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Sommaire

PREMIÈRETABLERONDE - SYSTÈMES

ETPROCÉDÉSDIMAGERIESPATIALE : UNÉTATDESLIEUX

Cette première table ronde avait pour but de faire le point sur les ressources spatiales existantes ou en prévision et d’en comprendre à la fois l’apport et les limites pour les questions de défense et de sécurité.

Colonel Yves Blin, Adjoint Espace,

Division Programmes Interarmées, EMA... 7 ICA Thierry Duquesne, Architecte du

système de forces C3R, DGA... 15 Christian Bernard, Conseiller Défense,

Spot Image... 17 Fernando Davara Rodriguez, Directeur,

Centre Satellitaire de l’Union Européenne ... 41 Lieutenant Fabrizio Aiello, Chef d’Études

et de programmes, Centro Interforze

Telerilevamento Satellitare, Armée de l’air, Italie... 45 OTL i.G. Hermann Hornung, Officier

de liaison du Bureau coordination espace, ÉMA... 57

DEUXIÈMETABLE RONDE - NOUVELLESMENACES, NOUVELLES MISSIONS,

NOUVEAUXBESOINS ?

Cette deuxième table ronde donna la parole aux acteurs de la défense aux prises avec les nouvelles formes de conflictualité pour mieux cerner l’évolution des besoins pour assurer les missions contemporaines de défense et de sécurité.

Colonel Jean-Daniel Testé, Commandant

du Bureau Géographique Interarmées... 61 Colonel Bruno Lassalle, ministère de la Défense... 73 Colonel Yves Blin, Bureau espace, EMA... 85 Lieutenant-Colonel Daniel Fournier, Chargé de mission,

Mission des relations internationales, DDSC... 93

TROISIÈMETABLERONDE - LESPERSPECTIVESTECHNIQUES

Cette dernière table ronde détailla les perspectives et posera la question de l’évolution technologique dans le contexte de défense décrit lors de la journée.

ICA Sylvain Equilbec, DGA/SPOTI... 97 Michel Bouffard, Directeur ‘Observation

de la terre navigation et Science’, EADS Astrium... 103 Philippe Guyot, Directeur des instruments

observation optique et radar, Alcatel Space... 111 Marc Tondriaux, Directeur Segments Sol,

Applications et Services, EADS Astrium... 125 Yves Lafeuillade, Vice-Président ISR/DCS,

EADS Défense & Security Systems SA... 131

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Première table ronde

Systèmes et procédés d’imagerie spatiale : état des lieux

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Colonel Yves Blin

Adjoint Espace, Division Programmes Interarmées, État-major des armées

I Les différences d’emploi entre un système dédié et un système commercial aujourd’hui

La Défense n’a pas commencé l’exploi- tation de l’imagerie spatiale avec Hélios 1 mais avec Spot 1 dont le lancement date de 1986. Pour autant, l’utilisation de ce service commercial n’a pas été aussi conséquente qu’on l’espérait en raison d’une part d’une résolution limitée jusqu’à Spot 4, d’autre part de la réactivité du système qui n’était pas aussi bonne que la Défense l’aurait souhaité mais aussi du coût de l’image. En effet, l’accès à l’imagerie commercial pour la Défense relève du titre III et le budget pour l’achat d’image reste limité. L’arrivée de Hélios 1 a de ce fait radicalement changé l’attitude des utilisateurs militaires vis-à-vis de l’imagerie spatiale. Ces derniers ont eu en effet le sentiment que l’image ne coûtait rien, l’investissement étant au titre V.

Hélios est donc perçu comme un service au profit de tous. Cela a entraîné une crois- sance exponentielle de la demande qui dépasse à l’heure actuelle largement les capacités du système. Il y donc des choix dans la programmation qui est effectuée ce qui génère forcément des mécontents et des frustrations.

II Le retour d’expérience d’Hélios au niveau national

Le contexte de lancement du programme Hélios (guerre froide) a eu une grande influence sur sa conception. On a surtout voulu développer un système stratégique pour relever de l’information au profit des plus hautes autorités, des services de ren-

seignement et de nos forces nucléaires. Les conséquences furent un système très fermé et le placement des images à un niveau très élevé de confidentialité (secret défense) avec toutes les restrictions d’emploi consé- cutives. Cependant, et notamment avec le lancement de Hélios 1B, la chaîne opéra- tionnelle a commencé aussi à s’y intéresser fortement pour des utilisations tactiques, en particulier pour la préparation de mission. Cela à conduit à ouvrir le système, d’autant plus que parallèlement les besoins de la défense se sont étendus, notamment au niveau de l’observation au sens large, de l’altimétrie, de l’océa- nographie et de la météorologie. De nouvelles applications au niveau du segment sol ont alors été développées et, aujourd’hui, par exemple, certains état- major et certaines unités ont accès à Hélios quasiment depuis leur bureau. Cela met en exergue la criticité des segments sols qui représentent entre 10 et 20 % du coût d’un programme mais qui sont les éléments clés de l’utilité d’un système. L’avenir des systèmes spatiaux d’observation passe donc par le sol.

III La Coopération

Le bilan de la coopération avec l’Italie et l’Espagne est excellent. Sur un an, alors que dans les accords de 87 et 88, il est défini que l’utilisation des capacités du système est au prorata des investissements (France : 78,9 %, Italie : 14,1 %, Espagne : 7 %) la réalité aujourd’hui nous montre une programmation nationale avec une clé nationale de 41 % pour la France, de 11 % pour l’Italie et de 7 % pour l’Espagne et une programmation en commun de 42 %.

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L’évolution est conséquente puisque cette mise en commun n’était de moins de 5 % en 1995 et 1996. Cette réussite a conduit l’ensemble de l’équipe Hélios à penser à l’avenir et notamment à demander à l’Alle- magne de les rejoindre dans la réflexion.

On trouve ici l’origine de la rédaction du Besoin Opérationnel Commun.

IV La dualité

Au plan technique la dualité est déjà une histoire ancienne, Hélios 1A et Spot 4 ont beaucoup d’éléments en commun. L’objec- tif principal étant évidemment de réduire les coûts. La détermination des éléments

constitutifs de ces satellites qui pouvaient être développés en commun a été effectuée.

Cependant, au niveau de la dualité opérationnelle, tout reste à faire. C’est une grande idée qui va essayer d’être mise en œuvre avec le programme Cosmo-Skymed entre l’Italie, le CNES et l’opérateur de Pléiades quand il sera désigné. Le challenge est très important car il va falloir travailler sur un même système avec des contraintes en général antagonistes. Un juste milieu va donc devoir être trouvé afin de permettre à l’opérateur de faire son travail commercial et à la Défense d’accéder au système avec le niveau de confidentialité et de priorité nécessaires.

