n° 26
1er trimestre 2021
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Entreprises
A Portée de Main, ou le goût des autres
Découverte
L’abbaye de Clairvaux, un éternel recommencement
Dossier :
Troyes Champagne Métropole,
trait d’union entre la ville et la
campagne
CCI Mag passe en version
numérique et devient mensuel !
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4-5 Entreprises
• A Portée de Main, ou le goût des autres
• Akiolis Group dans l’angle mort de la société 6-7 En mouvement
L’actualité de votre territoire 9-16 Dossier spécial
Troyes Champagne Métropole,
trait d’union entre la ville et la campagne 17 Partenaires
Tribunal de commerce : plus c’est tôt, mieux ça vaut 18-20 CCI en actions
• J’achète en local, j’adhère au site
• Le numérique n’aura plus de secrets
• Télétravail : du neuf avec du vieux
• Réussir le Brexit côté entreprises
• CCI : masques en promo
• Les mesures fiscales pour 2021
• Portrait-robot du manager idéal par temps de crise
22 Découverte
L’abbaye de Clairvaux, un éternel recommencement
Portrait :
Gérald Richard, pilote de son destin
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CCI Mag, le magazine
de la chambre de commerce et d’industrie
1, boulevard Charles-Baltet - CS 60706 10001 Troyes Cedex - Tél. 03 25 43 70 10 Fax 03 25 43 70 43 - www.troyes.cci.fr
Directeur de publication : Jean-Philippe Cavelier Directrice de rédaction : Valérie Ramecourt-Adam Rédaction : Frédéric Marais (Agence Info) Crédits photos : Frédéric Marais (Agence Info), AdobeStock
Conception et réalisation :
Champagne Création à Reims - Tél. 03 26 88 43 14 Impression : Léonce Desprez - Tél. 03 21 01 79 13 Routage : Mil’Adresses Service
Sainte-Catherine - Tél. 03 21 60 54 44 Publicité : Valérie Ramecourt-Adam, CCI Troyes et Aube - Tél. 03 25 43 70 10 1er trimestre 2021 - n° 26
Tirage : 9 800 exemplaires
Périodicité : trimestriel. N° d’ISSN : 2553-0321 Prix du numéro : 4 €
Abonnement pour 4 numéros : 15 €
sommair e
Toujours plus de proximité et de réactivité
Sylvain Convers
Président de la chambre de commerce et d’industrie
C’est une situation économique singulière que révèle la dernière note de conjoncture élaborée par la CCI, avec l’aide de ses partenaires, sur la base du vécu de ses ressortissants. Elle indique une baisse des carnets de commandes se traduisant par une tension sur la trésorerie, un manque criant de visibilité et un attentisme partagé aussi bien par les entreprises que par les consommateurs. Les chefs d’entreprise sont aujourd’hui plus dans la gestion que dans l’anticipation. Il faut toutefois noter que trois quarts d’entre eux souhaitent conserver l’ensemble de leur eff ectif dans l’espoir d’un futur rebond, chiff re qui retombe certes à deux tiers dans le secteur des hôtels-cafés-restaurants, mais qui reste néanmoins remarquable au vu du contexte. Il faut maintenant espérer que les aides dont bénéfi cient les acteurs économiques pénalisés par la crise ne s’arrêtent pas de manière brutale mais soient au contraire diluées dans le temps afi n d’amortir le choc.
Face à cette situation, votre CCI poursuit et amplifi e ses actions en faveur des entreprises.
Son panel de services et de prestations continue de s’étoff er. Au cas par cas ou à l’occasion de grandes campagnes de phoning, ses conseillers s’attachent à contacter les dirigeants potentiellement bénéfi ciaires des mesures de soutien mises en place par les pouvoirs publics, ou à rappeler les porteurs de projet qui se sont déjà manifestés pour les aider à fi naliser leur dossier. La cellule d’accompagnement destinée aux entreprises en diffi culté reste joignable à tout moment, tandis que la CCI participe activement à la mise en œuvre du plan de relance, tout particulièrement en faveur des entreprises exportatrices.
Tendant vers toujours plus de proximité et de réactivité, tout en s’inscrivant dans la logique de dématérialisation qu’elle prône auprès des commerçants notamment, votre chambre consulaire a également décidé de faire basculer son magazine du format papier au format numérique à titre expérimental. Le prochain numéro de CCI Mag sera donc disponible sous forme électronique, soit sur le site de la CCI, soit envoyé par courriel à toutes les entreprises qui auront choisi de s’abonner et auront communiqué leur adresse en conséquence. Ce faisant, CCI Mag changera aussi de périodicité, passant d’un rythme trimestriel à un rythme mensuel pour coller davantage à l’actualité. Une telle expérience avait été tentée avec succès en mai-juin-juillet 2020 sous la pression des circonstances. Je vous souhaite une bonne lecture de votre magazine.
édit o
entr eprises
Le magazine de la Chambre de Commerce et d’Industrie - n°26
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A Portée de Main,
ou le goût des autres
Née de la reconversion de son gérant, cette entreprise de services à la personne basée à Arcis-sur-Aube intervient notamment auprès des personnes âgées dans tout le nord-est aubois.
En cette pluvieuse matinée de janvier, à l’heure du déjeuner, nous avons rendez-vous avec toute l’équipe d’A Portée de Main pour une photo de groupe devant la mairie d’Arcis-sur-Aube. Toutes les salariées ont répondu présent, à l’exception d’une seule qui n’a pas pu se libérer. Loin d’être anecdotique, cette mobilisation du personnel révèle sans doute un sentiment d’appartenance au collectif. On peut aussi l’interpréter comme l’envie d’affi cher avec fi erté un métier pas toujours reconnu à sa juste valeur, diffi cile et même parfois ingrat, mais ô combien utile à la société, celui d’assistante de vie. Ce rassemblement est en tout cas conforme au souhait du fondateur de la société, Denis Pautrat, d’insuffl er « un esprit familial » à son personnel et dans les rapports que celui-ci entretient avec les bénéfi ciaires.
Sur le terrain depuis 2013, A Portée de Main est une entreprise de services à la personne, un secteur très réglementé où le nombre et la nature des prestations autorisées sont strictement encadrés. La SARL arcisienne propose 18 des 26 activités défi nies par le Code du travail. Ce qui, en milieu rural, est plutôt rare. « Notre cœur de métier, ce sont les personnes âgées », résume Denis Pautrat : ménage, préparation des repas, aide à la toilette, livraisons de courses à domicile, accompagnement en dehors du foyer, promenade des animaux de compagnie, etc. Le temps de présence des auxiliaires de vie peut aller de quelques heures par semaine à une astreinte 24h/24, 7j7. C’est d’ailleurs ce type d’intervention lourde qui a permis à l’entreprise de se lancer et de faire ses preuves.
Transmission familiale
L’aspect humain et relationnel du métier est évidemment essentiel. « Il faut de l’empathie et du savoir-être », souligne Denis Pautrat. L’âge n’est pas à ses yeux un critère de recrutement. Chez lui, la benjamine a 20 ans, l’aînée, 57 ans. Huit de ses neufs salariées, dont sa femme et sa fi lle, sont en CDI à temps plein ou à temps partiel, la dernière étant
en CDD. Le chef d’entreprise ne souhaite pas aller au-delà de quinze salariés, afin de conserver la proximité avec ses employés et avec la centaine de bénéfi ciaires qui, à l’instant t, ont recours à ses services, soit de leur propre initiative, soit aiguillés par le conseil départemental via l’APA, l’allocation personnalisée d’autonomie. A Portée de Main travaille aussi en lien avec le milieu médical, mais ne délivre pas de soins à proprement parler, même si elle sait
« gérer les maladies de Parkinson et d’Alzheimer ».
