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Texte intégral

(1)

Géographie, économie, Société 10 (2008) 391-427

géographie économie société géographie économie société

doi:10.3166/ges.10.389-425 © 2008 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Les limites de l’investissement direct étranger manufacturier comme moteur

de développement économique.

Enseignements tirés de l’étude de deux cas : la filiale maquiladora et Sony Manufacturing UK

1

The limitations of foreign direct investment as engine of economic development. Lessons learned

from the study of two cases: the maquiladora subsidiary and Sony Manufacturing UK

Lucas van Wunnik

*

Departament d’Organització d’Empreses, Universitat Politècnica de Catalunya Avda. Diagonal, 647, planta 7, 08028 Barcelona, Espagne

Résumé

Dans cet article, nous essayons à partir de l’analyse de deux cas apparemment très dissemblables – une filiale maquiladora taiwanaise de l’habillement (Nien Hsing Textile) au Nicaragua et une filiale manufacturière de Sony au Pays de Galles (Sony Manufacturing UK) – de vérifier l’existence des bienfaits attribués par de nombreux chercheurs à l’investissement direct étranger manufactu-

1 Je désire remercier Georges Benko, Alain Musset et Erik Swyngedouw pour leurs conseils durant les différentes étapes de la réalisation de ce travail. Mes remerciements vont aussi à l’Agencia Española de Cooperación Internacional (l’agence de coopération du gouvernement espagnol) et au Comisionat para Universitats i Recerca de la Generalitat de Catalunya (gouvernement catalan) qui financèrent mes séjours au Nicaragua et au Pays de Galles.

*Adresse email : lucas.van.wunnik@upc.edu

(2)

rier comme instrument de développement dans les économies des territoires périphériques. Dans chaque cas, nous étudions trois questions spécifiques : (1) la diffusion technologique à partir de la filiale, (2) le potentiel de mobilité des activités manufacturières de la filiale et (3) l’évolution de la qualité de la filiale (insertion dans le territoire et complexité des activités effectuées) dans le temps.

Les similitudes, que nous retrouvons dans les deux cas, nous amènent à douter de la contribution de cet investissement étranger au potentiel de développement de l’économie du territoire d’accueil.

Plus qu’un développement économique du territoire, ces deux filiales manufacturières semblent plutôt avoir occasionné le développement d’une enclave productive dans le territoire.

© 2008 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Summary

Using the analysis of two apparently very different cases, a Taiwanese maquiladora subsidiary of the gar- ment industry (Nien Hsing Textile) in Nicaragua and Sony’s manufacturing subsidiary in Wales (Sony Manufacturing UK), we try to verify the existence of the benefits attributed by many scholars to manufac- turing foreign direct investment as engine of development in peripheral territories economies. In each case, we study three specific questions: (1) the technological transfer from the subsidiary, (2) the mobility poten- tial of the manufacturing activities of the subsidiary, and (3) the evolution of the quality of the subsidiary (integration in the territory and complexity of the activities realised) in time. The invalidating similarities found in the two cases cast doubts upon the contribution of this investment to the development potential of the economy of the host territory. More than an economic development of the territory, these two manufac- turing subsidiaries seem to have provoked the development of a productive enclave in the territory.

© 2008 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Mots clés : investissement direct étranger, développement économique, Nicaragua, Pays de Galles, textile-habillement, électronique grand public.

Keywords: foreign direct investment, economic development, Nicaragua, Wales, garment, consumer electronics.

« (...) what we ought to aim is less the ascertainment of resemblances and differences than the recognition of likeness hidden under apparent divergences. »2 L’investissement direct étranger offre-t-il au territoire une opportunité de développe- ment réelle ? Ou, en d’autres termes, offre-t-il un chemin par l’entremise duquel le terri- toire peut développer son potentiel économique à long terme ?

De nombreux gouvernements, au Nord comme au Sud, de pays ou de régions, sem- blent croire que la réponse à cette question est affirmative. Mis à part les effets quantita- tifs (création d’emplois, contribution au PIB et aux exportations, etc.), l’investissement direct étranger aurait aussi des effets qualitatifs plus durables (diffusion technologique, diversification du tissu productif, etc.). Aussi basent-ils une grande partie de leur poli- tique de développement économique sur l’attraction de cet investissement étranger en

2 « (...) ce que nous devrions rechercher est moins la découverte de ressemblances et de différences que le discernement de ressemblances cachées sous des divergences apparentes » (Pirsig, 1989 : 268).

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offrant des avantages aux entreprises étrangères (exonérations d’impôts, subventions, prêts à conditions avantageuses, séminaires de formation des travailleurs, etc.) (voir, par exemple, Michalet, 1999, 2007, Rodrik, 2007, Bailey et Driffield, 2002). Comme l’écrit C.-A. Michalet (2007 : 129), à l’heure actuelle, « attirer sur son territoire les filiales des multinationales devient un mot d’ordre généralisé ».

Mais une telle croyance dans les bienfaits de l’investissement direct étranger est-elle toujours justifiée ?

Le présent article essaye d’apporter quelques éléments de réponse à cette question, du moins pour un type donné d’investissement étranger, à savoir l’investissement direct étranger manufacturier effectué par une entreprise multinationale :

- qui vend son produit sur un marché où la concurrence en prix est vigoureuse ; - qui recherche, avec cet investissement, l’accès à un marché (éviter les barrières douaniè-

res, diminuer les coûts de transport, réduire le temps de réponse à une commande, etc.).

Fréquemment, l’investissement direct étranger manufacturier dans les territoires péri- phériques répond à ces deux caractéristiques. L’entreprise multinationale y cherche une localisation de la production qui lui offre simultanément l’accès à un marché et la mini- misation des coûts (Michalet, 1999)3.

La structure de l’article est la suivante. Dans la première section, nous présentons les deux convictions sur lesquelles s’appuient ceux qui considèrent l’investissement direct étranger comme un moteur de développement économique. Dans la seconde section, nous exposons notre méthodologie de recherche. Dans la troisième et quatrième sections, nous décrivons les deux cas étudiés :

- la filiale maquiladora d’une entreprise textile taiwanaise au Nicaragua4 (Nien Hsing Textile Co.) ;

- la filiale manufacturière de Sony au Pays de Galles.

Dans la cinquième section, nous présentons les résultats similaires trouvés dans ces deux cas apparemment différents. Ceci nous mène, dans la sixième section, à exposer nos doutes quant au rôle de moteur de développement économique de l’investissement direct étranger manufacturier, du moins dans le contexte actuel de l’économie mondiale.

1. Les deux convictions des défenseurs de l’investissement direct étranger

De nombreux chercheurs semblent convaincus que l’investissement direct étranger constitue une solution aux problèmes économiques d’un territoire périphérique, qu’il soit un pays en voie de développement ou une région moins développée de l’Union Européenne. Voici quelques-unes de leurs affirmations:

- « L’investissement direct étranger (est, dans les économies émergentes, un) moteur de croissance et de transformation structurelle » (OECD, 1998 : 53).

3 Dans son enquête auprès de managers d’entreprises multinationales implantées dans les pays du centre et de l’est de l’Europe et des pays du pourtour méditerranéen, C.-A. Michalet (1999) constate que ces entreprises cherchent, avec leurs décisions d’investissement, simultanément l’accès à un marché et la minimisation des coûts.

