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Les déterminats de l'épargne intérieure au Rwanda

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

~~0~~

UNITED NATIONS ~ NATIONS UNIES

AFRICAN INSTITUTE FOR ECONOMIC DEVELOPMENT AND PLANNING INSTITUT AFRICAIN DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET DE PLANIFICATION

(IDEP)

.. ..

LES DETERMINANTS DE L

1

EPARGNE INTERIEURE AU RWANDA

Par

François KA V ATIRI

.

.

Soumis pour satisfaire en partie aux conditions d'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) en Politique Economique et Gestion de l'Economie de l'Institut

Africain de Développement Economique et de Planification (IDEP)

Superviseur: Dr. lbrahima HATHIE

.

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Mai 2005

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(2)

' 1 NATIONS UNIES

INSTITUT AFRICAIN

DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET DE PLANIFICATION IDEP

Nous, soussignés, certifions que

François KAVATIRI

Identification Na 040705

Approuvé par le Comité de mémoire :

. M~-.11~

Medou DIAKHATE ...

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Exami ateur externe ·

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lbrahima HATHIE ...

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... .

Superviseur

Aloysius A. AMIN ... .

Dire eur Adjoint 1 Chef Division Formation

(3)

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DEDICACES

Je dédie ce mémoire à:

• Mes chers parents, SEMAJANGWE Mahame et NYIRARUKA TO pour vos sacrifices et votre affection,

• Ma chère femme, MUREKA TETE Safi pour ton amour et ta patience,

• Vous mes chers enfants: UMURERWA Daniella et MUHIRWA David, qui ont manqué mon affection pendant les 18 mois de formation.

(4)

REMERCIEMENTS

Aucun travail scientifique n'est l'œuvre absolue de l'auteur. C'est pourquoi les sentiments de remerciement doivent s'adresser à toute personne qui a contribué à sa réalisation.

Ainsi nos vifs remerciements s'adressent au corps professoral de l'IDEP pour la qualité de 1' enseignement.

Nous rendons hommage particulièrement au Dr lbrahima HATHIE qui a accepté de superviser ce mémoire malgré ses nombreuses responsabilités professionnelles. Nous lui sommes reconnaissants pour ses orientations pertinentes et 1 'harmonisation de ce travail.

Nos sincères remerciements s'adressent à NTILIV AMUNDA Tharcisse et Aïssatu SANGHARE, respectivement Assistant et Secrétaire à la Division Formation pour les services qu'ils nous ont rendus. Par ailleurs, nous disons particulièrement merci au Professeur Aloysius A. AMIN, Directeur Adjoint et Chef de la .Division Formation et, à Mme Kibbnesh Wolde Gabriel, Administrateur qui nous ont facilité l'accès aux moyens fmanciers pour le suivi normal de notre formation.

C'est l'occasion pour nous de rendre hommage à l'interprète James ARTHUR et Dr GAYE Matar pour leurs observations.

Notre gratitude s'adresse par ailleurs à nos collègues de classe: KOUKPO Mathieu du Bénin, LEZONA Honoré du Congo Brazza, HAMAIDOU H. du Niger, MELEZE GIZA W DESTA de l'Ethiopie, Khassim CISSE et NDIA YE Baba tous du Sénégal. Nous disons merci de leur franche collaboration durant toute la période de formation.

Nos vifs remerciements s'adressent à Williams NKURUNZIZA qui nous a accompagné dans toutes nos démarches pour relever ce défi. Nous pensons à nos parents, à nos frères et sœurs, pour tant d'amour et de patience.

Enfin, nous disons merci à Dieu qui nous a accordé la bonne santé et la paix en relation avec nos collègues de lutte et tout le personnel de l'IDEP.

(5)

ABSTRACT

The main objective of this work is to identify the factors that determine the domestic saving rate in Rwanda for the period of 1978 - 2001. To describe the type and the degree of the relations between the endogenous and exogenous variables, we used the ordinary least squares method with the Eviews5 software.

The results of the estimation show that the domestic saving rate in Rwanda is determined by the growth rate of the gross domestic product per capita, inflation, real credit interest rate, balance budget rate, political instability and structural adjustment program.

The growth rate of the gross domestic product per capita has a positive but a coefficient is low and suraller1. This means that domestic saving responds less proportionally than the growth domestic product per capita. Inflation and real interest credit rate affect negatively the saving rate and their correlation coefficients are higher than 1. This irnplies a more than the domestic saving rate proportional responsiveness of these exogenous variables to change. Political instability and the structural adjustment program also have a negative impact on saving rate. There is negative relationship between the public saving rate and the domestic saving rate but is not statistically significant at the threshold of 5%.

Indeed, the measures aimed at reinforcing the growth of the GDP per capita, the control of inflation, the mobilization of saving by the development of micro-finance, the strengthening of the good govemance and autonomy as regards policies for reform of the economy and public institutions would allow irnprovement, in domestic saving in Rwanda.

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RESUME ANALYTIQUE

Dans le document de vision 2020 élaboré par le Ministère des Finances et de la Planification stratégique, le gouvernement rwandais prévoit dans le cadre de la réduction de la pauvreté un taux d'investissement de 30% du PIB. Comme ailleurs dans les pays pauvres très endettés, au Rwanda la contrainte financière devient une préoccupation majeure de la part des dirigeants afin de relever son défi de développement.

L'épargne intérieure qui devrait en premier lieu être mobilisée pour couvrir les dépenses d'investissement est structurellement déficitaire. Par ailleurs, l'épargne extérieure, qui a été le moteur à impulser les économies européennes ruinées suite aux événements de la deuxième guerre mondiale, devient de plus en plus rare et conditionnée.

Par rapport à ces problèmes, tant de questions préoccupent des dirigeants africains dont celui du Rwanda consistant à trouver des stratégies efficaces et efficientes pour sortir de ce cercle vicieux de pauvreté qui paupérise leurs populations.

Etant ainsi préoccupé par le manque de ressources fmancières en vue d'atteindre le ratio de 30%

ci-haut évoqué, nous portons notre réflexion dans ce travail à déterminer des facteurs qui conditionnent la performance de l'épargne intérieure au Rwanda.

Pour ce faire, nous avons émis les hypothèses selon lesquelles le taux d'épargne intérieure est fonction du taux de croissance du produit intérieur brut par habitant, du taux d'intérêt réel créditeur et de la stabilité politique. L'analyse couvrira la période de 1978 à 2001.

Pour nous permettre de modéliser l'épargne intérieure, nous avons d'abord diagnostiqué l'économie rwandaise en mettant l'accent sur la performance de l'épargne intérieure depuis 1995 jusqu'à 2001. L'analyse nous a permis de mettre en exergue les facteurs qui conditionnent le comportement de l'épargne intérieure. Ainsi, les facteurs aussi internes qu'externes ont été identifiés.

