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Entre le dialogal a le dialogiqae : pour une analyse du ærte narratif Qu'attendent lcs singes de Yasmina Khadra

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Texte intégral

(1)

Entre le dialogal

a

le dialogiqae : pour une analyse du ærte

narratif

Qu'attendent lcs singes de Yasmina Khadra

DïERADI

Kheira Université Oran2

Abstact

we inte,nd to analyze

in

this article the urticulation af the two concepts;

dialogic and dialogical, from a few grammatical processes

in

the story

of

Vasruina

Khadra

Qu'attendent

les

singes.

To

show

that during

his

enunciation, the ufrereroperües of two xtays to interact;

first

wîth the co*

enunciator and after wîth other voices. The enuncîative approach wîll be thc

theme of this analysis, it will enable us to realize the joint between speech, subjectivily and intersubjectiüty through a communicatian situatiory which ts the fictîonal narrative we first present

(I)

the notion af diatogism (circle

of

Bakhtine) with a distinetion between dialogue und monologue, lhen we

propose (2) a discursive malysis to identify the munifestation af the dialogic

and dialogical through some grîtrirmatical.facts.

Key-words:narrative- dialogal

-

dialogic- enunciation

-

subjectivity. Intersubectivity.

Introduction

L'aaatyse dr.r discours

et

la

linguistique énoneiative auxquelles nous nous attachons pour rendre compte de certains procédes grammaticaux dans

l'articulation

du dialogal et dudialogique dars le texte narratif Qu'attendent

les

singes

de

Yasmina

Khadra (Khadra.y,

Z0l4), empruntent

le

concept (notion)

de

dialogisme

à

Bakhtine

et

à

son grolrpe (notamment Volochinov, Medvedev). Les deux disciplines se rârnissent dans des travaux menes pendant les dernieres décennies sur cette notion: (Bres 1998, 1999,2005a, Bres et Nowakowska 2004, Nowakowska 2O04 a et b), (Barbéris 2005, Verine 2005), (Dértrie et al.

2402),ryerine

et

Détrie 2t03). Notre

analyse orientée

par

cefte perspective tente de pointer la notion de dialogisme tout en examinant

son

articulatioû

avec

le

dialogal.

Pour

ce

faire, une

approche énonciative

du

caractere dialogique des ênoncés

est

indispensable, puisqu' en tant que mise en fonctionnement de la langue par un sujet

parlant

elle

permet l'ânergence

de la

subjectivité

et

de

l' intersubj ectivité du discours. 1" Le dialogisme

l.l.Lt

notion de dialogisme selon le Cercle de Bakhtine

Le dialogisme est un concept qui se rapporte à la connexité qui existe entre

un

énoncé et des enoncés produits antérieurement ou avec des âroncés ultérieurs que pourraiemt créer ses destinataires. Dans le souci

(2)

de fonder ce principe, Baldrtine recourt

au

réseau des

six

tsrme§ :

dialogichnasr (dialogisme),

dialogizatziic

(dialogisation), dialogizovanyT (dialogisé), dialogicheskii (dialogique), dialogichen (dialogique), dialogizuvujuchij (dialogisant). Les quatre

adjectifs

elt langue russe

cites

donnent

lieu

à

l'acception

de

« sous forme dialoguée », appelée actuellement dialogal

;

et c'est parfois dans ce

sens

que

Bakhtine

les

utilise,

afin

de

les

différeacier

de

monologicheskij, «

sous

forme

monologuée

»

appelée morcologal. Quand ilévoque le héros Dostoi'evskien, le sémioticien souligne que la conscience de soi est entierement dialogisée par

le

fait

qu'elle soit portée vers I'extérizur à chaque nroment, elle s'adresse avec anxiété à elle-même,

à

l'autre

et au

tiers.

Et

d'ajouter que

l'existence

de

l'homme est tributaire de son orientation vers soi et les autres, ce qui explique sa posfure çomme

un

sujet de destination. Ce

n'est

que

dans << 7'interaction des hommes que se dévoile l'homme dans l'homme

pour les autres que pour lui-même

[...]

» (BAKHTINE.

M,

1970 : 344).

Il

souligne aussi que l'homme n'a de vie que par la communication : le dialogue qrr'il entretient avec lui-même et aveç les autres.