4 Le terme de maquila ou d’industrie maquiladora s’utilise, en Amérique Latine, pour se référer à une industrie d’exportation qui assemble des biens intermédiaires importés et qui bénéficie d’un traitement fiscal et tarifaire préférentiel (les entreprises ne paient pas d’impôts, ni ne paient de droits de douane sur les biens intermédiaires importés).

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- « (Les entreprises multinationales forment) les conduits qui laissent circuler les idées productives d’un côté à l’autre des frontières nationales » (Romer, 1993 : 544).

- « (...) un pays assemblant des chaussures ne sera vraisemblablement pas bloqué à ce stade; l’expérience, la formation et les investissements physiques additionnels mène- ront (le pays) de l’assemblage de chaussures à celui de biens électroniques, de l’as- semblage de biens électroniques à celui de biens de consommation plus sophistiqués, et de là aux composants d’automobiles jusqu’à, peut-être un jour, (l’assemblage) de biens de haute technologie » (Radelet, 1999).

- « (...) même à Tijuana, au cœur du pays des maquiladoras5 (région frontalière du Mexique avec les Etats-Unis) les implacables lois de l’économie (stern laws of eco- nomics) s’imposent. Jadis, Tijuana était une région de production à faible salaire et à faible valeur ajoutée. Maintenant, elle est en train de se déplacer vers une forme plus développée d’industrialisation. (...) l’histoire sera reconnaissante envers les leçons que les maquiladoras ont données. Et ainsi le seront également les autres régions du monde vers lesquelles leurs successeurs ont émigré avec succès » (The Economist, 1998).

- « (Les entreprises étrangères constituent) la neige qui est au sommet de la montagne et qui lors du dégel devient l’eau qui aide les terres de la vallée à être plus ferti- les » (M. España Olivero6, conseiller du Ministère de l’Industrie et du Commerce du Nicaragua).

- « L’industrie, spécialement celle qui appartient aux étrangers, est la clé de la prospé- rité future (du pays de Galles) » (Institute of Welsh Affairs7).

Selon la lecture que nous avons faite des analyses de ces défenseurs ou enthousias- tes de l’investissement direct étranger (voir aussi, Cooke et Morgan, 1998: chapitre 6 ; Blomström et Kokko, 1997 ; Ghauri, 1994 ; Dowlatshahi et Contreras, 1999 ; Johansson, 1994), cet optimisme s’appuie fondamentalement sur deux convictions.

Primo, la conviction que les établissements des entreprises multinationales contribuent au potentiel de développement de l’économie d’accueil, grâce à la diffusion technologique et la génération d’une demande critique d’inputs territoriaux (les « effets de seuil »8).

Secundo, la conviction que les établissements des entreprises multinationales « s’amé- liorent » (upgrade) graduellement dans le temps. Ceci implique que, même si les filiales manufacturières sont initialement de faible qualité (des filiales qui réalisent uniquement des activités d’assemblage de produits finaux simples et qui n’ont pas de relations avec des fournisseurs locaux), il ne faut pas s’inquiéter. Progressivement, ces filiales :

- s’insèreront dans l’économie d’accueil (elles auront des liens avec des fournisseurs locaux, elles emploieront des ingénieurs ou des managers locaux, elles auront une plus grande autonomie à l’intérieur de leur groupe, etc.) ;

5 Au Mexique, l’industrie maquiladora est, en grande partie, en mains étrangères.

6 Cité dans Meléndez (2002).

7 Institute of Welsh Affairs (1996), Wales 2010: Three Years On, Cardiff, cité dans Lovering (1999 : 15).

8 Si la demande d’inputs (biens intermédiaires, biens d’équipement et services) des filiales dépasse le seuil critique de la rentabilité, elle autorisera la production locale de cet input, ce qui permettra, à son tour, de rendre le tissu productif territorial plus dense. Comme l’écrit R. Caves (1996: 232) au sujet des pays en voie de développement: « (...) de nombreuses cellules du tableau input-output d’un pays en voie de développement sont vides (...). Encouragée par une demande spécifique pour un produit (provenant de filiales d’entreprises multinationales étrangères) (...), une activité viable peut surgir (et ainsi remplir quelques cellules vides du tableau input-output). »

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- réaliseront des activités plus complexes (elles fabriqueront des produits plus sophis- tiqués, elles auront une fonction de recherche et développement, etc.).

Par conséquent, elles accroîtront petit à petit leur contribution au potentiel de dévelop- pement de l’économie du territoire d’accueil.

2. Les trois questions de recherche et les deux cas

Afin de vérifier la véracité des deux convictions des défenseurs de l’investissement direct étranger, nous analysons, dans le cas de deux filiales manufacturières, trois ques- tions spécifiques :

- la diffusion technologique à partir de la filiale ;

- le potentiel de mobilité de(s) (l’)activité(s) manufacturière(s) de la filiale ; - l’évolution de la qualité de la filiale dans le temps.

2.1. Question 1 : la diffusion technologique à partir de la filiale

Nous croyons que c’est surtout dans le domaine de la diffusion technologique vers les agents économiques du territoire d’accueil (les employés de la filiale, les entrepreneurs locaux, les employés des fournisseurs locaux de la filiale, etc.) que peuvent se trouver les bénéfices qualitatifs à long terme de l’investissement direct étranger. De cette façon, cet investissement contribuerait à accroître le stock de « connaissances économiquement utiles » des agents économiques du territoire9 : l’ensemble des connaissances qui leur permettent de concevoir, produire et vendre des produits (Gallagher, 2005).

L’entreprise multinationale a tout intérêt que sa production soit mise en oeuvre de façon efficace et profitable dans la filiale du territoire d’accueil : son produit doit être concurrentiel sur les marchés (Adda, 1997 ; Gallagher, 2005 ; Dicken, 1998). Cependant, pour que l’économie d’accueil bénéficie des connaissances liées à cette production, cel- les-ci doivent se diffuser ensuite vers les agents de l’économie d’accueil. Dans ce cadre, nous pouvons distinguer trois possibles voies de diffusion technologique (voir, entre autres, Saggi, 2000 ; Kokko et al., 1996 ; Perez, 1998) :

- La rotation de la force de travail : La formation reçue et l’expérience acquise par les employés de la filiale (ouvriers et cadres) peuvent se diffuser vers l’économie d’accueil lorsqu’ils changent d’employeur ou qu’ils montent leur propre entreprise (les spin-offs)10. - Les liens de la filiale avec des fournisseurs locaux : L’exigence posée par la filiale à

ses fournisseurs locaux en termes de prix du produit, de qualité du produit et de délais et conditions de livraison peut pousser le fournisseur local vers un niveau d’efficacité supérieur. Dans certains cas, la filiale offre même un appui (assistance et conseils) à ses fournisseurs pour qu’ils augmentent leur efficacité.

9 Par technologie P. Krugman et M. Obstfeld (1997 : 171) entendent « tout type de connaissance économiquement utile ».

10 Deux types de connaissances (skills) peuvent être distingués: les connaissances techniques et les connaissances managériales. Les connaissances managériales sont généralement moins spécifiques à une production particulière que les connaissances techniques. Elles peuvent, par conséquent, plus facilement être utilisées dans d’autres contextes. Ceci les rend plus aisément « appropriables » par l’économie d’accueil (Blomström et Kokko, 1997).