Le chef d’entreprise regrette au passage que les auxiliaires de vie « ne soient pas reconnues comme personnel de santé », alors que les services à la personne sont en première ligne dans la guerre contre le Covid-19.
Agé de 56 ans, et après vingt-trois années passées comme responsable administratif, fi nancier et de gestion chez le boucher grossiste en viande Kesslick avant sa liquidation judiciaire en 2010 (l’entreprise a été reprise et existe toujours), Denis Pautrat se dit
« épanoui » dans ce qu’il fait. Il a réussi à conjuguer ses envies de créer sa propre société, de rester indépendant (il n’est pas franchisé) « et d’apporter quelque chose aux autres », peut-être tout simplement de l’amour. Sa fi lle Léa se tient prête à lui succéder.
Les personnes handicapées, dépendantes ou temporairement invalides peuvent également profi ter des services à la personne. De même que tout un chacun, pour des petits travaux de bricolage ou de jardinage par exemple, ou encore la garde d’enfants. Mais le gérant d’A Portée de Main ne souhaite pas « concurrencer les artisans locaux » : c’est pour cette raison qu’il a arrêté son activité de livraison de repas à domicile.
Pas de concurrence
On pratique l’équarrissage sur le site de Montmoret, à Luyères, depuis plusieurs décennies. L’actuel propriétaire, Akiolis Group, communique volontiers sur son métier, peut-être pour montrer que s’il fait le “sale boulot”, il le fait proprement. A vrai dire, le centre de Montmoret n’a rien d’impressionnant vu de l’extérieur. Il se résume à deux grands hangars dans lesquels les cadavres et les résidus d’animaux sont brièvement entreposés avant d’être réexpédiés vers des usines où ils seront transformés en graisses, farines et protéines animales.
La principale tâche du site aubois consiste à ramasser ce que l’on appelle les “animaux trouvés morts”
(ATM) dans les fermes : animaux d’élevage victimes de maladies ou d’accidents. Chaque jour, à 6 heures du matin, trois ou quatre camions s’élancent sur les routes de l’Aube et des départements limitrophes.
Les tournées ont été planifiées la veille au soir au
siège du groupe, au Mans, en fonction des demandes d’enlèvement formulées par les éleveurs. « Chaque agent de collecte parcourt jusqu’à 400 km par jour pour visiter une vingtaine de clients, du lundi au vendredi », précise Xavier Lafleur, le responsable du centre, qui dirige une équipe de onze personnes.
Sécurité sanitaire maximale
Ce travail de collecte obéit à des règles draconiennes en matière d’hygiène et de sécurité sanitaire. L’une d’entre elles interdit par exemple que l’on mélange les matières présentant un risque pour la santé humaine (les ATM) avec les déchets (appelés copro- duits) tels que cous de poulets, plumes, sang, os, etc.
Chaque camion est spécialisé. La maladie de la vache folle (ESB), qui a sévi dans les années 1990/2000, est à l’origine de cette nouvelle réglementation. « Elle a marqué une véritable rupture dans le monde de l’équarrissage », souligne Sophie Grégoire, la directrice de la communication d’Akiolis. Le groupe a pris acte en créant deux filières distinctes, juridiquement et physiquement séparées sur le site de Montmoret comme dans ses autres centres : Atemax s’occupe des ATM, Soleval des coproduits. Chaque soir, Atemax sectionne la tête de tous les bovins âgés de plus de 4 ans pour permettre aux vétérinaires de détecter d’éventuelles traces d’ESB dans la cervelle.
Les éleveurs constituent environ 90 % de la clientèle d’Atemax. L’entreprise détient le monopole de cette activité dans 53 départements sur la base d’un appel d’offres lancé par les associations d’éleveurs. C’est aussi une mission de service public, en vertu de quoi le préfet pourrait réquisitionner les agents de collecte grévistes. Les autres clients passent des marchés de gré à gré : abattoirs industriels ou fermiers, bouchers, grandes surfaces, sociétés de chasse, centres équestres, vétérinaires et même simples particuliers.
Tous ces animaux ne font que transiter par le centre aubois. Tout repart le soir dans les usines du groupe pour finir, en bout de chaîne, en énergie, en alimen- tation animale, en savon… Montmoret dépouille les veaux et vend leurs peaux à un négociant de l’industrie du cuir. C’est un travail en flux tendu et sans stock.
Les camions sont lavés après chaque tournée, et l’eau de lavage est retraitée. Il n’y a aucun rejet sur le site.
https://www.akiolis.com/fr https://www.atemax.fr/fr
Akiolis Group dans
l’angle mort de la société
Activité un peu taboue, comme tout ce qui est lié au trépas des hommes et des bêtes, l’équarrissage des animaux fait pourtant œuvre de salubrité publique, tout en valorisant les rebuts d’élevage.
Quelque 1 200 tonnes de matières transitent par Montmoret chaque mois, dont 460 tonnes issues de sa propre collecte et 740 tonnes provenant des sites d’Auxerre et de Champlitte, puisque le site aubois fait aussi office de centre de regrou- pement pour l’Yonne et la Haute-Saône.
Interdépartemental
Plus de cadres à Romilly et Troyes
Comme partout en France, le nombre de cadres a augmenté dans le département de l’Aube au cours des quatre dernières décennies. C’est ce que révèle une étude de l’Insee publiée en décembre dernier (Insee Analyses Grand Est n°126). A Troyes, l’évolution a été en moyenne de 1,9 % par an entre 1982 et 2017. C’est toutefois moins que dans l’ensemble du Grand Est (2,1 %), région portée par l’Alsace, et moins que dans la France de province (2,7 %). C’est moins également qu’à Romilly-sur-Seine, qui apparaît comme l’une des villes les plus dynamiques de la région à cet égard, avec une hausse de 2,3 % en moyenne durant la même période.
A noter que l’augmentation du nombre d’emplois de cadres à Troyes comme à Romilly s’inscrit sur fond de baisse globale de l’emploi (- 0,2 % par an pour la première, - 0,4 % pour le second). On remarquera aussi que le taux de féminisation de l’encadre- ment dans la ville-préfecture est l’un
des plus élevés du Grand Est, avec 44 % de cadres féminins (contre 41 % par exemple à Romilly). En 2017, on comptait 10 800 cadres à Troyes et 2 900 à Romilly.
en mouv ement
Le magazine de la Chambre de Commerce et d’Industrie - n°26
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Port de Nogent : horizon élargi
Dans le précédent numéro de CCI Mag, Emmanuelle Blanchet, la présidente de la société exploitant le Port de l’Aube à Nogent-sur-Seine, soulignait combien le faible gabarit de la Seine entre Bray- sur-Seine et la commune auboise pénalisait cette infrastructure. Bonne nouvelle : les collectivités territoriales ont confirmé fin décembre 2020 leur volonté de fi nancer une partie des travaux nécessaires à l’agrandissement de la voie d’eau.
Les régions Grand Est et Ile-de-France, ainsi que les départements de l’Aube et de Seine-et-Marne, s’engagent à apporter 125 millions d’euros sur les 343 nécessaires à ce chantier piloté par Voies
Navigables de France. La mise au grand gabarit de la Seine, permettant le passage de péniches de capacité supérieure, suppose de redimensionner le fl euve sur 28,5 km au total, d’une part en modifi ant son lit sur 19,25 km, d’autre part en créant un nouveau canal de 9,20 km de long. Les bateaux de 2 500 tonnes (au lieu de 650 tonnes actuellement) pourront ainsi naviguer sans discontinuité entre le port de Nogent-sur-Seine et ceux du Havre et de Rouen, et réciproquement. C’est aussi la perspective de débouchés vers les ports de la mer du Nord dans le cadre du futur canal Seine-Nord Europe. Les nouveaux aménagements bénéfi cieront bien entendu à l’activité et au développement des entreprises locales, et singulièrement au Groupe Souffl et. L’enquête publique s’est déroulée en janvier/février. Les travaux devraient durer quatre ans.
