas h rechercher d'6ventuelles directions

privil£gides

de corrdlations. Il nous semble

important

en fait de ne pas se limiter h

l'analyse

de la d£croissance de l'intensitd des halos de diffusion autour des r£flexions de

Bragg

mais

d'analyser

l'ensemble des diffusions afin de d£terrniner les directions

privil£g16es

des

d6placements

et des corrdlations par

rapport

aux axes cristallins. En

effet,

nous avons

d6jh soulign6

que les

d6placements

corr616s de maille h maille sont en

g6n6ral

tout h fait

anisotropes

et

qu'ils

reflktent

l'anisotropie

des contacts

interrno16culaires.

L'amplitude quadratique

moyenne des

d£placements

moldculaires est estim6e h

0,3h

(r.m.s.)

pour l'insuline cette valeur est

16gkrement sup6rieure

h celles mesur6es par diffusion

in61astique

de neutrons

[29]

et par

spectroscopie

M6ssbauer

[20-22]

sur la

myoglobine

:

0,14 h

h

0,17 h (r.m.s.).

Pour le

lysozyme,

les

amplitudes

sont de l'ordre de

0,25 h,

mais

ce sont des valeurs

correspondant

h deux directions bien

prdcises,

donc difficilement compara- bles aux autres.

Bien que ce

type

de ddsordre ne

contribue, d'aprbs [19], qu'~

20 9b-40 9b du facteur

Debye- Waller,

l'intensit6 diffuse

qu'il engendre

est

beaucoup plus

intense que pour les

d£placements

de courte

port6e

car le nombre d'atomes corr616s

impliqu6s

est

beaucoup plus grand,

surtout

clans le cas de corrdlations s'dtendant h

longue

distance. L'intensit6 des

plans

diffus peut atteindre le dizidme de l'intensitd moyenne des r6flexions de

Bragg.

(11)

Enfin,

il est

important

de remarquer que ce

type

de

ddsordre,

caract6risd par des

d6placements

mo16culaires

rigides

corr61£s de maille ~

maille,

se rencontre tr~s

fr6quemment

dans les cristaux

organiques

de

type

mo16culaire

[31-33].

Ces d6sordres se

traduisent,

comme pour les

prot£ines (que

l'on peut aussi consid£rer comme des cristaux

organiques

mo16culai-

res)

par de la diffusion diffuse localis6e le

long

de

plans

de

l'espace r6ciproque.

5.2 FLUCTUATIONS DE CONFORMATION CORR#L#ES A COURTE DISTANCE. D-L-D-

Caspar

et al.

[19]

ont tr~s bien d6crit et

analys6

la diffusion diffuse r6sultant des mouvements corr616s h courte distance dans leur Etude sur l'insuline.

L'expression

de l'intensitd diffuse peut s'dcrire

dans ce cas :

I~(s)

=

(i exp(-

4

«2s2(u2) )) (Fo(s)(~

* TF

jc (y)j (4)

oh

(u~)

est le

d6placement quadratique

moyen,

Fo(S)

le facteur de structure de la maille moyenne

qui

est convolu£ ~

TF[C (y)],

transforrn£e de Fourier d'une fonction de coupure

qui

tient compte de la

port6e

r6duite y des

corr61ations;

la fonction C choisie est:

C(y) =exp(-0,5(r/y)~).

La diffusion diffuse est donc moddlisable ~

pant

de deux

param~tres

:

(u~)

et y.

L'expression (4)

ne contient pas de terrne d'interfdrence

provenant

d'une

p6riodicitd quelconque

des

d£placements.

L'intensit£ diffuse

correspondante

se trouve par

cons£quent r£partie

de

fagon

continue et monotone dans

l'espace rdciproque.

Cette intensitd est tr~s faible

(de

l'ordre du milli~me de l'intensitd des rdflexions de

Bragg)

car tr~s peu d'atomes

interfbrent

constructivement,

ce

qui signifie

que sa d£tection

requiem

une

analyse

ddlicate du fond continu avec soustraction de toutes les autres

composantes

de diffraction-diffusion

(principalement

diffusion du

solvant,

du

capillaire

et effet

Compton).

Le calcul de l'intensit£ diffuse

repr£sente

d'autre part un

important

volume de calculs ~

cause du

produit

de

convolution,

ce

qui

rend assez difficile

l'exploitation

de ce type de

diffusion. Dans le cas de

l'insuline,

la

comparaison

d'un seul

diagramme

de diffraction ~ des simulations de diffusion diffuse a

perrnis

de d£duire les deux

parambtres pertinents,

h savoir

u =

0,4h (r.m.s.)

et y

=

6h;

cette valeur de u est

comparable

h celle obtenue sur la

myoglobine

: u

=

0,36 A

par diffusion de neutrons

[29].

