Entre le dialogal
a
le dialogiqae : pour une analyse du ærtenarratif
Qu'attendent lcs singes de Yasmina KhadraDïERADI
Kheira Université Oran2Abstact
we inte,nd to analyze
in
this article the urticulation af the two concepts;dialogic and dialogical, from a few grammatical processes
in
the storyof
Vasruina
Khadra
Qu'attendentles
singes.To
showthat during
hisenunciation, the ufrereroperües of two xtays to interact;
first
wîth the co*enunciator and after wîth other voices. The enuncîative approach wîll be thc
theme of this analysis, it will enable us to realize the joint between speech, subjectivily and intersubjectiüty through a communicatian situatiory which ts the fictîonal narrative we first present
(I)
the notion af diatogism (circleof
Bakhtine) with a distinetion between dialogue und monologue, lhen wepropose (2) a discursive malysis to identify the munifestation af the dialogic
and dialogical through some grîtrirmatical.facts.
Key-words:narrative- dialogal
-
dialogic- enunciation-
subjectivity. Intersubectivity.Introduction
L'aaatyse dr.r discours
et
la
linguistique énoneiative auxquelles nous nous attachons pour rendre compte de certains procédes grammaticaux dansl'articulation
du dialogal et dudialogique dars le texte narratif Qu'attendentles
singes
de
YasminaKhadra (Khadra.y,
Z0l4), empruntentle
concept (notion)de
dialogismeà
Bakhtineet
à
son grolrpe (notamment Volochinov, Medvedev). Les deux disciplines se rârnissent dans des travaux menes pendant les dernieres décennies sur cette notion: (Bres 1998, 1999,2005a, Bres et Nowakowska 2004, Nowakowska 2O04 a et b), (Barbéris 2005, Verine 2005), (Dértrie et al.2402),ryerine
et
Détrie 2t03). Notre
analyse orientéepar
cefte perspective tente de pointer la notion de dialogisme tout en examinantson
articulatioûavec
le
dialogal.
Pour
ce
faire, une
approche énonciativedu
caractere dialogique des ênoncésest
indispensable, puisqu' en tant que mise en fonctionnement de la langue par un sujetparlant
elle
permet l'ânergence
de la
subjectivité
et
del' intersubj ectivité du discours. 1" Le dialogisme
l.l.Lt
notion de dialogisme selon le Cercle de BakhtineLe dialogisme est un concept qui se rapporte à la connexité qui existe entre
un
énoncé et des enoncés produits antérieurement ou avec des âroncés ultérieurs que pourraiemt créer ses destinataires. Dans le soucide fonder ce principe, Baldrtine recourt
au
réseau dessix
tsrme§ :dialogichnasr (dialogisme),
dialogizatziic
(dialogisation), dialogizovanyT (dialogisé), dialogicheskii (dialogique), dialogichen (dialogique), dialogizuvujuchij (dialogisant). Les quatreadjectifs
elt langue russecites
donnentlieu
à
l'acceptionde
« sous forme dialoguée », appelée actuellement dialogal;
et c'est parfois dans cesens
que
Bakhtine
les
utilise,
afin
de
les
différeacier
demonologicheskij, «
sous
forme
monologuée»
appelée morcologal. Quand ilévoque le héros Dostoi'evskien, le sémioticien souligne que la conscience de soi est entierement dialogisée parle
fait
qu'elle soit portée vers I'extérizur à chaque nroment, elle s'adresse avec anxiété à elle-même,à
l'autre
et au
tiers.Et
d'ajouter quel'existence
del'homme est tributaire de son orientation vers soi et les autres, ce qui explique sa posfure çomme
un
sujet de destination. Cen'est
quedans << 7'interaction des hommes que se dévoile l'homme dans l'homme
pour les autres que pour lui-même
[...]
