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Décentralisation et santé en Afrique subsaharienne

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Academic year: 2022

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APPEL A CONTRIBUTION

DECENTRALISATION ET SANTE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE: DYNAMIQUES, ENJEUX ET STRATEGIES DES ACTEURS

Argumentaire

Au lendemain des indépendances, les premiers gouvernants africains ont, dans le but de maintenir et de protéger la santé de leurs populations, entrepris de former les professionnels de santé et surtout d’intensifier la couverture sanitaire, en multipliant les établissements de santé tant en zones urbaines que rurales. A cette période, les soins et les médicaments étaient gratuits et les Etats étaient les seuls à les fournir. C’était le règne de l’Etat providence. Mais la croissance démographique rapide du continent, les conjonctures économiques, l’insuffisance des médicaments et surtout la mauvaise qualité des soins délivrés dans les structures sanitaires nouvellement créées, n’ont pas favorisé la prospérité de ce système monopolistique. Ainsi, au début des années 1970, ces faibles performances qui ont entraîné une sous-utilisation des services de santé ont contraint la plupart des pays africains à entreprendre de nouvelles réformes dans le but de décentrer le système des soins et de garantir une « santé pour tous à l’orée 2000 ». Donc, grâce au soutien des partenaires bi et multilatéraux, les gouvernants vont initier par exemple le renforcement des rôles des acteurs locaux et privés dans la gestion des problèmes de santé, en favorisant notamment l’opérationnalisation progressive des districts des soins.

Ce décentrement du système de santé s’accélère au lendemain de la conférence internationale d’Alma-Ata tenue en septembre 1978 avec la participation de plusieurs responsables mondiaux du « biopouvoir » (Foucauld, 2000). A partir de cette période, le secteur de la santé s’ouvre progressivement à des nouveaux acteurs, notamment les associations, les collectivités territoriales décentralisées, les structures traditionnelles et privées, les organisations non gouvernementales (ONG), etc. Cette diversification des acteurs a ainsi permis de passer d’une gestion sectorielle, nationale et corporatiste des problèmes de santé à une gestion locale et transversale. Autrement dit, le monopole jusque-là détenu par l’Etat dans la fourniture des soins s’est brisé et, dès lors, la santé est devenue un objet de négociation et son secteur, un champ de conflits perpétuels entre les acteurs internationaux, nationaux et locaux (Touré & Sanogo, 2011).

Cette gouvernance pluri-acteurs qui, comme sus-développé, n’est pas une donnée nouvelle dans le secteur de la santé, va se renforcer dans les Etats africains au début des années 1990, avec la réaffirmation dans les lois fondamentales, de la politique de décentralisation. D’ailleurs, la santé reste, jusqu’ici, l’un des secteurs où cette politique publique connaît ses applications les plus concrètes en Afrique. Districts de santé, comités de santé et de gestion, associations et organismes privés, etc. font partie de ces acteurs qui, au niveau opérationnel, gèrent les problèmes de santé longtemps avant que le transfert des compétences ne devienne juridiquement, le modèle de gouvernance le plus courant en Afrique subsaharienne. Cet encadrement juridique des pratiques en vigueur, depuis les années 1970, dans le domaine de la santé a fait d’elle, non plus l’apanage exclusif de l’Etat et des professionnels, mais désormais un objet de débat public. Toutefois, l’adoption de la forme décentralisée par les Etats vient donner un coup d’accélérateur et de la consistance au développement des secteurs divers dont la santé, si l’on s’en tient aux textes. Bien de compétences sont censées être transférées aux collectivités territoriales décentralisées qui doivent devenir des actrices et des promotrices de leur propre développement. Seulement, entre les textes adoptés et promulgués en matière de décentralisation dans les pays africains et la réalité sur le terrain, il y a un réel décalage. Cette nouvelle donne tarde à prendre véritablement corps dans de nombreux pays, où les discours sur la décentralisation sont légion alors que les faits relatifs à son effectivité sur le terrain sont plutôt autres.

