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Intersectionnalité

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Jean-Michel Bonvin, Valérie Hugentobler, Carlo Knöpfel, Pascal Maeder,

Ueli Tecklenburg (dir.)

Dictionnaire de politique sociale suisse

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Dictionnaire de politique sociale suisse

Jean-Michel Bonvin,

Valérie Hugentobler, Carlo Knöpfel,

Pascal Maeder et Ueli Tecklenburg (dir.)

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Dictionnaire de politique sociale suisse

Jean-Michel Bonvin, Valérie Hugentobler, Carlo Knöpfel, Pascal Maeder

et Ueli Tecklenburg (dir.)

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Publié avec le soutien des organisations suivantes : Académie suisse des sciences humaines et so- ciales ; Association suisse de politique sociale ; Domaine du travail social de la Haute école spécialisée de Suisse occidentale ; Fonds de la loterie suisse des cantons d’Argovie, Bâle-Campagne, Bâle-Ville et Soleure ; fondation anonyme à Genève ; Haute école de travail social de la Haute école spécialisée du nord-ouest de la Suisse ; Loterie romande ; Pôle de recherche national LIVES/Centre LIVES ; Société suisse d’utilité publique ; VPS Verlag Personalvorsorge & Sozialversicherung. Nous remercions le Fonds national suisse de la recherche scientifique pour le soutien de cette publication.

Titre de l’édition allemande

Wörterbuch der Schweizer Sozialpolitik

ISBN 978-2-88351-088-3 (Print) ISBN 978-2-88351-729-5 (PDF)

https://doi.org/10.33058/seismo.20729

Couverture : Vincent Freccia, COBRA Communication & Branding, Lausanne Publié par

Éditions Seismo, Sciences sociales et questions de société SA, Zurich et Genève www.editions-seismo.ch

info@editions-seismo.ch Texte © les auteur·e·s 2020

Cet ouvrage est couvert par une licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification 4.0 International (CC BY-NC-ND 4.0)

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Dans le contexte d’une répartition tou- jours plus inégale du travail dans la société, il est nécessaire de considérer d’un œil critique la priorité accordée à l’insertion sur le mar- ché du travail. Les personnes peu qualifiées ne trouvent pratiquement plus d’emploi. Elles sont plus souvent employées sur un deuxième marché du travail (ou marché complémen- taire). Dans certains cas, de tels emplois – à salaire partiel ou en programme d’emplois temporaires – peuvent avoir du sens en offrant une structuration des journées voire en ouvrant éventuellement de nouvelles perspectives.

Toutefois, de tels emplois dans un marché du travail parallèle et subordonné ne peuvent remplir les fonctions d’une activité rémunérée exercée au sein du premier marché du travail telles qu’énumérées ci-dessus.

Bien que le concept d’intégration se soit élargi depuis le début du siècle et que l’in- sertion professionnelle et l’insertion sociale soient mieux différenciées, cette dernière continue de jouer un rôle secondaire, étant considérée comme une étape préalable à l’in- sertion professionnelle ou comme une alter- native à une insertion professionnelle ratée ou impossible. Une équivalence des deux objectifs d’insertion – professionnelle et sociale – est actuellement inconcevable. A cela s’ajoutent les aspects de discipline sociale inhérents à la politique d’activation. Concevoir l’intégration comme une simple insertion unilatérale des individus dans une société donnée n’est pas pertinent car l’accent est mis sur les seules prestations à fournir par les « personnes à inté- grer ». Une telle individualisation ne tient pas compte de la nécessaire réciprocité d’un pro- cessus d’intégration réussi. De plus, l’évolution des dispositifs de protection sociale décrite ci-dessus risque de compromettre des acquis et principes centraux, tels le principe de finalité et le droit à la couverture du minimum vital dans l’aide sociale. Les transformations en cours relativisent le droit fondamental à des condi- tions de vie décentes sur la base d’assignations

socio-normatives à la (dés-)intégration. L’État social moderne n’a donc pas seulement un effet intégrateur, mais exclut certaines catégories de personnes, en traçant des frontières entre les personnes éligibles (« pauvres dignes ») et non éligibles (« pauvres indignes »). Ainsi, seules les personnes pauvres jugées aptes à l’emploi ou employables ont pleinement accès aux mesures d’intégration.

