ÉCHANGES THERMIQUES AU NIVEAU DE LA PEAU DES PORCELETS ÉLEVÉS EN CLIMAT TROPICAL
II. — INFLUENCE DU MOUILLAGE
P. BERBIGIER
S. SOPHIE Station di I!ioclimatologil’,
Centve de Recherches agronomiques des .Antilles, 1. N. 1?. !4., .,
Ji170 Petit-l3ouvg ((iuadelou!e)
RÉSUMÉ
=
1 partir du bilan énergétique et de la mesure radiothermométriquc de la température de la
peau, on a évalué l’augmentation du dégagement de chaleur cutanée des porcelets après mouillage du corps. Ou a utilisé les mêmes animaux (trois porcelets « créole x x Large TJ/I<iir, et un Large White) dans les mêmes conditions d’habitat et de climat (I3Nrtttcnitc, 1975) Des intégrations graphiques sur les courbes d’évolution des différentes températures en fonction du temps perniet-
tent d’évaluer soit les variations de chaleur sensible, radiative et latente (première méthode),
soit la variation de chaleur interne produite par le mouillage (deuxième méthode).
Les résultats des deux méthodes concordent assez bien (écart maximum de 23 p. 100) malgré les approximations utilisées dans la deuxième. Après le mouillage, on distingue trois phases :
le rééquilibrage des échanges thermiques, un palier de température cutanée, le dessèchement de la peau. L’ensemble dure environ 40 minutes. ()n ne constate de vasoconstriction après mouillage
que chez le porcelet Large LVlaite. :W palier de température, les animaux peuvent doubler leur flux de chaleur (200 W - m-2, contre 100 W - m-zlorsqu’ils sont secs). Sur toute la durée du
phénomène, on constate une augmcntation de la quantité de chaleur dégagée variant de ;o à 6
0p. 100par rapport aux animaux secs : le mouillage permet donc de combattre un accroissement de la température ambiante ou du rayonnement pourvu qu’il soit de courte durée.
Nous avons utilisé quatre porcelets femelles, l’un de race Large II’lzite (no 3378), les trois
autres issus de croisements de verrats « Créoles n avec truie Lavge W’kite. Deux d’entre eux
(Il’ 3376 ct 337S) étaient âgés d’environ 1 mois, les deux autres CH20 et 3-(23) d’environ
3 mois. Les mesures ont été faites sur les animaux soit nourris ad libitunr, soit ayunt eu la possi-
bilité de s’alimcnter depuis au moins 1 h 30après une nuit de jeûne.
A . - INTRODUCTION
Du fait de son
inaptitude
àtranspirer,
le porc estbeaucoup plus
sensible que laplupart
des animauxdomestiques
aux fortes chaleurs du climattropical.
Onpeut imaginer
de compenser celle-ci en mouillant l’animal comme il le fait lui-même( 1
) Adresse actucllr ; Station de Iün!limatologie, C.:!.I2..1., route de Saint-Cyr, 78noo Versailles.
lorsqu’il
est laissé en liberté(bains
deboue).
On a cherché ici à déterminerl’augnten-
tation de la
quantité
de chaleurdégagée
au niveau de la peauaprès
arrosage aujet d’eau,
afin de vérifier si lemouillage
constitue une méthode efficace pour éliminer unsurplus d’énergie calorifique
accumulé par les animaux. La méthode utilisée consiste à calculer le biland’énergie
au niveau de la peau des animaux àpartir
de mesuresde la
température superficielle
de celle-ci(B1; RB >GtER,
1975a).
Ce
type d’expérience
adéjà
été effectué soit afin de déterminer laréponse physio- logique
des porcs aumouillage (MoRRtsoV,
BoND etHE I T MAN , r 9 68),
soit pour enétudier les
conséquences
sur la croissance et la consommation(bioRRtsox et c!l., i 97 2).