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ICA Thierry Duquesne

Architecte du système de forces C3R, Délégation Générale pour l’Armement

I État des lieux, recensement des moyens La défense a d’abord eu recours à des systèmes civils (SPOT 1, 2, 3, 4, etc.) avant d’avoir recours à partir de 1995 à Hélios 1 puis Hélios 1B en 1999.

Aujourd’hui, on est dans la phase finale de la deuxième génération puisque le premier satellite Hélios 2 est prévu pour la fin de l’année1. Ses caractéristiques vont permettre un accroissement de la capacité quotidienne de prise de vue, une capacité de nuit et une agilité du satellite supérieure qui permettra un nombre plus important d’images sur une zone géographique limitée au cours d’un passage du satellite.

Spot 5 avec son équipement HRS (stéréoscopie haute résolution) est un moyen complémentaire dont l’utilisation est importante.

En ce qui concerne l’imagerie radar, le besoin est avéré et les capacités se déve- loppent par le biais de la coopération avec l’Italie et l’Allemagne. A l’horizon 2005 est prévu le système d’observation haute résolution allemand SARLUPE et à l’hori- zon 2006 le système italien COSMO- SKYMED.

Enfin, pour 2008, se profile le système Pléiades, système optique dans le visible et le proche infra-rouge, multispectral, dans le cadre d’une utilisation duale.

II Évolution des capacités d’observation spatiales acquises par la Défense

- On passe d’un système mono-satellite mono-capteur tel que Hélios 1 à l’utili- sation d’une constellation de plusieurs satellites, embarquant des charges utiles

1 Satellite lancé le 18 décembre 2004

différentes. La qualité de l’information sera supérieure de par les progrès réalisés sur les charges utiles optiques mais aussi de par la complémentarité qui existe entre les différentes charges utiles en particulier dans le domaine visible, infrarouge et radar. Cette multiplicité des capteurs accroît également la robustesse des missions de renseignements et de surveil- lance vis-à-vis du leurrage et de la déception. La ressource sera donc abondante dans les 10 ans avec un nombre d’image multiplié par 10.

- L’affranchissement des contraintes météo avec l’imagerie radar permettra par ailleurs la maîtrise de l’accès à l’information. Il restera quand même un problème, celui de l’apprentissage qui sera plus long et plus laborieux pour l’exploitation et l’inter- prétation de l’imagerie radar.

- On passe d’un système militaire sous contrôle national ou partagé avec des partenaires (Italie et Espagne pour Hélios) à des systèmes militaires ou duaux qui ne sont plus uniquement sous contrôle national. Le recours à de tels systèmes a nécessité une réflexion afin de définir les conditions suffisantes pour que les exigences de la Défense, en particulier en matière de renseignement, puissent être satisfaites. La principale exigence concerne d’une part l’accès à la programmation, point important notamment dans le cadre d’une utilisation civilo-militaire et plus précisément une utilisation commerciale versus une utilisation militaire et d’autre part un certain niveau de confidentialité des données et l’autonomie sur l’exploitation et la réception des données.

- On observe une réduction significative des coûts d’acquisition d’une capacité quand on compare les systèmes des géné-

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rations passées avec les nouvelles généra- tions (facteur 2 voire 3). C’est le résultat de l’expérience acquise mais aussi d’une nouvelle approche en matière de concep- tion des systèmes. Des satellites plus petits, des allocations entre les performances assignées à la charge utile et les performances assignées au sol différentes, en particulier les progrès en informatique et en traitement au sol, ont permis de relâcher les exigences, les contraintes qui pesaient antérieurement sur les charges utiles.

III Les modes d’acquisition

Afin d’accroître les capacités auxquelles la Défense pouvait avoir accès, il a fallu faire preuve de créativité, accepter finalement une évolution culturelle et quitter un mode d’acquisition patrimonial, mode privilégié dans le domaine de la défense. Aujourd’hui on a trois modes d’acquisition qui coexistent.

- Le mode classique : dans le cadre de la coopération en matière d’armement, c’est le système Hélios 1 et 2. Des pays coopè- rent pour développer ensemble un système.

Cependant, a contrario de ce qui se fait habituellement ou ensuite chacun des pays achète les équipements dont ils ont besoin, là on développe un ou deux exemplaires que l’on se partage.

- Le mode d’acquisition dans un cadre dual : la synergie civilo-militaire n’est pas nouvelle en terme d’équipements mais là on parle aussi de synergie des missions avec utilisation conjointe d’un même système. Le premier exemple est Spot 5

avec utilisation partagée, concertée entre le ministère de la Défense et l’opérateur Spot image. Pour ce système il n’y avait pas d’exigences de sécurité imposées. L’uti- lisation de HRS était principalement désignée pour réaliser des produits géographiques sur lesquels les contraintes d’accessibilité et de confidentialité sont faibles. Le deuxième exemple est Pléiades, système à vocation duale. Là, en revanche, il y a des exigences de sécurité fortes et élevées afin de répondre à des besoins de missions de renseignement et de surveillance et l’aventure a été difficile.

C’est la rencontre entre deux communautés différentes et il a fallu faire des compromis et trouver l’ouverture d’esprit nécessaire.

- Le mode d’acquisition par échange de capacités : on a parfois mal compris la coo- pération mise en place avec l’Allemagne et l’Italie dans le cadre de SARLUPE et de COSMO-SKYMED. Il ne s’agit pas d’échange d’image, mais vraiment d’échange de capacités, chacun des pays partenaires étant responsable du système qu’il réalise. La France aura accès à ces systèmes dans des conditions similaires à l’accès des partenaires Hélios 1. Des pro- grammations seront définies en commun avec des exigences de cloisonnement des informations pour des raisons de sécurité.

Les évolutions en cours sont plutôt au ni- veau de la réalisation et de l’acquisition.

Elles permettront demain d’offrir à la défense française des capacités très accrues et des performances beaucoup plus élevées en matière d’imagerie spatiale.

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Christian Bernard

Conseiller Défense, Spot Image

Aujourd’hui l’accès à l’imagerie satellitaire est totalement ouvert. Tout le monde peut obtenir des images, consulter tous les catalogues possibles sur tous les sites possibles. L’accès à l’image n’est plus un avantage exclusif des pays possédant un satellite ou des pays possédant des centres d’exploitations. A telle enseigne que lors des attaques terroristes du 11 septembre aux États-Unis, M. Ben Laden pouvait avoir accès à la couverture de Washington à 1m de résolution prise par Ikonos.