Yann Bochsler, Martina Koch & Christin Kehrli

Références

Gallie, D. & Paugam, S. (2002). Social precarity and social integration : report for the European Com- mission Directorate-General Employment Euro- barometer 56.1. Luxembourg : Office for official publications of the European Communities.

Kutzner, S., Mäder, U., Knöpfel, C., Heinzmann, C. &

Pakoci, D. (2009). Sozialhilfe in der Schweiz : Klas- sifikation, Integration und Ausschluss von Klienten.

Zürich : Rüegger.

Schallberger, P. & Wyer, B. (2010). Praxis der Akti- vierung : Eine Untersuchung von Programmen zur vorübergehenden Beschäftigung. Konstanz : UVK.

Intersectionnalité

Les systèmes d’inégalités, fondés notamment sur le genre, la classe, l’ethnicité, l’âge ou la sexualité, participent à créer des catégories de différence évaluées en référence à une norme idéalisée. Le féminin sera ainsi mesuré au regard du masculin, l’enfance et la vieillesse en fonction de l’âge adulte et la couleur de peau à l’aune du solipsisme blanc. L’intersection- nalité postule que ces systèmes d’inégalités s’articulent pour assigner aux personnes des positions sociales hiérarchisées et contextuali- sées. La perspective scientifique qui en découle cherche à mettre en lumière la diversité des imbrications de ces systèmes d’inégalités en affirmant leur consubstantialité, c’est-à-dire en postulant qu’ils se reproduisent et se copro- duisent mutuellement, qu’ils sont interdépen-

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dants. Par conséquent, les identités aussi bien que les catégories ne peuvent être pensées séparément des relations de pouvoir qui les produisent. C’est pourquoi les identités assi- gnées à un individu ou à un groupe social, les catégories de différence, les processus de diffé- renciation et les systèmes d’inégalités consti- tuent les objets de recherche de la perspective intersectionnelle.

Cette perspective est apparue dans les dis- cours du black feminism dans les années 1970 pour dépasser une double invisibilisation des formes spécifiques de domination des femmes noires aux États-Unis. L’article fondateur de Kimberle W. Crenshaw (1991), qui utilise cette perspective dans le monde académique pour la première fois, met en lumière l’effacement des femmes noires aussi bien des discours antira- cistes que des discours féministes. Ce constat peut être résumé par le titre d’une anthologie de textes fondateurs des études féministes noires éditée par Gloria T. Hull en 1982 : All the Women are White, all the Black are Men, But Some of Us Are Brave. Ce féminisme noir, qui a représenté une révolution sociale et théorique pour les féministes nord-américain·e·s, permet non seulement de saisir la position sociale des femmes noires ou d’autres groupes sociaux mais encore de repenser des notions comme l’emploi, la famille ou le genre. Si la perspective intersectionnelle, qui a vu le jour aux États- Unis, a d’abord croisé la race avec le genre pour des raisons historiques et politiques contex- tualisées, la sociologie francophone s’est préa- lablement intéressée aux intersections des rap- ports sociaux de classe et de sexe.

Dans leur formulation, les politiques sociales tendent à considérer leurs publics de manière homogène sans prendre en compte la complexité des relations qui les traversent. En Suisse par exemple, il apparaît comme normal que des programmes sociaux proposent un trai- tement différencié à des groupes sociaux défi- nis sur le seul critère de l’âge. La Conférence suisse des institutions d’action sociale recom-

mande ainsi une application spécifique des normes pour les récipiendaires de l’aide sociale de moins de 25 ans, concrétisée par l’octroi de montants financiers inférieurs. Par ailleurs, des politiques de l’emploi proposent la formation aux jeunes adultes sans emploi entre 18 et 25 ans, les NEET (Not in Education, Employment or Training), et une sortie précoce de l’emploi pour la catégorie des chômeurs et chômeuses âgé·e·s à deux ans de l’âge de la retraite. Ces politiques procèdent ainsi à la naturalisation des caté- gories d’âge en occultant les dissemblances dans des publics pensés comme uniformes.