Sur le plan interne, le déficit de l'épargne publique est fortement expliqué par les dépenses de consommation excessives par rapport aux recettes propres de l'Etat. Concernant l'épargne privée, nous avons constaté que l'épargne informelle l'emporte sur l'épargne formelle. En effet, le taux de dépôt à terme au PIB est très petit.

Les facteurs extérieurs expliquent la performance de l'épargne intérieure à travers les termes de l'échange, le taux de change et les prix des produits d'exportation qui se sont détériorés au fil du temps. Ces éléments constituent les canaux fondamentaux à travers lesquels les causes sous- jacentes freinent le développement de l'épargne intérieure.

Les informations issues de l'analyse théorique et de l'analyse empirique en plus des spécificités de l'épargne intérieure au Rwanda nous ont incité à définir un modèle économétrique tenant compte des effets de court et de long termes qui influencent 1' épargne intérieure.

(7)

Ainsi à l'aide de la méthode des moindres carrés ordinaires avec le logiciel Eviews5, les résultats obtenus vérifient les hypothèses émises. La corrélation négative entre le taux d'intérêt réel créditeur et le taux d'épargne montre que l'effet revenu l'emporte sur l'effet substitution.

De résultats obtenus, il a été constaté que l'épargne intérieure est influe significativement, à 96%, par le produit intérieur brut par habitant, l'intérêt réel créditeur décalé d'une période, la variation de l'intérêt réel créditeur, la différentielle de l'inflation et de l'inflation retardée d'une période, l'instabilité politique et l'ajustement structurel. Le solde budgétaire quant à lui influe négativement l'épargne, mais il n'est pas significatif au seuil de 5%. Cela peut être due à la qualité des données utilisées. Seul le produit intérieur brut par habitant influe positivement mais faiblement sur l'épargne intérieure. Cela est justifié par le niveau élevé de pauvreté qui ne permet pas aux ménages de réserver une partie de leur revenu à l'épargne formelle. De plus, l'inflation a plus d'impact sur le comportement de l'épargne par rapport à d'autres variables.

Compte tenu des résultats auxquels nous avons abouti, il s'avère indispensable pour le Rwanda de mettre en place des mécanismes susceptibles d'améliorer l'épargne intérieure en mettant l'accent sur les mesures ci-après:

•!• Renforcer le produit intérieur brut par habitant;

•!• Améliorer le taux d'intérêt créditeur;

•!• Maîtriser l'inflation;

•!• Renforcer la bonne gouvernance;

•!• Avoir l'autonomie en matière de la conception et des réformes des politiques macroéconomique et institutionnelle.

(8)

TABLE DES MA TIERES

Page

DEDICACES ...... !

REMERCIEMENTS ... II ABSTRACT ...... III RESUME ANALYTIQUE ... IV LISTES DES FIGURES, GRAPHIQUES, TABLEAUX ET ANNEXES ... VII LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ...... VIII

CHAPITRE 1. INTRODUCTION GENERALE ......... 1

1.1. INTRODUCTION ...................... 1

1.2. NATURE DU PROBLEME ET JUSTIFICATION DE L'ETUDE .............. 3

1.2.1. Nature du problème ........................... 3

1.2.2. Justification del 'étude ............... 5

1.3. OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE L'ETUDE .......................... 8

1.3.1. Objectif ......... 8

1.3.2. Définition des hypothèses et leur justification .............. 8

1.4. ORGANISATION DU TRAVAIL ............... 9

CHAPITRE II. SITUATION SOCIO-ECONOMIQUE ET EPARGNE INTERIEURE AU RWANDA ... 10

2.1. SITUATION SOCIO-ECONOMIQUE ... 10

2.1.1. Situation sociale ............................................................. 10

2.1.2. Analyse globale de l'environnement macro-économique (1995-2001) ........ 11

2.2. EPARGNE INTERIEURE ..................................... 19

2.2.1. Analyse globale de l'épargne intérieure .............................. 19

2.2.2. Epargne Publique .............. 28

2.2.3. Epargne privée ............ 33

CHAPITRE III. REVUE DE LA LITTERATURE ...... SO 3.1. CADRE THEORIQUE ................................ 50

3.2. CADRE EMPIRIQUE ............................. 55

CHAPITRE IV. METHODOLOGIE, PRESENTATION ET INTERPRETATION DES RESULTATS ... 61

4.1. METHODOLOGIE ..................... 61

4.1.1. Spécification des modèles ......................... 63

4.1.2. Techniques d'estimation ........................... 67

4.1. 3. Source de Données ............................................. 67

4.2. PRESENTATION ET INTERPRETATION DES RESULTATS .............. 68

4.2.1. Présentation des résultats ....................... 68

4.2.2. Interprétation des résultats .............. 73

5.1. RECOMMANDATIONS ......................... 81

5.2. CONCLUSION GENERALE ......................... 84

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...... 86

ANNEXES .... ; ............ 91

(9)

LISTES DES FIGURES, GRAPIDQUES, TABLEAUX ET ANNEXES

Page A. GRAPIDQUES

GRAPHIQUE 1: EVOLUTION DES TAUX EPARGNE INTERIEURE ET INVESTISSEMENT INTERIEUR BRUT EN% DU PIB (1978-

2001) ··································· 4

GRAPHIQUE 2: CONTRIBUTION MOYENNE PAR BRANCHE D'ACTIVITE A LA CROISSANCE DU PIB ......... 13

GRAPHIQUE 3: EVOLUTION DES AGREGATS DU COMMERCE EXTERIEUR (199 5-2001) ............ 16

GRAPHIQUE 4: EVOLUTION DE L'EPARGNE INTERIEURE EN% DU PIB .................. 20

GRAPHIQUES: REPARTITION MOYENNE DES CREDITS PAR SECTEUR D'ACTIVITE(l995-200!) .......... 43

B. TABLEAUX Page TABLEAU 1: EVOLUTION DU TAUX D'EPARGNE INTERIEURE BRUTE (1978-2001 ) ......... 4

TABLEAU 2: COMPARAISON ENTRE LES BESOINS DE FINANCEMENT DE LA FBCF ET L'APD ... 7

TABLEAU 3: EVOLUTION RECENTE DES PRINCIPAUX INDICATEURS MACRO-ECONOMIQUES ...... 15

TABLEAU 4: CONTRIBUTION A LA CROISSANCE DES RECETTES TOTALES DE L'ETAT EN% ..... 30

TABLEAU 5: CONTRIBUTION A LA CROISSANCE DES DEPENSES TOTALES DE L'ETAT EN% ... 33

TABLEAU 6: EVOLUTION DE LA MASSE MONETAIREM2 (EN MILLIONS DEFRW ETEN FIN DE PERIODE) ... 38

TABLEAU 7: REPARTITION ET CROISSANCE DES CREDITS A TERME (1995 = 100) ... 44

TABLEAU 8: RECAPITULATIF DES RESULTATS DE L'ANALYSEDESTATIONNARITE PAR LA STATISTIQUE DEPHILLIPS- PERRON .......................... 64