Une exploration de la littérature scientifique sur la décentralisation laisse apparaître qu’elle a fait l’objet d’une abondante publication. Des chercheurs relevant du droit, de l’économie, de la science politique, de l’anthropologie du développement, de l’histoire, de la sociologie et bien d’autres disciplines se sont intéressés à cette question selon diverses approches. Cependant, la problématique de la décentralisation dans le domaine de la santé n’est pas assez documentée. D’ailleurs, Touré et Sanogo (2011 : 11) pensent, à la suite de Gaudusson et Médard (2001) que, jusqu’ici, les chercheurs se sont intéressés

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particulièrement à la mise en œuvre de la décentralisation administrative, et notamment entre l’articulation des pouvoirs issus des urnes et les pouvoirs locaux existants. Or, il est établi que l’introduction des nouveaux acteurs dans le domaine de la santé, du fait de la décentralisation, a considérablement modifié la gouvernance sanitaire en Afrique subsaharienne (Soura & Coulibaly, 2014 : 153). La recherche sur les questions de santé et de sa gouvernance en Afrique gagnerait donc à documenter cette problématique.

Le présent projet d’ouvrage vise à susciter une lecture plurielle des dynamiques, des défis et du déploiement des acteurs dans un contexte sanitaire africain marqué par le transfert des compétences des centres vers les périphéries. Dès lors, il est important de construire, dans une perspective transdisciplinaire, une intelligibilité du phénomène de décentralisation dans le domaine de la santé en Afrique. Les dynamiques et les enjeux de la décentralisation dans ce domaine, les stratégies des acteurs pour impulser ou retarder ce processus, constituent, à cet effet, des pistes à explorer.

Le présent appel est ouvert à toutes les personnes qui voudront bien formuler des propositions de contribution abordant divers aspects de cette question, selon une approche locale, nationale, sous-régionale ou continentale. Juristes, cadres du secteur public/privé en matière de santé, de la société civile, de décentralisation, consultants, polistes, sociologues, anthropologues, économistes, internationalistes, journalistes acteurs de développement, sont vivement encouragés à soumettre un résumé d’une page maximum en précisant les éléments suivants : titre du projet d’article, nom, prénom et coordonnées du/des auteurs au plus tard le 06 janvier 2017 aux deux adresses suivantes : ibrahimmouliom@gmail.com; wassounifrancois@gmail.com .

Sans être exhaustif, les propositions pourront s’inscrire autour des orientations suivantes :

-l’histoire de la décentralisation en Afrique avec un accent sur le secteur de la santé. Ce sous-thème invite à réfléchir sur les fondements historiques de la décentralisation des systèmes de santé en Afrique subsaharienne. Il s’agit, à cet effet, de questionner, dans une perspective historique, l’évolution de cette politique publique à partir de l’indépendance jusqu’à nos jours ;

-les dynamiques dérivées de la décentralisation sanitaire en Afrique subsaharienne.

Il est question ici d’explorer les changements que la décentralisation a provoqués dans le domaine de la santé en Afrique. Autrement dit, les chercheurs doivent interroger les mutations survenues dans le paysage sanitaire africain depuis que la décentralisation a été introduite comme politique publique devant impulser l’accessibilité aux soins de santé en Afrique subsaharienne ;

-les enjeux de la décentralisation dans le secteur de la santé en Afrique subsaharienne. Cette axe invite à proposer des réflexions, non seulement sur la plus- value, mais aussi sur les effets pervers de la décentralisation dans le système de santé en Afrique subsaharienne ;

-la décentralisation et ses acteurs. Dans ce contexte, il s’agit de présenter les acteurs qui interviennent dans le champ de la santé, d’interroger leurs rôles et surtout les stratégies qu’ils construisent quotidiennement pour s’assurer une existence dans cet espace où règnent compétition, chevauchement des compétences et conflits ;

-la décentralisation et ses problèmes. Ici, il est question d’inventorier les problèmes que pose la décentralisation au secteur de la santé et de les analyser pour ressortir les facteurs, les acteurs à la base et leurs effets directs ou indirects. Puis, il est important de montrer en quoi ces problèmes constituent des défis à relever dans la perspective d’une décentralisation réussie dans le domaine de la santé en Afrique.

Les auteurs des propositions retenues seront informés au plus tard 23 janvier 2017. Les textes définitifs devront être envoyés aux mêmes adresses au plus tard le 30 avril 2017. La période envisagée pour la parution de l’ouvrage collectif est la fin d’année 2017.

N/B : Une fois les propositions retenues, le guidelines (instructions aux auteurs) sera aussitôt envoyé pour la production de l’article final.

Coordination scientifique

 Dr Ibrahim Bienvenu MOULIOM MOUNGBAKOU (Chargé de Cours, département de sociologie et d’anthropologie, Université de Maroua/Cameroun)

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 Dr François WASSOUNI (Université de Maroua/Cameroun, département d’histoire).

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