Le

sujet de

Bakhtine est donc fonciàernent divisé, dissocié et pluriel,

il

ne peut

être envisagé

en soi

qu'au

sein

d'une

organisation d'æhanges et

d'inte,r:relations. C'est pourquoi

la

notion

de

dialogisme se presente sous forme de deux acceptions essentielles : un dialogisme externe (le dialogue) et un dialogisme interne au sens où tout mot est toujours le mot d'autrui, un mot déjà dit, déjà habité. Mais

il

est à constater que

malgré cette distinction capitale, aucune définition du dialogisme n'a

été donnée par Bakhtine, le Cercle précise seulement que :

«

Le dialogue, l'écharuge de mots, est la forme la plus naturelle du langage. Les énoncés longuement développés et bien

qu'ils

émanent

d'un interlocuteur unique,

par

exemple

:

le discours

d'un

orateur, le cours d'un professeur, le monologue d'un acteur, les réflexions à haute

voix d'un homme seul, sont monologiques

par

leur forme extérieure, mais,

par

leur

structure sémantique

et

stylistique,

ils

sont en

fait

es s entiell ement dialo giques. >» (Volo chinov, 1 9 I

I

: 2 9 2).

L'orientation dialogique est une caracteristique de tout discours. En effet, chaque discours croise forcément un autre discours lorsqu'il porte sur lcs mêmes finalites, une forme de métissage qui engendrc une forte intsraction entre les deux. Bakhtine utilise les termes

:

cûntact, rapport,

relation

pour

r€nvoyer

au

dialogique. Jean

Peÿard se

réferant à

Bakhtine quand

il

évoque l'interaction verbale souligne :

«.. Interaction verbale, ce n'est pas seulement prendre en compte ce qui, dans le face-à-face d'un

inditidu

et d'un autre individu, dans urt dialogue, psychologiquement, logiquement

et

linguistiquement, se produit

par

concaténation, c'est, prioritairemerut, penser l'interoction

(3)

réalisée

dans/par

l"ensemble

des

multiples

discours,

dans

leur multitude indéfinie, interagissent

les

uns avec

les

autres.

Et

tout duo/dialague

singulier

ne

peut

être

analys,!

hors

de

l'interaction sociodiscursive.

Ainsi

il

faut

comprendre dialogue

dçw

un

sens

élargi- » (PEWARD,

J,

1995 :36).

Patrick Charaudeau et Dominique Maingueneau en reprenant Bakhtine, soulignent que quel que soit le discours,

ii

est doublernent dialogique, et

ce double dialogisme inscrit deux types de relations celles que tout énoncé entretient avec les énoncés antérieurçment produits sur 1e même objet (relations interdiscursives), celles que tout énoncé entretient avec

les

énoncés

de

compréhension-reponse

des

destinataires rée1s ou virûrels, que

l'on

anticipe (relation interlocuti.i,es).(Mainguensau et

Charaudeau, 20AZ :17 6).

Apres avoir présenté une synthese de ia notion de dialogisme que nous

prendrons comme appui dans notre dnalyse

et

avant

de

proposer

l'articulation du dialogal et du dialogique, no.us precisons d'abord la différence entre les dzux notions dialogue et du monologue.

1.2. Dialogue et monologue

Selon

le

Dictionnaire historique

de

la

iangue &ançaise

(Le

Robert

1992),

le

tenne

dialogue

venant

du

grec

dialogos,

<< entretien,

discussion », veut dire << entretien entre deux ou plusieurs personnes. ».

Quant

au Petit

Robert (1991),

ii

lui

aftribue comms acception première << entretien entre deux psrsonnes >>. Dans 1e Dictionnaire d'Analyse du Discours (2t02 : 179), Charaudeau. P et Maingueneau. D soulignent qu'il est dc fait que le mot « dialogue >r est très génrralement utilisé dans ce sens restreint, étant donné que la confusion operée antre

les deux préfixesdia-(qui signifie <<

à

travers

», le

dialogue étant en

quelque so:te une parole

qui

circule

et

s'échange)

et

di{<<deux »).

Dialogue est utilisé parfbis, par extension, pour désignu des formes de

discours, cofi]me csrtains textes écrits, où

il

n'y

a

pas d,échange à proprement parler, mais où

le

destinataire est, çependânt, dans une certaine mesure inscrit dans

le

texte (l'auteur

«

dialogue r> avec le lecteur).