TABLEAU 9: SYNTHESE DES RESULTATS DE L'ESTIMATION DES MCE ...... 68

TABLEAU 10: RESULTATS DU TESTD'HOMOCEDASTICITE DES ERREURS ......... 70

TABLEAU Il: RESULTATS DU TESTD'AUTOCORRELATION DES ERREURS D'ECM ...... 70

TABLEAU 12: COEFFICIENTS STANDARDISES ....................... 72

C.ANNEXES Page ANNEXE 1: PROJECTION DE LA POPULATION RWANDAISE EN 2020 ...... 91

ANNEXE 2: DETAIL DE LA CONTRIBUTION PAR BRANCHES D'ACTIVITES DANS LA CROISSANCE DU PIB EN ... 91

ANNEXE 3: RECAPITULA TIF DES DONNEES SUR LE COMMERCE EXTERIEUR ......... 92

ANNEXE 4: EVOLUTION DES PRIX, DE L'OFFRE ET DE LA DEMANDE DU CAFE SUR LE MARCHE MONDIAL ... 92

ANNEXE 5: EVOLUTION DE L'EPARGNE INTERIEURE ET CONTRIBUTION A LA CROISSANCE DES DEPENSES DE CONSOMMATION ........................ 93

ANNEXE 6: DISTRIBUTION EN% DES CREDITS PAR SECTEUR D'ACTIVITE ET LEUR REPARTITION ... 93

ANNEXE 7: RESULTATS SOMMAIRES DUTESTDECOINTEGRATION ...... 94

ANNEXE 8: RESULTATS DE L'ESTIMATION DU MODELE A CORRECTION D'ERREURS ... 95

ANNEXE 9: TEST DE SPECIFICATION DU MODELE(TESTDERAMSAY) ............ 96

ANNEXE 10: TEST DE NORMALITE DES ERREURS ....................... 96

ANNEXE 11: TEST CUSUM CARRE DE STABILITE (BWOWN, DURBIN, EWANS): STABILITE PONCTUELLE DES COEFFICIENTS DU MCE ...................... 97

ANNEXE 12: TEST CUSUM SE STABILITE (BWOWN, DURBIN, EWANS): STABILITE STUCTURELLES DES COEFFICIENTS DUMCE ........................... 97

ANNEXE 13: DONNEES UTILISEES POUR L'ESTIMATION DU MODELE ............ 98

(10)

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS APD : Aide Publique au Développement

ARAM Agence Rwandaise d'Assurances Maladies BACAR : Banque Continentale Africaine au Rwanda BAD : Banque Africaine de Développement BANCOR : Banque à la Confiance d'Or

BC : Banques commerciales

BCDI: Banque du Commerce, du Développement et de l'Industrie BCR : Banque Commerciale du Rwanda

BK : Banque de Kigali BM : Banque Mondiale

BNR: Banque Nationale du Rwanda

BRD: Banque Rwandaise de Développement

COGEAR : Compagnie Générale d'Assurances et de Réassurances au Rwanda COGEBANK: Compagnie Générale des Banques de Kigali

CORAR: Compagnie Rwandaise d'Assurances et de Réassurances CSR : Caisse Sociale du Rwanda

EU: Euro

FBCF : Formation Brute du Capital Fixe FMI: Fonds Monétaire International IDE: Investissement Direct Etranger INF : Inflation

IPC : Indice des prix à la consommation MCE: Méthode à correction d'erreurs MCO: Moindres Carrés Ordinaires

MINECOFIN: Ministère des finances et de la planification économique

NEP AD : New partnership for Africa development (Nouveau partenariat pour le Développement de 1 'Afrique)

OCDE: Organisation de coopération et de développement économiques PIB:

OIC:

ONG:

PAS:

PIBN:

PPTE:

SONARWA:

SORAS:

SBG:

STC:

TCPIBH:

TEl:

TIR:

TSB:

UBPR:

USA:

Produit Intérieur Brut

Organisation internationale du café Organisation non gouvernementale

Programme d'ajustement structurel Produit intérieur brut nominal

Pays pauvres très endettés

Société nationale d'assurances du Rwanda Société rwandaise d'assurances

Solde budgétaire

Solde des transactions courantes

Taux de croissance du produit intérieur par habitant Taux d'épargne intérieure

Taux d'intérêt réel créditeur Taux de solde budgétaire

Union des banques populaires du Rwanda United States of America

(11)

CHAPITRE I. INTRODUCTION GENERALE 1.1. Introduction

Le rôle de 1' épargne dans la création de richesses des nations a été abordé par plusieurs auteurs.

Malgré certaines divergences ils s'accordent sur le fait que l'épargne demeure toujours le moteur du développement dans les économies en expansion.

Selon Capul et Garnie dans le Dictionnaire économique, «au sens courant, épargner consiste à mettre de l'argent de coté, à faire des économies. La notion économique d'épargne rejoint en partie le sens courant car l'épargne représente la partie durevenu qui n'est pas destinée à une consommation. L'épargne est donc un acte de renonciation à une satisfaction immédiate au profit d'une satisfaction future et d'une consommation future. En permettant de financer l'investissement, l'épargne assure le maintien et la croissance du niveau de la production».

L'histoire montre que l'épargne est la source principale de la croissance économique et du développement d'un pays à travers plusieurs voies. Par l'intermédiation bancaire, l'épargne permet aux investisseurs qui ont besoin de financement d'accéder au capital nécessaire pour la mise en œuvre de leurs projets.

Cette relation indirecte entre 1' épargne et la croissance via 1 'investissement est confirmée par le théorème de Schmidt qui stipule que «les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain lesquels sont les emplois d'après-demain». Pour lui, un niveau élevé de l'investissement est nécessaire à l'expansion économique. Il considère que les investissements constituent une condition nécessaire et suffisante pour la croissance économique. La multiplication des possibilités d'investissement suscite, avec le temps, une croissance économique soutenue.

L'accroissement de la productivité et des capacités productives engendrées par l'investissement est un préalable pour l'accroissement de la richesse nationale.