La faible valeur de la

portde

des corr£lations

signifie

que les

d£placements

ne sont corr£lds

qu'h

courte

distance,

entre

plus proches voisins,

comme dans les

liquides.

En

importance

relative par

rapport

aux autres types de ddsordres

possibles,

la contribution des ddsordres ~ courte distance a £t£

estim£e, toujours

dans le cas de

l'insuline,

de 60 h 80 9b du

d6placement quadratique

moyen total. Cette valeur

est donnde par le facteur

d'agitation therrnique qui

somme toutes les contributions en

u

(0,5 I (r.m.s.)).

A noter que l'6tude

en diffusion

in61astique

de neutrons sur la

myoglobine [29]

conduit ~ une valeur

analogue.

Les fluctuations intramol£culaires de type

liquide

observ6es pour l'insuline

apparaissent-

elles

dgalement

avec les autres cristaux de

prot£ines

? Nous pouvons

apporter

~ cette

question

deux d16ments de

r6ponse ind£pendants.

Le

premier

est foumi par le fait que des

analyses

menses sur d'autres

prot6ines,

en utilisant la mEme

technique [34],

ont abouti aux mEmes conclusions que pour l'insuline. Le second 616ment est

foumi,

comme nous l'avons

d6j~

mentionn6,

par les

analyses

de diffusion

in61astique

de neutrons

[29, 30]

et de diffusion M6ssbauer

[20-22]

effectu6es sur la

myoglobine

et le

lysozyme.

Ces deux

techniques

ont

montr6

l'existence,

~

temp6rature ambiante,

de

d6placements qui

semblent dtre de mEme

nature, et

indiqu6

leur

disparition

en dessous de 190 K.

L'image

que l'on

peut

se fake des cristaux de

protdines

~

partir

du

grand

nombre et de la finesse des rdflexions de

Bragg,

~ savoir des moldcules de conformation bien ddfinie forrnant

un cristal tr~s bien

ordonn6,

est en r6alitd trbs

trompeuse.

Nous avons en effet

essayd

de

(12)

N° 6 DIFFUSION DJFFUSE DONNEE PAR LES PROTEINES 991

montrer que

l'analyse

de la diffusion diffuse donn6e par ces cristaux conduit h une tout autre

image.

Plus

pr6cisdment,

les cristaux de

prot6ines,

comme la

plupart

des cristaux

organiques moldculaires,

sont le

si~ge

de

d6placements globaux

des mo16cules

qui peuvent

se transmettre de maille h maille

(d£placements interrno16culaires)

mais

qui

sont tr~s amortis. Outre ces

ddplacements globaux,

la conformation des mo16cules fluctue autour d'une conformation moyenne, les corrdlations des

d£placements

entre atomes voisins sont de trbs courte

portde (ordre

de

type liquide).

Ce double

comportement

tr~s

particulier

est lid ~ la

prdsence

de mol£cules d'eau autour et h l'int6rieur des

prot£ines.

Ce

point

a £t6

analysd

par D-L-D-

Caspar

dans un article r£cent consacr6 ~ la

plasticit£

des

prot£ines

cristallis£es

[35].

Les

moldcules d'eau ne seraient pas distribu£es uniforrn£ment comme dans un

liquide,

mdme

celles

n'appartenant

pas ~ la

premi~re

couche autour de la

prot£ine,

et leur mobilitd rdduite conditionnerait la d£forrnabilit6 des

prot6ines.

5.3 CARACTiRE STATIQUE OU DYNAMIQUE DES D#PLACEMENTS A L'ORIGINE DES DIFFU-

sIoNs DIFFUSES.

D'apr~s

les

exp£riences

sur la

myoglobine d£jh

cit£es it

apparait

clairement

qu'au

moins une

partie

ou la

majeure partie

des

d£placements,

intramol£culaires

«

liquides

» et interrnol£culaires sont de nature

dynamique

avec des

fr£quences

de l'ordre de 10~° h 10I2 Hz. Mais ces r£sultats n'excluent pas l'existence

possible

de

d£placements

de

frdquences plus

basses ou mdme

statiques.

La

persistance

des

d£placements

corr£I£s de maille ~ maille ~ basse

temp6rature (au

moins

jusqu'~

100

K)

et le «

gel

», dbs

200K,

des fluctuations de conformation n'est pas sans

rappeler

le comportement des verres

[36]

ou des

polym~res [37] qui

sont caract£ris£s par deux types de relaxation : une relaxation a lente

qui

est un

phdnom~ne

collectif et

qui persiste

~

basse

temp£rature,

et une relaxation

rapide fl, caractdristique

de mouvements

locaux, qui disparait

h basse

temp£rature

il faut

cependant

se

garder

de pousser

trop

loin

l'analogie

car

les mouvements dans les cristaux de

protdines

ne

s'analysent peut-dtre

pas en terrnes de

relaxations de mdme nature que dans les verres ou les

polym~res.

