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La durée annuelle du travail professionnel agricole en élevage laitier et porcin

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La durée annuelle du travail professionnel agricole en élevage laitier et porcin

Jean-Louis Brangeon, Guénhaël Jegouzo

To cite this version:

Jean-Louis Brangeon, Guénhaël Jegouzo. La durée annuelle du travail professionnel agricole en élevage

laitier et porcin. Actes et communications, INRA, 1988, pp.31-43. �hal-01937052�

(2)

LA DURÉE ANNUELLE

DU TRAVAIL PROFESSIONNEL AGRICOLE EN ÉLEVAGE LAITIER ET PORCIN*

PREMIERS RÉSULTATS DE RECHERCHE

1. Deux objectifs

Un premier but, d'ordre méthodologique : con- tribuer è une meilleure mesure du temps annuel de travail par actif agricole et par e1tploitation

Les analyses micro et macroéconomiques consa- crées à la production agricole, à la productivité, aux revenus requièrent la connaissance des quantités de travail fournies dans les exploitations. Or celles-ci sont actuellement mal évaluées. surtoot pour les actifs familiaux. Le nombre de travailleurs partici- pant aux travaux de l'exploitation est connu avec une marge d'erreur qui ne semble pas très grande mais leur taux d'emploi, leur nombre annuel d'heu- res consacrées à l'activité agricole ne sont mesurés que très grossièrement. Ceci apparait davantage depuis que nous avons procédé à un examen détaillé des évaluations faites dans le Réseau d'information Comptable Agricole (RICA) français et comparé cecte source à d'autres (Brangeon, Jégouzo, 1986).

Alors que les estimations sont rendues complexes, surtout pour les actifs familiaux, par l'irrégularité des travaux et la variabilité des temps journaliers et heb- domadaires - le nombre d'informations que sup- pose une évaluation assez précise est très grand, beaucoup plus grand que ce que nécessite, par exemple, la mesure du revenu agricole - on n'uti- lise pour les réaliser que cles méthodes sommaires.

Pour avoir des résultats rigoureux, il serait souhai- table de procécler à des enregistrements. Mais peu d'agriculteurs sont disposés à faire cles relevés régu- liers de leurs occupations. L'opération est jugée fas·

tidieuse sans que son intérêt soit perçu. Toutes les

parties concernées s'accommodent d'une telle situa- tion. Les analyses sont conduites avec les données disponibles même si celles-ci expriment mal la réa- lité. En politique publique, on s'intéresse surtout aux évolutions : elles ont l'apparence d'être mieux cer nées que les niveaux.

Pour contribuer à une meilleure mesure, nous avons voulu tester une méthode particulière d'en- registrement qui, tout en restant rigoureuse, soi1 suf- fisamment allégée pour être acceptée par un assez grand nombre de travailleurs agricoles.

Un second objectif : déterminer si. comme il est souvent affirmé, de longues années de tra- vail persistent dans la secteur de l'élevage et si oui, pourquoi 7

Sans attendre que des évaluations rigoureuses aient été faites, nous avons cru pouvoir avancer l'hypothèse {Jégouzo, 1981)111 que cle nombreux éleveurs121 - le cas des agricultrices étant à traiter distinctement - ont des années de travail qui res- tent longues, et que, de ce fait, la disparité par rap•

port aux indépendants non agricoles et aux salariés, agricoles ou non, serait croissante depuis une ving- taine d'années. A cet égard, c'est le temps annuel qui est le plus significatif car il intègre le nombre cle jours travaillés ; l'écart quand il existe va sans doute croissant quand on passe des durées hebdomadai- res aux mensuelles et annuelles.

Si l'hypothèse cle temps annuels élevés se con- firme, quelle interprétation lui donner par référence à la fois à l'économie de la production et à l'écono- mie de la consommation ? Historiquement, l'évolu- tion des conditions de travail des salariés se carac·

Etude faite avec ~ concours du Centre d'économie rurale du Finis1ère.

-31 ·

(3)

. . . Il

'

1

J.-L. BRANGEON · G. JEGOUZO

térise par une imponante réduction des temps tra·

vaillés accompagnée d'un accroissement du revenu.

Or, les organisations professionnelles agricoles ont généralement combattu pour le maintien d'une agri- culture de type familial. Quels sont dès lors les déter•

minants spécifiques de l'emploi du temps des non- salariés agricoles ? La théorie de l'allocation ration- nelle du temps se limite à la présentation du com- ponement de la main-d'œuvre salariée. Au sein de l'exploitation, le travail familiattJI s'insère dans une combinaison de facteurs ; la fonction de production peut ainsi constituer le point de départ de la recher- che des déterminants de l'offre de travail à l'exploitation.

Il. Les moyens de la recherche

1. Une référence à une notion économique de travail

LA NOTION DE TRAVAIL FACTEUR DE PRODUCTION

« On a écrir des centaines de pages sur la signifi- cation des mors travail, loisir, production et consom- mation. L'élimination de ces quatre mors serait sans doute une solution constructive, mais elle n'est guère probable» (Walker, 1978, p. 157). Ayant à choisir, nous avons opté pour la conception du tra- vail qui est utilisée dans la théorie néo-classique de la production. L'une des formulations est ta sui- vante : <1 En tant que facteur de production, le tra- vail se définit ... par les services de moyens de pro- duction humains qui sont utilisés dans le processus de production, services qui reçoivent une rémunération ... .ii41 (Smithson in Greenwald, 1984, p. 578). Sur cette base, comment s'établit la dis- tinction entre travail et non travail, entre travail mar- chand et travail domestique ?

Le travail se compose des activités qui ont une utilité indirecte. Il s'oppose à cet égard aux soins personnels et aux loisirs. Mais certains emplois du temps exercent plusieurs fonctions ; même si ceci est difficile à cerner, on ne peut faire dans l'inter- prétation comme s'il n'existait pas de« productions liées "· D'autre pan, le rattachement de cenaines occupations (par exemple, le déplacement entre le domicile et le lieu de travail) à l'activité productive dépend de l'objet de l'analyse. Le temps de trajet est exclu en économie de la production ; il peut être inclus dans une analyse du bien-être dans la mesure où il représente une contrainte. Mais cette opposi- tion ne saurait faire oublier te lien qui existe entre les deux optiques, l'offreur de travail étant supposé se componer en consommateur arbitrant entre tra- vail et loisir.

Quant au travail marchand, il se limite à l'activité socialement organisée qui donne lieu à rémunéra- tion, ce qui l'oppose au travail domestique. Ce der-

nier a été peu étudié jusqu'à présent par les écono- mistes ; dans une recherche récente, il a été défini comme « une activité non rémunérée, exercée per un membre du ménage pour le ménage et résultant en la création d'un bien ou un service nécessaire au déroulement de la vie quotidienne et paur lequel il existe un substitut marchand (service dispanible sur le marché ou tierce personne rémunérée) dans les normes sociales actuelles" (Fouquet, Chadeau, 1981, p. 22).

