Correspondances en Onco-Hématologie - Vol. XIII - n° 2 - mars-avril 2018 52
R e v u e d e p r e s s e de l’Association des internes en hématologie
Équipe rédactionnelle :
Maya Belhadj (Paris) Thomas Chalopin (Tours) Mathieu Meunier (Grenoble) Nicolas Stocker (Reims)
Coordination : Cédric Rossi (Toulouse et Dijon)
TIGIT : un nouveau venu dans la famille des immune checkpoints
Les lymphocytes T (LT) du microenvironnement tumoral du lymphome folliculaire (LF) ont une capacité dimi- nuée à induire une réponse antitumorale, notamment à cause de la surexpression de PD-1, qui est donc une cible intéressante dans cette pathologie.
Les auteurs de cet article ont étudié les caractéristiques des LT intratumoraux sur des échantillons de LF en les comparant à ceux retrouvés dans des prélèvements amygdaliens ou sanguins de sujets sains. Ils ont ainsi mis en évidence une augmentation de la proportion de LT-CD8 exprimant PD-1, mais aussi une altération de la signalisation tardive du TCR (T-Cell Receptor) associée à une diminution de la sécrétion d’interféron γ (IFNγ) par les LT-CD8 PD-1+ et PD-1–, ce qui traduit la présence d’autres récepteurs inhibiteurs. Une étude en cytométrie en flux du niveau d’expression de 9 récepteurs inhibi- teurs a montré que l’immunorécepteur lymphocytaire T avec immunoglobuline et domaine ITIM (TIGIT) était fortement exprimé à la surface des LT-CD8 intratumo- raux. Les ligands de TIGIT, CD112 et CD155, étaient exprimés majoritairement par les cellules dentritiques du microenvironnement tumoral. Une mise en culture in vitro des cellules lymphomateuses et des LT-CD8 sans ces cellules dentritiques permettait de restaurer la signalisation du TCR et la production d’IFNγ.
Commentaire. La restauration d’une fonction lympho- cytaire T-CD8 normale en l’absence des ligands de TIGIT suggère que son inhibition pourrait représenter une cible thérapeutique pertinente dans le LF. Une immunothérapie associant une co-inhibition de TIGIT et de PD-1 semblerait intéressante dans la mesure où tous les lymphocytes T du micro environnement tumoral ne surexpriment pas PD-1.
Il ne reste plus qu’à attendre le développement d’un inhi- biteur de TIGIT pour tester ces hypothèses.
M. Belhadj (Paris)
• Josefsson SE, Huse K, Kolstad A et al. T cells expressing checkpoint recep- tor TIGIT are enriched in follicular lymphoma tumors and characterized by reversible suppression of T-cell receptor signaling. Clin Cancer Res 2018;24(4):870-81.
La bendamustine surclasse le chlorambucil dans la LLC
L’association du rituximab à la fludarabine et au cyclo- phosphamide (FCR) est un standard de traitement de première ligne chez les patients atteints d’une leucémie lymphoïde chronique (LLC) et éligibles à la fludarabine.
Pour les patients inéligibles, une comparaison des dif- férentes stratégies reste nécessaire.
L’étude MABLE, essai de phase IIIb, a ainsi évalué l’asso- ciation du rituximab à la bendamustine (BR) ou au chlorambucil (RClb) dans cette indication. Entre 2010 et 2014, 357 patients ont été inclus, dont 241 en pre- mière ligne de traitement : 121 patients ont reçu BR et 120 autres RClb. Les taux de réponse globale sont comparables (91 % pour BR et 86 % pour RClb), tandis que l’association BR permet d’obtenir 24 % de réponse complète, contre 9 % pour RClb (p = 0,01). Après un suivi médian de 23 mois par bras, la médiane de survie sans progression est supérieure de 10 mois dans le bras BR (39,6 versus 29,9 mois [HR = 0,523 ; p = 0,003]), sans gain de survie globale (BR : médiane de 43,8 mois ; RClb : médiane non atteinte [HR = 0,975 ; p = 0,939]). La maladie résiduelle est négative dans la moelle osseuse chez 43 % des patients après traitement par BR, contre 13 % après RClb. La toxicité dans les bras étudiés est comparable, avec principalement des neutropénies, des réactions à la perfusion du rituximab et des infections.
Commentaire. L’association BR permet donc d’obtenir un bénéfice en termes de taux de réponse complète et de survie sans progression, ainsi qu’une négativation supérieure de la maladie résiduelle. Si l’efficacité est encourageante et la toxicité raisonnable, une comparaison future à une asso- ciation obinutuzumab-bendamustine s’annonce prometteuse.
En conclusion, la stratégie BR peut être considérée comme une option intéressante de traitement des patients atteints de LLC et non éligibles à la fludarabine.
N. Stocker (Reims)
• Michallet AS, Aktan M, Hiddemann W et al. Rituximab plus ben- damustine or chlorambucil for chronic lymphocytic leukemia: primary analysis of the randomized, open-label MABLE study. Haematologica 2018;103(4):698-706.