Une

expdrience

int£ressante pour confirrner ces rdsultats consisterait h suivre le

comporte-

ment des diffusions en descendant en

temp£rature

: les diffusions provenant de d£sordres

statiques

ou de tr~s basses

frdquences (probablement

des

ddplacements

de mol£cules enti~res

avec corrdlation de maille ~

maille)

ne devraient pas dtre

modifides,

contrairement aux diffusions de caractbre

dynamique (fluctuations

de

conformation)

dont l'intensit6 devrait diminuer.

Pour terminer ce

paragraphe,

il faut

signaler

que mdme la d6tection de d£sordres

statiques

peut avoir une

signification

au niveau du comportement

dynamique

des

prot£ines.

En

effet,

on

peut imaginer

que

parmi

l'ensemble des conformations que peut

adopter

une

prot6ine

en

solution,

deux ou trois de ces

conformations,

et non une

seule,

se trouvent

fig6es

dans le cristal h cause de l'environnement

compact.

L'observation de ces conformations serait alors

l'indice d'une mobilit6 intramoldculaire entre

plusieurs

conformations. Une telle observation

a dtd faite sur le mutant du

lysozyme phage

T4 dont les quatre mo16cules de l'unitd

asymdtrique adoptent

quatre conformations distinctes

[38].

Les diffdrences se situent

principalement

au niveau de l'ouverture

angulaire

entre les deux lobes

qui

vane dans une

plage

de 30°. Un autre cas mdrite d'dtre

signa16

bien

qu'il

ne conceme pas les

prot6ines,

mais I'ADN. La mise en Evidence de la coexistence de deux conformations A et B de I'ADN sur

des cristaux

d'oligonucl60tides d(GGTATACC)

a 6t6 obtenue

grice

~

l'exploitation

de la

diffusion diffuse

(Fig. 5)

: des moldcules

suppldmentaires

de conformation B sont ins6rdes dans de

larges

canaux creux forrn£s par les moldcules de la matrice cristallis£e

qui,

elles,

adoptent

la conformation A

[39].

(13)

*

-, '~ w-I '~

.'''

*4 W #

,

Fig.

5.

Exemple

de diffusion diffuse donnde par les cristaux de

l'oligonucldotide d(GGTATACC) (fragment

d'ADN contenant huit

paires

de bases). Les moldcules

suppl£mentaires qui n'appartiennent

pas h la matrice cristalline donnent des

figures

de diffusion diffuse tr~s intenses le long du mdridien

(vertical)

et des strates en croix dans la partie centrale du

diagramme.

[Example

of diffuse

scattering

features

given

by

crystallized oligonucleotide

d(GGTATACC) (DNA

fragments

of eight

base-pairs length).

The additional molecules which do not

belong

to the

crystalline

matrix

give

rise to intense diffuse

scattering

features

along

the meridian (vertical) and weak ones in the central part of the pattem (lines

perpendicular

to the meridian

forming

a cross).]

6. Peut.on avoir accks aux

ddplacements

intramolkculaires corrdlds ?

Les

premibres analyses

de la diffusion diffuse donnde par les cristaux de

protdines

ont mis en Evidence deux types de ddsordres : des d6sordres intramol£culaires

(fluctuations

de conforma-

tion)

et des

d6placements globaux

de moldcules corrd16s de maille ~ maille. D'6ventuels

ddplacements

intramoldculaires caract6risds par des

d£placements

concert6s de groupes

d'atomes au sein d'une mdme mol£cule,

qui

sont les

plus

int£ressants du

point

de vue

biologique,

n'ont pas encore dtd ddcelds par cette

technique.

La raison de cette lacune r£side

sans doute dans la difficult6 de

distinguer

ce type de diffusion des deux types

principaux

que

nous venons de ddcrire. En

effet,

les

d£placements

intramol£culaires recherch£s seront soit

non corral£s de maille ~

maille,

et dans ce cas on s'attend ~ observer des

figures

de diffusion faibles et tr~s peu

structur£es, qui

auront par

cons£quent

tendance ~ se confondre avec la

diffusion 6manant des fluctuations de «

type liquide

», soit corr£I£s de maille ~

maille,

ce

qui

devrait conduire ~ des diffusions localis6es aux mdmes endroits que les diffusions

produites

par les

ddplacements globaux

de moldcules, mais moduldes diff£remment en intensit£

(diffusions

selon des familles de

plans

de

l'espace rdciproque).

La contribution d'dventuels

ddplacements

intramoldculaires corrdlds h l'dchelle d'un domaine de la

protdine

sera donc difficile h

distinguer

des autres contributions. Pour

pouvoir

l'extraire,

il sera n£cessaire de bien m@triser les autres contributions, en

particulier

de savoir les

mod£liser,

et de

disposer

de donn£es d'excellente

qualit£

ainsi que de traitements

d'images

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