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Compte-rendu : Rouxpetel Camille , L'Occident au miroir de l'Orient chrétien, Cilicie, Syrie, Palestine et Égypte (XIIe-XIVe siècle)

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Compte-rendu : Rouxpetel Camille , L’Occident au miroir de l’Orient chrétien, Cilicie, Syrie, Palestine et

Égypte (XIIe-XIVe siècle)

Isabelle Augé

To cite this version:

Isabelle Augé. Compte-rendu : Rouxpetel Camille , L’Occident au miroir de l’Orient chrétien, Cilicie,

Syrie, Palestine et Égypte (XIIe-XIVe siècle). 2016, pp.118-119. �hal-03185338�

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BCAI 31 118

III. HIstoIre

Rouxpetel Camille

L’Occident au miroir de l’Orient chrétien.

Cilicie, Syrie, Palestine et Égypte (xii

e

-xiv

e

siècle), École française de Rome,

2015, 581p. deux pl. ht, 5 cartes, préface de Jacques Verger

ISBN : 9782728311217

Dans une très belle introduction, l’auteur présente ses objectifs et montre comment elle se différencie, par sa démarche, de travaux antérieurs comme ceux de A.-D. Von den Brincken. Pour étu- dier une rencontre, non pas entre Églises, mais entre chrétiens et chrétientés, elle se propose d’embrasser un très vaste corpus de sources, à la typologie par- fois brouillée, qui comprend des textes aussi divers que des récits de voyage, des échanges épistolaires, des textes hagiographiques, ou des récits théorisant les croisades. Ce riche corpus est présenté dans les annexes, avec une série de notices biographiques des auteurs cités (p. 469-487) et un très utile tableau synoptique comprenant les personnages, leurs motifs et leurs dates de présence, et les principales nations décrites (p. 488-492).

L’auteur, qui se positionne à la confluence de plusieurs disciplines, l’histoire, l’analyse littéraire, l’anthropologie et la sociologie historique, présente un plan qui se déroule en trois grandes parties. La première s’intéresse aux connaissances préalables des voyageurs, acquises dans la littérature existante, des textes antiques aux patristiques. Ensuite, les voya- geurs peuvent donner leur propre description, héri- tée de ces présupposés et éclairée par l’expérience et l’auteur montre comment cette découverte de l’autre se conjugue avec une découverte de soi. La dernière partie s’intéresse à une vision plus construite, répon- dant à des enjeux essentiellement ecclésiologiques.

La première partie, intitulée « L’intégration des chrétiens d’Orient à l’Orbis christianus : de l’étrange au familier » traite d’abord de la pratique du pèleri- nage et de son évolution et montre bien qu’au-delà des changements survenus en Terre sainte même, la situation en Occident joue également un rôle majeur.

Dans ce sens, la naissance et le développement des ordres mendiants renforcent la volonté d’imiter le Christ et de se rendre sur les terres de l’Évangile.

Poussés au départ, les pèlerins disposent d’un certain nombre d’informations décrites dans le se- cond chapitre et fondées principalement sur les actes des conciles, les décisions pontificales et les récits antérieurs. Grâce à l’analyse fine des textes rédigés depuis le xii

e

jusqu’au xv

e

siècle, le troisième chapitre montre que les descriptions, souvent sous forme de listes, sont fondées sur des critères ethniques et/ou

religieux, et reprennent largement les écrits anté- rieurs. Apparaissent également dans les textes des ethnonymes forgés à partir de l’arabe, comme, par exemple, celui d’Yssini (Abyssins). Camille Rouxpetel met aussi en évidence un élargissement de l’horizon, les textes faisant désormais place aux chrétiens des confins de l’Égypte, qualifiés d’« indiens » d’« Éthio- piens » ou encore de « Nubiens », parfois associés à des récits légendaires comme celui du Prêtre Jean.

La seconde partie, « L’altérité perçue. L’histoire d’un décentrement du regard », envisage la rencontre et le regard porté sur l’autre après celle-ci. Il ne s’agit plus d’une altérité perçue à travers des lectures, mais d’une perception réelle, sensorielle, faite de bruits, lors de laquelle, habitués au son de la cloche qui rythme le temps en Occident, les voyageurs découvrent la simandre… Au-delà de spécificités immédiatement perceptibles et répétées par tous, la rencontre se fait plus profonde, lors de manifesta- tions cultuelles communes, dans des lieux hautement symboliques. Théologiens ou pèlerins accompagnent parfois leur vœu d’une chrétienté unie d’une véritable réflexion sur le respect de l’identité et de l’altérité.

Certains, comme le dominicain Burchard du Mont- Sion, vont jusqu’à remettre en cause les accusations d’hérésie prononcées, par exemple, à l’encontre des nestoriens, en expliquant que ces derniers souffrent de la dénomination qui leur est faite en Occident et qui les assimile, en effet, à un hérétique notoire.