Dans les pays du Nord, durant les années 1970-82, la baisse du taux d'épargne des entreprises, laquelle est définie comme la partie de capacité de fmancement allouée à titre de

(12)

l'augmentation du taux d'intérêt suite à la crise financière qui avait précédé la période. En outre, sur la période 1984-89, la hausse de l'épargne des entreprises a joué en faveur de l'investissement dans la région du Nord. Sur le plan international, l'épargne étrangère n'a pas manqué au rendez- vous pour appuyer les économies occidentales vers les années 1980. C'est dans ce cadre que l'épargne excédentaire du Japon a servi à titre d'emprunt aux Etats-Unis d'Amérique pour faire face au déficit budgétaire.

Le rôle de l'épargne, surtout l'épargne intérieure, pour l'édification de l'économie a été mis en exergue par Nurkse (1953) pour expliquer que les entreprises et les projets les plus productifs d'un pays sont fmancés par des ressources intérieures. Il ajoute que l'épargne intérieure est la clé du développement du secteur financier, circuit d'intermédiation entre l'épargne et l'investissement. Hormis l'Afrique subsaharienne, dans la plupart des pays en développement, l'épargne interne finance entre 85 et 90% de l'investissement intérieur brut1

A l'heure actuelle pour faire sortir l'Afrique de sa misère, plusieurs économistes proposent la promotion des activités des opérateurs économiques privés au détriment de celles de l'Etat.

Pourtant l'épargne privée extérieure s'oriente vers d'autres régions plus attrayantes, en particulier certaines régions de l'Asie. Ainsi, la part de l'Afrique dans les flux mondiaux des investissements directs étrangers (IDE) est tombée de 3% dans la période en 1981-85 à 1,7% entre 1991-93.

Malgré son rôle maJeur dans le développement économique et social, l'épargne intérieure demeure insuffisante en Afrique subsaharienne. On assiste aussi à une forte fuite des capitaux nationaux vers les pays développés. Le volume total de la fuite des capitaux d'origine subsaharienne atteignait environ 148 milliards de dollars américains, soit 90% du PIB de la région. En outre, 40% de 1' épargne privée de 1' Afrique est gardée à 1' extérieur du continent, plus que toute autre région du monde2. Ceci indique que l'Afrique, avec une meilleure politique de gestion, pourrait rassembler des capitaux qui lui permettraient d'atténuer la dépendance vis-à-vis de 1' aide extérieure et de recourir aux emprunts extérieurs dont les effets se concrétisent à travers

1

: Association Professionnelle Tunisienne des Banques et des Etablissements Financiers, Financement Bancaire et Croissance

conomique,http://www.apbt.org.tnlfr/htm!dossiers/pdfs/dossiers/dossier fin banc/Fina Banc Croiss Econo.pdf

(13)

des effets multiplicateurs qui touchent tous les secteurs de production. Par conséquent, le poids de la dette extérieure sur 1' épargne intérieure à travers toute forme de prélèvement obligatoire vis-à-vis des contribuables ne cesse de s'aggraver malgré les initiatives prises pour la réduction de la pauvreté.

A l'instar des pays pauvres les plus endettés, le Rwanda connaît une forte détérioration des indicateurs macroéconomiques. Son économie reste toujours tributaire des dons et enregistre un déficit extérieur structurel malgré les réformes entreprises dans le cadre de l'ajustement structurel. Comment l'épargne domestique se présente-elle au Rwanda? Est-elle suffisante pour répondre aux besoins de développement ?

1.2. Nature du problème et justification de l'étude 1.2.1. Nature du problème

Le Rwanda, sous programmes d'ajustement structurel et de réduction de la pauvreté, a entrepris plusieurs réformes aussi bien politiques qu'économiques en vue d'assurer le bien-être de ses citoyens. C'est ainsi qu'un taux de croissance annuelle d'au moins 7% et un taux d'investissement brut par rapport au PIB de 30% sont envisagés pour gagner ce pari.

Pour mener les activités qui conduiront à relever ce défi, les contraintes fmancières deviennent des préoccupations majeures. C'est pourquoi on constate qu'il existe une très forte dépendance du pays vis-à-vis des financements extérieurs. Cette dépendance financière structurelle découle du fait que le Rwanda ne génère pas des ressources propres suffisantes capables de prendre en charge tous les besoins d'investissements.

Pour mieux aborder cette question d'insuffisance fmancière, nous nous proposons de subdiviser la période d'étude en trois grandes parties selon les caractéristiques particulières de chacune d'elles.

Cette séparation nous permettra d'expliquer l'évolution de l'épargne intérieure et de mettre en exergue l'écart existant entre cette épargne et les besoins d'investissements bruts. En segmentant la période de 1978-2001 en trois parties selon trois événements qui ont marqué le Rwanda, notamment, la période sans programme (1978-1989), période de guerre et de génocide (1990-

1995) et enfin la période sous ajustement structurel (1996-2001), on constate qu'il y a des effets

(14)

Tableau 1: Evolution du taux d'épargne intérieure brute (1978-2001) Libellé

Période

Epargne brute(%) du PIB Investissement brut(%) du Pm ~cart entre épargne et Investissement

1978-1989 5,67 14,40 8,73

1990-1995 6,99 14,07 21,06

1996-2001 1,42 16,03 17,45

1996 5,80 14,37 20,17

1997 4.06 13,81 17,87

1998 2,82 14,81 17,62

1999 0,16 17,23 17,07

~000 1,43 17,53 16,10

12001 12,57 18,41 15,84

Source: World Bank lndtcators, CD-Rom 2004

Graphique 1: Evolution des taux épargne intérieure et investissement intérieur brut en% du PIB (1978-2001)

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-40.00 -50.00 -60.00

Années

1 -

Epargne intérieure en% du AB - Investissement intérieur brut en% du ABj

0 0 N

A la lumière du tableau n°l et du graphique n°l, nous constatons qu'entre 1978 et 1989, l'économie rwandaise a enregistré une épargne intérieure brute positive par rapport au PIB de l'ordre de 5,67% quoique qu'elle reste insuffisante au regard des besoins d'investissement. Une détérioration grave de l'épargne intérieure de 6,99% a marqué la période suivante (1990-1995).

Signalons que cette période était marquée par deux évènements importants, notamment, la guerre et le génocide qui n'ont pas épargné le tissu économique telles que les infrastructures physiques et les structures fmancières des destructions et des pillages systématiques. Mais de 1996 à 2001, période de mise en oeuvre des deux grands programmes d'ajustement structurel et de réduction de la pauvreté, l'épargne intérieure a connu une amélioration avec un taux moyen de -1,42 % quoi qu'elle reste négative.

En dépit de ce redressement, l'épargne intérieure demeure insuffisante pour couvrir entièrement les besoins d'investissement, moteur de la croissance et du développement durable. L'analyse

(15)

parallèle de l'évolution de cette épargne et de l'investissement brut fait sortir des déficits moyens très importants de l'ordre de 8,73, 21,06 et 17,45% respectivement pour les trois périodes consécutives. Ceci explique une fois encore la forte croissance des besoins de financement de l'économie rwandaise.