0.

Ducrot cité dans ce même dictionnaire

(2\tz,l7g),

souligne

qu'à défaut d'être de nature veritablement diaîogale (puisqu,ils sont

produits

par

un

seul eJ

même

lsoute.ur-scripteur), Çes discours

unilateraux peuvent

être

dits

dialogiques, dans

la

mmure

ils incorporant plusieurs

voix

éncnciatives

-

le dialogisme (dialcgisation interne, ou << dialogue eristallisé >r, étant

défini

selon les perspectives

comme un discours cù le locutsur met en scène plusieurs énanciateurs. Le terme est ccnsideré comme synoÉ)rurre de polyphonie'. Au disccurs

lTerme

emprunæ à la musique qui réfêre au fait que les textes véhiculent, rians la plupart des cas, beaucoup de pcints dc yue diflcrents: l'autcur peut faire

(4)

dialogal on opposera le discours monologal (ou « monogeré>>, c'est-à-dire construit par un seul locutzur, sans intervention directe d'autmi) le discours monologique

(qui

met en scène

un

seul énonciatzur) selon Jeanneret.

T,

cité dans

le

« Dictionnaire d'Analyse

du

Discours »

(2N2:

179),

il y

a

donc des discours monologaux-monologiques, monologaux-dialogiques, dialogaux-dialogiques

et

même dialogaux monologiques lorsque les differents locuteurs « parlent d'uae même voix >>, c'est-à-dire en cas de « co-énonciation >>.

Tel

que

le

pose la

tradition bakhtinienne, on

part

de

l'unité

(monologal)

à la

pluralité (dialogal),on

doit tircr le

monologal

du

dialogal

car

il

n'y

a

pas

d'abordla parole du locutzur, qui dans certains cas mais pas dans tous, s'échangerait avec

la

parole

d'un

ou plusieurs autres locutzurs

;

tre

monologal dérive du dialogal.

2. Artieulation du dialogal et du dialogique

Plusieurs travaux en linguistique sur I'articulation da dialogal et du

dialogique au cours des derniàes décennies tels que ceux de Bres (2005 et 2008), Bres et Nowakowska (2006),

Vion

(2006), exposent l'importance et la complexité de la dimeruion dialogique. Ils expriment clairement

la

diffrculté de

la

distinction du rapport et dcs frontières entre les dzux notions. Celles-ci sernblent s'ignorer réciproquement et

l'analyse conversationnelle

qui

se base

sur

l'étude

du

dialogal, ne

dispose pas de notion de dialogique, et inversement, les recherches sur

le

dialogique

ou

la

po§phonie

êczrtent

la

question

du

dialogal.

Ce.pandant, si Bakhtine place la notion de dialogisme dans

le

charnp

lexical de dialogue c'est qu'une relation entre les deux notions n:est pas à é*artsr.

En appui aux travaux du Cercle de Baldrtine, et dans le but d'articuler

le

dialogal /dialogique dans quelques extraits de Qu'attendent les

singes, de Yasmina

Kia&a,

nous procéderons à I'examsn de quelques

faits

grammaticaux,

à

savoir,

la

nominalisation,

la

aégation,

et

le discours rapporté.

2.1, Ana§se discursive Le corpus

Qu'attendent les singes, esl un roflran néo-polar de Yasmina Khadra,

Baru sirqrltanérncnt chez lcs editions CASBAH et JULLIARD sn 2004.

Un

ræit

de

fiction à

travers lequel

narrateur

fait

une description acerbe de

la

situation sociepolitique de son pays, I'Algcrie.

Le

reeil s'ouvre sur une eitation de Franz Fanon : << Chaque génoration doit dans

parler plusieurs voix à favgrs son texte. Bakhtine lui donng dans son livre célèbre sur Dostoievski (1929) un sens tout

à

fait nouveau.

il

étudie les

relations réciproques enke l'arssrr et le héros dans l'æuwe de Dostoîevski, et il résume sa description dans la notisr de polyphonie.

(5)

une relative opacité découvrir sa mission,

la

remplir ou

la

trahir >>1.

