• Aucun résultat trouvé

Pénurie d enseignants: Pourquoi les professeurs sont-ils en voie de disparition?

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Pénurie d enseignants: Pourquoi les professeurs sont-ils en voie de disparition?"

Copied!
5
0
0

Texte intégral

(1)

Pénurie d’enseignants: Pourquoi les professeurs sont-ils en voie de disparition ?

Author: Prof. Tunde Fatunde Source:bienenseigner

Les enseignants sont-ils tels les dinosaures en leur temps : en voie de disparition ? La plupart des pays sont victimes d’une pénurie d’enseignants, liée à une crise des vocations et à des conditions de travail difficiles. À la rentrée 2019, en Belgique, un tiers des postes n’étaient pas pourvus quand, en France, le nombre de professeurs se révélait insuffisant dans 45 % des établissements. En Allemagne, la pénurie d’enseignants a atteint son plus haut niveau depuis soixante ans. D’ici d’une dizaine d’années, il manquera 26 000 enseignants au primaire.

Au Québec, la pénurie d’enseignants s’aggrave et sera le plus grand défi en 2020, selon le ministre de l’Éducation. Les conséquences de cette problématique se manifestent par des classes sans profs en début d’année, dépannage obligatoire pour les enseignants réguliers, et des remplaçants en série.

Il y a une cinquantaine d’années, le professeur était important, respecté et bien rémunéré. Maintenant, les choses ont changé et la plupart des enseignants ne s’estiment pas valorisés par la société. C’est une triste réalité : ce métier n’attire plus. Mais la société ne s’en rend pas compte. Quand les gens ouvriront les yeux, il sera trop tard. Chaque année, plusieurs enseignants quittent la profession au cours des sept premières années après l’embauche. La plupart d’entre eux abandonnent par épuisement ou parce qu’ils considèrent leurs tâches de travail trop lourdes.

Les causes de la pénurie d’enseignants sont différentes : 1. Image du métier

C’est un métier devenu ingrat et sous-payé, déconsidéré par la société. Le prof doit subir les mutations, les réformes de programmes ou pédagogiques

(2)

permanentes, les inspecteurs parfois zélés, la hiérarchie changeante, souvent peu empathique et solidaire. Bref, l’image de l’enseignant est dévalorisée dans la société. Le corps enseignant est accusé d’être le seul responsable de l’échec des systèmes éducatifs. En effet, cette dévalorisation ressentie par les enseignants à l’égard de leur profession est profonde.

Selon les chiffres de l’enquête Talis, de l’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) réalisée tous les cinq ans, seulement 5 % des enseignants français pensent que leur métier est valorisé dans la société. De plus, la société sous-estime le temps réellement travaillé par les enseignants. Pour l’opinion publique, les profs travaillent moins chaque semaine que le reste de la population.

Donc, l’enseignant se sent moins reconnu, moins considéré et moins respecté. Et sans reconnaissance du métier, il est difficile de motiver les enseignants et d’inciter les étudiants à choisir cette profession. Un enseignant confirme cette réalité : « À force de nous dévaloriser et de nous accuser de tous les maux de la société, voici le résultat !!! »

2. Conditions de travail

Une autre difficulté déclarée par les enseignants est celle liée à la mobilisation des élèves. Ils proposent des activités pour enrôler leurs élèves dans un projet pédagogique, mais ils ne parviennent pas à réaliser cet intéressement. L’échec du travail d’intéressement signifie un échec pour les enseignants. Leurs élèves progresseront peu et leurs classes seront difficiles à tenir. En termes simples, la situation d’enseignement devient épuisante. Les profs déploient de plus en plus d’efforts pour au final, ne pas y arriver. Sans oublier le principe de mobilité nationale débile et la gestion verticale sans aucune humanité, qui consiste à envoyer les enseignants loin de chez eux, alors qu’il y a des postes pour contractuels juste à côté. Leur administration est tout simplement déconnectée de la réalité. Donc, le climat scolaire est défavorable à l’apprentissage.

Par ailleurs, la différenciation pédagogique et le souci de l’enseignement par compétences demandent du temps. Ils prennent un temps fou pour un résultat

(3)

tout à fait médiocre. Il est en effet tout à fait impossible de différencier les apprentissages dans des classes de 30 élèves !

3. La faiblesse du salaire

Un salaire d’enseignant est inférieur à celui des autres métiers. Rappelons que les enseignants ont un master, c’est-à-dire un diplôme de niveau bac +5 qui les place dans la catégorie « cadre ». Ils perçoivent un salaire mensuel de 1450 € net pour un bac+5 ! Le salaire net moyen des enseignants est donc inférieur de 25 % à celui des autres fonctionnaires non enseignants.

Face à ce salaire médiocre, on constate cependant une augmentation du temps de travail, car la charge de travail est de plus en plus lourde. Sans compter les heures supplémentaires obligatoires, celles peu ou pas payées, ou encore le bénévolat pour animer des ateliers par exemple. Venez donc accompagner un professeur pendant une journée, vous vous rendrez mieux compte de ce que c’est qu’être enseignant.

4. Le temps de travail

Il n’y a pas que les cours présentiels : il y a la préparation des cours, les corrections, les sorties pédagogiques (que les parents jugent souvent insuffisantes, sans connaître la préparation que cela demande en amont), les réunions pédagogiques, les formations, les ateliers, les rendez-vous avec les parents, la cantine et l’étude pour certains, les classes vertes, rousses ou de neige… les réunions de concertations pour faire les classes, les réunions pour les enfants en difficulté, suivis par la MDPH… vous devriez vraiment suivre un enseignant ou alors, passez le concours, vous pourrez faire valoir ce que vous voulez… ah non ! ce n’est pas possible : il y a des directives à suivre.