I Outil stratégique et dualité

L’observation spatiale transcende les frontières et l’évaluation des risques quand ils deviennent des menaces est l’une des missions prioritaires. Il est important d’avoir des renseignements pour mener à bien des négociations diplomatiques, mettre en place des mesures économiques ou humanitaires, préparer des missions pré- plannées ou des missions génériques pour des opérations militaires ou humanitaires, et ensuite, le cas échéant, gérer les crises et ses opérations militaires. Pour répondre à ces besoins, il existe des systèmes militaires et des systèmes commerciaux.

Compte tenu des coûts, la dualité est alors prise en compte. Mais est-ce une réalité ou un vœu pieu ?

Il existe certains problèmes à résoudre concernant notamment les coûts d’une image commerciale pour la Défense et c’est vrai que c’est un budget important, pour autant des solutions petit à petit vont être trouvées.

La coordination européenne des utilisateurs peut être une solution en faisant des banques de données à l’image de la NGA américaine mais aussi l’amélioration des

procédures de programmation sur les satellites dédiés, les satellites nationaux et les satellites civils. L’objectif étant de pouvoir accéder à ces programmations et partager les ressources de ces satellites entre la Défense, les institutions gouver- nementales et la partie commerciale au travers des sociétés distributrices. Là aussi, la confidentialité des données et leur niveau de classification peuvent parfois être une gêne à la dualité. La protection des données sensibles est absolument néces- saire mais l’accès à certaines données d’archives par exemple pourrait être donné.

II Les systèmes existants et futurs Rappel historique :

1960 : 1er satellite militaire américain 1972 : 1er Landsat, résolution à 80 m, réservé aux chercheurs puis Landsat 3 à 50 m

1982 : Landsat 4 à 30 m

1986 : la France casse le monopole américain et soviétique en lançant Spot 1 avec une résolution de 10 m sur des bases commerciales. C’est révolutionnaire à cette époque.

1988 : 1er satellite radar lancé (Lacrosse) 1991 : ERS satellite européen de 30 m de résolution

1995 : Radarsat, satellite radar canadien, 8 m de résolution

1995 : Hélios 1, premier satellite d’obser- vation militaire français

1996 : la Russie libère ses archives mili- taires à deux mètres de résolution. C’est un pas extrêmement important dans l’obser- vation spatiale.

1997 : l’Inde lance IRS 1-C de 7 m de résolution sur technologie française

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1997 : Earlybird, 3 m de résolution, est lancé. Le lancement échoue mais témoigne de la volonté de lancer du métrique sur des bases commerciales.

2000 : Ikonos, 1 m de résolution 2001 : Quickbird, 61 cm de résolution 2002 : Spot 5, 2,5 m de résolution avec couverture stéréoscopique en quasi-temps réel

2004 : Taiwan lance Rocsat 2, 2 m de résolution dont Spotimage est le distributeur exclusif des images

Pour l’avenir, World View 2 qui fait partie du programme Next View 1 (programme digital globe) est prévu pour 2006 avec une résolution de 0,5 m pour un coût de 500 millions de dollards. En 2007 est prévu le lancement de Next View 2, programme de Space Imaging, pour un coût de 500 millions de dollars et une résolution de 0,50 m aussi. Le satellite s’appellerait Ikonos Block 2. Le concurrent de ce der- nier programme était Orbimage. On peut s’attendre à ce qu’il disparaisse n’ayant pas obtenu le développement du système2. Toujours en 2007 est attendu Terra Sar, programme allemand avec 1m de résolution, premier développement radar avec une résolution métrique et qui laisse en suspend un certain nombre de questions (quid des autorisations, de la diffusion, de la dissémination de telles données radar à 1 m ?) mais aussi Cosmo-Skymed, radar, 1 m de résolution. Et en 2008, Pléiades, programme optique français à 0,70 m de résolution.

III Les critères d’utilisation de ces images La résolution est le critère majeur. Les satellites commerciaux peuvent couvrir la

2 Une décision du gouvernement américain, prise le jour du colloque, allait en fait donner la préférence à Orbimage.

détection stratégique et tactique en terme de résolution jusqu’à la phase de recon- naissance (75 cm). Par contre, dès qu’il va s’agir d’identification, au niveau tactique, les satellites militaires prennent le pas sur les images civiles, de même que pour l’analyse technique.

IV L’utilisation opérationnelle des images - Le concept opérationnel : besoin, acquisition, analyse et exploitation.

Lorsque le besoin est exprimé, il y a consultation de la base de données, si l’image existe elle va être exploitée, dans le cas contraire on lance une programmation vers l’opérateur. Une fois l’image acquise et reçue sur les stations, elle est traitée et se retrouve chez l’exploitant qui en envoie une copie vers les forces pour la préparation de mission, pour la cartographie ou pour le renseignement.

- Les couvertures stéréoscopiques et les larges couvertures : ce sont aussi des instruments extrêmement importants pour les exploitants militaires et pour la confection des bases de données. La couverture HRS, aujourd’hui, est de 64 millions de km². Une large couverture est par ailleurs très importante car en cas de crise il faut rapidement couvrir des zones étendues.

- Les banques de données servent aussi à la gestion des crises. Par exemple dans les Balkans, il y eu un travail avec le DOD américain pour couvrir des portions de terrain en imagerie 3 dimensions sur lesquels étaient rajoutés des modèles numériques de terrain.

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Général Fernando Davara Rodriguez

Directeur, Centre satellitaire de l’Union européenne

L’espace a beaucoup évolué. On assiste à une prolifération des moyens, des rôles à jouer et des acteurs. En conséquence, il faut tendre à l’interaction de tous les moyens civils et militaires. On parle donc d’utilisation duale. Au centre satellitaire de Torrejon, il n’y a pas seulement une interaction dans l’utilisation des moyens mais aussi une interaction dans la définition des besoins. La différence d’utilisation la plus importante entre la défense et les civils se trouve dans la relation entre les utilisateurs et les systèmes. Il faut être très proche des systèmes et les utilisateurs devraient très bien les connaître et réciproquement.