C'est une parabole de I'Algerie contemporaine selon son auteur, qui depeint d'un côté un système corrompu, immoral et scandaleux, et de l'autrg un peuple responsable. amorphe et soumis. Après la decouverte

du

cadavre d'une jeune

fillq

retrouvée nue avec

un

sein

à

moitié anaché,la commissaire Nora enquête. El1e est assistée du lieutenant Cuerd,

qui

accepte

mal

d'être scus l'autorité d'une femme,

et

de

f inspecteur

Zine,

develru impuissant après

le

choc d'une opération ten-oriste dont

il

a

été victime.

Au

centre de l'affaire se trouve le puissant « rboba »2'ha'[ SaadHarner{aine.

Le

dialogisrne

interne

se traduisant d'ores et dêjà dans le récit par ia reprise de

la

citation dc

Franz Fanon. 11

est ainsi

bi-directionnel, c'est-à-dire orienté une premièrefois vers son objet et une deuxième fois vers

le

discours de

I'autre concsrnant le même objet, sachant que la moindre mention de

l'énoncé d'autrui engâge le discours dans un processus dialogique. Les

proc édés grammaticaux qu i pa'mettent cette orientation dial ogiqu e dans l'énoncé sont norubrsux, nous nous contenterons

d'en

dégagsr que

quelques uns.

2.2, Grammaire du dialogisme 7.2.1.La nomination

Les

deux notions

énonciation

et

dialogisme

sont

devenues très

rattachées 1'une à l'autre depuis 1es multiples recherches qui abordent le développement de I'approche énonciative des fbits dialogiques. 11 est à

noter que

c'est au

niveau grammatical

que

l'hétérogénéité

et

la complexité énonciative se manifeste le plus dans un discours. Les faits grammaticaux

qui

relèvent

de

la

sémantique grammaticale,

de

la rnorphologie

et

de

la

syntaxe

et

qui

intenriennent dans

le

principe dialogique, sont en effet, nombreux à traiter et de façons fort diverses:

le ccnditionnel, la négation, l'interogation, le clivage,

la

concession,

l'interrogation,

la

comparaison,

la

restriction,

la

nominalisation, les

déterrninants, le discours rapporté, etc. La nomination est

l'un

de ces faits ies plus récurrents dans le roman de khadra en voiei un exemple qui

f

illustre ;

« Il y a ceux quiJbrul d'une lueur une torche et d'unflambequ un soleil et qui louent une vie entière celui qui les honorent un soir

;

et ceu-r qui crient au

feu

dès qu'ils voienî un soupÇon de lumière au bout de leur turmel, tirsnt v-er's le lsas toute mairu qui se tend vers sux. En Algérie, on

appelle ceTte dernière catégorie

:

les Béni Kelboun. Génétiquemerut

néfastes, les Béni Kelboun disposent de leur propre trirzité :Ils meurent

'Ertrait ,i,es Dunnés de ltt |-et're de irrarz I-anon

2Les

(6)

Dûr ttature,trichent par principe'et nuisenl

par

ÿocation' Ceci est leur 'histoire. ». (lncipit) (Khadra'Y' 2014 : 9)'

« Béni Kelboune >> est une dénomination'

"onntte mais

qui n'est pas ou

qui

est peu

usitée

p"t-

f"

'fge'iens'

EIle

signifie « descendants de chiens ». Très

pe;*Jt*",

tette"désignation réiere à une catégorie

de

;;;;-t

imnrlàles,

i"rpures' L'ostension énonciative est faite par l'usage au début a" fu

'Lq"*"ce

du présentatif

«

il

y a »' Ce dernier qui'

aurrr".rr"

perspective ontologique

selon

Chevalier

(J'*C')'

atteste l'existence oo lu

ro*l,itt""tJOü

phénomène' lequel n'a pas besoin

d"être

détcrmiEé,

"t-'î*ni*

moins'

tétéré' (Chevalier

19-69.:85)' Ll indique

ur

momerr "l1t;;ieur âu moment de l'énonciation. E11e introduit une notion A" temp' fassé et signifie

qu'il

existe quelque chose ou quelqu'un dans une

.li"u'i*

aonnee' Sel'on.une

i*ryrétalton

faite par Damourette

et

Pichon

d'un

exemple similaire'

qu'on

tre

\'lent

pâs affîrmer l'existence de ces gens' mals on les présentera juste comffie des personnages assumant

uirôle

dans la réalité posée' ( Damourette et pichon 1911_1940

i. IV' iul.