En termes de comparaison, l'épargne intérieure au Rwanda est trop faible par rapport à d'autres pays de l'Afrique subsaharienne. En pourcentage du PIB, entre 1980 et 2001, les épargnes intérieures en moyenne au Botswana, au Nigeria, au Cameroun, au Kenya et au Ghana étaient respectivement de 37,4%, 21,6%, 21,4%, 13,9% et 6,4%. Par contre, pour la même période, au Rwanda, le taux d'épargne intérieure était de -0,11%. La désépargne de 48,5% de 1994, période de génocide, explique ce petit taux d'épargne intérieure.

L'épargne intérieure est loin d'être suffisante pour fmancer les investissements considérables de l'ordre de 30% du PIB à l'horizon 2020 en vue d'atteindre une croissance de 7% par an et pour réduire d'une manière efficace et durable les problèmes de pauvreté au Rwanda. Cette comparaison fait sortir un déficit très important entre la réalité et les ambitions du gouvernement.

Malgré les efforts entrepris pour améliorer l'épargne intérieure, elle reste toujours déficitaire et les privés ne réagissent pas en conséquence pour mettre à la disposition des investisseurs des ressources fmancières pour le financement de leurs projets. A quoi pouvons-nous attribuer cette faiblesse de l'épargne intérieure ? Notre recherche consiste maintenant à répondre à cette question.

1.2.2. Justification de l'étude

Selon la Banque Mondiale, pour que les pays sous-développés puissent atteindre les objectifs du millénaire, ils doivent enregistrer un taux de croissance économique annuel d'au moins 7%. Seule l'utilisation accrue du capital qui est l'investissement, comme le souligne Harrod (1939) et

(16)

extérieur représentait pour 1' essentiel 96% de ce pourcentage. Ce dernier pourcentage signifie que pour rembourser la totalité de la dette extérieure due (principal plus intérêt) et actualisée en 2002, il fallait dépenser 96 unités monétaires sur 100 unités créées par 1' économie rwandaise. Par conséquent, le pays perd son épargne, et suite aux exigences des bailleurs, sa souveraineté en matière de politique économique pour le développement devient un rêve. Les projets à financer sont imposés et des fois concernent la résolution des problèmes de court terme en mettant de coté ceux qui peuvent assurer la croissance durable et l'intégration sectorielle, notamment l'exploitation de gaz méthane pour la production de l'énergie et la construction de chemin de fer pour la réduction de coût transport.

Or, 1' expérience montre que 1' assistance financière extérieure vient après le « malheur » et avec un taux de décaissements trop faible pour faire face aux problèmes liés au sous-développement.

Compter totalement sur les financements étrangers conditionnés et dont les décaissements s'étalent sur de longues périodes pour des raisons de suivi et d'évaluation, serait pour le Rwanda une naïveté stratégique et un manque de vision des leaders pour l'avenir. En outre, plusieurs auteurs montrent que sur le long terme les investisseurs locaux constituent une source de financement plus stable que les investisseurs étrangers qui ont en général davantage d'options et moins de liens avec le marché intérieur. Par contre, les investisseurs locaux sont généralement mieux informés et ont souvent davantage intérêt à ce que les projets qu'ils fmancent produisent des bons résultats, car la grande majorité des épargnants des pays en développement n'ont pas la possibilité de vérifier leurs avoirs à l'échelle internationale ni même régionale.

A la lumière du tableau 2, le ratio moyen de 15,6% de la formation brute du capital fixe au PIB est inférieur au souhait du gouvernement de 30% pour atteindre les objectifs du millénaire, soit un déficit de 14,4 %. Cette augmentation supplémentaire de la FBCF nécessaire pourrait être, en plincipe, financée par tous types des ressources intérieures ou extélieures plivées ou publiques : épargne intérieure, investissements directs étrangers, aide publique au développement (APD), etc ... Or, les ressources extérieures évoluent négativement et sont trop faibles pour suppléer cette insuffisance des ressources supplémentaires. A titre illustratif, les APD sont irrégulières et parfois très insuffisantes alors que l'économie rwandaise enregistre toujours un solde budgétaire hors dons traditionnellement déficitaire. Notons que l'aide publique au développement finance

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l'économie rwandaise à hauteur de 6% par rapport au PIB en moyenne de 1995 à 2001. En 1995, le ratio des APD au PIB était à un niveau très élevé pour chuter à 4,8 % en 2001, soit une diminution de 3,3%. Dans l'hypothèse où les APD sont régulièrement données au pays, cela amènerait le déficit à 7,4%. A ce titre, les efforts du gouvernement du Rwanda pour atteindre les objectifs de réduire de moitié la pauvreté consisteraient à chercher les ressources pour fmancer le 7,4%.

Tableau 2: Comparaison entre les besoins de financement de la FBCF et I'APD

Libellé 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 Moyenne

Ratio du la FBCF en 13,5 14,3 13,7 14,7 17,7 18 17,4 15,6

%du Pm

Ratio des APD en % 8,1 6,5 6,8 3,5 6,7 6 4,8 6

du Pm

Source: calculs a parhr des donnees de l'Indicateur de developpement 2002 du Rwanda

Est-il intéressant de rester sous cette forme d'esclavagisme économique qui freine le développement économique de l'Afrique en général et du Rwanda en particulier? Compte tenu des conditionnalités et de la rareté de l'épargne extérieure, le recours permanent à cette épargne pour fmancer des investissements plus productifs et efficients constitue-t-il la garantie pour la réduction de la pauvreté? N'est-il pas intéressant de promouvoir l'épargne intérieure pour prendre en charge cette fonction, et de faire en sorte que le financement extérieur vienne comme complément et non comme moteur ?

Par ailleurs, les investisseurs des pays sous-développés dont le Rwanda, ne peuvent pas accéder aux guichets commerciaux internationaux. Alors, parallèlement à l'insuffisance de l'épargne intérieure, comment peut-on compter sur une prise en charge de la croissance économique par les opérateurs économiques privés soumis à des contraintes financières si importantes ?

En plus de cette dépendance fmancière extérieure, il y a la prédominance des crédits à court terme dans l'ensemble des crédits à l'économie. Cette prédominance est prouvée par la part moins importante des dépôts à terme par rapport à la base monétaire qui était de 1,21% en 2000, soit respectivement 432 et 35803 de millions de USD. Si on exprime cette comparaison en termes de dépôt par habitant, on trouve que chaque rwandais pris individuellement était créditeur net à terme de 53,3 USD pour la même période. Signalons qu'il y a 8,13 millions d'habitants au Rwanda. Pour s'assurer d'une souveraineté fmancière en vue de financer des projets efficaces et

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efficients pour une croissance soutenue et la réduction de la pauvreté, le recours à 1' épargne intérieure ne pourrait-elle pas être la meilleure solution?

