PRÉSENCE DE PHLEBOTOMUS (LARROUSSIUS) ARIASI TONNOIR, 1 9 2 1 À FUERTEVENTURA (CANARIES, ESPAGNE)
LÉGER N . * , PERROTEY S.*, FERTÉ H.*, PESSON B.**, MORILLAS-MARQUEZ F.** & BÁRRALE T.**
Summary : PHLEBOTOMUS (LARROUSSIUS) ARIASI TONNOIR, 1921 IN FUERTEVENTURA ISLAND (CANARIES, SPAIN)
One female of Phlebotomus (Larroussius) ariasi Tonnoir, 1921 has been trapped in the island of Fuerteventura (Canaries, Spain). This first record of this species in these islands is in favour of the african origin of the eastern Canaries.
KEY W O R D S : Phlebotomus ariasi. Canary islands, biogeography.
Résumé .
Un exemplaire femelle de Phlebotomus (Larroussius) ariasi Tonnoir, 1921 a été capturé dans l'île de Fuerteventura (Canaries,
Espagne). Cette découverte vient à l'appui de la théorie de l'origine africaine des Canaries orientales.
MOTS CLES : Phlebotomus ariasi. Canaries, biogéographie.
INTRODUCTION
A u c u n p h l é b o t o m e n'avait été rapporté des Canaries jusqu'en 1982 où Ubeda-Ontiveros et coll. d é c r i v e n t d e G r a n d e Canarie u n e n o u v e l l e e s p è c e , d ' a f f i n i t é s e n c o r e o b s c u r e s : Phlebotomus fortunatarum qu'ils retrouvent dans d ' a u t r e s C a n a r i e s o c c i d e n t a l e s (Ténérife, H i é r o , G o m e r a ) associée à Sergentomyia minuta et S. fallax.
En 1986, à Ténérife, Marinez-Ortega et coll. ( 1 9 8 8 ) c a p t u r e n t P. sergenti e t P. perniciosus. L a n e et A l e x a n d e r ( 1 9 8 8 ) e f f e c t u a n t d e s p i é g e a g e s à Lanzarote (Canarie orientale), n'y trouvent q u ' u n e seule espèce : S. fallax.
Fuerteventura restait inexplorée.
LIEU DE CAPTURE ET CARACTÈRES UTILISÉS POUR LA DIAGNOSE
Lors d'une récente enquête entomologique (mai 1 9 9 3 ) d a n s c e t t e d e r n i è r e î l e , n o u s a v o n s récolté outre S. minuta, S. fallax et S. fortuna- tarum précédemment signalés en Macaronésie, une femelle de Phlebotomus q u e nous avons identifiée
* Laboratoire de Parasitologie de la Faculté de Pharmacie de Reims, 51 Rue Cognacq Jay, 51096 Reims Cedex, France (Fax 33 (1) 48.86.58.55)
** Laboratoire de Parasitologie de la Faculté de Pharmacie de Strasbourg, France.
*** Departamento de Parasitologia, Facultad de Farmacia de Granada, Espagne.
**** C.H.U. de Besançon, France.
c o m m e P. ariasi Tonnoir, 1921 au vu de la morpho- logie très caractéristique des conduits des sperma- thèques observées après dissection.
Toutefois, le pharynx de cet exemplaire est nettement plus armé q u e c e que nous avons pu observer sur des populations d'autres origines (Fig. 1). Cependant, c o m m e l'extension de l'armature pharyngienne est relativement variable n o n seulement d'une population de P. ariasi à l'autre, m ê m e très voisine, mais égale- m e n t à l'intérieur d'une m ê m e p o p u l a t i o n et q u e notre diagnose ne repose que sur un seul exemplaire, nous n e p r o p o s o n s pas p o u r le m o m e n t de statut infra-spécifique pour le P. ariasi des Canaries.
COMMENTAIRES
P a r i a s i décrit d ' E s p a g n e (localité type : Barcelone) a été signalé en Europe occiden- tale (Portugal, France, Italie) et e n Afrique du Nord, notamment au Maroc où il est présent, tou- jours en petit n o m b r e , de l'étage humide à l'étage semi-aride.
La présence de P. ariasi dans cette île située à 115 km du c a p Juby, c'est-à-dire du Sud-Maroc, pose le problème de son origine géologique et, de façon plus g é n é r a l e , d e c e l l e d e s C a n a r i e s o r i e n t a l e s (Fuerteventura et Lanzarote).
La plupart des géologues attribue aux Canaries une origine volcanique pure. Relativement jeunes (20 à 2 millions d'années, 15 millions pour Fuerteventura) elles auraient émergé l'une après l'autre des fonds océaniques à la faveur du passage de la plaque litho-
Parasite, 1995, 2, 187-189
Note de recherche 187Article available athttp://www.parasite-journal.orgorhttp://dx.doi.org/10.1051/parasite/1995022187
LÉGER N., PERROTEY S., FERTÉ H., PESSON B., MORILLAS-MARQUEZ F. & BARRALE T.
CANARIES (Fuerteventura)
FRANCE (La Borie Nouvelle)
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Note de rechercheParasite, 1995, 2, 187-189
MAROC
Fig. 1. - Comparaison des pharynx de Phlebotomus ariasi de trois populations
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sphérique africaine au-dessus du même "point chaud".
Cependant l'existence dans ces îles d'un important endémisme témoigne plutôt en faveur d'une insularité plus ancienne faisant suite à des périodes d'échanges avec le continent.
Certains auteurs (Rothe et Schmincke, 1968) adoptent un point de vue intermédiaire. Ils séparent les îles occidentales, d'origine volcanique, des îles orientales qui se seraient séparées au Crétacé du continent afri- cain, avec lequel elles auraient continué à entretenir périodiquement des relations jusqu'au Miocène.
Ils basent leur hypothèse sur des arguments géolo- giques (alignement des plissements africains et est- canariens, présence à Fuerteventura de roches sédimentaires datant du Paléozoïque) et paléontolo- giques (présence de fossiles datant du Miocène, tels les oeufs d'autruches découverts à Lanzarote).
La présence à Fuerteventura de P. ariasi, espèce stric- tement ouest-méditerranéenne, présente au Maroc, vient à l'appui de cette hypothèse.
RÉFÉRENCES
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Phlebotominae) on the Canary Islands. Journal of Natural History, 1988, 22, 313-319.
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Aportacion al conocimiento de los flebotomos (Diptera : Psychodidae) de las Islas Canarias. Revista Iberica de Parasitología, 1988, 48, 89-93.
ROTHE P. & SCHMINCKE H.U. Constrasting origins of the eas-
tern and western islands of the Canarian archipelago.
Nature, 1968, 218, 1152-1154.
TONNOIR A. Une nouvelle espèce européenne du genre Phlebotomus (Phlebotomus ariasi). Annales de la Société Entomologique de Belgique, 1921, 61, 53-56.
UBEDA-ONTIVEROS J . M . , MORILLAS-MARQUEZ F., GUEVARA- BENITEZ D.C., LOPEZ-ROMAN R. & CUTILLAS-BARRIOS C.