Dans aucun de ces cas, les
échanges thermiques
des porcs n’ont été étudiés. INGRAM( l g6 5
),
à l’aide decapsules
ventilées a suivi l’évolution de laquantité
d’eauévaporée
au niveau de la peau,
après
humidification par l’eau ou la boue.Cependant
lesconditions
climatiques
danslesquelles
son travail a été effectué sont nettement différentes des nôtres(air plus
chaud etplus sec),
et les valeurs obtenues difficilementcomparables.
B. -
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Au cours de quatrc journécs de l’expérience décrite, (Bi i<i;i<:iF:1< 1975 b) on a procède pour
chaque porcelet, après la deuxième prise de température de surface, au mouillage de la peau,
au jet d’eau, pendant i minute. 1)ix minutcs après, une nouvelle détermination de la température
de surface était effectuée. Cet ensemble de mesures était répété pour tous les animaux et permettait t
une appréciation du bilan énergétique, pour chaque suc ou mouillé.
De plus, on a effectué plusieurs mesures de l’évolution de la température de surface au cours
du temps, après mouillage. Ces mesures permettent d’estimer la quantité de chaleur perdue après
arrosage des animaux Dans les deux cas, des mesures da ta température de l’air ambiant et de son
humidité, de la température radiative (1-!s pirois et dc LI t2mj)’!r,ltl¡rê rectale <i=.; animaux ont été faites simultanément.
C. --
THÉORIE
I. - Bilan
énergétique
de l’animal sec ox mouilléOn a montré
(B ERBIGIER ,
1973a)
que, dans le cas d’un animal à peausèche,
leflux de chaleur à travers la peau
s’exprime
ainsi :Et
après mouillage :
,,
(Les
indices i serapportent
à l’animal sec, 2 à l’animalmouillé) ;
Wi : flux de chaleur interne
(BIV’ III 2) ;
Cc
(#
3,5 W - ni-2 . &dquo;C&dquo;! dans les conditions de laniesure) :
Coeificientd’échange convectif ;
Cr # 6, 3
W ’ m-2 . -C-1 : coefficientd’échange radiatif ;
i/1 !
59kg
m-1 . S-2 - IC-1 : constantepsychrométrique (régime laminaire) ;
Ts :
température
de surface de la peau( ° C) ;
Ta :
température
ambiante( ° C) ; T! : température
radiative desparois ( ° C) ;
T y
:
Température
depoint
de rosée de l’air(!,C) ;
Trs :
Température
dupoint
de rosée de l’air au contact de la peau( ° C) (égale
à Tspour une surface
humide) ;
P(Tx) : pression partielle
saturante de vapeur d’eau à latempérature Tx(Pa).
Dans les deux cas le coefficient de conduction
thermique
du corps des animauxs’exprime
par :C-1 en %1° . m-2 . °C-i Ti :
Température
rectale( ° C)
II. - Calcul de Icr mriatioll du
flnx
de claaleetr obtclluCpar mouillage
:1 un instant
donné,
onpeut
doncexprimer
la variation du flux due aumouillage
de la peau par :
Pour la suite du
calcul,
on posera :Ces deux
quantités
étant sensiblement constantes dans les conditions desexpériences.
L’équation (!)
devient alors :- Ordre de
grandeur
de latempérature
depoint
de rosée au niveau de lapeau
sèche.On sait que:
VG :
flux de chaleur latente de l’animal sec(W ’ m- 2 ).
Si on admet que
(1)[,
= - 10 W w2(I KGRAM , i 9 6 4 ) l’équation (8)
donneT
y
s, -
Tr --! i( ° C).
Tys est peu différent de latempérature
depoint
de rosée del’air ambiant.
- Introduction de la déri7,ét! P’ de lrz
pression
devapeur
saturantepar rapport
à latempérature.
Si on pose
(approximation
n’introduisant dans les conditions del’expérience qu’une
erreursystématique
de 2 p.100 ),
on pourraécrire,
àpartir
del’équation (4) :
III. - Variation totale du
flux
de chaleura)
Périoded’équilibve
deséchanges (palier
detempérature).