» (BAKHTINE.M,
1970 : 344).Il
souligne aussi que l'homme n'a de vie que par la communication : le dialogue qrr'il entretient avec lui-même et aveç les autres.Le
sujet deBakhtine est donc fonciàernent divisé, dissocié et pluriel,
il
ne peutêtre envisagé
en soi
qu'au
seind'une
organisation d'æhanges etd'inte,r:relations. C'est pourquoi
la
notionde
dialogisme se presente sous forme de deux acceptions essentielles : un dialogisme externe (le dialogue) et un dialogisme interne au sens où tout mot est toujours le mot d'autrui, un mot déjà dit, déjà habité. Maisil
est à constater quemalgré cette distinction capitale, aucune définition du dialogisme n'a
été donnée par Bakhtine, le Cercle précise seulement que :
«
Le dialogue, l'écharuge de mots, est la forme la plus naturelle du langage. Les énoncés longuement développés et bienqu'ils
émanentd'un interlocuteur unique,
par
exemple:
le discoursd'un
orateur, le cours d'un professeur, le monologue d'un acteur, les réflexions à hautevoix d'un homme seul, sont monologiques
par
leur forme extérieure, mais,par
leur
structure sémantiqueet
stylistique,ils
sont enfait
es s entiell ement dialo giques. >» (Volo chinov, 1 9 I
I
: 2 9 2).L'orientation dialogique est une caracteristique de tout discours. En effet, chaque discours croise forcément un autre discours lorsqu'il porte sur lcs mêmes finalites, une forme de métissage qui engendrc une forte intsraction entre les deux. Bakhtine utilise les termes
:
cûntact, rapport,relation
pour
r€nvoyerau
dialogique. JeanPeÿard se
réferant àBakhtine quand
il
évoque l'interaction verbale souligne :«.. Interaction verbale, ce n'est pas seulement prendre en compte ce qui, dans le face-à-face d'un
inditidu
et d'un autre individu, dans urt dialogue, psychologiquement, logiquementet
linguistiquement, se produitpar
concaténation, c'est, prioritairemerut, penser l'interoctionréalisée
dans/par
l"ensembledes
multiples
discours,dans
leur multitude indéfinie, interagissentles
uns avecles
autres.Et
tout duo/dialaguesingulier
nepeut
être
analys,!hors
de
l'interaction sociodiscursive.Ainsi
il
faut
comprendre dialoguedçw
un
sensélargi- » (PEWARD,
J,
1995 :36).Patrick Charaudeau et Dominique Maingueneau en reprenant Bakhtine, soulignent que quel que soit le discours,
ii
est doublernent dialogique, etce double dialogisme inscrit deux types de relations celles que tout énoncé entretient avec les énoncés antérieurçment produits sur 1e même objet (relations interdiscursives), celles que tout énoncé entretient avec
les
énoncésde
compréhension-reponsedes
destinataires rée1s ou virûrels, quel'on
anticipe (relation interlocuti.i,es).(Mainguensau etCharaudeau, 20AZ :17 6).
Apres avoir présenté une synthese de ia notion de dialogisme que nous
prendrons comme appui dans notre dnalyse
et
avantde
proposerl'articulation du dialogal et du dialogique, no.us precisons d'abord la différence entre les dzux notions dialogue et du monologue.
1.2. Dialogue et monologue
Selon
le
Dictionnaire historiquede
la
iangue &ançaise(Le
Robert1992),
le
tenne
dialoguevenant
du
grec
dialogos,
<< entretien,discussion », veut dire << entretien entre deux ou plusieurs personnes. ».
Quant
au Petit
Robert (1991),
ii
lui
aftribue comms acception première << entretien entre deux psrsonnes >>. Dans 1e Dictionnaire d'Analyse du Discours (2t02 : 179), Charaudeau. P et Maingueneau. D soulignent qu'il est dc fait que le mot « dialogue >r est très génrralement utilisé dans ce sens restreint, étant donné que la confusion operée antreles deux préfixesdia-(qui signifie <<
à
travers», le
dialogue étant enquelque so:te une parole
qui
circuleet
s'échange)et
di{<<deux »).Dialogue est utilisé parfbis, par extension, pour désignu des formes de
discours, cofi]me csrtains textes écrits, où
il
n'y
a
pas d,échange à proprement parler, mais oùle
destinataire est, çependânt, dans une certaine mesure inscrit dansle
texte (l'auteur«
dialogue r> avec le lecteur).0.