ceei

1e rapproche

de.«il

est»

qui traduitunemodalltéabstraite,uneimagementalechezl'énonciateuret chez son co-éncnciateur'

S'il y

a ostension de la part de l'énonciateur

c'estqu'i1§'adtesseàuneautreilstanceénonciativsdoncilyaun

àioingn" explicite même si cette instance est virtuelle'

Comme

le

récit

est

à

1a troisième persontre' « i1

y

a

»

signal dans 1'ênoncé un

point

de vue, c'est pourquoi ies objets signifiads sont présentés ^iofo"o""* pu,

t'*o*"iateur

de

*uoi"t"

subjective' Les référents et les

émanent d'un regard posé'

Aussi << 1L

y

z.» sû$iieÉt-il la descriptio* par l'éa*acé .qui

le

s*it

Ceci est

leur

histoirea

iu

n"

de

f

incipit'

Le

mot

« histoire

»

permet de

âoot

e, que 1e référent est déjà coÛnu du co-énonciateur car' présent

danslamémoirem*eaiu,*«memoirediscursive>lselonKleiberqui

precise que: «

r"

'"îo"tption

cognitive s'appuie

sur

le

critere

de << saillance pr"uUbfe

»- iru*mt'é

1993a:

35)'

Ensuite'

c'est 1'anaphore nominale n

""à*

dernière catégorie » qui précise ie référent sur lequei poxe

t'uct"

de nomnrer' Nousionstaton§ que le dialogisrne dans

f incipit tietrt

à

deux éléments

: il

rapporte d'auttes énoncés'

comptetenudef'fittot"qu'ilprendcoflimeréférenceetdecritune

réaliré, un vécu.

s"iori;"";cle

àe Bakhtine. toute énonciation quelque

lSans vouioir entrer dans les débats qui distinguent la « nomiuation >> de ia

dér:romination )), nous employons «nominatim

»

du

fait

qu'il

s'agisse

c1e nomlner une catégorie hiea déterminêe de gens; marsnous avons , en même temps eir recours à l'emPloi du terme r'dénorlinationi) parts que le te'lme

« benikeiboun>> existe dans rm registre vulgaire et sert d'iosulte

adressée à des

(7)

signifiante et complète qu'elle soit par elle-même, ne constitue qu'une

fraction

d'ut

courant

de

communication

verbale

ininterronpue touchant

la

vie

quotidienne,

la

littérature,

la

connaissance, etc.

Bakhtine.M, V.N, (1977 :1136).

2.2.2.La négation

Le

dialogisme

prend forme

au

nivæu

de

l'énoncé-phrase, de

<< mierodialogue selon

le

cercle

de

Bakhtine.

S'il

y

a

dialogue à

f

intérieur

d'un

énoncé-phrase dialogique, c'est

qu'il

est possible de

l'envisager coilrme au moins, deux énonces : un premier énoncé, auquel re,pond un deuxième.

« Quel peuple odmirable, reconnait Zine. Ni les abus ni les désillusions

n'ont

réussi

à le

délester de son ôme.

Il

est resté brave, le peuple

d'Algérie,

rcoble

jusque dans

la

débâcle,

jamais

démissionnaire,

toujours

debaut

quand

I'adversité dépasse. I'entendement.

On

dt

confisqué ses vcleurs, chosifié ses mythes, clochordisé ses artistes...

»(

Khadra.Y, 20 I 4 : j 29-3

j0).

Il

s'agit

ici

d'un enoncé dialogique et non dialogal. L'interaction n'est

pas marquée par l'echange de parole mais plutôt par la polyphoaie et le discours rapporté. La notion de dialogisme dans l'énoncé [Le peuple

d'Algérie, noble jusque dans

la

debâcle

jarrais

démissionnaireJ que nous nonrmons

[E],

depend

d'un

autre énoncé,

affirmatif

si

l'on

considère

son

anaphorisation dans

le

cotexte ultérieur,

que

nous

norrrnons [e], et que I'on peut paraphraser comme

suit:

<< ...1e peuple

d'Algérie est démissionnaire...

»

il

l'infirme

par l'adverbe<<janrais » anton5rme de

«

toujours >»- L'énoncé [e] n'est pas inventé, comme le signal

le cotxte

ultuieur

«...toujours debout...