Pendant cette
période, comprise
entre les instants t1 et t2 oùrègne l’équilibre
des
échanges
entre la peaucomplètement
rnouillée etl’air,
la sommeAEi,,,
sur l’intervalle(t 2
-t,),
des variations duflux,
s’écrira :On voit
qu’il
estpossible
de déduire la somme des variations de flux des airescomprises
entre les courbesTs! = f(t)
etTs l = h(t)
d’unepart, Ts! - f(t)
et
Trs, ! k(t)
d’autrepart.
b)
Cas despremiers
instantsaprès
lemouillage (AEi,).
Durant la
période comprise
entre to(mouillage)
et t,(établissement
dupalier)
une certaine
partie
du flux est utilisée pour réchauffer l’ensemble peau-eauqui
setrouve à une
température
inférieure à latempérature d’équilibre.
On commet doncune erreur par défaut en utilisant
l’équation (io). Cependant,
comme il estimpossible
de calculer la chaleur retenue au niveau de la peau, et comme cette
période
est assezbrève,
on ne dissociera pas ce cas dupremier.
c)
Cas de lapeau
es2 couys de dessèchement.Ce
problème
intervient en coursd’expérience.
Dansl’équation ( 4 )
il convient alors deremplacer P(Ts 2 ) (pression
saturante à latempérature
de surface de lapeau),
par
P(T y s z ) (pression partielle
de vapeur d’eau dans l’air non saturé au contact de lasurface).
On constate
(fig. 3 )
que dans tous les cas l’évolution de Ts est sensiblement linéaire dans letemps.
Onpeut
écrire :Si le coefficient de conduction du corps Ci reste constant ou varie linéairement
pendant
le dessèchement et si latempérature
rectale et les données de l’ambiance(Ta, Tr, T!)
varient peu, onpeut
écrire àpartir
deséquations ( 3 ), ( 4 )
modifiée et(II) :
La
pression partielle
de vapeur d’eau au niveau de la peau est donc une fonction linéaire dutemps pendant
le dessèchement.- Calcaal de a’ et b’
(fig. 3 ).
La droite
Ts 2 =
at -f- b coupe les horizontales T ==Ts 2 (correspondant
aupalier)
et T =
Ts 1
en deuxpoints d’abscisses t z
et t3. Pour t = t2, on a encore saturation :P(Trs&dquo;) = P(Ts 2 ).
Pour t = t.,,P(Trs 2 )
=P(Trs 1 ),
ensupposant
que toute l’eau s’estévaporée.
Connaissant les coordonnées de deux
points,
on en déduitl’équation
de la droite.1)’où :
àEiu : somme des variations du flux de chaleur
pendant
le dessèchement(Jm- 2 ).
Un schéma
(fig. i) permet
de sereprésenter
lesphénomènes d’échanges thermiques
à
partir
des valeurs des différentestempératures.
d)
Variation totale duflux pour
unmouillage (DEi).
AE T
’ est obtenu en faisant la somme des
gains
pour les troisphases
duphéno-
mène :
IV. - Autro méthode de calcul de !Ei On a vu
(équation 3 )
queCi : coefficient de conduction du corps
(W ’
m-z,C- 1 )
Ti :
température
rectale(-C)
Ts :
température superficielle
de la peau(,,C).
On pose
On suppose que si Ci diminue
(ou augmente)
au moment dumouillage,
il resteensuite constant
pendant
le dessèchement.Après calculs,
on obtient :Cette méthode nécessite un calcul
préalable
deCi l
etCi&dquo;
àpartir
des deuxmoyennes sur les
températures
mesurées avant lemouillage
et aupalier.
Ensuite àpartir
de troisintégrations graphiques,
on obtient àEi. Une vérification de la validité des différenteshypothèses
faites dans les deux cas consiste à comparer les deux valeurs de àEi.(tabl. 2 ).
D. -
RÉSULTATS
I. -
Comparaison
e7ctYeporcelets
secs et mouillésdepuis
10 msaa)
Variation duflux
de chaleur interne(moyenne
sur 5points
demesure).
On constate que, dans les meilleurs cas, les animaux
peuvent plus
que doubler leurdégagement
de chaleur au niveau de la peaulorsqu’ils
sont mouillés. La vaso-constriction, après mouillage,
comme onpeut
le voirlorsque Ci,
>Ci&dquo;
fait chuter!l<1>i
(en effet,
alors!i2 diminue).