S'agissant du travail marchand, il est un service (flux) fourni par la main-d'œuvre (stock). Une con- fusion est possible quand on oppose, comme on le fait couramment en théorie de la production, tra- vail, capital et terre. Comme le relève M. Blaug (1982, p. 1651, les facteurs de production devraient s'intituler« heures-hommes 1>, « heures-machines "

et <t acres par an ».

Mais l'heure de travail est-elle une unité de mesure acceptable ? Les« heures-hommes n peuvent être fournies selon des intensités différentes, selon des qualifications variables. L'intensité ne sera pas ici étudiée. La qualification sera abordée en se référant à la notion de capital humain. La définition précitée se poursuit en effet en précisant : " On pourrait...

mieux cerner le travail en le considérant comme le flux de services engendré par un stock donné de capital humain "·

Pour l'application de la notion générale de travail à l'activité agricole, et en particulier à l'activité non- salariée, quelques distinctions doivent être introdui- tes.

CONTENU DONNE

AU TRAVAIL PROFESSIONNEL AGRICOLE

- Travail de direction et travail d'exécution Ayant à déterminer quoi produire et comment produire, le chef d'exploitation exerce une fonction de chef d'entreprise. Ce travail de direction est plus ou moins assumé par les agricultrices et les autres actifs familiaux. Quand il existe des salariés, une pan d'initiative et de décision peut aussi leur être déléguée.

Le travail de gestion peut se subdiviser en opéra- tions techniques, commerciales, économiques et financières. En émergent les grandes décisions, cel- les qui expriment les stratégies de l'exploitation et qui engagent le plus l'avenir. Travailler, c'est ainsi entreprendre. Nombre d'économistes présentent

« l'esprit d'entreprise » comme un quatrième fac- teur primaire de production, tout en reconnaissant qu'il s'agit d'une notion difficile à définir et à quan- tifier. Entreprendre c'est innover, risquer ; cette acti- vité est paniculièrement déterminante en période de changements rapides des techniques, des marchés, des politiques publiques.

. 32.

- Distinction entre production de la branche et pro·

duction du secteur

Les activités dites « para-agricoles » qui sont effectuées au sein des exploitations avec les facteurs de production de celles-ci et/ou sont orientées vers la transformation ou la commercialisation d'un pro- duit ou d'un service sont incluses (cf. nomenclature en annexe). Nous adoptons ainsi la notion de tra- vail agricole qui est utilisée dans le RICA : « Tous les travaux d'organisation, de surveillance, d'exécu- tion, à caractère manuel ou intellectuel, effectués pour assurer le fonctionnement proprement dit de /'exploitation, ainsi que ceux directement liés

a

l'ac- tivité de l'exploitation "·

- Distinction entre production de l'exploitation et production pour le ménage

Au sein du travail agricole, on isole ce qui a un caractère professionnel. Dans un système d'agricul- ture familiale, certains des travaux réalisés en exploi- tation ont, en effet, pour objet la satisfaction directe des besoins de la famille. Les agriculteurs ont ten- dance à inclure spontanément ces tâches dans leur travail professionnel. Ils ont plus généralement une conception très large de leur travail, toute activité productrice de biens - que c~ux-ci soient d'usage ou d'échange - étant implicitement considérée par eux comme professionnelle. Ils rejoignent, il est vrai, une pratique courante en économie qui consiste

a

inclure l'autoconsommation alimentaire dans la pro- duction finale.

La notion retenue de « travail professionnel agri- cole 1> (ou TPA) n'est pas d'application simple puis- que certaines activités ont un caractère mi,te cons- tituant à la fois un travail professionnel et un travail domestique.

- Rappon entre temps de travail et temps de pré- sence sur le lieu de production

Les pauses, attentes, arrêts, interruptions, évita- bles ou inévitables, posent des problèmes d'impu- tation et d'interprétation'51En agriculture familiale, la question présente deux panicularités. D'une part, comme les actifs familiaux n'ont généralement pas une activité qui s'insère dans des limites horaires préétablies, les notions de pauses appliquées au tra- vail salarié ne sont pas transposables. Certaines con- ventions explicites doivent être prises {cf. nomen- clature).

D'autre part, durant les jours et horaires habituels de travail, mais aussi en dehors de ceux-ci, le tra·

vailleur familial doit rester disponible dans l'attente de soins à donner aux animaux ou aux végétaux'6'.

11 y aurait là un temps de présence ou de perma- nence qui s'ajouterait au temps d'intervention. Il ne sera pas inclus dans nos évaluations de TPA dès l0rs qu'une autre affectation principale lui est associée (activité domestique, repos ou temps physiologi- que}.

DURÉE ANNUELLE DU TRAVAIL

Donc, si des découpages sont faits à l'intérieur de l'emploi du temps, il n'existe pas toujours une séparation stricte et une délimitation sûre du travail professionnel et des autres occupations. En parti- culier le travail mental, les tâches de direction peu- vent être complémentaires de tous les emplois du temps. Au total, l'appréhension du TPA est mar- quée d'incenitude.

2. Champ d'étude et recueil des données

UN ECHANTILLON D'UNE CENTAINE D'EXPLOITATIONS LAITll:RES ET PORCINES OU FINISTÈRE

L'enquête a été faite auprés d'adhérents du Cen- tre de Gestion et d'Economie Rurale du Finistère.

Les unités étudiées ont été ainsi extraites d'une population paniculière composée d'exploitations moyennes ou grandes. Il s'agit d'unités laitières et/ou porcines, catégories parmi les plus intensives en travail et que l'on sait dominantes dans l'Ouest.

Le projet était d'avoir un échantillon d'une centaine de cas. Pas plus, parce que l'opération est d'abord méthodologique et le coût unitaire élevé (autant que celui d'une comptabilité RICA). Pas moins, pour avoir dans notre expérimentation une variété de situations et de réactions et permettre un minimum d'analyse des longues durées de travail annuel.

L'ensemble ou la quasi-totalité des enregistre- ments demandés ont été finalement réalisés dans 111 exploitations. Il ne s'agit que d'un échantillon de volontaires car seulement un peu plus d'un tiers des agriculteurs contactés - choisis par tirage au son - pour participer à l'enquête ont donné leur accord. Les chiffres publiés sont des résultats non extrapolés.

Voici quelques caractéristiques des exploitations et exploitants concernés :

- les 111 unités se répartissent en 94 individuelles et 17 GAEC;

- en fonction des produits principaux, 41 exploi- tations sont classées laitières, 32 porcines et 38 lai- tières et porcines ;

- le produit d'exploitation se situe le plus souvent au-delà de 500 000 F, le minimum étant d'environ 300 000 F et le maximum de 4 millions ;

- les situations personnelles des exploitants et coexploitants sont diversifiées car tous les groupes d'âge sont représentés (entre 22 et 65 ans) ainsi que toutes les étapes de la carriére (d'1 an d'ancienneté dans la fonction à 36 ansl ;

- tous les chefs d'exploitation sont des agriculteurs à titre exclusif ; le champ d'observation reléve donc de l'agriculture professionnelle ;

- le nombre le plus fréquent de travailleurs perma- nents par exploitation est de deux lie plus souvent l'agriculteur et l'agricultrice} ou trois (les précédents

• 33 -

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l 1

1 1

J.-L. BRANGWN -G. JEGOUZO

plus un aide familial ou un coexploitantl. Seulement 11 exploitations ont de la main-d'œuvre salariée per- manente.