I Le centre satellitaire de Torrejon

Le centre satellitaire dans son format actuel a été créé par décision du conseil de l’Union européenne le 20 juillet 2001 dans le contexte de la PESC. Ses missions sont de travailler pour la sécurité et la défense, d’être un fournisseur de valeur ajoutée aux images satellitaires, d’utiliser des données collatérales de sources ouvertes ou prove- nant de pays membres. Le centre a un grand nombre d’utilisateurs ce qui entraî- nent beaucoup de différents besoins. Le centre doit donc fournir tout type de pro- duit et utilise énormément les systèmes d’information géographique suivant trois couches : une couche d’image satellitaire, une couche cartographique, une couche choisie par l’utilisateur. Il a aussi une mission de formation de personnels et d’investigation, d’étude sur des sujets tels que la standardisation, l’interopérabilité, le concept de station virtuelle, les outils pour les analystes ainsi que l’étude quotidienne

du marché de l’imagerie et des futurs programmes.

Aujourd’hui, beaucoup de problèmes ont été résolus. Par exemple, l’accès aux images est très facile de même que l’accès préférentiel aux programmations. Il reste un petit problème, celui de la liaison avec les utilisateurs. Seule Bruxelles, le secrétariat et l’état-major ont une liaison directe.

Le point le plus important reste quand même d’avoir une capacité européenne autonome. La meilleure solution est d’être utilisateurs des futurs programmes européens. Le centre discute actuellement avec les différents opérateurs de ces futurs systèmes afin de trouver des accords.

L’idée étant pour l’avenir d’avoir un fonctionnement identique à celui d’aujourd’hui mais en disposant de tous les moyens possibles, dans un contexte dual, et pour tout type d’utilisateur, pas uniquement ceux de la défense et de la sécurité.

II Retour d’expérience

Après dix ans d’exploitation du centre, il ressort que :

- il faut des analystes avec une grande expérience d’où un besoin de formation en permanence ;

- il faut utiliser tout type d’image ; - les utilisateurs demandent de plus en

plus de la valeur ajoutée ; le problème n’est pas tant l’obtention des données, de l’information que la connaissance ; - il faut être interopérable ;

- il faut développer un navigateur Internet pour donner aux utilisateurs, d’une façon sécurisée, l’accès aux bases de données du centre.

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Il est nécessaire de garantir l’accès à tout type de donnée c’est-à-dire comprenant aussi les données collatérales, de leur apporter de la valeur ajoutée et de partager l’information. Un outil comme le centre satellitaire est indispensable à l’élaboration d’une capacité européenne autonome. Il faut intégrer tout type de satellite que ce soit l’observation de la terre, les télé-

communications ou la navigation, progres- sivement en bâtissant sur le centre qu’il faut développer. Le centre est un exemple de l’utilisation duale, pas seulement en terme de satellites et de moyens mais aussi en terme de personnels. Civils et militaires, experts scientifiques, travaillent ensemble pour la sécurité et la défense de l’europe.

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Lieutenant Fabrizio Aiello

Chef d’études et de programme, Centro Interforze Telerilevamento Satellitare, Armée de l’air, Italie

Les engagements internationaux croissants des forces armées italiennes, l’escalade préoccupante du terrorisme international lié en particulier au fondamentalisme isla- mique ainsi que la position de la péninsule italienne qui en fait un carrefour pour l’immigration dans son accès à l’Europe sont autant de facteurs qui conjugués à une exigence militaire et stratégique ont favorisé un engagement et un intérêt toujours croissant dans le domaine satel- litaire. Cependant, le concept de sécurité n’étant pas exclusivement national et la prise de conscience que l’Europe n’est pas seulement une expression géographique ont fait que les pays du vieux continents ont préféré s’unir et collaborer plutôt que de développer de façon unilatérale un système satellitaire. Il ne faut pas se cacher que les ressources destinées à la défense et à la sécurité sont influencées par des facteurs économiques et que les pro- grammes spatiaux sont le résultat de consi- dérations budgétaires délicates. Il est donc nécessaire de prendre en compte chaque solution intermédiaire possible en garan- tissant la satisfaction des exigences du renseignements et des militaires.

I L’emploi de Hélios

Hélios a représenté pour l’Italie un instrument extraordinaire avec la constitution en 1994 du centre principal Hélios italien. Il a notamment était particulièrement utilisé pour :

- les forces armées engagées à l’extérieur (actuellement environ 12 000 soldats sont engagés à l’extérieur) ;

- l’évaluation des catastrophes naturelles et des dommages ;

- les études pour la protection civile italienne ;

- la réalisation des camps d’accueil pour les réfugiés en Albanie provenant du Kosovo ;

- le plan d’évacuation des ambassades dans les pays à haut risque ;

- les études du plan antiterroriste en collaboration avec le ministre de l’Inté- rieur pour le sommet OTAN/Russie en mai 2002.

Cependant Hélios, bien qu’instrument valide souffre d’une longueur de vie opérationnelle limitée et de la spécificité des technologies utilisées.

II Le programme Cosmo-Skymed

Les interventions internationales sans cesse plus nombreuses des forces armées italiennes et la nécessité d’avoir une

« situation awareness » précise et complète ont renforcé la nécessité de disposer d’autres capteurs pour la télédétection. En considérant la nécessité de devoir conju- guer un meilleur rendu opérationnel avec un investissement économique raisonnable, l’Italie a voulu parcourir la route de la synergie entre les mondes militaires et civils, non seulement institutionnels mais aussi commercial. De cette idée de dualité est née le programme Cosmo-Skymed, initialement conçu pour un examen civil du bassin méditerranéen et proposé ensuite par l’agence spatiale italienne au ministère de la Défense.

Le système sera composé d’une cons- tellation de quatre satellites en orbite héliosynchrone avec un déphasage orbital à 90° et qui permettra un délai de revisite de

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12 h. Chaque satellite pourra acquérir 75 images/jour en résolution sub-métrique en modalités spotlight 1 et 2 et 375 images/jour en résolution moyenne soit un total de 1 700 images/jour. Trois modalités de « response time » seront possibles : routine en 72 h, crise en 36 h, urgent en 18 h. Les potentialités offertes par les capteurs SAR comblent les lacunes montrées par les capteurs optiques et permettront de compléter les rensei- gnements afin d’offrir un outil excellent.

III Emploi futur de Cosmo-Skymed

Au-delà des caractéristiques bien connues tout temps et de nuit, les données pro- venant des capteurs radars pourront être utilisées pour la détection de bateau, le

« moving target indicator », les modèles numériques d’altitude, le « change detection » pour l’emploi civil et militaire.

Le projet Cosmo-Skymed prévoit éga- lement la réalisation de stations de théâtre transportables.