Les cas lesplus
nets sont constatés sur l’animaln
°
337 8 (LyV).
Les fortes valeurs du coefficient de conduction(forte vasodilatation)
sont surtout le fait de l’animal n° 3420,
qui
est celuiqui,
sec oumouillé, dégage
engénéral
leplus
de chaleur.Si on étudie les moyennes des différents
flux,
on observe le m février une valeur très basse des flux sur animal sec etmouillé,
de leur écart et des coefficients de conduction. On constate que cette mesure est la seule à avoir été effectuée le matin(de g h à 1 0 h 30 ).
b) Comparaison
descoefficients
de conduction ducorps
avant etaprès mouillage (fig. 2 ).
Lorsqu’on
considère les valeurs de Ci pour tous les animaux et tous lespoints
demesure
( 5
paranimal),
on voit que lespoints figuratifs,
bien que trèsdispersés, s’équilibrent parfaitement
autour de la droiteCi l
--Ci 2 .
Seulsquelques-uns (corres- pondant
tous à l’animal n°3240 )
s’en écartent réellement.Lorsqu’on
fait la moyenne paranimal,
lespoints
serapprochent
de la droiteCi!
=Ci 2 .
Pour les faibles valeurs deCi,
ils en sont trèsproches
et onpeut
même noterque le coefficient de conduction
augmente légèrement après mouillage
chez les troisporcs croisés. Par contre, l’animal n°
337 8 présente
la tendance inverse. Les écarts à ladroite pour les fortes valeurs de Ci
peuvent
être mis sur lecompte
de l’incertitude de lamesure : en effet
l’expression (Ti
-Ts) qui
intervient au dénominateur lors du calcul deCi,
devient alors très faible.II. -
Évolution
de Tsaprès mouillage.
Variation totale deflux
de chaleurCinq expériences
utilisables(faibles
variations desparamètres
dumilieu)
ontété effectuées. Dans tous les cas, la
température
de l’air étaitcomprise
entre 24,5 et2 6 ° C,
et latempérature
dupoint
de rosée entre 21 et22 , 5° C (Humidité
relativede l’ordre de 80 p.
100 ).
Latempérature
était donc très stable et l’humidité trèsforte,
cequi
estcaractéristique
du climat antillais.a) Évolution
destempératures (fig. 3 ).
On constate tout d’abord une
remarquable
stabilité dutemps
nécessaire audessèchement
après
lemouillage :
40 à 4z minutes. Parfois latempérature
de surfacereste loin de son niveau initial
(n °
3423, le 8février).
Deuxphénomènes peuvent
alors intervenir : soit une diminution
persistante
du coefficient de conduction enfin
d’expérience,
soit un dessèchementincomplet
de la peau.La durée des
paliers
varie de 10à 19mn, avec une moyenne de l’ordre de 12 mn.Mais le
palier
de 19 mn(n °
3423, le 8février) (fig.
3b) n’apparaît
pas nettement : onpourrait
tout aussi bien considérer que latempérature
de la peauaugmente
linéai-rement par
rapport
autemps
dès la fin dumouillage
Les valeurs des
températures
de surface des animaux secs sont de l’ordre de 3!à
3 6 ° C,
celles auxpaliers
sont engénéral
de l’ordre de 31 à32° C.
b)
Valeurs descoefficients
de conduction ducorps.
On a déterminé les valeurs des coefficients de conduction avant
mouillage
et aupalier (équations (r), ( 2 )
et( 3 )),
afind’appliquer
la deuxième méthode de calcul desdéperditions thermiques (cf. Chapitre C, IV).
On a constaté à nouveau que lemouillage
ne provoque une diminution nette du coefficient de
conduction, correspondant
à unevasoconstriction,
que chez le porcLarge
YY’hite(n ° 337 8).
Les porcs croisés ont soitune valeur de Ci sensiblement constante, soit en
légère augmentation après mouillage.
c) Augmentation
de ladéperdition thermique
cutanée due caumouitlage.