TROIS SOURCES DE DONNEES

Notre dispositif de mesure du travail a été testé sur la base d'enregistrements qui ont eu lieu pour la plupan de début mars 1985 à février 1986. A cette pièce centrale de l'enquëte s'ajoutent :

- un questionnaire dit de structure qui informe sur les personnes, les familles, les exploitations ;

- des documents comptables. Afin de mettre en rapport le travail avec la production, les autres fac- teurs de production et le revenu, les comptes d'ex- ploitation générale et les bilans ont été collectés, mais leur consultation a été refusée dans neuf cas.

Ill. Le dispositif de mesure qui a été expérimenté

Un moyen de le caractériser est de le situer par rapport aux diverses méthodes d'estimation utilisées jusqu'à présent et appliquées à des notions de TPA plus ou moins proches de celle que nous avons choisie.

1. Les divers modes d'évaluation des temps annuels par actif et par exploitation

Ils se différencient selon trois principaux critères : le nombre de périodes distinguées au sein de l'an- née qui fait l'objet d'estimations ; la quantité d'in- formations à fournir pour chacune de ces périodes, le minimum étant la réponse à une question pour toute l'année, le maximum un budget-temps à rem- plir chaque jour ; enfin, l'imponance du délai qui s'écoule entre la survenance du travail à considérer et l'enregistrement ou l'estimation, les erreurs de mémoire augmentant en moyenne avec la longueur de ce délai.

Les diverses approches peuvent être regroupées en deux grandes catégories selon qu'elles utilisent l'enregistrement permanent ou qu'elles procèdent par estimation ponctuelle.

L'ENREGISTREMENT PERMANENT

Il consiste à inscrire sur un formulaire le temps passé à travailler (et éventuellement celui consacré à d'autres activités) au cours de chaque journée ou d'un grand nombre de jours. Les modalités en sont les suivantes : !'enquêté est préparé à enregistrer, il reçoit des consignes ; il y a auto-enregistrement, suivi ou non d'un contrôle d'enquêteur. Selon le nombre de données à enregistrer, on peut distin- guer le relevé minimal, le budget de travail et le budget-temps.

- Le relevé minimal

Un seul chiffre est inscrit, cefui du temps de TPA de la journée ou de la semaine. Ainsi en est-il dans le RICA belge et le RICA hollandais. En France, cer-

tains Etablissements Départementaux de I' Elevage ont fait tenir dans quelques exploitations des

« calendriers de travail » avec relevé minimal cha- que jour ; l'expérience faite en Mayenne sera pré- sentée dans notre compte rendu général.

Le temps journalier est une somme de temps de plusieurs séquences ; ces temps élémentaires sont- ils suffisamment connus pour que ta marge d'erreur du total reste modérée >

- Les budgets de travail

La méthode consiste à enregistrer le temps con- sacré à chaque catégorie de travaux agricoles et le nombre journalier d'heures de TPA. Un détour est ainsi pratiqué avant d'arriver au total journalier. Mais s'il n'existe pas de relevés intermédiaires par poste.

il y aura des approximations sur les sous-totaux et le total.

Remplir 365 budgets journaliers est ressenti comme une tâche lourde par les agriculteurs. Aussi, jusqu'à présent, peu d'entre eux ont accepté de le faire, même si les spécialistes de la gestion des exploitations agricoles utilisent depuis longtemps la méthode (Reboul, 19591 sans avoir pour objectif le calcul du temps annuel de travail par travailleur, mais en vue d'avoir des temps de travaux utilisables dans des modèles de combinaison optimale des facteurs.

sans que cet optimum intègre l'allocation du temps.

- Les budgers-remps

Un budget-temps récapitule sur un document ad hoc toutes les activités successives d'une journée de 24 heures, en les décrivant dans leur nature et leur moment de début et de fin, selon une échelle horaire qui est plus ou moins détaillée. Généralement l'objectif est l'étude des conditions de vie et pas seu- lement la mesure des temps de travaux et de travail professionnel.

La différence avec le budget de travail est dou- ble : sont recensées toutes les occupations des 24 heures, exhaustivité utile pour la saisie du TPA car les limites du travail professionnel sont incertaines ; les horaires sont notés, ce qui évite ou limite l'éva- luation directe des durées par les enquêtés. Mais si la méthode des budgets-temps parait celle qui peut fournir tes estimations les plus précises des durées d'activité professionnelle, encore faut-il s'interroger sur la qualité des enregistrements réellement effec- tués car il existe plusieurs causes d'erreurs : man- que de sincérité, d'attention, entrainant des oublis, de fausses déclarations.

Exigeante pour les enquêtés, la tenue de budgets- temps a rarement été réalisée chaque jour pendant une année. De telles expériences ont pounant pu être conduites en RFA selon des ajustements variés ; par exemple en 1980-1981 pour un groupe de 132 exploitations ISchulz-Borg, Günther, 1985).

Au lieu d'avoir un grand nombre de carnets pour un petit nombre d'individus, on peut s'en tenir au

-34 -

carnet unique pour un grand nombre d'enquêtés, le remplissage des carnets étant réparti sur un grand nombre de jours ou de semaines. Le résultat est alors non pas des temps annuels par actif mais un temps journalier ou hebdomadaire moyen de travail pro- fessionnel. C'est une solution utilisée, mais pour des périodes inférieures à l'année, dans des enquêtes statistiques ; celle de t'INED en 1958 (Girard, Bas- tide, 1959), celles de !'INSEE sur les emplois du temps, la dernière faite en 1985-1986 incluant le milieu agricole IGrimler, Roy, 1987). Un moyen terme a été adopté en Suisse lors d'une étude réali- sée en 1974 auprès de 578 exploitations-témoins

!Steinmann, Matasci-Brüngeer, 1978 ; Schèinenber- ger, 1980).

L'ENOU~TE D~CLARA TIVE PONCTUELLE

L'agriculteur est interrogé rétrospectivement sur le temps passé à travailler au cours de l'année écou- lée. L'hypothèse est faite qu'il peut répondre sans beaucoup se tromper, qu'il a une bonne mémoire, qu'il a une connaissance suffisante de ses durées d'activité journalière, hebdomadaire, mensuelle pour aboutir à un temps annuel. Une autre limite tient à ce que la notion de travail agricole est trop com- plexe dans ses différentes acceptions pour que le répondant puisse s'en imprégner immédiatement ; il risque fort d'utiliser une notion subjective.

En France - il en est de même dans plusieurs autres pays - la Statistique Agricole procède tou- jours par estimation ponctuelle pour saisir« le temps de travail sur l'exploitation ». L'évaluation de l'input- travail est simplifiée car on cherche surtout à dis- tinguer le « temps complet » et le « temps partiel ,,.