IV La coopération avec la France

La collaboration entre les pays devient indispensable pour unir les efforts écono- miques afin de réduire les coûts de réalisations des plates-formes satellisées.

De cette idée est né l’accord de Turin de janvier 2001 entre la France et l’Italie. Il

prévoit un échange réciproque des produits français en particulier ceux issus de Pléiades avec ceux du système Cosmo- Skymed.

V Le choix de capteurs commerciaux La présence sur le marché de sociétés privées capables d’offrir des produits concurrentiels et avec des coûts accep- tables ne doit pas masquer les limites de l’acquisition des produits commerciaux : le manque de caractère confidentiel des données, les problèmes de disponiblité temporelle pas toujours en phase avec les agences militaires, et le « shutter control » (capacité à interrompre le flux d’images ou de données).

Comme il y a vingt ans les risques d’une guerre thermo-nucléaire possible a conduit la monde libre à s’unir dans un effort commun de défense réciproque, le défi actuel du terrorisme international met chaque pays devant l’engagement impératif d’unir ses efforts pour la sûreté. L’Imagery Intelligence est un instrument exceptionnel pour garantir la sécurité de la nation. La lutte contre le terrorisme international ne peut être garantie si la gestion des ressources informatives reste nationale. Il faut être conscient que la sûreté des peuples passe par la collaboration industrielle mais surtout militaire.

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Lieutenant-Colonel Hermann Hornung

Officier de liaison du Bureau coordination espace, État-major des armées

I Historique

Pendant la guerre froide l’Allemagne n’avait pas de chaîne nationale de commandement, tout était intégré à l’OTAN. Il n’y avait donc pas de chaîne de renseignement national comme dans les autres pays. Ainsi, l’Allemagne n’a jamais trouvé nécessaire d’avoir ni de capacité de renseignement stratégique et ni de rensei- gnement opérationnel. En effet, l’ennemi était clair, il était de l’autre côté de ses frontières et les moyens de renseignements otaniens et le partenaire transatlantique étaient suffisants. La fin de la guerre froide et la réunification de l’Allemagne ont fait apparaître deux problèmes. D’une part, l’OTAN s’est transformé et il y a eu le besoin de participer aux opérations exté- rieures, d’autre part le besoin en moyens de renseignements stratégiques et opéra- tionnels s’est fait ressentir. En conséquence l’Allemagne a cherché à se doter de moyens de renseignements notamment au niveau de radar car l’industrie allemande était compétente dans ce domaine. Après l’échec du programme Horus en coopé- ration avec la France en raison du coût et la prise de conscience au moment de la guerre de Yougoslavie de la nécessité d’avoir un renseignement opérationnel indépendant notamment pour avoir quelque chose à négocier avec les partenaires OTAN, l’Allemagne à décidé d’avoir un système spatial de renseignement stratégique et opérationnel dans une version Horus

« light » : le programme SARLUPE.

L’Allemagne ne cherchait pas forcément une solution purement nationale. Une coopération avec l’OTAN était difficile étant donné que le renseignement otanien reste sous une responsabilité nationale

(États-Unis). L’Allemagne cherchait un partenaire plus proche politiquement. La France avec lequel existe le BOC (besoin opérationnel commun) et qui possède déjà l’expérience Hélios semblait être le partenaire adéquat pour engager des négociations. Un accord bilatéral d’échange de capacités entre Hélios II et SARLUPE a été signé le 30 juillet 2002.

II La dualité

Au niveau politique il existe en Allemagne une forte résistance au « dual-use » et l’on privilégie une séparation entre le civil et le militaire même au niveau technique. Un autre programme, le programme TerraSAR, civil, prévu pour 2006, est développé par la même entreprise que SARLUPE, pour autant aucun dualité n’est envisagé. Ce sont deux systèmes distincts pour deux types d’utilisateurs différents.

III Perspectives

L’armée allemande évolue vers le concept de « network centric warfare ». Le système d’imagerie spatiale va optimiser la chaîne de renseignement. Le soldat sur le champ de bataille pourra avoir des informations spatiales directement. L’objectif du network centric warfare est d’augmenter la rapidité du renseignement par la capacité de transmettre des informations à haut débit et à grande vitesse.

Au niveau de la résolution, 0,5 m paraît suffisant. Il n’y a pas de besoin pour une orientation vers l’échelle du millimètre. Par contre le défi de l’avenir c’est l’inter- prétation des images et la rapidité de la transmission.

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Deuxième table ronde

Nouvelles menaces, nouvelles missions, nouveaux besoins ?

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Colonel Jean-Daniel Testé

Commandant du Bureau Géographique Interarmées

Aujourd’hui il est difficile d’imaginer une maîtrise de l’information sans maîtrise de l’information géographique. Comment arriver à cette maîtrise de l’information géographique ?

I Le nouveau contexte

En matière de géographie on s’est longtemps satisfait d’avoir la couverture à l’échelle 50 millième de la Pologne et de la Hongrie. Actuellement ce n’est plus le cas, il faut largement déborder dans la couverture géographique et aller plus dans le détail parallèlement. Il n’y a pas un seul système d’arme, y compris le fantassin, aujourd’hui qui n’utilise pas la géographie.

L’avènement de la source satellitaire est la l’idéal pour la géographie puisqu’on accède à travers des moyens satellitaires aux besoins de couverture globale. De même, dans la technique de production, l’avènement du numérique complique mais aussi simplifie notre tâche. Enfin, d’un point de vue opérationnel, il est demandé une couverture quasi mondiale avec beaucoup plus de détails dans l’infor- mation, de précision, et de caractériser ce qui est dimensionnant beaucoup plus vite.

II Les nouveaux besoins

Pour synthétiser cette expression des besoins il faut :

- Obtenir une cohérence. En matière géographique, les militaires ont tous été confrontés à la problématique préférentielle géographique. Les écarts étaient de plusieurs centaines de mètres entre les coordonnées relevées sur la

carte par le fantassin et celles qui étaient reportées au niveau du centre de commandement dans le système GG72.

Non seulement c’est pénalisant, mais, aujourd’hui c’est inadmissible. La cohérence est à rechercher d’un bout à l’autre de la chaîne de commandement, depuis le soldat sur le terrain jusqu’au général au sein de son PC stratégique.

- Se rapprocher au maximum d’une relative globalité : d’une façon générale on s’intéresse au monde entier, pour autant notre véritable zone d’intérêt couvre 30 millions de km².