Le tableau 2
représente
les résultats des deux méthodes de calcul(cf chapitre C,
III et
IV).
L’écart relatif entre les deux méthodes est, dans le
pire
des cas, de 23 p. 100. On remarque que lapremière méthode, qui
en théorie fournit une estimation par défaut de AEi(voir C,
III,b)
ne donne pas de résultatssystématiquement
inférieursà la seconde. Par contre,
lorsque
la mesure est effectuée deux fois sur un animaldonné,
la différence entre les deux méthodes est de mêmesigne
et du même ordrede
grandeur.
On remarque que les valeurs de àEi obtenues pourl’animalno 337 8sont beaucoup
moins fortes que celles obtenues pour les deux autres animaux.E. - DISCUSSION
Il est difficile de comparer les résultats obtenus ici à des données
déjà
existantes : IN G
RAM
(r 9 6 5 ), qui
a étudié l’évolution deséchanges thermiques après mouillage
par de l’eau et de laboue,
a travaillé àtempérature plus
élevée( 35° C)
et à humiditéplus
faible(humidité
relative inférieure à 30 p.ioo).
Deplus,
même dans ces condi-tions,
les très fortes valeurs obtenues pour le flux de chaleur latente( 540
W - ni-2au maxium pour l’animal
mouillé),
nepeuvent s’expliquer (cf. équation 2 )
que parune valeur différente du coefficient
d’échange
convectif(Cc),
cequi
suppose une structure différente de la peau et dupelage.
INGRAM neprécise
pas surquel type
d’animall’expérience
a étéfaite ; cependant,
onpeut
supposer que, comme pour ses travauxprécédents,
il a utilisé desporcelets
de raceLandrace,
pourlesquels
il donne(INGRAM, y 6 4 )
Cc = 7,15 W - m-2-C- 1 ,
c’est-à-dire une valeurégale
au double decelle que nous avons trouvée. Avec cette
valeur,
ces résultatss’expliquent parfaite-
ment, mais il est à peuprès impossible
de les comparer aux nôtres.MoRRiso!r
( I g68) qui
a étudié les variations detempérature
de surface de la peauaprès mouillage,
dans des conditions engénéral plus
sévères que les nôtres(tempé-
rature ambiante variant de
27° C
à43° C)
obtient des courbescomparables,
sur desfemelles de race Duroc
pesant
entre 70 et 100kg.
Engénéral,
les différencesqu’il
observe sont moins
marquées (un
écart de4° C
entre lestempératures
avant etaprès mouillage
n’est observé que pour unetempérature
ambiante de 43! et unpoint
derosée de
9 -C,
c’est-à-dire en ambiance très chaude etsèche).
Deplus,
ces animauxrestent humides
plus longtemps (de
80 à 100mn),
et latempérature
de la peau ne revientjamais
aux valeurs observées avant lemouillage :
ce dernier résultatpeut
être dû au a stress »beaucoup plus
fort subi avantl’arrosage, hypothèse
confirmée par la chuteimportante
de latempérature
rectale en coursd’expérience, qui peut
atteindrei,
50
C
dans les conditionsclimatiques
lesplus
extrêmes.Malgré
cesdifférences,
les résultats de MORRISON sont, dansl’ensemble,
assezproches
de ceux que nousrapportons.
Si on
analyse
les différences constatées dans leséchanges thermiques
entre lesanimaux secs et mouillés
(tabl. i),
on décèle deux facteurs de variation. Lepremier
est le facteur
individuel ;
on constate enparticulier,
que l’animal n°337 8 présente,
engénéral,
desphénomènes
de vasoconstrictionaprès
lemouillage,
cequi
a poureffet de diminuer l’écart entre les flux de chaleur cutanés pour l’animal sec et mouillé.
Les autres animaux ont en
général
un coefficient de conduction sensiblement constant, et mêmeplus important après mouillage.
Lecomportement
du porc n°337 8
estpeut-
être lié à sa race
(c’est
le seulLarge White),
mais il est évidentqu’on
nepeut
conclure dans ce sens avec les données d’un seul individu. On constateégalement
que l’animaln
° 3420
présente
engénéral
lesplus grands
coefficients deconduction,
ainsi que ledégagement
de chaleur leplus important.