Ducrot cité dans ce même dictionnaire(2\tz,l7g),
soulignequ'à défaut d'être de nature veritablement diaîogale (puisqu,ils sont
produits
par
un
seul eJ
même
lsoute.ur-scripteur), Çes discoursunilateraux peuvent
être
dits
dialogiques, dansla
mmureoù
ils incorporant plusieursvoix
éncnciatives-
le dialogisme (dialcgisation interne, ou << dialogue eristallisé >r, étantdéfini
selon les perspectivescomme un discours cù le locutsur met en scène plusieurs énanciateurs. Le terme est ccnsideré comme synoÉ)rurre de polyphonie'. Au disccurs
lTerme
emprunæ à la musique qui réfêre au fait que les textes véhiculent, rians la plupart des cas, beaucoup de pcints dc yue diflcrents: l'autcur peut faire
dialogal on opposera le discours monologal (ou « monogeré>>, c'est-à-dire construit par un seul locutzur, sans intervention directe d'autmi) le discours monologique
(qui
met en scèneun
seul énonciatzur) selon Jeanneret.T,
cité dansle
« Dictionnaire d'Analysedu
Discours »(2N2:
179),il y
a
donc des discours monologaux-monologiques, monologaux-dialogiques, dialogaux-dialogiqueset
même dialogaux monologiques lorsque les differents locuteurs « parlent d'uae même voix >>, c'est-à-dire en cas de « co-énonciation >>.Tel
quele
pose latradition bakhtinienne, on
part
del'unité
(monologal)à la
pluralité (dialogal),ondoit tircr le
monologaldu
dialogalcar
il
n'y
a
pasd'abordla parole du locutzur, qui dans certains cas mais pas dans tous, s'échangerait avec
la
paroled'un
ou plusieurs autres locutzurs;
tremonologal dérive du dialogal.
2. Artieulation du dialogal et du dialogique
Plusieurs travaux en linguistique sur I'articulation da dialogal et du
dialogique au cours des derniàes décennies tels que ceux de Bres (2005 et 2008), Bres et Nowakowska (2006),
Vion
(2006), exposent l'importance et la complexité de la dimeruion dialogique. Ils expriment clairementla
diffrculté dela
distinction du rapport et dcs frontières entre les dzux notions. Celles-ci sernblent s'ignorer réciproquement etl'analyse conversationnelle
qui
se basesur
l'étudedu
dialogal, nedispose pas de notion de dialogique, et inversement, les recherches sur
le
dialogiqueou
la
po§phonie
êczrtentla
questiondu
dialogal.Ce.pandant, si Bakhtine place la notion de dialogisme dans
le
charnplexical de dialogue c'est qu'une relation entre les deux notions n:est pas à é*artsr.
En appui aux travaux du Cercle de Baldrtine, et dans le but d'articuler
le
dialogal /dialogique dans quelques extraits de Qu'attendent lessinges, de Yasmina
Kia&a,
nous procéderons à I'examsn de quelquesfaits
grammaticaux,à
savoir,la
nominalisation,la
aégation,et
le discours rapporté.2.1, Ana§se discursive Le corpus
Qu'attendent les singes, esl un roflran néo-polar de Yasmina Khadra,
Baru sirqrltanérncnt chez lcs editions CASBAH et JULLIARD sn 2004.
Un
ræit
defiction à
travers lequellè
narrateurfait
une description acerbe dela
situation sociepolitique de son pays, I'Algcrie.Le
reeil s'ouvre sur une eitation de Franz Fanon : << Chaque génoration doit dansparler plusieurs voix à favgrs son texte. Bakhtine lui donng dans son livre célèbre sur Dostoievski (1929) un sens tout
à
fait nouveau.il
étudie lesrelations réciproques enke l'arssrr et le héros dans l'æuwe de Dostoîevski, et il résume sa description dans la notisr de polyphonie.