Le but est de calculer des effectifs de « personnes- années-travail ,, (PAT) ou « unités de travail annuel,, IUTA). Une PAT ou une UTA « équivaut au travail d'une personne occupée à temps complet sur l'exploitation, pendant une année ».

D'autres exemples d'estimation ponctuelle, mais cene fois pour la semaine de travail - et qui ne sont pas propres à l'agriculture - sont ceux de l'enquête Emploi de l'INSEE ou de l'enquête CEE sur tes for- ces de travail.

Faire une enquête spécifique, augmenter le nom- bre de questions, passer plus de temps à reconsti- tuer l'année de travail, tel est le moyen d'améliorer l'évaluation ponctuelle, comme l'ont fait A. Lacroix et A. Mollard. Ouefle est la qualité des résultats obte- nus compte tenu des défaillances de mémoire des interrogés 7

Les méthodes utilisées jusqu'à présent pour éva- luer le temps annuel de travail en milieu agricole tan- tôt s'avèrent trop exigeantes pour les agriculteurs, tantôt sont peu ou pas du tout rigoureuses. L'idéal serait d'avoir beaucoup de journées d'observation et beaucoup d'informations pour chaque journée mais trop peu de cas sont possibles à étudier ainsi.

DURl:E ANNUELLE DU TRAVAIL

Ou bien on maintient un nombre élevé de jours de relevés et on diminue le nombre journalier d'infor- mations. Ou bien on réduit le nombre de jours et on recueille beaucoup de données chaque jour.

On a voulu expérimenter une méthode fondée sur le principe de l'enregistrement tout en renonçant à l'exhaustivité complète des relevés quotidiens. Il fal- lait dès lors arrêter un dispositif qui prenne en compte d'une autre manière l'irrégularité des temps, qui concilie deux exigences : ne pas descendre en- dessous d'un nombre minimal de jours avec rele- vés pour tenir compte des variations dans les temps travaillés, ne pas dépasser un maximum pour ne pas lasser !'enquêté, le conduire à mal répondre ou à refuser de le faire.

2. L'agencement de notre dispositif ORGANISATION GÉNÉRALE

L'année est découpée en 24 demi-mois, ceux du calendrier civil. Chaque demi-mois, des relevés sont effectués et un enquêteur passe pour vérifier et collecter.

On distingue deux groupes d'actifs : les familiaux permanents (travaillant chaque jour dans l'exploita- tion pendant au moins une heure, durant toute l'an- née) et les autres. On s'intéresse surtout aux pre- miers qui sont suwosés fournir l'essentiel du tra- vail mis en œuvre dans l'exploitation.

Pour chaque actif familial permanent, il y a deux types de relevés et de documents et quatre catégo- ries de jours, au sein de chaque demi-mois.

DEUX TYPES DE RELEVÉS ET OUA TRE CATEGORIES

oe

JOURS POUR LA MAIN D'OEUVRE FAMILIALE PERMANENTE

- Catégorie n° 1 : les dimanches et jours fériés.

Pour chacun d'entre eux, le temps de TPA donne lieu à un relevé simplifié sur un formulaire appelé

« feuille de semaine ». Le temps d'activité du matin, de l'après-midi, de ta soirée, éventuellement de la nuit, est figuré par un trait vertical, ou plusieurs, sur une échelle horaire (au quart d'heure prèsl. Le temps égal à zéro ou de moins d' 1 heure ( = « jour sans travail ,, ) est noté explicitement. Le résultat recherché est une connaissance exhaustive de la quantité de TPA fournie au cours des 62 ou 63 dimanches et jours fériés d'une année.

- Catégorie n° 2 : les jours de semaine (non fériésl dont le temps de TPA est nettement plus long ou plus court que d'habitude tou égal à zéro). Ils don- nent lieu aussi à relevé simplifié en feuille de semaine, La détermination de ces jours relève de l'initiative de !'enquêté.

- Catégorie n° 3 : les jours de semaine lnon fériés) dont te temps de TPA n'est pas exceptionnel, au cours desquels il y a - comme dans les enquêtes Emploi du Temps de !'INSEE - auto-enregistre- . 36.

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\

1 ' 1

J.-L. BRANGEON · G. JEGOUZO

ment complet des activitès des 24 heures en car- net de budget-temps. Le nombre de ces jours dits J est de 3 par mois (1 ou 2 chaque demi-moisi, 36 par an. Leur choi)(, effectué sur proposition de l'en- quêteur, arrêté en accord avec !'enquêté, relève de la méthode des quotas. Il se fait de manière que tous les jours de la semaine soient représentés sur l'en- semble de l'année.

- Catégorie n° 4 : les autres jours de semaine (non fériés) qui sont sans relevé, sans enregistrement.

Leur tempS journalier de TPA est supposé égal à celui du/des J du demi-mois.

S'agissant des actifs familiau)( permanents, le dis- positif qui combine sondage et exhaustivité cerne l'irrégularité de trois manières :

- on traite distinctement et de manière exhaustive les 62 ou 63 dimanches et jours fériés : - on repère les jours de semaine (non fériés! sans travail oo à travail nettement plus court ou plus long;

- on répartit les jours J avec budget-temps sur l'ensemble de l'année (en distinguant 24 périodes}

et sur l'ensemble des jours de semaine, soit une dou- ble stratification du sondage ; mais on ne connait pas la marge d'erreur liée à l'extrapolation.

Pour les autres travailleurs (actifs familiaux non permanents

+

salariés permanents ou non

+

sta-

giaires). on se contente d'un relevé minimal. Un nombre d'heures par jour est à porter par l'exploi- tant pour chacun, sur une« fiche de quinzaine

».

On se trouve ici à la limite de l'enregistrement et de l'enquête ponctuelle.

Le compte rendu final exposera les conditions d'application de ce dispositif, en soulignant toutes les causes d. erreurs. Malgré bien des imperfections.

la qualité des évaluations faites a été jugée suffisante pour tester l'hypothèse des longues durées annuel•

les de travail, sans perdre de vue que les chiffres sont affectés d'une marge d'erreur.

IV. Les temps mesurés et leur interprétation

1. Les temps des exploitants

LA PLUPART SE SITUENT ENTRE 3 000 et 4 000 HEURESl71

Seulement 10 e)(ploitants ou coexploitant.s, sur un total de 126. ont travaillé moins de 3 000 heures de mars 1985 à février 1986 (tableau 11. Encore quatre d'entre eux relèvent-ils de situations particulières

!longue maladie, invalidité importante, activité domestique exceptionnelle : construction d'une mai- son). Hors cas particuliers, la moyenne s'établit à 3 460, la médiane à 3 462.

Même s'il est significativement moindre que dans les e)(ploitations individuelles, le temps annuel reste élevé dans les GAEC (3 309 h contre 3 5161.