- Travailler sur la réactivité : les der- nières crises montrent qu’avant de déployer des gens sur le terrain, le préavis pour obtenir de l’information géographique est très faible, il est de quelques jours voire de quelques heures parfois.

- Avoir le souci de l’interopérabilité : la majorité des crises qui sont conduites aujourd’hui sont d’une part systé- matiquement interarmées d’autre part dans la majorité des cas internationales.

Ce souci de l’interopérabilité est donc aussi bien au niveau de la défenses elle même qu’avec les armées étrangères.

- Le détail de l’information et c’est une problématique majeure, le 50 000 ne suffit plus, il faut maintenant aller jusqu’au plan de ville, voire de la description du bâtiment pour certaines applications.

- Enfin, le besoin qui prend de plus en plus d’importance dans l’outil de production géographique est la validation des données.

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III Les réponses envisagées

Construire cette couche de 30 millions de km² va prendre quelques dizaines d’années. Pour la constituer, il faut prendre en compte le besoin opérationnel que l’on perçoit et focaliser sur les zones qui sont identifiées comme « crisogène » et petit à petit continuer la couverture pour suivre les zones moins importantes. L’objectif étant d’être capable de répondre à un besoin inopiné avant d’avoir ces 30 millions de km².

Il y a deux niveaux de constitution du référentiel géographique :

- Le premier niveau est la constitution d’une couche de fond générique qualifiée, la plus large possible composée de modèle numérique de terrain et d’ortho-images. De cette couche, il va être extrait les données vecteurs génériques : constitution de bases de données avec tout ce qui est significatif d’un point de vue géographique : routes, ponts, cours d’eau, bois, bâtiments etc.

- Cette base générique va être utilisée ensuite pour aller beaucoup plus dans le détail, selon deux modes. Si l’opération est déclarée, les gens déployés sur le terrain de la cellule géographique seront en charge de densifier cette couche de base pour répondre aux besoins du théâtre et pour mettre à jour la base de donnée de référence. Le second mode est un mode réactif, lorsque l’on anticipe l’occurrence d’une crise.

Pour cette couche les instruments de référence sont SPOT 5 plus HRS, source majeure et principale, par le biais d’un produit qui s’appelle Géobase défense constitué d’ortho-images de 5 m de réso- lution et de modèle de terrain numérique de niveau 2 c’est-à-dire compatible avec la carte 50 000. Elle servira de référence de localisation pour les photos aériennes qui sont prises par les drônes, la recon- naissance aérienne, les appareils photos des opérations spéciales aussi bien que par les satellites commerciaux pour lesquels on ne

dispose pas de meilleures possibilités de connaître la précision de localisation.

A partir de cette base cartographique vont être élaboré ensuite les produits géogra- phiques. C’est du vecteur de niveau 2I qui va permettre de construire des cartes à l’échelle 100 000 voire 50 000 en densi- fiant avec d’autres données.

La couche de fond dont on dispose actuellement est de 6 millions de km².

En complément de cette production planifiée il y a la production réactive.

Le principe d’échange des données non classifiées pour faciliter la coopération internationale est un volet aussi très important en matière de géographie. Dans ce cadre là, le besoin de plus de réactivité et de plus de résolution n’est pas spécifique à la France. Il se construit actuellement sous l’égide des États-Unis un groupe de coproduction multinationale dont le but est de participer à la production de données sur la couverture la plus large possible dans le monde entier.

La production interne est en train d’être revue complètement de façon à lui donner la capacité de produire le même type de produits que ceux que l’on externalise afin d’être apte à réagir et donc de fournir la réactivité qui nous fait défaut actuellement.

Aujourd’hui, la couche de fond se constitue au rythme de 7 millions de km²/an, le vecteur générique au rythme de 1,3 million de km²/an, le vecteur de niveau 2 un peu moins de 1 million de km²/an à la fois par externalisation, production nationale et échanges multinationaux. Pour être en mesure de répondre aux besoins en données urbaines, il va aussi être produit environ 20 plans de ville par an et des ortho-images urbaines couvrant les principaux sites d’intérêt de par le monde.

IV Questions en suspens

- Est-ce que l’imagerie est une réponse à tous les besoins ? C’est une réponse mais pas autosuffisante, il faut compléter sur le terrain.

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- La résolution : la diminution pose un problème pour les géographes. En diminuant on réduit le champ. Or ce qui est intéressant c’est d’avoir un champ. Il faut donc trouver le bon compromis.

- Est-ce que l’image va remplacer la carte ?

- Quelle est la frontière entre la géographie et le renseignement ? La demande qui consiste à descendre de plus en plus dans le détail, d’alimenter avec de plus en plus d’information les

bases de données n’est-elle pas finalement une demande concernant les renseignements images ? De même, le renseignement image ne commence-t-il pas à faire de la géographie ? Il y a un partage à définir.

- Enfin, par principe l’information géographique n’est pas classifiée, mais les sources qui l’intéressent sont elles classifiées. Comment gérer cette dichotomie qui semble un peu incompatible ?

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Colonel Bruno Lasalle

Ministère de la Défense

Trois grands thèmes très larges sont associés ici : l’observation de la terre, la veille stratégique et les nouvelles menaces.

L’exercice devient donc difficile dans le temps imparti et cette présentation se limitera aux points essentiels.

I La veille stratégique

C’est quelque chose que l’on fait en permanence avec un réseau de capteurs dédiés et complémentaires (il ne s’agit donc pas uniquement de capteurs spatiaux) sur des zones d’intérêts de la France et sur les zones « crisogènes ». Cela permet de réaliser des analyses de situation et de disposer d’une documentation opération- nelle qui servira aux forces qui éventuellement se déploieraient. Il faut donc réaliser une surveillance des risques en anticipant les crises et en procédant à une analyse de la situation en temps quasi réel. La veille stratégique doit donc être réalisée en permanence. Elle est de portée mondiale et s’appuie sur un réseau de capteurs fiables, capables de recueillir des données d’origine et de nature multiples afin d’identifier les indices de crise et de suivre l’évolution de celle-ci.

II Évolution des menaces

On peut la décliner en fonction de la typologie des conflits, des progrès techno- logiques, de la vulgarisation de ces progrès, de la vulnérabilité des systèmes spatiaux sans oublier une menace ancienne, la prolifération. On est dans un monde asymétrique qui peut mettre en œuvre des modes d’action différents. Il y a des variétés et des causes multiples qui induisent l’évolution ou la création de

conflit. Finalement, on est obligé de se référer à des règles non conventionnelles.