».

L'inkoduction de « toujours

»

infirme

l'énoncé

[e]

«

le

peuple

d'Algérie

est toujours démissionnaire » qui est un énoncé affirmatif. Si

l'on

reprend toute la séquence

nous dirons que

l'actualisation modale

de

[E]

en

tant

qu'affrmation et négation, porte sur une unité qui a déjà été actualisée

et a

uustafirt d'énonce,

à

savoir

[e].

L'énonciateur en

[E1]

attribue l'assertion de l'énoncé [e] « Le peuple d'Algérie est démissionnaire » à

un autre énonciatzur [e1], et se charge quant à

lui

de la rejeter par la négation.

L'énoncé dialogique présente donc

une

dualité hiérarchisée.

A

la différence de ce qui se passe dans le dialogue externe, où les tours de

parole sont

à

égalrté énonciative, chacun

par

exemple

possde

ses mârques d'aetualisation déictique et modale propre; dâns le dialogue interne du dialogisme chacun a un locuteur, l'énoncé [e] est enchâssé

par

l'énonciation dans l'énoncé

[E],

ce

qui

est montré

par

le

fait suivant

:

§es mârquæ déictiques et modales propres sont effacées,

il

(8)

significativement

il

n'a plus de locuteur" Sachant que l'énonciateur est I'instance aetualisatrice respoasable des actualisations déictique et

modale et

ie

locuteur est l'instance de l'actualisation phonétique ou graphique consistant à inscrire l'énoncé dans le mode sémiotique choisi

(oral

ou

écrit).

Seul l'énoncé [EJ

a

*n

locuteur

qui

correspond à l'énonciateur [81], l'énoncé [e] dispose d'un énonciateur [e1] mais non

d'un

locuteur. L'énoncé dialogique

relie

selon différentes formes d'intégration syirtaxique, deux ou plusieurs enoncés en les hiérarchisant dans le procès énonciatif.

Il

conviendra de conclure que le dialogisme

d'un

énoncé

[E]

tient

à

ce

qu'il

réponde

à

un

énoncé

[e]

qu'il

présuppose actualisé, en le rqlrenant de diverses façons allant de sa citation à sa négation.

2.2.3. Le discours rapporté

Un énoncé ne "représente" jamais une réalité ûu une parole antérieure sans

qu'il

y

ait

altération

par

un

point

de vue

du

locuteur

qui

les

"râpporte" selon Bakhtine,(Bakhtine.

M,

1978

:

106),

il

explique que

toute parole est habitée de voix et d'cpinions au point qu elle peut êüe appréhendée cornme des reformulations de paroies antérieures. Cefte conception

du

langage suppose que toute énonciation

n'est

qu'une sinrple partie d'un mouvement d'échange continu. C'est un dialogisme interdiscursif seloa lequel le sujet parla*t ne peut se positionner cornme une source mais comme un co-acteur ayant un rôle dans ce processus

social en constante réédification de signification, tout simplement « ça

parle » dans la parole du locuteur qui luimême reprend des propos et des opinions d'autrui. Ceci s'explique par le déplciement de plusieurs énonciateurs,

En

linguistique

on

parle de dialcgisme constitutifpour exprimer

cet

alignemerrt

selon lequel,

en

l'abseace

de

marqua; explicites d'autres voix, toute parole résulte d'un ensembie de dialogues

avec cles opinions et des discours.

<t Toute cçuserie est chargée de transmissions et d'interprétations des

paroles d'autrui. On

y

trouve

à

tout

instant

une

"citation",

ufte

"référence"

à

ce qu'a

dit

telle perso*rue,

à

ce qu"'on

di{', à

€e que "c.hacuyt

rlit",

aux parales de !'interlocuteur,

à

nos pyopres paroles antérieuyes, à un

journal,

une resolution, ttn document, un livre... La

plupart

des infarmatiarus sont Transmtses en génihal sous une forme

indirecte, non comtne émçnant cle sai, mais se référant

à

une souree générale non précisée

:

"j'ai entendu dire", "orc considère", "oft pense".