Les catégories définies par l’âge sont pourtant traversées par d’autres rapports sociaux, tels le sexe et la classe notamment. En effet, si l’em- ploi et la formation sont prescrits autant pour les hommes que les femmes au début de la vie dite « active », le choix de la profession est influencé par la position de classe ainsi que par la division sexuelle du travail qui se calque sur le modèle normatif de l’homme gagne-pain et de la femme au foyer. Des recherches portant sur l’application des politiques sociales ont également montré que, même lorsqu’elles sont dépendantes de l’aide sociale, les mères élevant seules leurs enfants ne sont pas encouragées, par le personnel de travail social qui met en œuvre les politiques, à travailler à plein temps pendant la durée perçue comme légitime pour se consacrer à l’éducation de leurs enfants. À l’opposé, si des mères récipiendaires de l’as- sistance sociale sont mariées et rattachées à une culture naturalisée perçue comme sexiste, elles seront fortement incitées à trouver un emploi, ceci parce que leur absence d’activité professionnelle sera expliquée par ces normes culturelles différencialisées et non par celles de la « bonne » maternité. Les injonctions à l’em- ploi diffèrent ainsi selon la position sociale des actrices et des acteur·trice·s, position produite par l’articulation des systèmes d’inégalités et accompagnée de stéréotypes.

L’approche intersectionnelle s’avère être un outil heuristique incontournable dans le

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domaine des politiques sociales. Elle permet non seulement l’analyse critique de ces der- nières mais œuvre également à mettre en lumière les effets négatifs de celles-ci sur cer- taines catégories sociales. Elle est considérée comme une pensée contre-hégémonique. Elle s’attelle à questionner les publics des discours politiques et à saisir des groupes sociaux per- çus comme homogènes à la lumière de l’arti- culation des systèmes d’inégalités : qui sont les « jeunes », cibles des politiques sociales ? Quelle est leur position de classe ou leur genre ? Peut-on parler des « femmes » comme d’une catégorie unique ? Quand la catégorie des « femmes migrantes » est évoquée, s’agit-il de cadres supérieures engagées par des entre- prises multinationales ou de mères ethnici- sées situées au bas de l’échelle sociale ? Quelle est la norme idéalisée qui sert de modèle aux politiques ? Les impensés que l’intersectionna- lité met au jour permettent de répondre à ces questions afin non seulement de reconnaître la diversité des univers sociaux rattachés à des catégories homogénéisées mais également de déconstruire les stéréotypes qui les consti- tuent.

Anne Perriard

Références

Crenshaw, K. W. (1991). Mapping the margins : intersectionality, identity politics, and violence against women of color. Stanford Law Review, 43(6), 1241-1299.

Fassa, F., Lépinard, E. & Roca i Escoda, M. (2016).

L’intersectionnalité : enjeux théoriques et politiques.

Paris : La Dispute.

Perriard, A. (2017). La construction de figures de la dépendance problématique par les politiques sociales à l’aune du genre et de l’âge. Enfances, Familles, Générations. Âges de vie, genre et tempo- ralités sociales, 27, http://journals.openedition.

org/efg/1439

Investissement social

Le concept d’investissement social est un para- digme de politique sociale adopté dans une situation politico-historique spécifique afin de réagir au déficit de légitimité de l’État social.

Cet article présente brièvement le contexte sociopolitique dans lequel le concept d’inves- tissement social s’est développé, décrit ses caractéristiques et aborde les recherches empi- riques réalisées à l’échelon suisse et internatio- nal.

L’État d’investissement social peut être perçu comme une réponse à la critique néoli- bérale de l’État-providence des années 1980 qui se répercute tant sur le plan du discours et de la légitimation que dans les programmes politiques concrets. Dans l’État-providence keynésien classique, il existe un consensus sur le fait que les dégâts collatéraux de l’économie capitaliste doivent être atténués par des pro- grammes de démarchandisation et que tous les êtres humains devraient pouvoir mener une vie digne. Les critiques néolibérales mettent à mal cet arrangement : selon leurs arguments, la hausse des dépenses sociales diminue la compétitivité des économies ainsi que les incitations pour les bénéficiaires d’allocations sociales à accepter un emploi. Avec l’État d’in- vestissement social, on assiste par conséquent à un glissement du social vers l’économique : les dégâts collatéraux du système économique et les mesures sociopolitiques visant à y remé- dier ne figurent plus au centre de l’intérêt. En raison de l’abandon de l’objectif du plein-em- ploi, de la pression concurrentielle internatio- nale accrue et de la primauté accordée à l’équi- libre budgétaire des États, on exige de plus en plus que les dépenses de l’État-providence soient justifiées à l’aune d’un calcul coût-bé- néfice de rentabilité. Apparu après la phase de développement keynésienne de l’État-provi- dence dans les années 1950-1960 et dans le sil- lage des politiques de réduction des dépenses des années 1970-1980, l’État d’investissement