RSA : un site pour recruter
Le Département de l’Aube a ouvert un tout nouveau site Internet destiné aux bénéfi ciaires du RSA (revenu de solidarité active) et aux entreprises qui souhaitent les embaucher. Il suffi t à ces dernières de publier leurs off res d’emploi, de chercher les profi ls d’allocataires correspondant à leurs besoins et de sélectionner les candidats. De leur côté, les candidats peuvent déposer leur CV, consulter les off res d’emploi et rencontrer les entreprises qui recrutent.
Un système de géolocalisation favorise les rapprochements. Ce dispositif sera réservé dans un premier temps à quatre secteurs d’activité (médicosocial, services à la personne, services aux collectivités et BTP), ainsi qu’aux emplois saisonniers liés à l’agriculture et à la viticulture. Ce service est gratuit et animé par une équipe dédiée. On compte près de 12 000 allocataires du RSA demandeurs d’emploi dans l’Aube.
actif10.fr
Deux CFA fusionnent
Le CFA de la Pharmacie à Troyes et le CFA Interpro à Pont-Sainte-Marie, qui forme à de nombreux métiers de l’alimentation, du service et de l’automobile notamment, ne font plus qu’un depuis le 1er janvier.
C’est l’aboutissement de trois ans de réflexion inspirée par la réforme de l’apprentissage. Le rapprochement permettra en particulier au CFA de la Pharmacie de gagner en visibilité, d’accroître ses moyens et d’étoffer son offre de formations, constituée aujourd’hui principalement du diplôme de préparateur en pharmacie. Les deux entités font partie d’Alméa Formations Interpro, association regroupant les quatre CFA Interpro de Champagne- Ardenne.
Commerçants, producteurs : sur le Net, toute !
On connaissait Shop’in Barséquanais (voir CCI Mag 23 et 25), ce site et cette application qui orchestrent le click & collect à Bar-sur-Seine et ses environs. Voici Shop in Arcis, qui propose un service équi- valent à Arcis-sur-Aube. Cette nouvelle boutique en ligne permet aux commerçants arcisiens de présenter leurs articles, et aux clients de commander les produits de leur choix. Shop in Arcis est une initiative de la mairie. Autre collectivité territoriale dont on saluera le volontarisme : le Département de l’Aube, qui a lancé le site mangerlocal.aube.
Celui-ci offre la possibilité aux cantines scolaires des collèges publics aubois de commander directement leurs denrées alimen- taires auprès des producteurs locaux inscrits sur la plate-forme. Le Département a mis en place plusieurs tournées hebdomadaires pour effectuer lui-même les livraisons.
www.shopinarcis.fr mangerlocal.aube.fr
L’économie auboise à la relance
Six entreprises auboises bénéficieront du fonds d’accélération des investissements industriels dans les territoires, un dispositif intégré au plan France Relance. Voici les projets aubois aidés :
• Petit Bateau à Troyes : création d’un centre de production robotisé, connecté et mutualisé avec d’autres acteurs régionaux de la maille.
• Petitjean à Saint-André-les-Vergers : création d’une nouvelle unité de fabrication de mâts en composites et modernisation de l’unité de préparation des mâts avant peinture.
• New Bath Allibert à Rosières-près-Troyes (fabricant de baignoires) : automatisation d’une ligne de production.
• Atelier Dorez à Dampierre (fabricant de machines agroalimentaires) :
construction d’un bâtiment industriel et acquisition de nouveaux équipements et machines.
• France Teinture à Troyes : mise à niveau de l’outil industriel grâce à l’acquisition d’un robot et de trois machines à teindre.
• L’Atelier d’Ariane à Lavau : relocalisation de la production d’articles textiles fabriqués en Chine, impliquant la robotisation de plusieurs tâches et l’extension du site.
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Crédit photo : Getty Images
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De très loin la plus grosse intercommunalité auboise, la communauté d’agglomération troyenne rassemble plus de la moitié de la population du département. Elle réunit aussi sur un même territoire tous les paysages de l’Aube : les vastes plaines céréalières, les vallons du pays d’Othe, le bocage du Chaourçois, les grands lacs et même le vignoble champenois à travers la colline de Montgueux. Cet ensemble peut paraître hétérogène, voire hétéroclite, mais représente en fait un même bassin de vie dont la ville préfecture est le pivot. En tant qu’institution, TCM a la lourde tâche de fédérer toutes les énergies, en évitant d’éventuelles rivalités entre ruraux et citadins.
Troyes Champagne Métropole, trait d’union entre la ville et
la campagne
De très loin la plus grosse intercommunalité auboise, la communauté d’agglomération troyenne rassemble plus de la moitié de la population du département. Elle réunit aussi sur un même territoire tous les paysages de
la campagne
BAR-SUR-AUBE NOGENT-
SUR-SEINE
TROYES
Troyes Champagne Métropole
Jérôme Marie, Jacky Raguin et Bertrand Chevalier
dos sier
Le magazine de la Chambre de Commerce et d’Industrie - n°26
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Mais avec 81 communes et 135 conseillers
communautaires, n’est-on pas face à un ensemble trop vaste, diffi cile à gérer et à gouverner ?
JR : Ce n’est pas forcément simple, mais on n’est pas là que pour faire des choses simples ! Et puis il faut relativiser. Il y a ailleurs dans le Grand Est d’autres intercommunalités bien plus grandes que la nôtre.
Or il faut que l’on puisse peser dans la région pour discuter d’égal à égal avec d’autres agglomérations.
Bertrand Chevalier (2) : Nous sommes dans un contexte où l’argent public est rare, avec une dimension de compétition entre les territoires. À l’échelle d’une grande région, il y a des arbitrages à faire tous les jours. Il faut donc donner à notre territoire une taille critique, une densité qui nous donne un peu plus de poids et de lisibilité.
Le “management par infl uence” de Troyes Champagne Métropole
Sa taille pourrait poser problème mais semble au contraire un avantage.
En étant presque un département bis, la communauté d’agglomération troyenne joue un rôle de locomotive en termes d’attractivité et
de développement du territoire. L’économie n’est pas la moindre de ses compétences.
Une cinquantaine de kilomètres et trois quarts d’heure de route séparent les communes les plus éloignées les unes des autres du nord au sud et d’ouest en est du périmètre intercommunal.
Qu’ont en commun Estissac et Mesnil-Saint-Père, Montsuzain et Jeugny ?
Jacky Raguin(1) : Leurs habitants se rendent régulière- ment à Troyes et dans l’agglomération troyenne pour travailler, faire leurs courses. Nous sommes sur un territoire cohérent. Avant même la loi NOTRE impo- sant la fusion des intercommunalités, la communauté de communes Seine Melda Coteaux, dont Creney faisait partie, voulait déjà se regrouper avec TCM plutôt qu’avec d’autres communautés de communes extérieures. Et plusieurs communes rurales avaient rejoint le Grand Troyes auparavant. Ça ne s’est pas fait d’un bloc.
(1) 1er vice-président de TCM, Jacky Raguin est en charge notamment des fi nances.
Il est aussi maire de Creney-près-Troyes et conseiller départemental.