une relative opacité découvrir sa mission,
la
remplir oula
trahir >>1.C'est une parabole de I'Algerie contemporaine selon son auteur, qui depeint d'un côté un système corrompu, immoral et scandaleux, et de l'autrg un peuple responsable. amorphe et soumis. Après la decouverte
du
cadavre d'une jeunefillq
retrouvée nue avecun
seinà
moitié anaché,la commissaire Nora enquête. El1e est assistée du lieutenant Cuerd,qui
acceptemal
d'être scus l'autorité d'une femme,et
def inspecteur
Zine,
develru impuissant aprèsle
choc d'une opération ten-oriste dontil
a
été victime.Au
centre de l'affaire se trouve le puissant « rboba »2'ha'[ SaadHarner{aine.Le
dialogisrneinterne
se traduisant d'ores et dêjà dans le récit par ia reprise dela
citation dcFranz Fanon. 11
est ainsi
bi-directionnel, c'est-à-dire orienté une premièrefois vers son objet et une deuxième fois versle
discours deI'autre concsrnant le même objet, sachant que la moindre mention de
l'énoncé d'autrui engâge le discours dans un processus dialogique. Les
proc édés grammaticaux qu i pa'mettent cette orientation dial ogiqu e dans l'énoncé sont norubrsux, nous nous contenterons
d'en
dégagsr quequelques uns.
2.2, Grammaire du dialogisme 7.2.1.La nomination
Les
deux notions
énonciationet
dialogismesont
devenues trèsrattachées 1'une à l'autre depuis 1es multiples recherches qui abordent le développement de I'approche énonciative des fbits dialogiques. 11 est à
noter que
c'est au
niveau grammaticalque
l'hétérogénéitéet
la complexité énonciative se manifeste le plus dans un discours. Les faits grammaticauxqui
relèventde
la
sémantique grammaticale,de
la rnorphologieet
de
la
syntaxeet
qui
intenriennent dansle
principe dialogique, sont en effet, nombreux à traiter et de façons fort diverses:le ccnditionnel, la négation, l'interogation, le clivage,
la
concession,l'interrogation,
la
comparaison,la
restriction,la
nominalisation, lesdéterrninants, le discours rapporté, etc. La nomination est
l'un
de ces faits ies plus récurrents dans le roman de khadra en voiei un exemple quif
illustre ;« Il y a ceux quiJbrul d'une lueur une torche et d'unflambequ un soleil et qui louent une vie entière celui qui les honorent un soir
;
et ceu-r qui crient aufeu
dès qu'ils voienî un soupÇon de lumière au bout de leur turmel, tirsnt v-er's le lsas toute mairu qui se tend vers sux. En Algérie, onappelle ceTte dernière catégorie
:
les Béni Kelboun. Génétiquemerutnéfastes, les Béni Kelboun disposent de leur propre trirzité :Ils meurent
'Ertrait ,i,es Dunnés de ltt |-et're de irrarz I-anon
2Les
Dûr ttature,trichent par principe'et nuisenl
par
ÿocation' Ceci est leur 'histoire. ». (lncipit) (Khadra'Y' 2014 : 9)'« Béni Kelboune >> est une dénomination'
"onntte mais
qui n'est pas ou
qui
est peuusitée
p"t-f"
'fge'iens'
EIle
signifie « descendants de chiens ». Trèspe;*Jt*",
tette"désignation réiere à une catégoriede
;;;;-t
imnrlàles,
i"rpures' L'ostension énonciative est faite par l'usage au début a" fu'Lq"*"ce
du présentatif«
il
y a »' Ce dernier qui'aurrr".rr"
perspective ontologiqueselon
Chevalier(J'*C')'
atteste l'existence oo luro*l,itt""tJOü
phénomène' lequel n'a pas besoind"être
détcrmiEé,"t-'î*ni*
moins'
tétéré' (Chevalier19-69.:85)' Ll indique
ur
momerr "l1t;;ieur âu moment de l'énonciation. E11e introduit une notion A" temp' fassé et signifiequ'il
existe quelque chose ou quelqu'un dans une.li"u'i*
aonnee' Sel'on.unei*ryrétalton
faite par Damouretteet
Pichond'un
exemple similaire'qu'on
tre\'lent
pâs affîrmer l'existence de ces gens' mals on les présentera juste comffie des personnages assumantuirôle
dans la réalité posée' ( Damourette et pichon 1911_1940i. IV' iul.