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- Les effets de démonstration : La venue d’entreprises étrangères peut donner de nou- velles idées – venues de l’extérieur – aux dirigeants d’entreprise locaux. Ceux-ci peuvent se lancer dans le même genre d’affaires ; ils peuvent imiter certains aspects de l’organisation de la production de la filiale ; etc.

2.2. Question 2 : le potentiel de mobilité de(s) (l’)activité(s) manufacturière(s) de la filiale Sommes-nous en présence d’une filiale dont les activités peuvent facilement être trans- férées ailleurs, hors du territoire d’accueil, par l’entreprise multinationale ou, au contraire, sommes-nous en présence d’une filiale dont les activités sont difficilement déplaçables ?

Cette question est importante parce que la mobilité des activités de l’entreprise multi- nationale peut s’opposer à l’intégration de son établissement productif (la filiale) dans l’éco- nomie du territoire d’accueil. Ceci peut, à son tour, limiter l’impact économique qualitatif de la filiale (diffusion technologique, diversification du tissu productif, etc.). L’entreprise multinationale, qui veut maintenir sa capacité de mobilité, a généralement, ce que H. Krifa et F. Héran (1999) appellent, une « approche passive envers le territoire » : elle se limite à exploiter les ressources disponibles dans le territoire tant que celles-ci lui sont utiles. Elle n’a aucun intérêt à construire des ressources dans ce territoire – « l’approche active envers le territoire » – comme, par exemple, former exhaustivement les travailleurs ou collaborer avec des fournisseurs locaux dans l’élaboration de composants complexes11.

2.3. Question 3 : l’évolution de la qualité de la filiale

Si l’investissement direct étranger que peut attirer, en première instance, un territoire périphérique, est un investissement instable dont le potentiel de diffusion technologique est réduit, il lui reste encore un espoir : l’amélioration (upgrading) de la filiale dans le temps. Si cette amélioration se produit, la filiale deviendra graduellement un meilleur émetteur de connaissances.

Nous devons donc vérifier si l’espoir de l’amélioration (automatique et naturelle) de la filiale, que prédisent les défenseurs de l’investissement direct étranger (voir section 1), se confirme :

- Est-ce vrai qu’en « mûrissant » les filiales réalisent des activités de plus en plus complexes12?

- Est-ce vrai que les filiales s’insèrent progressivement dans l’économie du territoire d’accueil?

11 Notons que la précarité de l’activité de l’entreprise multinationale dans le territoire d’accueil peut aussi décourager les entreprises autochtones de faire des efforts pour être fournisseur de celle-ci. Par exemple, une des causes de la faiblesse des liens des filiales maquiladoras du secteur électronique installées dans le Nord du Mexique avec des fournisseurs mexicains était que ces derniers étaient peu enclins à réaliser des investissements élevés pour fournir des inputs intermédiaires à des filiales potentiellement transitoires (Lowe et Kenney, 1999).

12 K. Morgan (1997 : 78) met l’accent sur la nécessité d’étudier l’évolution des filiales afin d’acquérir une meilleure compréhension des effets de l’investissement direct étranger au Pays de Galles. « Le stéréotype de la filiale manufacturière (branch plant) au Pays de Galles est celui de l’usine tournevis qui réalise uniquement l’assemblage d’un produit en employant des travailleurs locaux faiblement qualifiés. Quoique ceci fût vrai dans le passé, de nombreuses filiales se sont améliorées (upgrade) et réalisent actuellement les opérations d’une entreprise manufacturière à part entière; le design et développement et même, dans certains cas, la recherche.

(...). Tout cela signifie que notre compréhension de l’économie succursaliste (branch-plant economy) doit être révisée afin de prendre en compte les possibilités d’amélioration (upgrading) (des filiales) (...). »

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2.4. Les deux cas

Nous cherchons les réponses à ces trois questions de recherche dans deux cas : - La filiale maquiladora d’une entreprise taiwanaise de la confection de vêtements

(Nien Hsing Textile Co.) au Nicaragua ;

- La filiale manufacturière de Sony au Pays de Galles (Sony Manufacturing UK).

Le fait de nous limiter à l’étude de deux implantations d’entreprises multinationales nous permet de prendre en considération de nombreux facteurs (propres à la filiale, à l’entreprise multinationale et au territoire d’accueil) qui peuvent jouer un rôle dans nos trois questions de recherche (voir Figure 1). En outre, grâce au fait de voir le cas et son contexte et de parler avec les acteurs impliqués, nous croyons que nous pouvons avoir une meilleure compréhension du phénomène analysé13 (voir Helper, 2000 ; Schoenberger, 1991 ; Cawthorne, 1999).

Figure 1: Les nombreux facteurs qui jouent un rôle dans les trois questions de recherche

13 Comme l’observe pertinemment S. Helper (2000) dans sa défense de la recherche sur le terrain (field research) en tant que méthode de recherche, une idée centrale de « La richesse des nations » d’A. Smith – les avantages de la division du travail – ne provient-elle justement pas de la visite par l’auteur d’une usine d’épingles?

Caractéristiques de la filiale et de l’entreprise multinationale

Caractéristiques de l’économie-hôte

Contexte politico-légal

(règles de contenu local, programme d’appui aux fournisseurs locaux des filiales, droit du travail, politique commerciale du bloc

économique régional, etc.)

La diffusion technologique par l’entremise de l’entreprise

multinationale -Secteur(production intensive en capital ou en travail, complexité

de la technologie utilisée dans la production, type de concurrence sur les marchés, etc.)

-Motivations de l’implantation dans l’économie-hôte(contourner des barrières douanières, rechercher une force de travail bon marché, profiter d’un réseau de fournisseurs spécialisés,etc.) -Mode d’entrée(nouvel établissement ou acquisition/fusion) -Organisation interne de l’entreprise multinationale (degré d’autonomie de la filiale, degré d’intégration verticale de l’entreprise multinationale, etc.)

-Opérations réalisées par la filiale(assemblage, fabrication de composants, R&D, marketing)

- etc.

-Base locale de fournisseurs (disponibilité de fournisseurs locaux, degré de compétitivité de ces fournisseurs, etc.)

-Ressources humaines(niveau de formation de la force de travail, présence de cadres expérimentés, etc.)

-Taille de l’économie(PIB, population active, etc.)

-Environnement favorable/défavorable à la création d’entreprises (initiative entrepreneuriale, conditions de crédit, etc.)

- etc.

Le potentiel de mobilité de(s) l’activité(s) manufacturière(s) de

l’entreprise multinationale

L’évolution de la qualité de la filiale dans le temps

Note : Il faut observer que les caractéristiques de l’économie d’accueil et le contexte politico-légal peuvent influencer les caractéristiques de la filiale et de l’entreprise multinationale. Par exemple, le degré de développement de l’économie d’accueil (présence de fournisseurs spécialisés, disponibilité de cadres expérimentés, etc.) affecte la motivation de l’implantation de l’entreprise dans cette économie, les opérations réalisées par la filiale, le degré d’insertion de la filiale dans cette économie, etc.

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Les deux cas que nous avons étudiés sont fort différents (voir Tableau 1).