(2) 6e vice-président de TCM, Bertrand Chevalier est en charge notamment de l’économie. Il est aussi conseiller municipal de Troyes, directeur général de la chambre d’agriculture et président de Troyes Aube Habitat.
(3) Jérôme Marie dirige le pôle développement économique de TCM, dont il est l’un des directeurs généraux adjoints.
TCM a-t-elle atteint cette taille critique ? Quid par exemple de l’éventuelle fusion avant 2022 avec les communautés de communes des Portes de Romilly- sur-Seine, du Nogentais, de l’Orvin et de l’Ardusson, telle qu’elle est envisagée dans les statuts ?
JR : Ce n’est pas du tout à l’ordre du jour. Il faut d’abord digérer la fusion opérée en 2017. C’est la préfète de l’époque qui souhaitait doubler le périmètre de TCM. Depuis, le Covid-19 est passé par là, il y a de grosses incertitudes sur la fiscalité et des échéances électorales à venir. Mais la porte reste ouverte à d’autres communes. Nous sommes par exemple sollicités par Neuville-sur-Vanne, qui se sent plus proche d’Estissac que d’Aix-en-Othe. On est en discussion avec sa communauté de communes pour voir quel impact cela aurait sur elle. On ne veut pas la déstabiliser. On y va sur la pointe des pieds. On n’est pas des bulldozers !
BC : On en est plutôt à écrire un projet de territoire décliné en plan d’action communautaire d’ici à la fin de l’année.
Pourquoi un projet de territoire seulement maintenant, et en quoi consiste-t-il ?
JR : Comme on l’a dit, il a d’abord fallu se connaître ; les services ont dû intégrer de nouvelles compétences.
Ça a été un gros morceau à avaler. Un projet de territoire, ce n’est pas non plus obligatoire, et de
toute façon on n’allait pas en rédiger un en fin de mandat, alors que les élections approchaient. Cela résulte de notre volonté de donner du sens à la collectivité, d’avoir une vision du territoire et de hiérarchiser nos priorités.
Financièrement, à cause du Covid-19 qui nous a coûté fort cher, on ne pourra pas faire grand chose en 2021, hormis les coups déjà partis. Cette année blanche nous laisse le temps de bâtir un projet pour l’avenir et de le liquider dans les cinq ans qui viennent.
BC : Un projet de territoire, ce n’est pas le catalogue de La Redoute. Pour que cela ait du sens, il ne faut pas quarante priorités. On sait que nous allons devoir gérer des ruptures et des transitions très fortes : écologique, énergétique, numérique… Comment par exemple devenir un territoire zéro carbone ?
Quels sont les atouts que vous souhaitez mettre en avant ?
Jérôme Marie (3) : L’idée est de partir de notre ADN, de ce qui nous caractérise. Notre identité est à la fois agricole et manufacturière. On n’a pas à rougir de notre passé indus- triel. C’est même une chance. On a sûrement une carte à jouer en termes de relocalisations. Il ne s’agit pas d’une industrie passéiste, mais tournée vers l’avenir, innovante, à l’image de Petit Bateau qui investit dans une plate-forme de production à la demande.
A part le textile, quelles sont les filières porteuses d’avenir ?
JM : Nous avons un vrai savoir-faire dans le domaine de la métallurgie. Il y a sans doute des ponts à créer avec Chaumont dans le cadre du pôle métropolitain. Nous avons aussi une carte à jouer en matière de bioéconomie avec le chanvre. L’agro-industrie, qui relie le rural à l’urbain, fait sens chez nous.
BC : On parle plus aujourd’hui d’écosystèmes que de filières ou de clusters. Il y a par exemple un vrai sujet sur l’alimentation locale. Nous réfléchissons à un projet alimentaire territorial s’appuyant sur le maraîchage.
JM : Quand on parle de transition énergétique, on peut aussi imaginer quelque chose autour du mix énergétique présent sur notre territoire : photovoltaïque, méthanisation, éolien, nucléaire, voire géothermie.
« S’agissant des parcs d’activités, on arrive au terme d’un cycle de trente ans décidé par les Galley, Adnot, Coillot et Palencher, indique Bertrand Chevalier. On peut être vite pris par la rareté du foncier, surtout qu’il risque d’y avoir un effet sortie du Covid avec le déblocage de certains dossiers. » L’agrandissement du Parc du Grand Troyes sur 65 ha jusqu’à la rocade a été acté. Une réflexion est en cours pour aménager une zone d’activités de 8 ha à Bouilly, le long de la N 77. Un parc dédié à la bioéconomie verra le jour à Saint-Lyé autour de La Chanvrière (voir en page 13). Le secteur Creney/Sainte-Maure/Lavau est appelé à se développer. TCM envisage aussi de requalifier certaines zones qui ont vieilli, sachant que les communes lui ont transféré la responsabilité d’une trentaine d’entre elles pour mettre en place « un pilotage centralisé et cohérent » au sein de l’agglomération. Reste une question : faut-il créer un nouveau parc d’activités pour succéder au Parc logistique de l’Aube qui sera bientôt plein, avec le coût que cela implique ?
Parcs d’activités : extensions et créations
Le magazine de la Chambre de Commerce et d’Industrie - n°26
nos t errit oir es
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richesse : on a des amortisseurs territoriaux qui nous permettent de passer le cap en cas de crises secto- rielles. Depuis quelques années, grâce à la Technopole, au cadre de vie, à la proximité de la région parisienne, on peut attirer des talents dans le numérique, la communication, le marketing. Le développement de l’enseignement supérieur permet aux entreprises d’avoir tous les savoir-faire sur place, de se sourcer en ingénierie, d’être accompagnées par des chercheurs dans leur transition sans avoir à aller chercher des partenaires à l’extérieur. Aujourd’hui, sans intelligence les entreprises et les territoires ne pourront pas muter.
Du coup, ce qui pourrait apparaître comme un handicap pour TCM, à savoir sa dimension, ne devient-il pas un atout ?
JR : Nous avons en eff et la taille critique suffi sante pour mener des actions d’une certaine ampleur, qu’une collectivité de 10 000 habitants ne pourrait pas mener.
BC : Toutes les entreprises ne sont pas intéressées par les très grosses agglomérations. Certaines d’entre elles sont plutôt attirées par des villes intermédiaires comme la nôtre, pour leur gisement d’emplois et la qualité de leurs ressources humaines.
JM : Ce qui intéresse les prospects, ce sont eff ective- ment les ressources du bassin d’emploi, cette fi délité à l’entreprise que l’on trouve encore chez nous, le faible turn-over, le respect des horaires. Ça rassure les entreprises.
BC : J’ajouterai que notre force réside dans la capacité de tous les acteurs locaux à travailler ensemble.
Quel peut être le rôle de TCM dans tous ces projets ? JR : C’est un rôle de facilitateur. On met en relation les acteurs économiques, les universités, etc.
JM : On vend le territoire, on fait le commercial, le VRP. Il faut donner envie du territoire.
BC : C’est un travail de pilote, d’animateur, d’assembleur.
Le politique donne l’impulsion, avec sa capacité d’asseoir tous les acteurs autour d’une table. C’est ce que j’appelle le management par infl uence. Mais tout ne peut pas reposer sur les collectivités. Il faut la mobilisation et l’adhésion des acteurs économiques.
JM : Il y a des choses que l’on fait en direct, comme aménager les parcs d’activités, accompagner les demandeurs d’emploi ou soutenir les commerçants.
Et puis il y a des sujets que l’on externalise en fi nançant un certain nombre d’outils et de dispositifs : Business Sud Champagne, la Technopole de l’Aube, Grand E-nov, le Collectif Construction Chanvre Grand Est…
TCM a-t-elle les moyens de ses ambitions ?