A notre avis, c'est le moment des leaders africains dans le cadre du NEP AD, et en particulier les dirigeants du Rwanda à mobiliser l'épargne intérieure en vue de préserver, à long terme, leur souveraineté fmancière nécessaire pour financer des investissements rentables selon leurs priorités en matière de développement économique et social. Cette initiative mettrait le pays à 1' abri des influences étrangères impropres aux préoccupations réelles pour sa croissance et la lutte contre la pauvreté. Maintenant la question fondamentale est de savoir les facteurs qui sont à l'origine de cette insuffisance de l'épargne intérieure. Tel est l'objet de notre travail de recherche.

1.3. Objectifs et hypothèses de l'étude 1.3.1. Objectif

Notre objectif global est de déterminer les causes fondamentales qui expliquent le faible niveau de l'épargne intérieure au Rwanda. Compte tenu du niveau d'autoconsommation très élevé, nous mesurons l'impact du taux d'intérêt créditeur réel sur l'épargne fmancière. En plus de cet objectif global, nous essayons après avoir estimé et interprété des résultats, de proposer les mesures prioritaires qui pourraient influer sur les variables exogènes en vue d'une amélioration de 1' épargne intérieure.

1.3.2. Définition des hypothèses et leur justification

Partant de 1' expérience vécue et se référant aux théories économiques en matière d'épargne en vue de répondre aux questions précédemment soulevées, les hypothèses suivantes sont retenues.

Hypothèse 1: Le revenu par habitant influence positivement le taux d'épargne intérieure Les théories économiques telle que la théorie du cycle de vie, montrent que l'épargne du ménage augmente en fonction de l'augmentation de son revenu. Plus le revenu est élevé plus l'épargne est importante.

Hypothèse 2: Le taux d'intérêt réel créditeur explique significativement le taux d'épargne intérieure

Par le processus d'intermédiation bancaire, les agents économiques effectuent des placements auprès des institutions fmancières. Ces placements sont mis à la disposition des emprunteurs de différentes catégories. Ces placements étant mis à la disposition des collecteurs des dépôts

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moyennant un prix appelé taux d'intérêt créditeur sont mis à la disposition des débiteurs de catégories différentes en vue de leur rentabilisation à court, à moyen et à long terme. Le niveau de ce taux joue un rôle important dans la formation de l'épargne privée formelle (épargne fmancière). Ce taux d'intérêt réel pourrait influencer les ménages à épargner plus lorsque l'effet substitution domine l'effet revenu. Donc à ce niveau on ne peut pas prédire la relation qui peut exister entre le taux d'intérêt réel et le taux d'épargne intérieure quoique le signe négatif soit envisageable.

Hypothèse 3: L'instabilité politique influence négativement l'épargne intérieure

Au niveau de l'épargne publique, l'instabilité politique occasionne des dépenses courantes énormes à travers les dépenses militaires dans des pays où il y a des guerres; ce qui aggrave l'écart négatif entre les recettes publiques et les dépenses ordinaires de l'Etat. Du coté du secteur privé, la guerre détruit les épargnes physiques des ménages, les investissements de production et entraîne ensuite la fuite des capitaux vers les zones plus sûres et empêche enfin les transferts provenant des expatriés. Le Rwanda se trouve dans la zone où la guerre est alimentée par des tensions ethniques depuis 1959. Cette situation non favorable à la promotion des investissements peut être à la base de l'existence d'une faible épargne dans ce pays. Donc on peut supposer qu'une relation négative entre l'incertitude politique et le taux d'épargne intérieure au Rwanda.

1.4. Organisation du travail

Le développement de ce travail s'articule autour des cmq chapitres: introduction générale, situation socio-économique et épargne intérieure, revue de la littérature, méthodologie et présentation et interprétation des résultats enfm recommandations et conclusion générale.

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CHAPITRE II. SITUATION SOCIO-ECONOMIQUE ET EPARGNE INTERIEURE AU RWANDA

Dans ce chapitre, nous essayons de présenter les situations sociale et économique pour mettre en lumière, d'une façon globale, l'image récente du Rwanda par rapport à ces deux aspects. Cette présentation mettra en exergue à priori les facteurs majeurs susceptibles de contribuer directement ou indirectement à l'insuffisance de l'épargne intérieure au Rwanda.

2.1. Situation socio-économique

2.1.1. Situation sociale

Selon les résultats du recensement général de 2002, le Rwanda, pays de l'Afrique centrale, a 8.162.715 d'habitants dont 46,7% d'hommes et 53,3% de femmes. Environ 94% de sa population vivent dans le milieu rural. L'économie de subsistance et l'usage de techniques rudimentaires pour cultiver caractérisent leur mode de vie. Cette population est concentrée seulement sur une superficie de 24294 km2 avec une densité de 336 habitants /km2. Cette forte densité montre que le Rwanda est soumis aux problèmes de rareté des terres cultivables. Cette rareté et la forte densité constitueraient à long terme un problème majeur pour le pays, si les mesures appropriées pour la gestion de la population ne sont pas sérieusement renforcées dans le programme national pour le développement.

La moitié de la population est âgée de moins de 16 ans, sauf dans la capitale où l'âge médian est plus élevé, soit 18 ans. Cet âge médian montre que plus de 4 millions de la population rwandaise est dans la catégorie de la population inactive. Cette proportion représente une charge importante pour la population active et pour le pays. En effet, cela augmente les dépenses de consommation au détriment de 1' épargne de la part des personnes en charge. La preuve de cette réalité est que 48,3% de la population totale proviennent de la tranche d'âge de 14 ans au plus contre 50,2 et 1,5% respectivement pour la population active et la population inactive en âge avancée.

Par ailleurs, le Rwanda est parmi les pays pauvres très endettés de la planète; 60,3% de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté. Chaque habitant vit en moyenne avec moins d'un dollar américain par jour et son revenu ne cesse de décroître. Avec ce faible niveau de revenu, peut-on espérer un financement autonome en faveur des investissements de haute productivité ?

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Une croissance démographique moyenne et annuelle de 1,2% et un niveau de fécondité de l'ordre de 6,3 caractérisent le pays. Toutes choses égales par ailleurs, avec cette croissance démographique, en 2020 (année prise comme échéance pour atteindre les objectifs du millénaire), la population sera 1,22 fois par rapport à celle de 2002. Par conséquent, la densité serait de 410,6 habitant/lan2. (Voir l'annexe!).