Cette partie présente l’intérêt de creuser les textes au-delà des passages communément cités sur les différences les plus évidentes, comme le mariage des prêtres ou le port de la barbe. Elle per- met au lecteur de fortement nuancer et de prendre conscience de la grande diversité des points de vue et de l’ouverture d’esprit de certains hommes d’Église, parmi lesquels Burchard de Mont Sion occupe une place particulière.

La dernière partie intitulée « L’altérité construite.

L’élaboration d’une double rhétorique du rejet et de l’identification » revient sur les enjeux, pour les Latins, du départ en Orient, enjeux territoriaux, pastoraux et missionnaires, enfin évangéliques. L’intérêt de la démonstration est de mettre en évidence le fait que, au-delà de la prise de conscience et de la volonté de réduire les différences, par exemple rituelles, certains portent un grand intérêt à l’Orient, en particulier pour ce qui concerne le monachisme. De nombreux témoignages montrent l’attention portée par les Latins aux tendances ascétiques orientales. S’ils sont d’abord le reflet, là encore, de la connaissance livresque des moines du désert des premiers siècles chrétiens, il est cependant possible de confronter les éléments contenus dans ces textes hagiographiques ou patristiques à la réalité vécue. Ce sont surtout les

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BCAI 31 (2016) Rouxpetel Camille: L’Occident au miroir de l’Orient chrétien. Cilicie, Syrie, Palestine et Égypte (xiie-xive siècle)., recensé par Isabelle Augé

© IFAO 2017 BCAI en ligne http://www.ifao.egnet.net

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moines égyptiens et arméniens qui se trouvent alors à l’honneur puisque nombreux sont les pèlerins qui se rendent, par exemple, au monastère de Sainte- Catherine du Sinaï, dans lequel ils reçoivent un fort bon accueil. De même les Arméniens, même s’ils différent des Latins pour certains de leurs rites, sont présentés de manière positive, en particulier pour ce qui concerne le monachisme. L’attrait pour ce monachisme oriental est clair chez les Franciscains spirituels, comme Ange Clareno, qui se rend en Orient pour fuir la condamnation. Il part en Grèce, apprend le grec et traduit les ascetica de Basile de Césarée.

Certains auteurs décrivent leurs coreligionnaires orientaux non pas suivant leurs propres codes, mais ils retournent la perspective et jugent leur monde à l’aune du monde découvert en Orient. Chez Burchard, se sont les orientaux qui sont donnés en exemple, alors que les Latins sont fortement critiqués. Même pour ceux qui ne vont pas jusqu’à renverser le propos, une filiation est très largement reconnue, l’Occident latin étant présenté comme un hériter de l’Orient pour les écrits patristiques ou le monachisme éré- mitique.

La conclusion met bien en perspective tous les apports de l’ouvrage, en en soulignant les nuances : un croisé, un missionnaire ou un pèlerin ne pour- suivent pas les mêmes buts, leur sensibilité à l’autre s’en trouve largement influencée. De même, la vision dépend fortement du moment de l’écriture, le xii

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siècle, qui suit l’établissement des Latins en Terre sainte, différant des périodes plus tardives, surtout celles qui suivent la perte de Saint-Jean d’Acre en 1291. L’accent est mis sur certains éléments clefs comme l’essor des ordres mendiants en Occident et quelques personnalités, en particulier le dominicain Burchard de Mont Sion, qui décentre son regard pour juger l’Occident latin à l’aune de ce qu’il découvre en Orient.

Le livre est très bien documenté, fourmille de citations plus ou moins longues des sources qui sont toujours traduites en notes. La bibliographie est dense et complète même si, bien entendu, pour un sujet aussi vaste, un certain nombre de titres manquent (pourquoi, par exemple, citer, pour ce qui concerne le monachisme arménien J.-P. Mahé, B.

L. Zékiyan, P. Rouhana (éd.), Saint Grégoire de Narek et la liturgie de l’Église, 2

e

colloque international organisé par le Patriarcat arménien catholique à l’Université de Kaslik, Liban, du 12 au 14 octobre 2009, Kaslik, 2010 et non, du même Jean-Pierre Mahé, la traduction, assortie d’une magistrale introduction portant en partie sur le monachisme arménien, du Livre des lamentations de Grégoire de Narek – A. et J.-P. Mahé, Grégoire de Narek, Tragédie. Matean ołbergut‘ean. Le

Livre de Lamentation, Introduction, traduction et notes, Louvain, 2000 (CSCO 584 Subsidia t. 106) ?

Le beau livre de Camille Rouxpetel renouvelle une question historiographique traitée dans certains ouvrages et articles en adoptant un point de vue qui interroge les textes et leurs auteurs de manière très intime et transporte le lecteur, désormais familier des « textes de marcheurs », à la suite de ces derniers, en Terre sainte, de Jérusalem à Nazareth, en passant par le Sinaï.

Isabelle Augé Université Paul Valéry-Montpellier III

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BCAI 31 (2016) Rouxpetel Camille: L’Occident au miroir de l’Orient chrétien. Cilicie, Syrie, Palestine et Égypte (xiie-xive siècle)., recensé par Isabelle Augé

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