D’un côté, nous avons la filiale maquiladora qui est implantée dans un pays en voie de développement. Lors des études sur le terrain (1998 et 2007), elle réalisait, unique- ment l’assemblage d’un produit (vêtement) avec des biens intermédiaires importés et elle employait des travailleurs locaux peu qualifiés. Elle est l’exemple par excellence d’une filiale « enclave » très faiblement intégrée dans l’économie du territoire d’accueil.

D’un autre côté, nous avons Sony Manufacturing UK qui est implantée dans une région moins développée de l’Union Européenne. Au moment de l’étude sur le terrain (2000-2001), la filiale assemblait plusieurs produits finaux (téléviseur, moniteur d’ordinateur et caméra professionnelle) et fabriquait le composant fondamental du téléviseur (le tube cathodique).

Elle disposait d’un département de design et développement et avait des managers, ingé- nieurs et fournisseurs locaux. Cette filiale jouissait, en outre, d’une excellente réputation.

Par exemple, K. Morgan (professeur d’économie régionale de l’université du Pays de Galles)14 affirmait que le « meilleur investissement direct étranger attiré au Pays de Galles a été l’établissement de Sony à Bridgend ». Quant à J. Potter (2003), il soulignait la qualité des liens de Sony Manufacturing UK avec les fournisseurs autochtones15.

Nonobstant, il n’y avait pas seulement des différences. Dans les deux cas, nous étions en présence d’un investissement dont la motivation principale était l’accès à un marché.

Les deux entreprises opéraient dans un secteur où la concurrence en coûts était intense16. En outre, les pouvoirs publics des deux territoires d’accueil de ces filiales suivaient une politique active d’attraction de l’investissement direct étranger. Ils voyaient, dans cet investissement, une grande partie de la solution à leurs problèmes économiques.

Nous croyons que la dissemblance entre les deux cas – filiales, entreprises multinatio- nales, secteurs et territoires différents – est un élément qui peut enrichir notre analyse.

Primo, ce choix nous aide à percevoir les aspects importants à étudier dans la relation entre l’investissement direct étranger et l’économie du territoire d’accueil17. Segundo, si les résultats de l’étude dans ces deux cas apparemment fort différents sont similaires, la possibilité de les généraliser, de les extrapoler à d’autres cas d’investissements directs étrangers manufacturiers qui recherchent l’accès à un marché (d’autres filiales et d’autres territoires), est, d’après nous, renforcée.

14 Cité dans Shipton (2003).

15 « (Sony Manufacturing UK) agit comme tuteurs des fournisseurs autochtones. Elle effectue des innovations organisationnelles comme celles d’inviter les ingénieurs des fournisseurs dans ses usines, d’employer les associations de fournisseurs afin de diffuser les ‘meilleures pratiques’ (best practice) entre ses membres et de fixer des conventions mutuellement acceptées comme la comptabilité à livres ouverts et la distribution des bénéfices obtenus grâce à la collaboration inter-firmes (...) » (Potter, 2003 : 3).

16 L’exception était la caméra professionnelle assemblée par Sony Manufacturing UK : un produit sophistiqué qui se vendait sur un marché où la concurrence en prix n’était pas si vigoureuse.

17 Comme le remarque K. Eisenhardt (1989), l’emploi du cas extrême peut rendre mieux « observables » les processus ou phénomènes d’intérêt.

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Tableau 1: Les deux cas: un premier coup d’œil

La filiale maquiladora Sony Manufacturing UK Réalisation de l’étude

sur le terrain Eté 1998 et mars 2007 Eté 2000 jusqu’à été 2001 Pays d’accueil Pays en voie de développement

(Nicaragua) Pays développé (Royaume-Uni)

Politique d’attraction de l’investissement direct étranger

Politique active par l’entremise des avantages offerts à l’investisseur étranger dans le cadre du régime des zones franches industrielles d’exportation

Politique active par l’entremise, entre autres, de subventions, de prêts à des conditions avantageuses, de l’aménagement du terrain, de la formation des employés et des fournisseurs locaux des filiales

Secteur Textile-habillement Electronique grand public

Entreprise multinationale

à laquelle la filiale appartient Entreprise sous-traitante taiwanaise qui confectionne des vêtements (des jeans) pour des chaînes de grands magasins et des entreprises à nom de marque

Une des plus grandes entreprises mondiales de l’électronique grand public

Degré de concurrence sur

le marché du produit Forte concurrence (en prix) sur le marché du service de la confection de vêtements

• Forte concurrence sur le marché du téléviseur et du moniteur d’ordinateur

• Concurrence moins forte sur le marché de la caméra professionnelle

Motivation principale de l’investissement dans le territoire d’accueil

Avoir accès au marché des Etats- Unis (essentiellement, éviter les barrières douanières)

Avoir accès au marché de l’Union Européenne (éviter les barrières douanières et réduire les coûts de transport)

Date du commencement de la production dans le territoire d’accueil

1994 (a) 1974

Nombre de produits différents

fabriqués dans la filiale Un (jeans pantalon ou short) Plusieurs (tube cathodique, téléviseur, moniteur d’ordinateur et caméra professionnelle) Fonctions réalisées dans la filiale Assemblage (coupe du tissu,

couture, lavage, pose des boutons, repassage, emballage)

• Fabrication du tube cathodique

• Assemblage du téléviseur, du moniteur d’ordinateur et de la caméra professionnelle

• Design et développement (design de nouveaux modèles) Investissements réalisés

dans le territoire d’accueil Peu élevés et dans des biens de capital « légers » (machines à coudre, machines pose boutons, machines à laver, etc.)

Elevés et, en ce qui concerne la production de tubes cathodiques, dans des biens de capital « lourds » Liens avec des fournisseurs

locaux de biens intermédiaires N’existent pratiquement pas Existent Postes de responsabilité dans

la filiale

Occupés par des expatriés Occupés par des expatriés et des cadres nationaux

Note: (a) Date de l’installation du premier établissement de l’entreprise Nien Hsing Textile Co. dans la zone franche « Las Mercedes » de Managua.

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3. Le cas 1: la filiale maquiladora

3.1. L’économie nicaraguayenne et le régime des zones franches

Le Nicaragua est un pays centraméricain de quelque 5,75 millions d’habitants (en 2005). Sa croissance démographique est élevée (entre 2,6 % et 3 % annuellement entre 1995 et 2005). La situation économique que connaît le pays est difficile : il s’agit d’un des pays les plus pauvres d’Amérique Latine18. Son PIB par habitant était, en 2005, de US$ 850 (Banco Central de Nicaragua, 2007). La situation sur le marché du travail n’est guère plus réjouissante. Par exemple, à Managua – la capitale du pays – environ 41 % de la population active était chômeur ou sous-employé en 200519.

Quant à ses transactions avec l’étranger, le Nicaragua est confronté à d’importants déséqui- libres de sa balance commerciale et de son compte courant. En 2005, les importations de biens représentaient, en valeur, presque deux fois les exportations de biens. Les envois de fonds des émigrés (qui sont principalement aux Etats-Unis et au Costa Rica) rééquilibrent, en partie, son compte courant (le déficit du compte courant représentait quand même, en 2004, 15,5 % du PIB) (Banco Central de Nicaragua, 2007). Le Nicaragua est fortement endetté vis-à-vis de l’étranger. Cependant, il a pu grâce à des accords avec les institutions multilatérales et certains pays créditeurs réduire nettement le poids de sa dette externe au cours des dernières années20.