Jusqu'à quel point ces durées sont-elles longues ? Elles dépassent de beaucoup les seuils retenus dans le RICA pour définir l'actif agricole à temps annuel complet (2 200 heures}. Quant aux comparaisons avec d'autres mesures de temps, quelq!Je5•Unes seu- lement sont possibles et sans savoir si on raisonne à intensité égale.

COMPARAISON AVEC LE TRAVAIL ANNUEL D'AU- TRES TRAVAILLEURS

- Les résultats trouvés dans d'autres enregistre•

ments relatifs à des exploitations d'élevage.

Ce n'est pas la première fois que le phénomène des longues durées est obseivé. Selon les enquê•

tes étrangères précitées qui portent sur des exploi- tations avec élevage, le temps annuel moyen de tra- vail agricole des e)(ploitants s'élève à 3 500 h en Suisse en 1974, à environ 3 200 h en Basse-Saxe en 1980-81. Ni dans l'un ni dans l'autre cas, la dis•

persion autour de la valeur centrale n'est indiquée et il n'existe pas de données équivalentes pour la France.

- Les temps annuels sont-ils en général plus longs en élevage laitier et porcin que dans les autres sous•

secteurs de production agricole ?

Si on peut supposer que les agriculteurs travail- lent en moyenne moins en production de viande bovine, en culture céréalière, en viticulture, on ne peut le vérifier actuellement181

- Parallèle avec les salariés /agricoles ou non) à temps complet.

Si le temps de travail du salarié constitue une réfé- rence commode en statistique191, par ailleurs il influence souvent les comportements et attitudes à l'égard de l'emploi du tempS. Il peut tout au moins représenter pour les non-salariés une norme dont il convient de se rapprocher. Pourtant, la compa•

raison entre salariat et non salariat se heurte à une objection : le temps de travail salarié relève d'un mode institutionnel de détermination : le droit du travail limite en particulier la durée annuelle maxi•

male. Par ailleurs, on ne dispose pas pour les sala•

riés de temps annuels calculés sur la base d'enre- gistrements ; et on ne peut isoler les salariés qui ont des responsabilités.

Si cependant des chiffres sont rapprochés. la durée annuelle de travail professionnel s'avère, en moyenne, deux fois plus élevée chez les agriculteurs étudiés que dans la population nationale des sala- riés non agricoles110>. En effet, pour des salariés à temps complet. sans distinction de sexe. le temps moyen annuel aurait été de 1 676 h en 1983, après déduction des congés payés, des jours fériés et de l'absentéisme !Fontaine 1984, p. 24011111112'. les exploitants enquêtés ont aussi des temps annuels

. 36.

de TPA qui dépassent très nettement le maximum légal annuel susceptible d'être « réellement effec- tué » par les salariés agricoles « dans les exploita·

tions de polyculture-élevage à dominante élevage n'employant qu'un seul salarié polyvalent 11, lequel est füé à 2 240 h depuis fin 1981. Ainsi, par rap- port aux normes atteintes actuellement en milieu salarié après une longue phase de réduction du temps travaillé (Fontaine, 19841, les durées obser- vées dans les élevages laitiers et porcins du Finis- tère font figure de temps très élevés.

Cette forte différence avec les salariés existe-t-etle aussi pour les non-salariés des secteurs non agrico•

les ? A notre connaissance l'année de travail n·a pas encOfe été mesurée pour ces derniers. Mais certains résultats partiels tels ceux des enquêtes emplois du temps de l'INSEE montrent que les indépendants non agricoles, aides familiaux inclus, ont une durée hebdomadaire de travail assez sensiblement plus lon- gue que celle des salariés1131Pourtant, si des temps longs existent en dehors du secteur de l'élevage, il semblerait que ce soit ici qu'il y ait le plus de durées annuelles très élevées.

A partir de là, peut-on porter une appréciation en terme d'inégalité de niveau de vie ? La durée du tra·

vail n·étant qu'un aspect des conditions de travail, elle tire sa signification de l'ensemble de ses rela- tions avec les autres aspects : intensité - mais le temps long n'est pas nécessairement un temps lent - charge physique et mentale, niveau de rémuné- ration, degré d'indépendance. Les heures mises en parallèle ont toutes chances de ne pas être les mêmes. Le travail peut aussi avoir pour certains une fonction de loisir ou de divertissement pascalien. A propos des éleveurs finistériens, citons deu)( faits : , - 16 enquêtés ont été salariés hors de l'agriculture avant de devenir producteurs de lait ou de porc. Ils ne travaillent pas moins que les autres exploitants : leur changement d'emploi peut être la conséquence d'un arbitrage entre deux statuts, deux modes de vie;

- à la question « Estimez-vous que votre travail professionnel agricole est trop long, que vous tra- vaillez trop ? », un peu plus de la moitié seulement des membres de l'échantillon répondent oui. Con·

sacrer une grande partie de son temps aux travaux de l'exploitation n'est pas nécessairement ressenti comme une contrainte1141

2. les temps des exploitantes

Dans les enquêtes ponctuelles, la plus large frac- tion des agricultrices est classée à temps partiel.

l'enregistrement des durées conduit-il à un autre résultat ? Des temps longs apparaissent-ils aussi chez les exploitantes ?

Par rapport aux exploitants. celles-ci - au nom- bre de 100 dans l'échantillon et qui n'ont pas d'au- tre métier que celui d'agricultrice - travaillent, en

DURtE ANNUELLE DU TRAVAIL

moyenne, environ deux fois moins dans les exploi- tations : 1 7ô2. h1151 contre 3 460 ; la médiane étant de 1 736 contre 3 462. Mais la dispersion est forte, les valeurs extrêmes se situant à 400 h et 3 500 (tableau 2). La moindre participation des femmes aux activités de l'exploitation est à relier, on le sait, à leur plus forte contribution aux travaux domesti- ques, Au cours des jours de semaine avec budget- temps. les heures de travail domestique réalisé par les couples le sont à 94% par les femmes et 6% par les hommes !résultat pour 96 couples}, alors que la répartition est un tiers-deux tiers pour les heures de TPA.

Si la comparaison se fait avec la durée annuelle du salarié non agricole moyen. féminin oo mascu- lin, à temps complet. il apparait que nombreuses sont les exploitantes et coexploitantes dont l'acti- vité dans l'exploitation est l'équivalent d'un emploi salarié à temps plein. Si, par prudence. on retient le seuil de 1 BOO h, 42% des agricultrices se trou- vent au-dessus. la plupart d·entre elles consacrent chaque jour un nombre restreint d'heures aux tra- vaux de l'exploitation mais elles subissent presque autant que les agriculteurs la contrainte du travail quotidien. tout spécialement en exploitation individuelle.

3. Interprétation des longues années de travail des exploitants

La quasi-totalité des exploitants individuels mais aussi des coexploitants de GAEC consacrant au moins 3 000 heures à leur activité agricole. leur année de travail est presque toujours longue. Les facteurs explicatifs sont sans doute de plusieurs ordres, l'hypothèse de l'artefact statistique étant à exclure.