L’évolution des menaces liées au progrès technique et à sa vulgarisation, c’est-à-dire à la diffusion et à l’exploitation de tech- nologies commerciales performantes est le mauvais côté de la dualité. La facilité d’accès aux moyens de communication et aux services d’origine spatiale, les possibilités offertes par l’informatique, nous prédisent que cela va singulièrement compliquer la tâche car finalement avec des petits moyens, un pirate peut créer des dégâts considérables. La vulnérabilité des systèmes spatiaux se trouve dans leur capacité d’observation, leur capacité à être limité par la déception (leurres) et dans la dépendance que peut avoir un pays par rapport à cette technologie clé. La panoplie de leurres qui a pu être mise en place lors des derniers conflits a montré la difficulté de faire la différence par exemple entre un char leurre et un char réel. La défense est donc intéressée par les progrès dans le domaine de l’observation en particulier dans les techniques hyperspectrales.

III Impact sur la veille stratégique

Les missions dans le cadre de la veille stratégique commence à remplir un spectre beaucoup plus vaste. Elles sont d’une complexité accrue et nécessitent une grande réactivité, bien souvent déterminante, ainsi qu’une grande fiabilité.

D’où l’importance de ne pas avoir de rupture dans la capacité à pouvoir utiliser les moyens spatiaux et d’avoir une coordination renforcée.

En terme de besoin, il faut non seulement préserver les capacités actuelles mais aussi élargir la panoplie des différents capteurs.

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Il faut adapter la réactivité au suivi des crises : la réactivité ne consiste pas seulement à raccourcir le temps entre le moment où la prise de vue a lieu et le moment où elle arrive aux endroits où on l’utilise mais est aussi le temps nécessaire à la fusion entre les différentes images.

L’élargissement de la gamme des capteurs va amener un flux de données très impor- tants et va obliger à être capable de traiter des données de masse, ce qui est nouveau.

Les segments sols d’observation devront prendre en compte cette nécessité pour qu’on puisse garder la réactivité, exploiter de manière intégrée différentes sources d’information, sécuriser les différents composants et être sur qu’il n’y aura pas de

compromission entre le moment où l’image a été prise et celui où elle va être exploitée.

L’observation d’origine spatiale est un élément clé de la capacité d’influence et d’appréciation politico-stratégique dans le cadre de l’anticipation et de la gestion des crises, de l’évaluation autonome des situa- tions, de la planification et de la conduite des opérations. Il est clair qu’il faut s’adapter aux nouveaux défis, maîtriser les fonctions clés liées à cette capacité, élargir la panoplie des moyens, améliorer leur réactivité et maîtriser au mieux l’infor- mation.

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Colonel Yves Blin

Adjoint Espace, Division Programmes Interarmées, État-major des armées

I Le nouveau contexte

Il n’y a pas véritablement de nouvelles menaces mais il y a une évolution du niveau de certaines menaces et du mode d’action d’autres menaces. L’évolution notable est la prolifération des missiles balistiques et des armes de destruction massive compte tenu de l’évolution tech- nologique à travers le monde et puis naturellement le terrorisme dont les modes d’action ont un peu changé. Il y a surtout une évolution notable du contexte dans lequel nous allons utiliser l’imagerie la multiplication des crises régionales mais surtout l’interpénétration très forte entre le civil et le militaire. Nous ne sommes plus dans le schéma classique de deux armées qui s’affrontent. Le contexte est beaucoup plus chaotique et nébuleux. Il faut pouvoir faire la différence entre un convoi de réfugiés, une colonne de terroristes ou une colonne de militaires. Il y a aussi une inter- vention de plus en plus massive des forces militaires dans le soutien aux populations après les catastrophes naturelles. Il y a aussi une sensibilité accrue de la population à la notion de risque et aux dégâts collatéraux. Enfin, nous opérons quasi systématiquement dans un cadre multinational et il faudra bien positionner l’emploi de l’imagerie dans ce contexte là et se confronter aux problèmes de confi- dentialité et de partage. De plus, on est en train de construire l’Europe de la Défense et l’imagerie va concourir à cette cons- truction. Enfin, il y a une révolution majeure au niveau de l’art militaire engagé par les américains : la transformation. Au cœur de cette problématique se trouve la maîtrise de l’information et le raccour- cissement drastique des boucles déci-

sionnelles. Dans ce cadre, l’espace et en particulier l’imagerie spatiale aura son rôle à jouer sous peine de remettre en cause le différentiel de puissance que l’on attend de cette transformation.

II L’évolution des missions

Au-delà de la documentation de situation relative aux forces armées et au potentiel économique des pays à travers le monde, il y a la nécessité de suivre de manière beaucoup plus précise la prolifération des missiles balistiques et des entités qui concourent à la fabrication des armes de destruction massive. Il faut par ailleurs soutenir très fortement les actions de contre-terrorisme. Tout cela à des consé- quences en terme de performance pour les systèmes spatiaux futurs. Les actions doivent être de plus en plus ciblées et précises du fait de la sensibilité des populations. L’imagerie spatiale concoure à cette recherche de précision et à sa maîtrise.

III L’évolution des besoins

- Plus de répétitivité pour des besoins accrus de surveillance et une mise à jour plus rapide.

- Une meilleure réactivité afin de pou- voir s’adapter au temps de manœuvre dans le cadre des opérations « réseau centré » et des opérations de ciblage.

- Des surfaces à couvrir toujours plus vastes, à couvrir toujours plus vite afin de fournir des données aux géographes mais aussi pour alimenter les systèmes d’arme et de disposer de la vision la plus globale possible d’un théâtre

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d’opération ou d’une zone d’action de terrorisme ou de prolifération.

- Une meilleure exploitation du spectre électromagnétique, dans le domaine du visible, de l’infrarouge et du radar pour des raisons d’anti-leurrage mais aussi pour avoir une meilleure connaissance de ce que l’on voit. L’interférométrie est aussi un domaine sur lequel nous allons devoir travailler.

- La résolution géométrique : il y a des besoins qui nécessitent la plus large fauchée possible mais pour un certain nombre d’opérations comme le ciblage, la génération automatique de modèles tridimensionnels, l’identification et l’analyse technique, il est clair que nous devons continuer à accéder à des résolutions encore supérieures à celles que nous connaissons.

- La constitution d’architectures d’

opérations « réseau centré » dans le cadre de laquelle le monde de l’imagerie va être obligé de travailler avec beaucoup d’autres.