L’industrie nicaraguayenne est faiblement développée : le parc de biens d’équipements est vieux, elle dépend, dans une importante mesure, de l’importation d’inputs intermé- diaires et de biens de capital et elle se caractérise par un faible niveau concurrentiel (en prix et en qualité du produit) vis-à-vis de ses concurrents étrangers (les concurrents cen- traméricains inclus). En plus, l’industrie doit faire face à d’importantes contraintes à son développement comme, entre autres, le rationnement et le coût élevé du crédit bancaire, le prix élevé de l’électricité qui est fréquemment sujette à des coupures et des baisses de tension, les coûts logistiques élevés et l’importante bureaucratie dans l’administration publique (Amaya, 1998 ; CADIN, 2001 ; PEMCE, 2006 ; Banco Mundial, 2004).

Depuis le début des années 1990, après l’abandon du pouvoir des sandinistes, les pou- voirs publics nicaraguayens utilisent l’instrument de la zone franche industrielle d’expor- tation pour attirer les investissements étrangers manufacturiers dans l’espoir que ceux-ci puissent créer des emplois et agir comme catalyseur de l’industrialisation du pays. Dans le cadre du régime des zones franches, on offre à l’investisseur des bâtiments à louer dans une zone industrielle gardée, l’exonération totale d’impôts et de droits de douane sur son activité et le droit de pouvoir rapatrier librement ses bénéfices et son capital. Tous les pays centra- méricains offrent ce type d’avantages dans le cadre de leurs régimes de zones franches.

18 En raison de son histoire récente tumultueuse (la révolution sandiniste à la fin des années 1970, la guerre contre les contras, la socialisation de l’économie, la fuite des capitaux et l’hyper-inflation dans les années 1980, la disparition de l’activité cotonnière, la difficile transition d’une économie socialiste à une économie de marché à partir du début des années 1990, etc.), le PIB réel du Nicaragua était, en 1999, 18 % inférieur à celui de 1977 (CADIN, 2001).

19Instituto Nacional de Estadísticas y Censo (INEC) cité dans PEMCE (2006).

20 Le Nicaragua est membre du club des pays membres de l’Initiative pour les Pays Pauvres Très Endettés (PPTE ou HIPC, Heavily Indebted Poor Countries, en anglais). Il s’agit d’une initiative lancée par le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, qui vise à assister les plus pauvres en rendant le niveau de leur dette externe « supportable ».

(11)

Au cours de la dernière décennie, l’activité des entreprises opérant sous le régime des zones franches industrielles d’exportation au Nicaragua a connu une forte expansion.

En 1998, ces entreprises employaient quelque 18 000 travailleurs. En décembre 2006, le nombre d’employés de ces entreprises était de l’ordre de 80 000 travailleurs. L’activité continuait à être, tout comme en 1998, essentiellement celle de la confection de vête- ments (en 2006, le secteur textile-habillement employait plus que 85 % des employés de l’ensemble des entreprises des zones franches). En 2006, les exportations des entreprises des zones franches (US$ 680 millions) représentaient 44 % des exportations totales du Nicaragua. En 2005, la valeur ajoutée locale, exportations moins importations, générée par les entreprises des zones franches (US$ 210 millions) représentaient environ un quart de la valeur ajoutée brut de l’industrie manufacturière du pays21. Le Nicaragua est le pays centraméricain où l’industrie des zones franches (l’industrie maquiladora) est, en termes absolus, la moins importante. La valeur ajoutée locale générée par cette industrie dans l’ensemble des cinq pays d’Amérique Centrale (Guatemala, Honduras, El Salvador, Nicaragua et Costa Rica) était, en 2005, d’environ US$ 2,5 milliards (CEPAL, 2007).

3.2. Les entreprises maquiladoras

Les établissements du secteur de l’habillement des zones franches nicaraguayennes appartiennent à des entreprises sous-traitantes (entreprises maquiladoras) qui confection- nent des articles standard (jeans, sous-vêtements, T-shirts, etc.)22 pour des clients nord- américains (chaînes de grands magasins comme Wall-Mart et JC Penney et entreprises à nom de marque comme Levi’s, Lee, Timberland ou Tommy Hilfiger). La presque tota- lité de ces entreprises maquiladoras sont de capital étranger : essentiellement asiatique (Taiwan, Corée du Sud et Hong Kong) et nord-américain.

Il existe deux modalités de sous-traitance :

- le CMT (Cut, Make and Trim) ; - le full-package (le « paquet complet »).

Dans la modalité « CMT », l’entreprise maquiladora reçoit les inputs intermédiai- res (le tissu, les boutons, les fermetures éclair, etc.) de l’entreprise donneur d’ordres.

L’entreprise maquiladora se charge uniquement de couper et d’assembler l’article d’ha- billement, selon le design apporté par le client, et de le réexporter vers ce même client.

Elle n’apporte donc que le travail de la main-d’œuvre et l’usage des outils.

Dans la modalité « full-package », l’entreprise maquiladora assume la responsabilité de la fabrication de l’article d’habillement de l’entreprise donneur d’ordres (l’achat ou la fabrication du tissu, l’achat des autres inputs intermédiaires (boutons, fermetures éclair, fil, etc.), la coupe du tissu, la confection et l’emballage). Elle reçoit uniquement du don- neur d’ordres le design de l’article (Gereffi, 1999 ; PEMCE, 2006).

Les commandes des clients se font en de grandes séries. La concurrence entre les entre- prises sous-traitantes, qui offrent le service de confection de vêtements, est vigoureuse et

21 Données du Banco Central de Nicaragua (2007) et de la Comisión Nacional de las Zonas Francas (l’organisme public qui gère le régime des zones franches).

22 Les articles standard ont les caractéristiques suivantes: leur fabrication est simple, leur demande connaît peu de variations, ils se produisent en de grandes séries et la concurrence sur leur marché se base, en grande partie, sur le prix (OIT, 1997 ; Dicken, 1998).

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se base essentiellement sur les prix : il y a de nombreux offreurs23 et peu de demandeurs de ce service. La marge de bénéfices des entreprises maquiladoras, qui réalisent cette activité intensive en travail, est très réduite. Les bénéfices se font sur le volume de vente.

Ceci rend l’entreprise maquiladora sensible à de petites variations de ses coûts (prix du coton, salaires, etc.) ou du prix qu’elle obtient pour son produit ou service24. La forte concurrence, la suppression des accords multi-fibres et l’entrée de plus en plus de pays en voie de développement dans l’industrie de l’habillement font que les prix baissent. Par exemple, selon un responsable d’une entreprise maquiladora (Nien Hsing Textile Co.)25, en 1997, le prix d’un pantalon (jeans et tweed) en full-package tournait autour de 8 – 9 US$. En 2007, ce prix n’était plus qu’aux alentours de 6 – 7 US$26.

3.3. Nien Hsing Textile Co.

Quand nous parlons de filiale maquiladora, dans cet article, nous nous référons aux établissements que possède l’entreprise Nien Hsing Textile Co. au Nicaragua.