(...) parmi tautes îes parales que vzous prononÇons dans la vte courcrute, une banne ruaitié naus vient d'autrui. » (Bakhtine .M, I97B

:

158), Voiei un extrait qui illustre l'idée :

<< Le magnat extirpe un

petit

bloc-naîes de la poche intérieure de sa

(9)

Selon Malek Bennabi,

il

y

a le

colonisé et

il ya

le colonisable. Les colonixes aspirent

à

se

soustraire au

joug

qui

les

asswiettit.; les

calonisables, même

libres,

ont

constamment besoin d'urc maître. Certains se bradent sur la place de Paris et, ne trouvent pc$ preneurs, ils s'r,charnënt sar ceux qui rthnsissent... » (Khadra.Y,20|4 :82).

Læ propos rapportés sont premiàement une parabole, celle-ci tefid à

presenter un fait persé, un fait qui sous-tend l'illustration d'une rfolité differente mais avec laquelle

elle

a

un lien

supposé. L'énonciateur reprend dans cet extrait rure citation de Malek Benabil.

Il

y

a toujours

ce

earactàe d'sstension

qui

suscite deux instanees discursives un énonciateur

et un

co-énonciateur

qui

se placent

à

deux niveaux: niveaul

:

énonciateur d'origine (Malek Benabi)

et

son supposé co-énonciateur

I I

mvcau2: énonciateur2 (magnat)

d

co-énonciatsrr? situationnel; on peut désigner cortme étant niveau3, l'énoneiation du

narrateur

qui

presente dans

un

enchâssement

les

deux premières énonciations.

Ces trois

niveaux

presupposent

tous

tme

ou

des interaetiors. C'est aussi une forme dialogique clairement marquée à

travers l'enchâssçment énonciatif. L'énonciateur justifie son point de

vue vis-à-vis de cette societé en empruntant une réflexion et des propos antérieurs, ceux

de Malek

Benabi, une réference. C'est

une

sorte d'assimilatien, de rapprochement, d'emboîtement.

Vérine.D souligae

à

ce

titre

que toutes ces formes dialogiques se caractérisent par 1' enchâssement énonciatif qu' elles opàent, faisant

interagir au sein

d'un

seul et même

tour

de parole l'énonciation en

cours

âvÊc

une

oq

plusieurs autres énoneiations présentant des coordonnées (notanrment modales et déic$ques) differentes. (Verinq B :2006).

'

Malek Benabi rm pensertr algérim qui s'est fortement imprégné de la culture arabo-musulmane et occidentale- On lui doit le concept « colonisabilité » qui

desigrre lcs societés en décadence, c'est-à-dire celles

qui

ont perdu lerr

dynamique sociale et sont ainsi en état de faiblesse structurelle qui aCit cornme un appel à la colonisation étrangère, terme qu'il utilisera dans son liwe << Les

conditioas de larenaissance ».

Malek Benabi visait à avertir les consciences musutmanes et relancsr tme

renaissance

de

la

societé musulmme-

Il

était

rm

fervent critique de

I'administratiou du colonisatern Ëançais à ravers ses écrits et ses conférsnces. tl rejetait catégoriquement le statut dindigàe attribué à I'algérien.

(10)

Conclusion

Le dialogisme se traduit dans le récit de fiction Qu'attendent les singes

par

I'aspect de la circularité, de la réflexivité, c'est-à-dire par la reprise

de paroles anterieures. Cette reprise

ne

véhicule pas seulement un

caractàe

cognitif

ou

réferentiel,

mais

elle

est

un

mûyen d'argumentation et d'interprétation, dans

la

mesure où ces dernières permettent le rapprochement, voire le renouvellement du sens, marqué

par

la

technique

du point de

we.

La

nomination,

la

négation, le discours rapporté, etc. Autant

de faits

grammaticaux dont use le locuteur en tant ciu'acteur dans le processus de

l'âronciatiorl

afin de

s'édifier une posture énonciative au sein de son discours. L'approche énonciative

a

permis

de ce

fait,

l'émergence

de

la

subjectivité de

l'énonciateur à travers le regard posé et l'interprétation face à un co-énonciateur donc aussi de l'intersubjectivité puis

qu'il

tente de le faire agir.

Bibliographie

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de

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parle

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inÉrteur autophonique deforme directc à l'oral , Travaux de linguistique n'52

Kheira D-ïERÀDI

Maître-assistant

A

et doc'torante en science da langage Université OranZ

Chercheur en analyse da discsurs et

lingaistique

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