On a constaté par ailleurs que l’extra- chaleurprovoquée
parl’ingestion
d’un repas estplus
forte chez cet animal. Comme lesporcelets
avaient lapossibilité
de mangerlibrement,
onpeut
penser que dans ce cas, les fortséchanges thermiques
sont dus à un niveau de nutritionplus
élevé.Le deuxième facteur est
peut-être
lié aurythme nyctéméral.
CAIRNIE et Puu<AR(1959)
montrent que, àtempérature
ambiante constante, on observe cerythme
chezle
porcelet,
etqu’il
estplus prononcé
s’il existe unepériodicité
del’exposition
à lalumière. Les valeurs les
plus
basses desdéperditions thermiques
sont obtenues audébut de la matinée. Or le i i février
(matin),
lesdéperditions thermiques
et les coeffi-cients de conduction sont nettement inférieurs aux autres valeurs
(après-midi),
alors que les conditions
climatiques
sont peu différentes.La variation totale de flux de chaleur
après
unmouillage
a une valeur relative- ment constante pour un animal donné(tabl. 2 ).
Les valeurs de àEi obtenues pour l’animal n°337 8 (L 1 rge White)
sont environ de moitié inférieures à celles des animaux croisés. Ceci est dû à la diminution du coefficient de conduction du corps de cet animalchaque
foisqu’il
est mouillé. Il semble donc que leporcelet
n°337 8 (LW), qui supporte
moins bien la chaleur que les troisporcelets
croisés(B ERBIGIER ,
1975Jb), réagisse
moins bien à un refroidissement brutal.
Les distorsions entre les résultats obtenus par les deux méthodes
peuvent également s’expliquer
par des variations du coefficient de conduction en coursd’expérience,
Deux causes d’erreurspeuvent jouer :
la durée de mise enéquilibre
des
échanges thermiques après
lemouillage (en effet,
onnéglige
la chaleur utilisée pour le réchauffement de la peau durant cettepériode) qui peut
fausser les résultats de lapremière méthode,
ou une variation du coefficient de conduction en cours dedessèchement, qui perturbe
les résultats de la seconde. Cette dernièrehypothèse
semble être la bonne. On
peut
parexemple imaginer
que l’animal n°337 8,
dont lecoefficient de conduction a diminué
après mouillage,
revientpendant
le dessèchement à une vasodilatationnormale,
alorsqu’on
suppose que Ci ne varie pas. Le calcul par la deuxième méthode sous-estime alors les différences de flux entre les animaux secs etmouillés,
cequi
est conforme aux résultats(tabl. 2 ).
L’animal n°3423doit subir l’effet inversependant
ledessèchement,
cequi explique
la distorsion en sensopposé.
Ilsemble bien que ces distorsions soient
caractéristiques
desphénomènes
vasomoteursaprès mouillage,
et de la fidélité aveclaquelle
notre modèle les traduit. Onpourrait
améliorer ce
dernier,
en utilisant parexemple
le coefficient de conduction du corps calculé avant lemouillage
pour lapériode
dedessèchement,
ou en se fixant une loi de variation : mais ceshypothèses
nepourraient
être vérifiées que parcomparaison
desrésultats avec la
première méthode, qu’il
est doncpréférable
d’utiliser directement.Malgré
les différences entre animaux et lesimperfections
de nos méthodes decalcul,
une étudeglobale
des résultatspermet
d’estimer ladissipation supplémentaire
de chaleur que l’on
peut
attendre d’unmouillage
dans les conditionsclimatiques pré-
sents. Pour obtenir son ordre de
grandeur
sur toute la surface de la peau d’unanimal,
onpeut
utiliser uneéquation
reliant lepoids
du corps et la surface de la peau(MounT, 19 68).