ceei
1e rapprochede.«il
est»
qui traduitunemodalltéabstraite,uneimagementalechezl'énonciateuret chez son co-éncnciateur'S'il y
a ostension de la part de l'énonciateurc'estqu'i1§'adtesseàuneautreilstanceénonciativsdoncilyaun
àioingn" explicite même si cette instance est virtuelle'Comme
le
récit
està
1a troisième persontre' « i1y
a»
signal dans 1'ênoncé unpoint
de vue, c'est pourquoi ies objets signifiads sont présentés ^iofo"o""* pu,t'*o*"iateur
de*uoi"t"
subjective' Les référents et lesémanent d'un regard posé'
Aussi << 1L
y
z.» sû$iieÉt-il la descriptio* par l'éa*acé .quile
s*it
Ceci estleur
histoireaiu
n"
def
incipit'
Le
mot
« histoire»
permet deâoot
e, que 1e référent est déjà coÛnu du co-énonciateur car' présentdanslamémoirem*eaiu,*«memoirediscursive>lselonKleiberqui
precise que: «
r"
'"îo"tption
cognitive s'appuie
sur
le
critere
de << saillance pr"uUbfe»- iru*mt'é
1993a:
35)'
Ensuite'
c'est 1'anaphore nominale n""à*
dernière catégorie » qui précise ie référent sur lequei poxet'uct"
de nomnrer' Nousionstaton§ que le dialogisrne dansf incipit tietrt
à
deux éléments: il
rapporte d'auttes énoncés'comptetenudef'fittot"qu'ilprendcoflimeréférenceetdecritune
réaliré, un vécu.
s"iori;"";cle
àe Bakhtine. toute énonciation quelquelSans vouioir entrer dans les débats qui distinguent la « nomiuation >> de ia
dér:romination )), nous employons «nominatim
»
dufait
qu'il
s'agissec1e nomlner une catégorie hiea déterminêe de gens; marsnous avons , en même temps eir recours à l'emPloi du terme r'dénorlinationi) parts que le te'lme
« benikeiboun>> existe dans rm registre vulgaire et sert d'iosulte
adressée à des
signifiante et complète qu'elle soit par elle-même, ne constitue qu'une
fraction
d'ut
courant
de
communicationverbale
ininterronpue touchantla
vie
quotidienne,la
littérature,la
connaissance, etc.Bakhtine.M, V.N, (1977 :1136).
2.2.2.La négation
Le
dialogismeprend forme
au
nivæu
de
l'énoncé-phrase, de<< mierodialogue selon
le
cerclede
Bakhtine.S'il
y
a
dialogue àf
intérieurd'un
énoncé-phrase dialogique, c'estqu'il
est possible del'envisager coilrme au moins, deux énonces : un premier énoncé, auquel re,pond un deuxième.
« Quel peuple odmirable, reconnait Zine. Ni les abus ni les désillusions
n'ont
réussià le
délester de son ôme.Il
est resté brave, le peupled'Algérie,
rcoblejusque dans
la
débâcle,jamais
démissionnaire,toujours
debautquand
I'adversité dépasse. I'entendement.On
dtconfisqué ses vcleurs, chosifié ses mythes, clochordisé ses artistes...
»(
Khadra.Y, 20 I 4 : j 29-3j0).
Il
s'agitici
d'un enoncé dialogique et non dialogal. L'interaction n'estpas marquée par l'echange de parole mais plutôt par la polyphoaie et le discours rapporté. La notion de dialogisme dans l'énoncé [Le peuple
d'Algérie, noble jusque dans
la
debâclejarrais
démissionnaireJ que nous nonrmons[E],
dependd'un
autre énoncé,affirmatif
si
l'on
considère
son
anaphorisation dansle
cotexte ultérieur,que
nousnorrrnons [e], et que I'on peut paraphraser comme
suit:
<< ...1e peupled'Algérie est démissionnaire...
»
il
l'infirme
par l'adverbe<<janrais » anton5rme de«
toujours >»- L'énoncé [e] n'est pas inventé, comme le signalle cotxte
ultuieur
«...toujours debout...».