On pense d'abOfd à des lecteurs techniques car la durée « effective " dépend du temps technique•

ment nécessaire. De fait. les productions laitières et porcines font partie des spéculations agricoles qui restent les plus intensives en travail et il y a des tra- vaux à effectuer tous les jours de l'année. Pourtant.

pour elles aussi, l'évolution dans les techniques

a

fait diminuer les temps unitaires de réalisation. A quoi ont été utilisées ces économies de temps néces- saire ? Dans un grand nombre d'exploitations le nombre d'act_ifs a diminué et le volume de produc tion augmenté. en même temps que diminuait la pénibilité physique de nombreuses tâches1161• Il faut faire appel en partie à des facteurs économiques pour expliquer de telles tendances.

D'autre part, il ne faut pas sous-estimer l'éten·

due des possibilités de substitution du capital au tra- vail en production laitière et porcine, Des exemples1171 montrent en effet qu'en exploitation laitière spécialisée de dimension relativement impor•

tante. les temps peuvent être moindres que ceux précédemment présentés à la fois par exploitant, par

. n .

(6)

J.

Î

J. ·L. BRANGEON • G. JEGOUZO

exploitante, par exploitation et ceci sans que le revenu soit moindre.

C'est que par ailleurs - fait souvent souligné en particulier par des agriculteurs qui travaillent moins - la quantité de temps consacrée au TPA dépend aussi de factaura culturels, des préférences quant au mode de vie, de l'éthique. Nous avions évoqué ce type d'interprétation dans notre article de 1981 en citant quelques témoignages du genre c, Le temps n'est pas compté pour celui qui aime son métier ». L'effet de statut avait été avancé comme première explication du maintien de durées élevées de travail, mais placé au rang de cause partielle. Pour tester l'influence relative exercée par les mentalités . et déterminer leurs mécanismes d'action dans divers contextes techniques et économiques, des recher- ches sociologiques et psychologiques seraient nécessaires.

Une explication par le coût du travail familial : la logique de raisonnement de 1'6Ievaur quand il décide de travailler beaucoup

En tant que facteur de production, le TPA entre dans une combinaison productive. Si celle-ci repose sur des relations techniques de complémentarité et de substitution, la part relative de chaque facteur utilisé dépend des gains et des coûts associés à l'usage de chacun dès lors que l'objectif est d' ob- tenir un revenu élevé. Or il apparaît qu'il peut exis- ter un lien logique entre l'affectation à l'activité agri- cole d'un temps élevé de travail familial et l'obten•

tion d'une rentabilité meilleure de la combinaison des facteurs.

En effet. contrairement à la main-d'œuvre sala·

riée, la main-d'œuvre familiale, tout au moins celle constituée par le chef d'exploitation et son conjoint.

est une ressource fixée non seulement à court terme mais aussi, le plus généralement, pendant l'ensem- ble de la carrière, la mobilité professionnelle de ces travailleurs étant faible sinon nulle, ce qui se vérifie d'autant plus totalement que les àges sont plus élevés118'. Dès lors, le coût d'opportunité du travail familial est nul. Sans doute existe-Hl un coût d'en- tretien des travailleurs à la charge de l'unité exploitation-famille, mais il est compressible au-delà d'un niveau minimal. La conclusion est que le coût marginal de l'heure de travail familial est nul, et qu'en conséquence la demande de travail familial par l'ex- . ploitation est forte. On peut dire aussi que l'offre

de travail familial à l'exploitation est élevée puisque les non-salariés sont à la fois offreurs et demandeurs de leur travail.

Pour une production donnée, une réduction du temps par actif supposerait plus d'actifs par exploi- tation et/ ou plus de capital substituable. Augmen- ter le temps annuel de travail par actif familial pré- sent permet d'abaisser les coûts en diminuant la dis- ponibilité et l'usage des autres facteurs, le recours

aux entreprises de travaux agricoles étant par ail- leurs un moyen de faire face aux pointes saisonniè·

res de travail. Comme facteur complémentaire du travail ou substituable è celui-ci, le capital, tout au moins le capita~ipement (bâtiments, installations et machines), permet aussi de diminuer le nombre d'actifs et/ou d'augmenter la production, tout en favorisant une amélioration des conditions de tra- vail. Donc, dans la mesure où les éleveurs peuvent être conduits à utiliser plutôt du travail familial que du capital-équipement. ce n'est qu'au-delà d'un niveau d'emploi de ce dernier. Ce niveau se fixe à un moment donné en fonction d'une double ten- dance : celle du remplacement de la main-d'œuvre par du capital, celle de la substitution du travail fami- lial au capital.

Mais si, compte tenu du coût de son temps, le travailleur familial est incité à en affecter une large part à l'activité agricole, son offre de travail à l'ex- ploitation doit compter avec la concurrence des trois autres emplois du temps :

- l'activité domestique d'abord. Celle-ci est, nous l'avons vu, essentiellement assumée par les agricul- trices;

- le temps physiologique ensuite ; è la limite, les seuls jours sans TPA seront ceux où l'agriculteur est malade ou accidenté. Le degré d'indisponibilité pour cause de santé varie selon le niveau du manque à gagner lié au non travail, lequel dépend de l'éten- due de la couverture sociale. Quant à la maladie chronique, elle peut être une incitation à rationali- ser davantage l'exécution des travaux agricoles ; - le temps libre enfin, compte tenu de l'état des préférences et de la substitution revenu-loisirs. C'est ici qu'interviennent les facteurs culturels précédem- ment évoqués ainsi que l'effet de statut.

Au total, l'offre de travail familial à l'exploitation dépend beaucoup des relations complexes qui s' éta- blissent entre les six facteurs suivants : l'intérêt éco- nomique de l'activité professionnelle (plus O\J moins réduit par le taux marginal de l'impôt direct), celui de l'activité domestique, les contraintes physiologi- ques (des atteintes à la santé pouvant être la con- séquence des conditions antérieures de travaill, la pénibilité des tâches agricoles. les satisfactions immatérielles tirées de l'exercice du métier, l'utilité nette des loisirs. Notons que la demande de loisirs peut ne pas être une demande de vacances ; le bénévolat et l'exercice de responsabilités sont aussi des occupations du temps qui réduisent l'offre de travail à l'exploitation et incitent à rechercher une autre fonction de production agricole (autres pro- ductions, autres méthodes) pour un niveau souhaité de revenu.

Si l'heure supplémentaire a un coût économique nul, si la concurrence des usages alternatifs du temps est faible, alors l'agriculteur a une propen- sion à consacrer beaucoup d'heures à son expiai-

. 38.

talion et une faible propension à rationaliser et sim•

plif"ier ses méthodes de production. Mais son objectif de revenu met en cause à la fois la quantité abso- lue et relative des divers facteurs de production uti- lisés, la qualité de chacun d'eux, leur degré d'ap- propriation, ainsi que le rapport entre les prix payés et les prix reçus (von Witzke, 1984, p. 71

t.