Nien Hsing Textile Co. se consacre à la production de tissu denim et à la confection de pantalons de jeans et de tweed. Elle offre la modalité de sous-traitance « full-package » à ses clients. Selon la brochure de l’entreprise, c’était, en 2006, le plus grand produc- teur « full-package » mondial de pantalons jeans et le sixième producteur mondial de tissu jeans. L’entreprise a parmi ses clients Levi’s, VF Jeans (Lee, Wrangler), Tommy Hilfiger Jeans, Wal-Mart et JC Penney. Hors de Taiwan, l’entreprise possède, mis à part ses établissements au Nicaragua, des établissements au Mexique (fabrication de tissu et confection de pantalons) et au Lesotho (confection de pantalons)27. Au niveau mondial, le groupe Nien Hsing Textile Co. avait, en 2007, plus de 60 000 employés.

La production de pantalons jeans (High Sierra Jeans) pour une chaîne de magasins nord-américaine, en mars 2007, nous permet d’illustrer la modalité de sous-traitance

“full-package” qu’offre Nien Hsing Textile Co. Les jeans étaient vendus au client à US$ 6 la paire (celui-ci les revendait ensuite au consommateur final nord-américain, du moins selon l’étiquette que portaient les pantalons, à US$ 28 la paire). Nien Hsing Textile Co. fabriquait le tissu denim dans son usine taiwanaise. Elle envoyait le tissu en bateau au Nicaragua pour y effectuer la confection des jeans (coupe du tissu, couture, lavage, séchage, pose du bouton, repassage, étiquetage, emballage) dans l’un de ses éta- blissements au Nicaragua (Chih Hsing). Cet établissement recevait le design de l’article via courrier électronique et imprimait tout simplement le patron avec une grande impri-

23 Selon un responsable de Nien Hsing Textile Co. (entretien), il y quelque 300 entreprises fournisseurs de vêtements jeans sur le marché. (La liste des personnes interviewées pendant les études sur le terrain se trouve à la fin de l’article.)

24 Selon le gérant d’une entreprise offrant la modalité « CMT » (entretien), une différence de 10 cents de US$ dans les coûts de production d’un pantalon, occasionne la délocalisation de la production. Son entreprise recevait pour le service « CMT », US$1,5 par pantalon confectionné.

25 Entretien.

26 Dans ce prix sont inclus les coûts de transport du Nicaragua au port des Etats-Unis.

27 Le Lesotho a, comme le Nicaragua, un accès préférentiel (sans droits de douane) au marché des Etats- Unis pour les articles d’habillement (confectionnés avec du tissu asiatique) vers lequel elle exporte 85 % de sa production. On y trouve aussi, comme au Nicaragua, une importante concentration d’entreprises taiwanaises (The Economist, 2007a).

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mante. Une fois imprimé, le patron était coupé et puis envoyé à la division de la coupe du tissu pour y commencer le processus de confection. Une fois confectionnés, les jeans étaient expédiés en camion à Puerto Cortés sur la côte caraïbéenne (Honduras) pour y être embarqués sur un bateau pour les Etats-Unis28.

En 1998, Nien Hsing Textile Co. possédait trois établissements, qui se consacraient à la confection de pantalons dans la zone franche « Las Mercedes » : la zone franche industrielle située à côté de l’aéroport international de Managua. Ces établissements employaient, au total, quelque 5 600 travailleurs (40 % des travailleurs de l’ensemble des établissements de cette zone franche) (voir Tableau 2).

En 2007, la présence de Nien Hsing Textile Co. au Nicaragua avait fortement augmenté : aux trois établissements de la zone franche « Las Mercedes » s’étaient ajoutés quatre nou- veaux établissements dans d’autres zones franches (2 consacrés à la confection, 1 fabriquant des boîtes de carton et 1 réalisant la teinture et l’estampage des bobines de tissu cru). Ces établissements employaient, au total, quelque 16 000 travailleurs (voir Tableau 3).

3.4. La motivation de l’implantation au Nicaragua de Nien Hsing Textile Co.

Tout comme les autres entreprises maquiladoras asiatiques, Nien Hsing Textile Co., est au Nicaragua, essentiellement, pour contourner les barrières douanières nord-américaines29.

En 1998, c’était pour éviter les quotas à l’importation nord-américains établis dans le cadre de l’accord multi-fibres30 (OIT, 1997). Contrairement à de nombreux pays asiatiques (Chine, Vietnam, etc.) où les salaires étaient plus bas qu’au Nicaragua, les vêtements provenant de ce dernier n’étaient pas soumis à des quotas à l’importation par les Etats-Unis. Le Nicaragua bénéficiait, comme les autres pays du Bassin des Caraïbes (Amérique Centrale et îles des Caraïbes) d’un accord commercial préféren- tiel avec les Etats-Unis.

En 2005, l’avantage du Nicaragua de l’absence de quotas disparut : les quotas sur les articles d’habillement furent supprimés avec le démantèlement de l’accord multi- fibres de la Ronde Uruguay. Cependant, un autre avantage de politique commerciale naquit pour le Nicaragua : les TPLs (Trade Preferential Level). Dans le cadre de l’accord de libre échange entre les Etats-Unis, l’Amérique Centrale et la République Dominicaine (le DR-CAFTA), le Nicaragua est le seul pays de la région qui peut exporter une partie de ses articles d’habillement vers les Etats-Unis sans respecter la règle d’origine31. C’est-à-dire, une partie de ses articles d’habillement peuvent utiliser du tissu asiatique (jusqu’à 100 millions de mètres carrés de tissu par an) sans devoir payer des droits de douane sur la valeur de ce tissu quand ils entrent aux Etats-

28 Il faut compter environ un jour de route de Managua jusqu’aux ports de Puerto Cortés. Trois jours sont ensuite nécessaires pour le transport maritime de la marchandise jusqu’aux ports de Miami (information obtenue sur le site de l’entreprise Rocedes S.A. (http://www.rocedes.com.ni)).

29 Probablement, le fait d’être un des rares pays qui ait des relations diplomatiques avec Taiwan doit aussi contribuer à expliquer l’importante concentration d’entreprises taiwanaises de l’habillement au Nicaragua.

30 L’accord multi-fibres était une régulation commerciale internationale qui se référait spécifiquement au secteur textile-habillement. Jusqu’au 1er janvier 2005, cet accord autorisait les pays importateurs de produits textiles à utiliser le quota comme barrière douanière.

31 Le DR-CAFTA est, en réalité, un ensemble d’accords commerciaux bilatéraux spécifiques (de chaque pays avec les Etats-Unis). Le traité de libre échange entre les Etats-Unis et le Nicaragua fut conclu en avril 2006.

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Unis32. Ces TPLs disparaîtront en 2016 (Sánchez et Vos, 2006). Un autre avantage du Nicaragua est que, selon les accords de l’Organisation Mondiale du Commerce, il sera, en tant que pays le plus pauvre de la région (PIB par habitant inférieur à US$

1 000), le seul à pouvoir maintenir le régime des zones franches industrielles à l’ex- portation après 2008 (Sánchez et Vos, 2006).

Ces avantages spécifiques du Nicaragua doivent expliquer pourquoi il est l’unique pays centraméricain qui a vu augmenter ses exportations de vêtements en 2005 et 2006 après la suppression de l’accord multi-fibres. Cela malgré le fait d’avoir des salaires plus élevés que de nombreux pays asiatiques (Vietnam, Chine, Cambodge, etc.)33. Tous les autres pays centraméricains ont vu baisser significativement leurs exportations de vête- ments depuis 2005 (CEPAL, 2007).