L'inkoduction de « toujours»
infirme
l'énoncé[e]
«le
peupled'Algérie
est toujours démissionnaire » qui est un énoncé affirmatif. Sil'on
reprend toute la séquencenous dirons que
l'actualisation modalede
[E]
en
tantqu'affrmation et négation, porte sur une unité qui a déjà été actualisée
et a
uustafirt d'énonce,à
savoir[e].
L'énonciateur en[E1]
attribue l'assertion de l'énoncé [e] « Le peuple d'Algérie est démissionnaire » àun autre énonciatzur [e1], et se charge quant à
lui
de la rejeter par la négation.L'énoncé dialogique présente donc
une
dualité hiérarchisée.A
la différence de ce qui se passe dans le dialogue externe, où les tours deparole sont
à
égalrté énonciative, chacunpar
exemplepossde
ses mârques d'aetualisation déictique et modale propre; dâns le dialogue interne du dialogisme chacun a un locuteur, l'énoncé [e] est enchâssépar
l'énonciation dans l'énoncé[E],
ce
qui
est montrépar
le
fait suivant:
§es mârquæ déictiques et modales propres sont effacées,il
significativement
il
n'a plus de locuteur" Sachant que l'énonciateur est I'instance aetualisatrice respoasable des actualisations déictique etmodale et
ie
locuteur est l'instance de l'actualisation phonétique ou graphique consistant à inscrire l'énoncé dans le mode sémiotique choisi(oral
ou
écrit).
Seul l'énoncé [EJa
*n
locuteurqui
correspond à l'énonciateur [81], l'énoncé [e] dispose d'un énonciateur [e1] mais nond'un
locuteur. L'énoncé dialogiquerelie
selon différentes formes d'intégration syirtaxique, deux ou plusieurs enoncés en les hiérarchisant dans le procès énonciatif.Il
conviendra de conclure que le dialogismed'un
énoncé[E]
tient
à
ce
qu'il
répondeà
un
énoncé[e]
qu'il
présuppose actualisé, en le rqlrenant de diverses façons allant de sa citation à sa négation.2.2.3. Le discours rapporté
Un énoncé ne "représente" jamais une réalité ûu une parole antérieure sans
qu'il
y
ait
altérationpar
unpoint
de vuedu
locuteurqui
les"râpporte" selon Bakhtine,(Bakhtine.
M,
1978:
106),il
explique quetoute parole est habitée de voix et d'cpinions au point qu elle peut êüe appréhendée cornme des reformulations de paroies antérieures. Cefte conception
du
langage suppose que toute énonciationn'est
qu'une sinrple partie d'un mouvement d'échange continu. C'est un dialogisme interdiscursif seloa lequel le sujet parla*t ne peut se positionner cornme une source mais comme un co-acteur ayant un rôle dans ce processussocial en constante réédification de signification, tout simplement « ça
parle » dans la parole du locuteur qui luimême reprend des propos et des opinions d'autrui. Ceci s'explique par le déplciement de plusieurs énonciateurs,
En
linguistiqueon
parle de dialcgisme constitutifpour exprimercet
alignemerrtselon lequel,
en
l'abseacede
marqua; explicites d'autres voix, toute parole résulte d'un ensembie de dialoguesavec cles opinions et des discours.