JR : Il ne faut pas se cacher que c’est de plus en plus compliqué pour nous. On doit supporter tout le poids de l’eff ort fi nancier en faveur de l’économie alors que la loi ne nous a pas forcément transféré les moyens nécessaires pour assumer cette compétence. Nous préférerions que le conseil départemental puisse continuer à l’exercer. C’est aujourd’hui une contrainte qu’il ne puisse pas intervenir dans le champ écono- mique.
BC : Le Parc du Grand Troyes, par exemple, c’est 40 millions d’euros. L’agglomération troyenne ne pourra pas porter tous les parcs d’activités.
Vous évoquiez plus haut la compétition entre territoires. Avec sa puissance de feu qui pourrait paraître hégémonique dans le département, TCM est-elle concurrente d’autres territoires aubois ? On pense à l’épisode Garnica.
BC : D’abord, je ne connais pas de territoire aubois qui aurait refusé la venue de Garnica. Ensuite, quelles intercommunalités ont les moyens d’avoir un service économique aussi important que celui de TCM, les réseaux et les compétences, non pas pour attirer Garnica mais pour proposer l’ingénierie nécessaire à cette entreprise, pour l’accompagner dans toutes ses thématiques de développement, pour répondre à toutes ses questions en termes de transports, d’ensei- gnement supérieur, de bassin d’emploi ? Enfi n, ne nous y trompons pas, la concurrence, ce n’est pas Arcis-sur- Aube : c’est Châlons, Dijon, les Hauts de France…
Qu’est-ce qui fait l’attractivité du territoire aux yeux des entreprises ?
JR : La proximité de l’Ile-de-France nous rend attractifs.
On s’est donné les moyens et on a mis en place les structures pour accueillir et recevoir les entreprises.
JM : Le fait d’avoir une économie diversifi ée nous rend attractifs. On est certes parfois exclus de la carte de France des clusters et des pôles de compétitivité, mais le fait d’avoir un tissu économique varié est une
Le service développement économique de TCM emploie vingt-cinq personnes, « dont une douzaine fl échée sur l’emploi », précise son directeur, Jérôme Marie. « On fait le travail de premier accueil des demandeurs d’emploi pour les préparer aux entretiens d’embauche. On a une armature de points conseil emploi. On fi nance les Missions locales. On intègre des clauses sociales dans nos marchés publics… » Au-delà de ce domaine de compétence, Jérôme Marie décrit son service comme le
« couteau suisse de l’économie » et une « porte d’entrée du territoire » pour tous les artisans, les commerçants et les industriels. Que ce soit pour leur verser une aide, pro- mouvoir le commerce local, résoudre un problème de déchets ou de sécurité par exemple. TCM gère Le Phare, un hôtel d’entreprises qui permet aux entreprises sans trop de moyens de démarrer leur activité en bénéfi ciant de loyers modérés. La collectivité anime une bourse de l’immobilier. Elle subventionne aussi un certain nombre de partenaires spécialisés sur lesquels elle a un « droit de tirage » : Business Sud Champagne pour attirer des grands comptes, l’agence régionale de l’innovation Grand E-nov pour permettre aux entreprises d’accéder à certaines compétences, la Technopole de l’Aube pour implanter des start-up, le Collectif Construction Chanvre Grand Est pour porter le futur Pôle européen du chanvre (voir aussi page en 13), etc.
Le « couteau suisse » de l’économie
Chanvrière : la coopérative sème pour l’avenir
En quittant Bar-sur-Aube pour Saint-Lyé, l’entreprise spécialisée dans la première transformation du chanvre a doublé ses capacités de production et jeté les bases d’un complexe agro-industriel ouvert à la R&D.
Le chanvre est l’une des filières d’excellence promues par Troyes Champagne Métropole pour développer le territoire communautaire. La Chanvrière est bien évidemment le bras armé de sa politique, même s’il s’agit d’une structure privée qui appartient aux seuls adhérents de la coopérative. Sans possibilité de s’agrandir sur son site historique de Bar-sur-Aube, où elle était implantée depuis sa création en 1973, La Chanvrière a choisi de migrer à Saint-Lyé, sur un terrain de 13 ha. Ce faisant, elle s’est rapprochée du barycentre de la production de chanvre dans le nord de la France, que Benoît Savourat, le président de la coopérative, situe à Fontaine-les-Grès.
Mise en service en février 2020 et finie d’être installée un an plus tard, la nouvelle usine se dresse au milieu des champs, très à l‘écart du village pour ne pas revivre la même situation d’enclavement qu’à Bar- sur-Aube. La population est du même coup protégée du va et vient des semi-remorques venant livrer les balles de 400 kg de paille de chanvre que chaque agriculteur garde en stock sur son exploitation et fournit au fur et à mesure des besoins. Semée à la mi-avril, la plante est récoltée en deux fois, en août et en septembre, selon l’usage que l’on veut en faire. « La première fauche est plutôt destinée à l’in- dustrie textile, explique Benoît Savourat. La seconde, à l’industrie papetière. » Sans entrer dans des consi- dérations trop techniques, disons que la première moisson, contrairement à la suivante, subit une étape de rouissage, qui consiste à laisser la plante macérer cinq ou six semaines à même le champ pour dénuder la fibre. Elle en sort avec une couleur virant au gris ou au noir selon le temps d’exposition.
Chanvre à tout faire
Forte d’une quarantaine de salariés, La Chanvrière a doublé sa capacité de production, passant à 100 000 t par an, et d’une ligne de défibrage à deux.
« Nous sommes à ma connaissance la plus grosse unité de transformation du monde, indique le président de la coopérative. Nous représentons une bonne moitié de la production française et un petit tiers de celle de l’Europe. » La coopérative s’approvisionne dans un rayon de 120 km autour de Troyes, en mordant sur tous les départements limitrophes. Tous ses chiffres sont en augmentation, tant celui du nombre de producteurs coopérateurs — plus de 500, que celui de la surface cultivée — plus de 10 000 ha, et du volume transformé — 60 000 t cette année. Signe que le chanvre a le vent en poupe.
Naturellement bio, si l’on ose dire, cette plante qui ne nécessite ni arrosage ni produits phytosanitaires est de surcroît valorisée dans sa totalité, ce qui la rend propice à d’innombrables applications. Le chènevis
Le « couteau suisse » de l’économie
La Chanvrière est la tête de pont d’un Pôle européen du chanvre encore en gestation et porté pour l’instant par le Collectif Construction Chanvre Grand Est, dont Benoît Savourat est le président.
Le but est de créer autour de la coopérative un cluster regroupant industriels, start-up, centres de R&D et de transfert de technologie, axé sur de grandes thématiques telles que le textile, le bâtiment, la cosmétique et la santé. Le conseil municipal de Saint-Lyé s’est prononcé à cette fin en faveur de la création d’une zone d’activités dédiée autour de La Chanvrière. Le projet sera finalisé d’ici un an et demi environ.
Une ambition européenne
Benoît Savourat.
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Aub’Vignettes,
profession tisserand
Au sein du textile aubois, certaines sociétés tirent leur épingle du jeu en occupant une niche. La TPE de St-André-les-Vergers est de celles-là.
Ne dites pas “étiquette”, ou alors avec parcimonie.