Il faut vraiment aimer ce métier pour l’exercer. Deux heures de cours requièrent au moins quatre heures de préparation, sans parler du temps consacré aux évaluations et aux remédiations. Lorsque l’élève a un bon niveau, c’est grâce à ses efforts, d’après lui. Mais lorsqu’il échoue, c’est à cause du prof qui ne sait pas enseigner. De plus, le temps de travail d’un enseignant n’est pas limité au nombre

(4)

d’heures passées devant les élèves. Ces heures ne représentent pourtant qu’une partie du temps du travail de l’enseignant. Il passe en effet bien plus de temps dans la préparation des cours, dans la correction des copies, et dans la réalisation d’autres tâches (travail avec d’autres collègues, rencontres avec les parents, tâches administratives…). Par ailleurs, ils travaillent plus que les employés dans d’autres domaines.

5. L’absence d’une réelle formation continue

Les conditions d’exercice actuelles deviennent très exigeantes. La formation continue devrait constituer une priorité pour offrir des cours de qualité, adaptés au contexte contemporain. Mais les enseignants sont bien loin de bénéficier d’une réelle formation continue. Par exemple, les professeurs français passent seulement deux jours et demi de formation continue par an. Ils ont trois fois moins de formations continues que les enseignants des autres pays de l’OCDE, nombre d’entre eux imposant un quota minimum de formation obligatoire. En Finlande, les enseignants participent à des formations entre un et cinq jours par an. Ce manque de formation continue et de réponses aux attentes des enseignants constitue un enjeu majeur pour l’attractivité du métier et la possibilité d’évoluer tout au long de la carrière.

6. Parents-rois

C’est le seul métier où d’autres viennent s’immiscer et donner des conseils aux enseignants. Ce sont les parents-rois, qui passent dans les dos des profs pour contacter la direction parce qu’ils ne sont pas d’accord sur une note, une correction… ou une appréciation sur le bulletin. Parfois, ils se plaignent que leur enfant a été sanctionné à cause de son comportement. Et malheureusement, la hiérarchie ne veut pas froisser ces parents.

Ces parents n’oseraient pas faire cela à leur dentiste ou leur médecin. Ont-ils déjà dit à un maçon comment monter une maison ? À un banquier comment calculer un emprunt ? Il n’y a plus aucun respect pour la profession, ni pour l’humain qui est derrière, et qui chaque jour, forme et éduque leur progéniture… ce que ces mêmes parents ne font pas…

(5)

7. Les parents démissionnaires

Les parents sont démissionnaires. Ils culpabilisent l’école qui ne sait pas faire, ne sait pas éduquer leurs enfants, tout le temps ! Donc, ils ne font plus la distinction (pourtant primordiale !) entre enseignement et éducation. L’école enseigne, les parents éduquent… Et pour l’instant, de ce que nous pouvons constater dans les écoles, les parents laissent les deux volets à la charge de l’école….

En d’autres termes, si les enseignants ont un rôle de co-éducation avec les parents, ces derniers ne remplissent pas toujours leur part. Le résultat étant que les enseignants en ont assez d’être sans arrêt critiqués par des parents qui, la plupart du temps, n’y connaissent absolument rien à l’enseignement, et qui au final, n’ont que des enfants hyper mal élevés (et non pas hyperactifs…)

Comment faire face à la pénurie d’enseignants ?

1. Revaloriser l’image de l’enseignant dans la société, et redonner l’importance centrale à la profession enseignante, celle qu’elle devrait occuper dans toute société authentiquement préoccupée de son avenir social et économique.

2. Augmenter les salaires des enseignants : ils sont mal payés et leur salaire n’a pas évolué comme celui des autres employés. Un enseignant a déclaré que les enseignants vont bénéficier de cette pénurie : « Peut-être qu’un jour, on sera tellement rares qu’on sera payés correctement ! »

3. Améliorer les conditions de travail : Encadrer systématiquement et offrir un soutien actif obligatoire à tous les enseignants.Repenser la formation continue des enseignants, et prévoir davantage de temps dans l’horaire des enseignants.Exiger un nombre normal d’élèves.

Références

Documents relatifs

Les hommes actifs passent plus de temps en moyenne à leur travail que les femmes actives : six heures vingt-deux pour les premiers contre cinq heures pour les secondes

Et ceux qui s'enfermeraient dans l'édüice aveuglé, caressant de leurs mains des murs froids et rudes et des outils inertes, ceux qui refuseraient de prendre le recul

Dans une série de travaux récents (voir par exemple Guy, 2011, 2014), nous avons présenté notre compréhension du temps, intimement liée à celle de l’espace et du

Résumer un texte ou une histoire c’est reprendre les idées principales du texte sans rentrer dans les détails.. Un résumé doit

[r]

« nous autres+vous autres = tout ». On ne sait pas si, dans l’opinion de Rosier, l’ensemble supérieur contenant nous autres Espagnols peut être réellement ceux qui ne sont

Quand une pratique partagée s’avère peu pertinente, une activité parallèle est à envisager, mais si la mise à l’écart perdure il peut être préférable qu’un élève suive,

C’est chaque fois d’autres ensembles qui se créent pour un temps et pour un espace donnés, où chacun se fait une place, dit sa façon de penser, et se conduit le plus souvent