<t Toute cçuserie est chargée de transmissions et d'interprétations des
paroles d'autrui. On
y
trouveà
tout
instantune
"citation",
ufte"référence"
à
ce qu'adit
telle perso*rue,à
ce qu"'ondi{', à
€e que "c.hacuytrlit",
aux parales de !'interlocuteur,à
nos pyopres paroles antérieuyes, à unjournal,
une resolution, ttn document, un livre... Laplupart
des infarmatiarus sont Transmtses en génihal sous une formeindirecte, non comtne émçnant cle sai, mais se référant
à
une souree générale non précisée:
"j'ai entendu dire", "orc considère", "oft pense".(...) parmi tautes îes parales que vzous prononÇons dans la vte courcrute, une banne ruaitié naus vient d'autrui. » (Bakhtine .M, I97B
:
158), Voiei un extrait qui illustre l'idée :<< Le magnat extirpe un
petit
bloc-naîes de la poche intérieure de saSelon Malek Bennabi,
il
y
a le
colonisé etil ya
le colonisable. Les colonixes aspirentà
se
soustraire aujoug
qui
les
asswiettit.; lescalonisables, même
libres,
ont
constamment besoin d'urc maître. Certains se bradent sur la place de Paris et, ne trouvent pc$ preneurs, ils s'r,charnënt sar ceux qui rthnsissent... » (Khadra.Y,20|4 :82).Læ propos rapportés sont premiàement une parabole, celle-ci tefid à
presenter un fait persé, un fait qui sous-tend l'illustration d'une rfolité differente mais avec laquelle
elle
a
un lien
supposé. L'énonciateur reprend dans cet extrait rure citation de Malek Benabil.Il
y
a toujoursce
earactàe d'sstensionqui
suscite deux instanees discursives un énonciateuret un
co-énonciateurqui
se placentà
deux niveaux: niveaul:
énonciateur d'origine (Malek Benabi)et
son supposé co-énonciateurI I
mvcau2: énonciateur2 (magnat)d
co-énonciatsrr? situationnel; on peut désigner cortme étant niveau3, l'énoneiation dunarrateur
qui
presente dansun
enchâssementles
deux premières énonciations.Ces trois
niveaux
presupposenttous
tme
ou
des interaetiors. C'est aussi une forme dialogique clairement marquée àtravers l'enchâssçment énonciatif. L'énonciateur justifie son point de
vue vis-à-vis de cette societé en empruntant une réflexion et des propos antérieurs, ceux
de Malek
Benabi, une réference. C'estune
sorte d'assimilatien, de rapprochement, d'emboîtement.Vérine.D souligae
à
ce
titre
que toutes ces formes dialogiques se caractérisent par 1' enchâssement énonciatif qu' elles opàent, faisantinteragir au sein
d'un
seul et mêmetour
de parole l'énonciation encours
âvÊcune
oq
plusieurs autres énoneiations présentant des coordonnées (notanrment modales et déic$ques) differentes. (Verinq B :2006).'
Malek Benabi rm pensertr algérim qui s'est fortement imprégné de la culture arabo-musulmane et occidentale- On lui doit le concept « colonisabilité » quidesigrre lcs societés en décadence, c'est-à-dire celles
qui
ont perdu lerrdynamique sociale et sont ainsi en état de faiblesse structurelle qui aCit cornme un appel à la colonisation étrangère, terme qu'il utilisera dans son liwe << Les
conditioas de larenaissance ».
Malek Benabi visait à avertir les consciences musutmanes et relancsr tme
renaissance
de
la
societé musulmme-Il
étaitrm
fervent critique deI'administratiou du colonisatern Ëançais à ravers ses écrits et ses conférsnces. tl rejetait catégoriquement le statut dindigàe attribué à I'algérien.
Conclusion
Le dialogisme se traduit dans le récit de fiction Qu'attendent les singes
par
I'aspect de la circularité, de la réflexivité, c'est-à-dire par la reprisede paroles anterieures. Cette reprise
ne
véhicule pas seulement uncaractàe
cognitif
ou
réferentiel,
mais
elle
est
un
mûyen d'argumentation et d'interprétation, dansla
mesure où ces dernières permettent le rapprochement, voire le renouvellement du sens, marquépar
la
techniquedu point de
we.
La
nomination,la
négation, le discours rapporté, etc. Autantde faits
grammaticaux dont use le locuteur en tant ciu'acteur dans le processus del'âronciatiorl
afin des'édifier une posture énonciative au sein de son discours. L'approche énonciative
a
permisde ce
fait,
l'émergencede
la
subjectivité del'énonciateur à travers le regard posé et l'interprétation face à un co-énonciateur donc aussi de l'intersubjectivité puis
qu'il
tente de le faire agir.Bibliographie
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inÉrteur autophonique deforme directc à l'oral , Travaux de linguistique n'52
Kheira D-ïERÀDI
Maître-assistant
A
et doc'torante en science da langage Université OranZChercheur en analyse da discsurs et