La ren- tabilité peut se trouver compromise par un déséqui- libre entre l'offre et la demande des produits ven- dus, une structure défavorable des marchés, un fai- ble soutien public des prix. La politique des temps élevés de TPA familial n'a ainsi de chances d'attein- dre un objectif de revenu que sous des conditions restrictives ; elle peut être aussi une politique de minimisation des pertes .

Au stade actuel d'avancement de notre recher- che, notre objectif est d'approfondir le schéma d'in- terprétation des temps longs qui vient d'être pré•

senté, puis de vérifier sa cohérence avec les faits en tenant compte de leur contexte historique. Il est possible de remettre en cause certains des argu- ments précédemment fournis. Il existe aussi des rai- sons pour que la rentabilité de la combinaison pro•

ductive n'augmente pas et même diminue lorsque le chef d'exploitation accroît son temps annuel de TPA. L'analyse précédente met trop l'accent sur la répartition quantitative du temps.

Nos dépouillements en cours portent sur les qua•

lifications des agriculteurs et agricultrices, sur la ren- tabilité des exploitations, sur les relations observa- bles ex-post entre les revenus agricoles et les durées annuelles du travail, sur la variabilité des méthodes de production et le degré de substitution du travail familial au capital-équipement.

Premières conclusions

1. En inventoriant et en évaluant les méthodes mises en œuvre, en tenant compte de ce qui se pratique dans d'autres pays, cette recherche contribue à une mise au point sur la mesure du temps annuel de tra•

vail professionnel agricole, notion qu'il a fallu expli- citer en tenant compte des conditions de produc- tion en agriculture familiale. La méthode particulière d'enregistrement qui a été testée, bien qu'allégée

Notes:

DURÉE ANNUELLE DU TRAVAIL

par rapport aux budgets-temps quotidiens, reste exi- geante. La qualité des résultats obtenus dépend beaucoup du degré d'intérêt porté par les agricul- teurs et les agricultrices à leurs conditions de tra- vail. Le dispositif expérimenté est applicable à de petits échantillons et peut fournir des résultats rela- tivement rigoureux. Mais il n'est pas généralisable en raison de son coût élevé et de la difficulté de trou•

ver beaucoup de volontaires. La technique du relevé minimal journalier allège un peu plus la !Ache de l'en- quêté tout en conservant des garanties de rigueur.

Elle constituerait une voie d'amélioration de la con- naissance statistique du travail par actif et par exploi- tation, même si des progrès sensibles ne pourront être réalisés en ce domaine avant longtemps.

2. A la suite des relevés effectués dans des exploi- tations laitières et/ ou porcines du Finistère, pour la première fois en France sont disponibles des chif·

fres de temps annuels de travail professionnel agri- cole enregistré pour 126 exploitants et coexploitants, 100 exploitantes et coexploitantes. Ils soulignent la · nécessité de mieux mesurer la durée du travail en agriculture en montrent que celle-ci peut dépasser fortement les normes qui définissent l'actif agricole à temps plein ; et il n'est pas exclu que l'écart avec les seuils se soit accru dans le temps. Il s'avère bien qu'une fraction de l'activité professionnelle n'est pas prise en compte, ce qui peut être une source de biais dans les analyses d'économie de la production.

3. La persistance en élevage de longs temps annuels de travail a sans doute pour effet d'établir une grande disparité dans les occupations du temps par rapport à d'autres milieux professionnels. Mais la réduction de la durée annuelle de travail ne semble pas une préoccupation importante des éleveurs.

Comprendre leurs comportements implique de rechercher comment un ensemble de facteurs cul- turels, techniques et économiques déterminent leur offre de travail à l'exploitation,

J. L. Brangeon et G. Jegouzo avec la co/laborat,on de 8 Role ONRA ESR)

111 \ ~_me avait déjà été abordé lors o·une enquête faite en Ille-et Vilaine en 1979 IBrangeon. Jégouzo. Poupa et Roze.

(21 11 faudrai1 sous-distinguer selon les catégories d'animaux.

131 Entendu comme le travail agncole fourni par le chef d"exploitation et les membres de sa famille t41 La suite concerne le travail le plus habituel, celui qui est rémunéré par un salaire .

. 39 .

(7)

1'' 1

J.•L. 8RANGEON · G. JEGOUZO

(51 Dans l'optique de l'intensité du travail, un temps élevé de pause peut signifier selon les cas (selon la nature des tra·

vaux et le contexte de leur réarisationl soit que le travail est poreux, soit qu'a est intense, soit qu'il est ahernatlvement l'un ou l'autre. Cette question est évoquée par Volkoff et Molinié !1979, p. 1131.

(61 Reboul (19841 introduit la notion de temps de mobilisation.

(71 Les résultats qui suivent concernent les chefs d'exploitation mais aussi les coexploitants de GAEC. Les uns at les autres sont tous masculins.

18) Pour des résultats hors enregistrement, voir les travaux d'A. Lacroix et A. Mo~ard.

191 On sait que pour déterminer ce qu'est en agriculture familiale un travailleur • à temps complet "· les statisticiens agri- coles des divers pays européens se basent sur le nombre d'heures prestées par un salarié (quel que soit son secteur d'activité! considéré comme occupé à temps complet.

110! Un écan d'une telle ampleur avait déjà été relevé dans nos précédentes études (publication de mars 180, pp. 82-831.

! 111 Les calculs d'Y. Collet ! 19841 aboutissent à des résultats voisins. Les temps de pause sont inclus, les temps de trajet exclus.

1121 Au sein de la population d'ensemble des salariés, il peut y avoir des sous-groupes ayant des moyennes plus fortes que le niveau général.

(131 Résultats de 1974-1975. Champ : hommes de moins de 65 ans, habitant en ville, travaillant à temps complet ou temps partiel. Le travail hebdomadaire (trajets entre domicile et lieu de travail exclus! est de 41 heures pour les salariés et de 53,06 h pour les autres !Roy, 1984, p. 2271.

( 141 Les agriculteurs ainsi que les agricultrices sont beaucoup plus intéressés par des thèmes comme la pénibilité du travail, les atteintes à la santé.

(15) 1 796 h si on met à part quatre cas avec œnt jours ou plus d'abseoœ de TPA pour cause de maternité ou longue maladie.

1161 Etudiant dans notre enquête d'Ille-et-Vilaine de 1979 les conséquences de l'emploi des machines sur les conditions de travail (sur le degré de pénibilité, sur le temps de travail par actill, nous avions suggéré que « les effets réellement produits ne correspondent pas tous à ceux qui étaient espérés, anendus. Telle tâche sera faite plus rapidement avec la machine que sans elle. Mais cene augmentation de productivité sera davantage utilisée à produire plus qu'à travailler moins, L'effet sur la pénibilité du travail est également incertain ... » (publication de mars 1980, p. 951.

117) Dont trois étudiés en dehors de notre échan1illon.