La combinaison de tous ces facteurs constitue une contrainte majeure pour le pays pour sortir de son sous-développement. Elle est donc pour le gouvernement un défi à relever pour atteindre une croissance d'au moins 7% par an tel que défini dans les objectifs du millénaire. A cet égard, les besoins d'éducation, d'emploi, de santé et d'habitat, etc .. deviennent énormes alors que les moyens fmanciers pour les couvrir n'évoluent pas au même rythme. La couverture de ces besoins sans cesse croissants exige beaucoup d'investissements; ainsi la mobilisation de l'épargne intérieure s'avère nécessaire.

Le Rwanda est un pays enclavé. Il se situe à plus de 1000 Km de 1 'Océan Indien et à 2000 lan de l'Océan Atlantique. Hormis d'autres mesures restrictives sur le tonnage de transits, le facteur enclavement coûte très cher au pays. Environ 40% des valeurs des importations représentent uniquement le coût de transport. Par ailleurs, près de 40%3 des recettes d'exportation sont dépensées pour payer les services des transports internationaux. Cette proportion montre comment les charges de transport qui font partie de la base d'imposition au niveau de douane, pèsent lourdement sur la rentabilité des entreprises et entraînent par conséquent 1' augmentation des prix des biens de consommation et d'équipement. Alors l'épargne des entreprises et celle des ménages diminuent. Ce qui freine aussi le processus de développement du pays.

2.1.2. Analyse globale de l'environnement macro-économique (1995-2001) a) Taux de croissance

A la lumière des résultats récapitulés dans de l'annexe 2, nous constatons une dégradation progressive de la croissance économique réelle au cours des six dernières années (1996-2001), mais une croissance moyenne de 6,5% de 1999 à 2001 a été enregistrée. Le fait très marquant, est que le Rwanda a réalisé des croissances exceptionnelles de 33,9% et de 14,9% en 1995 et en

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1996. Cet effet de rattrapage de la croissance qui a suivi le génocide est dû à la reprise des activités économiques plus particulièrement agricoles. La tendance décroissante de la croissance économique met en exergue la dépendance de 1 'économie rwandaise aux aléas climatiques en particulier la pluviométrie et aux effets de la conjoncture internationale qui pèsent lourdement sur les prix de produits de rentes lesquels font l'objet des exportations du pays comme le montre l'évolution des prix du café sur le marché mondial. (Voir l'annexe 4).

Par rapport au seuil international d'au moins 7% de croissance pour la réduction de la pauvreté, le Rwanda enregistre un déficit léger de 0,5%. Des efforts de la part du gouvernement sont envisageables pour relever le défi de bien être socio-économique de sa population. Toutefois, cette croissance de 6,5% n'est pas équitablement répartie compte tenu de la part de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté.

La production vivrière destinée en grande partie à l'autoconsommation occupe une place importante dans la formation du PIB au niveau du secteur primaire. La baisse de la contribution de la culture vivrière, en 1996 et 1997, est expliquée par les attaques des rebelles dans la région du nord, source principale de produits vivriers. Après la culture vivrière, l'élevage vient en deuxième position.

La culture d'exportation la plus importante (le café) a accusé des dépréciations en valeur à cause de sa vulnérabilité aux chocs extérieurs dont les prix sur le marché international. Cela explique en partie le déséquilibre de la balance commerciale. Malgré la volatilité de la croissance de l'agriculture, celle-ci demeure le moteur de la croissance économique. Le secteur tertiaire vient en deuxième position suivie du secteur industriel.

Au mveau du secteur tertiaire, les sous-secteurs transport et commerce contribuent pour l'essentiel à la création de la richesse. A la lumière des données de l'annexe 2, on constate que le sous-secteur commercial est marqué par une amélioration du fait de l'introduction de la taxe sur la valeur ajoutée dans l'administration fiscale. Le sous-secteur des finances aussi est caractérisé par une nette croissance suite à l'instauration du système libéral dans le domaine des assurances et des banques privées.

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Sur toute la période d'analyse, le secteur secondaire a accusé une décroissance; pourtant, il a été dans les pays développés la base incontestable de leur puissance économique actuelle. Cette décroissance du secteur secondaire confirme l'existence d'un faible niveau du tissu industriel dans 1' économie rwandaise.

Graphique 2: Contribution moyenne par branche d'activité à la croissance du PIB

DPrimaire

Secondaire DTertiaire

En général, tous les secteurs ont été moins efficaces pour dégager plus de valeurs ajoutées nécessaires pour le développement multisectoriel. Par ailleurs, la contribution à la croissance est inégalement repartie dans les différents secteurs et il y a une décroissance forte du PIB résultant surtout de la fragilité du secteur primaire.

b) Taux d'inflation

Sur toute la période, on a un taux d'inflation moyen de 18,48%. En 1995, juste à la sortie de guerre, il existe un taux d'inflation très élevé de 98,87%. Ce taux est le résultat de l'arrêt des activités agricoles suite à la sortie massive, en 1994, de la population du Rwanda vers les pays limitrophes. Cela a entraîné une pénurie des produits alimentaires locaux qui couvrent plus de 90% des denrées alimentaires des ménages.

De 1996 à 2001, le taux d'inflation a été maîtrisé jusqu'à atteindre un niveau de 3,36% en 2001.

Cependant, la forte inflation de 12,01% en 1997 s'explique par le retour massif des réfugiés de 1994 et la persistance de l'insécurité dans le Nord-ouest du pays qui ont entraîné la rareté des produits agricoles alimentaires. En 1999, avec une très forte production de denrées alimentaires qui a contribué près de 60% du panier de consommation, l'inflation a été amenée à un niveau très bas de -2,42% avant d'atteindre un pic de 3,91% en 2000. Cette reprise du taux d'inflation en 2000 découle de la flambée des prix des produits pétroliers et de la sécheresse qui a frappé le pays.

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En général, c'est grâce au retour au calme dans la région du Nord et à la hausse de la production des denrées alimentaires ainsi que la mise en application de la politique monétaire restrictive que l'inflation a été ramenée à des niveaux inférieurs par rapport à l'objectif du pays de 5% de taux d'inflation maximum depuis 1997. Cette maîtrise de l'inflation pourrait créer un environnement macroéconomique favorable au développement des entreprises et allait permettre la stabilité du pouvoir d'achat des ménages si d'autres facteurs fondamentaux pour le développement étaient maîtrisés.

c) Les Opérations Financières

En observant les résultats du tableau 3 relatif à l'évolution récente des indicateurs macro- économiques, sur toute la période, le solde budgétaire de l'Etat est resté déficitaire. Il n'a pas dégagé de 1' épargne pour assurer les investissements nécessaires pouvant faciliter le développement des affaires à moindre coût et pour créer plus d'emplois. Cependant, la tendance est à 1' amélioration.