Parlez plutôt de “vignette”, un terme plus fl atteur pour un produit lui-même plus qualitatif. Créée en 1990 et reprise en 2003 par la fi lle de la fondatrice, Aub’Vignettes fabrique des vignettes en fil de polyester sur trois métiers à tisser Jacquard. Ces petits accessoires peuvent être cousus ou thermocollés n’importe où sur un vêtement ou tout autre support (sac, matelas, poussette, etc.). « Cela sert à représenter la marque, à ajouter un élément de décoration ou à agrémenter un article, surtout ceux qui sont destinés aux enfants », expliquent Magali Haillot, la gérante, et son mari Frédéric, qui l’a rejointe en 1998. Petit Bateau est le plus gros client d’Aub’Vignettes, suivi d’Armor Lux et d’une myriade de donneurs d’ordres, parmi lesquels fi gurent de plus en plus de jeunes créateurs de mode attachés au made in France. Le milieu du sport, de la pub et de l’événementiel est aussi très demandeur.
La TPE dryate, qui emploie trois salariés, a plus de 25 000 créations à son actif depuis l’origine. Il n’y a pas de limites de forme et de couleur aux vignettes, écussons, bracelets et autres galons fabriqués par la SARL. Plus grand est le nombre de fi ls utilisés (jusqu’à 120), meilleur est le rendu. Qui peut le plus peut le moins : Aub’Vignettes fabrique aussi des étiquettes imprimées classiques.
www.aub-vignettes.com (la graine) est consommée dans l’alimentation humaine
et animale ; la chènevotte (la moelle de la tige) sert de litière pour les animaux, de paillage pour les jardiniers ou de béton dans le BTP ; la fi bre (la paroi végétale de la tige) permet de fabriquer du papier à rouler les cigarettes, des isolants pour le bâtiment, des matériaux composites pour l’automobile, ou encore des vêtements. Même les fi nes (particules issues de la transformation) ont leurs propres débouchés comme le compostage ou la méthanisation.
La Chanvrière vend des produits fi nis (des litières ou des granulats par exemple) ou semi-fi nis (des balles de fi bres et des camions de graines). Elle réalise 78 % de son chiff re d’aff aires à l’export.
L’infi nité d’usages du chanvre ouvre “le champ de tous les possibles”, pour reprendre le slogan de La
Chanvrière, et off re de belles perspectives d’avenir à la coopérative auboise. Ce qui valait bien les 25 millions d’euros investis dans l’usine lyotaine.
https://lachanvriere.com
également de la trentaine de dépôts-vendeurs, eux aussi producteurs locaux mais dépourvus du statut d’associé.
Présence obligatoire
Outre leur participation au capital, les actionnaires de Tendance Fermière doivent être présents au magasin une demi-journée par semaine plus un samedi à tour de rôle. Les producteurs fixent eux-mêmes leurs prix de vente afin de toucher une juste rémunération de leur labeur, ce qui correspond à la définition du commerce équitable. Les tarifs pratiqués ne sont pas nécessairement inférieurs à ceux des grandes surfaces, malgré l’absence d’intermédiaires entre le producteur et le consommateur. Mais les clients — 200 en moyenne par jour — cherchent avant tout la qualité et la proximité dans ce type de commerce. Ils doivent aussi accepter la saisonnalité des produits et d’éventuelles ruptures d’approvisionnement inhérentes au caractère local et artisanal de la production. Bien que freiné dans son élan par la crise sanitaire, Tendance Fermière a atteint et même dépassé ses objectifs, selon son président.
« Certains producteurs se sont diversifiés ou ont augmenté leurs ventes grâce au magasin », se félicite Fabien Renard. Pour couronner le tout, Tendance Fermière a créé cinq emplois, ce qui n’est pas le moindre de ses mérites.
https://tendancefermiere.fr
Tendance Fermière :
la campagne s’invite à la ville
Circuit court, commerce équitable, agriculture responsable : le premier magasin de producteurs de l’agglomération troyenne coche toutes les cases du développement durable.
Tendance Fermière a ouvert ses portes en juillet 2019 à l’initiative de seize producteurs locaux rejoints par le lycée agricole de Saint-Pouange. Ce commerce de 280 m2 de surface est installé sur la bien nommée Aire des Moissons (vue l’origine agricole de ses promoteurs) à Saint-Parres-aux-Tertres. Les associés ont en réalité fondé deux structures juridiques distinctes : la SAS Tendance Fermière pour la boutique, et la SARL Qui Découpe pour l’atelier de découpe de carcasses de viande. Un investissement conséquent, de l’ordre de 650 000 euros, pour ces actionnaires privés aidés par une subvention de la Région.
Les producteurs exercent qui à Creney-près-Troyes ou Grange-l’Evêque, qui à Arelles ou Eaux-Puiseaux, mais aussi dans les départements limitrophes : Marne, Yonne. Ils représentent tout l’éventail des produits alimentaires que l’on peut trouver en super- marché, des différentes viandes blanches ou rouges aux fruits et légumes, en passant par les laitages, les boissons ou le pain par exemple, soit en tout plus de 1 500 références en rayons. « Notre cahier des charges stipule que ce que nous vendons doit être produit dans un rayon de 150 km autour du magasin, explique le président de la SAS, Fabien Renard, lui-même producteur d’œufs et de pommes de terre à Yèvres-le-Petit. Mais il y a une tolérance pour un petit nombre de produits extérieurs, comme certaines variétés de fromage. » La diversité de l’offre provient
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55,4 % 70 % 355
171 771
81
communeshabitants
de la population auboise
de surface agricole agents à TCM
La communauté de communes
en chiff res : Adresses utiles :
Troyes Champagne Métropole 1, place Robert-Galley - BP 9 10001 Troyes Cedex
Tél. 03 25 45 27 27 contact@troyes-cm.fr
https://troyes-champagne-metropole.fr Pôle économique de TCM
Tél. 03 25 45 27 59 jb.para@troyes-cm.fr Elu référent à la CCI Louis Mont
louis.mont@coved.com
Chargée de mission territoires CCI : Laurence Nedellec-Dieudonné Tél. 03 25 43 80 90
l.nedellecdieudonne@troyes.cci.fr
Une intercommunalité à géométrie variable
L’ancêtre de Troyes Champagne Métropole a vu le jour en 1963 sous le nom de Sivomat : syndicat inter- communal à vocation multiple de l’agglomération troyenne. Il réunit 10 puis 11 communes : Bréviandes, La Chapelle-Saint-Luc, Les Noës-près-Troyes, Pont- Sainte-Marie, La Rivière-de-Corps, Rosières-près- Troyes (arrivée en 1971), Saint-André-les-Vergers, Sainte-Savine, Saint-Julien-les-Villas, Saint-Parres- aux-Tertres et Troyes.
En 1994, le Sivomat se transforme en communauté de communes de l’agglomération troyenne (CAT).
En 2000, la CAT acquiert le statut de communauté d’agglomération et prend le nom de communauté de l’agglomération troyenne, tout en conservant son sigle. Les 11 communes historiques sont progressivement rejointes par 8 autres communes :
Saint-Germain en 2009, Buchères et Saint-Léger- près-Troyes en 2011, Moussey, Saint-Thibault et Verrières en 2012, Torvilliers en 2013 et Isle-Aumont en 2014. En 2010, la CAT prend le nom de communauté d’agglomération du Grand Troyes. On parle plus simplement du Grand Troyes. En 2017, le Grand Troyes devient Troyes Champagne Métropole (TCM en abrégé), passant de 19 à 81 communes issues de la fusion-extension de 4 communautés de communes ou d’agglomération (1), auxquelles s’ajoutent 6 communes de l’ex-communauté de communes des Portes du pays d’Othe.