3.5. Chih Hsing en 2007

En 2007, l’établissement Chih Hsing de l’entreprise Nien Hsing Textile Co. comptait quelque 3 000 employés et avait une production journalière d’environ 25 000 paires de jeans (pantalons ou shorts). Les postes de commandement dans la production (responsa- ble de la production, manager de division, chef de ligne) étaient occupés par des expatriés (taiwanais et chinois continentaux34). Le gérant de l’établissement était taiwanais et, dans le reste de l’administration (comptabilité, gestion des ressources humaines et exporta- tion), il y avait une trentaine d’employés, la moitié d’entre eux expatriés.

Les emplois créés (pour les employés nicaraguayens) sont des emplois manuels, seg- mentés, monotones et répétitifs qui ne requièrent pas de qualifications préalables (ouvrier et superviseur). Chaque ouvrier se consacre à une tâche spécifique et simple (comme, par exemple, la couture d’une poche sur un pantalon). Les conditions de travail sont dures : longues journées de travail (souvent 10-12 heures par jour), rythme de travail rapide, chaleur, bruit, risques courus lors de la coupe du tissu35 ou lors du boutonnage, exposition à la peluche ou à des substances chimiques (il y a une importante incidence de maladies respiratoires et allergiques), etc. (voir Lara, 2002 ; MEC, 2003).

La rotation du personnel est extrêmement élevée : en janvier 2007, 10 % des employés de Chih Hsing furent remplacés. Ceci est un phénomène généralisé au sein des établisse- ments de l’industrie maquiladora nicaraguayenne. Cette importante rotation de la force de travail est possible grâce aux caractéristiques des postes de travail occupés et aux fai- bles coûts des licenciements (voir MEC, 2003). Etant donné que les travailleurs changent continuellement d’établissement, le nouvel employé de l’établissement a généralement déjà une expérience préalable et n’a pas besoin d’une formation initiale.

32 Dans la modalité « full-package », le coût du tissu représente environ la moitié des coûts de production d’un pantalon (en incluant, dans ces coûts de production, les coûts de transport que supporte l’entreprise maquiladora).

33 Selon un document remis par un responsable d’une entreprise maquiladora, en 2007, le salaire mensuel moyen au Cambodge et au Vietnam tournerait autour de US$65, tandis qu’au Nicaragua il serait de l’ordre de US$153. Le Nicaragua est le pays centraméricain au salaire mensuel moyen le plus bas.

34 Comme le remarquait le gérant d’une entreprise maquiladora nord-américaine, cet accès à un personnel chinois (continental) permet aux entreprises taiwanaises d’avoir un personnel expatrié à bas salaire pour occuper les postes intermédiaires de commandement (chefs de ligne) et de techniciens (réparation et entretien des machines).

35 La coupe du tissu se réalise avec des scies manuelles électriques.

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La même situation, en matière d’emploi, semble exister dans les autres établissements nicaraguayens de Nien Hsing Textile Co.

En ce qui concerne les inputs matériels (tissu, boutons, fermetures éclair, fil, etc.) utili- sés par Chih Hsing et les autres quatre établissements de Nien Hsing Textile Co., qui réa- lisent la confection de pantalons au Nicaragua, ils sont, à l’exception de la pierre ponce36 et des boîtes de carton, tous importés. Les boîtes de carton sont fabriquées par Nien Hsing dans son établissement Cartonera Industrial. Il n’y a non plus pas de sous-traitance de processus (couture, lavage, repassage ou emballage) auprès d’entreprises et d’ateliers locaux. Ce qui se produit parfois est la « sous sous-traitance » d’une partie d’une com- mande auprès d’une autre entreprise maquiladora en cas d’incapacité de respecter les délais de livraison fixés dans le contrat avec le client.

3.6. La nature inchangée de la filiale maquiladora (1998 – 2007)

Neuf ans n’ont pas réussi à changer significativement la nature de la filiale maqui- ladora. Tout comme en 1998 (voir Marschall, 1998 ; van Wunnik, 2001), tout continue à venir de l’extérieur : la marque, le design, les inputs matériels et le personnel d’enca- drement. Les articles confectionnés par Nien Hsing sont encore et toujours des articles standard soumis à une très forte concurrence sur les prix et livrés en de grandes séries.

Les employés nicaraguayens continuent à occuper le même type d’emploi manuel et rou- tinier. L’unique changement, ce sont les deux établissements de Nien Hsing Textile Co. : Alpha Textil (teinture et estampage du tissu) et Cartonera Industrial (boîtes de carton). Ils indiquent un certain élargissement des activités réalisées par Nien Hsing Textile Co. au Nicaragua au-delà de la simple confection des articles.

Tableau 2: Les établissements de Nien Hsing Textile Co. au Nicaragua (1998)

Chentex Chih Hsing Nien Hsing

Produits Pantalons, shorts Pantalons, shorts Pantalons, shorts Emplois

(juin 1998) 1.715 2.211 1.687

% total emploi zone franche

« Las Mercedes » (juin 1998) 12,15 % 15,66 % 11,95 %

Date d’installation 1995 1997 1994

Sources : Corporación de las Zonas Francas et Marschall (1998).

36 La pierre ponce est une pierre blanche volcanique qui sert à décolorer et « vieillir » les jeans. Elle provient d’une zone volcanique du Nicaragua.

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Tableau 3: Les établissements de Nien Hsing Textile Co. au Nicaragua (2007) Les établissements de Nien Hsing Textile Co. dans la zone franche « Las Mercedes »

Henry Garments(a) Chih Hsing Nien Hsing

Produits Pantalons, shorts Pantalons,

shorts Pantalons, shorts Emplois

(décembre 2006) 2.867 2.784 3.042

% total emploi zone franche

« Las Mercedes” »

(décembre 2006) 11,25 % 10,93 % 11,94 %

Date d’installation 2005 1997 2003

Les établissements de Nien Hsing Textile Co. hors de la zone franche « Las Mercedes »

Chao Hsing John

Garments Cartonera

industrial Alpha Textil

Produits Pantalons,

shorts Pantalons,

shorts Boîtes

de carton

Teinture et estampage

du tissu Emplois

(décembre 2006) 3.412 3.856 97 238

Date d’installation 1999 2001 2002 2002

Note : (a) Il semblerait que les entreprises maquiladoras ont tendance à changer le nom de leurs sociétés après 10 ans d’implantation au Nicaragua afin de pouvoir continuer à bénéficier de l’exonération de l’impôt sur les bénéfices. La loi des zones franches industrielles d’exportation prévoit l’exonération de 100 % au cours des dix premières années de fonctionnement et de 60 % à partir de la onzième année du paiement de l’impôt sur les bénéfices générés par leurs activités dans la zone franche.

Source : Comisión Nacional de Zonas Francas.

4. Le cas 2: Sony Manufacturing UK37

4.1. L’économie galloise et sa politique d’attraction des investissements directs étrangers Le Pays de Galles – un ancien pays minier de quelque trois millions d’habitants – est l’une des régions les plus pauvres du Royaume-Uni38. En l’an 2000, les anciennes zones minières des Vallées du sud et les zones rurales du centre et de l’ouest du Pays de Galles ont bénéficié du statut d’objectif 1 de l’Union Européenne39.