Globalement l'économie rwandaise est fortement tributaire des dons. On enregistre sur cette période, un écart important entre la situation avec dons et la situation sans dons de 1 'ordre de 7,76% en moyenne. En effet, la source génératrice de revenus est très restreinte pour que l'économie soit moins dépendante de l'épargne extérieure. Ceci s'explique par une forte prédominance du secteur informel qui rend l'assiette fiscale très petite. Il y a également, au delà de ces problèmes, le caractère de la monnaie inconvertible soumise à une dépréciation régulière qui déséquilibre la performance de 1' économie rwandaise. La dépréciation de la monnaie locale a aussi des effets pervers sur l'épargne intérieure car elle augmente l'encours de la dette à travers 1' augmentation du service de la dette et le principal dû.

Au départ, au cours des années 1995 et 1996 le secteur privé était excédentaire. Cependant, à partir de 1997, ce secteur enregistre un déficit lié à l'inefficacité des entreprises suite à la mise en œuvre des accords régionaux sur le commerce. Les entreprises qui étaient fortement protégées sont confrontées à une concurrence des entreprises'régionales plus efficientes.

De 1995 jusqu'en 2001, les opérations financières de l'Etat se sont soldées par un déficit global hors dons de 56,6 milliards de FRW en moyenne, soit une décroissance de 31,6%. Le fait le plus

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marquant est que, au fur et à mesure qu'on s'éloigne de 1995, le solde global sans dons s'est détérioré davantage. De 1999 jusqu'en 2001, il y a eu des détériorations plus accentuées mais stables. En particulier, la détérioration de 64 milliards de FR W de ce déficit global en 1999 s'explique par la contraction de 3% des recettes propres et la hausse rapide de 8,7% des dépenses totales de l'Etat. (Voir les tableaux 4 et 5)

Tableau 3: Evolution récente des principaux indicateurs macro-économiques

Libellé 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001

Croissance économique en % 33,9 14,9 14,3 9,2 6,5 6,3 6,7

Inflation en % 98,87 7,41 12,01 6,22 -2,42 3,91 3,36

Taux de change FRW/USD 290 306,53 301,53 312,31 333,94 389,7 443,1

Variation des Réserves -60,2 -3,2 -11,7 -22,7 7,4 -9,8 -25,2

4,05 -11,38 -12,2 -44,61 -40,19 -7,39 -18,26

SBG/PIB nominal en % 1,20 -2,67 -2,17 -7,11 -6,35 -1,08 -2,49

STC en USD hors transferts officiels (million) -2495 -273,5 -319,4 -298,4 -323,1 -321,1 -288,8 STC sans Transferts officiels Valeur -72,355 -83,836 -96,3087 -93,1933 -107,896 -125,133 -127,967

STC/PIBN

(%) -21,5 -19,7 -17,1 -14,9 -17,0 -18,4 -17,5

STC avec transferts officiels Valeur 14,848 -3,18791 -17,1269 -25,7343 -47,5865 -44,5817 -52,3301 STC/PIBN

(%) 4,4 -0,7 -3,0 -4,1 -7,5 -6,5 -7,1

(Sg-Ig)/PIB nominal avec dons valeur -9,2 -20,8 -13,8 -18,4 -24,9 -1,1 -4,3

(%) -2,73 -4,88 -2,45 -2,93 -3,93 -0,16 -0,59

(Sg-lg)/ PIB nominal sans dons valeur -47,6 -52,2 -51,5 -51,4 -63,6 -64,9 -64,9

(%) -14,1 -12,2 -9,1 -8,2 -10,0 -9,5 -8,9

Dons en % du PIB 11,37 7 32 6,65 5,27 6,07 9,34 8 31

(Sp-Ip )/PIB valeur

22,3 30,4 -122 -5,8 -21,2 -30,9 -42,3

(%) 66 7,1 -21 7 -0 9 -3,3 -4 5 -5,8

PIB nominal en valeur

336,489 426,175 563,416 627,342 633,299 681,455 732,276 Source: calculs a partir des donnees de l'mdJCateur de développement 2002 du Rwanda

d) Commerce extérieur

Les termes de 1' échange qui sont dé fmi es comme les rapports des prix des exportations et des importations indiquent les conditions dans lesquelles un pays échange ses importations contre ses exportations. A la lumière du graphique 3, il y a eu détérioration des termes de l'échange sur toutes les périodes sauf en 1997 et 1998 au Rwanda.

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Graphique 3: Evolution des agrégats du commerce extérieur (1995-2001)

-

~ - Exportation en million de

$US

Importation en million de

$US

Solde de la balance commerciale en million de

$US

... Termes de l'echange (en

indice des prix) Wor1d Bank lndicator 2004 Taux d'ouverture

ontant..en--Usc:Let-3

400 300 200 100 0

-100 -200 -300

Année

En 1997, il y a eu amélioration de 18% des termes de 1' échange; par contre en 1998 la situation est restée constante, c'est-à-dire que les indices de prix respectifs étaient identiques. Cet équilibre signifie que l'économie rwandaise a gardé en 1998 son pouvoir d'achat de 1995. Plusieurs facteurs expliquent ces situations: à l'instar de la plupart des pays sous-développés, le Rwanda exporte des produits primaires et importe des produits manufacturiers. Or, les produits primaires sont de faible productivité et les variabilités des élasticités revenu et prix de ces produits sont faibles voire rigides vis-à-vis de l'environnement économique. A cet égard, le rapport relatif des prix des exportations avec les prix des importations a conduit le pays à enregistrer en moyenne une détérioration des termes de l'échange de 92,71 sur toute la période, soit une perte de pouvoirs d'achat de 7,3%. Cette perte de pouvoir d'achat correspond à un transfert de l'épargne intérieure vers les pays partenaires où le niveau de productivité est intensivement développé.

Bien qu'il y ait eu une appréciation des termes de l'échange en 1997, il existe un paradoxe entre l'appréciation des termes de l'échange et dégradation du solde de la balance commerciale.

Pourtant, 1~ théorie économique stipule que lorsqu'il y a appréciation des termes de l'échange, cela devrait s'accompagner automatiquement par l'amélioration de la balance commerciale. Cette situation est possible lorsque les exportations et les importations ne varient pas, d'une part et que 1' indice prix des importations augmente moins proportionnellement que celui des exportations, d'autre part. Cette hypothèse ne s'applique pas au Rwanda car la production des biens industriels est quasiment inexistante pour attirer la demande étrangère. Sur le plan de la croissance des termes de l'échange, une détérioration moyenne de 3,2% a été enregistrée suite à la détérioration

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