Par
exemple,
pour un animal de 35kg (comme
les animaux n° 3420 et 3423 le 8février),
la surface de peau est environ de i m2. Pour un animal de 60kg, ( 337 8
le8
février),
elle est d’environ 1,5 m2. Mais il estpréférable
de raisonner sur l’unité desurface,
car il semble(tabl. 2 )
que la valeur ainsi obtenue n’est pas affectée parl’âge
ou lepoids
des animaux.On a constaté que la valeur du flux de chaleur au niveau de la peau des animaux alimentés était voisine de 100 W ’ m-2
(go
kcal . M-2 -h- 1 ).
En 40minutes,
lachaleur
dégagée
par la peau sèche est de l’ordre de 60 kcal . m-2. On voit donc que dans le cas des animauxcroisés,
ledégagement
de chaleur au niveau de la peauaugmente
d’environ 60 p. 100, et de 30 p. 100 dans le cas duLarge
White(tabl. 2 ) pendant
letemps
de dessèchement. Ils’agit
donc d’un moyen efficace de combattre une contrainteclimatique,
même en climat très humide à conditionqu’elle
soit de courte durée ou que le
mouillage
soitrépété
suffisamment souvent. Eneffet,
par
rapport
àl’énergie thermique dégagée
en 24heures,
un arrosagejournalier
nereprésente qu’une
variation deo,8
à1 ,6
p. 100. Il sera nécessaire de déterminer laou les
périodes
de lajournée
ou le rendement dumouillage
estoptimal,
en fonction del’évolution
journalière
des conditionsclimatiques
et durythme
deproduction
dechaleur des animaux.
F. - CONCLUSION
Ces
premiers
résultats semblent montrer l’intérêt dumouillage
en vue d’amé-liorer le confort
thermique
des porcs en climat chaud. On constate des variations individuelles de l’efficacité dutraitement,
sansqu’il
soitpossible
de les attribuer pour l’instant à un éventuel « effet race ». Ces mesures sont donc àcompléter
sur unplus grand
nombred’animaux,
à des heures et avec desfréquences
différentes.Malgré
lesproblèmes
sanitaires que pose lemouillage
en climattropical,
ilpeut présenter
unintérêt
zootechnique
dans la mesure où ilpermet
de combattre le « stress» thermique pendant
lespériodes
lesplus
chaudes de lajournée.
Des mesures d’ordrepurement zootechniques
devront être effectuées simultanément afin d’estimer l’amélioration du rendementproduite
par cette méthode.Reçu pour publicatiovc en juin 19%5.
SUMMARY
CUTANEOUS HEAT EXCHANGES OF PIGLETS REARED IN A TROPICAI, CLIMATE.
II. - INFLUENCE OF WETTING
Using an energy balance method, mainly based on radiothermometric measurements of skin surface temperature, and working on the same piglets (three « creole n X LW crossbreds, and one Large White) in identical conditions of housing and climate (BExBiGiEx, 1974), we
tried to estimate the differences in cutaneous heat exchanges in piglets before and after wetting.
Using two methods, we also determined total heat exchanges during the time from wetting to complete drying of the skin. The first one, based on measurements of the area between the graphs
of ambient temperature and skin surface temperature, and of the area between the graphs of
the cutaneous dew point for dry and wet skin, provided values indicating differences in radiative, convective and latent heat exchanges. The second one was based on a graphic integration of the
area between skin surface temperature after wetting and the extrapolated surface temperature
of dry skin, and indicated the differences in the cutaneous heat output of the pig. The results of
the two methods showed a maximum difference of z3 p. 100, probably due to variations in body
conduction during drying.
The variation in skin surface temperature after wetting showed three phases : a re-equili-
bration of heat exchanges, a phase of steady temperature, and a drying phase. With respect
to body conduction coefficient, we observed no sign of vasoconstriction after wetting, except
for the Large White pig. At temperature balance (2nd phase), heat fluxes after wetting were
often twice those before wetting. The gain in heat given out, was 30 p. 100to 60p. ioo of the value for dry animals during the same period. The lowest gain was for the Large White, due
to vasoconstriction after wetting. These results show that wetting is efficient for pigs to fight against a rise in ambient temperature or radiative flux, if it is short enough, when the ani- mals are raised in tropical conditions and climate.
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