(1) La communauté d’agglomération du Grand Troyes, les communautés de communes Bouilly-Mogne-Aumont (Bouilly), Seine Barse (Lusigny-sur-Barse), Seine Melda Coteaux (Saint-Lyé).
part enair es
Tout le monde connaît le redressement et la liquidation judiciaires, voire la sauvegarde. Beaucoup moins le mandat ad hoc et la conciliation, qui sont des procédures amiables pouvant éviter d’ouvrir une procédure collective. Le tribunal de commerce de Troyes y a recours entre 10 et 15 fois par an seulement, faute de demandes, car la démarche reste à l’initiative du chef d’entreprise. Il faut donc prendre rendez-vous avec le président du TC. Dans un premier temps celui-ci examinera la situation de l’entreprise en
« discutant à bâton rompu » avec son dirigeant, pour reprendre l’expression de Jean-Luc Pandolfi , l’actuel titulaire du poste dans l’Aube. Il pourra le cas échéant orienter le demandeur vers un administrateur afi n d’approfondir le sujet. Il appartiendra ensuite au président du TC d’orienter le chef d’entreprise soit vers un mandat ad hoc, soit vers une conciliation, sans toutefois pouvoir l’y contraindre. Dans le
cas d’un mandat ad hoc, le président désignera un mandataire judiciaire, dans le cas d’une conciliation, il désignera un conciliateur qui pourra être choisi au sein d’une société de conseil par exemple. Dans les deux cas, la lettre de mission indiquera le montant de la rémunération tel qu’il a été négocié entre les deux parties. « Il faut compter entre 1 000 et 1 500 euros, indique Jean-Luc Pandolfi , mais cela peut être plus comme cela peut être moins. »
Négocier avec les créanciers
Condition sine qua non pour bénéfi cier d’un mandat ad hoc ou d’une conciliation : ne pas être en état de cessation de paiements depuis plus de 45 jours.
Qu’est-ce qui distingue le mandat ad hoc de la conci- liation ? « Si l’on ne sait pas trop d’où vient le problème, ce sera plutôt le mandat ad hoc. C’est typiquement le cas quand le bilan de l’entreprise est bon, mais que le niveau de trésorerie est insuffi sant. Quand en revanche on sait pourquoi l’entreprise ne va pas bien, on se tourne plutôt vers la conciliation. » Grâce au mandat ad hoc, le dirigeant bénéfi ciera de conseils, mais pourra aussi négocier avec sa banque, ses créanciers, ses fournisseurs. Obtenir un accord fi nancier avec ses créanciers (y compris les organismes sociaux et fi scaux) est précisément au cœur de la conciliation.
L’objectif est d’obtenir un report ou un échelonnement de la dette. Qu’il s’agisse d’un mandat ad hoc ou d’une conciliation, le chef d’entreprise conserve la direction complète de sa société. Le conciliateur ou le mandataire ne peuvent rien lui imposer.
La procédure reste en outre totalement confi dentielle.
Le chef d’entreprise peut y mettre fi n à tout moment, sachant que la durée d’une conciliation est de cinq mois maximum, et qu’aucune durée n’est prévue par la loi pour le mandat ad hoc.
Tribunal de commerce :
plus c’est tôt, mieux ça vaut
La juridiction consulaire joue un rôle méconnu en matière de prévention.
Elle encourage les chefs d’entreprise à la solliciter le plus en amont possible au moindre signal d’alerte.
La CCI “prescriptrice”
Parmi toutes ses missions, la CCI a celle de recevoir, de conseiller et d’accompagner les entreprises, notamment celles qui sont en diffi culté. Fabrice Serkiz voit parfois venir à lui des dirigeants auxquels
« le mot tribunal fait peur ». Or, selon le conseiller de la chambre, « le tribunal de commerce ne doit pas être perçu comme une sanction, mais comme un outil de gestion ». Il convient donc de
« dédramatiser » le recours à cette juridiction, pour autant qu’elle soit saisie avant qu’il ne soit trop tard. La CCI peut faire offi ce de porte d’entrée du tribunal de commerce, certains chefs d’entreprise ayant du reste l’habitude de fréquenter l’un et l’autre.
Jean-Luc Pandolfi .
J’achète en local, j’adhère au site
La CCI a créé une place de marché ouverte aux commerçants, artisans et producteurs aubois sous la forme d’un site Web et d’une application mobile.
Selon une étude, les ventes en ligne auraient bondi de 80 % en 2020, sous l’eff et notamment du confi nement. Internet est donc devenu un outil quasiment indispen- sable pour tout professionnel soucieux de maintenir ou d’augmenter son chiff re d’aff aires. C’est pourquoi la CCI de Troyes et de l’Aube partage depuis le mois de décembre la plate-forme d’e-commerce lancée en milieu d’année par sa consœur marnaise. Le site jacheteenlocal.fr permet aux commerçants, artisans et produc- teurs aubois d’avoir leur propre boutique sur le Web et d’y vendre l’ensemble de leurs produits ou de leurs services. C’est un moyen pour eux d’accroître leur visi- bilité et de diversifi er leurs canaux de distribution. Les clients y trouveront toutes les facilités off ertes par un site marchand, soit en se faisant livrer directement chez eux, soit en venant retirer leurs commandes en magasin. L’un des objectifs du site est d’ailleurs d’inciter les consommateurs à se rendre dans les boutiques situées à proximité de leur domicile. La CCI off re l’abonnement à ses ressortissants jusqu’à la fi n de l’année et peut les aider à faire leurs premiers pas sur le site. Plus les adhé- rents seront nombreux, plus le prix de l’abonnement à l’issue de cette période sera attractif. Il suffi t de quelques clics pour s’inscrire, une opération de surcroît gratuite.
Alors pourquoi attendre davantage ?
https://www.jacheteenlocal.fr/
Le numérique n’aura plus de secrets
Crise sanitaire oblige, les webinaires (visioconférences) ont fl euri sur le Net. La CCI a choisi ce format pour son cycle sur le numérique.
Le numérique au service du numérique : on ne peut mieux résumer le principe des webinaires proposés régulièrement par la chambre à ses ressortissants. En partenariat avec l’association Perspectives numériques 10, la CCI aborde toute une série de sujets destinés à démocratiser et à vulgariser une thématique qui peut parfois faire peur aux entreprises, mais qui est devenue incontournable. Ces sessions d’information ouvertes à tous (sous réserve de s’inscrire préalablement pour pouvoir se connecter) durent une heure et demie environ et font intervenir à chaque fois un spécialiste du domaine concerné.
Voici le calendrier provisoire des prochaines sessions : 9 avril : les enjeux de la 5G
23 avril : les outils visioconférence de travail à distance 18 mai : les nouveaux réseaux sociaux
28 mai : les outils de création de visuels et de vidéos pour les non-spécialistes 4 juin : le marketing automation
25 juin : l’impression 3D et la fabrication additive Le calendrier mis à jour au fi l de l’eau est à retrouver sur www.troyes.cci.fr. On peut aussi contacter le conseiller numérique de la CCI, Nicolas Friot, au 03 25 43 70 25, ou lui laisser un message sur le site.
Sachez aussi que l’ensemble des webinaires sont enregistrés et peuvent être visionnés sur la chaîne YouTube de la CCI.
C CI en actions
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CCI : masques en promo
La CCI a constitué des stocks importants de masques chirurgicaux jetables en prévision des besoins des entreprises auboises.
Celles-ci peuvent les commander auprès de la CCI au prix de 0,59 € HT l’unité en dessous de 1 000 masques, et de 0,40 € HT l’unité au-dessus de 1 000 masques. Une TVA à 5,5 % s’applique. Ces masques sont vendus par sachets de 50.
Ils sont disponibles sous 24 à 48 heures. Un courriel est envoyé à la réception de la commande pour préciser les modalités de retrait, et le paiement s’eff ectue lors du retrait de la commande.