1181 Dans de nombreuses analyses microéconomiques de la production agricole, le travail est un facteur supposé fixe à court terme et variable au-delà. Ici la main-d'œuvre fam~iale est fixe à court terme et au-delà ; le travail fourni par les travaiHeurs familiaux est, lui, variable même à court terme. On n'envisage pas, par ailleurs, le cas de figure où les actijs familiaux font preuve de mobilité partielle en partageant leur temps de travail professionnel en1re le métier agricole et un métier non agricole.

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· 41

(8)

1

i

!

J.-L. BRANGl:ON -G. JEGOUZO

ANNEXES

Nomenclature des travaux constituant le travail professionnel agricole ITPAl Le classement des activités agricoles en travai professionnel et

travail domestique se fait en fonction de la nature des travaux et de leur but.

1. Quelles activités constituant du travail professionel agricole ~

Deux conditions sont à réunir : appartenir à la liste suivante et avoir pour but la vente ou une prestation pour l'exploitation et non pas pour la famille.

LA LISTE

- tâches de production végétale, de p1oduction animale ; - entretien et réparation des matériels, des bâtiments d'exploita- tion, des installations, d'améliorations foncières (drainage ... ) ;

- production d'immobilisations !bâtiments d'exploitation, amélio- rations foncières) ;

- travaux de transport ;

- surveillance des travaux, des cultures, des aninaux lgarde incluse) ;

- tàches de direction, d'organisation :

- travai de bureau, secrétariat, comptabilité, gestion, réception des clients et fournisseurs, téléphone ;

- tâches de nature commerciale (recherche de déboochés, con- tacts avec acheteurs et vendeurs, temps passé sur les foires et marchés ... );

- cueilette de produits destinés à la vente ; - temps de formation et d'information professionnelles ; - réunions de coopératives, de crédit, de mutualité, de vulgari- sation lmais pas de syruficatl.

S'y ajoutent les actMtés dites• para-agricoles ,, qui sont effec•

tuées avec les facteurs de p1oduction de l'exploitation (source : Statistique agricole) :

1. fabrication de beurre et de fromage ;

2. oonditionnement de frurts et légumes (tri, calibrage, mise en cagette, habillage) ;

3. vinification et distination ; 4. cidrifrcation et travai de cuve ;

5. autres 11ansformations de produits agricoles !meunerie, brasse- rie, huilerie, sucrerie, féculerie, amidonnerie, fabrication d'aliments pour le béta!, charcuterie, foie gras ... ) ;

6. vente au détail des produits de l'exploitation la ferme, en bor·

dtJre de route, sur un marché) ;

7. syiviculture : ensemble des activités culturales conduisant à la production de bois sur pied !préparation du sol, semis. plantation, débroussaülage ... l ;

8. exploitation fores~re et scierie : travaux d'abattage et de déba<- dage du bois ... ;

9. entreprise de travaux agricoles ; 10. pisciculture, ostréiculture ;

11. élevages, divers • : d'escargots. de grenouilles. d'animaux de laboratoire ;

12. activités d'agri-tounsme.

Enfin sont à inclure : - le temps d'entraide;

- les temps de déplacement liés aux activités précédentes pour les déplacements entre le siège de l'exploitation et les autres lieux de travail. Dans rhypothèse où le domicie est éloigné du siège de l'exploitation, le trajet domic~e-exploitation es1 exclu ;

- les temps de• penes inévitables I constitués par les temps de soins personnels des travailleurs (changer de vêtements, se désal·

térer), les temps de panne et d'anente que l'on passe sur le lieu de travaH sans avoir d'autre activité pour l'exploitation ou pour la famiHe, les courts arrêis qui interviennent à l'occasion de durs tra•

vaux. Par contre, sont exclus le temps de casse-crOÛ1e et la pause•

café.

LE BUT

Il y a travail professionnel agricole quand le but des activités pré cédentes est la vente ou une prestation pour rexploitation et non pas la satisfaction directe des besoins de la famüle. Mais comme les familles paysannes sont susceptibles de pratever paur leurs besoins une petite pan des divers produits de l'exploitation llait, viande, bois ... !, une grande partie de l'activité sur l'exploitat1011 n'a pas qu'un seul but. Ce point est précisé en 3°

2. Activités agricoles constituant du travail domestique Ce sont les activités réalisées dans ou sur l'exploitat1on qui sont destinées totalement non pas à la vente ou à l'auto·

approvisionnement de l'exploitation mais à l'autoconsommation ou l'auto-approvisionnement de la tamile. Liste :

- travaux du jardin potager ;

- travaux liés aux petits élevages domestiques !poulailler.

clapier. .. );

- transformation de biens (alimentaires ou autres) produits sur l'exploitation (fabrication de beurre, fromage, cidre, vin, " tuer le cochon , .. .l ;

- abattre, casser, ranger du bois.

3. Activités qui se rattachent à la fois à l'exploitation et à la famille

Il s'agit essentjellement des 5 catégories d'actrvités suivantes : l. produire en même temps des biens qui sont en partie vendus et en panie autoconsommés, On prélève pour les besoins de la famiMe des volaiNes, un porc, un veau, des pon-wnes de terre, des fruits,

oo

lait, du cidre, du bois ... qui ont êté produits en même temps Que d'autres unités semblables destinées à la vente; 2. acheter des biens et services, fa~e des démarches administratr·

ves (ex. : assurances), bancaires, indistinctement pour l'exploita- tion et la famille ;

3. accompir certaines !Aches de secrétariat (factures rmtes : eau, gaz, électricité, assurances incendie, frais d'automobile), recevoir des clients et des fournisseurs :

-42.

DURÉE ANNUELLE DU TRAVAIL

4. entretenir et réparer des équipements mixtes lamo, chemin ... ! ; Comment classer ces activités qui ont un caractère• mixte » ? 5. préparer des repas pour à la fois les salariés de l'exploitation et

les membres de la famille.

Elles sont ranachées pour partie au TPA et pour partie au uava1I domestique : selon la pan du temps attribuable à l'un et à l'autre.

Tableau 1 : Répartition des e1Cploitants et coeicploitants selon leur temps annuel de travail professionnel agricole

Moins de 3 OOH 3 200 à 3 400 à 3 tm à 3 fœ à 4 000 3 00'.I h < 3 200 < 3 400

<

3 600

<

3fœ

<

4 00) ou plus Ensemble des exploitants

et coexploitants

nombre . . . . . '

.

.

....

10"' 19 28 28 25 12 4

% ...

...

8 15 22 22 20 10 3

Exploitants individuels

nombre

··· ..

3•11 8 20 21 23

,o ____

4

% ...

.

. . '

.

. .

. . ---;r-

22 24 26 16

Ill Doot 4 c.as paniculiers 121 A rexclusion d!s 4 cas pan,culiers.

Tableau 2 : Répartition des e1Cploitantes et coe1Cploitantes selon leur temps annuel de travail professionnel agricole

Moins de 1 txXl à 1 00'.I h

<

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et coexploitantes ... Ill 6 25 Exploitantes individuelles a,

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Ill V conip,is 4 cas partlCIJbeis 1474 h, 481 t 2111 et 1 6'1SI 121 Non comp,is 3 cas van1C1Jt,,,s

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