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Münger, Simone, Professeure de droit, Haute école spécialisée bernoise BFH, juge à temps partiel, tribunal pour enfants et adultes du canton de Berne

Nadai, Eva, Sociologue, professeure, Institut de recherche et de développement de la profession, Haute école de travail social, FHNW

Naguib, Tarek, Avocat spécialisé dans la pro- tection transdisciplinaire contre la discri- mination, chercheur associé au Centre de droit social, ZHAW School of Management and Law

Neumann, Sacha, Professeur d’éducation de la petite enfance et d’études sur l’enfance, Integrative Research Unit on Social and Individual Development, Université du Luxembourg

Nielen Garmwisch, Susanne, Travailleuse sociale, directrice du Centre de conseil pour l’aide aux victimes Argovie Soleure

Nollert, Michael, Sociologue, professeur au Département Travail social, politique sociale et développement global, Univer- sité de Fribourg

Noti, Odilo, Docteur en théologie, ancien responsable de la communication et du marketing et membre de la direction géné- rale de Caritas Suisse

Odier, Lorraine, Docteure en sciences sociales

Oehler, Patrick, Pédagogue social et docteur en sociologie, professeur, Institut pour la planification sociale, le changement orga- nisationnel et le développement urbain, Haute école de travail social, FHNW

Oesch, Daniel, Professeur de sociologie, Uni- versité de Lausanne

Oris, Michel, Professeur de socioéconomie et démographie, Université de Genève

Page, Julie, Professeure, Institut des sciences de la santé, ZHAW Santé

Palazzo, Clothilde, Professeure, HES-SO / Valais-Wallis, Haute école de travail social

Parpan-Blaser, Anne, Travailleuse sociale diplômée, docteure et professeure, Insti- tut pour l’intégration et la participation, Haute école de travail social, FHNW

Paulus, Eric, Professeur honoraire, Haute école de travail social et de la santé Lau- sanne, HES-SO

Pelizzari, Alessandro, Docteur en sociolo- gie, Directeur de la Haute école de travail social et de santé Lausanne, HES-SO

Perrenoud, Stéphanie, Docteure en droit, chargée d’enseignement, Université de Neuchâtel

Perriard, Anne, Chercheuse postdoc, Haute école de travail social Genève, HES-SO

Pfaffinger, Monika, Professeure de droit privé, de droit des nouvelles technologies et de droit de l’information, Kalaidos Law School, ancienne vice-présidente de la Commission fédérale de coordination des affaires familiales (COFF)

Pfister, Pascal, Chargé de communication, Info-Entraide Suisse

Pichonnaz, David, Docteur en sociologie, professeur, HES-SO / Valais-Wallis, Haute école de travail social

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La politique sociale est d’une importance capitale pour la prospérité de la Suisse.

Elle façonne les parcours de vie et influence significativement la qualité de vie de la population. La nouvelle édition du Dictionnaire de politique sociale suisse, entièrement revue, apporte un éclairage sur la mise en œuvre, les objectifs et les effets de la politique sociale en Suisse, ainsi que sur son contexte historique, socioéconomique et juridique. Réunissant plus de 250 articles, le dictionnaire porte un regard analytique et critique sur les diverses composantes de la politique sociale, mettant en lumière les spécificités de la politique sociale suisse, ainsi que les besoins d’action et les défis actuels et futurs. Cette vue d’ensemble inédite des politiques sociales suisses fortement marquées par le fédéralisme est dressée par des expert·e·s provenant de trois des quatre régions linguistiques du pays, actifs dans la recherche, l’administration publique et la société civile. Rédigé dans une langue accessible et basé sur des constats étayés par la recherche et la pratique, le dictionnaire fournit tant aux spécialistes qu’au grand public des connaissances de base en matière de politique sociale.

Jean-Michel Bonvin, professeur en politique sociale à l’Université de Genève (UNIGE).

Valérie Hugentobler, professeure à la Haute école de travail social et de santé (HETSL) à Lausanne. Carlo Knöpfel, professeur en politique sociale et travail social à la Haute école spécialisée du nord-ouest de la Suisse (FHNW). Pascal Maeder, responsable de projet scientifique à la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO) et res- ponsable du transfert de connaissances au Pôle de recherche national LIVES. Ueli Tecklenburg, ancien secrétaire général de la Conférence suisse des institutions d’ac- tion sociale (CSIAS).

ISBN: 978-2-88351-088-3

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