L’objectif ultime est de parvenir à caractériser totalement la nature des activités humaines sur la scène observée, très précisément. Il est bon aussi d’avoir une connaissance approfondie de l’envi- ronnement et les données météorologiques sont essentielles. Cela dit pour exploiter correctement une image il est bon aussi d’avoir des informations collatérales en particulier associées à des systèmes d’écoute, du renseignement humain, de la fusion de l’ensemble des données.

Enfin, l’observation a dépassé le seul milieu continental, le milieu maritime est un domaine sur lequel il va falloir travailler. Les océans deviennent un théâtre potentiel d’action pour les terroristes et cela peut aussi avoir des conséquences sur la sécurité de nos états et de notre environnement, sans parler de l’importance majeure de ce milieu pour notre dissuasion.

IV Nouvelle approche pour la satisfaction des besoins

Tous les besoins exprimés précédemment ne pourront être satisfaits sans la mise en place par l’Europe d’une véritable infrastructure de relais géostationnaires. Il faut parler réellement de services géomobiles au profit des forces terrestres, maritimes, aériennes et spatiales. L’objectif de la défense dans le futur c’est d’éviter de travailler tout seul et de réaliser des systèmes qui existent par ailleurs. On ne doit développer que des systèmes qui n’existent pas dans le domaine civil et commercial. Ainsi, pour les hautes résolutions, il est clair que nous devons nous engager dans l’achat de services. En revanche, nous aurons toujours besoin de systèmes dédiés pour des performances qui ne sont pas disponibles dans le secteur commercial ou institutionnel civil et pour des programmations qui nécessitent une réactivité très importante ou un niveau élevé de confidentialité.

L’infrastructure relais, évoquée ci-dessus, doit nécessairement être duale, comme aux États-Unis où les satellites développés par la NASA (TDRS) sont exploités aussi au profit des militaires.

En ce qui concerne les systèmes duaux commerciaux, il faut créer en Europe les conditions pour un vrai démarrage des opérateurs de système d’imagerie spatiale afin de créer un véritable marché de services qui permettent de donner à ces opérateurs une meilleure visibilité en terme de chiffre d’affaire pour qu’ils puissent prendre des risques. Une telle approche n’est pas forcément incompatible avec la démarche GMES engagée par l’ESA et la commission européenne. Le GMES pourrait en effet s’appuyer sur ces opérateurs et sur l’achat de services lorsqu’ils existent et plutôt se concentrer sur le développement de systèmes associés à la surveillance de l’environnement pour lesquels il n’existe aucun débouché commercial à cours ou moyen terme.

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Dans le domaine des systèmes dédiés de défense, il est clair que nous n’aurons pas dans les dix ans à venir de système communautaire dans le domaine de l’imagerie. Les prochains systèmes mis en œuvre à l’horizon 2010-2015 seront réalisés par des États qui travailleront en coopération bilatérale ou multilatérale dans lesquelles l’Union européenne sera éventuellement associée en tant que partenaire mais non pas en tant que maître d’œuvre. Cela est du au fait que nous touchons au domaine de la subsidiarité,

que les images sont pour partie pour le renseignement et que ce dernier ne se partage pas mais s’échange.

En ce qui concerne les segments sols, il faut que l’ensemble des partenaires européens qui souhaitent développer des systèmes d’observation à leurs propres fins et l’Europe en tant que telle commencent à dialoguer pour élaborer des standards, réfléchir à une architecture commune afin de pouvoir faire du « plug-in » car la réussite de l’imagerie passera par le sol.

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Lieutenant Colonel Daniel Fournier

Chargé de mission, Mission des relations internationales,

Direction de la Défense et de la Sécurité Civiles, ministère de l’Intérieur

I Les nouvelles menaces

Deux constats sont à faire. Le premier concerne le dérèglement climatique. Les scientifiques s’accordent pour dire qu’on est entré dans une phase de réchauffement climatique. Cela entraîne une croissance des phénomènes de tempête, de canicule, de pluies torrentielles. Le second est la fragilisation des populations. L’évolution de nos sociétés entraîne un déplacement des populations et de leurs activités vers des zones à risques, l’urbanisation du littoral, le mitage du service forestier, l’aménagement des cours d’eau et l’occu- pation des zones inondables témoignent de cette évolution. Les activités balnéaires, le tourisme de montagne, les flux migratoires saisonniers ou la modification profonde des espaces naturels sont quelques exem- ples de cette exposition des populations et des infrastructures aux risques. Sans être exhaustif il faut également citer l’avè- nement des immeubles de grande hauteur, l’accroissement du risque industriel, du terrorisme notamment dans le domaine NRBC, les déplacements de population, les grands événements comme les jeux olympiques, etc.

Il faut prendre en compte aussi deux contraintes. La première est que les services de défense et de sécurité civile sont plus que jamais soumis à une obligation de résultats. Les enjeux sont de plus en plus importants : zone urbaine, artisanale, industrielle, touristique mais aussi protection des écosystèmes, des espaces naturels. La seconde est le refus de tout fatalisme de la part des populations et des responsables politiques en raison des enjeux cités précédemment et qui motive

de plus en plus les recherches en respon- sabilité en cas de sinistre mais aussi de l’existence de moyens modernes de prévention des risques. Ne pas doter les services de secours et de lutte contre les sinistres de ces moyens revient tôt ou tard à s’exposer aux reproches, aux mises en causes judiciaires voire aux révoltes. C’est également prêté le flanc aux critiques médiatiques, politiques, internationales.

II Les nouveaux besoins

Les performances des équipes de secours quelles qu’elles soient (police, armée, sapeurs-pompiers, secouristes) ont de tout temps été basé sur la multiplicité et la diversité des besoins. De nos jours le spatial est un moyen innovant qui vient rejoindre la palette des outils nécessaires et indispensables à la lutte contre les sinistres et les catastrophes. Il répond à des besoins non satisfaits jusqu’à présent, il permet des approches nouvelles que l’on ne suspectait pas voici quelques temps. Au niveau international, l’ampleur des catastrophes, la simultanéité des sinistres font qu’un pays ne peut plus de nos jours et dans des conditions acceptables par tous y faire face à lui tout seul. A la fois techniquement et humainement, il n’est plus possible de répondre à ces grands événements qui selon les prévisionnistes sont appelés à se renouveler de plus en plus fréquemment.

Les partenariats bilatéraux ne suffisent quelque fois plus particulièrement lorsque les sinistres s’installent dans la durée voire dans la simultanéité transfrontalière (exemple des incendies en 2003 sur tout le nord de la méditerranée). Les contraintes technico-financières sont l’autre raison de

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