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Faut-il collaborer avec les médecines alternatives ?

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224 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 25 janvier 2012 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 25 janvier 2012 0 présentation clinique

Une patiente de 45 ans consulte pour des troubles du sommeil. Elle souhaite un traitement naturel. Elle demande lors de la consultation de lui prescrire du Griffonia simplificolia «vu que les mé- decines complémentaires sont mainte- nant reconnues et remboursées». Elle demande si le traitement est effective- ment remboursé, le dosage et si c’est bien naturel et très efficace comme elle l’a lu sur internet.

commentaire

Le Griffonia simplificolia contient du 5-hydroxytryptophane (5-http). Sur le plan du mécanisme, le l-tryptophane pourrait être efficace dans le traitement des troubles du sommeil, car c’est le précurseur métabo- lique de la sérotonine. Il n’y a toutefois pas d’étude qui prouve l’efficacité de cette subs- tance chez l’humain dans cette indication. Il est important d’évaluer, si la patiente veut prendre du Griffonia, les éventuels ris ques d’interactions avec des médicaments affec- tant la sérotonine (par exemple : un antidé- presseur, tramadol, etc.) et de signaler que ce produit peut avoir des effets secondaires (comme par exemple : des nausées, vomisse- ments, diarrhées, douleurs muscu laires, py- rosis, somnolence et des troubles sexuels).

Dans le domaine de la médecine complé- mentaire, il existe de meilleures preu ves d’ef- ficacité pour d’autres traitements des trou- bles du sommeil, que l’on devrait proposer préférentiellement à cette patiente qui sou- haite un traitement «naturel», comme par exemple la valériane, la mélatonine, le bio- feedback ou des techniques de relaxation.

Dans le domaine des thérapies non médi-

camenteuses, la thérapie cognitivo-compor- tementale a également montré des résul- tats positifs.

Du fait des recherches menées ces der- nières années, les données publiées sur l’efficacité des médecines complémentaires sont devenues relativement abondantes, y compris au niveau des revues systémati- ques. Ainsi, le médecin peut voir les don- nées probantes concernant quelques pres- tations de médecine complémentaire comme un apport bienvenu, qui augmente les chan- ces de trouver un traitement convenable et bien accepté. La prudence est de mise pour la question des interactions : si elles ont été largement explorées de façon informelle par le fait que tant de patients utilisent des médecines complémentaires sans même en parler à leur médecin, elles ont cependant été assez peu documentées de façon spé- cifique. Il y a là un immense champ d’inves- tigations à explorer. En cas d’absence de données cliniques probantes, il faut rappe- ler que l’absence de preuve d’efficacité n’est pas une preuve d’inefficacité.

Les informations que le médecin peut transmettre à son patient concernant le re-

Faut-il collaborer avec

les médecines alternatives ?

Quadrimed 2012

Point controversé

L’absence de preuve d’efficacité ne signifie pas la preuve d’inefficacité. Toutefois, lorsqu’un autre traite­

ment reconnu comme efficace existe, il devrait être proposé préférentiellement par le médecin, tout en discutant aussi la question de la sécurité. Un patient qui souhaite suivre un traitement dénué de preuve scientifique d’efficacité doit bénéficier de la même empathie que tout autre patient : le respect de l’au­

tonomie du patient et le dialogue permettent de maintenir le lien, de rester informé sur les autres approches auxquelles le patient recourt… et par­

fois de se laisser étonner ! Quoi qu’il en soit, le fait d’aborder ouvertement et dans un climat compré­

hensif cette question avec un patient demeure assu­

rément une opportunité d’asseoir l’alliance thérapeu­

tique nécessaire à tout traitement médical qui lui sera proposé.

P.-Y. Rodondi B. Graz

E. Bonvin

Drs Pierre-Yves Rodondi et Bertrand Graz Pr Eric Bonvin

Unité de recherche et d’enseignement sur les médecines complémentaires CHUV/UNIL

1011 Lausanne eric.bonvin@chuv.ch eric.bonvin@hopitalvs.ch

Rev Med Suisse 2012 ; 8 : 224­5

Tableau 1. Exemples de médecines complémentaires recommandées

Problèmes Médecines complémentaires

Hypertension artérielle Biofeedback

Nausée (postopératoire, chimiothérapie) Stimulation d’un point d’acupuncture

Dépression Millepertuis

Hyperlipidémie Acides gras omega­3 (huile de poisson) Douleur Acupuncture

Insomnie Valériane

Convergences des recommandations de la Mayo Clinic et du «Oxford Handbook of complementary medicine»

pour des problèmes courants en médecine interne générale.

Implications pratiques

Naturel ne veut pas dire dénué d’effets secondaires ou d’interactions médicamenteuses Il existe des preuves d’efficacité de certains produits ou prestations des médecines com­

plémentaires dans certaines indications

Il est important que le médecin puisse discuter des traitements de médecines complé­

mentaires avec le patient et le conseiller sur la base d’informations scientifiques

Aborder la question des traitements complémentaires devrait également être l’occasion d’approfondir le dialogue avec son patient au sujet de son implication dans la recherche de solutions. Cela peut être aussi l’occasion de poser plus explicitement les buts du trai­

tement médical qu’on lui propose pour l’accompagner vers le soulagement de ses souf­

frances E E E E

cours à des médecines complémentaires sont importantes : expliquer les risques et bénéfices des thérapies selon des données scientifiques factuelles, rendre attentif au fait qu’un produit «naturel» peut comporter des risques en soi ou être mélangé à d’au- tres produits, vérifier les interactions éven- tuelles entre une MC (médecine complé- mentaire) et la médication conventionnelle (favoriser le cas échéant le recours à des thérapies non médicamenteuses) et recom- mander des sites internet de confiance.

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0 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 25 janvier 2012 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 25 janvier 2012 225

Bibliographie

• Bauer B, editor. Mayo Clinic book of alternative medi­

cine. New York : Time Inc., 2007.

• Graz B, Rodondi PY, Bonvin E. Existe­t­il des données scientifiques sur l’efficacité clinique des médecines com­

plémentaires ? Forum Médical Suisse 2011;11:808­13.

• Morin CM, Hauri PJ, et al. Nonpharmacologic treat­

ment of chronic insomnia. An American academy of sleep

medicine review. Sleep 1999;22:1134­56.

• National center for complementary and alternative me­

dicine (NCCAM) : http://nccam.nih.gov/

Sites de références dans le domaine des médecines complémentaires :

http://nccam.nih.gov/research/camonpubmed

www.cochrane.org/

www.passeportsante.net/fr/ApprochesComplementaires/

Map/Index.aspx

http://naturalstandard.com/ (site payant)

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Références

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