37 Pour une description plus exhaustive de Sony Manufacturing UK voir van Wunnik (2005).

38 Le PIB par habitant gallois représentait, en 2005, 78 % du PIB par habitant de l’ensemble du Royaume- Uni (The Economist, 2007b).

39 Le statut d’objectif 1 est la désignation octroyée par l’Union Européenne aux régions les plus pauvres, c’est- à-dire les régions dont le PIB par habitant représente moins que 75 % de la moyenne de l’Union Européenne. Ce statut leur donne droit à des aides européennes spéciales.

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Les pouvoirs publics suivent, depuis la crise des secteurs minier et sidérurgique des années 1970, une politique active d’attraction des investissements directs étran- gers. Ils offrent des subventions, des prêts à conditions avantageuses, l’aménagement du terrain, la formation initiale des employés, etc.40. Etant donné qu’une grande partie de son territoire est considéré comme étant une « zone assistée » (assisted area) – une zone relativement pauvre du Royaume-Uni – ils ont pu avoir accès aux impor- tantes subventions à l’investissement offertes dans le cadre de la Regional Selective Assistance du gouvernement britannique41.

Depuis le début des années 1990, la Welsh Development Agency – l’agence de déve- loppement régional galloise – consacre également des efforts à l’intégration territoriale (embededdness) des filiales installées au Pays de Galles. Son programme le plus repré- sentatif dans ce domaine est l’initiative Source Wales dont la tâche est la recherche et la formation de fournisseurs locaux de ces filiales.

En grande partie, grâce à la politique active d’attraction des investissements directs étrangers, les établissements manufacturiers de capital étranger occupent une place importante dans l’économie galloise (Phelps, 1997 ; Phelps et al., 1998 ; Lovering, 1999).

En 1999, ils employaient directement quelque 76.000 personnes, soit 7 % de l’ensemble de l’emploi au Pays de Galles, et ils généraient 11 % du PIB régional42. La présence étran- gère était surtout importante dans le secteur électronique (entre autres, Sony, Matsushita, LG-Philips et Sharp) et dans le secteur de l’automobile (entre autres, Ford, Toyota, Bosch, Calsonic et TRW).

4.2. Sony Manufacturing UK

À la fin de l’an 2000, pendant notre étude sur le terrain, la filiale manufacturière de Sony au Pays de Galles (Sony Manufacturing UK) était constituée de deux établissements :

- L’établissement de Sony-Bridgend qui fabriquait des tubes cathodiques pour téléviseurs ; - L’établissement de Sony-Pencoed qui réalisait l’assemblage de téléviseurs à tube

cathodique, de moniteurs d’ordinateur et de caméras professionnelles43.

Ces deux établissements employaient, au total, quelque 3 000 personnes (voir Tableau 4). Ils se trouvaient, tous les deux, dans le comté de Bridgend, dans le Sud-Est du Pays de Galles, entre la capitale galloise Cardiff et Swansea.

Etant donné que l’activité principale de Sony Manufacturing UK était liée à la produc- tion du téléviseur, nous nous concentrons, dans cette section, surtout sur la description des deux activités manufacturières liées à cette production : l’assemblage du téléviseur et la fabrication du tube cathodique. Remarquons néanmoins que le moniteur d’ordinateur (à tube cathodique) présente de nombreuses similitudes avec le téléviseur ; tant dans le

40 Sur la période 1979-1994, 14 % du total de l’investissement direct étranger qui entra au Royaume-Uni fut destiné au Pays de Galles ; une région qui représente environ 4 % du PIB de l’ensemble du Royaume-Uni (Gripaios, 1998).

41 Le Pays de Galles reçut, au cours de la période 1988-1998, aux alentours de 25 % du budget total de la Regional Selective Assistance. De ces 25 %, presque 60 % étaient des subventions pour des entreprises non- britanniques (Munday et al., 1999).

42 Diapositives d’une présentation faite par S. Hill (Changing Wales, 26/4/2000).

43 Il s’agit de caméras utilisées par les studios de télévision et de cinéma.

(18)

processus d’assemblage (dans les deux cas il s’agissait essentiellement d’un assemblage de composants), que dans la situation sur le marché (les deux produits connaissaient une forte concurrence et ils devaient faire face à l’apparition de l’écran plat).

4.3. Les motivations d’implantation de Sony en Europe et au Pays de Galles

Les principales raisons qui expliquent pourquoi Sony produisait ses téléviseurs (depuis 1974) et ses tubes cathodiques (pour téléviseurs) (depuis 1982) en Europe furent :

- la volonté d’éviter les barrières douanières européennes (droits de douane, droits antidumping, minima de contenu local de la production44, etc.) ;

- la nécessité de réduire le coût de transport de ses produits (les grands tubes cathodiques et téléviseurs sont volumineux et fragiles et, par conséquent, assez chers à transporter).

Cette production européenne lui permettait, en outre, d’adapter sa production aux goûts et aux préférences des consommateurs européens et de répondre rapidement à des changements de demande.

C’est en 1974 que Sony implanta un établissement à Bridgend – la première filiale manufacturière de Sony en Europe – afin d’y assembler des téléviseurs pour le Royaume- Uni et les autres pays européens. Le choix d’une localisation galloise s’expliqua par les motifs suivants (Abo, 1989 ; Escobar Rodríguez, 1999) :

- la filiale galloise pouvait servir de plate-forme d’exportation vers les autres pays de l’Europe communautaire ;

- le marché britannique était relativement important ;

- le Pays de Galles était bien relié avec les grandes villes et les ports du Royaume-Uni ; - les autorités publiques offrirent des avantages intéressants à Sony (leasing du terrain

et des bâtiments et octroi d’un prêt à faible taux d’intérêt).

La pérennité de l’attitude bienveillante des pouvoirs publics45 contribue à expliquer pourquoi Sony continua à faire d’importants investissements au Pays de Galles jusqu’à la fin des années 1990 (installation de la ligne de production de tubes cathodiques en 1982, construction de l’établissement de Pencoed en 1992, etc.).

4.4. La production de téléviseurs en Europe par Sony

La concurrence sur le marché téléviseur à tube cathodique – un produit mûr – était fort intense en 2000-2001 : le prix du téléviseur baissa au fur et à mesure que le temps passa et la marge de bénéfices des fabricants était réduite (Mougayar, 2002). À cela s’ajoute le fait que deux technologies alternatives au tube cathodique étaient apparues sur le marché du téléviseur : les écrans plats de plasma et les écrans plats de cristaux liquides. La demande pour ces téléviseurs à écran plat commençait à empiéter sérieusement sur la demande de téléviseurs à tube cathodique.

Trois des neuf établissements manufacturiers que Sony possédait, en 2001, en Europe se consacraient à l’assemblage de téléviseurs : Pencoed, Barcelone (Espagne) et Trnava

44 Sony devait respecter les minima de contenu local pour ses téléviseurs assemblés en Europe, ce qui l’obligea, avec la motivation du coût de transport, à produire le tube cathodique en Europe.

45 Sony était l’entreprise japonaise installée au Pays de Galles qui avait le plus bénéficié des subventions publiques (Regional Selective Assistance, Regional Development Grant) (Munday et al., 1995).

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