Pour tout renseignement : Sandrine Poncet-Tramut
Tél. 03 25 43 70 12 direction@troyes.cci.fr
Télétravail : du neuf avec du vieux
Le nouvel accord national interprofessionnel du 26 novembre 2020 ne crée pas de droits nouveaux, mais (re)précise quelques règles ou principes.
Mise en place du télétravail : sur la base du double volontariat salarié- employeur dans le cadre d’un accord collectif ou d’une charte, ou d’un accord de gré à gré. Mise en œuvre à la discrétion de l’employeur dans des circonstances exceptionnelles (comme une pandémie) ou en cas de force majeure. Privilégier toutefois le dialogue social et la négociation.
Temps de travail : mêmes temps de travail et de repos, droit à la déconnexion.
Santé et sécurité du télétravailleur : l’employeur reste responsable, tout en tenant compte du fait qu’il « ne peut avoir une complète maîtrise du
lieu dans lequel s’exerce le télétravail et de l’environnement qui relève de la sphère privée ». L’accident de travail est présumé.
Frais professionnels : en principe supportés par l’employeur après validation.
Management : continuation du lien de subordination. Le manager doit s’attacher à prévenir l’isolement du télétravailleur et à maintenir le lien social.
Réversibilité : si le télétravail ne fait pas partie des conditions d’embauche, le retour du salarié dans les locaux de l’entreprise doit se faire dans le même emploi. Si le télé- travail fait partie des conditions d’embauche, le salarié est prioritaire quand il postule à un emploi vacant correspondant à sa qualification.
Les mesures fiscales pour 2021
La loi de finances pour 2021 comporte un certain nombre de mesures intéressant les entreprises. Voici les principales d’entre elles :
• Baisse de l’IS à un taux de 26,5 % pour les entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur à 250 M€.
• Relèvement à 10 M€ du plafond de chiffre d’affaires permettant de bénéficier du taux réduit de l’IS.
• Réduction de moitié de la CVAE, de la CFE et de TFPB, et abaissement à 2 % du taux de plafonnement de la CET.
• Création d’un crédit d’impôt pour la rénovation énergétique des bâtiments à usage
professionnel des TPE/PME.
• Etalement sur 5 ou 15 ans de la plus-value issue de la réévaluation libre des actifs d’une entreprise.
Etalement de la plus-value réalisée lors d’une opération de cession-bail d’immeuble (lease-back).
• Suppression progressive de la majoration de 25 % pour les entreprises imposées à l’IR non adhérentes à un organisme de gestion agréé.
• Refonte de la taxe sur les véhicules de société, basée sur les émissions de CO2, et durcissement du malus écologique.
Réussir le Brexit côté entreprises
Une série de webinaires proposée par CCI International donne aux entreprises des réponses pratiques sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Même si le Brexit n’apporte pas de bouleversements dans les rapports commerciaux entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, hormis un renforcement des contrôles réglementaires et un accroissement des formalités administratives, cet événement suscite de nombreuses interrogations chez les entreprises françaises importatrices ou exportatrices. C’est pour répondre à toutes ces questions que CCI International Grand Est, en partenariat avec Enterprise Europe Network et le cabinet d’avocats Fidal, a mis en place une série de cinq sessions d’information sous forme de webinaires, à raison d’une par mois jusqu’en mai. Le Brexit y est examiné en termes d’impact : par exemple sur la propriété intellectuelle (en avril), et sur l’e-commerce (en mai). On peut s’inscrire atelier par atelier à ces Jeudis du Brexit. Pour aller plus loin, le Team France Export a concocté un programme d’accompagnement personnalisé, baptisé Easy Brexit, pour permettre aux entreprises de sécuriser leurs exportations au Royaume-Uni.
Pratique
Contact Jeudis du Brexit :
06 77 94 78 00 (Marie-France Daniel), www.cci-international-grandest.com Contact Easy Brexit :
easy-brexit@businessfrance.fr, www.teamfrance-export.fr/grandest
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Portrait-robot du manager idéal par temps de crise
La pandémie, avec son cortège d’angoisses et sa remise en cause des conditions normales de travail, rend plus que jamais essentiel le rôle de l’encadrement. Mais c’est quoi, un bon manager ?
Cet article est une libre transposition d’un webinaire proposé par la CCI sur le thème : “Actes managériaux, qu’est-ce que c’est ? Comment les rendre plus effi caces ? Le rôle prépondérant du manager dans la performance de l’équipe.” Avec Pascale Varnier-Girardin, de Dev Talents, et Claire Masson, de Gamba & Rota. Ce webinaire est à retrouver en ligne sur la chaîne YouTube de la CCI : https://www.youtube.com/user/CCITroyes
Pour aller plus loin
d’esprit, doté d’une bonne capacité d’analyse, savoir gérer son stress et travailler en équipe. Manager des hommes suppose du courage et implique parfois de prendre des décisions impopulaires. Alors mieux vaut être exemplaire, respectueux et bienveillant, et de temps en temps rappeler le cadre.
Les outils du manager
Le manager s’appuiera sur les entretiens professionnels et les entretiens d’évaluation. Il fera un point opéra- tionnel de 30 minutes tous les 15 jours avec chaque collaborateur, sans agressivité ni ironie (bannir l’humour, qui peut être mal compris). Un entretien de départ pourra s’avérer fructueux, car un salarié qui s’en va n’a plus rien à perdre et recouvre sa liberté de parole. C’est l’occasion de faire remonter l’information, de détecter d’éventuels anomalies ou dysfonc- tionnements. Un plan de formation permettra aux salariés de s’aérer l’esprit une fois tous les ans ou tous les deux ans, et d’apprendre des choses nouvelles.
Le management en résumé
Etre manager, c’est diriger, contrôler, organiser, animer, motiver, déléguer, fi xer des objectifs. C’est aussi responsabiliser ses collaborateurs, les laisser proposer des solutions, leur faire confi ance. C’est également savoir les encourager, les remercier, être reconnaissant envers eux (sur leur pratique de travail, leurs eff orts, leurs résultats), voire les complimenter (mais attention, certains collaborateurs pourront en être gênés). C’est leur transmettre les valeurs de l’entreprise : si la valeur première est le service client ou si c’est la rentabilité, leur comportement sera diff érent au quotidien.
En conclusion
L’entreprise doit accorder la même valeur à ses collaborateurs qu’à ses clients, étant entendu que ce qui fait tourner l’entreprise, ce sont les personnes qui la composent. Et gérer les talents, ce n’est pas un coût, c’est un investissement.
Ce que la crise a changé
Laisser faire avant la crise n’avait pas de conséquences importantes. Il y a nécessité aujourd’hui de piloter de manière plus serrée sur le plan managérial et relationnel.
La communication prend de plus en plus d’importance.
Les salariés ont besoin de savoir où va l’entreprise. Ne rien dire pour les protéger ? Mieux vaut qu’ils soient mis au courant des diffi cultés, d’autant qu’ils auront peut-être des idées à suggérer.
Qu’est-ce qu’un bon manager ?
Etre manager est une activité à part entière qui suppose de prendre du temps pour s’occuper de ses équipes.
Il faut distinguer l’autonomie laissée au collaborateur pour le faire grandir, du laisser faire et du “rien vu rien entendu”. Ecouter le terrain est primordial, communiquer aussi. Bien connaître la typologie des personnalités qui composent l’équipe semble indispensable pour individualiser son management, car chacun a besoin d’être encadré de manière diff érente. Le bon manager sait repérer les potentiels, identifi er les talents et développer ses collaborateurs. En revanche, il évitera d’être un manager “copain-copain”, trop clivant.
Avec cela, le manager doit être adaptable, ouvert